« C’est toi, Seigneur, qui, au commencement, as fondé la terre ; et les cieux sont l’œuvre de tes mains, Ils périront, mais toi, tu subsistes ! Ils vieilliront tous comme un vêtement. Tu les rouleras comme un manteau, et ils seront transformés ; mais toi, tu restes le même, et tes années ne finiront point ». — (Héb. 1 : 10-12. Version Synodale).
Ces versets sont une citation du Psaume 102 26-28. Ils sont employés par l’Apôtre pour attester le fait que Dieu avait pré-ordonné que notre Seigneur Jésus serait très grand — qu’il serait au-dessus de tout ce qui change. Nous sommes entièrement d’accord avec ce que l’Apôtre expose dans notre texte et son contexte. Cependant, une question peut se présenter à l’esprit de plusieurs comment cette déclaration peut-elle s’harmoniser avec des passages scripturaires qui affirment que la terre demeure toujours, etc.
Nous avons déjà montré, dans le Vol. I des Etudes des Ecritures, et ailleurs, que les mots « cieux » et « terre » sont employés dans les Ecritures dans un sens figuratif et symbolique aussi bien que littéral. Nous avons montré que, comme symboles, ils représentent l’ordre de choses actuel qui doit disparaître et faire place à un nouvel ordre de choses. Nous avons montré que c’est là la signification de l’exposé de l’Apôtre Pierre lorsqu’il parle du monde d’à présent, des cieux et de la terre actuels, qui doivent passer avec fracas (2 Pierre 3 : 10), et être remplacés par de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Comme nous l’avons déjà montré, selon notre compréhension, notre terre physique a servi de base au « monde d’alors », comme elle sert de base au « présent monde mauvais » et servira de base au « monde à venir », et le terme « monde » dans ces différentes expressions, signifie l’ordre de choses passé, l’ordre de choses actuel et l’ordre de choses à venir. Cette figure est expliquée en détail lorsqu’il en est parlé au moyen des termes cieux et terre, parce que le mot « terre »est utilisé pour représenter les systèmes terrestres, sociaux et politiques, tandis que le mot « cieux » est employé pour représenter les choses d’ordre plus élevé qui y sont unies, les systèmes ecclésiastiques, spirituels.
Ainsi, le ciel et la terre qui existaient avant le déluge périrent, disparurent ; non pas le ciel littéral ni la terre littérale, mais le ciel et la terre symboliques ou figuratifs. Cet ordre social, ou terre, qui prévalut avant le déluge, disparut et, en même temps, disparut aussi le gouvernement spirituel ou supérieur des anges qui fut uni à cette époque antédiluvienne.
Après le déluge, un nouvel ordre de choses fut institué. La société fut réorganisée sous de nouvelles conditions, mais sur la même terre physique, et un nouvel ordre, règne ou gouvernement spirituel s’établit aussi. Ce sont cette terre et ces cieux symboliques, organisés après le déluge, qui doivent disparaître avec fracas à la seconde venue de notre Seigneur — mais non la terre physique, ni les cieux physiques. Pareillement, selon notre compréhension, la déclaration de l’Apôtre « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre », ne se rapporte pas à quelque autre planète, mais à la nôtre même, et implique un nouvel ordre de choses social et un nouveau gouvernement ecclésiastique.
Etant donné cela, nous nous sentons justifiés en donnant aux paroles de notre texte une interprétation qui s’harmonise avec les autres passages des Ecritures se rapportant aux changements de dispensation prédits et qui doivent venir sur la terre.
De là, convenant avec l’argument de l’Apôtre que notre Seigneur Jésus fut l’agent actif du Père dans la création de la terre et des cieux physiques, nous comprenons que la pensée réelle est qu’il n’y aura pas de changement concernant notre Seigneur, mais c’est sa création qui changera — non pas quant à la matière et la forme de la terre, mais en tant qu’ordre social et religieux, et cela pour son plus grand bien. Pour pousser cet exposé plus avant, nous dirons que l’ordre que notre Seigneur avait établi dans le monde, à l’origine, était bon et convenable — c’était l’ordre divin concernant la terre, Adam en était le roi, il avait été créé à l’image et à la ressemblance de son Créateur et il lui avait été donné de dominer sur les bêtes des champs, sur les oiseaux du ciel et sur les poissons de la mer. Quant aux cieux ou pouvoirs spirituels, ils reconnaissaient la suprématie du Tout-Puissant et le fait que Sa volonté devait être la loi de l’humanité. Cet arrangement magnifique, établi à l’origine par notre Seigneur, a été changé deux fois par suite du péché. Jusqu’à ce jour, nous vivons dans ce qui est connu comme étant « Ce Présent Monde Mauvais » dans lequel l’idéal, les règlements et les arrangements spirituels aussi bien que terrestres, ne sont en harmonie avec l’ordre de choses qui existait à l’origine, mais sont, au contraire, tout à fait impropres et prêts à être dissous. Ils sont sur le point d’être roulés et d’être changés. Ils ont besoin d’être changés ; non pas parce qu’il y aurait eu une imperfection quelconque dans l’arrangement originel, mais parce que le péché, la désobéissance et ce qui en est la pénalité, la mort, l’ont fait disparaître. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre que le Seigneur établira durant son règne Millénaire seront les cieux et la terre originels restaurés. La loi de l’amour prévaudra alors parmi les humains parfaits, et chacun se rendra compte de sa responsabilité directe envers Dieu, le donateur de tout don parfait et de toute grâce excellente, et envers le Seigneur Jésus qui fut le premier ministre et l’agent du Père non seulement dans la création, mais qui sera encore, au cours de l’âge prochain, le premier ministre et l’agent du Père dans le rétablissement de toutes choses à leur condition première à laquelle des splendeurs seront ajoutées.
C.T.R. 1908. W.T. 4222.