L’ORGUEIL PRÉCÈDE LA RUINE

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« L’orgueil d’un homme l’abaisse, mais celui qui est humble d’esprit obtient la gloire ». — Prov. 29 23.

Ozias était un roi puissant de Jérusalem ; sa renommée fut très grande, il honora Dieu, fortifia la capitale et tout son royaume contre ses ennemis. Lorsque nous lisons tout ce qui a trait aux guerres d’Israël, nous devons nous souvenir que, pendant un certain temps, cette nation représentait le règne de Dieu sur la terre, ce qu’aucune autre nation n’a été appelée à faire ni avant elle ni après elle.

Les rois d’Israël étaient oints par ordre de Dieu, ce qui n’était pas le cas d’aucun des autres rois. La Bible nous dit que les rois d’Israël étaient « assis sur le trône de l’Eternel ». Leur royaume n’était pourtant pas celui que nous attendons et pour lequel nous prions « Que ton règne vienne », mais le royaume d’Israël était organisé par Dieu pour servir de type ainsi que les Israélites qui formèrent un peuple typique.

Le Royaume de Dieu ne s’établira réellement sur la terre que lorsque le Messie l’organisera. Pendant mille ans, Christ régnera et relèvera les humbles, bénira ceux qui rechercheront la justice, châtiera les indisciplinés et à la fin, il détruira dans la seconde mort ceux d’entre les humains qui seront incorrigibles. Ce fut donc pour symboliser ce règne-là que les rois d’Israël et de Juda se fortifièrent et défendirent contre leurs ennemis le pays que le Tout-Puissant avait donné spécialement à Israël.

La présomption du roi Ozias

La vie du roi Ozias nous prouve la vérité de ces paroles « L’orgueil précède la chute ». Lorsque sa renommée se fut étendue, il commença à sentir son importance et l’orgueil entra dans son cœur. Il oublia qu’il n’était que le représentant de Dieu dans son royaume et que son premier devoir, en fidèle sujet de Dieu, était de prêter l’oreille aux commandements divins et d’obéir à 1’Éternel.

Ayant accompli de grandes choses dans les domaines politique et militaire, Ozias désira aussi se distinguer en matière religieuse. Il pensait évidemment que Dieu était fier de lui et de ses succès et qu’ainsi Il serait heureux de le voir entrer dans le temple et Lui offrir de l’encens sur l’autel d’or comme le faisaient les sacrificateurs. Ozias connaissaient parfaitement les lois qui avaient trait au temple et aux services religieux, il connaissait les règles qui devaient être observées, mais il se considéra supérieur à toutes ces choses, il voulut aller directement à Dieu sans passer par les sacrificateurs.

Certaines personnes qui réussissent dans les affaires ou dans la politique commettent la même faute ; elles s’imaginent que leur haute intelligence ou leur éducation soignée sont seules indispensables pour se présenter devant le grand Dieu, l’Eternel ; elles pensent que, si elles entrent à l’Eglise et reconnaissent la grandeur du Tout-Puissant, Dieu sera fier d’elles et naturellement leur accordera la première place en toutes choses. Ces personnes commettent une erreur ; le grand Roi, l’Eternel « haut élevé et exalté, qui habite l’éternité » (Es. 57 : 15) a établi des lois que doivent observer ceux qui désirent s’approcher de Lui ces lois indiquent la seule voie à suivre pour aller à Dieu, il n’y en a pas d’autres. — Jean 14 : 6.

Le sacrificateur Melchisédek

Quelqu’un dira peut-être Je comprends ce que vous voulez dire, les laïques n’ont pas le droit de s’approcher de Dieu, ils doivent passer par le clergé, comme le roi Ozias devait le faire, il devait s’approcher de Dieu par le moyen du souverain sacrificateur d’Israël ; mais, selon moi, les membres du clergé ne sont pas supérieurs aux autres mortels ; je prétends que plusieurs d’entre eux sont moins intelligents que moi, d’autres n’ont pas reçu une éducation comme la mienne, d’autres encore sont complètement dépourvus de qualités qui leur permettent de réussir dans les affaires, dans le commerce. Cette manière de s’approcher de Dieu par le moyen du clergé est suffisante pour le commun peuple, je l’admets, mais moi, s’il m’arrive de m’approcher de Dieu, je le fais en me reposant sur ma propre force, sur mon intelligence personnelle et avec le sentiment que le Tout-Puissant est heureux de me voir venir à Lui. Souvent je lui adresse ma prière en ces mots « O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes…, ou même comme ce publicain ». — Luc 18 : 11.

Non, cher ami, ce n’est pas là notre pensée ni celle de la Bible, ce n’est pas non plus la leçon que nous voudrions retirer de ce texte que nous méditons. Nous savons que les Ecritures n’autorisent pas l’existence d’une classe de personnes formant le clergé dans l’Eglise de Christ, à moins qu’on excepte les douze apôtres, Saint Paul remplaçant Judas. Selon les Ecritures, ces douze apôtres gardent un rang supérieur aux autres humains, car ils sont les porte-parole de Dieu. Nous n’enseignons pas à l’âme qui désire s’approcher de Dieu qu’elle doit le faire par l’intermédiaire du clergé d’une organisation religieuse quelconque. Nous disons néanmoins avec assurance qu’il n’y a qu’un moyen d’aller à Dieu, c’est de le faire par « Jésus-Christ, le juste », le « sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek » (1 Jean 2 : 1 ; Héb. 5 : 6), le grand Avocat que le Père a établi pour nous. Il a dit lui-même « Nul ne vient au Père que par moi ». « Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés », a dit aussi l’apôtre Pierre.

L’encens sur l’autel d’or

Les yeux de la compréhension de certains humains n’ont pas été ouverts pour comprendre que Jésus est établi par Dieu pour réconcilier le monde avec son Créateur ; cependant leurs prières peuvent, jusqu’à un certain point, être bénéfiques si elles partent d’un cœur sincère, car Dieu ferme les yeux sur leur ignorance des choses spirituelles, n’en tient pas compte, comme le dit l’apôtre Paul. — Act. 17 : 30.

Le roi Ozias, lui, connaissait la loi de Dieu, il savait que seul le sacrificateur était autorisé à offrir à l’Eternel l’encens sur l’autel d’or. Ceux qui, comme Ozias ont compris que Jésus est le véritable souverain Sacrificateur, par lequel les communications avec le Père céleste sont établies et qui prennent néanmoins une autre voie que la seule désignée par Dieu pour s’introduire auprès de Lui par la prière tomberont sous la condamnation comme le roi Ozias ; celui-ci fut frappé de la lèpre à cause de sa présomption, de son orgueil. La lèpre, selon les Ecritures, est le symbole du péché. Les expériences du roi Ozias nous prouvent donc que celui qui, avec une pleine connaissance de ce qu’il doit faire, s’approche de Dieu par un autre chemin que Christ, le Sacrificateur établi par Jéhovah, celui-là sera considéré par Dieu comme un pécheur qui fait le mal le sachant et le voulant ; sa punition sera plus ou moins forte suivant la lumière qu’il possède.

Quatre-vingts sacrificateurs courageux

Lorsque le roi entra dans le lieu saint du temple pour brûler des parfums sur l’autel d’or, le souverain sacrificateur suivi de quatre-vingts sacrificateurs entrèrent dans le temple et s’opposèrent à Ozias, protestant contre cet acte de profanation (2 Chron. 26 : 16-18). Ces Lévites ne faisaient que leur devoir, cependant, selon le récit biblique, ils étaient courageux, car autrefois, un roi possédait une grande puissance. Ozias avait conscience de sa grandeur et en était fier, c’est pourquoi il considérait comme une offense toute intervention étrangère dans ce qu’il considérait comme ses privilèges et attributs royaux.

Les paroles de protestation des sacrificateurs exprimaient ce que le roi savait déjà quant aux restrictions faites par la loi mosaïque aux divers services du temple ; mais les sacrificateurs ajoutèrent « Sors du sanctuaire, car tu commets un péché ! Et cela ne tournera pas à ton honneur devant l’Eternel Dieu ». On ne peut obtenir le véritable honneur, la réelle bénédiction, la vraie prospérité si l’on s’oppose aux prescriptions de la loi de Dieu.

La mauvaise action du roi ne pouvait donc lui causer que du déshonneur. S’il s’était vraiment hâté de glorifier Dieu, il aurait été béni, la chose est certaine, mais il viola la loi divine et il fut maudit. Il y a là une bonne leçon à retirer surtout si l’on retient les paroles de notre texte et les paroles suivantes prononcées par notre Seigneur lui-même: « Quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé » (Luc 14 : 11). Si, au lieu de l’orgueil, le roi avait eu de bonnes intentions, celles-ci l’auraient conduit à étudier les commandements de Dieu et ses promesses. Ignorer la loi n’est pas une excuse pour faire le mal, c’est pourquoi l’apôtre dit : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé (ou approuvé), un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité ». — 2 Tim. 2 : 15.

L’Eglise et le monde peuvent retirer de cette étude une leçon d’humilité. Certaines personnes naissent avec un esprit humble, d’autres avec un esprit présomptueux ; ces dernières rencontrent donc plus de difficultés pour croître dans l’humilité, mais selon les Ecritures, les chrétiens qui font le plus de progrès dans les grâces de l’Esprit sont ceux qui montrent le plus de courage dans la lutte contre les adversités des temps actuels. Les difficultés que nous rencontrons tous dans notre marche sur le chemin étroit, et qui proviennent des imperfections de la chair, ne sont pas disproportionnées au point de rendre plus facile aux uns qu’aux autres l’entrée dans le Royaume pendant l’appel de l’âge évangélique. Si, d’une part il est beaucoup donné, d’autre part, il est beaucoup demandé, ainsi, le Seigneur jugera selon le cœur, la volonté, les intentions, selon les efforts que nous faisons. Il ne nous jugera pas selon la chair ni selon nos faiblesses et nos fautes.

L’humilité est une grâce importante à acquérir elle est importante non seulement en elle-même, mais aussi parce que les autres grâces de l’Esprit ne peuvent être cultivées dans le cœur sans celle-là. L’humilité est donc une des premières grâces spirituelles ; en effet, comment pourrait-on être doux et faire de réels progrès en cultivant les grâces de l’esprit si l’on n’est pas humble ? Comment pourrait-on être patient et soumis dans les difficultés de la vie, comment pourrait-on se momtrer plein de bonté en toute circonstance envers des adversaires, patient envers tous, comment pourrait-on témoigner un amour fraternel véritable aux membres de la famille de la foi, comment pourrait-on désirer, ressembler à Dieu et posséder l’amour tel que les Ecritures nous le montrent sans posséder cette grâce importante dont nous parlons, l’humilité ? Tous les membres de l’Eglise de Christ seront éprouvés dans ce sens, devront prouver s’ils progressent dans cette grâce. L’humilité et la douceur doivent être cultivées et doivent abonder dans notre cœur, afin qu’il nous soit possible de cultiver les autres fruits du saint Esprit.

T.G. 2/1916