LE MINISTÈRE DE TRISTESSE ET D’AFFLICTION

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 » Du fond de l’abîme je t’invoque, O Eternel ! » » S’il donne le repos, qui répandra le trouble ? » — Ps. 130 :1 ; Job 34.

L’existence de tout être humain est composée de parties lumineuses et de parties assombries, de joies élevées et de bas-fonds de tristesses ; toutes ces choses forment en grande partie la trame de nos expériences journalières. L’étoffe de notre caractère qui se confec­tionne sur le métier à tisser en pleine activité de notre vie sera fine et de bonne qualité, ou bien grossière et de qualité inférieure, selon l’habileté et le soin avec lesquels l’individu la confectionne avec les fils de l’expérience. Pendant le présent règne du péché et du mal, dans toute existence, les côtés sombres sont les plus nombreux et, à cet égard, la Parole divine dépeint bien la famille humaine dans les conditions actuelles, lorsqu’elle l’appelle la création gémissante. » Jusqu’à présent la création tout entière gémit, elle est dans les angoisses de l’enfante­ment » nous dit l’apôtre. Les enfants de Dieu eux-mêmes ne font pas exception à cette règle universelle, » nous aussi.., nous gémissons en nous-mêmes, attendant l’adop­tion, c’est à dire la délivrance de notre Corps » qui est le petit troupeau , le Corps de Christ. — Rom. 8 :22, 23.

Pendant que nous attendons notre délivrance, nos expériences quotidiennes de la vie ont une importance fondamentale pour nous et la manière dont nous nous comportons vis-à-vis de ces épreuves devrait faire l’objet de toutes nos préoccupations, car, dans ce domaine, nos succès ou revers journaliers nous apporteront, ou des bénédictions, ou des malédictions. Les expériences que nous considérons souvent comme des succès renferment en elles des dangers subtils. Si nos richesses s’accrois­sent, si nos amis deviennent nombreux, si nous avons éprouvé de grandes joies terrestres, peu à peu le cœur trouve plaisir aux choses terrestres. Quand, par contre, la lame acérée du chagrin et des déceptions nous a blessés, quand la richesse se dissipe, quand les amis nous abandonnent, quand nos ennemis nous accablent d’opprobre, nous sommes naturellement disposés à nous laisser abattre et à désespérer.

C’est dans ces moments-là qu’a lieu une des phases les plus importantes de la grande lutte de toute la vie du chrétien ; ce dernier doit combattre tous les penchants de sa vieille nature et doit avec confiance prétendre à la victoire qu’il attend avec foi, s’appuyant sur la force du

7 Janvier 1916                                                                            

grand Chef de son salut. Le chrétien ne doit pas céder aux influences attrayantes de conditions matérielles favorables, il ne doit pas non plus s’affaisser sous le poids des épreuves et de l’adversité. Le chrétien ne doit pas non plus laisser les expériences de la vie, si dures et si pénibles soient-elles, lui aigrir et lui endurcir le cœur, lui apporter des sentiments amers et dépourvus d’amour ; il ne laissera pas l’orgueil, le désir de paraître, le sentiment de sa propre justice croître en lui, à la vue des bénédictions matérielles que le Seigneur dans son amour lui a accordées afin qu’il puisse faire preuve de sa fidélité d’intendant de ces biens.

LES PROFONDES AFFLICTIONS CONDUISENT A DE GRANDES JOIES

Les afflictions et les chagrins arrivent parfois en foule ; mais le Seigneur sera notre appui et nous donnera sa force dans toutes les épreuves qu’il permet. L’âme qui n’a jamais connu la discipline et les enseignements qu’apportent les afflictions et les difficultés, ne connaît pas encore combien l’amour et l’aide du Seigneur sont précieux et procurent de joie. C’est dans les moments où les chagrins et les tristesses nous accablent, où nous nous approchons du Seigneur, qu’il s’approche aussi de nous. Le psalmiste éprouva ce sentiment, lorsque dans ses grandes afflictions il cria au Seigneur : » Du fond de l’abîme je t’invoque, ô Eternel ? Seigneur, écoute ma voix ! Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! (Ps. 130 :1, 2). David sentait sa propre faiblesse et ses lacunes, il aspirait ardemment à la déli­vrance complète de toutes ses imperfections ; il prophé­tisa sur les dispositions merveilleuses prises par Dieu pour le salut de tous par Christ, il ajoute en effet » Si tu gardais le souvenir des iniquités, Eternel [en nous les imputant], Seigneur qui pourrait subsister ? Mais le pardon se trouve au près de toi, afin qu’on te craigne [révère]. — Ps. 13 3, 4.

Combien de telles assurances sont précieuses, lorsque l’âme est douloureusement consciente de ses infirmités, de son impuissance absolue d’arriver à accomplir entiè­rement la loi parfaite de la justice ! Combien nous sommes heureux de savoir que Dieu ne retient pas, ne nous impute pas les faiblesses inévitables de notre corps charnel, de notre vase de terre, si toutefois nos cœurs lui sont fidèles et loyaux. Si, chaque jour, nous nous approchons du Père céleste pour être purifiés par les mérites de notre Rédempteur, il ne nous retient point nos insuccès, il nous les pardonne libéralement et les nettoie entièrement. La parfaite justice de notre Sauveur est notre vêtement glorieux, celui qui nous permet d’aller à Dieu avec assurance, dans l’humilité, avec courage, même jusqu’auprès du tout-puissant Jéhovah, le Rois des rois et Seigneur des seigneurs.

Si donc Dieu ignore nos infirmités de la chair, nous accueille sans aucune restriction auprès de Lui, nous accorde le privilège d’entrer en communion avec Lui comme ses enfants bien-aimés, nous devons faire de même les uns envers les autres, ignorant les infirmités de la chair de nos frères et sœurs, ne les leur imputant point ; car chacun doit confesser humblement ses propres faiblesses et s’efforcer de les vaincre par la grâce de Dieu en y apportant tous ses efforts. Chacun des véritables enfants du Seigneur peut s’approprier les paroles de l’apôtre : » Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?… Qui accusera les élus de Dieu. C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ qui est mort ?, (Rom. 8 : 31, 33, 34). Cependant, si l’on cultive les faiblesses de la chair, sans faire de sérieux efforts pour les vaincre, si on essaye de les justifier afin de continuer à les pratiquer, nous sommes alors dans une situation toute différente. Ces fautes nous sont imputées et, si nous ne prenons pas rapidement de décisions à cet égard en nous jugeant nous-mêmes, et en prenant des mesures énergiques pour nous corriger, le Seigneur lui-même nous jugera et nous châtiera. — I Cor. 1131, 32.

Les enfants du Seigneur doivent se confier pleinement en Lui dans tous leurs soucis, leurs embarras et leurs épreuves, ils doivent se garder eux-mêmes dans la paix et la patience. Nous devons attendre patiemment que le Seigneur dirige le résultat final de nos expériences selon ses voies qui sont les meilleures. Combien il est néces­saires que nous sachions attendre patiemment ce que le Seigneur nous destine. Le psalmiste a dit : » j’attends l’Eternel, mon âme l’attend, et j’espère en sa parole. Mon âme attend le Seigneur, plus que les gardes, le matin, que les gardes, le matin. (Ps. 130 5, 6). Dans toute épreuve dans le chagrin et la détresse, lorsque la discorde amère, les douloureuses mortifications, et les blessures qui font saigner le cœur menacent de nous accabler, que tout enfant de Dieu se rappelle que le Seigneur connaît toutes ces choses, qu’il nous aime et prend soin de nous ; son ange protecteur est près de nous et aucune épreuve trop lourde ne sera permise. Notre cher Maître se tient auprès du creuset et il ne permettra jamais à la chaleur du foyer de devenir trop intense, afin de ne pas altérer ou détruire l’or précieux de nos caractères ; si les expériences et épreuves que le Seigneur nous envoie dans sa grâce ne pouvaient accom­plir aucun bien en nous, il ne les permettrait pas, car il nous aime trop en effet pour permettre des chagrins et des souffrances inutiles.

LA RÉCOMPENSE DE NOTRE ATTENTE PATIENTE

 » Remets ta voie sur l’Eternel et repose-toi sur lui ; et, lui, il agira ; et il fera ressortir ta justice comme la lumière et ton droit comme l’éclat de midi. Garde le silence, tourné vers l’Eternel, et attends-toi à lui. » (Ps. 37 5-7). Ne soyons pas déçus et découragés, ne laissons pas notre foi défaillir à l’heure de l’épreuve de patiente endurance, lorsque la paix et la tranquillité extérieures après lesquelles nous aspirons ont disparu depuis longtemps. Notre Père céleste ne nous a pas oubliés, même si la réponse à nos prières semble être retardée. La paix extérieure et le calme ne sont pas toujours les conditions les mieux appropriées à nos besoins de nouvelles créatures ; nous ne désirons certes pas rester dans des conditions, dans un état de choses qui ne permettrait pas la croissance et le développement précieux fruits de l’esprit en nous ; aussi » ne soyez pas surpris comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous au contraire. » (1 Pier. 4 :12, 13). Celui qui compte les cheveux de notre tête ne reste pas indifférent aux souffrances et aux besoins du plus humble et du plus faible de ses enfants. Combien il est doux à nos cœurs de savoir que le Père céleste prend un soin si plein d’amour et si constant de nous ! » S’il donne le repos, qui répandra le trouble ? » ,

Dans toutes leurs afflictions et leurs détresses, les saints ont une consolation bénie que le monde ne connaît pas du tout. Cette consolation, connue des enfants de Dieu seuls, quelle est-elle donc ? Comment peuvent-ils connaître les douceurs de ces divines consolations, ceux qui ne se sont jamais enrôlés sous la bannière de la croix, ceux qui ne se sont jamais remis entièrement entre les mains du Seigneur pour être moulés et façonnés à sa glorieuse ressemblance eux qui n’ont jamais fait de sérieux efforts pour arrêter le flot des penchants de leur nature déchue, ceux qui n’ont jamais combattu sérieusement pour la cause de la vérité et de la justice au sein d’une génération perverse et déshonnête ? Cette divine consolation des enfants de Dieu est le précieux baume de Galaad pour les cœurs blessés dans les ba­tailles de la vie, c’est le souffle d’air rafraîchissant et stimulant qui réconforte les âmes défaillantes durement

8 Janvier 1916                                                                            

opprimées par un ennemi infatigable ; cette consolation, c’est aussi la caresse douce et calmante, d’une main aimante qui vient reposer sur le front enfiévré de celui qui lutte noblement pour la vérité et la piété, c’est le doux rayon d’espérance, d’amour et d’encouragement raffermissant le cœur et la chair qui succombent. Cette consolation divine est la seule ayant quelque vertu, qui puisse guérir et rafraîchir, elle est réservée aux seules âmes nobles qui portent fidèlement leur fardeau et la chaleur du jour au service du Roi des rois ; ceux, par contre, qui se laissent entraîner avec indifférence par le courant du monde et des penchants dégénérés de leur nature charnelle, ne soupçonnent même pas la douceur de ces consolations divines.

Combien notre Père céleste est tendre, aimant, sage et puissant. Ses promesses n’ont jamais failli, n’ont jamais déçu ceux qui avaient placé leur confiance en Lui. Par­fois nos efforts pour devenir bons et pour faire le bien paraissent rester stériles ; il nous semble que l’opposition en nous-mêmes et au dehors est très forte ; mais c’est lorsque nous comprenons notre faiblesse, notre impuis­sance et notre incompétence que nous pouvons devenir forts dans le Seigneur, forts de sa force toute-puissante ; c’est alors que nous voyons sa force agir à la perfection dans notre faiblesse. Nous pouvons être faibles et in­firmes, mais ceci ne nous sépare pas de l’amour et de la puissance de notre Dieu, lorsque nous nous efforçons d’accomplir sa volonté, » car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière

Saisissons donc et retenons toujours davantage cette force du Seigneur, afin que nous puissions poursuivre courageusement notre course terrestre dans la voie étroite des difficultés et des épreuves. Le ministère de douleur et d’affliction a vraiment une valeur inestimable pour les saints de Dieu.

VOUS AVEZ ENTENDU PARLER DE LA PATIENCE DE JOB »

Les saints de tous les âges ont appris à connaître les bénédictions résultant des afflictions et des chagrins. David dit : » Il m’est bon d’avoir été humilié, afin que j’apprisse tes statuts » Il dit ailleurs » Avant d’avoir été humilié je m’égarais ; mais à présent je garde ta parole » . (Ps. 119 71, 67). Job le fidèle serviteur de Dieu eut à endurer des épreuves terribles et accablantes, mais, lorsqu’elles eurent produit le résultat désiré, le Seigneur lui accorda de grandes bénédictions. Job sup­porta avec succès ces épreuves et fut fortifié par ces amères expériences. Peu d’entre nous, personne peut-être, ne pourrait souffrir davantage. Job perdit toutes ses richesses, puis tous ses enfants chéris, puis enfin l’amour et la confiance de sa femme, puis finalement il fut frappé d’une douloureuse maladie, une éruption d’ulcères des pieds à la tête. Par dessus le tout, il reçut la visite de trois de ses amis qui avaient entendu parler de ses grandes épreuves ; ces derniers, au lieu de le réconforter véritablement, ne firent qu’ajouter à ses chagrins en lui assurant que la cause de tous ses malheurs devait pro­venir de ses propres péchés, que toutes ses épreuves étaient assurément des châtiments du Seigneur à cause de son infidélité. Vraiment le pauvre Job était dans de terribles afflictions.

Cependant Job perdit-il sa foi en Dieu ? Ecoutons-le plutôt : » L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté ; que le nom de l’Eternel soit béni ! » (Job 1 21). Il dit aussi plus loin : » Voila qu’il me tue ; je ne laisserai pas d’espérer en lui » . (Job 13 :15). Job fut certainement très éprouvé et humilié, cependant il conserva son caractère intact et sa foi dans le Seigneur au travers de toutes ses épreuves ; il n’accusa pas Dieu d’injustice et Dieu n’abandonna pas son fidèle serviteur ; le Seigneur réprouva même les accu­sateurs de Job, exigea d’eux un sacrifice, il demanda aussi à Job de prier pour eux, afin qu’ils obtinssent le pardon de leur fautes. Au terme de ses malheurs, Job reçut des bénédictions plus abondantes que jamais aupa­ravant. Dieu fit de Job un type symbolique et grand de la famille humaine, de ses malheurs dans sa condition déchue, de son rétablissement final dans tout ce qui avait été perdu en Adam, augmenté des bénédictions provenant des expériences acquises qui rendront sages les hommes. Combien le Seigneur est fidèle dans toutes ses voies ; ses enfants ne devraient jamais douter de son amour, car la foi peut se confier en Lui quoi qu’il advienne.

LA VALEUR INESTIMABLE D’UNE COMMUNION INTIME AVEC DIEU

Lorsque notre confiance constante dans le Seigneur et dans ses réponses providentielles au cours de notre vie s’est développée, a atteint une certaine maturité, elle devient une communion intime avec le Seigneur et nous apprenons à trouver tout notre bonheur, toute notre joie en lui. Vraiment, quand le cœur répond au cœur, quand nos prières de supplications nous apportent des réponses de paix, quand nous avons reconnu l’amour et la solli­citude divines guidant nos voies, c’est alors que nous pouvons reconnaître la présence constante du Père et du Fils auprès de nous. Dès lors, notre chemin peut être sombre, la tempête qui fait rage autour de nous peut être terrible, mais notre foi en la protection divine ne nous quitte plus, aussi les enfants du Seigneur ne sont jamais livrés au désespoir, ils peuvent être abattus mais pas détruits, ils peuvent être persécutés, Dieu ne les oublie jamais. Nous savons que la main du Père céleste tient le gouvernail, que son amour et sa sollicitude pour nous sont certains et ne feront jamais défaut.

Ceux qui sont entrés en véritable communion du cœur avec Dieu ont appris à le considérer comme la source de toute bonté, de toute vérité et de toute bénédiction. Pour ceux-là, Dieu est celui qui aime, sa loi fait leur bonheur, son amitié et son amour forment l’essence même de leur vie. Quand toutes les aspirations du cœur sont dirigées vers Dieu, il est tout naturel de remettre toutes ses voies entre les mains de Dieu ; on peut dire alors de ces cœurs qu’ils aiment mieux marcher dans l’obscurité avec Dieu que d’être seuls dans la lumière ; ils aiment mieux marcher par la foi avec Lui que de marcher par la vue sans Lui.

Assurément ces gens-là ont réalisé les désirs de leur cœur et ils obtiendront toute bonne chose ; leurs prières ferventes ont une grande efficacité ; maintenant ces per­sonnes-là peuvent être incomprises, calomniées, méprisées, peu importe, au jour fixé par le Seigneur, leur justice et leur droiture seront manifestées comme la lumière, avec clarté, sans brume aucune partout au loin ; on verra comme en plein midi le discernement, la justice, la droi­ture de leur conduite et de leurs cœurs. Même pendant notre séjour ici bas comme étrangers et inconnus dans le pays de l’ennemi, nous serons nourris, matériellement et spirituellement ; nous nous réjouirons et nous serons heureux dans la maison de notre pèlerinage. Les pro­messes de Dieu sont vraiment précieuses et tous ses saints du passé et du présent rendent un témoignage éloquent de l’accomplissement de ces promesses ; ces saints ont adressé et adressent encore leurs louanges à Dieu pour ses grâces abondantes. Qui perdrait courage lorsqu’un tel courant d’eau de la vie ruisselle continuel­lement pour apaiser toute soif ; c’est le flot des grâces divines qui d’âge en âge, comme le Seigneur lui-même, ne fait jamais défaut.

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