LES PUITS D’ISAAC

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Isaac, personnage de transition?

Isaac est un patriarche dont on parle moins que d’Abraham ou de Jacob. En effet si l’on considère le nombre de chapitres dans la Bible qui évoquent la vie des patriarches, on s’aperçoit que le livre de la Genèse consacre approximativement 13 chapitres au récit de la vie d’Abraham et 8 à celle de Jacob, alors que seuls 2 chapitres décrivent celle d’Isaac.

Cela s’explique par le fait qu’Abraham était le patriarche dont la foi, tout à fait exceptionnelle, l’a fait appeler ami de Dieu et lui a permis d’avoir de précieuses promesses ; il a eu une vie riche de rencontres avec Dieu qui a cependant éprouvé sa foi ; le tout nous est raconté dans le détail et fait d’Abraham l’un des personnages les mieux connus de l’Ancien Testament.

Jacob n’a pas eu une vie aussi heureuse que celle d’Abraham ; elle a été plus tumultueuse, moins glorieuse ; il a eu des malheurs divers et a fini sa carrière en Egypte. Il est cependant le vrai père des 12 tribus d’Israël car, contrairement à Abraham, il a eu beaucoup d’enfants sans les attendre aussi longtemps.

Isaac, lui, semble coincé entre les personnalités écrasantes de son père et de son fils et ressemble à un personnage de transition, représentant une époque où il ne se passe pas grand-chose, alors que beaucoup d’événements importants ont eu lieu avant et après. Sa vie est décrite en 2 chapitres, outre celui qui parle du sacrifice sur le mont Morija, mais où, bien sûr c’est la grandiose force de caractère de son père Abraham qui est mise en valeur, lui n’y tenant qu’un rôle secondaire, et celui qui évoque sa rencontre avec Rebecca, source de bien des images de Christ et de l’Eglise.

Bref, une vie apparemment sans histoire … et dont les étapes ressemblent d’ailleurs à celles de son illustre père.

Des similitudes entre les vies d’Isaac et d’Abraham

Rappelons tout d’abord qu’Isaac s’est marié à l’âge de 40 ans avec Rebecca qui devait être à l’époque une jeune fille entre 15 et 20 ans. Rebecca était stérile, de la même manière que Sara, sa belle-mère était stérile, alors que Dieu avait promis à son beau-père Abraham de multiplier sa descendance (premier point de ressemblance).

Il est dit qu’Isaac a dû prier Dieu pour qu’Il mette fin à la stérilité de sa femme (Genèse 25:21) ; cette épreuve semble cependant normale si l’on considère combien de temps Abraham avait dû attendre pour avoir un fils ; elle était sans doute un test de la foi d’Isaac, comme elle l’avait été pour Abraham.

Jacob et Esaü sont nés alors qu’Isaac avait 60 ans (et Abraham 160…) ; cela peut paraître beaucoup, mais rappelons-nous qu’Abraham en avait 100 à la naissance de son fils !

Les 2 fils d’Isaac, de caractère très différent, ne s’entendent guère, avec comme point crucial de leur mésentente, l’affaire du droit d’aînesse acheté par Jacob à Esaü. La coutume de ce temps-là répartissant inégalement les richesses du père entre les enfants explique ce genre de mésentente ; cela a été également ainsi dans le cas d’Isaac et d’Ismaël (deuxième point de ressemblance).

Abraham meurt quand Jacob et Esaü ont 15 ans ; Il est dit qu’Isaac doit quitter l’endroit où il habite, près du puits de Lachaï-Roï parce qu’il y règne une famine. Or une famine y avait déjà eu lieu du temps d’Abraham et celui ci avait dû partir chercher de la nourriture ailleurs. (troisième point de ressemblance).

Abraham comme Isaac, a donc séjourné dans le pays des Philistins dont le roi était Abimélec. Au chapitre 20 de la Genèse il nous est dit que Sara a été enlevée par Abimélec car elle disait être la sœur d’Abraham (quatrième point de ressemblance).

Mais intéressons-nous maintenant à un autre aspect de la relation entre Abraham et Abimélec : il est dit au chapitre 21 que Abimélec était en bon terme avec Abraham après l’incident de Sara, mais qu’à un moment donné, Abraham lui fait des reproches à propos d’un puits que ses serviteurs avaient creusé et dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparés de force.

Il s’ensuit une explication entre les deux hommes et une alliance au cours de laquelle Abraham donne à Abimélec 7 brebis, en reconnaissance de quoi Abimélec reconnaît que c’est bien Abraham qui a creusé le puits. On appelle ce puits Beer-Shéba, qui veut dire serment ou bien sept. Les deux hommes font alliance, à la suite de quoi Abimélec rentre chez lui (cinquième point de ressemblance).

Le séjour d’Isaac chez les Philistins

Il est dit au chapitre 26 qu’Isaac, qui habitait dans le Sinaï, est allé lui aussi à Guérar, car la famine régnait dans le Sinaï. Il voulait initialement aller en Egypte, mais Dieu lui est apparu et lui a dit : “ Ne descends pas en Egypte, demeure dans ce pays-ci; je serai avec toi et je te bénirai, car je donnerai toutes ces contrées à toi et à ta postérité, et je tiendrai le serment que j’ai fait à Abraham, ton père. ”

Or à Guérar, chez les Philistins, il semble que Rebecca ait eu le même succès auprès d’Abimélec que sa belle-mère Sara. Pour ne pas risquer de voir sa femme enlevée, il lui fait dire que c’est sa sœur, comme Sara l’avait fait, mais elle avait pu le dire sans mentir. Dans le cas d’Isaac, c’est Abimélec qui voit Isaac plaisanter avec Rebecca comme l’on ne plaisante pas avec une sœur et a donc découvert la vérité. L’histoire se termine plutôt bien, puisque Abimélec ne le punit pas ; bien au contraire, il le protège par un décret de ses concitoyens et il lui permet de rester.

Il est dit au verset 12 que Isaac “ sema dans le pays et recueillit cette année-là le centuple, car l’Eternel le bénit. Cet homme devint riche, s’enrichit de plus en plus jusqu’à ce qu’il devint très riche.

Il avait un cheptel de petit bétail, un autre de gros bétail et un grand nombre de serviteurs ; aussi les Philistins devinrent jaloux de lui. Tous les puits qu’avaient creusés les serviteurs de son père, au temps d’Abraham, son père, les Philistins les comblèrent et les remplirent de terre. ”

Et là, l’attitude du roi philistin Abimélec change ; en effet, s’il lui a pardonné l’histoire de Rebecca, il ne peut supporter de voir la prospérité d’Isaac dans son pays. Il finit par lui dire : “ Va-t-en de chez nous, car tu es beaucoup plus puissant que nous. ”

Alors Isaac quitte la ville de Guérar et campe dans le vallon à l’est de la ville (verset 17).

Isaac creuse des puits

Il nous est dit qu’Isaac commence par recreuser les puits que son père Abraham avait creusés et que les Philistins avaient comblés, en leur donnant le même nom qu’ils avaient auparavant.

Mais il ne se contente pas de çà ; il est dit au verset 19 qu’il fait creuser plus loin dans le vallon et qu’il trouve un puits d’eau vive.

Mais les bergers philistins lui cherchent querelle à propos de ce nouveau puits et lui disent : “ L’eau est à nous ! ” Manifestement Isaac leur cède ce puits et le nomme Esek (qui veut dire “ dispute ”), parce qu’on lui avait cherché querelle.

Arrêtons-nous un instant sur ce premier incident.

Creuser un puits n’est pas chose facile. Aujourd’hui, un puits est réalisé au moyen d’un forage vertical dans la roche, mais en disposant bien sûr d’un moteur pour faire tourner le trépan, à moins de le faire à l’explosif. Une fois la nappe phréatique atteinte, on y met une pompe immergée et un tuyau pour amener l’eau en surface. Néanmoins cette opération coûte cher.

Auparavant, il en était tout autrement, car pour percer la roche jusqu’à la couche aquifère, il fallait creuser avec des outils de fer ou d’airain, tels que pics, jusqu’à ce que la roche casse en morceaux et évacuer les morceaux alors par des paniers. Les puits avaient alors différents aspects :

   – soit le puits étroit et vertical, où l’on réduisait autant que possible le volume de déblais, puits dont le creusement au pic était excessivement pénible par manque d’air par l’exiguïté et dont l’aspect final ressemble à ce que nous connaissons en Europe ; on puisait de l’eau au moyen d’une corde et d’un récipient accroché,    
   – soit le puits large, plus favorable à creuser quand la roche était moins dure, que l’on faisait généralement de façon à pouvoir y descendre par un escalier latéral, pour évacuer les déblais pendant le creusement et par la suite accéder directement à l’eau.  

Retenons que dans les deux cas, le creusement d’un puits coûtait cher, c’est-à-dire des semaines de travail à une équipe de plusieurs serviteurs, mais que l’enjeu économique pour celui qui l’avait en sa possession était énorme.

On comprend mieux :

1) que Isaac ait d’abord cherché à recreuser les puits d’Abraham ; pourquoi ? Parce qu’il n’y avait plus le travail de briser la roche à coups de pics, mais tout simplement de déblayer les gravats jetés dans le puits et de les transporter, ce qui était quand même long, mais plus rapide que de briser ; aussi a-t-il d’abord dégagé ces puits, dont l’alimentation en eau lui était sûre et connue.

2) que les bergers philistins aient cherché querelle en disant “ l’eau est à nous ” ; dans ces pays arides, l’eau, c’est la vie, c’est elle qui permet de boire, de faire boire les troupeaux et accessoirement d’arroser. Quand on voit l’enjeu que représente l’eau actuellement au Moyen-Orient, on comprend qu’elle avait une importance considérable déjà de ce temps-là.

Dans le vallon de Guérar et jusqu’à Beer-Shéba, la nappe aquifère est à environ 10 m, et va en s’approfondissant au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le Sinaï ; à 10 km de Guérar vers le sud, elle est à une profondeur inaccessible avec les moyens traditionnels de l’époque.

Revenons maintenant à Isaac. Il creuse ensuite un deuxième puits toujours dans le vallon de Guérar. On peut penser d’après le verset 21 que ce 2e puits était près du premier. Et là, les bergers philistins lui cherchent aussi querelle en revendiquant pour eux l’eau d’un puits qu’ils n’avaient pas creusé, pas plus que le précédent, mais qui se trouve sur le territoire philistin. Il leur cède également ce puits, qu’il appelle Sitna, qui veut dire “ accusation ”.

Il est dit qu’il lève le camp, c’est-à-dire s’éloigne de la zone de ces bergers, et fait creuser un troisième puits et là personne ne vient en revendiquer la propriété. Il le nomme Rehoboth, qui veut dire “ grands espaces ”.

Il dit alors : “ L’Eternel nous a maintenant mis au large, et nous prospérerons dans le pays. ” (verset 22). On peut donc penser que Isaac a pu profiter seul de ce puits et des pâturages aux alentours.

Il s’éloigne encore d’avantage vers l’est et arrive à Beer-Sheba, sans doute pour trouver de nouveaux pâturages pour ses troupeaux. Et là Dieu lui apparaît en lui disant : “ Je suis le Dieu d’Abraham, ton père ; ne crains pas car je suis avec toi ; je te bénirai et je multiplierai ta postérité, à cause d’Abraham, mon serviteur. ” (verset 24)

Une remarque faite en passant : Dieu est avec lui, mais lui rappelle bien que sa providence, il la doit à Abraham.

Les serviteurs creusent alors un nouveau puits à Beer-Shéba. C’est le dernier qui est mentionné dans ce récit.

Alors, pendant le creusement du puits, il nous est dit qu’Isaac reçoit la visite inattendue d’Abimélec, celui-là même qui l’avait chassé de Guérar. Abimélec vient avec son ami Ahuzath et son chef militaire Picol. Isaac s’étonne de cette visite en leur disant : “ Pourquoi venez-vous vers moi, puisque vous me haïssez et que vous m’avez renvoyé de chez vous ? ”

Réponse d’Abimélec : “ Parce que l’Eternel est avec toi ”.

Et Abimélec demande à Isaac de faire alliance avec lui étant donné que lui, Isaac est à présent béni par l’Eternel, et lui-même se sent en situation de faiblesse face à cet homme béni par Dieu.

Isaac les invite à dîner et les trois Philistins repartent au matin, après échange de serments.

Lisons la conclusion de ce chapitre : “ Ce même jour, des serviteurs d’Isaac vinrent lui parler du puits qu’ils creusaient, et lui dirent : Nous avons trouvé de l’eau. Et il l’appela Schiba. C’est pourquoi on a donné à la ville le nom de Beer-Shéba, jusqu’à ce jour. ”

Leçons à tirer de l’attitude d’Isaac

Voilà pour le récit. Que pouvons-nous dire de l’attitude d’Isaac dans ce récit ? Analysons un peu.

Tout d’abord, comme nous l’avons déjà dit, Isaac marche dans l’ombre d’Abraham ; il ne fait rien de grandiose dans sa vie, comme être patient durant de trop longues décennies dans l’attente d’un fils ; il n’est pas invité à le sacrifier pour prouver son obéissance à Dieu.

Isaac se contente, si l’on peut dire, par son attitude obéissante, de conserver intacte cette relation que son père avait nouée avec le Tout-Puissant ; c’est déjà pas mal, me direz-vous, puisque d’autres que lui dans la descendance d’Abraham ne feront même pas cela : Ismaël, Esaü, et les fils de Jacob…

Mais dans ce récit l’on peut dire que face à la famine qui sévit dans le Sinaï, il s’en remet à Dieu ; Dieu qui lui avait dit au verset 2 : “ Ne descends pas en Egypte … séjourne dans ce pays-ci. Je serai avec toi et je te bénirai… ”

Oui, l’on peut dire que Dieu prend soin de nous si nous nous remettons entièrement à Lui, comme nous le dit le texte en Hébreux 13:6 : “ C’est donc avec confiance que nous pouvons dire : Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai rien ; que peut me faire un homme ? ”

Mais nous confions-nous suffisamment dans le Seigneur ? Et ne sommes-nous pas trop accaparés par les impératifs de la vie courante qui font que nous faisons confiance en autre chose ? A nous de nous examiner…

Mais si nous revenons à Isaac, remarquons quand même une chose, Dieu lui avait dit : “ Séjourne dans ce pays-ci… ”. Il emploie ici le mot (Strong 776) Erets qui veut dire pays, région, terre etc… et qui ne veut pas dire ville, lequel mot (Strong 5892) utilisé plus loin au verset 34 est ayar (ville entourée, fortifiée, comme toutes les villes de jadis) ; devait-il séjourner dans la ville, au milieu des Philistins en zone protégée, ou habiter à l’extérieur, ne bénéficiant pas de la protection des murailles, devant organiser une veille de ses serviteurs contre les voleurs ?

Il est raisonnable de penser que les ennuis qui lui arrivent à Guérar viennent du fait qu’il a habité dans la ville, au milieu des Philistins. Ainsi, le roi Abimélec le voit par la fenêtre, donc depuis son palais en ville, en train de “ plaisanter ” avec Rebecca, alors qu’il avait fait dire partout que c’était sa sœur.

Là, Isaac a manifestement usé de dissimulation, à propos de Rebecca ; n’oublions pas que dans le modèle de ses parents, Sara était quand même la sœur d’Abraham, Rebecca non. Et cette dissimulation a été rendue nécessaire parce qu’il avait voulu profiter des avantages d’habiter dans la ville, un peu comme Lot qui avait choisi d’habiter dans Sodome.

C’est cette dissimulation qui lui vaut de voir affichée publiquement son attitude à travers l’ordonnance d’Abimélec : “ Celui qui touchera à cet homme ou à sa femme sera puni de mort. ” Ainsi, tous devenaient parfaitement au courant de ce qu’Isaac, par crainte, avait essayé de cacher. Et la déclaration d’Abimélec, qui semble être un homme droit, est remarquable ; il lui dit : “ Si quelqu’un avait couché avec ta femme, tu nous aurais rendu coupables ! ”

Quelle leçon pour nous? Et bien, elle me semble claire, et me rappelle une attitude qu’avait condamnée l’apôtre Paul en Galates 2:13 où il évoque une attitude pas claire de Pierre face au fait de manger ou non avec les païens. Il dit que “ avec Céphas les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné dans leur hypocrisie. ”

Paul n’a semble-t-il, jamais eu peur de ses opinions ; un exemple, quelquefois pas facile à suivre…

Arrive le moment où Isaac par sa prospérité provoque l’envie des Philistins, qui commencent par combler les puits creusés par Abraham. Puis il se fait chasser de la ville par Abimélec, qui lui reproche d’être devenu trop riche et trop puissant. Isaac s’en va et fait recreuser les puits comblés, et fait aussi creuser un nouveau puits. Devant l’énorme travail, l’investissement d’avoir creusé ce nouveau puits, qui apporte l’eau, donc la vie, il aurait pu, lui, devenu si puissant, trop puissant même, aller à la confrontation avec les bergers philistins ; il ne le fait pas. Il creuse un autre puits, qu’on veut lui prendre aussi ; il le leur donne. Pas facile ! Imaginez la réaction des serviteurs d’Isaac : “ On creuse les puits, et lui les donne aux autres ! Pourquoi leur donne-t-il satisfaction ? On est assez forts pour résister ” ; et bien non, Isaac ne veut pas d’histoire et cède. N’est-ce pas une leçon de dévouement pour les autres, même s’il avait lui aussi bien profité de la sécurité de la ville de Guérar pendant la famine.

Puis Isaac s’en va franchement à l’écart de la zone de Guérar, à Beer-Shéba et là, il creuse encore un puits. C’est pendant son creusement qu’Abimélec vient le voir avec ses deux collègues. La réaction d’Isaac est, disons, humaine, elle n’est pas magnanime, puisqu’il reproche quand même, d’abord, à Abimélec de l’avoir mis à la porte mais quand ce dernier lui assure qu’il cherche son amitié, cela équivaut à une demande de pardon de la part de ce roi philistin. Et Isaac pardonne bien volontiers puisqu’il les invite à manger, sacrifiant ainsi à l’hospitalité orientale et fait alliance avec ces gens importants, qui lui demandent, qui implorent peut-être son amitié.

En résumé, Isaac est considéré par les commentateurs de la Bible comme un homme de paix et cela apparaît dans les différentes étapes de ce récit. Les chrétiens devraient aussi être des hommes et des femmes de paix, prompts à pardonner.

Voilà quelques leçons que nous pouvons tirer de l’attitude d’Isaac.

Les puits d’Isaac, des figures intéressantes

Mais essayons maintenant d’aller plus loin et de voir si, comme le dit l’Apôtre, il n’y a pas dans ce récit quelque chose qui pourrait nous inspirer en tant que figure pour l’accomplissement du plan de Dieu où l’attitude du chrétien peut être symbolisée dans ces quelques événements vécus par Isaac en terre d’Israël.

Nous avons tous à présent ce récit en tête. On y trouve, comme dans d’autres récits, une rivalité pour la survie, pour avoir ce bien fondamental qu’est l’eau. Isaac dans ce récit quitte le Sinaï où il y a famine, pourquoi ? Et bien parce qu’il n’a sans doute pas plu et qu’il manque d’eau, d’où pas de végétation, et donc pas de vie pour les troupeaux. Il va à Guérar où il y a de l’eau.

L’eau, dans bon nombre de figures bibliques représente la vérité, telle que notre Seigneur l’a Lui-même imagée dans sa rencontre avec la Samaritaine en disant : “ Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. ” (Jean 4:13-14).

Une même soif de vérité nous a animés un jour de notre vie, et nous avons décidé de la rechercher, cette eau de vérité. L’ayant trouvée, il est possible que nous ayons décidé de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire la volonté de Dieu et qu’avec un zèle pur et infatigable nous ayons grâce à cette eau, crû en connaissance et en grâce.

On sait que l’amour du monde est sans doute un obstacle bien grand pour plaire au Seigneur et qu’il oblige à bien des compromissions, dont nous ne nous rendons pas toujours bien compte et qui finissent par nous piéger un jour.

Isaac a trouvé l’eau à Guérar, mais pour en bénéficier il vit dans la ville, profitant de son confort et de sa sécurité ; et pour ne pas avoir de problème liés à la beauté de Rebecca, il use de dissimulation auprès de ses hôtes. N’est-ce pas un peu l’illustration de ces compromissions que nous faisons quelquefois ?

Et si pour lui la chose s’est conclue par un ordre humiliant d’Abimélec, on sait aussi que toute compromission dans la vie du chrétien se termine par une épreuve. Isaac nous apprend des choses…

Il est dit qu’il prospère et que, jalousé par les Philistins, il doit quitter la ville et que ceux-ci ont bouché les puits d’Abraham. Que fait alors Isaac chassé de ce havre, de ce refuge de confort qu’est Guérar ? Il recherche à nouveau l’eau des puits que peut-être il n’avait pas utilisée pendant un temps.

Le chrétien inévitablement, cherche la vérité. Celle qui lui paraît la meilleure, la vérité de base n’est pas une vérité nouvelle, c’est celle que jadis notre Seigneur nous avait dévoilée, et qui s’est retrouvée cachée pour différentes raisons à travers les âges, surtout ceux des ténèbres, comme les puits d’Abraham bouchés par les Philistins.

Mais le chrétien cherche à mieux la comprendre, cette vérité, à en savoir toujours plus. Et l’image d’Isaac qui creuse des puits comme ceux d’Esek et de Sitna, illustre ce désir, mais, comme nous l’avons déjà dit, ces deux puits, appelés respectivement dispute et accusation, sont encore trop près de la ville, trop dans le giron philistin pour qu’Isaac puisse vraiment y trouver une eau qui lui donnera la paix, une paix qu’il cherche à tout prix.

Le chrétien ne cherche pas la paix à tout prix, il ne la trouvera pas. Mais s’il veut trouver la vérité et la comprendre dans le temps où il vit, il doit être conscient que le monde ne la lui donnera pas et que ce n’est qu’en se dévouant complètement à Dieu qu’il peut la trouver.

Esek et Sitna dans notre recherche de la vérité, du plan de Dieu pour l’homme dans l’âge millénaire, ce sont les illustrations d’une recherche faite sans trop vouloir la trouver, ou plus exactement en étant bien conscient que ce que nous cherchons est juste, mais que l’influence encore trop proche dans notre vie de la pensée et des aspirations du monde, aussi nobles et légitimes soient-elles, nous empêche d’en profiter pleinement.

Pour avoir la paix qu’il recherche, Isaac doit s’éloigner vraiment de Guérar, et recreuser des puits là où la nappe phréatique est de plus en plus basse et où creuser exige de plus en plus de travail. Mais il a la satisfaction de voir que cette fois, en  ayant creusé Rehoboth, on ne lui cherche plus d’histoires.

L’appréciation de la vérité, sa connaissance ne se fait pas là où il est le plus facile de creuser; il faut s’obstiner, sonder les Ecritures avec l’aide de l’Esprit, mais quelle satisfaction quand on avance dans la connaissance de la Parole et du Plan de Dieu !

Rehoboth, larges espaces: dans le cas d’Isaac, il n’y avait plus là de Philistin pour lui disputer l’eau mais de larges espaces où il pourrait faire paître ses troupeaux et cultiver quelques fruits.

La connaissance de la Parole de Dieu, qui nous apporte à chaque étude sa part de nouveauté, de connaissance de tel ou de tel détail, n’est-elle pas un large espace, un eldorado de trésor spirituel, où bien des choses restent encore à découvrir ?

Enfin, Isaac creuse le dernier puits mentionné : celui de Beer-Shéba. Ce puits-là est intéressant à plus d’un titre :

1) C’est le dernier mentionné par la Bible que creuse Isaac ; il n’en creuse plus après car il a trouvé suffisamment d’eau pour son usage et celui de ses troupeaux.

2) Ce puits est aussi celui de la réconciliation avec le roi Abimélec et ses adjoints, cette réconciliation étant scellée par une alliance avec lui.

3) Enfin, on sait à présent que Beer-Shéba dispose d’une des plus grandes réserves d’eau en nappe phréatique du sud d’Israël, bref, une eau abondante, inépuisable, d’une qualité constante car bien filtrée par la couche calcaire, qui sert aujourd’hui à alimenter une ville de près de 120 000 habitants et ses cultures environnantes.

Cette eau définitive nous représente bien les bénédictions de la parole vivifiante qui sera déversée pendant le royaume à toute l’humanité ; cette humanité est imagée par Abimélec et ses compagnons qui viennent bénéficier de ce que l’Eglise de Christ, représentée par Isaac, lui apportera à ce moment-là.

Cette eau vivifiante de la vérité sera définitive, c’est-à-dire qu’il n’y en aura pas d’autre de plus fraîche, de plus pure, et qu’elle suffira à nourrir définitivement l’humanité. De la même manière que l’eau d’Isaac abreuve aujourd’hui la ville de Beer-Shéba, les bénédictions du Royaume nourriront l’humanité toute entière lorsque Christ et son Eglise régnera, apportant à tous ceux qui voudront la possibilité de vivre éternellement.

Enfin si Isaac a conclu une alliance, une alliance souhaitée par Abimélec, à combien plus forte raison l’alliance nouvelle que fera Christ avec son peuple d’Israël et avec toute l’humanité sera le symbole de la paix de Dieu.

En résumé, comme nous l’avons vu, Isaac se prête peu aux figures et symboles, comparé à son illustre père, mais ses expériences, somme toute tout à fait ordinaires, dirions-nous dans le monde qui l’entourait, nous apportent quand même quelques réflexions sur notre propre attitude de chrétien. Puissions-nous en tirer leçon.

Fr. R. L.

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