Le Deutéronome est un des livres les plus importants de la Bible. David et les autres prophètes y puisèrent beaucoup de leur inspiration ; et Jésus et ses apôtres libéralement en citèrent des passages.
On peut dire que ce 5ème livre de Moïse est un grand sommaire de toute la loi de Dieu. Il nous fournit les discours les plus saillants du grand homme de Dieu, du conducteur d’Israël — de Moïse, le médiateur de l’alliance de la loi. Moïse a pu le préparer graduellement, mais il n’a apparemment été publié au peuple d’Israël que peu de jours avant sa mort, au moment où, sous la conduite de Josué, les Israélites étaient sur le point de traverser le Jourdain pour prendre possession du pays promis. Chaque hébraïste admet la grandeur de son langage et la beauté de ses figures, quelques savants en placent les discours au même niveau que ceux d’un Démosthène, d’un Burke, ou de nos plus grands orateurs français. Un savant anglais dit que les grandes oraisons du Deutéronome peuvent être classées, sinon en tête, du moins parmi les rares grands chefs-d’œuvre de l’histoire du monde ; que son auteur, Moïse, était à la fois un homme d’Etat qui cherche son égal, un général distingué, un grand orateur, un poète et un législateur dont se sont inspirés les auteurs des lois civiles et religieuses dans le monde entier.
Ces oraisons du Deutéronome ont non seulement produit l’effet que leur auteur en attendait sur les Israélites à ce moment décisif, lorsqu’ils changèrent de conducteur et entrèrent dans un nouveau pays, mais les Ecritures nous disent que six siècles plus tard quand — tombés dans l’idolâtrie — le temple de Salomon était pratiquement abandonné et la ferveur religieuse du peuple tombée à un niveau bien bas, la découverte du livre du Deutéronome sous les décombres du temple et sa lecture au roi Josias d’abord et au peuple ensuite, provoqua un des plus grands réveils dans l’histoire de cette nation et amena à la destruction des idoles dans tout le pays et au rétablissement du culte divin 2 Rois 22 : 8-20.
Ceux qui ne savent pas dispenser comme il faut la parole de la vérite et pas davantage discerner les faveurs judaïques et évangéliques s’étonnent que le Deutéronome comme l’Ancien Testament en général, ne parle que de bénédictions terrestres. Mais cela parle justement en faveur de l’inspiration divine de ce livre, parce qu’aux croyants vainqueurs sous l’Alliance de la Loi il n’était promis que des récompenses terrestres : « Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous [de l’alliance de l’Evangile], afin qu’eux [les anciens dignitaires] ne parvinssent pas sans nous à la perfection ». — Hébr. 11 : 40.
Remarquons bien la loyauté de Moïse envers l’Eternel. Il n’a pas la vantardise de parler d’Israël comme de « son peuple », comme nous l’entendons souvent dire des prédicateurs modernes quand ils parlent de leurs congrégations — bien que Moïse eût été excusable, eût-il employé ce langage ; parce qu’il était personnellement le médiateur, le représentant de toute la nation des Israélites, suivant leur alliance avec l’Eternel au Sinaï. Remarquons aussi que Moïse ne mentionne pas pour ainsi dire tout son énorme labeur d’homme d’Etat et que ses exhortations aux Israélites sont toutes du plus sublime domaine quand il parle de leurs devoirs envers Dieu et leur reconnaissance pour tout le bien-être et les bénédictions du passé ; il stipule également que la réalisation des espérances et promesses qu’ils chérissaient dépendait encore de Dieu, ou plutôt de leur conduite à son égard. Tout cela nous rappelle les paroles de Saint Pierre dans son épître quand il dit : «C’est pourquoi je ne négligerai pas de vous faire souvenir toujours de ces choses, quoique vous les sachiez et que vous soyez affermis dans la présente vérité. » — 2 Pierre 1 :12.
Si l’histoire nous dépeint Moïse comme un des hommes les plus éminents, l’Ecriture nous le représente comme le plus débonnaire : Or Moïse était un homme fort doux, plus qu’aucun homme sur la face de la terre » (Nomb. 12 : 3). Il est vrai que le Seigneur, les apôtres et d’autres de l’Eglise n’ont pas été honorés de cette comparaison, mais leur grandeur ne consistait pas tant comme homme que comme « nouvelle créature »leur appel étant un appel céleste avec promesses de bénédictions spirituelles.
– A l’âge de 120 ans, « la vue de Moïse n’était point affaiblie et sa vigueur n’était point passée». C’est une remarquable déclaration à quelque point de vue qu’on l’envisage.
Il fut instruit pendant 40 ans dans toute la science des Egyptiens ; il fut général et membre du tribunal. Il fut 40 autres années berger dans le désert ou il apprit sûrement des leçons de patience, d’endurance et d’humilité. Finalement les dernières 40 années de sa vie il les passa au service de Dieu; tout en restant humble et en déployant les merveilleuses qualités de juge, législateur, général, prophète, prêtre et instructeur qu’il avait acquises.
Aux autres saints prophètes l’Eternel ordinairement se manifesta au moyen de visions, songes ou par le moyen d’anges revêtant la forme humaine, mais de Moïse il est dit que l’Eternel « l’a connu face à face»; non pas que Moïse ait pu regarder la face de Jéhovah qui lui avait dit : « Tu ne pourras voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33 : 20). Mais Moïse jouit d’une intimité spirituelle et peut-être effective avec l’Eternel plus que d’autres hommes. Il se peut que Jésus, connu sous la dénomination de Micaël ou Michel, y représentait le Père d’une manière spéciale, puisque ce fut lui qui plus tard disputa à Satan le corps de Moïse.
L’expression : « Et Moïse, serviteur de l’Eternel, mourut… selon la parole (ou l’ordre) de l’Eternel », signifie plus littéralement : « par la bouche de Jéhovah » ; aussi les rabbins ont donné à cette expression une tournure poétique : « sur un baiser de l’Eternel ». Ainsi notre Seigneur et Rédempteur, Jésus, que Moïse typifiait si admirablement, mourut avec le baiser du Père.
L’Eternel lui-même enterra Moïse et tint caché son sépulcre, pour l’excellente raison sans doute que les Juifs en pourraient faire un lieu de pèlerinage et de son corps une momie pour l’adorer ensuite et tomber ainsi dans l’idolâtrie. L’apôtre Jude (v. 9) nous dit que Satan avait désiré le corps de Moïse pour induire en erreur le peuple comme il le fit plus tard, avec La Mecque, Rome, Lourdes, etc…. — mais que, par l’archange Michel (Jésus), l’Eternel prévint cela et cacha son sépulcre jusqu’à ce jour. — Deut. ch. 34.
Grâce aux merveilleuses voies de l’Eternel, les membres encore vivants du « corps de Christ »(le Moïse antitypique) sont aussi déjà sur le sommet du Pisga. De ce point ils distinguent les bénédictions du Règne Millénaire de Christ pour toutes les familles de la terre : — Sion (l’Eglise) donnant les lois et Jérusalem (les anciens dignitaires) annonçant la parole de l’Eternel pour le bien non seulement des Juifs, mais de tous les hommes ; toute la terre étant remplie de la gloire et de la connaissance de l’Eternel. Nous voyons fa chute de Babylone (la chrétienté) — la Jéricho spirituelle) ; nous voyons la délivrance de la Rahab (de la grande multitude, qui vient de la grande tribulation). Nous voyons le Josué spirituel, le Christ avec les siens, allant de victoire en victoire, jusqu’à ce qu’on n’entende plus ni deuil, ni cri, ni mort, ni douleur ; jusqu’à ce que tout le mal ait disparu de l’univers et que toutes choses aient été faites nouvelles.
L’oracle de Balaam peut bien être considéré comme les sentiments de Moïse, regardant dans le lointain avenir et essayant de discerner dans ses grands traits le symbolisme des bénédictions futures, selon l’Alliance de Dieu
« Je le vois, mais non maintenant;
Je le contemple, mais non de près.
Un astre sort de Jacob
Un sceptre s’élève d’Israël ».
T.G. 12/1907