Le corps mortel, serviteur du nouvel esprit.

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,Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté’. — 1 Cor. 9 : 27

St. Paul fut un des plus dignes soldats de la Croix et ses épîtres nous procurent beaucoup d’ins­truction sur la manière dont nous pouvons com­battre avec succès nos propres faiblesses. Dans notre texte, l’apôtre fait allusion particulièrement à lui-même, avec l’intention évidente de donner une leçon à tout le peuple du Seigneur auquel il s’adressait en ce temps-là ou qui par la suite, de­vait recevoir sa parole, y compris nous-mêmes.

La pensée de Paul n’est pas que nous en assu­jettissions d’autres, ni que le Seigneur assujettisse notre corps, mais qu’un ordre spécial nous est donné à l’égard de notre propre corps et que nous som­mes responsables de sa conduite.

Ces paroles « je traite durement mon corps», sont vraies seulement pour celui qui a été engendré du St. Esprit et qui est devenu une nouvelle créature dans le Christ Jésus. Quoique l’individu puisse dès maintenant être reconnu comme membre du corps de Christ, être adopté dans la famille de Dieu, appelé fils de Dieu, il n’a pas encore obtenu, le corps spirituel promis, mais il espère le recevoir dans la résurrection.

Les bonnes intentions ne sont pas suffisantes.

Maintenant, Dieu s’attend à ce que tous ceux qui sont engendrés de l’Esprit démontrent leur loyauté et leur fidélité à sa justice en assujettissant leur corps mortel. En venant en Christ, ils font une pleine consécration d’eux-mêmes, de leur corps et de tout ce qui leur appartient au service du Sei­gneur. C’est à cause de cette alliance de sacrifice qu’ils sont considérés comme membres du corps de Christ et sont engendrés de l’Esprit saint — fils de Dieu.

217 Juillet 1912

Déclarer faire une consécration complète au ser­vice de Dieu, c’est bien, mais ce n’est pas encore suffisant; Dieu permet les difficultés et épreuves de cette vie afin que nous puissions prouver notre fidélité au sacrifice que nous avons consenti. Si l’Eternel pourvoit à nos besoins, à cause des fai­blesses de notre corps mortel, il nous tient néan­moins pour responsable de notre corps, de nos pa­roles et de nos actions. Il nous appelle à être de nouvelles créatures et nous devons développer notre caractère à un tel point que la nouvelle créature doit combattre dans la mesure de ses forces tout ce qui est opposé à la nouvelle volonté. La pre­mière partie de notre texte dit: « je traite dure­ment mon corps», c’est à dire je le tiens soumis, (je fais taire ses goûts, ses sentiments).

Ceux qui s’occupent des chevaux nous disent que ceux-ci doivent être dressés et que le dressage d’un cheval, est une opération difficile qui nécessite beau­coup de force, d’adresse et de patience. Le travail du dresseur n’exige pas pour son accomplissement la vie entière de l’animal; il a seulement pour objet de le dresser (former) une fois pour toutes, afin qu’il puisse être employé à un certain service. Cette illustration semble bien être la pensée de l’apôtre Paul. A l’égal de toute nouvelle créature, l’apôtre avait un corps mortel en rébellion avec la volonté divine et il devait agir fermement avec lui dans le but de l’amener sous le contrôle de son maître — le nouvel esprit, dont la tête est Christ. Le corps, profitant de cette leçon de soumission, devient dès lors un bon, utile serviteur du nouveau maître et par suite se trouve en mesure de faire sa volonté jusqu’à la mort, comme un cheval bien dressé sert fidèlement son maître.

La pensée de l’apôtre, «je traite durement mon corps» peut donc se traduire ainsi: Il faut que je dompte cette nature humaine, que je l’oblige à venir en harmonie avec la nouvelle volonté et que je la tienne assujettie, pour faire ainsi de mon corps un serviteur de moi-même, la nouvelle créature. Je dois faire cela parce que c’est la volonté divine et la vraie chose pour laquelle j’ai été appelé.

Comme une nouvelle créature, je désire être loyal aux principes de justice et de vérité en tout point; mais ce vieux corps est plus ou moins en rébellion contre Dieu et contre les principes du divin arran­gement; dans ces conditions mon devoir est de montrer à quel point je puis assujettir le vieil esprit à Dieu et à sa justice, car dans la mesure où je me ferai serviteur de la justice, Dieu m’emploiera et de cette manière je croîtrai et je deviendrai un vainqueur; l’entrée dans le royaume éternel de Jésus-Christ me sera alors accordée; mais si je suis négligeant je manquerai de développer le ca­ractère que doivent posséder tous ceux qui sont comptés comme membres du corps de Christ.

Comme St. Paul le dit à un autre endroit, Dieu préordonne qu’il aura une église et que tous ceux qui en feront partie devront être des ressemblances de son Fils, Jésus-Christ (Rom. 8:28—30). Ainsi, si St. Paul voulait rester membre de ce corps de Christ, il fallait qu’il traitât durement son corps humain, qu’il soumit sa nature terrestre; non seu­lement l’assujettissant aux choses qui concernent la justice et la vérité, mais aussi, l’assujettissant à l’égard des choses naturelles; ainsi doivent faire ceux qui veulent être vainqueurs et « plus que vainqueurs» dans le bon combat.

Il est nécessaire que nous réalisions cette pléni­tude de service, c. à d. que nous soyons fidèles jusqu’à la mort et que nous montrions notre con­sécration non seulement dans notre esprit, mais aussi dans notre corps mortel.

Quand l’apôtre, dans le sujet qui nous occupe, dit: « de peur d’être moi-même rejeté», s’il n’assu­jettissait pas son corps afin de prouver par là-même qu’il est un vainqueur, c’est l’équivalent de dire qu’il manquerait d’affermir sa vocation et son élec­tion. Il fut appelé pour être héritier de Dieu et cohéritier avec Jésus-Christ, si donc il faillissait dans l’exécution de sa part de l’alliance de sacrifice, il devenait un rejeté en ce qui concerne ce choix. Il ne gagnait pas le prix, il perdait le grand prix de la course qu’il avait commencé à courir.

Les habitudes font le caractère.

Notre devoir est de veiller sur nous-mêmes pour ne pas nous porter préjudice, afin que notre corps accomplisse un bon service et ne nous fasse pas injure. Un homme, une femme, ou un enfant qui traverse la maison fermant les portes avec fracas et dit simplement: je suis pressé, je n’y puis rien, est insolent, et peu comme il faut. Quiconque man­que de cultiver la douceur manque de cultiver les fruits de l’Esprit et perd une belle occasion de s’exercer, de traiter durement son corps, de le pré­parer soigneusement pour qu’il accomplisse les choses d’une manière sensée et raisonnable. Une personne qui ferme les portes à tout briser et va çà et là bruyamment est une personne qui ne prend point considération des autres et de leurs intérêts. Quand nous causons et pensons plus qu’il ne faut de nous-mêmes, c’est une preuve d’égoïsme de notre part. En toutes choses, le Seigneur attend de nous que nous traitions durement nos corps, et que nous montrions de la prudence en le faisant, dans les petites choses de la vie comme dans les grandes.

Si le Seigneur Jésus était à notre place, aucun de nous ne l’entendrait aller çà et là fermant bru­yamment les portes de la maison, ni ne le verrait être prodigue. Notre Seigneur fut très économe en deux cas, quand il nourrit les quatre mille per­sonnes et quand il en nourrit cinq mille. Quoiqu’il y eût abondance de nourriture pour la multitude il commanda à ses disciples de ramasser les mor­ceaux qui restaient, afin que rien ne fût perdu. —Jean 6:12.

Ainsi fit le cher fils de Dieu, Jésus, et nous vou­lons être de ses copies. En édifiant notre carac­tère, nous devons de bon cœur et intentionnelle­ment faire le bien. «Celui qui est fidèle dans les petites choses, le sera aussi dans les grandes ». Nous devons faire usage de tout avec prudence et cir­conspection, même des épingles, des aiguilles, du papier, etc.; non pas que nous devons être avaricieux au point de refuser une épingle à quiconque nous en demanderait une dont il aurait besoin, mais d’un autre côté, ne disons pas non plus: Oh! une épingle, ça coûte  peu, c’est une bagatelle! Le Seigneur fut toujours généreux, il fut de même économe; mais nous devons être tous. Assujettis-

218 Juillet 1912

sons donc le corps sous le nouvel esprit. Le nouvel esprit devra prévoir toutes ces choses et garder le vieux corps à son service. «Th. L.)