» LES PETITS RENARDS »

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 » Prenez-nous les renards, les petits renards qui ravagent les vignes ; car nos vignes sont en fleurs. — Cant. 2 : 15.

Dans notre texte, le terme prendre est employé dans le sens de saisir ; saisissez-nous les renards, surtout les petits renards. Le renard est connu comme un animal très rusé mais aussi docile ; il n’est ni cruel, ni féroce, cependant il est capable de causer beaucoup de dom­mage. Son apparente innocence le rend d’autant plus dangereux. Le jeune renard comme un jeune chien domestique a la réputation d’être un destructeur de premier ordre ; le renard est particulièrement rusé et habile lorsqu’il accomplit un méfait, ainsi il éveille peu de soupçons sur ses intentions mauvaises. Il a une apparente simplicité dans ses propres manières qui le font paraître innocent ; c’est ainsi qu’il peut le mieux exercer ses tromperies.

Dans notre texte, le roi Salomon semble démontrer la dépravation de notre nature déchue ; cette dépravation n’est ni si complète, ni si grande que chez certains autres humains, mais elle ne nous fait pas moins beaucoup de mal. –

48 Juin 1916                                                                

Vraiment notre dépravation nous trompe beaucoup, elle est de nature telle qu’elle échappe à notre attention ; c’est pour cette raison que nous devons veiller avec soin et constamment sur nous-mêmes. Les paroles de notre texte semblent être prononcées par l’Epoux à sa fiancée ; il appuie sur l’expression les petits renards, et fait comprendre qu’ils causeront beaucoup de dommage.

Si cette expression est une image du péché, nous reconnaissons, en effet, que certains petits péchés sont plus dangereux que des péchés grossiers, parce que nous sommes peu mis en garde à l’égard de petits péchés, tandis qu’il n’en est pas de même à l’égard de péchés plus graves. Chacun se mettrait instinctivement en garde contre des lions, des ours ou des serpents, mais ne se méfierait pas de petits renards ; ils ont tant d’attraits, ils semblent si naïfs dans leurs manières ; si l’on n’a pas fait d’amères expériences avec eux on n’éprouve évi­demment aucune crainte à leur égard, ou du moins très peu. Ces petits animaux, comme les petits péchés, sont cependant capables d’égratigner et de détruire tout ce qui se trouve à leur portée.

PRENEZ UN SOIN TOUT PARTICULIER DES VIGNES » EN FLEURS »

Dans son illustration, le sage Salomon montre que les petits renards sont tout particulièrement friands des vignes en fleurs, les fleurs représentent les fruits du saint Esprit. Les petits renards prennent plaisir à déchirer les sarments de la vigne avec leurs griffes acérées et à ronger les racines, de même les petits péchés déchirent les branches de la vigne spirituelle et en rongent les racines, mettant ainsi en danger la vie tout entière. Les grappes, pendant leur croissance, sont très petites et très délicates, leur tige est très fragile et se brise facile­ment ; le fruit est ainsi facilement anéanti. Les fruits de l’Esprit, dans le cœur et dans la vie des chrétiens qui n’ont pas atteint un certain degré de maturité, sont de même facilement détruits ; ces chrétiens n’en ont peut-être pas pris assez de soin, ils n’ont pas veillé ; ils ont peut-être aussi suivi un mauvais exemple qui s’est présenté à eux. Ceux qui sont, depuis un certain temps, sur le chemin du ciel devraient veiller attentivement sur leurs paroles et sur leur conduite lorsqu’ils sont en présence de frères plus jeunes en la foi, de chrétiens peu expérimentés qui sont les agneaux du troupeau. Des critiques peu aimables faites en présence de jeunes frères où même de frères plus avancés peuvent causer un mal incalculable ; c’est l’indice d’un manque d’amour et de véritable caractère chrétien.

Tout enfant de Dieu devrait prendre garde aux petites choses particulièrement, aux petites plaisanteries qui font quelquefois plus de mal dans l’Eglise que des choses qui sont importantes en apparence ; il devrait se garder des plaisanteries sur les choses sacrées, sur certains passages des Ecritures ; il devrait prendre garde aux petits actes égoïstes, etc. Chacun devrait faire attention, penser sérieusement à ses propres fautes, aux fautes semblables à celles que nous venons d’indiquer, ainsi qu’à beaucoup d’autres qui causent un mal sérieux ; elles nuisent à la croissance des sarments et détruisent les fruits précieux de la vigne du Seigneur. Efforçons-nous donc, chers frères, de saisir ces petits renards, veillons attentivement ; veillons et prions, chacun indivi­duellement, afin que par nos pensées, par nos paroles ou par nos actions nous n’entravions pas ou n’amoin­drissions pas le développement des fruits de l’Esprit en nous ou chez d’autres chrétiens.

Il nous est difficile de comprendre combien est grande l’influence que nous exerçons sur autrui, soit pour le bien, soit pour le mal ; à première vue certaines fautes semblent des bagatelles, mais si nous les examinons sérieusement, nous en comprenons toute l’importance. Oh, ces petits renards ! Ces paroles vaines, prononcées sans réflexion ou dans un moment d’impatience, ces petits murmures, ces phrases pleines de sarcasme, ces éclats de rire, ces regards moqueurs ou ces haussements d’épaules, combien toutes ces fautes influent sur notre vie quotidienne ! Elles entravent notre développement spirituel et celui de nos frères. Combien nous devrions faire de sérieux efforts pour édifier notre propre caractère ainsi que le caractère de nos frères ! Notre Seigneur remarque toutes ces choses. » Celui qui est fidèle dans les petites choses sera aussi fidèle dans les grandes » , souvenons-vous de ces paroles.