Jean 4 : 43-54
Texte d’or ; « Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla ». — Jean 4 : 50.
Après avoir passé deux jours avec les Samaritains à Sichar, notre Seigneur continua Son voyage vers la Galilée. Nous avons déjà fait observer que cette manière d’agir de Jésus était contraire aux instructions qu’il avait données à Ses disciples, et que les Samaritains, n’étant pas réellement des Juifs, ne pouvaient pas en ce temps-là recevoir de bénédictions spéciales. Ils ne pouvaient obtenir de bénédictions avant que les soixante-dix semaines de faveur divine réservées aux Juifs eussent été accomplies et que la porte fût ouverte aux Gentils. Nous pouvons donc penser qu’il y avait une raison toute particulière pour laquelle les gens de cette petite ville furent exceptionnellement favorisés par le Seigneur, surtout si nous nous souvenons qu’en une occasion notre Seigneur refusa d’entrer dans un village de la Samarie et que les gens de ce village, ne voulant pas vendre de vivres aux disciples envoyés par Jésus, exaspérèrent Jacques et Jean à tel point que ceux-ci demandèrent au Maître de faire descendre le feu du ciel pour qu’il consumât le village et ses habitants (Luc 9 : 54). En Actes 8 et 9 : 31, il nous est indiqué clairement que l’œuvre de la grâce prospéra très rapidement parmi les Samaritains, sitôt que la porte du haut appel fut ouverte à ces derniers- Nul doute que les paroles de grâce et de vérité, prononcées par notre Seigneur au cours de Sa visite aux habitants de Sichar, avaient plus tard porté des fruits.
Notre Seigneur se rendit donc en Galilée avec Ses disciples, en dépit du fait qu’il avait cité le proverbe d’après lequel un prophète n’est jamais honoré dans sa patrie. S’il est vrai qu’il devait y recevoir moins d’honneur, il n’est pas moins vrai que la Galilée était un meilleur champ de travail, car les habitants de cette contrée, quoique extérieurement moins religieux que ceux de la Judée, étaient en réalité dans une meilleure attitude de cœur que ces derniers qui étaient entravés, par le sectarisme et les enseignements, véritables fardeaux, que leur imposaient les Pharisiens.
Bien que notre Seigneur eût accompli Son premier miracle en Galilée, II acquit Sa réputation tout d’abord en Judée et à Jérusalem. Et maintenant, faisant route vers Sa terre natale, II revenait avec plus d’honneur que s’il y était resté, d’autant que de nombreux Galiléens, qui étaient montés à Jérusalem pour la fête, avaient entendu Ses prédications et avaient été témoins de Ses miracles. C’est ainsi qu’il revint à Cana, théâtre de Son premier miracle, où II manifesta Sa gloire. Nous nous souvenons qu’à la suite de Son premier miracle, le peuple avait dit à Son sujet : N’est-ce pas Jésus, le charpentier, dont nous connaissons le père et la mère ? (Marc 6 : 2, 3). Maintenant, donc, Sa renommée s’était répandue au loin, de sorte qu’un officier royal, de la ville de Capharnaüm, située à quelque quarante kilomètres de là, ayant appris qu’il était présent à Cana, entreprit le voyage pour Lui demander tout spécialement de guérir son fils qui était mourant. Cet officier du roi, d’après ci que certains supposent, était Chuzas, Pintendan ou chambellan d’Hérode, dont la femme, Jeanne fut citée au nombre de celles qui, plus tard, servirent Jésus. — Luc 8 : 3.
La foi manifestée par Chuzas.
Notre leçon a pour essence la foi, et elle illustre bien les degrés et le développement de celle ci. La connaissance est nécessaire pour servir de base à la foi, et ce Chuzas la possédait. Il manifesta sa foi en allant trouver le Seigneur et en confessant publiquement sa confiance dans la capacité de Jésus de guérir son fils. Nous pouvons bien nous rendre compte que cette manière d’agir de Chuzas indiquait qu’il avait une bonne mesure de foi pour commencer. Cependant, notre Seigneur qui ne manquait pas de compassion pour un père montrant tant d’intérêt pour son fils mourant, mais qui désirait développer la foi de l’officier, fit mine d’hésiter d’aller avec lui et parut faire des objections à sa demande, disant : « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez pas !…» (Verset 48). Si Chuzas avait eu une petite foi, ou s’il lui avait manqué de l’humilité, il aurai pu devenir incrédule et s’indigner.
Il aurait pu dire : Je ne crois aucunement en toi ; je suis venu solliciter ton aide, mais en comptant sur le hasard. Comme les médecins ne peuvent plus rien pour mon fils, je pensais que tu pourrais peut-être faire quelque chose. Mais maintenant, Maître, je remarque ton hésitation, et elle signifie pour moi que tu choisis occasionnellement parmi les cas de maladie, ceux où tu peux opérer une guérison ; mais dans la plupart des autres cas là où la mort est toute proche, tu es aussi impuissant que nos médecins. J’ai pour le moins démontré le caractère frauduleux de tes prétentions dans leur ensemble. Adieu ! Mais non ; l’attitude de cœur de Chuzas fut différente. La temporisation de notre Seigneur l’incita simplement à faire de plus pressantes sollicitations. Il supplia le Seigneur et, finalement, il Lui dit : « Seigneur », Rabbi « descends, avant que mon enfant meure ! ». S’il te plaît, arrête de discuter sur le thème de la foi si tu te rends compte de ma situation comme père et de l’intérêt que j’attache à cette question, mais pour le moment viens et secours-moi ; tu pourras discuter de la philosophie de la foi et me faire connaître ce dont j’ai encore besoin par la suite.
Notre Seigneur venait de parvenir à Ses fins II avait éprouvé la foi de l’officier royal, et avait réussi à diriger les pensées de cet homme de l’acte de guérison pur et simple à quelque chose de plus élevé, à la puissance divine se trouvant derrière, et au fait que Ses miracles étaient simplement destinés à Le faire connaître comme Messie. Mais l’épreuve de la foi n’était pas encore terminée, car notre Seigneur, au lieu d’accompagner Chuzas jusqu’au chevet de son fils malade et d’y opérer une guérison, lui dit simplement : «Va, ton fils vit ! … » — il ne mourra pas à présent, et il se rétablira (verset 50). L’homme crut à ces paroles et, au lieu de continuer à importuner le Maître, il Lui exprima, sans aucun doute, sa reconnaissance et sa gratitude. Il est écrit que le miracle eut lieu à la septième heure (une heure de l’après-midi).
Il est permis de supposer que Chuzas parcourut les quarante kilomètres à cheval, le matin même, en toute hâte. Il est bon de remarquer, cependant, que l’officier, qui pouvait être de retour le soir même, s’il avait chevauché à la même allure que pour venir, n’arriva chez lui que le lendemain.
Visiblement, il fit le voyage sans se presser. Alors qu’il s’en retournait, ses serviteurs allèrent à sa rencontre pour lui annoncer cette heureuse nouvelle : ton fils est hors de danger. Il leur demanda à quelle heure celui-ci s’était trouvé mieux ; ils lui répondirent promptement : « Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté ». Ainsi Chuzas reconnut que la guérison de son fils était due à la parole et à la puissance de notre Seigneur.
Un autre genre de foi.
Nous lisons, au verset 53, que Chuzas «crut, lui et toute sa maison». Mais n’avait-il pas cru auparavant, lorsqu’il partit trouver le Maître, qu’il conversa avec Lui, qu’il se montra satisfait de Sa réponse et qu’il revint chez lui ? Oui, chacune de ces circonstances fut un pas de plus fait dans la foi, dans la croyance et dans une obéissance en rapport avec cette foi et l’attestant ; mais lorsqu’il arriva chez lui et qu’il se fit une idée nette du miracle, l’officier crut au Seigneur d’une manière encore plus haute et plus profonde. Il crut dès lors, non seulement que Jésus était capable d’accomplir des miracles, mais qu’il était véritablement le Rédempteur, le Messie. Sa foi était finalement parvenue jusqu’à son cœur. C’était sans doute à la suite de ce miracle que sa femme, Jeanne, accomplissant ses souhaits, devint l’une des actives servantes de notre Seigneur au cours de Son ministère.
Quelles leçons de foi pouvons-nous donc apprendre, actuellement, des faits relatés dans le passage de l’Ecriture faisant l’objet de notre étude ? Nous répondons que la foi possède aujourd’hui différents degrés ou gradations. Tout d’abord, nous ne pourrions avoir de foi si nous n’avions pas suffisamment de connaissance qui lui servirait de fondement. Il est écrit : « Sans la foi, il est impossible de lui (Dieu) être agréable » (Héb. 11 : 6), et seuls ceux qui sont agréables à Dieu, qui obtiennent Son approbation, auront la vie éternelle. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que les païens, qui n’ont pas foi en Dieu, parce qu’ils n’ont aucune connaissance de Lui, ne sont ni acceptés, ni justifiés par Lui. Ils ne sont sauvés en aucun sens du mot ni reconnus par Dieu comme étant dignes de la vie éternelle. Cela convainc, immédiatement, tous ceux qui se laissent guider par les Ecritures, que la supposition, d’après laquelle les païens vont au ciel par suite de leur ignorance, est fausse.
Comme l’Apôtre le déclare : «Comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont pas entendu parler ? ». Comment pourraient-ils en entendre parler, si aucune prédication, soit orale, soit écrite, ne leur en était faite ? Et comment la prédication de ces vérités peut-elle les toucher, si Dieu, n’intervenant, ne la leur fait parvenir et ne leur ouvre les yeux de leur entendement ?
Mais une foi élémentaire, fondée sur une connaissance élémentaire, n’est pas suffisante. La foi doit grandir, et, avant de grandir, elle doit produire certaines œuvres. C’est ainsi que Chuzas, en entreprenant son voyage pour voir notre Seigneur, fut incité par sa foi primitive. En allant trouver Jésus, il prouva qu’il avait de la foi. Mais, d’une façon générale, on agit de la sorte lorsque l’on est poussé par les nécessités, comme l’était Chuzas qui avait son fils malade. Certains individus peuvent entendre parler de Christ, mais ils ne s’approcheront jamais de Lui s’ils n’en sentent pas la nécessité. Pourtant le message, qui parle de Christ, déclare qu’il est Sauveur, ce qui implique que tous les hommes sont pécheurs. Seuls ceux qui se rendent compte d’être des pécheurs, qui désirent être délivrés du péché et de la mort, seront incités à rechercher le Seigneur et à s’approcher de Lui, afin d’être soulagés du fardeau qui pèse sur leur âme.
La foi vient de ce qu’on entend – le Message de Dieu.
Lorsqu’une âme commence à s’approcher du Seigneur, il peut être nécessaire de lui faire éprouver un plus grand sentiment de besoins ; ainsi, bien que notre Seigneur soit très miséricordieux, rempli de compassion et fortement disposé à pardonner, il arrive qu’il se laisse supplier par un pénitent, et qu’il tarde à lui donner l’assurance de Son pardon, jusqu’à ce que les choses paraissent capitales à celui qui a faim et soif de la faveur divine et qui la cherche.
Alors, comme dans le cas de Chuzas, le Seigneur n’accomplit rien d’une manière visible, miraculeuse, pour nous prouver que notre prière a été exaucée et que nous sommes pardonnés, mais II nous dit simplement ceci : « Tes péchés te sont pardonnes ! ». Partout où il y aura une foi convenable, le résultat sera le même que dans le cas de Chuzas — le pénitent croira, aura foi et s’en ira, reconnaissant et plein de joie. Quiconque ne peut avoir confiance, n’est pas encore parvenu au point où il serait avantageux pour lui d’obtenir du secours. Il doit tout d’abord cultiver plus de foi dans le Seigneur, et, pour cela, il lui faut une plus grande connaissance du Seigneur et de Sa bonté. Il lui faut se rappeler quel est le caractère du Seigneur; que l’Eternel est très miséricordieux et plein de tendre compassion ; que s’il déclare que nous sommes des pécheurs, II déclare aussi qu’il nous a tellement aimés, lorsque nous étions encore pécheurs, qu’il fournit le prix de notre Rédemption. (Jean 3 : 16). Il doit considérer avec quelle bienveillance l’Eternel s’est déjà occupé de beaucoup d’humains, en leur pardonnant leurs péchés, en leur accordant Son Saint Esprit, par lequel leur caractère a pu merveilleusement se transformer, si bien qu’ils en sont venus à haïr les choses qu’ils aimaient jadis, et à aimer celles qu’ils haïssaient autrefois. En repassant ces leçons dans leur cœur et en ayant foi que l’Eternel ne change pas, qu’il est le même, hier, aujourd’hui, éternellement, tous les sincères chercheurs de la faveur divine ont un bon fondement pour leur foi, leur donnant l’assurance qu’ils sont pardonnes et acceptés, et peuvent trouver un « puissant encouragement ». (Héb. 6 : 18).
Que devrait produire une foi véritable qui, après avoir surmonté diverses difficultés, a atteint le degré de justification et est parvenue à concevoir le pardon des péchés, la réconciliation avec le Père et la nécessité du mérite du sang précieux, couvrant toutes taches tant futures que passées ? Comme il en fut de la foi de Chuzas qui l’amena à l’état de disciple et l’éleva à une position de confiance jamais atteinte, ainsi en devrait-il être de la nôtre. La conception nette de la grâce de Dieu, par laquelle nous avons obtenu le pardon de nos péchés, devrait nous conduire à une telle foi dans le Seigneur, à une telle confiance dans Sa Parole et à un tel désir de Le reconnaître toujours pour notre grand Instructeur, notre Messie, que nous croirions en Lui au point d’accepter toutes les bienveillantes mesures qu’il a prises pour nous et tout ce qu’il nous propose. Cela veut dire que nous devrions nous détourner du monde pour devenir Ses disciples, pour déposer le peu que nous possédons sur l’autel du sacrifice, ayant pleine confiance que Celui qui a commencé en nous cette bonne œuvre est capable et désireux d’en poursuivre l’achèvement jusqu’au jour de Christ, jusqu’à l’Age Millénaire, à l’aube duquel l’Eglise, l’Epouse, doit être secourue, délivrée et «changée ». — Phil. 1 : 6 ; 1 Cor. 15 : 51, 52.
Nous avons foi que nos lecteurs, dans leur majorité, seront à même de relever, dans cette étude, les traces de leurs propres expériences qui leur ont valu la justification et la sanctification. Et qu’est-ce qui doit encore suivre cela ? Nous répondrons qu’ensuite, d’après l’ordre établi, vient l’épreuve — l’épreuve qui doit mesurer le degré de notre consécration et démontrer si celle-ci est sincère. C’est cela la vie chrétienne. Nos tout premiers pas faits dans la foi et dans la justification nous ont simplement préparés à accéder au plan de la sanctification, qui est l’engendrement du Saint Esprit à une nouvelle nature. Durant cet Age de l’Evangile, le Seigneur s’occupe spécialement de ces nouvelles créatures, de ces engendrés de l’Esprit, bien qu’ils ne soient pas nombreux, comparés au monde ou même à ceux qui font les premiers pas dans la foi en vue de parvenir à la justification. Ils ne sont en effet qu’un petit troupeau, et c’est le bon plaisir du Père de leur accorder le Royaume, de le donner à ceux d’entre eux qui s’en montreront dignes (Luc 12 : 32). C’est à eux que l’Apôtre déclare :«Toutes choses sont pour vous» 2 Cor. 4 :15
Tout dans le domaine tant de la nature que de la grâce doit, actuellement, agir d’une manière qui soit des plus favorables à cette classe de personnes, car l’Eternel a déclaré que toutes choses concourent au bien de ceux qui ont été appelés selon Son dessein (Romains 8 : 28). Tout ce qui ne peut être dirigé pour leur bien est freiné, arrêté et ne peut plus progresser. Peu d’entre le monde se rendent compte de la place importante qu’occupent les membres de ce petit troupeau dans leurs affaires, dans ce qu’ils entreprennent en vue de leur bien commun. En vérité, le monde ne les connaît pas, comme il n’a pas connu leur Seigneur (1 Jean 3 : 1). Le monde les considère comme des balayures, comme une partie du rebut de la société ; il ne les connaît que comme fous pour la cause du Christ. Mais bientôt le voile qui s’étend sur les peuples se lèvera, et le monde comprendra les œuvres mystérieuses qu’accomplit actuellement la Providence divine, car, ainsi que l’Apôtre le déclare, Dieu, dans les âges à venir, fera éclater « l’immense richesse de sa grâce, par la bonté dont il a usé envers nous en Jésus-Christ ». — Eph. 2 : 7.
Quiconque possède une mesure suffisante de foi pour être accepté par l’Eternel et pour être engendré du Saint Esprit, aura encore besoin de croître dans la grâce, dans la connaissance et dans la foi, mais il trouvera dans les mesures prises par Dieu tout ce qui lui sera nécessaire pour agir dans ce sens. C’est pourquoi les Ecritures affirment que Dieu est fidèle dans Sa promesse, et que si quelqu’un des engendrés de l’Esprit ne réussissait pas à atteindre le but glorieux de l’appel, ce serait sa propre faute, parce qu’il aurait négligé la grâce divine ou n’en aurait pas fait usage conformément aux injonctions de Dieu. Que notre foi abonde donc, chers frères, qu’elle devienne de plus en plus forte, et pour cela, nourrissons-nous de la manne céleste à laquelle il a été pourvu pour nous, mettons à profit toutes les occasions favorables à notre croissance qui se présentent à nous, et ne soyons pas paresseux, mais fervents d’esprit, servant le Seigneur.
W.T. 4132 — 1908.