Le « Double» d’Israël — un fait et une théorie
par C. T. Russell
Pasteur du « Brooklyn Tabernacle »
Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que l’article qui suit a été écrit vers l’année 1910. Très instructif par l’explication des prophéties mentionnant une période de temps appelée « double », dans l’histoire d’Israël, il jette une lumière sur les causes du retour de ce Peuple en Terre Sainte et sur son glorieux avenir.
C’est un fait que l’histoire du peuple hébreu se divise d’une manière naturelle en deux parties égales 1845 1/2 années de faveur, suivies d’un processus de rupture de grâce, dans l’affliction, de 37 1/2 années, et 1845 1/2 années de défaveur, suivies de 37 1/2 années de retour de faveur et de réveil d’entre la cendre. C’est aussi un fait que cette division, apparaissant dans les expériences d’Israël, est distinctement montrée dans la Bible, dans les propres Ecritures des Israélites. Un fait aussi remarquable mériterait de retenir la plus profonde attention à la fois des Juifs et des Chrétiens, même s’il n’avait pas été noté dans les Saints Ecrits. Mais on le trouve clairement décrit dans les prophéties d’inspiration divine, et ce fait ordonne à tous ceux qui révèrent la Bible comme message divin, d’en prendre note. Si nos amis hébreux voulaient sonder les Ecritures et comprendre cela, le mouvement sioniste et en général toutes les espérances renaissantes du peuple choisi par Dieu y gagneraient en force. Assurément, des faits aussi remarquables ne peuvent être considérés comme accidentels ! Assurément, ils sont l’indice d’un dessein poursuivi par le Grand Surveillant des affaires terrestres ! Assurément, ils indiquent que Celui qui appela Israël, l’invitant à devenir Son Peuple Choisi, est aussi Celui qui le dispersa, comme l’ont prédit les prophètes ; et c’est Celui qui promit qu’en Son propre temps non seulement Il rassemblerait dans la Terre promise un reste de ce peuple, mais Il lui témoignerait de nouveau Sa faveur. Sous l’influence de cette faveur, les Israélites deviendront la grande nation de la terre vers laquelle afflueront toutes les autres nations, et par laquelle, conformément à la promesse divine originelle, la bénédiction de Dieu se répandra sur toute nation, peuple, tribu et langue durant les mille années du règne de Christ, durant le Millénium. Mais il ne faut pas nous contenter d’affirmer. Il nous faut prouver ces faits.
1845 1/2 années de faveur accordée à Israël
La date du commencement de la nation d’Israël ne soulève aucun doute. Elle se situe à la mort de Jacob, au moment où celui-ci appela ses douze fils à son chevet et leur donna une bénédiction collective qui les rendait participants de la grande promesse faite par Dieu à Abraham, et confirmée par un serment à Isaac et à Jacob (Ps. 105 :9, 10). Nous ne devons pas nous attendre à ce que la Parole de l’Eternel spécifie la période de temps qui s’écoula de la mort de Jacob au printemps de l’année 33, lorsque, sans le savoir, les Juifs crucifièrent le Seigneur de Gloire (Actes 3 : 17). Il nous faut plutôt comprendre que la méthode employée par Dieu est de tenir secrets les divers traits de Son Plan et de ne permettre qu’ils soient compris que lorsque vient le moment fixé pour leur accomplissement, ce qui pour nous est une preuve de la prescience de Dieu. En conséquence, il n’est pas surprenant que la date de la mort de Jacob — le commencement exact de la nation juive — ait été laissée dans l’ombre jusqu’à un certain point, tout en étant pleinement révélée d’une manière indirecte. Saint Paul, membre pendant un certain temps du Sanhédrin juif, bien au courant par conséquent des traditions de son époque et, par la suite, divinement inspiré dans ses discours, déclare que la Loi a été donnée 430 années après la conclusion de l’Alliance avec Abraham. Le premier trait de la Loi fut la Pâque qui eut lieu la nuit ayant précédé l’exode d’Egypte. Ce point étant fixé, il nous suffit de déterminer le temps séparant l’entrée d’Abraham dans le pays promis, moment où il devint héritier de l’Alliance, de la mort de Jacob. Ce fut une période de 232 années, comme nous allons le démontrer.
Abraham était âgé de 75 ans lorsque l’Alliance fut traitée avec lui, à la mort de Térach (Gen. 12 :4), et Isaac naquit 25 ans après. — Gen. 21 : 5.
Nous avons ainsi de l’Alliance à la naissance d’Isaac | 25 ans |
De la naissance d’Isaac à la naissance de Jacob (Gen. 25 :26) | 60 ans |
De la naissance de Jacob à sa mort (Gen. 47 :28) | 147 ans |
Le total des années, de la conclusion de l’Alliance avec Abraham à la mort de Jacob, qui marque le commencement de l’histoire nationale d’Israël, a été de | 232 ans |
De l’Alliance Abrahamique, du jour où Abraham entra en Canaan, jusqu’au jour où Israël quitta l’Egypte, lors de la Pâque, il y eut | 430 ans |
Nous déduisons la période allant de l’Alliance à la mort de Jacob, comme elle est déterminée ci-dessus | 232 ans |
Nous avons ainsi ce que nous cherchons, la durée du temps séparant la mort de Jacob de l’exode de sa postérité, durée qui fut de auxquels il y a lieu d’ajouter — La période vécue dans le désert — La période passée en Canaan jusqu’à la division du pays entre les tribus — La période des Juges — La période des rois de Juda — La période de la Désolation — La période allant de la fin de la Désolation, décidée par Cyrus, roi mède, à l’an 1 du Seigneur | 198 ans 40 ans 6 ans 450 ans 513 ans 70 ans 536 ans |
Total des années s’étant écoulées de la mort de Jacob au commencement de la période connue comme Anno Domini (Année du Seigneur) | 1813 ans |
De l’A.D. 1 à la crucifixion de Jésus survenue lors de la Pâque, au printemps de l’A.D. 33, selon le mode de calcul juif | 32 1/2 ans |
Durée totale de la période pendant laquelle Israël a attendu le Royaume, jouissant de la faveur divine et étant reconnu par Dieu | 1845 1/2 ans |
Nos amis hébreux seront peut-être enclins à contester la fixation au printemps de l’année 33 de la date de la fin de la faveur dont ils jouissaient, parce que cette date s’identifie à Jésus et à Sa mort. Mais dans la prédiction qu’Il fit cinq jours avant Sa mort, alors qu’Il pleurait sur la Sainte Cité, Jésus déclara « Jérusalem, Jérusalem, la [ville] qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j‘ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis: Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom ‘du Seigneur ! » (Matth. 23 : 37-39, Darby). Toutes les personnes raisonnables devraient se laisser convaincre par les faits. La mort de Jésus est un fait attesté par les millions d’êtres qui édifient leur foi, contrairement à la logique courante, sur la mort soufferte pour les autres par Celui qu’exécutèrent Ses compatriotes, non parce qu’Il prétendit être Jéhovah, mais parce qu’Il se déclara « l’envoyé de Dieu », « le Fils de Dieu », « le Messie ». Interprétez le fait comme vous le pourrez, il est là et il mérite considération.
L’histoire nous informe que les afflictions nationales d’Israël commencèrent peu après la mort de Jésus. L’histoire des 37 1/2 années, qui se situent entre la mort de Jésus et la destruction complète de Jérusalem par Titus et son armée, est élaborée par l’historien juif Josèphe de telle manière qu’elle ne nécessite pas de commentaires de notre part. Josèphe indique que durant cette période l’insurrection éclata, l’agitation s’accrut jusqu’à ce que, à la fin, il ne resta pratiquement rien d’autre à faire à l’Autorité romaine que de s’affirmer, une fois pour toutes. Israël en tant que nation, en tant que Royaume périt en l’année 70, comme beaucoup de prophètes l’avaient prédit.
Il y a lieu maintenant de noter un fait remarquable ; c’est qu’une période correspondante de 1845 1/2 années, partant de la mort de Christ (Année du Seigneur 32 1/2) nous amène en 1878, année mémorable en raison de la Conférence de Berlin organisée par les Nations et qu’un Hébreu, Disraeli, comme représentant de la Grande-Bretagne, eut l’honneur de présider. En outre, les décisions de cette Conférence exercèrent une grande influence sur les affaires du Peuple choisi par Dieu. Les Grandes Puissances d’Europe y décidèrent de placer les divers Etats balkaniques, divisions de l’Empire turc, sous le contrôle des Gouvernements qui avaient des intérêts dans cette région. Par cette division de responsabilités, opérée en vue d’assurer la paix dans les provinces turques, l’Egypte et la Palestine, en tant que parties de l’Empire turc, furent placés sous la protection de la Grande-Bretagne et de la France. Le creusement antérieur du Canal de Suez ne fut pour les Français qu’un succès partiel ; en confiant aux Anglais le soin de s’occuper de ce Canal, ils abandonnèrent à ceux-ci leurs responsabilités en Egypte et en Palestine, bien que le Gouvernement égyptien et l’autorité turque fussent tous deux reconnus.
Il en a résulté une considérable ouverture de l’Egypte, et les Anglais se rendirent compte que leur intérêt financier leur commandait de l’exploiter. La Palestine, toute proche, était trop pauvre pour être exploitée; les Anglais en profitèrent néanmoins grandement pour étendre leur influence en Egypte. La paix et la sécurité accrues qui prévalaient sous le drapeau britannique ont été bénéfiques pour le pays durant les trente-deux années écoulées [article écrit vers l’année 1910, trad.]. Entre-temps, la bénédiction de Dieu revenait à un degré remarquable au peuple hébreu, dans les divers pays où il était dispersé. Les Juifs s’élevaient jusqu’à occuper un rang proéminent non seulement du côté de la finance, mais aussi dans des cercles littéraires et scientifiques. En un mot, depuis le Congrès de Berlin de l’année 1878, l’étoile d’Israël poursuit une marche ascendante. [Comme sont véridiques ces paroles écrites alors que l’Etat d’Israël n’existait pas encore Trad.].
Même les persécutions permises par la Providence en Russie (et les Saints Ecrits indiquent qu’on peut s’attendre encore à d’autres persécutions) ont exercé une influence profitable sur cette nation. Elles ont réveillé les Juifs et engendré chez nombre d’entre eux le désir ardent de revenir à leur Terre. Un de leurs résultats est le Mouvement Sioniste qui captive de plus en plus le cœur des patriotes israélites, spécialement ceux qui respectent encore la Promesse et le Serment faits par Dieu à Abraham: « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. »
D’une ligne prophétique entièrement différente, nous montrerons plus tard que, selon les Ecritures Israël doit être rétabli comme nation dans un avenir proche [nous répétons que cet article a été écrit vers l’année 1910, trad.]… Les Ecritures indiquent cependant qu’en ce temps-là ils subiront comme peuple une grande affliction. « C’est le temps de détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé. » (Jér. 30 : 7.). Cette délivrance sera si manifeste, si remarquable que le monde entier commencera à comprendre que la période au cours de laquelle Israël devait être rejeté, retranché de la faveur divine, n’a pas été prévue pour durer toujours, mais simplement pendant une période de temps égale à celle au cours de laquelle les Israélites ont joui de la grâce de Dieu.
Certains peuvent être disposés à nous rappeler que les Israélites ont expérimenté diverses captivités et subi divers pillages avant l’année 32 1/2 de notre ère. Nous en convenons, mais nous attirons leur attention sur le fait que dans toutes ces expériences, permises pour les éprouver, ils reçurent cependant des signes spéciaux ayant attesté que Dieu veillait sur eux et que ces tribulations étaient destinées à leur purification et à leur bénédiction. D’un autre côté, la période ayant commencé au milieu de l’année 33 [soit 32 1/2 années après le début de notre ère, trad.], est signalée d’une manière particulière par le Prophète ; selon celui-ci Israël serait alors privé de la faveur divine. « Je vous disperserai parmi les nations, et je tirerai l’épée après vous. » (Lév. 26: 33.). Le Prophète Esaïe, se référant à cette période, déclare: « Si l’Eternel des armées ne nous eût conservé un faible reste, nous serions comme Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe. » (Esaïe 1:9). Au chapitre 53, verset 1, parlant de nouveau prophétiquement, il annonce qu’Israël n’écouterait pas le message divin. Voici ses paroles: « Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? » Et il écrit encore prophétiquement à propos du rejet du Messie par les Israélites: « Je vous destine au glaive, et vous fléchirez tous le genou pour être égorgés; car j’ai appelé, et vous n’avez point répondu; j’ai parlé, et vous n’avez point écouté; mais vous avez fait ce qui est mal à mes yeux, et vous avez choisi ce qui me déplaît. C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l’Eternel: Voici, mes serviteurs mangeront, et vous aurez faim; voici, mes serviteurs boiront, et vous aurez soif; voici, mes serviteurs se réjouiront, et vous serez confondus; voici, mes serviteurs chanteront dans la joie de leur coeur; mais vous, vous crierez dans la douleur de votre âme, et vous vous lamenterez dans l’abattement de votre esprit. Vous laisserez votre nom en imprécation à mes élus; le Seigneur, l’Eternel vous fera mourir; et il donnera à ses serviteurs un autre nom. » — Esaïe 65: 12-15.
Beaucoup de Juifs comprennent que s’appliquent à eux avec à propos, durant cette longue période de temps au cours de laquelle ils ont été exclus de la faveur de Dieu, non seulement les prophéties susmentionnées, mais d’autres ayant annoncé que l’Eternel ferait d’eux un proverbe et un objet de moquerie parmi les nations où Il devait les disperser, qu’ils seraient sans prophète et sans sacrificateur pendant de nombreux jours, sans communication, quelle qu’elle fût, avec Dieu. En remarquant l’accomplissement de ces prophéties prononcées contre Israël, nous ne devons pas oublier les témoignages de Dieu, tout aussi forts, rapportés par les Prophètes et stipulant que « Celui qui a dispersé Israël le rassemblera ». «C’est pourquoi voici, les jours viennent, dit l’Eternel, où l’on ne dira plus: L’Eternel est vivant, Lui qui a fait monter du pays d’Egypte les enfants d’Israël! Mais on dira: L’Eternel est vivant, Lui qui a fait monter les enfants d’Israël du pays du septentrion (la Russie, où résident près de la moitié des Juifs [c’était en 1910, trad.]), et de tous les pays où Il les avait chassés! Je les ramènerai dans leur pays, que j’avais donné à leurs pères. » — Jér. 31 :10 ; 16 :14,15.
En outre, il est explicitement déclaré qu’après cela l’Eternel ne dispersera plus jamais Son peuple, et qu’au contraire, en ce temps-là, Il conclura avec les Israélites une Nouvelle Alliance, leur fournissant un meilleur Médiateur que Moïse, le Messie, à propos duquel Moïse écrivit: « Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi; vous l’écouterez dans tout ce qu’il pourra vous dire; et il arrivera que toute âme qui n’écoutera pas ce prophète sera exterminée d’entre le peuple. » — Deut. 18:15,18 (Actes 3: 22, 23).
Le caractère complet de leur dispersion et leur cas apparemment désespéré [c’était encore le cas en 1910, trad.] doivent être reconnus par tous les Hébreux réfléchis. Ils sont privés non seulement de roi, mais aussi de sacrificateur. La confusion engendrée par leur dispersion fut si grande qu’aucun Juif du monde ne peut affirmer avec certitude à quelle tribu il appartient. En conséquence, personne ne peut établir son arbre généalogique pour démontrer qu’il descend de la tribu de Lévi et de la maison d’Aaron. N’ayant pas de sacrificateur, ils ne peuvent avoir même un simulacre de Jour de Réconciliation et de ses sacrifices typiques pour les péchés. (…)
Ce Double, ou Parallèle, a été prédit.
Si nous avons maintenant clairement à l’esprit les faits tels qu’ils nous sont rapportés par l’histoire; si nous voyons qu’Israël jouissait de la faveur divine de la mort de Jacob jusqu’à la mort de Christ et qu’à cet instant même son déclin commença; si nous comprenons qu’une période de temps similaire, à partir de la mort de Jésus, amena les Juifs à un réveil de leurs espérances, en 1878, et si nous voyons que les 37 1/2 années de déclin, alors, trouvent leur parallèle actuellement dans 37 1/2 années d’élévation à la faveur et d’exercice d’une influence grandissante, réjouissons-nous-en et regardons plus avant. Nous jetterons, pour suivre, un regard sur les prophéties qui prédirent distinctement ce « double », ou parallèle, signifiant une période de faveur pour Israël et une période égale de défaveur.
Après cette déclaration: « Je vous jetterai de ce pays dans un pays que vous n’avez pas connu, ni vous ni vos pères; et vous servirez là d’autres dieux (gouvernants), jour et nuit, parce que Je ne vous témoignerai aucune faveur» (Jérémie 16: 9-13), nous lisons au verset 18: «Et je rendrai premièrement (avant le retour de la faveur) le double de leur iniquité et de leur péché »; le double, du mot hébreu misllneh. Que pourrait-il y avoir de plus clair que cela? Le prophète déclare que depuis le moment de l’exclusion des Israélites de toute grâce jusqu’au moment de leur retour à cette grâce, il y aurait une répétition, une duplication du temps au cours duquel s’est façonnée leur histoire antérieure et pendant lequel ils ont joui de la faveur divine. Nous avons déjà indiqué que ce double était un trait particulier de l’histoire d’Israël et montré que son point tournant se situe au moment où les Israélites ont rejeté Jésus comme Messie, ce qui eut lieu lorsqu’ils crièrent contre Lui à Pilate: « Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Le Seigneur les prit au mot. Ils ont eu ensuite à subir un châtiment sévère. Pendant ce temps, leurs cœurs et leurs esprits ont été aveuglés, et ils le sont encore, par un préjugé qui a pour cause quatre raisons majeures:
1: L’enseignement de certains selon lequel Jésus, en Son unique personne, était à la fois Père et Fils, à la fois le Tout-Puissant et le Messie. Cet enseignement erroné, l’intelligence juive le rejette à bon droit comme anti-scriptural et irrationnel en même temps.
2: Les Israélites ne comprirent pas combien grand devait être leur Messie; ils ne comprirent pas que, pour leur donner la vie éternelle, à eux, êtres humains, et pour étendre à d’autres, par eux, cette même bénédiction, il fallait que le Messie mourut d’abord, il fallait que d’abord Il sacrifiât Sa vie terrestre pour pouvoir la donner à Israël et au monde, tandis que le Père, Jéhovah, L’élevait au plan céleste d’existence, Le récompensant ainsi pour Son obéissance et le sacrifice qu’Il fit de Soi-même.
3: Il est une autre affaire que les Israélites ne perçurent pas, et il n’y a pas lieu de les en blâmer spécialement; c’est le fait que Dieu se proposa de sélectionner d’entre le genre humain une petite poignée d’hommes, pour en faire des associés du Messie dans la glorieuse œuvre qu’Il effectuera dans Son Royaume: la bénédiction d’Israël et du monde en rapport avec la Nouvelle Alliance promise à Israël en Jérémie 31 : 31 et ailleurs. Ce fait, que le Messie aurait une Eglise ou « Corps » qui Lui serait associé, sur le plan spirituel, n’est nulle part spécifié dans la promesse abrahamique originelle, bien qu’il y soit sous-entendu. L’Eternel dit à Abraham: « Ta postérité sera comme les étoiles du ciel et comme le sable au bord de la mer ». Dans cette illustration, les étoiles représentent la postérité spirituelle, céleste d’Abraham, une postérité plus élevée, l’Eglise. Le noyau de cette « postérité d’Abraham » spirituelle fut choisi d’entre les Juifs, et le reste est choisi depuis d’entre les Gentils. Cette postérité spirituelle se rassemble durant la seconde moitié du mishneh d’Israël, de son « double».
4 : Une autre affaire a encore brouillé nos amis hébreux sur ce sujet. C’est le fait qu’ils ne distinguent pas entre l’Eglise chrétienne nominale, comptant des centaines de millions de membres, et le petit nombre de Saints, perdus pour l’œil humain dans cette masse imposante. Cette poignée de Saints constitue l’«Eglise des Premiers-nés» les sacrificateurs et les Lévites antitypiques. Même pour les Chrétiens, comme le déclare l’Apôtre, cette élection ou sélection des Saints de cet Age de l’Evangile, appelés à former la postérité spirituelle d’Abraham, est un « mystère ». — Col. 1 : 26, 27.
Le jour même du point tournant est indiqué.
Nous continuerons en citant le témoignage de Dieu rapporté par un autre prophète qui indique le jour même où le « double » d’Israël parvint à son « point tournant », le jour même où se termina le premier « pli », la division des expériences d’Israël relative à la grâce, et où commença le second « pli », la division des expériences d’Israël relative à la disgrâce. Avant de citer cette prophétie, nous attirons l’attention sur le fait que les différentes prophéties traitant de ce sujet sont exprimées de différents points de vue et en parlent comme si le Prophète se trouvait en un point de temps et en un endroit particuliers. Jérémie, par exemple, s’est placé en son propre jour et a dit : « Voici les jours viennent, dit l’Eternel, où je ferai » ceci et cela, et je vous rendrai le « double ». La prophétie que nous citons maintenant est différente. Zacharie (9 : 9-12), dans une vision prophétique, a pris position à la fin du temps de faveur accordé aux Juifs, le jour même où leur «double», leur mishneh parvint à son point tournant, le jour-même où Jésus, accomplissant les paroles du prophète, monta au sommet du Mont des Oliviers, assis sur un âne, et là, regardant Jérusalem, pleura sur elle et déclara : « Votre maison vous est laissée déserte ».
Notez la preuve de ce que nous affirmons. La prophétie stipule : « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton Roi vient à toi; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un âne, le petit d’une ânesse ». (C’est Celui-là même qui fera finalement cesser les combats dans le monde et qui parlera de paix aux nations, et dont la domination s’étendra d’une mer à l’autre, des rivières jusqu’aux extrémités de la terre). Mais d’abord le pouvoir national devait être ôté aux Juifs pour un certain temps. Nous lisons ainsi (V. 12) : « Revenez à la place forte, prisonniers de l’espérance ! » C’est l’invitation du Messie adressée « aux Juifs premièrement ». Mais prévoyant le rejet de l’invitation par la nation dans son ensemble, le Seigneur ajoute par le Prophète : « Aujourd’hui même, je le déclare : Je te rendrai le double. »
D’honorables témoins juifs mentionnés dans le Nouveau Testament indiquent que Jésus s’offrit de cette manière aux Israélites comme Roi et en même temps comme Agneau Pascal ; c’était le 9ème jour du premier mois de l’année 33, cinq jours avant Sa crucifixion comme Agneau Pascal, le jour même où l’agneau pascal devait être introduit dans les maisons de ceux qui seraient protégés par l’aspersion de son sang et qui devaient se nourrir de sa chair. Nous ne censurons pas les Israélites dans leur ensemble pour n’être pas suffisamment spirituels et ne pas discerner les opportunités bénies qui s’offrirent à eux ; nous constatons que depuis de semblables conditions ont prévalu et prévalent aujourd’hui dans toute la Chrétienté. Seul un petit nombre de membres, d’entre les Juifs comme d’entre les Gentils, ont été suffisamment saints pour faire partie de la postérité spirituelle d’Abraham, élue, sélectionnée, ou même pour comprendre ce « mystère ». Cependant, bientôt, comme membres du Grand Messie et sous la conduite de Jésus glorifié, ces saints, ces membres de l’Eglise engendrés de l’Esprit commenceront à mettre à exécution en faveur d’Israël, et par Israël en faveur de toutes les nations, la glorieuse promesse faite à Abraham : « Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité ».
Elle a reçu… le double
Notons maintenant un troisième passage biblique qui parle du double d’Israël (Esaïe 49 : 1, 2). Tandis que Jérémie envisageait le sujet du passé lointain et parlait de ce qui arriverait, et que Zacharie se plaçait au point tournant du double » et parlait du jour même où commença la seconde moitié des expériences survenues à Israël, Esaïe adopta un point de vue différent. Se plaçant prophétiquement à la fin du double, en 1878, Il crie : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que sa servitude est finie, que son iniquité est expiée, qu’elle a reçu de la main de l’Eternel (Version Segond) le double (la seconde moitié de ses expériences, le rejet) pour tous ses péchés (Version Darlzy). »
Lent, en vérité, à comprendre tout ce qui est écrit dans la Bible, serait le cœur qui ne verrait rien dans ces merveilleuses coïncidences et il serait vain de lui multiplier les preuves ou de l’exhorter à la foi. Pour apprécier la Parole Divine il faut avant tout avoir une attitude d’esprit droite, vouloir être enseigné. Ceux qui n’ont pas encore atteint cette condition de cœur, doivent attendre. S’ils ne peuvent recevoir instruction au moyen de l’œil, de l’oreille ou du cœur de la Foi, il leur faut attendre qu’aient eu lieu les manifestations effectives du prochain « temps de détresse » et le relèvement subséquent d’Israël, conformément à ces prophéties.
Le peuple choisi par Dieu
Les Juifs doivent-ils devenir Chrétiens pour recouvrer la faveur divine ?
Si l’on emploie le mot Chrétien dans le sens commun qu’on lui attribue lorsqu’on l’applique aux diverses sectes, catholiques et protestantes, nous répondrons : Non ! Telle n’est pas la future ligne de conduite des Juifs, tracée dans la Bible. Nous n’oublions pas que ceux qui pour la première fois furent appelés Chrétiens, à Antioche, étaient tous des Juifs. Nous n’oublions pas non plus que le « Haut Appel » à devenir des Israélites spirituels, des « saints », s’adresse aux gens de toute tribu, nation et langue, et par conséquent aux Juifs aussi bien qu’aux autres hommes. Mais nous faisons une grande différence entre les Chrétiens des jours des Apôtres et le nominalisme qui, aujourd’hui et depuis des siècles, s’attache au titre de Chrétien. Nous ne connaissons aucune raison qui pourrait empêcher le Juif saint d’accepter, ce qui serait tout à son honneur et dans le respect absolu de la religion juive, l’invitation de l’Evangile, pour devenir un Israélite spirituel. Les Israélites spirituels sont réellement des Juifs saints ; ils acceptent toutes les promesses faites par Dieu à Abraham et à sa postérité ; ils reconnaissent l’Alliance de la Loi conclue au Mont Sinaï avec le peuple que Dieu s’est choisi, et ils admettent non seulement les types des choses célestes (des choses plus élevées), mais aussi leurs antitypes, les réalités spirituelles.
Ce sont les erreurs multiples associées au nom de « Chrétien » qui rendent répugnants aux Juifs ce nom et le système de doctrines qu’il représente ; elles les rendent répugnants à d’autres personnes également, à beaucoup de gens pensants que l’on trouve à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur des diverses sectes de la soi-disant Chrétienté.
Quelques-unes des différences chez les Juifs
La longue formation du Juif dans le monothéisme constitue pour lui un premier empêchement. Il lit dans la Loi : « Ecoute, Israël ! L’Eternel notre Dieu, est un seul Eternel. Tu n’auras pas d’autres Dieu devant Lui. » Avec ce commandement précis résonnant continuellement à ses oreilles, en tant que première et principale déclaration du Décalogue, est-il étonnant que le Juif rejette la doctrine de la Trinité ? C’est une absurdité pour lui, en vérité, qu’il y ait trois Dieux en un seul, ou bien, comme d’autres l’affirment, trois personnes ou représentations d’un seul Dieu, ou bien, comme d’autres encore le déclarent, trois Dieux égaux en puissance et en gloire ayant un seul dessein. Pour rallier la Chrétienté, il faudrait que le Juif acceptât cette déclaration contre laquelle se rebellent non seulement son sens moral, mais aussi son sens commun entier. Il repousse promptement, comme contraire à tous ses Saints Ecrits, l’idée de l’existence de plus d’un Dieu.
Quand d’autres s’approchent du Juif en partant d’un point de vue différent, et lui disent : Nous convenons avec vous qu’il y a un seul Dieu, mais Il s’est manifesté de trois façons différentes, et Jésus était une de ses manifestations, le Juif répond : Voudriez-vous me faire croire que Jésus était Jéhovah Dieu, et que lorsqu’Il mourut au Calvaire, le grand Roi de l’univers expira ? Je ne pourrai jamais croire à une absurdité pareille
Le Trinitaire répond : Il faut que vous y croyiez, sinon vous serez condamné aux tourments éternels ; rien de moins que cette croyance ne pourra vous sauver. Il faut que vous croyiez que Jéhovah Dieu apparut sous la forme d’un homme et que sa mort au Calvaire fut indispensable au salut de l’homme. Vous pouvez adopter l’un ou l’autre de deux points de vue sur le sujet, qui nous divisent, nous autres Trinitaires : Vous pouvez affirmer que lorsque Jésus mourut sur la croix, Jéhovah mourut et nous fûmes sans Dieu jusqu’au troisième jour qui suivit et au cours duquel Il ressuscita d’entre les morts. Ou bien vous pouvez dire, comme le font d’autres Trinitaires, que lorsque Jésus mourut sur la croix, Jéhovah ne mourut pas, mais se sépara simplement du corps auquel Il a été uni pendant trente-trois années et demie. Avec ces Trinitaires, vous pouvez dire que Jésus feignait simplement de prier Jéhovah, l’appelant Père, lorsqu’Il priait, qu’Il se comportait (remplissant une partie d’un plan général dont l’ensemble était une supercherie) comme si c ‘était Dieu qui pendant “un certain temps apparaissait comme un homme, ayant part aux faiblesses humaines et éprouvant les besoins propres à la nature humaine — Il s’affligeait, pleurait, mangeait, buvait, dormait — mettant ainsi à exécution le plan trompeur.
Est-il étonnant que le Juif refuse de croire à des affirmations aussi irrationnelles et anti scripturaires, à propos de Jéhovah Dieu ? Nous pensons qu’un mérite lui revient d’avoir rejeté des allégations aussi déraisonnables et de s’être cramponné pendant des siècles aux enseignements des Saints Ecrits. Nous soutenons qu’amener le Juif a des conceptions aussi erronées de la Vérité, et entraver ainsi sa raison et sa conscience, serait lui causer du tort.
Les Juifs ne devraient pas être « christianisés »
Ces enseignements mêmes ont déjà causé un préjudice incalculable aux Chrétiens, provoquant une inutile confusion de pensée et poussant beaucoup de gens vers l’agnosticisme. Au lieu d’aider les Juifs à accepter ces fausses croyances, contraires à la fois à l’Ancien et au Nouveau Testament, nous devrions aider les Chrétiens à se libérer de l’embrouillement de ces erreurs séculaires et à revenir aux simples enseignements de Jésus, des Apôtres et des Prophètes.
Comme l’Apôtre est clair quand il définit ce sujet, disant que pour les païens il y a beaucoup de Seigneurs et de Dieux, mais « pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses… et un seul Seigneur (Maître), Jésus Christ, par qui sont toutes choses » (1 Cor. 8 : 5, 6). Ecoutez encore la traduction correcte de Jean 1 : 1-3, 14 « Au commencement était la Parole et la Parole était avec le Dieu et la Parole était Un Dieu. Elle était au commencement avec le Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle… Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père ».
Comme le sujet est merveilleusement simple et clair lorsque nous acceptons cette explication inspirée relative à la parenté existant entre Jéhovah le Père et le Créateur de toutes choses, qui fut sans commencement, « d’éternité en éternité, Dieu », et le glorieux Fils de Dieu qui fut Sa première création et par qui Dieu exerça la puissance qui fut à l’œuvre lors de la création des anges et des hommes. Les versets que nous venons de citer ne sont pas des versets isolés dont l’enseignement serait contraire à l’instruction générale exposée dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. Bien au contraire, ils expriment l’essence même de tous les enseignements des Saints Ecrits. Jésus Lui-même déclara qu’Il vint pour effectuer non Sa volonté mais la volonté du Père qui L’avait envoyé. Il dit encore « Le Père est plus grand que moi. » (Jean 14 :28) Il est plus grand que tous. Le Seigneur déclara qu’Il vint, ayant été envoyé par Dieu, pour obéir à la volonté divine ; Il vint ayant reçu la promesse qu’Il serait de nouveau élevé au plan spirituel d’existence, une fois achevée l’œuvre que le Père Lui donna à faire et dans l’exécution de laquelle Il fut stimulé par la « joie qui Lui était réservée ». — Hébreux 12 : 2.
Il déclara en vérité que Lui et le Père étaient « un » ; mais Il montra qu’Il ne voulait pas dire « un » en personne, mais « un » dans le sens de la concorde, parce qu’Il ne fit pas Sa volonté, mais la volonté du Père. Il montra cela en priant dans le même sens pour Ses disciples « afin qu’ils soient un comme nous [comme Toi Père et Moi] », <un »non en personne, mais en ayant le cœur uni et en étant en communion avec le Père, participants de Son Esprit. — Jean 17 :11.
Promesses terrestres et célestes
Pas un seul verset, de la Genèse à l’Apocalypse, ne mentionne la Trinité ni ne suggère qu’il y ait trois Dieux égaux en puissance et en gloire. Comme tel verset n’existait pas, on en fabriqua un au septième siècle en ajoutant certains mots 1 Jean 5 : 7, 8. Tous les exégètes de la Bible sont au courant de cette adjonction ; ils savent qu’elle ne se trouvait dans aucun manuscrit antérieur au septième siècle. Pourquoi n’informent-ils pas les gens de la Vérité sur ce point ? Est-ce parce que cette doctrine est tellement enracinée dans tous les crédo qu’ils craignent que dire la vérité sur ce sujet pourrait pousser certains vers un examen général des Ecritures ? Nous répondrons que des milliers de gens tombent dans l’infidélité à cause de cette doctrine et des doctrines du Purgatoire et des Tourments Eternels. Nous insistons sur le fait que les plus intelligents parmi les Chrétiens perdent toute foi en la Parole Divine parce qu’on leur fait croire que ces absurdités qu’on leur enseigne sont les plus importants enseignements de la Bible, alors que, bien comprises, les Saintes Ecritures n’enseignent aucune de ces choses ; elles présentent au contraire un exposé du plan divin, conçu en vue du salut de l’homme et qui est le plus raisonnable, le plus logique, le plus conséquent qui eût pu être demandé.
Assurément, il ne nous faut pas essayer d’introduire le Juif dans les ténèbres et les contradictions dont nous nous efforçons de nous affranchir et d’affranchir les autres. Mais même si nous cherchions, par prosélytisme, à gagner le Juif à ces inconséquences, réussirions-nous ? Les efforts déployés au cours des dix-sept siècles passés, depuis que ces erreurs furent reçues par la Chrétienté, ont-ils porté fruit ? Tous les Juifs ne furent-ils pas pratiquement touchés par l’Evangile, touchés par ce pur message prêché par Jésus et les Apôtres et qui est aujourd’hui tombé en désuétude dans la Chrétienté, dans la mesure où sont concernés nos crédo « orthodoxes » ?
Jésus honoré comme un Grand Juif
Non pas un seul mais de nombreux rabbins juif s ont essayé de donner une conception juive de Jésus. Ils ont parlé du Seigneur dans les termes les plus flatteurs, Le présentant comme un grand Maître qui exposa des vérités importantes n’ayant pu être comprises en Son jour. C’est ainsi qu’ils expliquent l’opposition qu’Il souleva et qui conduisit à Sa mort. Pourquoi leur demander d’admettre plus que cela ? Pourquoi s’efforcer de leur faire croire une absurdité contraire aux paroles mêmes du Maître ? L’absurdité, l’inexactitude agit comme un émétique sur le Juif et le fait rejeter entièrement Jésus de Nazareth. Par contre, l’exposé véritable des prétentions de Jésus, tel qu’il le fit et que le firent les Apôtres, serait évidemment aussi inoffensif pour le Juif que pour l’Allemand, l’Italien ou le Britannique. Supposez, par exemple, que nous présentions comme suit la Vérité au Juif:
Vos Ecritures enseignent que votre nation doit être employée par Dieu comme instrument dans la dispensation de Sa grâce à toutes les nations. Vous convenez que Moïse ne fut pas le grand chef pressenti pour accomplir cette œuvre, car il mourut sans l’accomplir. Il annonça lui-même la venue d’un Prophète, d’un Maître, d’un Législateur plus grand que lui et qui serait le Médiateur d’une Alliance plus grande. Cette plus grande Alliance est mentionnée par vos prophètes comme « Nouvelle Alliance » que Dieu fera avec vous « après ces jours-là, dit l’Eternel » (Jérémie 31 : 31-34). La Loi de cette Nouvelle Alliance sera écrite sur vos cœurs au lieu de l’être sur des tables de pierre. Cela n’implique-t-il pas que l’antitype de Moïse, le Prophète plus grand que ce dernier, sera très grand ? Tournez aussi vos regards sur David, votre Roi-Prophète et sur votre sage Roi Salomon. Rappelez-vous les prophéties stipulant que le Messie viendra de cette lignée-là, mais qu’Il sera infiniment plus grand que David ou Salomon. Indiquez au Juif le fait que Melchisédec était sacrificateur aussi bien que roi, et qu’à propos du Messie Dieu déclara : « L’Eternel a juré, et il ne se repentira point : Tu (toi, le Messie) es sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melchisédek », tu seras un sacrificateur régnant (Ps. 110 : 4).
Les Juifs n’auraient absolument aucune difficulté à reconnaître le Messie dans l’antitype, dans le plus grand, le plus glorieux Prophète, Sacrificateur et Roi annoncé et à comprendre que tous les grands Juifs du passé préfiguraient ou typifiaient simplement le glorieux Messie. Si nous attirons ensuite leur attention sur la prophétie de Daniel (12 : 1), ils sont prêts à identifier également cette prophétie au même Messie. Ils admettront volontiers que ce Messie doit être très grand pour être appelé « qui est comme Dieu », qui ressemble à Dieu. Attirez ensuite leur attention sur la prophétie de Daniel (7 : 13, 14) où le Messie est représenté comme recevant Son royaume à la fin des Temps des Gentils.
Toutes ces choses, l’esprit juif peut les saisir, il les saisit et s’en réjouit. Ce témoignage ravive l’espérance et le courage des Israélites. Si, par conséquent, les erreurs de la soi-disant Chrétienté étaient ôtées du chemin, ce serait en vérité une affaire très simple que de montrer au Juif que Jésus, le Grand Docteur du passé, qui mourut, ne mourut pas fortuitement, mais conformément à l’intention divine, et que Sa mort fut prévue par Dieu comme nécessaire pour le pardon du péché adamique et pour l’affranchissement de la race humaine de la sentence de mort. Il ne serait certainement pas difficile aux Juifs de voir en ce sacrifice l’antitype préfiguré par le sacrifice pour le péché de leur Jour de Réconciliation, et de comprendre que, sans la réconciliation opérée sur cette grande échelle, à cause du péché, le Messie ne saurait bénir la race des pécheurs.
Les Juifs ont un sens aigu de la justice. Ils seraient à même de comprendre promptement que Dieu, après avoir prononcé une sentence de mort à l’encontre du pécheur, ne pouvait annuler Sa décision. Ils seraient aussi capables de comprendre que l’enseignement de la Loi : « oeil pour oeil, dent pour dent », impliquait l’exigence de la vie d’un homme pour la vie d’un homme, en vue du rachat du pécheur, la mort d’un saint comme prix de rachat d’Adam et de sa race qui, par Adam, perdit les droits à la vie.
Que disent les Ecritures ?
Le Peuple choisi par Dieu est l’objet de l’attention et des soins divins depuis trente-cinq siècles de sorte qu’il est demeuré séparé de toutes les nations de la terre. Il est ainsi un miracle permanent témoignant de la véracité des saintes promesses contenues dans les Ecritures. Cela nous incite à regarder aux Ecritures pour nous enquérir de l’avenir réservé aux Juifs. Les Ecritures mêmes qui témoignent de la solidarité dont ils font preuve comme peuple, nous informent qu’ils deviendront une nation à la fin de cet Age de l’Evangile, lorsque viendra « le temps fixé » par Dieu pour se souvenir de Sion. Saint Paul indique d’une manière explicite que la faveur divine retournera à l’Israël naturel dès qu’aura atteint son accomplissement l’« appel » à faire partie de la classe du Royaume Céleste, adressé au cours de cet Age de l’Evangile.
Alors ils obtiendront miséricorde par « votre »miséricorde, par la petite compagnie de saints qui, durant cet Age, s’identifient au Messie glorifié comme héritiers avec Lui et membres de Son Epouse. L’intention divine n’était donc pas que le Juif s’unît aux systèmes chrétiens contemporains. En vérité, cette séparation d’avec les masses de la Chrétienté doit tourner à l’avantage du Juif en ce que celui-ci sera d’autant mieux préparé aux bénédictions terrestres qui doivent lui échoir. —Romains 11 : 25-32.
Les bénédictions de la nouvelle dispensation sur le point d’être introduite seront des bénédictions terrestres, et le Juif sait que toutes les promesses de Dieu, contenues dans la Loi mosaïque et dans les écrits des saints prophètes d’autrefois, annoncent des bénédictions terrestres et non des faveurs célestes ou spirituelles. Il sera ainsi mieux préparé à accepter le nouvel ordre de choses que ses voisins Chrétiens ou Gentils. De plus, selon les Ecritures, les princes ou gouverneurs qui seront vus parmi les hommes, seront de souche juive. Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes ressusciteront d’entre les morts dans la pleine perfection humaine pour être « princes sur toute la terre » et représentants de l’invisible Royaume spirituel du Messie. Que le Juif sera dans une condition d’esprit bien meilleure pour accepter les enseignements de ces nouveaux princes et se soumettre à leurs exigences, cela ne nécessite pas de discussion. — Psaume 45 : 17.
Avant de quitter ce sujet, notons l’ancienne prophétie annonçant qu’au moment où le Messie manifestera les gloires de Son Royaume et commencera Son intervention dans les affaires des hommes, en faveur du bien et contre le mal, il y aura « un temps d’angoisse pour Jacob », un temps où les Juifs subiront une affliction spéciale de la part de leurs ennemis. Le Seigneur manifestera alors Sa puissance, en leur faveur, comme dans les temps anciens, opérant pour eux une délivrance miraculeuse qu’ils reconnaîtront comme telle.
En conséquence, déclare le Prophète, « ils tourneront les regards vers.., celui qu’ils ont percé », ils Le discerneront, Le reconnaîtront, non en voyant le glorieux Messie (Daniel 12 : 1) de leurs yeux naturels, mais en Le reconnaissant par l’œil de la compréhension. — Zacharie 12 :10.
En ce temps de faveur manifestée envers eux de la part du Messie, « le grand Chef, le défenseur des enfants » du peuple de Daniel, ils verront qu’est venu le temps glorieux de faveur et de bénédiction qu’ils attendaient depuis si longtemps. Leur chagrin sera alors grand quand ils reconnaîtront pleinement l’erreur nationale qu’ils ont commise en rejetant Jésus, mais l’Eternel répandra sur eux un esprit de prière et de supplication, et leur affliction ne sera que le commencement de leur bénédiction et de leur temps de réjouissance. Cette prophétie prouve néanmoins incontestablement que Dieu ne désire pas que les Juifs, comme race, deviennent Chrétiens ou s’associent aux systèmes chrétiens de cet âge lesquels, hélas, présentent sous un faux jour le Grand Maître et dénaturent si gravement les glorieuses vérités que Celui-ci et Ses Apôtres enseignèrent.
Laissons le Juif de l’avenir à son Dieu, afin qu’il reçoive au temps propre la bénédiction que Dieu lui a promise. Laissons la Chrétienté en général s’acheminer dans son aveuglement, selon que le prédisent également les Saints Ecrits, vers sa destruction. Mais ceux du Peuple de Dieu, les sanctifiés en Christ Jésus, qu’ils marchent avec circonspection, non selon la chair, mais selon l’esprit. En temps qu’Israélites spirituels, qu’ils recherchent les choses célestes et l’héritage avec le Messie sur le plan spirituel, sans envier au Juif la première place dans la phase terrestre du Royaume du Messie par lequel seront bénies toutes les familles de la terre.
Tiré de l’ouvrage anglais « Ce que le Pasteur Russell écrivit pour l’« Overland Monthly’ », page 113. Article écrit entre les années 1909 et 1916.