– Ruth 1 –
Une belle histoire – La vie de famille en Israël – Sous la surface – Les bonnes personnes s’égarent – Le retour de Noémi – La conversion de Ruth – Ce que cela lui coûta – Ce qu’elle obtint.
« Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. » – Ruth 1 : 16
On raconte que lorsque Benjamin Franklin était ministre américain, à Paris, il passa une soirée avec certaines personnes lettrées, qui lui demandèrent de contribuer au divertissement. Tirant de sa poche un manuscrit préparé pour l’occasion, il dit : « Lisant un livre très ancien, j’ai trouvé par hasard un très charmant passage littéraire qui, je le crois, va se révéler, pour beaucoup d’entre vous, aussi intéressant qu’il le fut pour moi-même. Je l’ai copié et, si vous le permettez, je vais le lire. » C’était l’histoire de notre leçon – en fait, l’histoire entière du Livre de Ruth. Le récit raconte que l’audience était charmée et désirait savoir où, dans l’histoire antique, un conte si beau et si idéaliste pouvait se trouver. Ils furent plus que surpris quand il leur dit qu’il l’avait copié de la Bible. En France, en ce temps là, les milieux officiels et les cercles littéraires étaient agnostiques, sinon athées.
L’histoire du Livre de Ruth nous donne un petit aperçu de la vie des Israélites, en nous montrant qu’il existait alors un profond esprit religieux avec, en surface, des guerres et des captivités, etc., qui attirent tout particulièrement notre attention dans l’histoire de tous les peuples. Cette histoire débute à Bethléhem, « la ville de David » où, des siècles plus tard, naquit Jésus, « le Fils de David et le Seigneur de David ». Le sentiment religieux de la famille est montré par la signification des noms. Elimélek, le nom du mari, signifie « mon Dieu est Roi ». Le nom de sa femme, Noémi, semble vouloir dire « le plaisir de Jéhovah ». Ils avaient deux jeunes fils, Machlon (maladif) et Kiljon (languissant).
Pour nous ici, il est intéressant d’apprendre cette leçon qu’il n’est jamais bon de sacrifier nos intérêts religieux au profit de nos intérêts temporels. Pour tous les chrétiens, la devise devrait être : « Dieu en premier ». Il ne convient pas de dire qu’ils sont peut-être partis en Moab pour effectuer un petit travail missionnaire ; car bien que les Moabites aient été les descendants de Lot et, par conséquent, liés par le sang aux Israélites, et même s’ils parlaient jusqu’à un certain degré la même langue, néanmoins, l’Alliance conclue par Dieu l’avait été avec les descendants d’Abraham uniquement, et les autres étaient des non-résidents, des étrangers, des inconnus pour la communauté d’Israël, comme tous les autres Gentils. Il n’aurait pas non plus été convenable pour eux de tenter de convertir les Moabites, car Dieu n’avait pas appelé ces Moabites, mais seulement les Israélites – comme nous le lisons : « Je vous ai choisis, vous seuls parmi toutes les familles de la terre. » – Amos 3 : 2.
Cependant, beaucoup de chrétiens ont fait la même erreur que cette famille ; et si ce sont effectivement des chrétiens, ils sont tous bien plus responsables, parce que le chrétien a une plus profonde communion avec Dieu et devrait posséder une meilleure connaissance de sa volonté et davantage « d’esprit de sobre bon sens ». Il n’était pas sage d’emmener deux garçons dans un pays païen, où ils risquaient d’être contaminés ; en lieu et place, toute influence raisonnable aurait dû être exercée autour d’eux pour préserver leur loyauté envers Jéhovah.
Sans doute, Noémi réalisa tout cela, comme l’indiquent ses paroles rapportées dans la leçon : « A cause de vous je suis dans une grande affliction de ce que la main de l’Eternel s’est étendue contre moi. » Là encore, nous percevons que la main de l’Eternel, étendue contre elle, œuvrait en fait en sa faveur, exerçant une bonne influence sur elle et la ramenant à la Terre Promise.
Deux beaux caractères
Noémi (le plaisir de Jéhovah) devait avoir un beau caractère. Cela se voit à la profonde affection manifestée envers elle par ses deux belles-filles. Celles-ci préférèrent se joindre à elle, aller dans sa patrie et quitter leurs propres relations ; et elles partirent avec elle. Mais Noémi leur fit remarquer qu’elles seraient des étrangères dans un pays étranger et qu’elles languiraient après leur pays, comme elle-même languissait alors après le sien. Elle leur conseilla tendrement de reconsidérer la situation – de retourner à leur demeure et leur parenté, à leurs us et coutumes, et de se remarier, etc.
Une d’entre elles acquiesça, et l’embrassa avant de partir ; mais l’autre, Ruth, répondit en des termes si éloquents que ses paroles ont été définitivement consignées dans la littérature classique : « Ne me supplie pas de te quitter, et de retourner loin de toi ; où tu iras, j’irai, où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple ; ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai, et j’y serai enterrée ; Que l’Eternel me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort vient à me séparer de toi ! »
Quand nous disons que Ruth se convertit, nous ne voulons pas dire qu’elle devint chrétienne, héritière des promesses chrétiennes ; car il n’y en avait pas jusqu’à Jésus qui, par sa mort, ouvrit le « chemin nouveau et vivant » de l’autre côté du voile. Elle se convertit au judaïsme, et cela rend témoignage de la vie pleine de foi de Noémi. – Versets 16, 17.
La valeur d’une décision ferme
Il est intéressant de remarquer la fermeté avec laquelle Ruth prit sa décision. Ce n’était pas une proposition d’essayer de vivre quelque temps en Judée. C’était une décision ferme, jusqu’à la mort. A cet égard, toutes les véritables conversions sont semblables. Le chrétien, par exemple, ne devient pas un vrai chrétien avant d’avoir accompli une consécration ferme et positive de lui-même, ni avant d’avoir quitté le monde et ses affaires, ses amours, ses espoirs et ses ambitions, pour s’employer au service du Seigneur jusqu’à la mort. Nous pouvons difficilement surestimer la valeur d’une décision ferme dans la vie. Des milliers de vies se détruisent par manque de décision. La détermination à l’égard de Dieu est l’unique condition nous permettant d’espérer « affermir notre vocation et notre élection. »
Conformément à la promesse de Dieu faite au peuple juif, Noémi et Ruth furent bénies dans leur retour au Seigneur – à son peuple – à son pays, le pays de l’Alliance et de la Promesse. Nous devons nous souvenir que toutes les promesses faites à l’Israël charnel sont terrestres, alors que celles faites à l’Israël spirituel sont célestes.
La noblesse et la sagesse du caractère de Noémi sont toutes deux manifestes dans la ligne de conduite qu’elle a suivie en arrivant à Bethléhem, pratiquement sans le sou et dans l’incapacité de récupérer le droit à l’héritage de la part du pays possédée par son mari et ses fils. Elle ne mendia pas, et ne demanda pas à Ruth de mendier. Il n’y eut ni fausses plaintes ni fausse modestie. Ruth sortit, comme les autres femmes pauvres, pour glaner des poignées d’épis après les moissonneurs. Sous la Loi, il y avait une disposition particulière de Dieu pour les pauvres, en ce que nul ne devait moissonner les coins de son champ, afin de les laisser pour les pauvres. Noémi conseilla à Ruth d’aller glaner dans les champs de l’un de ses parents fortunés, nommé Boaz.
L’arrière grand-mère du roi David
Comme Noémi l’avait supposé, le riche Boaz remarqua la jeune femme modeste qui glanait quotidiennement dans ses champs, et apprit par la suite qu’elle était membre de sa famille par mariage. Il se conforma aux dispositions de la Loi juive et Ruth devint sa femme. Obed était le nom de leur fils. Jessé était le nom du fils d’Obed, et David était le plus jeune fils de Jessé. Ainsi, Ruth, la païenne, s’identifia avec la famille royale en tant qu’ancêtre, et ce avec le plus grand des Fils de David, Celui qui était Fils et Seigneur du Roi David – Jésus.
La Bible est un livre très honnête. Elle ne dissimule pas le fait que Rahab, la prostituée de Jéricho, fut admise dans la nation Juive par mariage et qu’elle devint une ancêtre du roi David, de Salomon et de Jésus. Elle ne dissimule pas le fait que Ruth fut par nature une étrangère, une païenne et une idolâtre à un moment donné. Aucun autre livre n’est si honnête. De même, le Nouveau Testament, dans sa merveilleuse sincérité, nous apprend en détails comment l’un de ses propres disciples a trahi le Maître, comment tous ont fui et L’ont abandonné, comment le noble Apôtre Pierre par la suite a renié son Maître, avec imprécations ; de même que Pierre et Jean, prêchant dans le temple, furent perçus par la foule comme des ignorants et des illettrés.
De même, les faiblesses et les péchés du roi David et des autres membres de la famille royale n’ont en aucune manière été couverts ou dissimulés. Ils sont tous mis à nu et réprouvés, leurs punitions sont exposées et le repentir, suite à leur culpabilité, est mentionné. Nous osons faire confiance à de si honnêtes écrivains, tout comme nous serions disposés à croire de tels écrivains dans l’histoire contemporaine. En effet, nous ne savons pas quelle histoire d’aujourd’hui serait comparable à l’histoire de la Bible, du point de vue de la sincérité.
Comment devenir un chrétien
Dans ces études, nous n’essayons pas de séduire passionnément le lecteur ; mais plutôt, selon les paroles de Jésus, nous suggérons que chacun, lorsqu’il se demande si oui ou non il se joindra au Seigneur pour devenir disciple de Christ, devrait premièrement et tranquillement « s’asseoir et faire ses comptes », comme le Maître l’ordonna. Nous insistons sérieusement, cependant, sur l’importance de la décision, qui doit être une décision sans équivoque, indispensable pour avoir la paix de l’esprit, pour suivre un progrès chrétien adéquat et avoir part à l’héritage des saints, selon les termes de l’Age de l’Evangile. – Colossiens 1 : 12.
Ceux qui décident de donner leur cœur à Dieu, devraient savoir qu’il « n’y a pas d’autre nom, donné sous le ciel et parmi les hommes », que le nom de Jésus, par lequel nous pouvons obtenir la faveur de Dieu pour entrer dans la Maison des Fils. En son nom signifie dans, par et à travers tout ce que son nom implique, afin d’avoir la foi en Dieu, l’obéissance à ses prescriptions, etc. Mais quand la décision est prise, cela signifie que « Ton Dieu sera mon Dieu. »
La décision prise consiste à rejoindre la Maison des Fils par Christ. Notez bien que nous n’avons pas recommandé l’adhésion à une quelconque dénomination ; la Bible ne le fait pas non plus. L’enseignement de la Bible est que chacun, pour être membre de la Maison des Fils, doit se joindre au Seigneur – à Christ, et à travers Lui au Père – afin d’être héritier de Dieu et cohéritier de Jésus-Christ. Ce sont ceux qui font ainsi qui ont leurs noms écrits, non pas sur un rouleau terrestre d’adhésion, mais « dans le livre de vie de l’Agneau », « ceux dont les noms sont écrits dans les cieux ».
Leur prochain pas devrait être de dire : « Ton peuple sera mon peuple ». Et tous ceux du peuple de Dieu que l’on peut trouver sont frères d’une seule famille, qu’ils soient trouvés parmi les catholiques romains ou les baptistes, parmi les méthodistes ou les presbytériens, parmi les luthériens ou les anglicans, ou qu’ils soient trouvés en dehors de toutes les dénominations. Les membres du peuple de Dieu sont tous un, car c’est par un seul Esprit qu’ils sont tous baptisés en un seul corps spirituel, dont la Tête est Christ, et dont l’Esprit doit imprégner tous ses membres. – 1 Corinthiens 12 : 13.
Non seulement nous devrions rechercher le peuple de Dieu, mais nous devrions le reconnaître et avoir communion avec lui, qu’il soit blanc ou noir, riche ou pauvre, savant ou ignorant ; car « nous sommes tous un en Christ Jésus », et « un seul est votre Maître, le Christ ».
Le comportement convenable, pour tous ceux qui entrent en Christ, est de se renseigner sur « les anciens sentiers » et les rechercher – rechercher les traces de Jésus et des Apôtres, leurs enseignements, leurs pratiques – et ne pas être influencés par les digressions modernes, les philosophies et les soi-disant sciences, ni par les credo et les théories des âges des ténèbres. « Ils seront tous instruits par Dieu » est une promesse qui appartient à la Maison de la Foi toute entière ; et la Parole de Dieu est la « nourriture au temps convenable » ; c’est la force qui leur est accordée pour les fortifier, les édifier et les préparer à prendre part au Royaume.
WT1915 p5613