« Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. » – 1 Jean 4 : 12.
Il y a une grande différence entre l’amour humain ou animal, tel celui que les membres d’une famille ont les uns pour les autres, et cet amour auquel ce texte fait référence. L’amour exigé des membres du corps de Christ est un amour résultant d’une relation mutuelle avec le Seigneur, et tient de l’Esprit de Dieu qui habite en eux — un amour semblable à celui de Dieu, qui les marque comme provenant de son Esprit, ayant été engendrés selon sa disposition. Il devrait y avoir quelque chose dans le caractère des membres du peuple de Dieu qui démontre en toute occasion qu’ils possèdent un véritable amour les uns pour les autres. Si ce n’est pas le cas, le manque d’amour transparaîtra d’eux tous.
À mesure que nous apprenons à nous aimer les uns les autres, l’amour de Dieu se perfectionne en nous, le véritable amour bienveillant que le Seigneur ordonne. Le Seigneur dit que nous devrions nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés — au point de donner notre vie les uns pour les autres. Nous ne devons pas aimer certains de nos frères de temps en temps, et certains de nos frères tout le temps ; mais nous devons aimer tous nos frères tout le temps ; et fermer les yeux sur leurs faiblesses et leurs imperfections, en adoptant ce point de vue élevé selon lequel Dieu les considère, en nous pardonnant les uns les autres, comme Dieu, pour l’amour de Christ, passe au-dessus de nos défauts. Nous devons pardonner à ceux qui nous ont offensés, comme nous espérons et avons confiance que Dieu pardonnera nos offenses. Personne ne peut être de la classe des « élus » à moins d’avoir cet amour parfait en lui. Il se peut qu’il ne parvienne pas à maîtriser sa chair au point de ne jamais parler avec un ton acerbe, sans réfléchir, etc., mais il doit atteindre le point où il sera parfait dans ses intentions avant de pouvoir être accepté comme membre du royaume.
L’Apôtre Paul dit que « l’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi. » (Romains 13 : 10). La loi divine que l’Apôtre avait spécialement en tête était la loi donnée à Israël : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » ; et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Deutéronome 6 : 5 ; Lévitique 19 : 18). Pour que cette loi de Dieu soit accomplie — pleinement, entièrement satisfaite — il faut que le cœur soit rempli d’amour. Tout l’esprit, l’âme et la force sont nécessaires pour accomplir cette Loi. « L’amour ne fait point de mal au prochain. » Cependant, quelqu’un peut faire du mal par ignorance, superstition et incompréhension, par imperfection de la chair, alors que les intentions de son cœur sont bonnes. Saul de Tarse a fait beaucoup de mal à son prochain. Avec de bonnes intentions, sans doute, certains de nos amis Catholiques et certains de nos amis Protestants ont fait du mal à leur prochain. Nous ne pouvons pas dire que parce qu’ils ont fait du mal à leur prochain, ils n’avaient pas d’amour, mais qu’ils ne l’avaient pas au degré requis par la loi ; car l’amour parfait ne ferait pas de mal au prochain. Celui qui, sciemment, ferait du mal à son prochain n’aurait pas d’amour.
CET AMOUR VA AU-DELÀ DE LA LOİ JUİVE
Il y a une force dans le mot « donc » dans le texte, « L’amour ne fait point de mal au prochain, l’amour est donc l’accomplissement de la loi ». La loi a été donnée pour contenir les mauvaises actions, les mauvaises paroles, les mauvais sentiments envers autrui. Cette loi n’avait évidemment pas pour but d’énumérer toutes les choses qui ne doivent pas être faites, car elle « ne fait point de mal ». Quelqu’un peut donc accomplir la loi des Dix Commandements s’il ne fait pas de mal à son prochain, mais l’aime comme lui-même. Cette parole nous donne donc à penser que l’Apôtre avait à l’esprit la loi Juive et non la loi de la nouvelle création. Le simple fait de s’abstenir de faire le mal et d’aimer son prochain comme soi-même n’accomplirait pas la loi qui a été donnée à la nouvelle créature par le Seigneur ; mais cela accomplirait la loi de justice donnée aux Juifs.
Mais notre Seigneur a magnifié cette loi et nous a aussi donné un nouveau commandement. L’amour que devraient avoir ceux qui Le suivent, ses disciples, fut exprimé en ces mots, « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jean 15 : 12). Faire cela serait bien plus que de ne pas faire de mal à un autre. Cela reviendrait à donner notre vie les uns pour les autres. Cela va bien au-delà de toute exigence de la loi. La justice ne pourrait pas dire, « Tu dois aller nettoyer la neige du trottoir de ton voisin » ; mais la justice dirait, « Tu ne dois pas jeter de la neige sur le trottoir de ton voisin. » Mais l’amour dit plus que cela. La nouvelle loi qui nous est donnée est la loi du sacrifice. Nous qui sommes dans le corps de Christ, nous devons nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, au point de sacrifier nos intérêts, notre confort, nos privilèges, dans l’intérêt des autres.
Celui qui ne trouve pas son cœur en harmonie avec cette Loi de la nouvelle création — amour, miséricorde, bienveillance, douceur, bonté — manque de l’évidence, ou de la preuve, qu’il est en quelque sorte accepté par Dieu comme cohéritier de Christ. Si nous n’avons pas dans notre cœur d’amour pour les frères, et l’amour de la douceur et de la bonté envers tous les hommes, et même envers la création animale, nous n’avons pas l’esprit qui nous permettra de faire les sacrifices nécessaires dans les conditions actuelles. Ce ne sera qu’une question de temps, pour que la puissance de l’orgueil ou de la vanité qui le retient dans la voie de l’abnégation se brise et que l’égoïsme prenne le dessus. Nous devons garder la loi dans notre esprit. Mais bien que notre esprit soit parfait, nous trouvons des imperfections de la chair qui nous empêchent de faire tout ce que nous voudrions faire. Nous avons donc besoin de la part suffisante (du mérite) qui est en Christ (NDLR : Voir Volume 6 p194 – Romains 8 : 34). Nous avons confiance que Dieu acceptera les bonnes intentions du cœur, de l’esprit, et ne tiendra pas compte des imperfections de notre chair.
UNE GUERRE TANT AGRESSİVE QUE DÉFENSİVE EST NÉCESSAIRE
Dieu veut que nous guettions les signes de sa volonté et que nous tirions profit de toutes les expériences qu’Il nous permet de traverser dans notre vie quotidienne, en acceptant humblement toute discipline ; et ayant cet esprit, nous serons conduits de grâce en grâce et de victoire en victoire. Rester simplement debout et combattre sur la défensive est très fatigant et n’apporte aucune victoire. Pour gagner la victoire, non seulement nous devons revêtir toute l’armure de Dieu, mais être des héros dans la lutte et engager une bataille agressive contre les désirs des yeux et de la chair, l’orgueil de la vie et tous les ennemis de la justice et de la pureté.
L’amour pour le Seigneur, pour la Vérité et pour la justice doit nous inspirer ou nous ne serons jamais victorieux. L’amour seul nous gardera fidèles jusqu’à la mort et nous rendra propres à l’héritage des saints dans la lumière. Lorsqu’un amour fervent gouverne le cœur, cela implique que celui-ci est complètement soumis au Seigneur et que la bataille est aux neuf dixièmes gagnée. Mais même alors, comme le dit l’apôtre (Jude 21), nous devons nous maintenir dans l’amour de Dieu avec zèle, en veillant et priant. La grâce abondera où l’amour abonde.
Nous nous maintenons dans l’amour de Dieu en nous efforçant de faire toujours les choses qui Lui plaisent. Il ne peut aimer que la perfection ; et il nous est impossible d’être parfaits. Il comprend cependant que nos faiblesses ne sont pas dues à la volonté mais à la chair, et Il nous a procuré un Avocat à qui nous pouvons nous adresser si nous commettons des fautes. Ainsi, nous nous maintenons dans l’amour de Dieu et nous marchons sur les traces de Jésus. Là où nos pas peuvent dévier du chemin, nous avons le précieux sang de Jésus pour nous purifier. Lorsque nous aurons nos nouveaux corps, nous serons continuellement dans son amour et Lui serons toujours agréables, car nous n’aurons aucune imperfection corporelle qui puisse nuire à la perfection de notre volonté.
PRENONS GARDE À L’ÉGOÏSME
L’égoïsme est à coup sûr la cause de séparation d’avec l’amour de Dieu. Lorsque nous nous sommes consacrés à l’Éternel et qu’Il nous a acceptés en tant que nouvelles créatures en Christ et qu’Il nous a engendrés de l’Esprit saint, c’était parce que nous nous sommes offerts nous-mêmes. Si, à un moment donné, nous faisons demi-tour pour marcher selon la chair, nous nous éloignons de notre consécration. Cela peut se manifester de nombreuses façons : par de la tiédeur au lieu du zèle ; par l’insouciance au lieu de l’attention ; par un sentiment égoïste d’esprit de jalousie ; ou par la colère, la haine, les conflits. Tous ces éléments sont autant de conditions mauvaises de la vieille créature auxquelles nous pensions avoir échappé. Au fur et à mesure que la vieille créature triomphe, la Nouvelle créature tombe ; et ainsi nous cesserons progressivement d’être dans l’amour de Dieu. Ces mauvaises conditions nous empêcheront de nous maintenir dans l’amour de Dieu, c’est-à-dire de nous maintenir dans la bonne attitude envers Dieu et Jésus. Nous devons aller de l’avant et nous sacrifier, si possible, plus largement au Seigneur et aux frères.
Chaque jour et chaque heure, nous pouvons nous maintenir dans l’amour de Dieu en obéissant aux principes de droiture et de fidélité à notre alliance et en aimant ceux-ci de plus en plus. Nous devons nous réjouir de chaque expérience de la vie — ses épreuves, ses difficultés, ses peines, ses déceptions — pas moins que de ses plaisirs, si par l’un ou l’autre de ces moyens, le Seigneur nous instruit et nous donne une idée plus claire de nos propres manquements et une vision encore plus claire de cette loi parfaite de liberté et d’amour qu’Il a établie et à laquelle Il exige notre pleine et loyale soumission de cœur.
Par une telle obéissance fidèle à la vérité et un tel effort sincère pour se conformer à ses principes, le chemin et la vérité deviennent de plus en plus précieux et nos pieds bien disposés sont conduits avec joie dans les sentiers de la justice et de la paix — dans la vie éternelle.
WT1911 p4849