LA VISION DE JOËL – UNE INVASION DE SAUTERELLES

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On ne connaît du prophète Joël, fils de Pethuel, que son nom ; mais le contenu de son livre permet de situer l’époque à laquelle il œuvra. Joël vécut environ 800 ans avant Christ, sans doute au cours du règne d’Ozias, roi de Juda. Il venait du sud du pays, car toute sa prophétie s’adresse à Juda. Il ne vivait pas en ville, mais à la campagne ; ses nombreuses références à la vie à la campagne en attestent dans les trois chapitres de sa courte prophétie. On y voit des vignerons et des laboureurs ; des vignes, des figuiers, des grenadiers, des palmiers et des orangers forment l’arrière-plan du paysage de champs de blé et d’orge, dans lequel il a grandi. C’est dans ce cadre qu’il place ses prophéties, il tire ses comparaisons et ses symboles de cet environnement.

Joël fut l’un des premiers prophètes. Jonas et Amos vécurent peu de temps après lui, et Osée sans doute vingt ans avant lui. Mais Osée ne fut pas de ceux qui virent l’éclat du futur royaume ; il vit plutôt les péchés d’Israël de son temps. C’est ainsi que Joël fut le premier d’une longue série de visionnaires qui se termina avec Malachie. Ils virent un peu de la future gloire et transcrivirent leurs visions en inoubliables paroles.

Malachie vécut plusieurs siècles après Joël. Durant toute cette période, jamais la voix de la prophétie ne s’éteignit. A la mort de Malachie, le Saint Esprit cessa de parler avec cette autorité qui faisait la caractéristique des prophètes juifs. Mais les fondements sûrs et solides étaient établis, sur lesquels ceux qui vécurent plus tard purent s’appuyer pour connaître le plan de Dieu concernant le dernier combat contre le Malin et l’instauration du Royaume sur terre.

Esaïe, qui vécut quelques décennies après Joël, et que nous connaissons comme homme politique et prophète, doit sûrement beaucoup à son prédécesseur. Ses prophéties contiennent des éléments qui apparaissent de façon embryonnaire chez Joël. Les enseignements d’Esaïe sur le « reste d’Israël » (Esaïe 10 : 20-22) qui sont repris dans le Nouveau Testament et qui représentent un des thèmes les plus importants pour l’apôtre Paul, ont leur origine chez Joël.

Le rétablissement de la terre au « temps du rétablissement de toutes choses », si bien exposé par Esaïe, est mentionné pour la première fois par Joël ; ainsi que la description claire d’Harmaguédon – le jour où Dieu se lèvera pour juger le mal sur la terre et établir son royaume éternel de justice. C’est le thème récurrent dans les textes prophétiques des Écritures, d’Esaïe à l’Apocalypse.

Cet homme singulier, de la campagne, qui ne se distingue ni par sa fortune, ni par son rang, ni par aucun don particulier, pour qui les mœurs des citadins, la compagnie des gens instruits et cultivés n’étaient pas accessibles – un homme du peuple, un homme de la terre – cet homme-là fut le premier que le Tout-Puissant désira bénir par des visions sur les derniers jours. Comme sa courte prophétie est à l’origine de toutes les déclarations suivantes sur les temps de la fin, elle est d’un intérêt capital pour tous ceux qui veulent connaître « l’ébauche des choses à venir ».

Comme mentionné précédemment, nous ne savons rien des origines de Joël, sauf qu’il était le fils de Pethuel. On ne sait pas de qui descendait Pethuel, ni à quelle tribu il appartenait, ni où il vivait. Seul ce que le prophète avait à dire était important, son état civil ne signifiait rien. Il est lui-même bref : « La parole de l’Éternel qui fut adressée à Joël, fils de Pethuel ». Puis il délivre son message. Et ce qu’il communique vient de son cœur inspiré, sans aucun doute, par Dieu.

Ses mots brûlent, ardents, ils sont transcrits portés par un feu intérieur. On pourrait penser qu’il s’agit d’un jeune exalté, comme Jean-Baptiste, qui délivre son message avec une telle intensité que les gens se sentent obligés, contre leur gré, de s’arrêter et d’écouter. « Écoutez ceci, vieillards ! » dit-il, « Prêtez l’oreille, vous tous, habitants du pays ! Rien de pareil est-il arrivé de votre temps, ou du temps de vos pères ? » C’est ainsi qu’il saisit le lecteur. L’auteur inaugure quelque chose de nouveau, inconnu des générations précédentes, quelque chose de nouveau dans ce pays à quoi il faut absolument prêter attention, qu’on n’avait jamais entendu, dont les sages des temps passés n’avaient jamais eu connaissance.

« Racontez-le à vos enfants, et que vos enfants le racontent à leurs enfants, et leurs enfants à la génération qui suivra ! » Un maître en psychologie, ce Joël ! Il n’a pas encore abordé le thème de son message, ni donné aucune indication. La plupart des prophètes parlaient dès leur première phrase de l’autorité que Dieu leur accordait, et commençaient leur message dans la phrase suivante. Pas Joël. Pour lui, il faut d’abord éveiller l’intérêt de l’auditeur. Et avec quelle délicatesse il rappelle que tout le monde connaît l’Ancien Testament. C’était une obligation en Israël de transmettre de génération en génération les lois de Dieu et de les enseigner aux enfants. C’était Moïse qui avait donné cette directive, disant : « Seulement, prends garde à toi et veille attentivement sur ton âme, tous les jours de ta vie, de peur que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et qu’elles ne sortent de ton cœur ; enseigne-les à tes enfants et aux enfants de tes enfants. » – Deutéronome 4 : 9.

Bien plus tard, on apprit au peuple à chanter les strophes remarquables du Psaume 78 : 5-7 : « Il a établi un témoignage en Jacob, il a mis une loi en Israël, et il a ordonné à nos pères de l’enseigner à leurs enfants pour qu’elle fût connue de la génération future, des enfants qui naîtraient, et que, devenus grands, ils en parlassent à leurs enfants, afin qu’ils missent en Dieu leur confiance, qu’ils n’oubliassent pas les œuvres de Dieu et qu’ils observassent ses commandements. »

Quelle merveilleuse conception de l’éternelle Vérité de Dieu transmise de génération en génération pour maintenir vivante dans le pays l’influence apaisante d’une foi forte. Et quel jugement de notre époque où ces dispositions divines sont totalement ignorées partout, avec les terribles et évidentes conséquences que nous observons actuellement dans la jeune génération !

Maintenant, les auditeurs sont attentifs à ce que va dire le prophète. Son message les concerne-t-il seulement, ou se rapporte-t-il à des temps et des lieux futurs, au-delà des limites de leur vie et de leur pays ? Est-ce qu’il implique toute la terre et même tout l’univers ? D’après les premières paroles, il ne semble pas – bien que leur contenu soit terrifiant – car elles ne se rapportent qu’à une éventuelle invasion de dangereuses sauterelles en Juda, pas de quoi alarmer les foules. Un tel événement, même si c’est un malheur dont on peut se plaindre, ne nécessite pas l’intervention d’un prophète.

« Ce qu’a laissé le gazam, la sauterelle l’a dévoré ; ce qu’a laissé la sauterelle, le jélek l’a dévoré ; ce qu’a laissé le jélek, le hasil l’a dévoré » (Verset 4). Quatre des nombreuses espèces de sauterelles sont citées en langue hébraïque. Le « gazam » est connu pour sa voracité, la sauterelle se multiplie à l’infini, le jélek a la particularité d’aspirer et de manger tout ce qu’il rencontre, et le hasil est connu pour son instinct dévastateur, que rien ne peut arrêter. On peut presque penser aux « quatre châtiments terribles » de Dieu. – Ézéchiel 14 : 21.

Il est surprenant de constater que les Écritures utilisent le chiffre « 4 » chaque fois qu’il est question de la justice de Dieu. Il y a non seulement les quatre cavaliers, bien connus, et les quatre vents de l’Apocalypse (chapitres 6 et 7), mais aussi les quatre cornes en Zacharie 1 : 18, ainsi que les quatre animaux en Daniel, au chapitre 7. Les deux derniers cas au moins, sont des symboles de puissance qui ont pour mission – comme les sauterelles de Joël – de ramener la justice en Israël. Un jour pourtant, les enfants d’Israël feront volte-face, comme nous le verrons dans l’extraordinaire vision de Joël (Joël 2 : 12-14), pour créer les conditions, dans lesquelles Dieu pourra répandre sa grâce sur ce peuple humilié.

Ceci est très clairement dit en Ézéchiel 14 :21 : « Oui, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Quoique j’envoie contre Jérusalem mes quatre châtiments terribles, l’épée, la famine, les bêtes féroces et la peste, pour en exterminer les hommes et les bêtes. » Les premières phrases du prophète donnent une image encore plus terrible des dégâts dus aux sauterelles dans le pays. C’est un tableau réaliste, phénomène bien connu des contemporains de Joël. De nombreux visiteurs des pays orientaux racontent les dégâts causés par ces millions d’insectes volants ; on n’aurait pas pu trouver un meilleur symbole de destruction et de ruine.

Le verset 4 du premier chapitre de Joël décrit l’apparition et la fin du fléau et les conséquences désastreuses pour le pays complètement dévasté. Les versets suivants parlent des plaintes qui s’élèvent de tous côtés : celles du peuple, celles des sacrificateurs, des ivrognes et des ouvriers, qui retentissent à l’unisson et deviennent un cri désespéré de tout le peuple vers Dieu. Pourtant les regrets ne se manifestent pas encore. Le premier chapitre se termine sur la vision d’un peuple submergé de problèmes, mais qui n’est pas encore prêt à se rapprocher de Dieu, par la repentance et la soumission, afin qu’Il veuille le sauver.

Il est difficile de savoir si Joël pense à un réel fléau de sauterelles ou à un grand malheur qui guette le peuple, symbolisé par les « sauterelles ». La deuxième idée est sans doute la plus juste. Il n’est pas raisonnable de penser que Dieu ait employé un prophète pour annoncer une catastrophe naturelle, même grave, car il s’agissait d’un phénomène naturel qui se répétait régulièrement.

Il s’agit plus sûrement ici, du début de la vision prophétique de Joël, vision qui, au chapitre trois, se prolonge dans des temps futurs jusqu’à Harmaguédon : « C’est une multitude, une multitude, dans la vallée du jugement ; car le jour de l’Éternel est proche, dans la vallée du jugement. » (Verset 14).

Pourtant dans le premier chapitre, il n’y a pas d’indication sur une vision aussi lointaine. Les afflictions, dont il est question ici, devaient être proches et étaient la conséquence de la décadence d’Israël. Il paraît raisonnable de penser que Joël évoquait plutôt, par le symbole des sauterelles, les successives invasions ennemies du temps de Salmanasar et Sanchérib qui eurent pour conséquence la capture et la déportation des dix tribus, ainsi que bon nombre de gens de la tribu de Juda. Plus tard, Nebucadnetsar détruisit totalement le pays. Joël mentionne quatre sortes de « sauterelles » qui détruisent chacune ce que les précédentes ont laissé, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Les Écritures parlent aussi de quatre grands rois qui, les uns après les autres, envahirent Israël et Juda et détruisirent tout. Salmanasar, roi d’Assyrie (2 Rois 18 : 9) fut le premier, environ 60 ans après la vision de Joël. Il prit Samarie et emmena les dix tribus d’Israël en captivité. Sargon II lui succéda (Esaïe 20 : 1). Une inscription assyrienne confirme les paroles d’Esaïe. Enfin vint le fameux Sanchérib, dont l’armée fut détruite devant Jérusalem, mais qui maintint pourtant sa domination sur les dix tribus d’Israël. Un siècle plus tard, vint finalement Nebucadnetsar qui détruisit Jérusalem et son temple et emmena ses habitants en captivité pendant 70 ans. En quatre vagues successives, les sauterelles avaient accompli leur œuvre et ainsi réalisé cette partie de la prophétie de Joël.

Connaissant l’imminence de cette catastrophe, nous ressentons toute la puissance du message du prophète : « Réveillez-vous, ivrognes et pleurez ! Vous tous, buveurs de vin, gémissez, parce que le moût vous est enlevé de la bouche ! Car un peuple est venu fondre sur mon pays, puissant et innombrable. Il a les dents d’un lion, les mâchoires d’une lionne. Il a dévasté ma vigne ; il a mis en morceaux mon figuier, il l’a dépouillé, abattu ; les rameaux de la vigne ont blanchi. » (Versets 5 à 7).

C’est un appel pressant au grand nombre de gens qui cherchaient les plaisirs ; aux insouciants qui avaient abandonné leur alliance avec Dieu et préféraient s’occuper de leurs intérêts et distractions du moment. La ruine les a surpris en plein milieu de leurs beuveries. Le prophète avait prévu que les impitoyables soldats assyriens pénétreraient dans leurs maisons et mettraient fin à leurs joyeuses fêtes.

Esaïe vit quelque chose de semblable lorsqu’il s’écria : « Malheur à la couronne superbe des ivrognes d’Éphraïm, à la fleur fanée, qui fait l’éclat de sa parure, sur la cime de la fertile vallée de ceux qui s’enivrent ! Voici venir, de par le Seigneur, un homme fort et puissant, comme un orage de grêle, un ouragan destructeur, comme une tempête qui précipite des torrents d’eaux : il la fait tomber en terre avec violence. » (Esaïe 28 : 1, 2). On ne peut que faire la comparaison avec les circonstances actuelles dans le monde où les hommes seraient, selon ce que prédisait l’apôtre Paul, « traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu. » (2 Timothée 3 : 4). On voit bien qu’une justice doit s’imposer, tout comme ce fut le cas plusieurs décennies après Joël.

Toute l’ampleur de la catastrophe est représentée par le pied de vigne et le figuier. La vigne était le symbole du peuple d’Israël : « La vigne de l’Éternel des armées, c’est la maison d’Israël », « Je t’avais plantée comme une vigne excellente et du meilleur plant » (Esaïe 5 : 7 ; Jérémie 2 : 21). Il en est de même pour le figuier (Osée 9 :10) Tous deux furent détruits. Il n’est pas étonnant que le prophète formule des plaintes. La nation sainte et glorieuse fut traînée dans la poussière et même Joël ne vit pas jusqu’où cela devait la mener. Il ne pouvait que crier à la désolation et au chagrin et attendre la suite que Dieu donnerait aux évènements. Les lamentations de Jérémie, qui sont l’expression des souffrances du peuple dans cette même situation catastrophique, ont été inspirées par les prophéties de Joël. Presque deux cents ans avant ces évènements, celles-ci appellent déjà à la détresse et au chagrin.

L’APPEL AU REPENTIR

« Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir. » (Actes 17 : 30). Cette injonction fut lancée au monde par l’apôtre Paul à l’Aréopage, plusieurs siècles après l’appel de Joël. Et pourtant, l’origine de celle-ci se trouve bien dans la prophétie de Joël. Dans ce premier chapitre, ceux qui entendent les paroles ardentes du prophète, sont amenés intentionnellement des profondeurs de la simple plainte sur les difficultés qui les submergent, à la hauteur de la repentance et de l’aveu de leur dépendance – repentance pour les péchés qui les ont plongés dans les difficultés, et dépendance à Dieu qui abolit leurs problèmes. Dans la première partie du chapitre, jusqu’au verset 12, ils ne se plaignent qu’entre eux ; l’idée de s’adresser à Dieu ne leur vient même pas à l’esprit.

Dans la deuxième partie du chapitre, les plaintes montent d’un cran : les cris de douleur et de désespoir sont portés jusqu’au temple de l’Éternel et montent à Lui, bien qu’il n’y ait pas encore de signe de repentance.

« Lamente-toi comme une jeune fille vêtue d’un sac, à cause du fiancé de sa jeunesse ! » Cette image de la fiancée qui perd son fiancé juste avant le mariage, pourrait bien représenter Israël perdant son Dieu, avant d’avoir atteint la gloire promise, à cause de son infidélité – « Car ton créateur est ton époux » (Esaïe 54 : 5). Israël a rompu l’alliance et le malheur s’est abattu sur le peuple.

Le verset 9 met cet état de choses encore mieux en évidence : « Offrandes et libations disparaissent de la maison de l’Éternel. » L’arrêt des sacrifices dans le temple était la plus grave et la plus douloureuse affliction qui pouvait atteindre la nation. Cela signifiait que l’alliance n’était plus respectée et que les promesses et les grâces de Dieu s’arrêtaient.

Il n’est pas étonnant que les sacrificateurs, serviteurs de l’Éternel, soient dans le deuil, comme dit Joël. De tous temps, les dignitaires spirituels furent toujours les premiers à se plaindre de la décadence de leurs institutions et de leurs rites, quand bien même ils assistèrent – trop longtemps sans réagir – à la dégradation de leur organisation et aux abus de la religion qui les conduisirent à ce déclin.

Les sacrificateurs du temps de Joël ne faisaient pas exception à la règle. Remarquons que le prophète, bien qu’il les accuse d’infidélité, reconnaît que leur service est pour Dieu. Il les décrit toujours comme « serviteurs de l’Eternel ». Plus tard, Jésus dira aussi des Scribes et des Pharisiens qu’ils sont assis sur le trône de Moïse, tout en leur faisant des reproches.

Devant l’œuvre de Dieu détruite, le prophète jette un regard amer sur celle des hommes ruinée également : « Les champs sont ravagés, la terre est attristée », s’écrit-il « car les blés sont détruits, le moût est tari, l’huile est desséchée. Les laboureurs sont consternés, les vignerons gémissent, à cause du froment et de l’orge » (Versets 10 et 11). Il place la faute là où il faut : tous les hommes sont responsables de la catastrophe. Toute l’humanité – esclaves ou maîtres – tous sont coupables de ne pas avoir fait leur devoir envers Dieu. De même pour les sacrificateurs. Le travail de leurs mains est anéanti, comme celui des sacrificateurs. La catastrophe est partout : la vigne, le figuier, le grenadier (ou l’oranger), tous les arbres des champs sont desséchés, dit Joël au verset 12 : « La joie a cessé parmi les fils de l’homme. »

Cette dernière phrase conclut son premier message au peuple. Une grande misère s’est répandue sur lui et touche tout. Le peuple lance à l’unisson un grand cri de doute et de douleur vers le ciel. Tandis que Joël en son temps, parle des premiers malheurs, Jérémie, plus tard, l’exprime aussi de cette façon, lorsqu’il témoigne des derniers évènements tragiques de cette série de malheurs : « Je regarde la terre, et voici, elle est informe et vide ; les cieux, et leur lumière a disparu. Je regarde les montagnes, et voici, elles sont ébranlées ; et toutes les collines chancellent. Je regarde, et voici, il n’y a point d’homme ; et tous les oiseaux des cieux ont pris la fuite. Je regarde, et voici, le Carmel est un désert ; et toutes les villes sont détruites, devant l’Éternel, devant son ardente colère. » – Jérémie 4 : 23-26.

Joël secoue sérieusement ce peuple incroyant et lui met sous les yeux la ruine complète de leur pays ravagé, ainsi que leur incapacité à sortir seuls de cette situation catastrophique. Puis il leur suggère d’en appeler à leur seul Sauveur, leur Dieu.

N’est-ce pas un exemple pour nous ? Devons-nous demander des directives pour délivrer le message au monde ? N’avons-nous pas tendance à présenter un tableau idyllique des bénédictions que Dieu prépare pour l’humanité, avant de montrer de quelle terrible façon l’homme a ruiné et détruit l’héritage que Dieu lui avait confié ?

Pour ce qui nous concerne, il est plus juste de faire selon la méthode que Joël employa manifestement, c’est-à-dire de mettre l’accent sur le fait que l’homme s’est rendu indigne de ses privilèges, qu’il n’est pas capable de se gouverner lui-même et qu’il n’est pas autorisé à profaner la Création de Dieu avec des inventions monstrueuses.

De nos jours, comme dans les temps lointains au pays de Juda, les vignes, les figuiers, les orangers, les palmiers, les pommiers, tous les arbres des forêts sont réellement endommagés. La joie a quitté le cœur des hommes. Nous devrions utiliser les arguments de Joël pour réveiller la conscience des gens et les amener à faire marche arrière ; non seulement en vue de l’âge d’or de la promesse, mais plutôt vers la nécessité absolue de se repentir. « Sacrificateurs, ceignez-vous et pleurez ! Lamentez-vous, serviteurs de l’autel ! Venez, passez la nuit revêtus de sacs, serviteurs de mon Dieu ! Car offrandes et libations ont disparu de la maison de votre Dieu. Publiez un jeûne, une convocation solennelle ! Assemblez les vieillards, tous les habitants du pays, dans la maison de l’Éternel, votre Dieu, et criez à l’Éternel ! » – Versets 13, 14.

C’est le premier pas à faire pour être délivré par Dieu : rassembler le peuple, les vieillards, les sacrificateurs dans la maison de l’Éternel, pour crier vers Lui, tous ensemble. Il est reconnu que la force qui se dégage d’un groupe de personnes, lors d’un service divin, élève l’âme et met le cœur en émoi. De nombreuses personnes ont fait cette expérience lors de réunions de prières de croyants. Qui peut dire quelle force purifiante et bouleversante agit là où une foule s’assemble, qui traverse les mêmes souffrances ou le même danger, une foule qui, dans sa douleur en appelle à Dieu et trouve ainsi son chemin vers la prière pour être aidée et délivrée ? Chaque fois qu’Israël se détournait de Dieu et était emmené en captivité, comme cela lui est arrivé plusieurs fois au temps des Juges, il se tournait vers le Seigneur et faisait appel à Lui dans sa détresse pour qu’Il les entende et les délivre de son malheur. Joël le savait et suivait sa première impulsion, mettre le peuple face à face avec Dieu et l’amener à la condition de cœur dans laquelle le Très Haut pourra lui accorder ses bénédictions.

Du verset 15 jusqu’à la fin du chapitre, le prophète semble lancer un appel ardent au peuple rassemblé autour de lui dans le temple. L’appel du verset 14 a été entendu ; les paysans ont cessé de contempler leurs champs dévastés et leur bétail mourant, les ivrognes ne surveillent plus leurs vignes et les sacrificateurs ne défendent plus leurs droits sur une loi « morte ». Ils ont terminé leurs discussions sans fin sur les articles de la Loi. Ils se sont tous retrouvés pour écouter la voix du prophète. Le son de cette voix résonne à travers le bâtiment et retentit aux oreilles de la foule réunie dans le temple. « Ah ! Quel jour ! Car le jour de l’Éternel est proche : il vient comme un ravage du Tout-Puissant. »

Plus loin, dans son message, Joël trouve des mots merveilleux pour consoler et encourager son peuple. Vers la fin, il décrit une époque lumineuse, quand Dieu tournera à nouveau sa face vers lui et déversera son Esprit sur toute chair. Il parle de vin et de lait qui coulent en abondance, d’eaux ruisselantes, de plaines fertiles et termine avec une prophétie encourageante : « Et l’Éternel résidera dans Sion. » – Joël 3 : 21.

Mais on n’en est pas encore là ! Son message résonne d’abord comme celui qu’Ézéchiel devait délivrer : un message de lamentations, de plaintes et de gémissements (Ézéchiel 2 : 10). Le jour de l’Éternel est là et ce sera un jour de destruction. Mais ce n’est pas le « jour du Seigneur » qui nous est promis, à nous étudiants de la Bible, le jour où Dieu mettra le monde en jugement et provoquera de grands tumultes pour le détruire, où les éléments embrasés se dissoudront, pour qu’Il y installe des « nouveaux cieux » et « une nouvelle terre » (2 Pierre 3 : 10). Ce n’est pas le jour dont Esaïe parle au chapitre 34 : le jour de vengeance de l’Éternel, une année de représailles pour la cause de Sion. – Esaïe 34 : 8.

Ce n’est pas le jour dont Joël parle dans son deuxième chapitre (Joël 2 : 31), ce jour grand et terrible, annoncé par des signes et des miracles dans le ciel. La vision prophétique que Joël verra plus tard, ne lui est pas encore apparue. Il ne voit, pour l’instant, pas plus loin que dans un avenir proche. Le jour du Seigneur, qu’il annonce au peuple assemblé comme la période de destruction du Tout-Puissant, dans le verset 15 du premier chapitre, est le jour de justice, de chagrins, de détresse, qui commença avec Salmanasar d’Assyrie et se termina avec Nebucadnetsar. C’était un jour, au cours duquel les deux maisons d’Israël s’effondrèrent, le peuple fut emmené en captivité et le règne de la maison de David prit fin.

Tout cela arriva selon le jugement de Dieu : « J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine. Mais cela n’aura lieu qu’à la venue de celui à qui appartient le jugement et à qui je le remettrai. » (Ézéchiel 21 : 32). C’est tout ce que Joël voit à ce moment-là, c’est le message ardent qu’il veut délivrer à ses auditeurs de manière pressante : « La nourriture n’est-elle pas enlevée sous nos yeux ? La joie et l’allégresse n’ont-elles pas disparu de la maison de notre Dieu ? » (Verset 16). Remarquons avec quelle sagesse il associe la joie et le spirituel. Combien cette situation ressemble à la nôtre, dans notre propre pays ! Au cours des dernières décennies, nos peuples se sont éloignés de plus en plus de Dieu ; partout, sa maison est négligée et vide ; même notre attention et notre amitié traditionnelles pour le « peuple de la Bible », pour le peuple de la promesse depuis la nuit des temps, s’affaiblit au profit d’une nouvelle conception de la politique moderne et de nouvelles orientations.

« Les semences ont séché sous les mottes ; les greniers sont vides, les magasins sont en ruines, car il n’y a point de blé. » (Verset 17).

Tout cela parce qu’Israël a abandonné son Dieu, négligé son alliance, et que chacun a pris sa propre route. Quelle leçon nous enseignent ces quelques versets ! Le langage des Saintes Écritures donne un témoignage si puissant et s’adapte si bien à notre monde actuel, qu’aucune autre explication n’est nécessaire.

Ainsi, Joël épanche son cœur avec élan. Sans doute avait-il attiré l’attention des gens sur lui ; peut-être se tourna-t-il vers le Tout-Puissant, pendant qu’il parlait à la foule et Lui ouvrit-il son cœur : « C’est vers toi que je crie, ô Éternel ! Car le feu a dévoré les plaines du désert, … les bêtes des champs crient aussi vers toi ; car les torrents sont à sec. » (Versets 19, 20).

Là, il s’arrête. Il n’a pas l’impudence d’implorer que le jugement terrible soit supprimé. Peut-être perçoit-il que les dommages sont déjà trop importants et qu’ils ne peuvent être éradiqués que par le feu. Peut-être, n’est-il pas assez sûr de son affaire, pour demander une délivrance. Il connait les péchés de son peuple et crie à Dieu, non pas pour être délivré ou consolé, mais pour que Dieu l’entende.

Comprenait-il que, si Dieu se tournait enfin vers la terre et écoutait, il n’y aurait plus de doute à avoir ? Car, le Juge de la terre agirait de manière juste. De même qu’Esaïe, du temps de Sanchérib, porta la nouvelle de la présomptueuse invasion au temple et l’exposa à Dieu, puis sortit et attendit que la volonté de l’Éternel se manifestât, ainsi Joël mit le peuple face à face avec Dieu. Il attira son attention sur le peuple et Lui expliqua l’état lamentable dans lequel la terre était tombée. Puis, il se mit en retrait et attendit, confiant et sûr de la délivrance du Tout-Puissant.

Si ce livre est une prophétie, ce qui est absolument certain, nous sommes alors arrivés au point où la vision de Joël sort des limites de son époque et de son peuple. Était-ce ses suppliques insistantes qui lui ouvraient le cœur et l’esprit vers de plus grandes choses ? Lui montraient-elles un nouveau déroulement des évènements d’un niveau plus élevé et plus grand dans un avenir lointain encore invisible ? Voyait-il, tout émerveillé, se dessiner les contours imprécis d’Harmaguédon ?

Il semblerait que ce soit le cas ; il se dégage, en effet, un nouvel esprit des premiers mots du chapitre 2 et une nouvelle insistance. Dans ce chapitre, nous sommes confrontés à des images plus intenses, des couleurs plus vives, les actions se précipitent. Les évènements se succèdent, s’accélèrent et se jettent dans le fleuve de la détresse, dans lequel ce « monde » va sombrer et accomplir son destin. Nous voyons donc, dans le premier chapitre de la prophétie de Joël, une figure à moindre échelle de la grande détresse. Elle se réalisa aux jours de Joël et dans les temps qui suivirent. Elle servait aussi à élargir son esprit pour lui permettre d’apercevoir les contours des choses qui devaient se dérouler dans l’avenir jusqu’au royaume de paix qui devait suivre la dernière détresse. La même image nous permet d’appliquer les principes du premier chapitre aux nations d’aujourd’hui, tout comme elles furent appliquées à Israël du temps de Joël.

LA GRANDE ARMÉE DE L’ETERNEL

« Sonnez de la trompette en Sion ! Faites-la retentir sur ma montagne sainte ! Que tous les habitants du pays tremblent ! Car le jour de l’Éternel vient, car il est proche ! » – Joël 2 : 1.

C’est ainsi que commence la deuxième phase de la prophétie et la vision de Joël devient plus audacieuse ; il voit dans l’avenir. Le langage utilisé dans la première partie de ce chapitre est identique à celui employé dans la description de la plaie des sauterelles, au premier chapitre ; pourtant, les mots et les expressions utilisés ici sont bien plus forts et ciblent directement le sujet, pour qu’il ne subsiste aucun doute sur une importante invasion destructrice du pays, que l’image du ravage des sauterelles pouvait encore dissimuler. Il n’y a aucune défense possible contre les armées envahissantes de l’ennemi ; le soleil et la lune, eux-mêmes s’assombrissent et le peuple n’est plus capable d’organiser une défense efficace. Le grand et terrible jour de l’Éternel est arrivé et qui peut l’arrêter ?

Mais le prophète montre le chemin pour sortir de cette crise (Verset 12). Tournez-vous vers Dieu, car Il est compatissant et miséricordieux. Qui sait que Lui seul peut modifier le destin, et nous en libérer ?

Pendant que le peuple médite cette nouvelle, une deuxième alerte retentit (Verset 15). L’ennemi est devant la porte et le tournant décisif est arrivé. « Sonnez de la trompette en Sion ! Publiez un jeûne, une convocation solennelle ! » L’appel au Tout-Puissant pour la libération devient une réalité ; les sacrificateurs et le peuple se réunissent pour prier avec ferveur et montrer un esprit de véritable repentance. Toutes les occupations habituelles cessent et le peuple entier s’assemble pour prier Dieu sincèrement et du fond du cœur.

Et Il réagit ! A partir de cet instant, le danger s’éloigne. « L’Éternel est ému de jalousie pour son pays, et il épargne son peuple. » (Verset 18). Il s’avance comme un homme de guerre et chasse les envahisseurs ennemis. Puis, Il se tourne vers son peuple et commence à bénir leurs biens et leurs champs. Tout ce qu’ils avaient perdu leur est rendu et ils prennent enfin conscience que l’Éternel est leur Dieu et qu’Il réside parmi eux.

A cet instant, la prophétie plonge si loin dans les évènements du futur, dans le temps de la grande détresse, que l’on ne peut pas se tromper sur le rapport avec le symbole ; c’est à ce moment que la promesse dont parle Pierre à la Pentecôte, se réalisera : Dieu répandra son Esprit sur tous les peuples, et ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront totalement libérés.

Ce qui est écrit aux versets 21 et 32 n’a pas encore eu lieu pour Israël, sa réalisation est future. C’est notre fil conducteur pour comprendre tout le chapitre. Joël voyait à travers sa vision dans des temps qui sont encore à venir.

Ce qui est décrit dans le premier chapitre s’est réalisé peu de temps après Joël. Les armées du Nord envahirent Israël et Juda, firent prisonniers leurs habitants et dévastèrent le pays. Pourtant, le fil de la prophétie s’arrête au verset 14, parce que le peuple ne se repentit pas et ne revint pas à Dieu. Pour cette raison, l’achèvement de la prophétie fut repoussé dans un temps très lointain.

Un jour, Israël eut une deuxième chance. Le Prince de vie Lui-même fut au milieu d’eux. Les nations les menaçaient à nouveau, et le fil de la prophétie s’arrêta encore au verset 14. Ils ne reconnurent pas le temps de leur visitation (Luc 19 : 44 ; Matthieu 23 : 38) et ils ne retournèrent pas à Dieu. Leur pays fut de nouveau déserté. De nos jours, si longtemps après, la coupe de souffrances se remplit jusqu’à ras bord pour le peuple de Dieu ! Comme par le passé, il est encerclé par ses ennemis ; et la « grande armée de Dieu » est prête à exécuter le jugement ! Mais, cette fois-ci la prophétie se réalisera entièrement, et Israël, en grand péril, se repentira et demandera la délivrance à l’Éternel, ayant retrouvé foi et confiance. Ainsi, nous devons voir dans ce chapitre, le début de la vision du temps de Sanchérib et de Nebucadnetsar et la fin, de « nos jours », au moment de la délivrance finale d’Israël.

LE JOUR DU SEIGNEUR

« Sonnez de la trompette … car il est proche. » Quel est donc ce « Jour du Seigneur » auquel se réfère si souvent le prophète ? Il est presque toujours en relation avec la justice. C’est le jour des comptes, le jour de la vengeance, la période dans laquelle les mauvaises graines semées par les hommes sont mûres pour la récolte. Un jour du Seigneur doit venir sur Israël à cause de son entêtement, de même, viendra un jour du Seigneur sur toute l’humanité à cause de sa corruption.

Joël s’adresse surtout au peuple d’Israël. Le temps de la justice arriva inexorablement et rien ne put le sauver de sa puissance, même si sa conversion et sa foi avaient pu lui éviter cette étape : sauvé au travers du feu. D’ailleurs, ce fut un très long jour. Ce « Jour du Seigneur » commença lorsque les dix, puis les deux tribus furent exilées et il durera jusqu’à « la détresse de Jacob », – une phase encore bien lointaine, à l’époque. Il se prolongera et s’achèvera lorsqu’Israël se sera converti, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. L’exhortation des versets 12 à 14 « Maintenant encore, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur » constitue une barrière à l’accomplissement de la prophétie, aussi longtemps que l’aveuglement d’Israël subsistera, selon les paroles de l’apôtre Paul en Romains 11 : 23-26.

Avec raison, Joël insiste sur l’urgence de son message et sur l’appel de la trompette de Sion, car le « Jour du Seigneur » qu’il décrit comme imminent, devait commencer moins d’un siècle plus tard. Il prophétise annonçant un « jour de ténèbres et d’obscurité, jour de nuées et de brouillards, il vient comme l’aurore se répand sur les montagnes » (Verset 2). Cette dernière phrase est incomplètement traduite ; la véritable idée est celle d’une aurore tumultueuse, où l’on n’aperçoit pas la lumière du soleil levant, mais où au contraire, de gros nuages d’orage s’accumulent sur les montagnes que la lumière du jour ne traverse pas. Esaïe le dit également : « En regardant la terre, on ne verra que ténèbres, avec des alternatives d’angoisse et d’espérance ; au ciel, l’obscurité règnera. » – Esaïe 5 : 30.

Sophonie vit aussi un jour de ravage et de destruction, un jour de nuées et de brouillards, un jour où retentira la trompette … contre les villes fortes. (Sophonie 1 : 15, 16). Et Joël vit le soleil et la lune s’obscurcir, les étoiles retirer leur éclat, et le rideau noir de la colère de l’Éternel s’étendre sur tous les hommes.

LA GRANDE ARMÉE DE DIEU

Dans ce sombre tableau, le prophète voit s’approcher une armée, « un peuple nombreux et puissant » s’écrie-t-il avec frayeur, « tel qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais dans la suite des âges. » (2 : 2). Joël vit à l’avant-garde les Assyriens de son époque qui marchaient inexorablement vers leur but, la destruction de Jérusalem. Juste derrière eux, il vit sans doute les Babyloniens de Nebucadnetsar qui vinrent cent cinquante ans après, pour renverser le royaume de Juda, et supprimer la royauté. Après eux, il vit confusément les Grecs, les Romains, les Perses, les Arabes, les Turcs et les armées de toutes les nations qui devaient venir, durant des siècles, opprimer Israël et détruire sans relâche leur héritage.

Il se peut que, dans la vision accentuée de manière surnaturelle, le prophète distinguait dans la pénombre, derrière toutes ces armées, les contours imprécis de cette puissance venue du Nord, décrite en Ézéchiel 38 comme la dernière invasion de sauterelles qui devait détruire Israël. Ce sont toutes les légions de la grande armée de l’Éternel, envoyées pour révéler sa Parole véritable. Elles ont toutes joué un rôle – et le joueront encore – afin que Dieu puisse imposer ses lois à ce peuple entêté, au cou raide, qui devint de manière extraordinaire son peuple élu.

Nous voyons comment, au cours des siècles, cette « grande armée » s’est concrétisée, nous lisons au verset 3 : « Devant lui est un feu dévorant, et derrière lui une flamme brûlante ; le pays était auparavant comme un jardin d’Éden, et depuis c’est un désert affreux : rien ne lui échappe. »

La suite du texte jusqu’au verset 9 est une description vivante des ravages que commet un agresseur sans pitié. Faut-il voir l’attaque littérale, réelle, d’une ville (Jérusalem), comme il est dit en Zacharie (12 : 1-3 ; 14 : 1, 2) ? Ou faut-il se baser sur les versets suivants qui décrivent l’intervention de Dieu pour secourir le peuple ? S’agit-il de la période pendant laquelle Israël s’est détourné de Jéhovah et fut persécuté par les nations, qui furent ensuite punies par Dieu ? Nous avons encore un autre point de vue que nous allons exposer à la fin de cette partie.

Les versets 4 à 9 décrivent l’invasion à partir du moment où l’on aperçoit l’ennemi sur de lointaines collines, jusqu’au terrible instant où les défenseurs, poussés dans leurs derniers retranchements, au centre de la ville, assistent terrorisés à l’impitoyable invasion des soldats par les fenêtres ou enfonçant les portes. C’est ce qui est arrivé au peuple d’Israël tout au long de son histoire, et arrivera encore. L’ennemi a progressé toujours plus ; la destruction totale n’est pas loin, au point que, dans ses derniers jours, ce peuple semble être à deux doigts de l’extinction totale et que rien ne peut plus le sauver.

« A les voir, on dirait des chevaux, et ils courent comme des cavaliers » (Verset 4). C’est ainsi que les gardes affolés repèrent les premiers signes de l’attaque – des nuages de poussière soulevés par les sabots des chevaux au galop, attelés aux machines de guerre. Les mouvements des fringants chevaux ont sans doute été aperçus avant les chars de combat cahotant sur la route. Mais pas pour longtemps, car « A les entendre, on dirait un bruit de chars sur le sommet des montagnes, où ils bondissent, on dirait un pétillement de la flamme du feu, quand elle consume le chaume. » (Verset 5).

Puis, les chars de guerre apparaissent bondissant et cahotant sur le chemin raide et pierreux. La comparaison est excellente entre la marche forcée de l’ennemi et un mur de flammes qui avance à folle allure dans un champ pour y dévorer les chaumes secs. (Voir Malachie 4 : 1).

Les agresseurs atteignent enfin les murs de la ville. « Ils s’élancent comme des guerriers, ils escaladent les murs comme des gens de guerre ; chacun va son chemin, sans s’écarter de sa route. » (Verset 7). Ils ont abattu les murs et ont pénétré dans la ville en force ; les défenseurs, désespérés, se sont retirés à l’abri dans leurs maisons ; mais c’est inutile. Leurs ennemis infatigables sont à leurs trousses. « Ils se répandent dans la ville, courent sur les murailles, montent sur les maisons, entrent par les fenêtres comme un voleur. » (Verset 9).

Qu’est-ce qu’une ville ? On pourrait dire un rassemblement de gens en un lieu qui leur offre un logement, un travail et la nourriture ; un endroit qui leur garantit une certaine sécurité, en somme un espace de vie plus ou moins restreint qui représente en quelque sorte la société.

La terre n’est-elle pas une « grande ville » ? Nous, les humains, vivons sur ce globe et nous ne pouvons pas nous en échapper. Nous dépendons tous les uns des autres, particulièrement de nos jours, où seule une entente unanime de toutes les nations peut nous préserver de la ruine définitive. C’est là que réside justement le problème ! Jésus dit : « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister. Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ? » – Matthieu 12 : 25, 26.

Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre considère tous ces agissements méchants, déraisonnables et impies sur notre globe comme des « chevaux » qui se précipitent vers nous. En fait, ils sont déjà là ; mais ce n’est pas tout. Trop de « spectateurs » sont encore sur les murs et regardent de loin comment on essaie de contenir l’attaque.

(à suivre)

TA juillet-août 2002 à septembre-octobre 2003

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