« Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. » — Apoc. 20 : 11.
[8 novembre 1914]L’ébranlement décrit en Hébreux 12 : 27 est actuellement en cours d’accomplissement et il se continuera jusqu’à ce que soit supprimé tout ce qui est en désaccord avec les préceptes divins. De cet ébranlement résultera « une Epoque de Détresse, telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent ». — Daniel 12 : 1.
Tout ce qui est faux, simulé, inéquitable sera ébranlé […]
La crainte, fléau de l’humanité
Le péché a fait des êtres formant notre race des peureux du point de vue moral. Dès notre tendre enfance nous sont inculquées la crainte et l’appréhension, spécialement à propos de l’avenir. Nous comprenons que nous sommes imparfaits, que notre Dieu est parfait, que la perfection est la seule règle qu’Il puisse approuver et qu’il faut s’attendre à quelque punition si on a péché. L’Adversaire, abusant de la crédulité de nos ancêtres, présenta le Tout-Puissant sous un faux jour et se servit de nos sentiments de crainte pour nous détourner de Dieu et pour fausser et déformer le Message que Celui-ci nous adresse dans la Bible. Saint Paul nous assure que c’est là la manière d’agir employée généralement par Satan qui présente la lumière comme ténèbres, et les ténèbres comme lumière. Et c’est ainsi que notre texte, en fait un des textes les plus beaux et les plus réconfortants de toute la Bible, lorsqu’il est bien compris, est devenu pour beaucoup comme un fouet dont se servent leurs sentiments de craintes. 2 Cor.4 : 4.
Ce texte constitue un des symbolismes d’un Livre rempli de symboles. Le Peuple de Dieu, guidé par l’Esprit Saint, saura en temps voulu apprécier ces symboles. Pour un grand nombre d’entre ces derniers, le temps voulu est déjà arrivé. Le Trône est celui du Messie ; il représente la domination du Messie sur la terre comme Médiateur pendant un millier d’années. Sa blancheur symbolise la pureté, la justice qui caractériseront le Royaume de Justice du Messie, qui s’exercera sous tous les cieux.
Les cieux et la terre qui s’enfuiront de devant la face du grand Emmanuel ne seront pas les Cieux du Trône de Dieu, ni la terre qu’Il a donnée aux enfants des hommes. Les cieux et la terre qui s’enfuiront et pour lesquels il ne se trouvera pas de place, sont, bien entendu, des cieux et une terre symboliques.
Dans la symbolique de la Bible, la terre représente la civilisation établie ; la mer, les masses humaines agitées, mécontentes ; et les montagnes, les royaumes, les gouvernements humains qui constituent l’épine dorsale des institutions sociales présentes. Les cieux symboliques représentent des influences spirituelles : le Cléricalisme, la Chrétienté. Interprété de cette manière, notre texte déclare que lorsque le Messie assumera le pouvoir sur le monde, il en résultera que le système social d’aujourd’hui, de même que le cléricalisme de notre temps, cesseront d’exister ; il ne se trouvera pas de place pour eux.
Satan, prince actuellement
Certains pourront poser cette question : Quoi que l’on puisse dire des quatre milliers d’années ayant précédé la venue de Christ [la première venue de Christ, trad.], ne peut-on pas affirmer que Christ règne depuis qu’Il est monté à la droite de Dieu ? Si le Rédempteur des hommes, répondrons-nous, a régné comme Roi de la terre au cours des dix-neuf siècles passés, il devrait y avoir quelque chose dans la Bible pour enseigner cela.
Les propres paroles du Maître nous disent au contraire que Satan est le Prince de cet Age ; que le Royaume de Christ n’est pas de ce monde (de cet Age) ; qu’Il reviendra pour prendre à Lui Ses disciples; qu’Il est parti pour « un pays éloigné »afin de recevoir le droit au Royaume et revenir pour en prendre possession; qu’à Sa Seconde Venue, Il sera grand Roi de Gloire. — Jean 14 : 16, 30; 18 : 36; Matth. 21 : 33; 25 :14, 31.
Lorsque nous examinons les pages de l’histoire des dix-huit siècles passés, nous acquerrons la conviction que le Messie n’a pas été Roi. Penser de Lui comme tel, avec la toute puissance que nous Lui accréditons, serait Le rendre responsable d’atroces et sanglantes persécutions, de guerres, de famines et d’épidémies. Assurément, aucune personne réfléchie, après mûre considération, ne peut raisonnablement accepter la théorie selon laquelle nous aurions déjà eu le glorieux et Messianique Règne de Justice devant bénir le monde entier, relever l’humanité.
Personne ne peut croire que le Règne du grand Médiateur appartient au passé. Il nous faut convenir avec notre texte qu’il appartient au futur et que, lorsqu’il sera établi, son effet sur les institutions présentes — politiques, sociales, financières, religieuses — sera tel qu’elles s’enfuiront; il ne se trouvera plus de place pour elles. C’est de ce point de vue seulement qu’il existe une espérance pour le monde.
Aujourd’hui nous vivons au temps où la civilisation a atteint son point culminant. Et cependant nous voyons, plus clairement que jamais auparavant, que l’égoïsme, profondément enraciné en l’homme, entache tous les bienfaits que nous recevons. L’égoïsme se trouve partout. Bien que l’on insiste sur un semblant de justice, et que les transgresseurs de cette règle soient appelés criminels, il semble néanmoins impossible de légiférer sur la base de l’équité, de la justice. La vive intelligence des hommes trouve les moyens de circonvenir les lois et de commettre le vol, le meurtre, etc., sans danger d’être punis.
Le grand trône blanc du jugement
Ni Jéhovah Dieu, ni Son Représentant, le Messie, ne peuvent, en un sens ou à un degré quelconque, être complices de l’injustice ou de l’iniquité. Le fait que l’injustice soit permise, que l’iniquité sert de règle depuis des siècles, s’explique par cette raison que durant toute cette période le monde s’est trouvé sous le règne du Péché et de la Mort, le règne de Satan — « le Prince de ce monde » — le règne des ténèbres, de l’égoïsme et du mal — ténèbres, égoïsme et mal représentés par son nom, le nom de Satan —. Cela s’explique encore par le fait que le monde ne s’est pas trouvé sous la domination du Messie, le Représentant de Jéhovah et de la justice et de l’amour de ce Dernier.
La Nouvelle Dispensation que le Royaume du Messie introduira est dépeinte dans notre texte. Ce sera la domination universelle de la pureté, de la sainteté, de la justice, de la vérité, domination représentée par le Grand Trône Blanc. Rien d’étonnant si nous lisons que les cieux et la terre symboliques, représentant le vieil ordre de choses — social, ecclésiastique — disparaîtront
Mais que personne ne pense un seul moment que les princes ecclésiastiques, les princes financiers et les princes politiques reconnaîtront volontairement que l’heure est venue de se soumettre entièrement au Messie et à tous les principes de Son absolue justice. Au contraire, ces membres privilégiés de notre race se rapprocheront de plus en plus les uns des autres pour se protéger mutuellement, pour préserver les privilèges spéciaux en leur possession. De nos jours précisément, nous voyons s’accomplir la prophétie du Psaume 2. Nous sommes au temps même où l’Eternel, par le Prophète David, invite les grands de la terre à reconnaître la véritable situation de notre merveilleux jour : le Jour du Messie est arrivé; le Messie devrait être reconnu et ses principes de justice appliqués.
Mais non ! Nous sommes au jour, déclare la prophétie, où les gens, les masses, s’imagineront des choses folles, penseront pouvoir inaugurer un règne de justice en suivant les méthodes du Socialisme ou bien au moyen de l’anarchie. Il faut que les gens apprennent que leur secours réside en l’Eternel et non dans leurs frêles bras. Il leur faut comprendre la force de ces mots : « Bénis sont tous ceux qui placent leur confiance dans le Messie ».
« Vous, juges… recevez instructions I »
D’un autre côté, les rois des finances, les dirigeants terrestres et les princes ecclésiastiques se concertent en vue du maintien des iniquités actuelles dans le monde, dont ils tirent profit. En cela, déclare l’Eternel, ils se liguent contre Lui et contre le Roi nouvellement désigné par Lui, le Messie. Depuis plus d’un siècle, la liberté de l’homme va progressant, en dépit de tous les efforts déployés pour la restreindre. Les potentats de la terre perçoivent la marée montante de l’intelligence humaine et des revendications de droits égaux. Ils comprennent que si rien n’est fait pour enrayer ce mouvement général, les avantages spéciaux des classes privilégiées disparaîtront. Actuellement même, ils se concertent afin de trouver le moyen de rompre les entraves que leur imposent les gens, et de rétablir un règne autocratique semblable à celui qui prévalait voici un siècle, mais sur un plan plus élevé, et dirigé par des esprits plus doués, afin de contenir les masses éclairées.
Si seulement ces princes terrestres, cultivés et influents, pouvaient saisir le point de vue correct sur la situation et comprendre la vanité de leurs conseils, l’impossibilité d’écarter les grands changements en train de s’accomplir parce que le temps est arrivé pour que le Messie se saisisse de Sa grande puissance et qu’Il règne. Si les sages de ce monde comprenaient la situation et se soumettaient complètement aux exigences divines, relatives à la justice et à la vérité absolues en toutes choses, quelle bénédiction il en résulterait pour le monde. Si ces princes détournaient leur attention de l’accaparement de pouvoir et d’argent, et l’appliquaient à l’instruction et au relèvement moral des gens, ils deviendraient serviteurs de la Nouvelle Dispensation qui serait introduite dans la joie. Mais l’Eternel nous informe que ce ne sera pas le cas, et qu’en conséquence le Royaume du Messie sera introduit par « une Epoque de détresse, telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent ». — Dan. 12 : 1.
Dieu ne fait pas acception de personnes. C’est pourquoi, des punitions seront infligées devant Son Trône aux petits comme aux grands, lorsqu’ils transgresseront les principes de la justice. Puissions-nous inculquer cette vérité dans l’esprit d’un grand nombre de personnes parmi les classes inférieures, qui s’élèvent contre l’injustice pratiquée en haut lieu, alors qu’elles-mêmes commettent des injustices semblables. Rappelons-nous que le Grand Trône Blanc parle de bénédictions qui seront accordées seulement à ceux qui aiment la justice et qui haïssent l’iniquité.
Le Maître a dit: « La parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » (Jean 12 : 48). Les livres qui doivent être alors ouverts seront les paroles de Jésus, de Ses Apôtres et des Prophètes d’antan. Alors tous verront l’unité du Divin Message de justice, et celui qui voudra obtenir la vie éternelle devra conformer sa vie et ses pensées aux préceptes qui y sont contenus. Et à la fin du Règne du Messie, ceux dont le nom aura été écrit dans le nouveau Livre de Vie, seront dignes de la vie éternelle; ceux par contre dont le nom n’y sera pas inscrit seront détruits en mourant de la Seconde Mort. — Apoc. 20: 11-15.
(Tiré du recueil «Pastor Russell’s Sermons », page 686).