L’HOMME DU PÉCHE – L’ANTICHRIST

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« Que personne ne vous séduise en aucune manière, car [ce jour‑là ne viendra pas] que l’apostasie ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché n’ait été révélé, le fils de perdition» 2 Thessaloniciens 2: 3, Darby.

L’Antichrist doit être développé, révélé et frappé avant le Jour du Seigneur. ‑ Considération d’une vue opposée à celle‑ci sur ce sujet. ‑ Esquisse prophétique. ‑ La naissance de l’Antichrist. Son développement rapide. Le tableau qu’en donne l’histoire et sa description par la Bible s’accordent. ‑ Son royaume est une contrefaçon. Sa tête et sa bouche remarquables. ‑ Ses grandes et arrogantes paroles de blasphême. ‑ Ses enseignements blasphématoires. ‑ Son extermination des saints du Très‑Haut. ‑ Son règne millénaire. ‑ L’antichrist frappé par l’épée de l’Esprit. ‑ Sa lutte finale et sa fin.

En regard de ces paroles de l’apôtre Paul montrant qu’un personnage qu’il appelle « l’Homme du Péché » doit précéder la venue du Jour du Seigneur qui, comme nous l’avons démontré, a déjà commencé à poindre, il est important que nous regardions autour de nous pour voir si un tel personnage est déjà apparu. Paul et les autres apôtres l’ont si soigneusement décrit que s’il n’est pas encore venu, les paroles ci‑dessus devraient être comprises comme un veto de Paul à tous les autres témoignages concernant la présence du Seigneur et l’établissement de son Royaume maintenant. Ce veto doit subsister comme un argument irréfutable jusqu’à ce que cet Homme du Péché soit reconnu et qu’il corresponde par chaque détail à la description prophétique.

Il est clairement déclaré que, non seulement cet Homme du Péché doit premièrement se lever, mais qu’il doit se développer et prospérer avant que le Jour du Seigneur vienne. Avant le jour de Christ, la prospérité et l’influence de cette puissance auront atteint leur point culminant et seront sur leur déclin ; c’est par la lueur éclatante de la présence du Seigneur à son second avènement que cet Homme du Péché sera entièrement détruit. Il nous faut observer ces circonstances prédites, afin de savoir si cet avertissement à l’Eglise dans les jours de Paul sont encore applicables de nos jours. Aujourd’hui, après dix-huit siècles, nous prétendons de nouveau que le jour de Christ est venu; et cette importante question se présente : Y a‑t‑il quelque chose dans ce que Paul a dit pour corriger l’erreur des Thessaloniciens qui soit maintenant une objection à cette prétention ?

Des exhortations de l’Apôtre adressées à l’Eglise, l’incitant à veiller pour le retour du Seigneur et à prêter attention à la ferme parole prophétique, et du soin avec lequel il indique les signes de la présence de Christ et le caractère de son oeuvre dans ce temps‑là, etc., il est évident qu’il était tout aussi soucieux que l’Eglise sût reconnaître la présence du Seigneur lorsqu’il serait venu, que de ce qu’elle ne fut jamais déçue par l’erreur de croire qu’il était venu avant le temps de sa présence. Ceux qui, au commencement de cet âge, tombèrent dans cette dernière erreur, furent exposés aux tromperies du principe de l’Antichrist qui agissait déjà à ce moment‑là, de même que ceux qui manquent de reconnaître le Jour du Seigneur et sa présence au bon moment sont exposés à de continuelles séductions, aux fausses doctrines de l’Antichrist, et sont rendus aveugles quant aux grandes vérités et aux privilèges spéciaux de ce jour. Voilà pourquoi l’Apôtre est si soucieux pour l’Eglise du commencement comme pour celle de la fin de cet âge; de là son avertissement : « Que personne ne vous séduise d’aucune manière ». De là aussi la description exacte de l’Homme du Péché, afin qu’il puisse être reconnu dans ‘Son temps.

Tandis que les chrétiens à la fin de cet âge sont portés à oublier même la promesse du retour du Seigneur, on n’y pensent que pour l’envisager avec terreur et sous de mauvais présages, l’Eglise primitive l’attendait avec un ardent désir et avec une joyeuse anticipation, comme la réalisation de toutes ses espérances, la récompense de toute sa fidélité et la fin de toutes ses afflictions. C’est pour cela que les premiers croyants étaient disposés à écouter diligemment tout enseignement qui prétendait que le Jour du Seigneur était ou très proche ou présent. Ils étaient par conséquent en danger d’être séduits sur ce point s’ils n’étudiaient pas avec soin les enseignements des Apôtres sur ce sujet.

L’Eglise de Thessalonique, influencée par les enseignements erronés de quelques‑uns qui prétendaient que le Seigneur était de retour et qu’ils vivaient dans son jour, supposait évidemment que l’idée était en harmonie avec les enseignements de Paul dans la première épître qu’il leur avait écrite et dans laquelle il dit (I Thessaloniciens 5 : 1‑5) que le Jour du Seigneur viendrait à la dérobée, tranquillement et inaperçu, comme un voleur dans la nuit ; qu’eux, les saints, en auraient la pleine intelligence tandis que les autres s’y trouveraient sans le savoir. Apprenant l’erreur sérieuse dans laquelle ils étaient tombés, de croire que le jour de la présence du Seigneur était déjà venu, Paul leur écrivit une seconde épître dont la pensée centrale fut de corriger cette erreur. Il dit : «Pour ce qui concerne l’avénement de notre Seigneur Jésus‑Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là (enestemi, est présent). (Segond.) Que personne ne vous séduise en aucune manière, car [ce jour‑là ne viendra pas] que l’apostasie ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché n’ait été révélé, le fils de perdition, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu (puissant gouverneur) ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui‑même s’assiéra au Temple de Dieu, se présentant lui-même comme un dieu. Ne vous souvenez‑vous pas que, quand j’étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses ? Et maintenant, vous savez ce qui retient pour qu’il (Christ) soit révélé en son propre temps. Car le mystère d’iniquité (l’insubordination à Christ) opère déjà; seulement celui qui retient maintenant [le fera] jusqu’à ce qu’il soit loin. Et alors sera révélé l’inique que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue (parousia, présence).» (Darby.) Paul pouvait écrire ainsi positivement du développement de l’Homme du Péché avant le Jour du Seigneur, à cause de son étude de la prophétie de Daniel, à laquelle notre Seigneur s’était aussi référé (Matthieu 24 ; 15) ; et probablement aussi parce qu’à Paul lui‑même, dans ses «visions et révélations», avait été montrée la grande dévastation que ce système devait opérer dans l’Eglise.

Il faut remarquer que Paul n’usa pas d’arguments tels que certains aujourd’hui sont enclins à employer contre la prétention que le jour du Seigneur est commencé. Il ne dit pas : 0 ! Thessaloniciens insensés, ne savez‑vous pas que lorsque Christ viendra, vos yeux le contempleront et vos oreilles entendront le terrible son de la trompette de Dieu; que vous en aurez en outre la preuve dans l’ébranlement des tombes et dans la sortie des saints de celles‑ci. N’est‑il pas évident que si une semblable critique avait été appropriée, Paul se serait empressé de se servir d’un argument aussi simple et facile à saisir ? Le fait qu’il ne s’en servit pas ne prouve‑t‑il pas que cet argument n’est pas et ne saurait être fondé sur la vérité ?

Le fait que dans ses efforts énergiques à corriger leur erreur, Paul n’offrait que cette seule objection à leur prétention, est en lui‑même une preuve évidente qu’il regardait leur idée générale sur le Jour du Seigneur comme correcte, que ce jour pouvait venir sans être signalé par des démonstrations extérieures et qu’il pouvait être commencé tandis que beaucoup l’ignoreraient. Paul n’avait que cette raison pour son objection, c’est que premièrement l’apostasie devait venir et, comme suite à celle‑ci, le développement de l’Homme du Péché, ‑ quel qu’il fût (un simple individu ou un grand système anti‑chrétien qu’il personnifierait de la sorte) ‑ devait s’élever, fleurir et commencer ensuite à décliner, avant le jour de la présence du Seigneur. Ainsi donc, si cette seule objection faite par Paul n’est plus un obstacle, si nous constatons clairement et actuellement l’existence de cette homme du péché, dont l’histoire, corresponde dans, chacune de ses particularités à la description, prophétique, depuis le commencement de son existence jusqu’au temps présent, alors l’objection de Paul qui, elle seule, était à sa place en son temps, n’est plus aujourd’hui une objection valable contre la prétention actuelle que nous vivons dans le Jour du Seigneur, le Jour de sa présence. De plus, si l’Homme du Péché peut être facilement distingué, si son élévation, son développement et son déclin se voient clairement, ce fait devient alors une autre preuve corroborative des enseignements des chapitres précédents, qui montrent que nous sommes maintenant dans le Jour du Seigneur.

Esquisse prophétique de l’Homme du Péché

Celui qui étudie la prophétie y trouvera que l’Homme du Péché est distinctement indiqué dans les Saintes Ecritures, qui non seulement décrivent clairement son caractère, mais montrent aussi les temps et les lieux de son commencement, de sa prospérité et de son déclin.

C’est justement par les noms que lui appli­quent les écrivains inspirés que son caractère est dépeint avec beaucoup de vigueur. Paul l’appelle: « Ce méchant ou cet impie », « l’homme du péché », « le mystère de l’iniquité », « l’antichrist » et « le fils de perdition ». Le prophète Daniel l’appelle : « L’abomination qui cause la désolation » (Daniel 11 : 31 ; 12 : 11) ; notre Seigneur parle de ce même caractère comme de « l’abomination de la désolation », dont a parlé le prophète Daniel (Matthieu 24 : 15), et de nouveau comme d’une « bête » (Apocalypse 13 : 1‑8). Ce même caractère fut aussi préfiguré par une petite corne, ou pou­voir, sortant d’une terrible bête que Daniel vit dans sa vision prophétique, avec des yeux, et une bouche qui proférait de grandes choses; elle prospérait, faisait la guerre contre les saints et elle 1es vainquit (Daniel 7 : 8, 21). Jean vit aussi ce caractère et il en avertit l’Eglise en disant «Vous avez entendu dire que l’antichrist vient» il leur montre alors comment ils peuvent échapper à son influence (1 Jean 2 : 18‑27). Le livre de l’Apocalypse, également, est dans une large mesure une prophétie symbolique détaillée sur ce même Antichrist; mais ici, nous l’effleurerons simplement, réservant son examen plus particulier pour un volume suivant.

Ces diverses appellations et brèves descriptions montrent un caractère subtil, trompeur, hypocrite tyrannique et cruel, qui s’est développé au sein de l’Eglise chrétienne C’est un caractère s’insinuant d’abord d’une manière graduelle et s’élevant ensuite rapidement en puissance et en influence pour en arriver à l’apogée de la puissance, de la richesse et de la gloire terrestres, tout en exerçant son influence contre la vérité, contre les saints et pour son propre agrandissement, prétendant jusqu’au bout avoir reçu de Dieu une sainteté, une autorité et une puissance particulières.

Nous nous proposons de démontrer dans ce chapitre que l’Homme du Péché est un système et non un simple individu, comme beaucoup semblent le croire; de même que le Christ consiste dans le vrai Seigneur et dans la vraie Eglise, ainsi l’Antichrist est un système de contrefaçon, consistant en un faux seigneur et en une église apostate, à qui il fut permis pour un temps de dénaturer la vérité, de pratiquer la tromperie, de contrefaire l’autorité et le règne futur du vrai Seigneur et de son Eglise, et d’enivrer les nations par de fausses et présomptueuses prétentions.

Nous espérons prouver à la satisfaction de tout lecteur consciencieux que cette grande apostasie ou chute, mentionnée par Paul, est venue, et que cet Homme du Péché a été développé, qu’il s’est «assis dans le temple de Dieu» (le temple réel, non le typique) ; qu’il a accompli toutes les prédictions des Apôtres et des prophètes concernant son caractère, son oeuvre, etc. ; qu’il a été révélé et que maintenant, depuis 1799, il est en train d’être consumé par l’esprit de la bouche du Seigneur [la vérité], et qu’il sera entièrement anéanti durant ce jour de la colère du Seigneur et de sa révélation dans les flammes de feu de la rétribution, jour commençant déjà.

Sans vouloir traiter à la légère les opinions des autres, nous croyons néanmoins nécessaire d’indiquer au lecteur quelques‑unes des absurdités en rapport avec ce qui est généralement cru sur l’antichrist, afin que la dignité et le caractère raisonnable de la vérité sur ce sujet puissent être estimés convenablement par contraste avec cette affirmation étroite que tout ce que les Ecritures ont prédit concernant ce caractère s’accomplirait par un seul homme au sens propre. Cet homme, prétend‑on, charmera tellement le monde entier qu’en peu d’années il accaparera les hommages et l’adoration de tous les hommes; il saura si bien s’imposer aux hommes qu’ils le prendront pour Dieu et l’adoreront comme le Tout‑Puissant Jéhovah, dans un temple juif rebâti. Tout cela doit se passer avec une rapidité foudroyante, en trois ans et demi, disent‑ils, interprétant aussi mal le temps symbolique que «l’homme» symbolique lui‑même.

Les fables, les légendes absurdes et les contes d’enfants les plus imaginaires ne fournissent rien de semblable à ces vues extrêmes de quelques chers enfants de Dieu qui trébuchent et tombent sur une interprétation littérale du langage de Paul. En agissant ainsi, ils s’aveuglent eux‑mêmes et en aveuglent d’autres relativement à de nombreuses et précieuses vérités, lesquelles à cause de l’erreur sur ce sujet, ils ne sont pas préparés à voir clairement et sans préjugés. Peu importe jusqu’à quel point nous pouvons sympathiser avec eux, leur «foi aveugle» fait forcément sourire lorsqu’ils parlent d’un ton sérieux des différents symboles de l’Apocalypse qu’ils ne comprennent pas, en les attribuant littéralement à leur homme merveilleux. Ne veulent‑ils pas nous faire croire que dans ce siècle, le plus sceptique que le monde ait jamais connu, il aurait dans ces courts trois ans et demi tout le monde à ses pieds, l’adorant comme Dieu, tandis que les César, les Alexandre, les Napoléon, les Mahomet et d’autres durent traverser les mers de sang et employer nombre de fois trois ans et demi sans avoir accompli la millième partie de ce que ferait cet homme.

Cependant ces conquérants avaient tous les avantages de l’ignorance et de la superstition profondes pour les aider, tandis qu’aujourd’hui nous vivons dans des conditions on ne peut plus défavorables à un semblable développement de tromperie et de fraude ; dans un temps où les choses cachées sont manifestées comme jamais auparavant; dans un temps où une fraude de cette sorte serait par trop absurde et ridicule pour être prise en considération. La tendance de nos jours est en effet dans la direction d’un manque de respect pour les hommes, quels que soient leurs talents, leur bonté, leurs capacités, les postes de confiance et d’autorité qu’ils peuvent occuper. Cela est tellement vrai qu’on verrait plus vite le monde entier nier qu’il y ait un Dieu quelconque que de le voir adorer un de ses semblables comme le Dieu Tout‑Puissant.

Un grand obstacle pour beaucoup lorsqu’ils considèrent ce sujet, est la fausse idée qu’on se fait généralement sur le terme dieu ; on ne voit pas que le mot grec theos (dieu) ne s’applique pas invariablement à Jéhovah. Ce mot signifie un puissant, un gouverneur et plus spécialement un gouverneur religieux ou sacerdotal. Dans le Nouveau Testament le mot theos est rarement employé, excepté lorsqu’il est question de Jéhovah, par‑ce que les Apôtres, dans leurs discours, parlaient rarement et peu des faux systèmes de religion et rarement s’arrêtaient sur leurs dieux ou dirigeants sacrés. Dans les textes suivants, le mot dieu (theos) est cependant employé pour être appliqué à d’autres qu’à l’Etre suprême : Jéhovah. ‑ Jean 10 : 34, 35 ; Actes 7 : 40, 43 17 : 23 ; 1 Corinthiens 8 ‑ 5.

Reconnaissant l’ampleur du mot grec theos, on verra de suite que la déclaration de l’Apôtre concernant l’Antichrist ‑ qu’il s’assiéra dans le temple de Dieu, voulant passer pour un dieu n’implique pas nécessairement l’idée que l’Antichrist essaiera de s’élever au‑dessus de Jéhovah, ni même qu’il essaiera de prendre la place de Jéhovah. Elle veut simplement dire que ce personnage se présentera lui‑même comme un gouverneur religieux, prétendant à l’autorité et l’exerçant sur et au‑dessus de tout autre gouvernement religieux, allant même jusqu’à s’élever dans l’Eglise qui est le vrai Temple de Dieu, y revendiquant et y exerçant une autorité seigneuriale comme son chef ou gouverneur autorisé. Partout où la signification du mot theos, dans le grec, pourrait prêter à l’équivoque, il est précédé par l’article grec quand il se rapporte à Jéhovah; c’est comme si en français on disait le Dieu. Dans les textes ci‑dessus qui parlent d’autres dieux et dans celui-ci (2 Thessaloniciens 2 : 4) qui se rapporte à l’Antichrist, il n’y a pas une telle accentuation.

Si cela est bien compris, une grande pierre d’achoppement sera éloignée ; l’esprit sera préparé à chercher les choses appropriées comme accomplissement de cette prédiction : non pas un Antichrist prétendant être Jéhovah et demandant à être adoré comme tel, mais quelqu’un qui prétend être le principal et suprême maître ou docteur religieux dans l’Eglise, et qui par cela même tente d’usurper l’autorité de Christ, le Chef, Seigneur et Maître divinement désigné.

Il est aussi assez étrange que ceux qui ont cette vue littérale concernant l’homme du péché sont généralement ceux qui croient à la venue pré-millénaire du Seigneur, qui cherchent et attendent que le Seigneur vienne à «tout moment maintenant». Pourquoi tous ne peuvent‑ils pas saisir la pensée de l’Apôtre lorsqu’il déclare positivement que le Jour du Seigneur (le Jour de sa présence) ne peut venir et ne doit pas être attendu avant que l’Homme du Péché ait été révélé ? Il avait fallu plus de quarante ans pour bâtir le premier temple juif et il faudrait sûrement dix à vingt ans pour construire le nouveau temple à Jérusalem avec une magnificence plus grande que la précédente, où ils attendent qu’un Homme du Péché au sens propre s’installe et soit adoré comme Dieu. Comment donc ceux qui croient de cette manière peuvent‑ils attendre la venue du Seigneur à un moment quelconque maintenant ? Une telle manière de voir est en désaccord avec la raison, aussi bien qu’avec la prophétie de l’Apôtre. Ou bien ils devraient, logiquement, cesser de croire à une venue du Seigneur a un moment quelconque ou bien abandonner leur attente d’un futur Homme du Péché; car le Jour de la présence du Seigneur ne peut venir avant que l’apostasie soit arrivée et que l’Homme du Péché se soit développé et ait été révélé par cette apostasie.

Mais lorsque nous comprenons correctement les paroles de l’Apôtre et avons en même temps des idées exactes sur la manière de la venue du Seigneur, nous ne trouvons pas de divergences et de contradictions de ce genre, mais une harmonie et une justesse convaincantes. Aussi, c’est une telle vue que nous désirons présenter maintenant; le lecteur lui‑même se convaincra qu’elle est scripturale.

Les différents titres appliqués à ce système sont évidemment symboliques; il ne désignent pas les noms d’un simple individu, mais bien les traits caractéristiques d’une combinaison religieuse et civile corrompue qui s’est développée dans l’église chrétienne nominale et qui, par son opposition subtile à Christ, le Chef, et à sa véritable Eglise, son corps, mérite bien le nom d’Antichrist. Un tel système pouvait accomplir toutes les prédictions faites concernant l’Antichrist, ou l’Homme du Péché, ce qu’un seul homme ne pouvait faire. Il est en outre évident que ce système antichrist n’est pas un des systèmes païens de religion, tels que le mahométisme ou le brahmanisme, parce que l’Eglise chrétienne n’a jamais été sous l’autorité d’aucun système semblable et aucun de ces systèmes n’a son origine dans l’Eglise chrétienne. Ils sont actuellement et ont toujours été indépendants de celle‑ci.

Le système qui répond pleinement à la description donnée par inspiration doit être un système professant le christianisme et doit contenir une grande majorité de ceux qui prétendent être chrétiens. Il doit de même avoir débuté par une apostasie, c’est‑à‑dire par une désertion de la vraie foi chrétienne ‑ une apotasie secrète et furtive jusqu’à ce que les circonstances aient favorisé son élévation au pouvoir ; il faut chercher son commencement clandestin dans les jours des Apôtres ‑ dans le désir de quelques docteurs d’occuper une place prépondérante.

Il n’est pas nécessaire de chercher longuement pour trouver un caractère s’adaptant parfaitement à toutes ces exigences ; un caractère qui, décrit par les historiens profanes ainsi que par ses propres serviteurs abusés, s’accorde exactement avec les esquisses prophétiques concernant l’Antichrist. Mais lorsque nous déclarons que le seul et unique système dont l’histoire s’adapte à ces prophéties est la Papauté, que l’on ne nous interprète pas comme voulant dire que chaque catholique romain est un homme du péché, ou que les prêtres ou même les papes de l’église de Rome sont ou ont été l’Antichrist. Aucun homme n’est «l’Antichrîst», «l’homme du péché», décrit dans les prophéties. Papes, évêques et autres, sont tout au plus des parties ou des membres du système de l’Antichrist, de même que tous ceux de la Sacrificature Royale ne sont que des membres du vrai Christ, sous Jésus leur tête, et de la même manière que ceux‑ci, dans leur condition présente, sont dans leur ensemble l’Elie antitypique, bien qu’aucun d’eux ne soit l’Elie ou le Christ prédit. Remarquons en outre que l’église de Rome, considérée seulement comme système ecclésiastique n’est pas l’«homme du péché» et n’est jamais représenté par un homme dans aucune figure. Au contraire, le symbole employé pour indiquer une église considérée indépendamment de son seigneur et chef, est toujours une femme. La véritable Eglise est symbolisée par une «vierge chaste», tandis que l’église apostate qui est déchue de sa chasteté et de sa fidélité primitives au Seigneur est symboliquement appelée «une prostituée». De même que la vraie Eglise «vierge» continue à être telle jusqu’à la fin de l’âge, moment où elle doit être unie à son Seigneur et prendra son nom Christ ‑, ainsi l’église apostate ne fut pas l’Antichrist ou l’Homme du Péché avant qu’elle fût unie à son seigneur et chef, le pape, le prétendu vicaire de Christ, et qu’elle soit devenue un empire religieux, faussement appelé Chrétienté ‑ c’est‑à‑dire Royaume de Christ.

Papauté, tel est le nom de ce faux royaume il fut établi sur une vérité faussement appliquée ‑ sur cette vérité que les membres de l’église sont appelés à être des rois et des prêtres de Dieu et à régner sur la terre. Mais le temps de ce règne n’était pas encore venu; l’âge de l’Evangile n’avait pas été fixé dans ce but, mais pour la sélection, le développement, la discipline, l’humiliation et le sacrifice de l’Eglise qui doit suivre l’empreinte des pieds de son Seigneur en veillant et souffrant patiemment jusqu’au temps déterminé pour l’exaltation et le glorieux règne promis ‑ l’âge millénaire.

Le Seigneur avait vu à l’avance que le christianisme nominal s’étendrait sur le monde et qu’en devenant populaire, il serait embrassé par un grand nombre qui en adopteraient la forme extérieure sans pénétrer l’esprit de son organisation. Il avait vu par avance qu’au fur et à mesure que les masses de ces gens s’identifieraient avec l’Eglise, l’esprit mondain ‑ lequel est l’opposé de l’esprit d’abnégation et de sacrifice de soi-même ‑ y entrerait avec elles ; que l’égoïsme et le désir d’être grand et de dominer, s’introduisant ainsi, n’auraient pas à attendre longtemps une occasion favorable ; que c’est ainsi que l’Eglise chercherait à dominer le monde avant le temps ‑ ou plutôt que l’élément mondain qui entrerait dans l’Eglise ferait sentir son influence et, au nom de la véritable Eglise, saisirait le pouvoir civil de la terre que Dieu avait donné aux nations…

C’est ainsi que les choses se passèrent réellement : l’église nominale commença à déchoir, à mesure qu’elle croissait en nombre sous les enseignements et l’exemple d’hommes ambitieux dont les idées s’inclinaient de plus en plus en faveur de l’influence et du pouvoir mondains que le nombre et la richesse apportaient avec eux. L’esprit de l’Eglise devint graduellement mondain et les choses du monde furent convoitées. La suggestion ambitieuse était celle‑ci ‑ «Si le grand Empire Romain, avec tout son pouvoir et son influence, ses armées et ses richesses, devenait seulement le soutien de l’Eglise, combien il serait honorable et noble alors d’être un Chrétien

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