La providence de Dieu envers deux reines.

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« L’Eternel garde tous ceux qui l’aiment. »

Ps. 145 : 20.

Esther était une juive renommée par la beauté et pour ce motif fut choisie comme reine par Assuéres roi de Perse.

L’on présume qu’elle reçut le nom d’Esther *  (Edissa [Hadassa c. à d. myrte nom Juif qu’elle échangea contre le nom perse d’Esther, c. à d. astre (zend) stara.; grec, astes » — Bible Crampon.)  qui signi­fie Etoile, par suite de sa beauté. Hishtar étant l’équi­valent chaldéen de Vénus. Elle succéda à Vashti qui fut répudiée pour avoir déplu au roi. Dans les actes si opposés de ces deux reines nous trouvons une leçon sur la polémi­que soulevée actuellement par la question des «suffragettes».

Le roi Assuérus avait réuni dans un banquet les sei­

175 Février 1912

gneurs de son empire. Vers la fin du repas il fit demander à la reine de venir parmi eux. L’on peut présumer que ce festin ne fut qu’une orgie, et qu’au plus fort, le roi et ses convives, échauffés et excités étaient plus ou moins sous l’influence de la boisson. Accordant à la reine Vashti le bénéfice du doute, ce fut probablement la raison pour laquelle elle refusa d’obéir a l’ordre du roi.

Beaucoup diront qu’elle eut raison d’affirmer sa qualité. «de soutenir ses droits», etc. Nous ne discuterons pas ce point que toutes les femmes ont leurs droits, que la reine Vashti avait les siens et qu’elle sut les exercer.

Nous suggérerons plutôt qu’en fait de droits devant une requête forcée, la reine Vashti remporta une victoire qui lui coûta très cher.

Dans la façon de faire de la reine Esther nous voyons une marche toute différente, aussi gagna-t-elle une grande victoire suivie d’heureux résultats. Ce chemin tout diffé­rent qu’elle suivit, à notre propre jugement, est la manière d’agir qui s’impose d’elle-même aux plus sages et meilleurs d’entre les humains, hommes ou femmes.

Vashti aurait pu agir ainsi, pour son malheur elle ne le fit pas. Malgré toute l’appréhension qu’elle devait res­sentir, même sachant que la demande du roi pouvait avoir pour conséquence presque inévitable de l’exposer aux railleries, plaisanteries, déplacées ou même aux grossièretés des convives sous l’influence du vin. Elle aurait dû se reposer sur son charme, son tact, sa pureté, et sur l’amour et la sollicitude de son mari.

Tandis qu’il ne lui appartenait pas en aucune manière de faire intrusion d’elle-même dans le banquet, une fois invitée, sa présence, nécessaire, eût dû avoir une influence bénie, comme un doux parfum, une véritable entrave à toute conversation ou tenue indécente.

De même que beaucoup d’autres femmes bien intention­nées, la reine Vashti ne fit pas usage de ce qui pouvait être l’arme la plus puissante, sa grâce et son sexe, lors­qu elle reçut l’ordre du roi par un refus. Mais nous de­vons nous rappeler que Vashti n’était ni une chrétienne, ni une juive et ne possédait par suite aucune instruction divine (et sans guide ici-bas).

La reine Esther n’était pas une suffragette. Lorsqu’elle fut invitée à devenir reine, elle ne déclina pas l’offre et ne s’enquit pas si elle allait être au même niveau que Vashti. Elle accepta son ascension au trône comme une marque de la providence divine. Juive, héritière des promesses, elle s’abaissait et se revêtit donc à la fois d’humilité et des plus seyants parmi ses habits de fête. Elle se rendit en­suite aussi agréable que possible au roi.

On suppose qu’à cette époque elle était dans sa quin­zième année.

Haman, le favori du roi, avait pris en grippe le portier du palais, Mardochée, un juif, parce que ce dernier ne se prosternait pas devant lui ainsi que le faisaient tous les autres serviteurs.

Mardochée était si fidèle que Haman ne pouvait espérer le trouver en faute, et avoir ainsi une occasion de le perdre aux yeux d’Assuérus et ainsi s’en débarrasser. Sa haine s’étendit à toute la race juive si bien qu’un jour, à force d’intrigues, il finit par persuader au roi de signer un décret par lequel tous les juifs devaient être recherchés et mis a mort comme ennemis du royaume. Ce qui bien entendu devait comprendre Mardochée, qu’il lui était ainsi possible de faire mettre à mort à son aise.

A mesure que l’époque fixée pour l’exécution de ce décret approchait. Mardochée et tous les autres juifs du pays tout en conservant l’espérance que Dieu les secourrait d’une manière ou d’une autre, n’en étaient pas moins sous l’étreinte de la crainte et dans une grande détresse.

La reine Esther était la cousine de Mardochée quoique ce dernier ait été assez vieux pour pouvoir être son père. Elle était d’ailleurs, en fait, sa fille adoptive. Il la sup­plia d’utiliser l’influence que par sa position elle pouvait avoir sur le cœur du roi, pour obtenir de lui qu il ané­antit les effets de ce terrible décret. Cependant celle-ci différait d’agir d’autant qu’à cette même époque, par un hasard étrange le roi montrait de la froideur vis-à-vis d’elle et ne l’avait pas vue pour tout un long mois.

Mardochée néanmoins, la pressa vivement d’agir, l’as­surant qu’elle était sur le point de perdre un grand privi­lège de service pour son peuple; que Dieu l’avait évidemment élevée à cette dignité dans le royaume uniquement pour cette occasion d’être le canal par où viendrait la délivrance de son peuple. Que si elle manquait à faire usage de ce grand privilège, Dieu ne manquerait pas de trouver un autre moyen et un autre émissaire qui, suivant ses promesses, délivrerait quand même son peuple. Cet appel fut suffisant. La reine réclama seulement trois jours de répit pendant lesquels elle demandait que Mardochée et tous les juifs de la cité royale s’unissent à elle dans un jeûne devant Dieu. Les priant également de les uti­liser pour faire monter d’ardentes prières et supplications devant Dieu afin qu’il accorde la délivrance de son peuple et lui donne, à elle, la force et la sagesse nécessaires dans son entreprise.

La reine Esther risquait sa situation et même sa vie en se présentant devant le roi sans y avoir été appelée. Néan­moins revêtue de ses vêtements royaux, elle risqua toutes choses pour sa race. Elle charma le roi qui lui présenta son sceptre à toucher ce qui la sauvait. Soupçonnant qu’elle avait quelque requête à lui faire, il l’incita à parler. Sagement elle se retint et demanda seulement au roi qu’il lui accorde l’honneur de venir partager avec elle, en compagnie de son premier ministre Haman, un dîner leur offrait spécialement dans le jardin de la cour su palais. Ils acceptèrent et après sa visite, le roi la pressa de nouveau de dire quel souhait de son aimable reine il était  prêt à gratifier. C’était le moment opportun pour Esther qui se jetant à ses pieds répliqua en lui demandant pourquoi, s’il l’aimait, il avait édicté un décret qui la condamnait à mort, elle, juive, avec toute sa race. Sa cause fut immédiatement gagnée. Le roi s’aperçut qu’il avait été aveuglé par Haman et regretta son injuste décret. Comme une mauvaise loi stipulait qu’aucun édit royal, marqué du sceau du roi, une fois émis ne pouvait être changé et devait recevoir exécution, Assuérus, furieux contre Ha­man, en rendit immédiatement un autre, par lequel Haman devait être pendu, Mardochée mis à sa place et autorisant tous les Juifs, du consentement royal et dans toute l’empire, à faire usage de la force pour défendre leurs vies contre quiconque essaierait d’y porter atteinte.

(Traduit par E. C. Instituteur.)