LE PRÉCİEUX PARFUM DE MARİE

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MARC 14 : 1-11

« Elle a fait ce qu’elle a pu » (verset 8).

Les cinq derniers jours du ministère de Jésus sont pleins d’intérêt. L’incident, marquant spécialement notre leçon, se passa à la fin du jour du sabbat juif, précédant tout juste la crucifixion de notre Seigneur. Jésus et ses disciples étaient venus pour célébrer la Fête de Pâque, et Il leur annonça qu’Il allait être cruci­fié, mais eux pensaient qu’Il leur parlait dans un genre de langage figuré. En effet, à aucun moment de son ministère, sa crucifixion ne parut plus improbable, que lorsqu’elle se produisit. Sa prédication et celle de ses disciples, d’abord les Douze et ensuite les Soixante-dix, avaient éveillé un intérêt considérable parmi tous les Juifs, spécialement en Galilée.

De grandes foules s’étaient rassemblées, à Jéru­salem, pour célébrer cette Fête, qui allait durer une semaine. Des milliers d’entre elles avaient entendu parler de Jésus et nombre d’entre eux avaient bénéfi­cié de sa miséricorde, par la guérison de leurs mala­dies. Peu de temps auparavant, un nombre notable de Juifs avaient discuté de l’opportunité de proclamer Jé­sus Roi. De fait, le jour même qui suivit l’incident rap­porté dans notre leçon, la multitude qui entourait le Seigneur, alors qu’Il était monté sur un âne, L’acclama comme Roi, s’écriant : « Hosanna dans les lieux très hauts au Fils de David, qui vient au nom de Jého­vah ! »

Mais le Maître savait que les masses ne seraient que comme des enfants, entre les mains des grands enseignants du moment. Il savait qu’il y avait une haine meurtrière, à son encontre, parmi les principaux sacri­ficateurs, les Scribes et les Pharisiens. Il est écrit qu’ils Le haïssaient sans cause, c’est-à-dire sans juste cause (Jean 15 : 25) ; mais de leur point de vue, ils avaient suffisamment de raisons pour Le haïr.

L’ATTITUDE DES İNSTRUCTEURS RELİGİEUX

Bien que la nation juive eût perdu sa liberté long­temps auparavant, sans espoir de la retrouver, néan­moins, depuis l’époque de Salomon, il n’y eut aucun moment aussi favorable que celui dont nous parlons, quant aux perspectives politiques des Israélites. Les empereurs romains avaient manifesté leur bonne vo­lonté à coopérer avec les sacrificateurs, les scribes et les instructeurs religieux du peuple. Ils ne souhaitaient que le pouvoir, et réalisèrent qu’ils pouvaient exercer, par le biais de ces instructeurs religieux, une influence plus grande que de toute autre manière.

De ce fait, les grands enseignants religieux se sen­tirent garants du peuple. Ils percevaient que leur em­prise, sur la foule ignorante juive, était fragilisée par les enseignements de Jésus. Ils étaient tellement imbus d’eux-mêmes, se clamant représentants de Dieu et intermédiaires auprès du gouvernement romain, qu’ils ne trouvèrent pas nécessaire de s’enquérir au sujet de Jésus et de ses enseignements. En effet, de leur point de vue, tout se déroulait raisonnablement bien. Et tout ce qu’ils pouvaient souhaiter de mieux, c’était que leurs plans ne fussent pas contrariés.

Un grand nombre d’entre eux avaient perdu toute foi en Dieu et en une vie future. D’autres, gardant leur foi en Dieu et en son Royaume promis, pensaient que leur affiliation à l’Empire Romain serait le meilleur moyen de renforcer leur nation et de la préparer pour les gloires Messianiques. De ce point de vue, Jésus était un fauteur de trouble. Il n’était pas des leurs. Ses manières, non moins que ses enseignements, les ré­prouvaient et avaient tendance à briser l’influence qu’ils exerçaient sur le peuple.

Les chefs religieux avaient entendu dire que Jésus venait à la fête. Notre étude nous informe qu’ils s’en­tretenaient, pour savoir quelle serait la manière judi­cieuse à employer pour s’occuper de Lui, Le faire mou­rir, se débarrasser de Lui, en tout état de cause. Ils semblent avoir été unanimes à croire que sa suppres­sion serait une bonne chose à la cause de l’Eternel ; ils ne comprenaient pas, en fait, quelle était cette cause. Un autre passage Scriptural nous apprend que Caïphe, le souverain sacrificateur, déclara qu’il était avantageux qu’un seul homme périsse, plutôt que la nation entière (Jean 11 : 49-52). Ils s’imaginaient que les enseignements de Jésus, s’ils étaient autorisés, éveilleraient certainement, chez le peuple, la foi au re­gard du Royaume Messianique. Ils prenaient Jésus pour un imposteur, mais craignaient que ses ensei­gnements n’incitassent un genre de soulèvement fa­natique.

Ces chefs religieux avaient le meurtre dans le cœur. La question était simplement de savoir comment ils pourraient accomplir ce meurtre, et tromper le peuple, sans provoquer ceux qui commençaient à croire en Jésus. Ils conclurent que le temps de la Fête ne serait pas propice, puisque Jésus serait entouré par la multitude, dont un certain nombre Le considérait comme un grand prophète, et que d’autres Le pre­naient pour le Messie. Tel était leur état d’esprit, lors­que Judas vint à eux, en privé, suggérant qu’il suivrait les allées et venues de Jésus et que, pour une certaine somme d’argent, il les informerait du moment le plus opportun pour se saisir de Lui, moment où la multitude ne serait pas avec Lui. Son plan fut, en fin de compte, accepté et mené à bien.

LA FÊTE ET L’ONCTİON

Jésus et ses disciples étaient les invités d’honneur de Lazare, celui que Jésus avait réveillé, après une mort de trois jours. Il est écrit qu’ils se retrouvèrent dans la maison de Simon le lépreux, qui était proba­blement déjà mort. Jésus était l’invité d’honneur, ses disciples partageant cet honneur avec Lui. Marthe et Marie, ainsi que Lazare, étaient les hôtes. Le souper avait progressé, lorsque Marie entra, portant un vase avec un parfum de très grande valeur. Elle en versa le contenu sur la tête de Jésus et, selon un autre récit, elle versa, ensuite, une partie de ce même parfum sur ses pieds.

La maison fut remplie de son odeur. Jésus fut ho­noré. Alors, s’éleva un murmure : « A quoi bon cette perte ? » L’Apôtre Jean nous apprend que le conduc­teur de ceux qui murmuraient, était Judas et que, de toute évidence, certains furent influencés par ses pa­roles. Judas se faisait l’ami des pauvres, suggérant ainsi que ses regrets n’étaient pas égoïstes, ou per­sonnels, mais qu’il pensait au bien qui aurait pu être fait aux autres.

Les Apôtres apprirent, ultérieurement, que son lan­gage était hypocrite. Jésus, à ce moment-là, discerna la colère de Judas qui poussa ce dernier à outrager, ouvertement, l’une des hôtesses, en la circonstance. L’Apôtre Jean nous révèle que cette colère provenait de ce que cet argent ne lui avait pas été donné ; il était, en effet, le trésorier du petit cercle de disciples, chargé de tenir la bourse et, comme ils l’apprirent par la suite, c’était un voleur qui, en privé, mettait de l’argent de côté, pour lui-même (Jean 12 : 6). Judas n’est certai­nement pas le seul à avoir plaidé pour les pauvres, recherchant en même temps à détourner des fonds pour lui-même.

LA MESURE DU DÉVOUEMENT DE MARİE

La déclaration de Judas, selon laquelle la valeur du parfum pouvait être estimée à trois cents deniers, n’est probablement pas une évaluation extrême. Trois cents deniers correspondraient à environ six dollars (écrit en 1916, trad.). Si un denier d’argent, d’une valeur de seize centimes (il s’agit de centimes Américains, trad.), représentait une journée de travail, alors trois cents deniers correspondraient à environ une année de la­beur. L’essence de rose coûtait environ seize dollars l’once (soit 28 gr. 35, trad.), parfois plus, et l’histoire nous témoigne des prix fabuleux payés jadis pour les parfums.

De nos jours, les parfums peuvent être produits et vendus à des prix insignifiants, en comparaison avec le passé. Néanmoins, cela n’empêchait pas nos aïeux de vouer une passion intense pour les parfums, les utili­sant libéralement, comme le montre le cas spécifié dans notre étude, pour marquer un profond respect, voire même une profonde révérence. Il ne fait aucun doute que Marie considérait que son ami Jésus, très hautement estimé et qui avait ramené son frère de la tombe, n’était personne d’autre que le Messie, le Fils et le Représentant de l’Éternel Dieu. La révérence qu’elle ressentait pour l’Éternel, elle cherchait à l’exprimer en­vers son Représentant le plus élevé, Jésus.

La pauvre Marie a dû se sentir profondément bles­sée, en entendant une critique aussi dure. Mais Jésus vint à son secours, disant : “Laissez-la tranquillePourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle a fait une bonne action à mon égard ; elle a fait ce qu’elle a pu ; elle a oint mon corps pour sa sépulture. Vous avez toujours des pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous le voulez ; mais Moi, vous ne m’aurez pas toujours.”

L’approbation du Maître a très certainement récon­forté Marie et, partout où l’Évangile du Seigneur a été prêché, l’histoire de son affectueuse dévotion, allant jusqu’au sacrifice d’une somme considérable et, pro­bablement, jusqu’à un renoncement de soi tout aussi considérable, a été racontée en sa mémoire, non pas simplement pour l’honorer, mais spécialement pour inspirer et encourager d’autres membres du peuple de Dieu, en vue de l’obtention et de l’exercice d’un amour qui se délecte dans le service, voire même dans le sa­crifice coûteux.

UNE SUGGESTİON DİGNE DE CONSİDÉRATİON

Un imprimeur de Boston, décédé depuis, avait im­primé sur sa carte de visite les suggestions suivantes, utiles et pratiques :

« Ne gardez pas les vases d’albâtre de votre amour et de votre tendresse, scellés jusqu’au moment du dé­cès de vos amis, mais remplissez leur vie de gentil­lesse. Tant que leurs oreilles peuvent entendre, dites-leur des paroles encourageantes et réconfortantes. Les choses gentilles que vous dites après qu’ils sont partis, dites-les avant qu’ils ne partent. Et les fleurs que vous avez l’intention d’envoyer pour qu’elles soient dé­posées sur leur cercueil, offrez-les maintenant, afin qu’elles illuminent et adoucissent leur foyer, avant qu’ils ne le quittent.

Si mes amis ont des vases d’albâtre mis de côté, remplis de parfums odorants de sympathie et d’affection, qu’ils ont l’intention de briser pour en embaumer mon corps mort, je préfère qu’ils me les apportent maintenant, dans mes heures de lassitude et de chagrin, et qu’ils les ouvrent pour me rafraîchir et me réconforter. Etant dans le besoin, je serai en mesure de les apprécier. Je préfèrerais avoir un cercueil simple sans aucune fleur, et des funérailles sans pa­négyrique (apologie du défunt), qu’une vie sans la douceur de l’amour et de la sympathie. Apprenons à oindre nos amis par avance, pour leur sépulture.

La gentillesse post-mortem (après la mort, trad.) ne peut réconforter un esprit abattu. Les fleurs sur le cer­cueil ne renvoient aucun parfum en arrière, sur le chemin pénible parcouru par nos bien-aimés. »

WT1914 p5540

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