1 Samuel 4 : 1-18
Une sacrificature corrompue – Un peuple démoralisé – La tentative d’impliquer Dieu dans la guerre – L’Arche de l’alliance emportée – Punition des ennemis – Le même principe existe aujourd’hui – La mort tragique d’Eli et de ses fils – Quelles nations sont en relation d’alliance avec Dieu ?
« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-mêmes. » – Jacques 1 : 22.
C’est quelques vingt années après que Dieu ait prédit les calamités qui allaient s’abattre sur Eli et sur sa famille, que se produisit la tragédie relatée dans cette leçon. Pendant toutes ces vingt années, aucune réforme n’eut apparemment lieu. Eli, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, n’avait pas opéré l’épuration requise concernant les serviteurs ou le service du Seigneur. Il avait permis que l’activité continue, entre les mains de ses fils, en dépit de leur malhonnêteté persistante dans les affaires de Dieu, de leur immoralité et de leur mauvais exemple. Samuel, apparemment, était absent à l’époque de cette leçon et même, peut-être, depuis déjà des années. Où qu’il fut, nous pouvons être sûrs qu’il était un véritable serviteur de Dieu et, de plus en plus, reconnu comme tel par le peuple.
Nous ne devons pas exagérer les conditions morales et religieuses du peuple durant ces 20 années ; mais nous pouvons considérer que le mauvais exemple des sacrificateurs, les fils d’Eli, qu’il s’était associés dans le service sacerdotal, exerçait sur le peuple un effet néfaste, démoralisant. Selon l’alliance conclue par Dieu avec la nation, Eli avait l’obligation de les réprouver, de les punir. Une nouvelle invasion des Philistins venait de se produire. Les Israélites sortirent pour les combattre et furent vaincus. Dans leur détresse et leur recherche désespérée d’une aide, ils se tournèrent vers Dieu, tout comme les nations d’Europe aujourd’hui (écrit en 1915, trad.) se tournent vers Dieu pour obtenir son aide et Le prient en vain.
Les habitudes, sous de telles conditions difficiles, sont aujourd’hui les mêmes que ce qu’elles étaient à l’époque ; à savoir, essayer de faire entrer Dieu dans la bataille, invoquer l’assistance de symboles religieux, etc. De fait, les Israélites avaient davantage de raisons d’agir de la sorte, que les royaumes belliqueux d’aujourd’hui ; Dieu avait, en effet, déclaré Lui-même qu’Il était le protecteur d’Israël, que les Israélites étaient son peuple particulier, sous sa tutelle, et qu’Il les protégerait aussi longtemps qu’ils Lui seraient fidèles. D’un autre côté, les royaumes de ce monde n’ont aucune promesse divine de cet ordre et ne possèdent, en conséquence, aucune base leur permettant de s’attendre à une aide divine. Ils se considèrent faussement comme étant des royaumes chrétiens, la « Chrétienté », alors qu’ils n’ont ni part ni lot avec le Seigneur. Dieu ne reconnaît aucune nation, à l’exception de l’Israël naturel d’antan et de l’Israël spirituel d’aujourd’hui. « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » – 1 Pierre 2 : 9.
Sans aucun doute, les Israélites avaient-ils lu que l’Arche précédait le peuple lors des pérégrinations dans le désert, qu’elle fut placée au milieu du Jourdain lorsque ce peuple traversa la rivière à pied sec, et qu’elle faisait partie de la procession en marche autour de Jéricho, lorsque les murs de la ville tombèrent. Et ainsi, ils décidèrent de la prendre et de l’avoir avec eux dans la bataille. Ils pensaient s’assurer de la victoire, de cette manière. Leur raisonnement semblait considérer que Dieu ne permettrait pas que l’Arche de l’Alliance soit abîmée ou emportée et que, par conséquent, ils seraient sains et saufs et la victoire leur serait forcément acquise.
Nous pouvons nous imaginer le spectacle : Voici venir les Lévites, portant la sainte Arche de Dieu, ainsi que les deux fils d’Eli, parés comme sacrificateurs du Très-Haut, les représentants de la sainteté de Dieu. Et le peuple, enthousiasmé par l’idée de la victoire, grâce à l’Arche de Dieu, chantait son traditionnel hymne guerrier : « Lève-toi, Éternel ! et que tes ennemis soient dispersés ! que ceux qui te haïssent fuient devant ta face ! » – Nombres 10 : 35.
Le peuple avait oublié qu’il vivait d’une manière irréligieuse, en violation de son alliance avec Dieu, et que celle-ci réclamait qu’il fût livré entre les mains de ses ennemis, pour être puni. Ces Israélites avaient oublié que les deux sacrificateurs ne représentaient d’aucune manière ni Dieu ni sa Justice, qu’ils étaient des voleurs, des brigands en habits de sacrificateur de Dieu, qu’ils étaient immoraux, impurs, n’ayant que l’apparence de représentants de la sainteté divine. Ils avaient oublié que la bénédiction de Dieu ne pouvait pas être espérée dans de telles conditions.
Un parallèle avec aujourd’hui
Hélas ! bien que de nombreux siècles nous séparent de cette époque, nous constatons à peu près le même principe aujourd’hui : beaucoup de fausseté, de vanité, de dénaturation de Dieu par ceux qui professent être ses représentants. Considérant la guerre actuelle, nous constatons que le Kaiser allemand est à la tête de l’église luthérienne ; que l’empereur François Joseph d’Autriche-Hongrie est tout dévoué à la papauté ; que le Roi George se trouve à la tête de l’église anglicane ; que le Tsar, « le petit père » de la Russie est le représentant principal de l’église catholique grecque. Tous vont au combat, et chacun rallie ses troupes avec l’idée de Dieu ; chacun traîne dans la poussière le précieux Nom du Prince de Paix. Chacun tire l’épée dans le but égoïste de promouvoir la grandeur de son empire, d’assurer sa prospérité commerciale et, par la même occasion, de soutenir les traditions du passé concernant l’autorité d’établir le Royaume de Dieu sur la terre.
Aujourd’hui, comme aux jours des fils d’Eli, les hommes du peuple associent, dans un même cri, la cause de Dieu à celle de leurs projets nationaux. Ils oublient, à nouveau, que ces deux causes sont entièrement distinctes. La cause de Dieu est sous la direction divine. Elle prospérera mieux par la permission d’une grande défaite de tous ces systèmes humains, qui préparera, soit dit en passant, l’établissement final du Royaume du Messie, après que l’Harmaguédon biblique aura humilié le monde et l’aura rendu prêt à acclamer le nouveau Roi Emmanuel et son Royaume : « objet du désir de toutes les nations. »
Le fait d’invoquer le Nom du Seigneur et d’avoir l’Arche de Dieu au beau milieu du combat n’a pas aidé les Israélites. De même, les icônes des soldats russes ne leur donneront pas la victoire, et le port du nom de Dieu à la ceinture ne la donnera pas, non plus, aux Allemands, de même que ne la donnera pas aux armées anglaises le transport de la Croix de st. George.
Les forces israélites furent victimes d’un véritable massacre et dispersées. Les deux fils d’Eli furent tués ; l’Arche de Dieu, emportée. Un messager rapide de l’armée transmit la triste information à Silo, où Eli était assis, en tant que juge, sur un siège élevé à la porte de la ville, anxieux, se souvenant avec crainte de la prédiction de malheur faite vingt ans plus tôt. Le messager informa Eli que la bataille avait été perdue par les Israélites, que ses deux fils avaient été tués et il termina en disant que les Philistins s’étaient emparé de l’Arche du Seigneur.
Israël, différent des autres nations
Eli écouta tout avec sérénité, jusqu’à la dernière phrase. Lorsqu’il apprit que son précieux trésor, dont il était le gardien par désignation divine, avait été emporté par les Philistins, le pauvre homme perdit connaissance. Sa chaise culbuta et il se rompit la nuque. Bien qu’il fût fidèle de cœur jusqu’à sa mort à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans, néanmoins, il ne fut pas irréprochable en ce qu’il fut négligent envers sa famille ; il négligea de veiller à ce que ceux de sa propre maison ne se mêlent pas de l’œuvre qui lui avait été confiée. Sa loyauté à l’égard de Dieu n’était pas suffisamment grande pour l’empêcher de s’esquiver, face à ses responsabilités. Dans son caractère, il y avait trop de l’esprit de « paix à tout prix », et pas assez d’esprit de courage, prêt à mourir pour la justice.
Une fois la leçon donnée à Israël, peuple uni à Dieu par alliance, le Seigneur infligea des châtiments aux Philistins, de telle sorte que ce fut avec joie qu’ils renvoyèrent l’Arche au peuple de Dieu. Certains sont enclins à expliquer cet événement en affirmant que les Philistins furent frappés d’hémorroïdes et envahis par des souris durant tout le temps où l’Arche se trouva au milieu d’eux, et que ces plaies cessèrent dès lors que l’Arche fut restituée aux Israélites. Nous n’avons toutefois aucune raison de douter de ce que les Philistins étaient censés croire que ces plaies avaient une nature particulière, et les Écritures semblent soutenir l’idée qu’elles provenaient du Seigneur.
Cela ne nous autorise pas à supposer qu’aujourd’hui toutes les sortes de plaies sont causées par le Seigneur – que les pestes, etc. sont des punitions particulières infligées par Dieu. Il nous faut nous souvenir, lorsque nous considérons cette question, que la nation d’Israël, et tout ce qui s’y rapportait, étaient liés à Dieu par une alliance particulière et se trouvaient sous la surveillance divine. Quiconque s’en prenait à Israël, ou touchait à des choses appartenant au système typique, s’opposait dans cette mesure même au Seigneur, à sa cause, à ses intérêts et ce qui se passa ne put se faire qu’avec la permission du Seigneur. Lorsque le Seigneur jugea opportun de faire revenir l’Arche ou de délivrer son peuple de telles circonstances, il Lui incombait de créer les circonstances nécessaires pour que cela se fasse.
Cette condition de choses ne prévaut pas aujourd’hui. La nation d’Israël est temporairement écartée de la protection divine d’antan – jusqu’à ce que le nombre complet d’entre les Païens soit introduit dans l’Israël spirituel. C’est alors que tous les Israélites seront guéris de leur aveuglement et de leur aliénation d’avec Dieu (de leur égarement, trad.) comme il est écrit : « Ce sera mon alliance avec eux, lorsque j’ôterai leurs péchés. » – Romains 11 : 26-32.
Le seul peuple ou nation actuellement en relation d’alliance avec Dieu, selon la Bible, est l’Israël spirituel, « une nation sainte, un peuple acquis ». En ce qui concerne cet Israël spirituel, ses intérêts sont spirituels et les promesses divines ne lui garantissent pas des bénédictions et une protection terrestres, mais plutôt l’inverse : la persécution et l’opposition. Toutefois, Dieu garantit aux Israélites spirituels que toutes les adversités de la vie présente, qu’Il permet à leur égard, agiront en faveur de leur bien-être spirituel éternel, s’ils se laissent convenablement exercer par elles.
WT1915 p5626