La terre et les cieux changés.

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“C’est toi, Seigneur, qui as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains; ils périront, mais tu demeures; ils vieilliront tous comme un vêtement; comme un manteau tu les rouleras, et ils seront changés; mais toi, tu restes le même et tes années ne s’épuiseront point.”

—Crampon. — Hébr. 1, 10—12.

L’apôtre Paul cite ici Ps.102: 26, 27, pour démontrer que Dieu a préordonné que notre Seigneur Jésus demeure et fut suprêmement élevé — au-dessus de tout ce qui change. Nous sommes entièrement d’accord avec les déductions qu’en tire l’apôtre. Mais plusieurs se deman­dent comment harmoniser cette déclaration avec d’autres exposés de l’Ecriture disant que la terre demeure tou­jours ferme, inébranlable, etc.? — Eccl. 1 : 4; Ps. 104 5

Nous montrons dans le tome 1 de l’Aurore du Millénium que les mots “cieux” et “terre” sont employés parfois dans un sens figuré, d’autres fois doivent être pris au sens littéral. Ici ils représentent symboliquement le présent ordre de choses comme devant disparaître pour faire place à un nouvel état. C’est là encore le sens du raisonnement de l’apôtre Pierre lorsqu’il par-le du monde d’à présent (des cieux et de la terre actuels) qui doit passer avec fracas et se consumer — 2 Pier. 3 :10, pour être remplacé par les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

Comme nous l’avons fait ressortir souventes fois dans le Phare et les Aurores, notre planète a servi de spec­tacle, de base au “monde d’alors”, comme elle sert de base au “monde d’à présent” et servira de base éternelle au “monde à venir” — le terme monde, signifiant sui­vant le cas l’ordre de choses passé, l’ordre de choses actuel ou l’ordre de choses futur. Le monde au figuré est à la fois renforcé et détaillé par les termes cieux et terre, parce que “terre” représente les systèmes terrestres au social et au politique: et “cieux” représente les sys­tèmes ecclésiastiques, les choses spirituelles, plus élevées, qui y sont unies.

Ainsi, les cieux et la terre d’avant le déluge périrent, passèrent: non pas les cieux et la terre littéralement mais symboliquement parlant. Ce fut l’ordre social, antédiluvien, la terre d’alors qui passa; et en même temps disparurent aussi les cieux, le gouvernement spirituel des anges, qui prévalut pendant cette époque antédilu­vienne. Après le déluge un nouvel ordre de choses fut instauré: la société fut réorganisée selon de nouvelles conditions, mais sur la même terre physique, et un nou­vel ordre, règne ou gouvernement spirituel (celui de Satan, le prince de ce monde) s’établit également. C’est cette terre et ces cieux symboliques, inaugurés après le déluge, qui doivent passer avec grand bruit au second avènement de Christ — mais non pas le monde matériel, l’Univers, ou la terre et le ciel au sens littéral. C’est suivant ce même mode d’interprétation que nous com­prenons et expliquons la déclaration: “Nous attendons selon sa promesse de nouveaux cieux et une nouvelle terre.” — Pierre par ces paroles ne fait pas allusion à quelque autre planète, mais à notre terre propre [comme Jésus l’avait déjà enseigné dans l’oraison dominicale] régie par un nouvel ordre social et ecclésiastique basés tous deux sur la justice.

En résumé, nous croyons pouvoir interpréter les paroles de notre texte de façon à les faire concorder avec d’au­tres déclarations scripturaires qui se rapportent aux changements de dispensations devant survenir sur la terre.

Par conséquent, Paul, en démontrant que notre Seigneur a été l’agent actif du Père dans la création de la terre et des cieux physiques, veut faire voir qu’à l’inverse de sa création lui, Jésus, ne change pas; que c’est sa créa­tion qui subira un changement et cela pour son plus grand bien, mais encore une fois non pas comme forme et matière, mais comme gouvernement social et religieux.

Serrant de plus près encore la pensée de Paul, comme de toute l’Ecriture, nous arrivons à la conclusion sui­vante: L’ordre que dès l’origine notre Seigneur a établi dans le monde était bien et bon: c’était un ordre divin. Adam était le roi de la terre, créé à l’image et à la ressemblance de son Créateur et avait la domination sur les bêtes des champs, sur les oiseaux des cieux et sur les poissons de la mer. Quant aux cieux, ou pouvoirs spirituels, ils reconnaissaient la suprématie du Tout-Puissant et enseignaient que sa volonté doit être la loi de toute l’humanité. Cet arrangement excellent, établi par le Seigneur, fut bouleversé, deux fois par le péché et nous avons aujourd’hui ce qui est appelé : “le présent monde mauvais”, dans lequel les règles et ordonnances terrestres, même les meilleures pas plus que celles des églises (les célestes) ne concordent avec l’arrangement originel, mais au contraire, ont fait leur temps et sont mûres pour la dissolution. Elles ont d’ailleurs surabon­damment prouvé leur imperfection et leur inefficacité et grâces à Dieu, sont sur le point d’être bientôt changées. Ce changement est nécessaire, non pour cause d’imper­fections dans l’arrangement originel, mais parce qu’on s’en est éloigné par le péché, la désobéissance et la mort qui s’ensuivit. Les cieux nouveaux et la terre nouvelle que le Seigneur établira par son Règne millénaire seront

196 Décembre 1908

ceux de l’origine, restaurés. La règle d’or de l’amour alors prévaudra parmi les hommes parfaits, et chacun comprendra sa responsabilité directe envers l’Eternel, le Donateur de tout vrai don et de toute grâce excellente, et envers le Seigneur Jésus, qui fut non seulement le premier ministre et agent exécuteur de la création pri­mitive, mais qui le sera aussi dans l’âge futur pour ramener toutes choses à leur condition première avec encore plus d’éclat et de splendeur.

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