Le Médiateur et les trois grandes Alliances.

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Le plan divin nous est esquissé dans trois grandes alliances. La première, celle qui les implique toutes, fut faite avec Abraham. La seconde, ou l’alliance de la loi, fut faite avec Israël sur le mont Sinaï. Elle n’annula pas la première alliance; elle y fut simple­ment ajoutée, mais fut conclue spécialement avec les Israélites. Pourtant cette alliance de la loi qu’ils crurent leur avoir été accordée pour leur donner la vie, au contraire les condamna à la mort comme indignes de la vie. Allégoriquement Dieu illustra ces deux alliances par les deux femmes d’Abraham (voir Gal. ch. IV). L’alliance originale était représentée par Sara, la femme d’Abraham; tandis que celle de la loi était représentée par Agar, la femme servante et non la femme libre. L’alliance de la loi de servi­tude enfanta la nation juive, représentée dans l’allé­gorie par Ismaël, lequel ne pouvait hériter de l’alliance originale. Comme dans la suite, Agar et son fils furent punis et rejetés pour orgueil et moquerie, de même la nation juive développée sous l’alliance de la loi fut rejetée des faveurs divines, suivant les paroles de Jésus: “Votre maison vous est laissée déserte.”

Comme Sara fut longtemps stérile, jusqu’à ce qu’Ismaël fût né et qu’il devînt persécuteur, ainsi l’alliance abrahamique qui devait produire le Messie fut long­temps improductive.

Cette alliance de Sara jusqu’ici a produit le Seigneur Jésus et tous les membres de son corps, qui déjà sont entrés dans la gloire. “La semence d’Abraham”, “les enfants de la promesse” seront bientôt tous au complet, quand le dernier membre de l’Eglise élue — du corps du Messie — aura été éprouvé et reçu de l’autre côté du voile, complétant ainsi “les prémices”, “le Christ” dans la première résurrection. Saisissons bien ce point et écoutons les paroles de Paul: “Pour nous, frères, comme Isaac, nous sommes enfants de la promesse —la postérité promise par laquelle, unie au Seigneur et Chef, Dieu bénira toutes les familles de la terre”. —Gal. 3 : 8, 29.

Une nouvelle Alliance.

Retenons bien que jusqu’ici il ne fut question que de deux alliances l’ancienne, ou l’alliance originale et l’alliance de la loi, ajoutée 430 ans plus tard. —Gal. 3:17.

Deux classes aussi sont issues de ces deux alliances, l’Israël selon la chair et selon l’esprit. Mais l’allé­gorie enseigne plus encore: “Car Sara mourut” et Abraham prit une autre femme nommée Ketura, qui représentait une autre alliance appelée en terme scrip­turaire la nouvelle alliance. Abraham eut plusieurs enfants de Ketura, typifiant ainsi le grand nombre d’enfants de Dieu sous la nouvelle alliance pendant le Millénium, mais sans aucun héritier parmi eux, comme il est écrit: “Abraham donna tous ses biens à Isaac” (Gen. 25: 5). C’est donc par Isaac que les enfants de Ketura reçurent leurs bénédictions; ils représentent par conséquent la classe de ceux rétablis pendant le Millénium qui seront bénis par l’Isaac antitypique, le Christ. Pour bien comprendre cela il est deux points qu’il ne faut pas perdre de vue:

D’abord Ketura ne devint pas femme d’Abraham [par suite ne représenta pas la nouvelle Alliance], avant le mariage d’Isaac, typifiant celui de Christ avec son épouse: l’Eglise à la fin de cet âge-ci. Puis, Abraham ne se maria avec Ketura qu’après la mort de Sara. Il s’ensuit que la nouvelle Alliance, typifiée par Ke­tura, ne peut entrer en vigueur avant que l’alliance originale, typifiée par Sara, ait produit “la semence”, par laquelle seront bénis les enfants de Ketura, c’est à dire toute l’humanité au Millénium. Le Messie, le Christ (tête et corps) n’est donc pas issu de l’alliance nouvelle, selon Ketura, mais de l’alliance originale, selon Sara.

C’est Jérémie (31: 31) qui pour la première fois mentionne la nouvelle Alliance et cela dans un sens prophétique pour les Juifs. L’Eternel assure qu’il leur réserve une meilleure alliance que celle de la loi, celle-ci les condamnant à la mort. Les promesses de l’alliance nouvelle n’ont pas trait à l’alliance originale de Sara, cela ressort clairement du fait qu’outre sa dénomination de nouvelle, elle devait aussi apporter aux Juifs des bénédictions matérielles: promesse de rétablissement, de richesses terrestres, etc.; tandis que l’alliance originale devait produire la postérité spiri­tuelle.

Voici les promesses de l’alliance nouvelle: “J’ôterai de leur chair le coeur de pierre et je leur donnerai

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un coeur de chair;” “je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités” (Ez. 11 : 19; Hébr. 10: 17). Cela sera octroyé aux Juifs d’abord et sub­séquemment à tout le monde. Ce grand oeuvre de ré­tablissement demandera les mille ans entiers jusqu’à ce que tout coeur de pierre ait été changé ou ait disparu. Alors l’humanité aura été relevée de l’état de péché et de mort dans lequel elle se trouve jusqu’à la perfection virile, à l’image de Dieu dans la chair; elle possédera un nouveau coeur fait de tendresse, d’amour et de bonté: un coeur de chair.

Une autre distinction entre notre alliance, qui est l’alliance première, et les deux autres, c’est que toutes deux: celle de la loi et la nouvelle Alliance, ont leur médiateur, tandis que la nôtre, l’originale n’en a point, pour la raison qu’elle n’en avait pas besoin.

St. Paul montre que Moïse fut le médiateur de l’alliance de la loi, mais qu’un médiateur n’était point nécessaire dans l’alliance originale conclue entre Abra­ham et Dieu (Gal. 3:19, 20). Pour l’alliance nouvelle il faut un médiateur: “Christ est le médiateur de la nouvelle alliance” (Hébr. 9: 15; 12: 24). Cette alliance nouvelle est mise en contraste avec celle de la loi, et Christ, le médiateur de l’alliance nouvelle, est mis en contraste avec Moïse, le médiateur de l’alliance de la loi — signifiant que l’alliance nouvelle prime celle de la loi, à cause de son plus excellent Médiateur (Hébr. 8: 6), et la supplante; cependant elle n’est pas supérieure à l’alliance originale selon Sara.

Avant d’avoir pu discerner les enseignements scrip­turaires du «plan des âges”, indiquant les âges juda­ïque, évangélique et millénaire et leur but, nous ne pouvions localiser dans l’avenir les promesses de la nouvelle alliance. Comme tout le monde, nous l’ap­pliquions à nous-mêmes et à notre âge de l’Evangile, ne faisant point attention aux Ecritures qui disaient le contraire. Comment, nous demandons-nous au­jourd’hui, pouvions-nous penser être les membres de la semence d’Isaac, les enfants de l’alliance ancienne et originale et en même temps être de ceux qui béné­ficieront de la nouvelle alliance? C’est tout simple, nous ne pouvions discerner “le mystère qui a été caché dans tous les siècles et dans tous les âges, mais révélé maintenant aux saints.” — Col. 1 : 26.

Si nous avions étudié plus sérieusement la parole de Dieu, nous aurions été délivrés plus vite des er­reurs moyenâgeuses et nous aurions compris Paul au sujet du “mystère” — savoir, que l’Eglise choisie d’entre Juifs et Gentils, est le corps de Christ et partant cohéritière de l’alliance abrahamique et de tout ce que Jésus doit hériter. Ceux seuls qui saisis­sent cette vérité peuvent comprendre dans son en­semble le “Plan divin des âges”. Pour le monde et l’Eglise nominale elle est toujours un mystère.

Le sang de la nouvelle alliance.

Lorsque notre Seigneur présenta à ses disciples le premier repas commémoratif, il dit de la coupe: “Ceci est le sang de l’alliance qui est répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés. Le sang de l’alliance a été répandu pour le “grand nombre” du genre humain, mais seulement un petit nombre, le “petit troupeau”, des disciples (le “corps de Christ”) fut invité à boire de la coupe, à y participer avec Lui. Depuis plus de 18 siècles cette coupe a été présentée à tous les croyants consacrés. Ceux qui n’en vou­lurent pas boire ont leur nom effacé du livre des élus, de la classe de l’Epouse, de la sacrificature royale. Ceux qui en boivent ont la promesse de participer avec leur Seigneur et Chef à toute son oeuvre gran­diose comme “Semence d’Abraham”. Ainsi le Seigneur dit aux disciples qui lui demandèrent de s’asseoir sur son trône: “Pouvez-vous boire la coupe que je bois et être baptisés du baptême dont je suis baptisé?” (Marc 10 : 38.) Voulez-vous exécuter pleinement l’alli­ance de consécration à la mort que vous fîtes et en raison de laquelle vous êtes reconnus comme membres de mon corps? Si c’est là votre volonté, je vous éprouverai pour affermir votre vocation et votre élection.

Ceux auxquels il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu (et personne d’autre) peuvent voir que tout cet âge de l’Evangile — depuis le bap­tême de Jésus au Jourdain jusqu’à présent et jusqu’à l’achèvement de l’Eglise — est le seul grand jour d’expiation, le seul grand jour d’appel céleste pour le Royaume, le seul grand jour pour avoir part aux souffrances de Christ pour participer aussi à la gloire qui doit suivre.

Toute notre oeuvre est donc “l’accomplissement de ce qui manque aux afflictions du Christ” (Col. 1 24). Quand cela sera terminé le grand oeuvre du Millénium s’ensuivra. Ce sont les Juifs qui bénéficieront d’abord des bienfaits de la nouvelle alliance et ensuite toutes les nations.

Dans l’âge prochain le monde ne sera pas béni comme étant sous l’alliance de Sara, dont la postérité est spirituelle — héritière des cieux — comme actu­ellement nous ne sommes pas davantage bénis sous l’alliance de Ketura, la nouvelle alliance dont la posté­rité est terrestre.

Quand notre Seigneur dit: Cette coupe est le sang de la [nouvelle] alliance, il veut faire entendre que premièrement cette coupe est la sienne et que deuxiè­mement elle est la nôtre; nous qui sommes son corps, nous y participons et la buvons avec lui. Il n’en restera pas pour que d’autres en boivent plus tard; car son commandement c’est: “Buvez-en tous”. Par conséquent il fallait d’abord le sang de Jésus pour sceller la nouvelle alliance, mais par arrangement divin il faut aussi le sang ou la mort de son Eglise. La nouvelle alliance ne peut donc être scellée, finie et mise en oeuvre avant que tous les “membres du corps” ne soient morts, mais alors “les sacrifices plus excellents” du Grand Prêtre seront terminés. On le voit, il convient que la mort ou le sang de notre Sauveur soit mentionné comme le sang de la nouvelle alliance, même s’il ne donne toute la nature de sa vertu qu’après que tous les membres de son corps auront été sacrifiés. Alors Jésus appliquera tout le sang, tous les sacrifices, comme ses mérites pour le bien du monde et scellera l’alliance avec le Père pour le bonheur de l’homme. Puis Christ et son Eglise se mettront tout de suite à l’oeuvre grandiose de la

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réconciliation du monde, le poursuivant jusqu’à ce que Dieu soit tout en tous.

Ainsi, seuls les péchés de l’Eglise ont été effacés jusqu’ici; car personne sauf les croyants n’a encore bénéficié des mérites de la mort de Christ. Aussi nous lisons que Christ est entré dans le ciel, “afin d’y paraître pour nous devant la face de Dieu” (Hébr. 9:24). Et précisément parce que ses mérites n’ont eu encore aucune valeur pour les non-croyants nous lisons: “que le monde entier gît dans le méchant” (1 Jean 5:19). C’est en parfait accord avec l’idée des sacrifices pour le péché présentés en ce jour de réconciliation. Ce n’est pas que nous apportons main­tenant des offrandes à Dieu, nous sommes morts selon la chair et seulement en tant que nouvelles créatures sommes nous membres du corps du Grand Prêtre. C’est le Grand Prêtre qui apporte les sacrifices; le Sacrificateur Jésus, le Chef, représente tout le corps: “Nous avons un Avocat auprès du Père”. Pendant le Millénium ce sacerdoce, n’aura plus sa raison d’être.

Rappelons que l’alliance originale qui est la nôtre n’avait pas de médiateur. Elle n’en avait pas besoin, elle n’essaya pas d’amener des rebelles en harmonie avec les exigences de l’alliance divine, comme le fera plus tard l’alliance nouvelle. Au monde — soumis au malin et représenté dans la parabole comme ne “vou­lant pas que cet homme règne sur lui” — il en faudra des restrictions, des coercitions et des coups durant les mille ans pour le faire obéir! Pour introduire cette ère de justice il faudra au début: “que tout genou fléchisse et que toute langue confesse” (Phil. 2:10), afin que tous puissent apprécier les bienfaits du gouvernement divin, et qu’il soit possible à ceux qui le voudront de profiter des bienfaits de ce règne. Pour cela un médiateur sera nécessaire et le Messie (tête et corps) sera ce Médiateur sous la dictature duquel sera placé tout le monde; cependant ceux même qui se montreront de bonne volonté ne seront pas introduits directement auprès du Père avant la fin de ce règne.

Combien notre cas actuel est différent! A. peine nos yeux virent-ils: “l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde” et nos oreilles eurent-elles entendu le message de l’amour de Dieu, nous l’acceptâmes délibérément; point n’était besoin de nous contraindre. Au contraire! C’est le Père lui-même qui nous attira au Fils et en l’acceptant et étant justifiés par la foi en son sang, nous avons été introduits immédiatement auprès du Père par lui et exhortés à offrir en sacrifice notre corps à Dieu. Si tel fut le cas pour chacun de nous, ce sacrifice fut accepté dans le Bien-aimé et nous fûmes engendrés de l’Esprit saint et devînmes sur le champ enfants de Dieu, et cohéritiers de Christ pour un héritage incorruptible. — 1 Pierre 1 : 4.

Ce sont ces “nouvelles créatures” acceptées de Dieu qui n’ont point besoin de Médiateur. Nous avions besoin du sang de l’alliance éternelle (Hébr. 13 : 20) et nous avons toujours besoin d’un Avocat auprès du Père, à cause des faiblesses involontaires de notre chair. Réjouissons-nous continuellement avec notre Rédempteur et Avocat, sans lequel nous ne pouvons rien faire; et encore réjouissons-nous de ce que grâce au bon plaisir de l’Eternel l’homme Christ Jésus, le Médiateur entre l’homme (le monde) et Dieu, nous associe à lui comme collaborateurs pour participer avec lui dans le grand oeuvre de la réconciliation du monde. Gloire soit à Dieu qui “nous a rendus ca­pables d’être ministres de la nouvelle alliance” (2 Cor. 3:6), qui fait qu’avec notre Maître nous pouvons maintenant exercer un ministère et le servir en lui consacrant notre vie, afin d’être préparés comme mi­nistres de la nouvelle alliance pour le bien de tout le monde pendant le second avènement de notre Seigneur.

Alors viendra l’antitype de l’inauguration de l’alli­ance de la loi par Moïse. Moïse en la présence de l’Eternel descendit de la montagne avec un voile sur son visage et répandit le sang sur tout le peuple. De même pour nous, une fois changés et devenus des êtres spirituels, nous serons voilés à l’homme, mais nous agirons par le moyen des anciens dignitaires et autres et démontrerons à tout l’humanité la certitude que la justice divine a été satisfaite. Ce sera le vrai temps où l’Esprit et l’Epouse (au complet) diront: viens; où nous aurons le privilège d’aider chaque être consentant à être lavé, purifié et justifié, de l’amener à parvenir à une parfaite harmonie avec Dieu, pendant ce Millénium béni.