L’esprit missionnaire du chrétien.

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— Actes 13: 1—12. —

“Allez, instruisez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.”

Matth. 28: 19.

L’esprit du chrétien est d’essence agressive. L’Evangile place devant le vrai croyant un but, une espérance qui l’enthousiasment au plus haut point. La bonne nouvelle devient en lui un feu qui doit flamboyer comme une vraie lumière pour en illuminer d’autres. Sinon elle s’étoufferait et s’éteindrait: «N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu par lequel vous avez été scellés” (Eph. 4 : 30) peut s’appliquer aussi bien au vrai esprit mis­sionnaire qu’à la vie divine elle-même.

L’oeuvre missionnaire chez les païens a été certaine­ment la suite donnée au commandement de Notre Sei­gneur, afin que la connaissance de la grâce de Dieu soit répandue pour choisir les élus de Dieu d’entre toutes les nations. Mais en disant cela, nous n’approuvons pas toutes choses en connexion avec les méthodes mission­naires et évangélistes et ce qui se fait encore aujourd’hui sous le couvert de l’Evangile. Nous croyons cependant que des bénédictions en résultèrent quoiqu’on ait eu recours à de mauvaises méthodes et à des doctrines erronées. Ceux qui ont donné de l’argent pour la cause missionnaire ont sûrement reçu et recevront une béné­diction. Le sacrifice de biens terrestres a toujours une récompense dans la suite et est compensé au moins en ferveur d’esprit. Jusqu’à quel point les païens ont-ils été bénis par la civilisation chrétienne, il est difficile de le dire, les uns ont été plus heureux que les autres. Le Seigneur seul en sait taxer les résultats et sait aussi rétribuer au juste ces services rendus à sa sainte cause.

En ce qui concerne tous ceux qui discernent l’éclat de la présence du Seigneur et se réjouissent dans l’aube millénaire, nous pensons que, puisqu’il y a tant à faire chez nous en pays civilisés chrétiens, ceux qui ont assez de travail sur les bras feront mieux de se contenter ainsi, laissant au Seigneur les soins de faire parvenir le message aux païens plus tard, à sa manière, selon sa sagesse et sa grâce.

Comme le Seigneur ouvrait le chemin à un des nôtres il sembla bon il y a quelque temps qu’un frère améri­cain, Booth et sa femme, se rendissent en Afrique en qualité de représentants de la vérité. Aujourd’hui nous avons les preuves que c’était voulu du Seigneur, qu’il avait là, dans le lointain Sud-Africain aussi quelques grains de blé mûris. [Si le Seigneur a encore des élus à rassembler dans le continent africain, il en a certaine­ment aussi en France, en Suisse, en Belgique, en Italie et en Espagne, etc., de ceux qui n’ont pas affermi leur vo­cation et leur élection céleste, à nous de redoubler d’efforts et d’ardeur; nous que Dieu a tant privilégiés de connais­sances et de lumières divines, faisons ce que nous pou­vons, les résultats, les bons fruits se montreront tôt ou tard. — Rem. du trad. Des nouvelles de frère Booth et d’autres du Cap et des environs nous montrent que la proclamation de la bonne nouvelle de grande joie se pour­suit dans ces régions d’une manière réjouissante avec des résultats que nous n’osions espérer dès l’abord. Trois frères

7 – Juillet 1909

blancs prêchent maintenant continuellement a un audi­toire mélangé. Il s’est formé pas mal de petites réuni­ons qui se délectent dans une connaissance croissante du plan divin des âges; l’augmentation de ceux qui cette année ont célébré la mort du Seigneur se chiffre à près de deux cents. Puis trois frères nègres ont épousé la cause et proclament avec ardeur le vrai Evangile. L’un travaille près de Cap-Town. L’autre a déjà fait un voyage de quelques mille kilomètres jusqu’au lac Nyassa et exerce une influence considérable parmi son peuple près de ce lac. Le troisième vient de partir pour la même destination et cela à pied un voyage d’un mois, accompagné de six autres jeunes nègres chrétiens, qui veulent profiter du voyage pour être enseignés chemin faisant et être d’autant mieux préparés à l’arrivée chez les leurs et ailleurs.

Mais nos efforts missionnaires, aussi bien chez nous qu’à l’étranger, sont d’un tout autre caractère et d’une autre inspiration que les missions ordinaires. Nous n’apportons pas aux ignorants l’Evangile d’un Dieu cruel et d’un endroit horrible appelé enfer ou purgatoire dans lequel aurait été dépêchés tous leurs ancêtres et ou eux-mêmes y seront jetés à leur mort s’ils n’accep­tent pas notre message. Notre Evangile est celui de Paul et Barnabas — le message, l’annonce que le Dieu d’amour a pourvu à un Rédempteur; qu’au temps propre ce Rédempteur établira son Royaume et par ce moyen bénira toutes les familles de la terre en leur faisant part d’une connaissance bien nette de sa grâce et de toute facilité pour parvenir à l’harmonie divine, c. à d. la possibilité pour chacun de s’assurer la vie éternelle.

Notre Evangile est celui d’une grâce spéciale pour ceux qui ont «des oreilles pour écouter» et un coeur pour l’apprécier et l’accepter. Elle s’adresse aux joyaux de l’Eternel, à la prêtrise royale, au petit troupeau des élus, afin qu’ils soient scellés d’une plus claire connais­sance de la vérité pour atteindre à la cohérédité avec leur Sauveur dans son royaume à venir. Notre principal travail est dans le pays où nous habitons où la Bible est plus ou moins connue, parce que nous vivons au temps de la moisson de l’âge de l’Evangile, de même que le travail du Seigneur et de ses disciples se faisait dans la moisson de l’âge juif. Jésus dit à ses disciples: «Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé; d’autres ont travaillé et vous êtes entrés dans [le fruit de] leur travail” — pour récolter les grains mûris. — Jean 4: 38.

L’esprit missionnaire à Antioche.

Notre texte dit qu’outre Paul et Barnabas il y avait à Antioche encore trois autres orateurs publics. Pendant qu’ils servaient le Seigneur et qu’ils jeûnaient l’Esprit saint leur enjoignit que Paul et Barnabas fussent mis à part en vue d’une mission spéciale consistant à ap­porter à autrui le message de la grâce de Dieu. Cela nous suggère la voie qui doit être suivie partout où il se trouve que le nombre de ceux qui ont des capacités de parler en public, de colporter ou de faire des distri­butions de journaux, etc., est plus grand qu’il ne faut; au lieu de perdre du temps précieux et de gaspiller leurs forces, tous devraient reconnaître en ce cas que quelques ­uns pourraient entreprendre un travail spécial. Si on n’ajoute pas d’importance à cela, tout de suite quelques-uns par inoccupation seront portés à trouver des fautes chez des autres, à avoir de petites animosités person­nelles, du mécontentement, etc. voire même à faire des concessions aux plaisirs et satisfactions de la chair, au lieu de chercher à s’encourager mutuellement, à s’entr­aider sympathiquement et à croître dans la joie du Sei­gneur et dans la propagande de la vérité. Tout membre de Christ mais particulièrement ceux qui ont des dons d’enseignements devraient prendre l’offensive dans l’oeuvre du Seigneur, encourager et enflammer ses autres com­pagnons de travail, moins doués et favorisés peut-être; ce qui est plus fructueux et ennoblissant que la re­cherche des petites querelles et chicanes personnelles qui vous refroidissent et vous désintéressent spirituelle­ment parlant et vous entraînent parfois aux suites les plus funestes.

“Ils leur imposèrent les mains.”

L’Eglise ordonna les apôtres pour cette mission. L’im­position des mains ne signifia point la communication à de tels de pouvoirs spirituels ou occultes. Elle ne signifia pas non plus leur accorder l’autorisation de prêcher. Elle signifia simplement que la congrégation du Seigneur à Antioche reconnaît en ces deux hommes leurs qualités de serviteurs de Dieu et les autorise d’aller, comme ses représentants et implicitement à sa charge pour apporter à autrui le message de la bonne nouvelle. De même que les prêtres qui posaient leurs mains sur les animaux qui devaient les représenter comme sacri­fices, ainsi l’Eglise posa ses mains sur ceux qui allaient la représenter au service de la vérité.

D’une manière semblable nous poursuivons aujourd’hui ce que nous croyons être les directions de l’Esprit saint en envoyant des pèlerins proclamer la Bonne Nouvelle, ils vont pour prêcher, «non de la part des hommes» ou d’un système, mais envoyés du Seigneur, qui dit: «Allez et instruisez toutes les nations” — les peuples de toutes les nationalités et non seulement- les Juifs comme, au début. Disons cependant que les frères com­posant l’Eglise imposent d’ordinaire les mains à ces pèlerins en voulant dire par là: «Allez avec notre ap­probation, comme nos représentants, il sera fait face à vos frais par nos donations à la caisse des -Bibles et traités. Servez fidèlement le Seigneur et donnez-nous de vos nouvelles par l’intermédiaire de la Société du Watch Tower.”

La lumière et les ténèbres en opposition.

Paul et Barnabas décidèrent d’aller premièrement à l’île de Chypre, Barnabas étant originaire de cette île et elle était sur leur route pour l’Asie Mineure. Il semble que rien de spécial ne se passât jusqu’à ce qu’ils eussent fait presque toute la traversée de l’île quand ils se trouvèrent en conflit avec un sorcier juif, connu comme Elymas ou magicien. La plupart de ces fourberies et tricheries de ce temps et d’aujourd’hui sont provoquées et inspirées du démonisme, des anges déchus. Ce spirite ou faux-prophète Elymas ne vit que trop vite l’ascen­dant qu’avait sur l’intelligent proconsul, Sergius, le clair raisonnement de Paul et voulut contredire la vérité, le succès de l’apôtre signifiant pour lui la perte du prestige de ses sorcelleries. Alors St. Paul rempli [d’un pouvoir spécial] du Saint-Esprit fixa les regards sur lui et dit:

8 – Juillet 1909

« Homme plein de toute espèce de ruse et de fraude, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de pervertir les voies droites du Seigneur? Main­tenant voici, la main du Seigneur est sur toi, tu seras aveugle, et pour un temps tu ne verras pas le soleil.»

Ce n’était pas la puissance de Paul, ni le jugement de Paul, mais c’est la puissance et le jugement du Sei­gneur qui se manifestèrent, Paul n’en étant que le porte-parole. Généralement le Seigneur aujourd’hui n’in­tervient pas ainsi pour punir ses adversaires; c’était un cas plutôt exceptionnel à l’effet d’aider à l’établissement de la religion de Christ et d’encourager les envoyés dans leur ministère futur. Il ne nous appartient pas non plus de vouloir imiter ici St. Paul, il était un des douze seuls et uniques apôtres rempli d’un pouvoir spécial et non moins spécialement employé en vue d’un but dé­terminé. Ce que nous pouvons faire, c’est de prêcher la Parole et laisser les suites au Seigneur. Le jour est cependant tout proche quand, sous la puissance du Ro­yaume, ceux qui s’opposeront à la vérité sentiront l’effet vigoureux d’un jugement sévère de l’Eternel. Nous sommes heureux, toutefois, de savoir qu’il y aura un recouvrement de ces jugements, comme ce fut le cas chez Elymas, son aveuglement ne fut que pour un temps. De cet âge à venir il est écrit: «Lorsque les jugements de l’Eternel s’exercent sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice.» — Esaïe 26 ; 9.

Il n’y a pas de doute qu’Elymas apprit quelque chose par ses expériences, mais ce fut surtout le proconsul qui en profita, quoique, comme nous lisons, ce ne fût pas le miracle qui décida sa foi: «Le proconsul voyant ce qui était arrivé, crut et demeura frappé de la doctrine du Seigneur. Voilà l’influence que nous devrions cher­cher à faire pénétrer dans chaque coeur; non pas l’é­tonnement que peut provoquer notre habileté oratoire, nos belles paroles ou notre personne imposante, mais l’étonnement à l’ouïe de l’enseignement de la parole de Dieu. C’est en effet bien là le secret des progrès du message de la moisson actuelle. Les gens sont frappés des doctrines. Nos pèlerins publics ne sont pas au-dessus de l’étiage moyen. Beaucoup diraient même: ils n’atteignent pas à la moyenne des excellents orateurs des diverses dénominations chrétiennes, mais ils ont la foi et surtout la doctrine. Ils enseignent le plan de Dieu — c’est ce qui frappe et produit une grande im­pression sur ceux qui écoutent.

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