MARC 11 : 1-11
« Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi. » – Zacharie 9 : 9.
Le message de Jean-Baptiste fut : « Le royaume des cieux est proche. » Jésus pria ses disciples d’annoncer ce même message, de village en village, dans toute la Palestine. Il constituait le fond de sa prédication et le thème de ses paraboles. Finalement, à la fin de son ministère, le Royaume parvint à la nation juive, dans le sens qu’il lui fut offert ; ils n’eurent qu’à l’accepter. La leçon d’aujourd’hui parle de l’offre formelle du Royaume, de la part de Jésus, et du manque d’intérêt des Juifs, comme peuple, afin de l’accepter. Ainsi, « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont point reçu », à l’exception de quelques-uns d‘entre eux. Sa propre nation Le rejeta et Le crucifia, cinq jours après. Peu après, à la Pentecôte, certains de ceux qui Le reçurent, furent engendrés de l’Esprit Saint et devinrent le noyau de l’Israël spirituel, en vue de sa préparation pour le Royaume glorieux et pour l’œuvre qui doit être accomplie à son second avènement.
Le soir précédant l’histoire rapportée dans cette leçon, Jésus et ses disciples furent, à Béthanie, les invités de Lazare, de Marthe et de Marie, qui avaient préparé un festin spécial pour Jésus, qu’ils aimaient tant. Ce Lazare était celui qui avait été ressuscité du sommeil de la mort, peu de temps auparavant. La fête eut lieu à la fin du jour du Sabbat Juif. Le matin suivant correspondait à notre dimanche, le premier jour de la semaine.
LA CRISE DE L’EXPÉRIENCE D’ISRAËL
En vue de sa présentation comme Roi, Jésus envoya deux disciples chercher un ânon, en leur disant où ils le trouveraient, et en leur donnant l’ordre de dire qu’on le rendrait après que le Seigneur s’en serait servi. Avant que l’ânon n’arrivât, une multitude considérable s’était réunie ; c’était des gens du village de Béthanie et d’autres personnes venues de Jérusalem, distante d’environ trois kilomètres, pour voir Jésus et Lazare, au profit de qui Jésus avait accompli un miracle remarquable. La coutume des rois d’Israël avait longtemps été de se rendre à leur couronnement montés sur le dos d’un âne, et la multitude semblait entrer dans l’esprit de cet événement, et paraissait comprendre ce que cela voulait dire, à savoir que Jésus allait entrer, dans Jérusalem, assis sur le dos de l’ânon. Cela signifiait qu’Il était enfin prêt à assumer la charge de Roi.
Depuis un certain temps, les disciples L’avaient reconnu comme étant le Messie, du règne duquel ils allaient partager la gloire ; et la multitude, dans l’ensemble, avait appris à Le considérer comme tel, en disant : « Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui-ci ? » Pourrions-nous espérer, du Messie, plus que ce que nous voyons s’accomplir par cet homme Jésus ? Mais ce fut la première fois que Jésus se mit en avant. Précédemment, lorsqu’on avait cherché à L’emmener par force, afin de Le proclamer roi, Il s’était retiré, se rendant compte que le temps pour ce faire n’était pas encore venu. Maintenant, loin de l’idée de se retirer, Il prenait une part active (aux préparatifs, trad.), en envoyant chercher l’ânon, en préparant le déplacement triomphal jusqu’à la capitale, en tant que roi de la nation.
Nous pouvons être sûrs que le cœur des Apôtres tremblait d’excitation, à la pensée de la proximité de la gloire de leur Maître, et à leur propre participation à cette gloire ; jusqu’alors, en effet, ils n’avaient pas saisi toute la portée de ses paroles, selon lesquelles Il devait être crucifié et partir pour un « pays lointain », monter au ciel même, afin d’y être investi de l’autorité et revenir, plus tard, pour établir le Royaume qui bénirait le monde.
Or, Jésus comprenait parfaitement que sa présentation comme Roi était une question de pure forme ; c’était l’accomplissement d’une prophétie qui ne laissait aucune excuse à la nation d’Israël. Si, lors de son entrée dans la ville, les gens se levaient en masse, Le reconnaissaient et L’acclamaient, alors ils se conformeraient aux exigences divines, ce qui leur apporterait la plus grande de toutes les bénédictions. Mais Jésus savait que la prophétie avait déjà annoncé qu’Il serait méprisé et rejeté, et que ses propres gens Le considéreraient comme quelqu’un de qui on se cache la face, de honte. (Ésaïe 53 : 3). Par conséquent, le parcours et sa préparation signifiaient quelque chose de très différent pour Jésus, par rapport à ce qu’ils signifiaient pour les disciples et la foule.
« LES PIERRES CRIERAIENT »
Lorsque l’ânon arriva, certaines personnes posèrent leurs vêtements sur l’animal, à la place d’une selle ; Jésus monta, et le cortège s’ébranla. Certains marchaient devant Lui et d’autres Le suivaient. Le peuple connaissait bien la prophétie concernant la venue du Messie, et qui disait : « Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, … » On connaissait bien aussi le « cri de joie » que les prophètes avaient prédit, et les réponses – une partie criant : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » De nouveau on cria : « Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père ! » Et après, venait la réponse : « Hosanna dans les lieux très hauts ! » Ces diverses paroles sont notées par les différents évangélistes.
Mais tous n’acclamèrent pas Jésus avec enthousiasme ; on entendit une fausse note. Certains, parmi ceux qui étaient sortis de la ville par curiosité, critiquèrent les clameurs, en se demandant pourquoi Jésus n’avait pas reproché aux gens de Lui avoir attribué tant d’honneur. Ils envoyèrent un message à Jésus, à cet effet, par l’entremise de ses disciples. Jésus fit répondre qu’une grande prophétie était en train de s’accomplir. Le prophète Zacharie avait dit par inspiration : « Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! » et de tels cris de joie devaient être poussés. Jésus déclara que si la foule avait omis de crier, la prophétie aurait malgré tout été accomplie – les pierres mêmes auraient crié.
LE PREMIER DIMANCHE DES RAMEAUX
Il est d’usage parmi certains chrétiens, dans plusieurs parties du monde, de commémorer, particulièrement, ce dimanche de l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem. L’histoire rapporte que, sur le trajet, beaucoup de gens étendaient leurs vêtements sur le chemin, comme un signe de respect et d’honneur, en attendant que le petit animal ait passé par-dessus ; ensuite, ils se remettaient à courir en avant, et les étendaient de nouveau. D’autres apportaient des fougères, des fleurs et des herbes, et les répandaient sur le chemin. D’autres encore, l’Évangile de Jean nous le raconte, apportaient des branches de palmiers.
C’était une procession débordant de joie, qui accomplissait la prophétie de Zacharie. Or, pour Jésus, cela eut un côté triste, comme l’histoire nous l’indique. Lorsqu’ils eurent atteint la bifurcation du Mont des Oliviers, Jérusalem apparut, le Maître fit arrêter la procession, parcourut la ville du regard et pleura, en disant : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte ; car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Jésus se rendait compte que ce jour-là constituait un point tournant (un moment décisif, trad.) pour les Juifs, que leur rejet de sa personne signifiait leur rejet par le Père céleste, pour longtemps. Cela signifiait qu’ils seraient rejetés de la faveur divine, à l’exception de quelques-uns qui deviendraient ses disciples. Cela signifiait que, durant de longs siècles, le peuple grandement favorisé de la postérité naturelle d’Abraham serait dans l’affliction. Cela signifiait que la faveur de Dieu, qui avait été leur durant des siècles, s‘étendrait, en lieu et place, aux Gentils, afin de rassembler du milieu d’eux une compagnie de fidèles, de saints devant devenir, dans le Royaume céleste, des associés et des cohéritiers avec Jésus et avec les fidèles d‘entre les Juifs. Cela signifiait que le peuple juif ne serait pas accepté de nouveau dans la communion avec Dieu, avant que cette classe céleste et spirituelle d’élus ne fût reçue dans la gloire.
L’Apôtre Paul attire explicitement notre attention sur le fait que le rejet d’Israël n’est pas pour toujours, mais seulement pour un certain temps – seulement jusqu’à ce que le nombre complet des saints fidèles soit rassemblé du milieu des Gentils. C´est alors que la faveur de Dieu reviendra à l’Israël naturel, et par la suite s’étendra à toutes les familles de la terre. – Romains 11 : 25-32.
JÉSUS, LE PRINCE DE LA PAIX
Combien différente fut cette entrée de Jésus, le Prince de la Paix, des marches triomphales des conquérants et des rois terrestres ! Dans l’excitation de la passion humaine et des préjugés de l’esprit humain, une auréole spéciale de gloire fut attribuée aux conquérants du monde. Des exploits héroïques, des conquêtes vaillantes, tels qu’ils sont dépeints par les historiens, ont du charme. La nouvelle génération lit avec grand intérêt des histoires qui racontent les prouesses d’Alexandre le Grand, des Spartiates grecs, des Empereurs de Rome et, en des temps plus modernes, de Robert Bruce, de Napoléon et de Wellington, des généraux Grant et Lee, Sherman et Johnson, Sheridan et Stewart. Le retour au foyer de tous ces hommes s’accompagnait de marches triomphales, dans beaucoup de cas rendant honneur à celui à qui l’honneur était dû.
Pourtant, dans tous les cas, les yeux de l’esprit se ferment nécessairement face aux scènes qui conduisirent à de tels triomphes. Nous essayons d’oublier les millions de morts et de blessés, et d’autres millions de veuves et d’orphelins endeuillés. Nous essayons d’oublier les ruines fumantes des foyers qui se cachent derrière ces armées victorieuses. La guerre peut paraître parfois nécessaire, pour le maintien de la justice ; tous doivent, cependant, reconnaître que les bienfaits acquis au moyen de l’épée ont un coût terrible.
De ce point de vue Jésus, le Prince de la Paix, suivi d’une armée de saints qui marchent sur ses traces, offre une image magnifique – même à ceux qui sont de ce monde. Ces vainqueurs – le Chef et ses disciples – triomphent en mourant. C’est ainsi que Jésus dit à ses disciples : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. » Ainsi considérés, tous les disciples de l’Agneau sont des « auto-sacrifiants », comme la Bible le déclare : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » (Romains 12 : 1). Une telle victoire – victoire en passant au travers de la mort – est difficile à comprendre pour la majorité des gens ! Quelle en est la philosophie ? Où est la victoire ?
DES ROIS VAINQUEURS PAR LA MORT
On peut très bien se poser la question : En quoi réside la victoire du Christ et de ses disciples, lorsqu’ils donnent leur vie pour les frères et en faveur de la Vérité et de la Justice ? Il n’y a que la Bible qui donne une réponse à cette question, et il n’y a que ceux qui pratiquent la foi qui comprennent la réponse de la Bible. La Bible déclare que la véritable victoire du Christ et de l’Église est celle qui est remportée sur soi-même. Le jour de leur couronnement est encore à venir – leur triomphe aura lieu alors.
L’entrée triomphale de Jésus sur le dos d’un ânon ne fut que typique. L’antitype sera glorieux – il s’effectuera au-delà du voile. Tout comme Jésus, après sa résurrection, fut « élevé dans la gloire », de même Il a promis aux membres de son Église que leur résurrection les changerait d’êtres humains imparfaits en êtres esprits parfaits, cohéritiers de leur Maître, leur Rédempteur, dans le Royaume Millénaire qui doit bénir le monde.
Après que Jésus fut ressuscité des morts, Il expliqua à ses disciples perplexes ce que sa mort signifiait, en disant : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? » (Luc 24 : 26). Ainsi l’Apôtre Paul a déclaré, au sujet de tous ceux qui seront les associés de Jésus dans le Royaume, qu’il leur faudra souffrir avec Lui, s’ils veulent régner avec Lui, et mourir avec Lui, s’ils veulent vivre avec Lui (2 Timothée 2 : 11, 12). Le Christ et son Église meurent pour toujours aux espérances et aux intérêts humains présents – sacrifiant leur vie en souffrant pour la justice. Leur récompense est double : (1) Leur (propre) élévation personnelle à une gloire céleste et spirituelle, comme celle des anges, et cependant plus glorieuse — « bien au-dessus des anges, des principautés, des puissances et de tout nom qui se nomme. » (2) La gloire du Royaume – la joie d’être les agents divins en vue du rétablissement de l’homme.
De ce point de vue biblique, la guerre des Chrétiens est différente de toute autre guerre connue du monde. C’est une lutte contre le péché, un combat contre l’entêtement, une soumission totale à la volonté divine, une victoire au travers de la mort. « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apocalypse 2 :10) « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône » (Apocalypse 3 : 21). Il n’est pas étonnant qu’une telle proposition ne soit comprise qu’imparfaitement par le monde ! « Le monde ne nous connaît pas, de même qu’il ne L’a point connu. » Et voici une des conditions requises de l’Évangile : que Jésus et ses disciples endurent d’être mal compris du monde. Nous sommes considérés comme des fous, à cause de Christ. – 1 Corinthiens 4 : 10.
Il faut de l’endurance, si on veut être un disciple fidèle qui suit les traces de Jésus, incompris, comme Lui le fut par les hommes de son temps, et vilipendé, comme Lui le fut. « On vous persécutera et … on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi » (trad. Matthieu 5 : 11). Ce n’est seulement que si nous comprenons, grâce aux promesses de Dieu, que dans ces expériences difficiles du Christ et de ses disciples il y a un but glorieux, que nous serons capables de les endurer avec quelque mesure de réjouissance. Il n’y a qu’à ceux-là que Dieu accorde l’œil de la foi qui sait discerner les choses de l’autre côté du voile, la gloire, l’honneur et l’immortalité, et le Royaume que le Seigneur a promis à ses disciples fidèles.
« LA COLÈRE DE L’AGNEAU »
Puisque Jésus est le Prince de la paix, comment devons-nous comprendre les divers passages de l’Écriture sainte qui se réfèrent à Lui comme étant un Conquérant puissant, habillé de vêtements tachés de sang, se vengeant de ses adversaires ? Mais plus particulièrement, comment devons-nous entendre la déclaration, l’annonce qu’à sa venue sur les nuées du ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui ?
De ce Prince de la paix, on peut dire qu’Il blessera pour guérir, que quels que soient les désastres qu’Il pourra amener ou permettre de venir sur le monde, ceux-ci seront maîtrisés de façon à devenir des bénédictions voilées. Indubitablement, beaucoup de choses dites concernant notre Seigneur sont hautement symboliques. Par exemple, Il châtiera les nations avec l’épée qui sortira de sa bouche – la Parole, ou le Message de la Vérité. Un pareil châtiment est entièrement conforme à la déclaration selon laquelle, lorsque l’Apôtre Pierre prêcha l’Évangile à la Pentecôte, certains de ses auditeurs « eurent le cœur percé » (selon le texte grec, trad.)– non pas par l’épée de l’Apôtre Pierre au sens littéral du terme, mais par « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu. » Finalement, cette épée frappera tous les adversaires de la justice, pour leur bien. Seuls les méchants délibérés seront finalement anéantis dans la seconde mort.
Néanmoins, nous ne devons pas oublier que l’inauguration du Royaume messianique aura lieu au milieu du temps de détresse, et que le Christ aura affaire avec l’introduction ou, tout au moins, avec la permission de cette détresse. Apparemment, il sera permis aux hommes d’occasionner la grande détresse, à la fin de cet âge, sur eux-mêmes. Il y a des forces du mal, Satan et ses anges, qui sont prêtes à nous faire du mal et qui, par des forces humaines, les forces du péché retranchées dans la nature humaine, sont prêtes à causer du mal au tissu social. La Bible signale que la puissance divine les maîtrise – les quatre anges qui retiennent les quatre vents – afin qu’ils ne soufflent pas sur la terre pour l’endommager, avant le temps voulu, avant que tous les membres de l’Église élue de Dieu ne soient scellés au front – représentant leur intellect — au moyen de la Vérité.
Au temps opportun, ces « vents » de dissension seront lâchés, et grande sera la détresse, jusqu’à ce que, au temps voulu, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs intervienne, afin de délivrer l’humanité d’elle-même et de l’Adversaire. Alors Satan sera lié pour mille ans et le Royaume du Messie sera établi afin de bénir toutes les familles de la terre.
WT1914 p5494