Le Tabernacle d’Assignation.

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“ Alors la nuée couvrit la tente de réunion et la gloire de l’Eternel remplit la Demeure (C) — Exode XL, 1-13, 84-38.

Le tabernacle ou la tente que les Israélites, sous Moïse leur médiateur, avaient érigé pour le culte de Dieu, était trans­portable et tout à fait adapté aux conditions requises pour 40 ans de voyage dans le désert; l’Eternel ayant prévu que telle devait être leur épreuve comme peuple. Toutes les fois qu’ils campaient, le tabernacle était dressé au centre du camp et les tentes des Israélites étaient groupées tout autour: Première­ment la tribu de Lévi qui l’entourait selon ses familles; puis au delà, à l’extérieur, les autres tribus d’Israel — trois au nord, trois au sud, trois à l’est et trois à l’ouest. La tribu de Josepli, divisée an deux, Ephraim et Manassé, complétait les 12 tribus sans les lévites.

La colonne de nuée le jour et la colonne de feu la nuit, représentaient continuellement l’Eternel pour le peuple de son choix; et cette nuée et cette colonne de feu semblent avoir été associées au tabernacle, par le fait qu’une branche ou un pied descendait de la nuée presque sur le tabernacle. Lorsque la nuée se levait, cela indiquait le moment venu d’aller de l’avant. Ils suivaient la direction de la nuée: lorsqu’elle s’arrêtait, ils s’arrêtaient, construisaient leur camp et la relation s’établis­sait aussitôt comme auparavant entre la nuée et le tabernacle. Les enfants d’Israël avaient ainsi continuellement devant eux une manifestation visible de Dieu et ses soins protecteurs s’étendaient sur eux parce qu’ils étaient son peuple. Lorsqu’ils demandèrent une idole pour marcher devant eux et leur servir de manifestation extérieure de Dieu, ils furent punis pour l’ido­lâtrie du veau d’or; ayant compris la leçon et s’étant repentis, Dieu leur donna ce qu’ils avaient déjà projeté — quelque chose de tout à fait supérieur comme preuve de sa présence au milieu d’eux et de la direction divine de leurs affaires.

Premièrement Dieu — le centre.

La manière dont le tabernacle était arrangé et Sa connexité avec le camp d’Israël, nous montrent que Dieu voulait enseigner à ce peuple que le centre de leur religion de toute leur ambition et de leur activité devait être Dieu en premier lieu. Toutes les tribus se rattachaient au centre parce qu’il repré­sentait Dieu et elles étaient toutes rattachées les unes aux autres, parce que chacune d’elles et toutes ensemble entou­raient ce tabernacle de Dieu et étaient directement en contact avec lui; c’est là, qu’eux et leurs intérêts étaient centralisés. Il en doit être ainsi, partout et toujours, pour l’Israël spirituel. Quiconque vient en harmonie avec les dispositions divines trouvera tout arrangé par la providence divine pour qu’il ait contact avec tous ceux ayant communion avec le Père et qui sont d’accord avec son glorieux plan.

C’est en vain que nous chercherons à établir de l’ordre dans l’Eglise, ou de la communion entre les frères, tant que ce centre commun n’est pas reconnu. Si tous ont les regards tournés vers le Seigneur pour être conduits par lui, tous seront prêts à suivre cette direction providentielle, soit pour marcher ou pour s’arrêter. Si tous regardent au Seigneur pour leurs lois, leur gouvernement et pour être guidés dans les affaires de la vie; tous seront en harmonie les uns avec les autres, en ce que tous reconnaîtront pour base commune de leur foi la propitiation divine. Mais si cette autorité centrale est méconnue, dans la proportion où elle est méconnue, il y aura désaccord et conflit. C’est là indubitablement que git la diffi­culté pour un grand nombre d’enfants de Dieu qui, avec de bonnes intentions dans le cœur, luttent pour la paix et la concorde. Leur point d’appui n’est pas le Seigneur et Sa Pa­role, et ils n’y font appel qu’en cas de querelles.

Il y a un ordre semblable dans le cerveau humain.

Sans croire le moins du monde à l’infaillibilité de la science phrénologique ou prétendre que des savants puissent décrire exactement les différents traits du caractère humain, d’après la forme du crâne; tout en admettant ce qu’une telle descrip­tion du caractère peut avoir de défectueux particulièrement pour ceux dont le caractère a été transformé par le renou­vellement de leur entendement au moyen de l’engendrement de l’Esprit — nous ne pouvons nier que les déductions de la phrénologie corroborent pleinement la description donnée par la Bible de l’arrangement du tabernacle d’Israël entouré par le “camp”. Ainsi:

Imaginons-nous le crâne humain étendu sur une surface plate nous trouvons que la partie centrale correspond au tabernacle et à son parvis; parce que c’est au centre même de la tête que se trouve la spiritualité et qu’en avant se trouve la vénération. Ce dernier point doit correspondre avec le “parvis”, et le premier avec le “saint”. De même que pour entrer dans le saint il était nécessaire de passer par le parvis, ainsi, pour entrer dans une appréciation propre et convenable des choses spirituelles il est nécessaire qu’on y entre par la vénération, — par la révérence pour Dieu, ce qui nous amène à l’adorer, à rechercher sa volonté et à la faire.

Tout alentour de ces deux points centraux, il en est d’autres qui correspondent très bien aux différentes divisions de la tribu de Lévi — la tribu sacrée, vouée au service de Dieu dans le parvis et dans le tabernacle. Ces organes représentent la foi, l’espérance, la bienveillance, la conscience, la fermeté, etc., puis, extérieurement à ceux-ci, viennent encore les divers organes de la pensée dont l’exercice est plus particulièrement limité aux choses terrestres. Ceux-ci bien qu’utiles et esti­mables en eux-mêmes, ont tous besoin d’être dirigés par le

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centre. De même que dans le camp d’Israël, le centre, le tabernacle, n’était pas dirigé par les tribus, mais au contraire celles-ci étaient dirigées et guidées par le tabernacle. Ainsi, tous les talents et toutes les qualités de l’esprit et du corps que nous possédons et qui sont toutes représentées dans notre cerveau, doivent être toutes assujetties et guidées par notre révérence pour Dieu et par notre perception spirituelle de sa volonté en ce qui nous concerne; et cette volonté doit être premièrement exprimée par les organes intermédiaires de la bienveillance, de la foi, de l’espérance, de la conscience, etc.

Une illustration de la conversion.

C’est ainsi que peut être illustré la philosophie de ce qui est connu sous le nom de conversion. Béni soit Dieu de ce qu’il ne nous a pas été nécessaire de comprendre la philoso­phie de la conversion pour posséder cette bénédiction et en jouir; autrement Il y on eût eu bien peu de bénis. mais il peut être avantageux pour quelques-uns de pouvoir faire la psychologie de la conversion, afin de voir combien elle est chose merveilleuse et raisonnable. L’homme naturel, “sans Dieu et sans espérance dans le monde”, ressemble à ces Is­raélites en Egypte, véritable horde juive sans ordre et sans convenance, esclaves du péché, forcés de travailler sous des exacteurs et ne sachant comment y échapper. Leur premier pas vers l’ordre consista à écouter la parole de l’Eternel; celle même qui nous conduit hors de l’esclavage vers le pays de la promesse. Cela implique la reconnaissance du plus grand Moïse et notre obéissance envers Lui, comme au Chef que Dieu a désigné.

Pendant un temps assez long pour les uns, moins long pour d’autres, l’esclave sent qu’il a été mis en liberté par Dieu au moyen du grand antitype Moïse; c’est ainsi qu’il est finale­ment amené à considérer la loi, à comprendre que même avec tout son passé pardonné, il est incapable de garder parfaite­ment la loi divine à cause de la faiblesse de sa propre chair. Arrivé là l’arrangement divin lui apparaît clairement; savoir, que tous ceux qui se consacrent au Seigneur seront engendrés du saint Esprit et introduits dans les faveurs et les bénédic­tions de l’Eternel, en recevant une assistance inconnue aupara­vant. — Accepter le Seigneur et sa volonté au lieu de la sienne, dans toutes les affaires terrestres: consacrer son cœur et sa vie, son temps et ses talents au Seigneur; enfin reconnaître Christ comme notre chef ou souverain sacrificateur; notre avocat ou assistant en toutes choses; voilà la vraie sanctification.

La transformation qui a lieu alors, correspond à la mise en ordre des tribus par rapport au tabernacle. Le tabernacle était reconnu comme le centre du camp et chaque tribu avait sa place marquée par rapport au tabernacle, il ne pouvait plus y avoir de confusion — il ne pouvait plus se faire qu’une tribu choisisse tel ou tel endroit; parfois dans une position préférée, d’autres fois dans une position moins bonne. Doré­navant chaque tribu avait sa position à elle, sa propre respon­sabilité et ses rapports personnels vis-à-vis du tabernacle.

L’ordre est la première loi des cieux.

Il en est ainsi lorsque la tête et le cœur ont subi les bien­faits de la conversion. Auparavant, c’était quelquefois l’égoïsme qui occupait le centre et détenait l’autorité; d’autres fois c’était la conscience, ou le désir d’acquérir, ou l’espérance, ou la crainte qui occupaient le centre autour duquel venaient se grouper les autres organes. Mais maintenant, aussitôt que le cœur est au Seigneur, son organisation, ses arrangements sont tout autres et les différentes facultés de l’esprit et du corps, représentées dans notre cerveau, sont fixées quant à leurs rap­ports avec celle qui est au centre. Pour ceux qui sont vrai­ment convertis, les chrétiens consacrés, le centre duquel pro­cède tout l’arrangement de la vie doit être la spiritualité, ce qui correspond aux lieux saints, au centre du camp d’Israël.

Cela implique la vénération pour Dieu. Dorénavant, les divers organes doivent tous regarder à ce centre commun pour leur direction. Le désir légitime de posséder apprend comment la richesse peut être acquise; mais elle n’a pas le droit d’agir avant d’avoir reçu tout d’abord le message de la spiritualité et de la vénération. Cette direction doit ensuite passer par le premier cercle représenté par les lévites: La bienveillance aura son mot à dire; de même la foi et l’espérance. Et la bien­veillance, la foi, l’espérance et la conscience se seront certainement enquis auprès du Seigneur par la vénération ou la spi­ritualité, pour savoir quelle est sa volonté au lobe du désir avant de lui donner la permission d’agir comme il le pensait.

Le besoin de combattre est un autre de ces organes ayant pu quelquefois occuper le centre et commander aux autres, mais qui est maintenant relégué à l’extérieur, à la place qui lui convient, à une grande distance du centre. Il ne peut agir avant que l’autorisation ne lui ait été accordée, et cette auto­risation ne peut venir que par la bienveillance, la foi, l’espé­rance, la conscience, etc., et ceux-ci à leur tour doivent prendre conseil de la vénération et de la spiritualité pour savoir si, oui ou non, il est bon de ceindre l’épée pour le combat, d’en­gager l’action, dans tous les cas jusqu’où il peut aller sans enfreindre la justice. Si la cause est bonne, la permission sera accordée; si elle est mauvaise elle sera refusée, et l’organe de la fidélité se rendra compte si les décisions de la cour centrale sont exécutées par les lobes extérieurs.

Si, par exemple, le besoin de combattre se réveille et désire coopérer avec l’égoïsme ou le désir d’acquérir de façon ou d’autre; il est certain que la décision de la cour centrale sera négative. Le besoin de combattre ne peut jamais être exercé d’une manière égoïste; mais si ce besoin de combattre se ré­veille en coopération avec la conscience pour la défense de la foi qui a été donnée une fois aux saints; la décision de la cour centrale sera certainement affirmative: “Combattez pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes” (Jude v. 3). Néanmoins, la bienveillance et l’amour, coopérant comme cautions, devront veiller à ce que le combat, même pour la défense de la foi, ne devienne pas violent et agressif, il doit toujours être sous le contrôle de la charité et de la bienveillance.

Il n’y a donc rien de surprenant à ce que les mondains soient surpris de trouver un changement si radical dans la vie et le caractère de ceux venus en harmonie avec le Seigneur en lui consacrant entièrement leur cœur — de ceux dont les pensées ont été réordonnées, transformées par le renouvelle­ment de leur entendement — parce que toutes les qualités de leurs coeurs et de leurs pensées ont été placées sous l’autorité du Seigneur et en communion avec lui. Nous parlons quelque­fois de la conversion comme d’une œuvre miraculeuse, précisé­ment parce qu’elle opère un merveilleux changement dans notre cœur, dans notre vie et dans nos sentiments, en les amenant sous un nouveau gouvernement, sous l’autorité de l’esprit du Seigneur, — de l’esprit d’amour, de sagesse et de bon sens.

La gloire de l’Eternel remplit le Tabernacle.

Le premier événement important, après que le tabernacle eut été construit et que les tentes des Israélites eurent été groupées autour, en harmonie avec lui, fut sa reconnaissance officielle par Dieu: “Alors la nuée couvrit la tente d’assignation et la gloire de l’Eternel remplit le Tabernacle” (Exode 40 : 34). Il était appelé la “tente de réunion” (C.) ou d’as­signation; non pas parce que c’était là le lieu de réunion des Israélites; mais parce qu’ils étaient une famille, un peuple de Dieu, saint, séparé; et que de cette tente, au milieu de leur camp, Dieu avait fait sa demeure et que c’était là qu’il rencontrait les enfants d’Israël, recevait leurs représentants de la tribu de Lévi et communiquait avec eux par l’urim et le thummim, afin de leur faire connaître sa volonté. Appliquons maintenant cela à nous-mêmes individuellement comme Is­raélites spirituels: lorsque notre conversion a eu lieu, cela signifie non seulement que nous avons mis nos pensées d’ac­cord avec l’Eternel plaçant en première ligne la spiritu­alité et la vénération au centre de nos affections — mais encore que par l’Esprit de Dieu nous avons été engendrés de nouveau. Autrement dit, le cœur qui est ainsi mis en ordre, selon les instructions divines de la parole de Dieu, est reconnu par Lui. Dieu fait sa demeure en nous et le lieu qu’il nous assigne avec lui, représenté par l’organe de la spiritualité, il le bénit et l’illumine. La gloire de l’Eternel nous remplit, nous réalisons dans une certaine mesure le fait de notre acceptation par Dieu, nous sommes illuminer du saint Esprit, lequel est pour nous un aide et un guide

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toujours présent. Comme colonne de nuée, il nous bénit pendant le jour en nous protégeant contre ce qui pourrait nous être une épreuve trop forte. Comme colonne de feu la nuit, il nous assure la lumière au milieu des ténèbres. Nous sommes gardés et protégés par celui qui a promis que toutes choses concourent à notre bien; parce que nous sommes siens, que nous l’aimons, que nous lui avons donné la première place dans notre cœur et qu’ainsi nous sommes de ceux qu’il a appelés selon son bon plaisir. La nouvelle vo­lonté sanctifiée par Dieu et instruite par sa Parole peut donc en chacun de nous, à l’exemple des prêtres israélites, avoir com­munion avec le Père par les mérites du grand sacrifice expiatoire.

Cette nouvelle volonté, consacrée, ointe, mise à part, peut mettre en évidence les sages décisions de Dieu concernant tous les autres organes de notre corps et montrer ce que chacun doit et ne doit pas faire. Comment chacun peut ou ne peut pas coopérer avec les autres; lequel doit être retenu et quand il doit l’être, lequel doit être cultivé et comment il doit l’être. Cela nous montre que le corps tout entier peut être rempli de lumière, d’ordre et de la bénédiction divine et que comme le peuple de Dieu nous pouvons aller de l’a­vant, de grâce en grâce, de connaissance en connaissance, de force en force, et être préparés pour les conditions éter­nelles de l’au-delà du Jourdain, dans le pays de la promesse vers lequel nous marchons — la cité céleste.

C’est aussi un type de l’état de choses futur.

Cet arrangement du tabernacle n’était pas permanent. Il représentait plutôt les conditions de cet âge de l’Evangile, au moins en ce qui concerne l’Eglise, — la sacrificature royale, à qui il est maintenant permis d’entrer dans les lieux saints, comme membres du grand souverain sacrificateur Jésus lesquels, durant l’âge millénaire conduiront avec lui, tous ceux du peuple de Dieu qui voudront être conduits dans le grand repos éternel qui reste pour eux. Pendant le Millénium, tous ceux qui désireront devenir de “véritables Israélites” et venir en pleine harmonie avec l’Eternel trouveront place dans le plan divin: premièrement, la sacrificature royale, les plus prés de Dieu à la porte même de sa faveur, de même que les prêtres étaient campés immédiatement en avant de la grande porte du parvis du tabernacle. Tout près de ceux-ci, se trouvera la grande multitude représentée par les lévites en général; et ensuite à leurs places respectives viendront toutes les familles de la terre, dans un ordre harmonieux, tous re­gardant à Dieu, tous cherchant à marcher dans la lumière de la faveur de Dieu ; et, finalement, il n’y aura plus ni deuil, ni cris, ni mort, parce que tous ceux qui auront aimé le péché auront été retranchés dans la seconde mort et que tous les autres seront arrivés â être en parfaite harmonie avec Dieu par le ministère de la sacrificature.