Le Matin Millénaire commence à poindre, mais une terrible détresse doit encore venir.

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,Sentinelle, ou en est la nuit? » — « Le matin vient et la nuit aussi ». « ce sera un temps de détresse telle qu’il n’ en a point eu de pareille depuis qu’il existe une nation. » — Esaïe 21 :11, 12; Dan. 12 :1.

C’est pour la sentinelle sur les murs de Sion un devoir d’annoncer le plan de Dieu en entier, les par­ties qui affligent aussi bien que celles qui réjouissent. C’est à remplir ce devoir que nous nous efforçons constamment. Certes, notre attention est davantage attirée par la perspective de la gloire du royaume millénaire, dont parle le parole de Dieu, que par les terrifiants tableaux de la nuit de détresse qui le pré­cède immédiatement. De même que l’Ecriture, nous

18 Septembre 1910

nous attachons en première ligne à mettre en évidence les principes qui développent l’esprit de Christ chez les consacrés; car ils sont indispensables à celui qui veut avoir part aux honneurs et distinction, de la classe royale. L’œuvre actuelle de Dieu consiste précisément à tirer ses véritables enfants du sein de l’humanité pour les préparer aux noces de l’Agneau; afin qu’ils deviennent cohéritiers du royaume de Dieu et des devoirs y afférents: bénir toutes les familles de la terre, les éclairer par la connaissance et les relever de leur état de chute. Toutefois nous n’avons jamais cessé de faire ressortir que ce n’est ni par la proclamation de 1’Evangile, ni par les conversions quelle aura pu provoquer, que sera établie le royaume de Dieu.

L’annonce de la bonne nouvelle: « Le royaume de Dieu est proche », n’a qu’un but dans cet âge-ci: rassembler ceux qui ont des oreilles pour entendre, les inviter à se grouper autour du drapeau de la croix, à marcher dans les traces de Jésus et à devenir, de cette façon, les véritables élus de Dieu. Lorsque le nombre de ceux-ci sera atteint, Dieu, ainsi qu’en témoigne l’Ecriture, agira tout autrement avec l’huma­nité. Alors, à l’amicale invitation de marcher par la foi, à la lumière de la lampe divine, succéderont des lois et des ordonnances; les obéissants seront récom­pensés, les rebelles et les insouciants seront châtiés. Au lieu du seul chemin étroit le monde tout entier sera éclairé et rempli de la connaissance de la gloire de Dieu; car les rayons du Soleil de justice (Christ et l’épouse glorifiée) dissiperont les brouillards de l’ignorance et de la superstition et conduiront l’hu­manité sur le grand chemin de la sainteté qui ramène au paradis. Tous pourront y retourner avant la fin du Millénium .Dans un exposé antérieur nous avons montré que d’après les plus basses évaluations de la statistique, il y a aujourd’hui 1200 millions de païens contre 600 millions, il y a cent ans, et que l’extraordinaire développement de l’activité mission­naire en ces 100 dernières années n’a pas empêché le nombre de païens de se doubler. Si quelqu’un devait encore conserver des doutes relativement à notre affirmation que le Millénium ne sera pas établi par la proclamation de l’Evangile nous le rendrions at­tentif à ce fait que l’Ecriture ne fournit aucune preuve en faveur de l’opinion contraire. De plus, si pendant une génération on devait parvenir à gagner les 1200 millions de païens aux diverses «églises chrétiennes”, le royaume de Dieu ne serait quand même pas encore établi, étant donné que l’état actuel de la soi-disant chrétienté n’est rien moins que glorieux. Le mécon­tentement et la misère sont encore plus répandus chez elle que chez les païens. Aucun homme réfléchi ne croira à la possibilité d’arriver, par des efforts humains, à faire que le monde devienne le royaume de Dieu et que la volonté du Père se fasse sur la terre, comme elle est faite dans le ciel.

Le Royaume de Dieu viendra-t-Il ?

Toute personne sensée conviendra que nous n’avons de choix qu’entre deux alternatives: ou bien nous devrons nier l’inspiration et l’autorité de la Bible et nous libérer ainsi de ses innombrables allusions au royaume de Dieu, ou bien nous serons obligés d’admettre que le dit royaume sera établi de toute autre façon que ne l’a cru la chrétienté jusqu’à présent. Il nous faut admettre que la seconde présence du Sei­gneur a pour but d’établir ce royaume (non de prendre possession d’un royaume qui serait déjà établi) avec force et autorité et non par la proclamation de l’Evangile dont le but sera atteint dès que tous ceux qui sont obéissants et de bonne volonté seront ras­semblés — c. à d. la classe de l’Epouse, les élus.

Depuis 30 ans, nous avons toujours affirmé publique­ment, par la parole et par la plume, que le royaume de Dieu est proche et qu’il sera immédiatement pré­cédé d’un temps de grande détresse, d’une détresse telle qu’il n’y en a pas en depuis qu’il existe une nation. Il n’est donc pas étonnant que depuis la dernière grande crise financière aux Etat-Unis beaucoup demandent: où en est la nuit? Cette crise est-elle le commencement de la grande détresse par laquelle doit se terminer l’âge évangélique et commencer l’ère bénie du Millénium? Plus de trois millions d’exem­plaires du tome I de l’Aurore du Millénium”, du « Plan des âges » sont maintenant répandus, et beaucoup de lecteurs ont pu constater que la marche des évé­nements pendant ces derniers 35 ans a été à peu près celle qui avait été prévue pour les années 1874 à1914, période pendant laquelle les extrémités des deux âges, l’âge évangélique et celui du Millénium, se superposent. Moins nombreux sont ceux qui ont étu­dié nos recherches dans le tome 2 de l’Aurore: « Le temps est proches » ces derniers reconnaissent claire­ment sur quoi nous basons nos hypothèses concernant la dite période et c’est pourquoi eux surtout, nous posent la question: où en est la nuit? Ceux qui ne demandent pas savent qu’à notre avis la grande dé­tresse se fera attendre encore 4 ans environ. L’in­quiétude qui doit précéder le point culminant de cette détresse grandit à mesure que nous nous rapprochons de cette époque. L’Ecriture montre clairement que ce sombre avenir doit être l’antitype de ce qui, en l’an 70, précéda la destruction de Jérusalem. Ce n’est pas à tort que l’apôtre compare ce temps d’attente aux douleurs de l’enfantement. Voilà pourquoi nous attendons encore une quantité de maux qui précède­ront la destruction de l’ordre social actuel et la nais­sance d’une économie nouvelle.

La nuit touche à sa fin.

« La nuit est fort avancée et le jour s’est approché », a déclaré l’apôtre il y a 1800 ans (D Rom. 13: 12). La nuit ayant duré 6000 ans, la déclaration de l’a­pôtre est parfaitement exacte, car plus que le 2/3 étaient déjà passés, à son époque. L’Ecriture décrit ce temps de prédominance du mal comme une nuit, période d’obscurité, d’ignorance et de superstition. C’est aussi pourquoi le prophète s’écrie: «Le soir viennent [logent] les pleurs et le matin l’allégresse” (Ps. 30:6). Pendant cette nuit environ 20,000 millions de personnes sont descendues dans la tombe et seulement celui qui a puisé dans l’Ecriture quelque connaissance des voies de Dieu sait que l’Eternel se propose de faire sortir tous ces millions du sépulcre, afin de ramener ceux qui le voudront à la perfection

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et de leur rendre la vie éternelle, perdue par Adam, le père de la race. C’est de ce matin-là que parle le prophète David lorsqu’il dit que « le chant de triomphe survient au matin »: Joie pour tous ceux qui pleurent maintenant, non seulement à cause de la mort des leurs, mais aussi à cause des imper­fections aux points de vue spirituel, moral et physique, qu’ils constatent en eux-mêmes et chez leurs voisins et amis.

Quelle joie cette nouvelle ère apportera à l’huma­nité! Pour le «petit troupeau » des amis de Dieu qui aura marché dans les traces du Maître sur le chemin étroit du sacrifice de soi-même, ce sera la participation à la première résurrection: exaltation à la gloire, à l’honneur et à l’immortalité. Au reste de l’humanité elle apportera la délivrance du péché et de la mort. Ce n’est pas sans cause que l’Ecriture sainte, qui appelle le temps présent une nuit, pendant laquelle , « les ténèbres couvrent la terre et une sombre obscurité les peuples” (Es. 60: 2), parle de l’avenir, maintenant proche, comme d’un rayonnement de soleil, riche en bénédiction, qui ne délivrera pas seulement de Satan, alors lié pour 1000 ans, mais qui, à la con­dition d’obéir à Dieu, délivrera aussi de toutes les souffrances et imperfections qui maintenant affligent les humains. Rien d’étonnant à ce que celui qui, dans les temps passés, où ces vérités n’étaient pas encore courantes, osait jeter un regard sur ces mer­veilles, en tombât en extase. Rien d’étonnant non plus à ce que le psalmiste, divinement inspiré, re­merciât Dieu pour tout le bonheur en perspective, à l’époque où le royaume de notre Seigneur sera établi par lui au milieu des nations et que ces dernières lui rendront l’honneur, la louange et l’obéissance, aux­quels il a droit. Rien d’extraordinaire à ce que les apôtres aient attendu la deuxième présence du Sei­gneur et qu’ils aient prié: « Oui, viens Seigneur Jésus, viens bientôt!” Rien de surprenant à ce que cette pensée ait enflammé le zèle des premiers croyants, de telle sorte que leurs contemporains en furent émerveillés lorsqu’ils apprirent que ceux-ci avaient vécu près de Jésus qui les enseignait (Actes 4 : 13). Ils espéraient participer au royaume promis: « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône.” C’est aussi pourquoi ils priaient: «Ton règne vienne; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.” — Apoc. 3 :21; Matth. 6: 10.

Le matin vient.

Dans notre texte le prophète se transporte en notre temps, et à la question, si la nuit du péché et des soucis, de l’erreur et de la superstition ne va pas bientôt finir, il répond que le matin vient. Selon notre compréhension l’aurore commença à luire avec la ré­volution française, en l’an 1799. Cette année termine une période prophétique, après laquelle une grande lumière se lèvera sur le monde; la connaissance sera augmentée et il se produira un réveil et une prépa­ration au Millénium. Les premières symptômes de ce réveil ont été la fondation de sociétés bibliques dont la plus importante a été créée 4 ans, d’autres 15 ans après cette époque. La parole de Dieu a été le flambeau qui, pendant le siècle dernier, produisit un plein épanouissement des plus grands esprits. Au­jourd’hui, les ecclésiastiques, les professeurs et qui­conque se classe parmi l’élite des hommes de notre temps sont rassemblés sous l’étendard de la haute critique, du rejet de l’inspiration plénière de la Bible; elle n’en souffre pas, c’est à eux-mêmes qu’ils font tort. Ils sont sages à leurs propres yeux et né­gligent les Ecritures divinement inspirées; c’est pour­quoi ils sont aveugles et ne se rendent pas compte en quels temps nous vivons, ne sachant pas le re­connaître sur le cadran de l’histoire du monde. Aussi le monde, qui ne connaît pas Dieu, ne trouve-t-il pas les directions attendues auprès de ceux sur lesquels il croit avoir le droit de compter, et cela en un temps où plus que jamais, la sagesse d’en haut est néces­saire.

L’Ecriture désigne de deux façons la période commencée en 1799; dans Nahum 2: 3, elle l’appelle: « le jour de Sa préparation” et dans Daniel 2 : 4: « le temps de la fin ». Ce temps est la fin du présent monde mauvais et il introduit le monde à venir, où la justice habitera (Gal. 1 : 4; 2 Pierre 3:13). Tout homme qui réfléchit comprendra de suite que cette période du passage d’un âge dans un autre qui lui est diamétralement opposé, doit être la plus merveilleuse des époques historiques connues, une période de transformations inouïes: renversement du prince des té­nèbres et de son règne, établissement du royaume de la lumière sous le règne du Prince de lumière, Christ et son épouse glorifiée. Une telle période doit se distinguer par deux traits de caractère, que possède seul le temps depuis 1799.

Le jour de la préparation de l’Eternel.

Un jour aussi extraordinaire que le promet l’Ecri­ture doit être précédé d’une préparation. Une lumière aussi éclatante doit déjà à son approche éclairer les ténèbres, avant même que le Soleil de Justice appa­raisse lui-même à l’horizon. N’est-ce pas quelque chose de ce genre qui se passe? Le monde tout entier ne se réveille-t-il pas du sommeil de la nuit, de l’ignorance, de la superstition de siècles précédents, à une pensée nouvelle, à une connaissance et une compréhension nouvelle des choses? Cette aurore d’un jour nouveau n’est-elle pas l’explication des étonnants progrès techniques de notre temps? N’est-ce pas maintenant que beaucoup «courent ça et là » et que la connaissance est augmentée de façon sur­prenante? Malheureusement le monde ne sait rien de Dieu, et au lieu de le remercier pour les bienfaits actuels et de voir en eux un avant-goût des avantages du Millénium, il accorde toute sa confiance aux pro­phètes de l’évolutionnisme, il considère les progrès de la civilisation comme la conséquence de l’évolution et exclut le Dieu vivant et sa parole révélée. Ainsi il ressemble à un voyageur dans les ténèbres qui jette­rait son flambeau. C’est pourquoi il ne voit pas, dans sa demi-obscurité, la pierre (la théorie de l’évolution) qui le fera tomber et ne s’aperçoit pas qu’il s’engage dans le marais du scepticisme.

Si le monde n’était composé pour la plus grande partie que de saints, la foi, l’obéissance et l’amour de ceux-ci auraient pour résultat de faire profiter la

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famille humaine tout entière des améliorations actuelles. De tels saints ne sont pas nombreux, et… l’égoïsme est la seu1e cause déterminante des actions de la plu­part des êtres humains. Les avantages sont pour tous, mais les plus intelligents et les plus adroits parmi eux savent le mieux les utiliser pour servir leurs propres intérêts. Plus ils peuvent s’offrir de luxe, plus aussi grandit leur désir de posséder. Des projets grandioses sont exécutés, et quand bien même tous en profitent dans une certaine mesure, les béné­fices qui en découlent vont dans les bourses d’une minorité: banques, trusts, etc. – . – Alors que les plus clairvoyants se disent que leur sort est de beau­coup meilleur que celui de leurs ancêtres, la cupidité remplit l’esprit des autres et chacun est pris du désir de la richesse, Voilà pourquoi il y a si peu de re­connaissance, de bonheur et de satisfaction, et par contre, tant de mécontentement, de jalousie et de disputes, tant « d’œuvres de la chair et du diable”, comme dit l’apôtre. C’est pourquoi l’on peut voir cette absurde chasse à l’argent depuis que l’on re­marque que ce sont ceux qui en possèdent qui domi­nent et parce que l’on croit que cette domination durera. De là provient la haine contre les détenteurs de l’argent et l’injuste lutte contre les capitalistes, dont beaucoup sont plus justes et nobles que la majorité de leurs adversaires.

Mais nous ne pouvons pas entrer dans des détails; nous ne traitons le sujet que d’une façon générale. Nous ne voulons pas définir lequel des deux partis est le plus égoïste ou lequel l’est le moins; nous constatons simplement que des deux côtés, c’est l’é­goïsme qui prépare la lutte, laquelle, ainsi que le montre la chronologie biblique, pourrait battre son plein dans quatre ans et amènera une détresse «telle qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation” (Dan. 12: 1). Le Seigneur ajoute à la prophétie la consolation suivante: « et qu’il n’y en aura jamais » (Matth. 24: 21). Dieu utilisera les événements de telle sorte que le seul souvenir de cette détresse empêchera la nouvelle organisation de se modeler sur l’ancienne. Pendant le Millénium les habitants de la terre ap­prendront la justice (Es. 26 : 9). Ils apprendront que les sentiers de la justice sont ceux de l’amour fra­ternel. Cela nécessitera du temps, beaucoup de temps, et la terrible leçon que nous avons en perspective et qui montrera quelle fin lamentable l’égoïsme apporte avec lui, sera une bonne préparation pour le monde qui doit apprendre à apprécier les avantages de la loi de l’amour.

«La terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Eternel », dit Habacuc (2: 14). « Le soleil de justice se lèvera et la guérison sera dans ses rayons ». « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père », lisons-nous dans Mal. 4 :2 et Matth. 13: 43. « Que celui qui a des oreilles pour ouïr entende”. En ce jour glorieux le droit et la justice seront la règle, les jugements de l’Eternel passeront sur la terre, châtiant le monde avec équité. Ainsi tous parviendront à la connaissance de la vérité et auront l’occasion de se montrer obéissants. Chaque effort vers le bien sera récompensé, par contre toute âme qui fera le mal sera châtiée. Enfin la se­conde et irrévocable mort, de laquelle il n’y a pas de résurrection, détruira du milieu du peuple ceux qui, en toute connaissance de cause, refuseront vo­lontairement d’être réconcilier avec Dieu, d’accepter sa justice et de marcher sur le grand chemin de la sainteté vers la perfection humaine.

Et aussi une nuit.

Notre texte concorde aussi en ce détail avec les observations que nous faisons de nos jours. Quoique les 6000 ans de domination du mal soient maintenant passés et que nous vivions à l’aurore de l’ère nouvelle, il reste encore à venir un temps d’effroyables ténèbres, semblables à un orage matinal. L’Ecriture dépeint de diverses façons « ce jour de la vengeance et de la colère ». Tantôt elle parle de tempête, tantôt de flots dévastateurs ou de feu dévorant. De ce dernier sym­bole nos amis, les adventistes et, à en juger d’après leurs confessions de foi, presque toutes les dénomina­tions chrétiennes, concluent que le globe terrestre sera consumé par le feu. Ceci ne contredit pas seulement Eccl. 1 : 4: « La terre subsiste toujours » —mais rend aussi impossible Soph. 3 : 9, si l’on veut prendre au sens littéral le verset qui précède: « At­tendez-moi, dit l’Eternel, pour le jour [de la ven­geance] où je me lèverai pour le butin! Car ma justice est que j’assemble les nations, que je rassemble les royaumes, pour verser sur eux ma fureur, toute l’ardeur de ma colère. Car par le feu de ma jalousie toute la terre [l’ordre social] sera dévorée” (Soph. 3 : 8). Nous sommes témoins de ce rassemblement des nations et des royaumes, par la vapeur et l’élec­tricité, grâce auxquelles la Chine est aujourd’hui plus près de nous que Genève ne l’était de Paris, il y a un siècle. La grande crise prochaine fera de la combi­naison des intérêts intellectuels et matériels de toutes les nations une calamité universelle, telle que jamais auparavant elle n’aurait pu se produire et au cours de laquelle l’organisation sociale actuelle s’écroulera dans l’anarchie. Il n’y a maintenant que peu d’anar­chistes, mais par contre il y a beaucoup de socia­listes et nous croyons que dans peu d’années ceux-ci seront parvenus à une puissance imposante. Nous ne leur croyons pas des intentions anarchistes, beaucoup d’entre eux nous paraissent avoir des sentiments trop nobles pour cela; mais nous pensons qu’ils ne se ren­dent pas compte de quels terribles événements ils seront témoins. Nous conseillons à tous ceux du peuple de Dieu de n’avoir aucune part à la grande lutte que l’humanité a en perspective. Ceux qui prient: « Ton règne vienne; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”, devraient avant tout faire des efforts pour que la volonté de Dieu se fasse dans leurs cœurs, dans leurs actions, dans leurs familles, dans leurs affaires autant que notre faiblesse nous le rend pos­sible. Et maintenant, pour démontrer que la « terre » qui sera brûlée est symbolique, nous citons encore Soph. 3 9: «Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de Jéhovah et le servent d’un commun accord. » Si le « feu » et la « terre » du verset 8 n’étaient pas symboliques, il n’y aurait plus, après cela, de peuples pour entendre

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le message divin et servir Dieu. Le symbole de «feu » indique d’une façon énergique les terreurs au cours desquelles, en l’espace de peu d’années, s’effon­drera la société actuelle.

« Le soleil sera obscurci”.

Apoc. 12: 1 représente l’Eglise sous les traits d’une femme revêtue du soleil, et ayant la lune sous ses pieds. Cette image indique que les élus sont éclairés par le soleil de l’Evangile et fait une réalité des ombres de la loi mosaïque (la lune). Employant ce langage symbolique, Jésus dit que dans les temps de la fin de l’âge le soleil sera obscurci, que la lune ne donnera plus sa lumière et que les étoiles tomberont du ciel (Matth. 24 : 29). Nous convenons qu’un ac­complissement littéral de cette prophétie a eu lieu, mais nous croyons aussi qu’un accomplissement sym­bolique a lieu maintenant et contribuera à amener la grande détresse. La source des lumières de la religion chrétienne, la Bible, avec sa proclamation du royaume qui vient, est rejetée par la plupart des personnages en vue du monde ecclésiastique. En chaire on fait de la « haute critique » ainsi qu’on appelle aujourd’hui l’incrédulité, parce que ça sonne mieux. Il en est de même dans les écoles théologiques (sous forme d’évolutionnisme), et dans un avenir plus ou moins rapproché les écoles du dimanche, à leur tour, seront les victimes de cette même tendance.

C’est ainsi que peu à peu s’éteint la lumière évangélique qui autrefois éclairait les chrétiens, et à sa place apparaît le flambeau fumant de la sagesse humaine. De même la lune, la loi mosaïque, perd sa lumière et il n’y a rien de surprenait à ce que l’on entende les principales personnalités de la chrétienté nominale parler des sacrifices sanglants des juifs, en des termes qui montrent que la parole de l’apôtre, disant que sans effusion de sang il n’y a pas de pardon des offenses et que les sacrifices de la loi sont des ombres des sacrifices meilleurs, offerts par Christ et ses disciples, leur est absolument incompréhensible (Hébr. 9 : 22, 23; Rom. 12: 1; Col. 1 : 24). Les plus brillantes étoiles du firmament ecclésiastique ne tom­bent-elles pas, en ce sens qu’elles perdent la considé­ration des hommes? Paul et les autres apôtres étaient de telles étoiles brillantes; mais les professeurs de théologie les précipitent de leur haute position, en enseignant qu’ils (les apôtres) avaient, certes, de bonnes intentions, mais n’étaient que des ignorants, et par suite, incapables de diriger l’église d’aujourd’hui. Nous vivons dans un temps où la sagesse d’en haut est rejetée et remplacée par la sagesse des hommes.

Du fait de cet effondrement de la foi en la Bible, en tant que révélation divine, la chrétienté nominale se trouve sans conducteur en face des terribles événe­ments qui vont s’accomplir. Dans ce cas n’est-il pas tout indiqué qu’au sein de toutes les dénominations chrétiennes, et aussi en dehors d’elles ceux qui croient à l’Eternel et à sa parole affirment joyeusement et avec fermeté leurs convictions? Pourraient-ils, sans cela, espérer échapper à tous ces maux, croître en grâce et en connaissance et « résister en ce jour mau­vais? » — Eph. 6:13.

Nous vous exhortons tous, chers amis, de ne pas vous borner à reconnaître l’importance de la présente aurore du jour glorieux au devant duquel nous marchons. Ne vous contentez pas de vous exercer dans la pureté du cœur et de la conduite, ainsi que dans le service du Seigneur, mais faites aussi toute ce qui est en votre pouvoir pour annoncer « la vérité pré­sente » avant tout à ceux qui ont des oreilles pour entendre. L’heure est proche où chaque enfant de Dieu doit subir l’épreuve, et ceux qui ne connaissent pas la vérité ne pourront résister à l’erreur qui se répand partout, conduisant le monde au devant de l’effroyable crise. Pour nous, nous apercevons au de­là de cette crise ce qui pour le monde est invisible: le radieux soleil du Jubilé de la terre. (Trad. par A. G.)