M’AIMES-TU PLUS QUE CEUX-CI ?

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Jean  21: 15-22

Nous en venons maintenant à la cinquième manifestation de notre Seigneur après sa résurrection – certains diront la septième, ne considérant pas, comme nous le faisons, que la manifestation du Seigneur à Marie était la même que celle dont il est question en Matthieu concernant son apparition “ aux femmes ” ; et ne considérant pas que lorsqu’Il se montra à Pierre, ce fut sur le chemin d’Emmaüs. Toutes ces manifestations, que nous en comptions quatre ou six, survinrent dans les huit premiers jours après la résurrection du Seigneur – les deux premiers dimanches, à Jérusalem ou dans ses environs. Ce que nous désignons comme étant la cinquième apparition eut lieu dans une autre contrée – en Galilée – et au moins deux semaines plus tard. Rien ne nous indique ce que firent les apôtres pendant ce temps, mais nous pouvons l’imaginer. Ils attendirent probablement à Jérusalem jusqu’au troisième et peut-être jusqu’au quatrième dimanche après la résurrection en prévision d’une apparition, et furent désappointés de ce que le Seigneur ne se manifestait pas à nouveau. Alors ils se rappelèrent peut-être le message que Jésus avait envoyé par Marie, qu’Il les rencontrerait en Galilée.

N’ayant aucune nouvelle occupation à Jérusalem, leur Maître et conducteur étant ainsi disparu, ayant été “ changé ”, si bien que, quoique croyant qu’Il n’était plus mort, Il leur était invisible, hormis lorsqu’Il leur apparaissait pour leur parler quelques moments, puis disparaissait à nouveau pour une durée indéfinie, ils ne savaient que faire et décidèrent de retourner dans la région où ils habitaient, au bord de la Mer de Galilée. De plus, étant des hommes actifs dans la force de l’âge, il leur fallait être occupés. Plusieurs d’entre eux étaient des pêcheurs, et Jésus les avait invités à quitter leurs filets pour devenir “ pêcheurs d’hommes ” et ils avaient tout abandonné pour Le suivre ; mais maintenant ils ne pouvaient plus Le suivre. Tout fut changé, quand Il fut changé, pour autant qu’ils pouvaient s’en rendre compte. Ils ne pouvaient continuer l’œuvre plus longtemps, car que pouvaient-ils prêcher ? Comment pouvaient-ils clamer aux autres leur espérance en un Roi qui a été crucifié, qu’ils ne pouvaient plus voir, ni montrer aux autres, bien qu’Il fût ressuscité ? Ils n’avaient pas encore reçu de nouvelle mission, et n’étaient pas tout à fait prêts pour cela.

Il n’est pas surprenant que dans de telles circonstances, sept d’entre eux, d’un commun accord, sous la conduite de Pierre, décidèrent de se réengager dans le travail de la pêche. C’était la seule occupation dans laquelle ils avaient de l’expérience, et qu’ils pratiquaient seulement trois ans auparavant. Ils pêchèrent avec des filets et l’habitude semble avoir été de pêcher de nuit. Ce fut l’occasion qu’attendait Jésus. Il souhaitait que ses disciples parvinssent au point extrême de pensée et de raisonnement sur le sujet de sa résurrection et s’interrogent sur ce qu’ils pourraient faire maintenant, afin qu’ils puissent être préparés à recevoir, d’une manière précise et profitable, les instructions qu’Il devait leur donner concernant leur activité future. Il était certain que leur réaction les conduirait à abandonner la prédication pour retourner à la pêche. Notre Seigneur considéra que cette disposition serait des plus profitables si elle se manifestait alors qu’Il serait avec eux, afin qu’ils puissent en profiter au plus haut degré. Maintenant qu’ils avaient repris leurs activités de pêcheurs, le moment était venu pour notre Seigneur de leur démontrer deux choses :

Qu’Il avait pour eux une mission de pêcheurs d’hommes qu’ils n’avaient pas encore accomplie et dont ils devaient s’acquitter ; sa mort et sa résurrection ne devaient pas contrarier cette activité mais plutôt la stimuler et la rendre réellement effective.

Cela Le rendait à même de démontrer d’une manière des plus pratiques que la puissance divine par laquelle Il avait pourvu à leurs nécessités jusqu’alors, et avait nourri à certains moments des multitudes, était encore en sa possession et qu’elle serait utilisée continuellement dans leur intérêt s’ils voulaient continuer à Lui obéir.

Il est intéressant pour nous de noter que, tandis que notre Seigneur était invisible aux yeux de ses disciples, Il pouvait, Lui, les voir, et Il connaissait parfaitement tous leurs plans, leurs arrangements et leurs actions ; et Il était prêt à tirer avantage de chaque circonstance et à faire concourir toutes choses pour leur bien. Ainsi, par une puissance miraculeuse exercée d’une façon qui nous est inconnue, Il empêcha les poissons d’aller dans leur filet cette nuit-là. Ne connaissant pas la véritable situation, ils étaient sans aucun doute fortement déçus, chagrinés, vexés de leur mauvais résultat, et peut-être mirent-ils cela sur le compte de l’insuccès et des tribulations qui, d’une certaine façon, les ont suivis depuis qu’ils ont épousé la cause de Jésus. Et ici, il y a une leçon pour chaque membre du peuple du Seigneur d’aujourd’hui : nous ne savons pas ce qui est bon pour notre plus grand bien. Quelquefois ces choses que nous implorons et que nous désirons avoir, les considérant comme bonnes, peuvent être réellement à notre désavantage. Bénis sont ceux qui sont capables de percer par la foi l’obscurité de chaque épreuve et difficulté et de réaliser que “ le Seigneur connaît ceux qui sont siens ” et qu’Il fait concourir toutes choses pour leur bien. Ainsi en était-il avec les apôtres : leur déception devint le canal d’une instruction bénie.

A l’aube du matin, Jésus leur apparut comme homme, debout sur le rivage. Il les appela pour leur demander s’ils avaient du poisson à Lui vendre. Ils répondirent qu’ils avaient beaucoup travaillé toute la nuit et qu’ils n’avaient rien pris. L’étranger leur suggéra alors de jeter le filet de l’autre côté du bateau ; ils étaient si humiliés par leur désappointement qu’ils ne s’arrêtèrent pas pour débattre de la question et dire qu’ils étaient des pêcheurs ayant une longue expérience, et qu’ils ne savaient pas si Lui avait une quelconque expérience en la matière ; ils conclurent simplement que, puisqu’ils avaient jeté et remonté le filet toute la nuit, ils pouvaient le faire encore une fois et ainsi démontrer à l’étranger qu’il n’y avait pas de poissons dans ce lieu. Mais voilà que de suite le filet se remplit de gros poissons, si bien que ces sept hommes vigoureux (Pierre, Thomas, Jacques, Jean, Nathanaël et deux autres dont les noms ne sont pas cités) étaient incapables de le remonter et ils furent obligés de le remorquer jusqu’au rivage.

Immédiatement les disciples comprirent que l’étranger était Jésus, mais ce fut Jean qui Le reconnut le premier. L’impulsif et dévoué Pierre, dont le cœur brûlait toujours quand il se rappelait les paroles du Seigneur, et peut-être aussi quand il se rappelait sa propre faiblesse, en rapport avec la dernière nuit de la vie terrestre de notre Seigneur, ne put attendre que le bateau l’amena à terre, mais nagea – craignant apparemment que le Maître ne disparaisse à nouveau avant qu’il n’ait eu l’occasion de Le voir et de parler avec Lui. Quand les disciples atteignirent le rivage avec leur filet plein de poissons, ils trouvèrent, non seulement Jésus, mais un feu et des poissons déjà prêts à être mangés. Ici ils reçurent la leçon que sous les soins et la surveillance du Seigneur ils pouvaient être soit chanceux soit malchanceux dans le travail de la pêche, et qu’Il avait la puissance, non seulement de leur donner du poisson par la voie ordinaire, mais de fournir du poisson préparé par une puissance miraculeuse si agir ainsi servait mieux son objectif.

Ils mangèrent avec Jésus, car ils Le reconnurent – non pas par les marques des clous, mais par le miracle qu’Il avait accompli. Nous lisons : “ Aucun n’osait Lui demander : qui es-tu, sachant que c’était le Seigneur ” ; ils étaient si sûrs qu’il s’agissait de Lui qu’ils ne posèrent pas de questions détournées pour s’en assurer. La conversation qu’ils eurent pendant le repas n’est pas rapportée, l’Evangéliste venant directement aux paroles importantes adressées par notre Seigneur à Pierre, le plus âgé et conducteur de cette nouvelle société de pêche. Il s’adressa à Pierre, non comme Il le faisait d’habitude, par son nouveau nom, Pierre, mais par son ancien nom, Simon, probablement pour faire allusion au fait qu’il n’a pas manifesté dans les quelques derniers jours les qualités comparables à celles du roc, qu’implique son surnom, et parce qu’il était maintenant enclin à quitter le travail en faveur de l’Eglise pour une activité temporelle. Et la question fut posée ainsi : “ M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ” – bateaux, filets, matériel de pêche, etc.… Tu as tout quitté pour être mon disciple, et maintenant je pose la question, “ Où est ton cœur – avec moi dans le service du Royaume, ou dans le travail de la pêche ? La réponse de Pierre fut prompte : “ Seigneur, tu sais que je t’aime ”. Jésus dit alors : “ Pais mes agneaux ” – les petits – plutôt que de continuer à pêcher. Puis Jésus reposa la même question et Pierre donna la même réponse, alors le Seigneur répondit : “ Prends soin de mes brebis ” – pense, fais attention à elles et prend soin d’elles plutôt que de tes bateaux et du matériel de pêche, etc.… Pour la troisième fois Jésus posa la même question. Pierre en fut affligé : elle semblait impliquer un doute de la part du Seigneur et peut-être que la troisième fois lui rappela qu’il avait renié le Seigneur trois fois, et maintenant le Seigneur lui demandait par trois fois de confesser son amour pour Lui. Cela toucha un point très sensible dans le cœur de Pierre et dans ses expériences, et nous pouvons être certains que ce ne fut pas fait par notre Seigneur, même de cette manière délicate, en vue de le peiner, mais en vue de le bénir, pour qu’il en tire profit. La confession de Pierre à ce moment-là fut encore plus résolue : “ Seigneur, tu sais que je t’aime. ” Jésus lui dit : “ Pais mes brebis. 

Il est bon de noter que les mots employés par notre Seigneur dans ces trois questions ne sont pas exactement les mêmes, bien que la Version commune les présente ainsi. Dans le Nouveau Testament grec deux mots sont utilisés pour le terme “ amour ” : “ agapee ” et “ phileo ”. Quand notre Seigneur dit “ M’aimes-tu ” dans ses deux premières questions, Il utilise le mot “ agapas ” qui désigne une sorte d’amour dans sa forme la plus forte, la plus pure et la plus désintéressée ; mais dans sa troisième question notre Seigneur utilise l’autre forme “ phileis ” qui signifie attachement, un amour par devoir, l’amour obligatoire tel celui que les parents portent les uns envers les autres, même quand l’autre amour, l’amour plus profond, manque. Pierre dans toutes ses réponses utilisa cette dernière forme du mot, affirmant ainsi son attachement et son affection personnels pour le Seigneur, mais, en raison des expériences récentes, il n’osait pas clamer ce plus grand amour pour lequel le Seigneur le questionnait. Cette humilité était un signe excellent, montrant que Pierre avait appris une leçon nécessaire et avait cessé de se glorifier, et qu’il craignait plutôt sa propre faiblesse. Lors de la troisième interrogation, l’utilisation par le Seigneur du mot indiquant un amour-devoir affligea particulièrement Pierre parce que ce changement de mot impliquait : “ Es-tu certain de posséder même cet amour-devoir, Pierre ? ” La distinction entre ces deux mots est confirmée par d’autres emplois dans le Nouveau Testament.

L’amour-devoir (PHILEO) illustré

“ Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi. ” – Matthieu 10 : 37.

L’amour-devoir envers ceux de notre famille est correct, mais il ne doit pas égaler notre amour-devoir pour le Seigneur, autrement nous ne pourrions jamais Le suivre comme “ vainqueurs ”.

“ Celui qui aime sa vie la perdra. ” – Jean 12 : 25.

Il est de notre devoir d’aimer la vie, dans le sens de l’apprécier et de ne pas vouloir la détruire ou la dépenser follement ; mais celui qui est devenu disciple du Seigneur, qui s’est engagé à marcher sur les traces du Seigneur, jusqu’à la mort même, doit se souvenir qu’il a déjà déposé sa vie comme homme, l’échangeant contre l’espérance de vie comme “ nouvelle créature ”, comme être spirituel. Il ne doit plus être contrôlé par “ phileo ”, l’amour-devoir pour la vie terrestre, mais, animé par l’amour “ agapee ”, il doit de bon cœur dépenser sa vie naturelle au service de Dieu – “ pour les frères ”.

“ Car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé. ” – Jean 16 : 27.

Dans ces deux cas “ phileo ” signifie amour-devoir. C’était la plus haute forme d’amour que les disciples, dans leur ensemble, pouvaient apprécier jusque-là, comme en témoignait Pierre. Et l’amour du Père pour eux était le même amour-devoir : les disciples n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit avec son “ agapee ”, cet amour désintéressé du plus haut niveau avec son caractère, et le Père ne pouvait donc les aimer pour eux-mêmes, mais exerçait un amour-devoir envers eux simplement parce qu’ils étaient parvenus à manifester un amour-devoir pour le Seigneur et étaient devenus ses amis et disciples.

“ Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartient. ” – Jean 15 : 19.

Phileo ou l’amour-devoir est exercé par les parents terrestres, les enfants, le prochain sur la base de l’égoïsme – “ les siens”.

“ Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha ! (Il sera maudit, ou condamné à la seconde mort quand le Seigneur viendra). ” – 1 Corinthiens 16 :22.

Il sera attendu de ceux qui auront été amenés à la connaissance du salut que Dieu a préparé par Christ qu’ils apprécient l’oeuvre de Celui-ci; et quiconque refusera de répondre en “ phileo ” ou amour-devoir aura la vie ôtée dans les débuts du Millenium. Mais de ceux qui exerceront ce “ phileo ” ou amour-devoir on attendra qu’ils aillent plus loin et atteignent la marque de l’amour “ agapee ”, l’amour vrai et désintéressé, s’ils veulent obtenir la vie éternelle. Remercions Dieu de ce que la vie présente ne ferme pas la porte de l’opportunité à celui qui n’a jamais connu cet amour-devoir ou “ phileo ”, ni à ceux qui l’ont connu mais qui n’ont pas atteint l’amour “ agapee ”.

“ L’amour de l’argent ”, “ l’amour des siens ”, “ l’amour de la prééminence ”, “ l’amour des plaisirs ”, “ l’amour de l’hospitalité ” et des amis, sont issus de l’amour-devoir ou phileo, c’est un amour qui comporte une cause ou une exigence. Pierre nous exhorte à ajouter à cette bonté pour les frères (phileo), la suivante et la plus haute forme d’amour, l’amour désintéressé – agapee. – 2 Pierre 1 : 7.

L’amour désintéressé (AGAPEE) illustré

“ Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique. ” – Jean 3 : 16.

L’amour qui a engendré le plan de rédemption de l’humanité n’était pas l’amour-devoir ou “ phileo ” car Dieu n’a pas été injuste envers ses créatures en prononçant la sentence de mort ; de son côté l’homme n’a fait pour son Créateur aucune chose qui mettrait Celui-ci dans l’obligation de manifester en retour l’amour-devoir. L’amour qui a incité Dieu à concevoir un plan de rédemption était “ l’agapee ”, la charité désintéressée, bénévole, l’Amour.

“ Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. ” – Romains 5 : 8.

Cet amour (agapee) dont Dieu donne l’exemple, est le modèle qu’Il met devant nous comme la plus haute marque vers laquelle nous devons tendre si nous voulons gagner le prix – une marque inaccessible par nos chairs déchues, mais que nous pouvons atteindre par nos esprits renouvelés, nos volontés, nos cœurs. Cet idéal est exprimé dans les mots : “ Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même. ” (Luc 10 :27 ; Romains 3 :9). “ Le but du commandement, c’est la charité ” [l’amour – agapee, trad.] (1 Timothée 1 : 5). Ceci veut dire que l’objet de toute instruction et discipline provenant de Dieu est d’amener notre caractère à sa ressemblance représentée dans ce mot “ agapee ” – amour ; car “ Dieu est amour (agapee) et celui qui demeure dans l’amour (agapee) demeure en Dieu et Dieu en lui. ” – 1 Jean 4 :16.

Nous devons reconnaître comme “ frères ” ceux qui ont déjà atteint le degré d’amour-devoir ou phileo, comme le fit Paul quand il écrivit : “ Salue (pour moi) ceux qui nous aiment (phileo) dans la foi. ” (Tite 3 : 15) ; mais nous devons nous efforcer d’aimer les frères (1 Pierre 2 : 17) avec “ agapee ” ou selon le plus haut degré d’amour, lequel ne considère pas la vie présente comme précieuse ou comme devant être sauvée, mais conduit à déposer sa vie joyeusement pour les frères, dans des sacrifices permanents de temps, d’argent et de tous les intérêts terrestres en leur faveur. – 1 Jean 3 : 16.

Pierre met en contraste les deux sortes d’amour dans le même verset disant : “ Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour [phileo] fraternel sincère , [continuez, et] aimez-vous [agapee] ardemment les uns les autres, de tout votre coeur” – 1 Pierre 1 : 22, Segond.

“ L’amour (agapee) ne fait point de mal au prochain, l’amour (agapee) est donc l’accomplissement de la loi. ” – Romains 13 : 10.

C’est “ agapee ” qui est mal traduit par “ charité ” dans 1 Corinthiens 8 : 1 : “ La connaissance enfle, mais l’amour (agapee) édifie. ”

C’est ce même terme qui est mal rendu par “ charité ” dans le grand discours de l’apôtre sur l’amour en 1 Corinthiens 13 : 1-4, 8, 13 et 14 : 1. Ici il précise que l’amour “ agapee ” est le trait principal du caractère chrétien, la couronne de toutes les grâces chrétiennes, nous disant que sans cet amour tous sacrifices et renoncements seraient sans valeur selon l’estimation divine, tandis que guidés par celui-ci, nos plus faibles efforts sont acceptables par Christ.

Pierre réprimandé gentiment et sagement

Pour autant que nous le montre le récit, ces questions relatives à l’amour qu’avait alors Pierre pour le Seigneur étaient les seuls reproches que Celui-ci lui adressa pour son égarement passager et pour le reniement de sa cause ; et ici nous avons une leçon que beaucoup d’entre le peuple du Seigneur devraient inscrire profondément dans leur cœur. Beaucoup pensent qu’ils doivent exiger d’un frère ou d’une sœur de véritables excuses pour chaque acte d’impolitesse, même si celui-ci est de beaucoup moins important que le méfait de Pierre. Apprenons bien cette leçon qui nous enseigne à reprendre les autres avec beaucoup de douceur, avec considération, gentiment, par un conseil plutôt que par une charge directe ou un rappel détaillé de la faute commise – en s’informant de la condition présente de leur cœur plutôt que d’une condition passée dans laquelle nous savons qu’ils ont erré. Soyons moins soucieux concernant les punitions qui suivront les mauvaises actions que du rétablissement de l’égaré dans une voie meilleure. N’essayons pas de nous juger ou de nous punir l’un l’autre pour nos méfaits, mais plutôt souvenons-nous que tout cela est entre les mains du Seigneur ; nous ne devons, en aucun sens du terme, nous venger nous-mêmes ni administrer aucun châtiment ou rétribution pour le mal. Ne comprenons pas cela comme interdisant aux parents le droit de juger ou de punir les enfants ; le principe de l’amour doit ici aussi avoir le plein contrôle, dans la mesure de notre jugement. Nous devons avoir de la gentillesse, de l’amour et de la bienveillance envers tous, et spécialement envers ceux qui suivent Jésus. Comme il en fut pour Pierre et son reniement, et comme il en est des offenses qui peuvent nous être faites par des frères, sachons que sous la providence divine une punition en guise de correction, ou discipline, directe ou indirecte, suit toujours ; mais nous ne devons pas essayer d’infliger ces punitions, ni frapper d’une condamnation, ceux qui sont dans l’erreur et qui s’en rendent compte, mais nous devons plutôt sympathiser avec eux sagement, en les aidant à apprendre les bonnes leçons.

D’un autre côté cependant, nous aurions tous considéré que ce serait un acte noble de sa part, si Pierre était tombé aux pieds de notre Seigneur à la première occasion, et s’il avait imploré le pardon pour ses faiblesses du passé. Il nous faudrait l’aimer et l’honorer d’autant plus pour une manifestation aussi sincère de sa repentance. De fait, bien que le récit ne le mentionne pas, il a pu avoir agi ainsi. Quant aux frères qui, à n’importe quel moment, empiètent sur les droits, les intérêts ou les sentiments des autres, même si c’est d’une manière non intentionnelle, ils devraient être prompts et sincères dans leurs excuses ; les frères animés de l’amour “ agapee ” n’exigeront pas cela comme condition de communion.

En répondant à Pierre, notre Seigneur utilise trois termes grecs différents dans ses trois différentes exhortations ; la première fois Il l’exhorte à paître (nourrir) les agneaux ; la deuxième fois à prendre soin des brebis ou veiller sur elles ; la troisième fois à paître (nourrir) les brebis faibles ou délicates. Ceci nous montre trois aspects du troupeau du Seigneur. Il y a les jeunes, les débutants, les agneaux, les “ bébés ” en Christ, dont le caractère chrétien n’est pas développé et qui ont besoin d’une nourriture spéciale, “ le lait de la Parole ”. Deuxièmement il y a les brebis plus mûres du troupeau du Seigneur dont la connaissance et le caractère sont plus développés, qui ont appris à se nourrir elles-mêmes de la vérité précieuse mais qui, néanmoins, ont besoin d’être guidées, dirigées, surveillées. Troisièmement il y a les brebis faibles qui, avec le temps, auraient dû être fortes, être capables de se nourrir elles-mêmes des dons auxquels le Seigneur a gracieusement pourvu dans sa Parole, mais qui, à cause des faiblesses de la chair, ou des défauts, ou de la négligence, ou de toute autre raison, n’ont pas progressé et sont de ce fait restées faibles dans la foi. Celles-ci ont besoin de nourriture et de sollicitude. Toute cette activité fait partie du devoir de “ l’évêque ” ou surveillant [de l’ancien, trad.] dans le troupeau du Seigneur.

Tandis que les paroles du Seigneur étaient spécialement adressées à Pierre, en tant que chef du groupe, ces instructions étaient sans aucun doute censées être adressées à tous les onze, car les apôtres étaient tous “ évêques ”, tous avaient à s’occuper du troupeau du Seigneur. Ce même message est applicable aujourd’hui, quoique pas au même degré, à tous les serviteurs de la vérité ; celui qui, par la grâce de Dieu, est dans une position telle que l’occasion de paître le troupeau du Seigneur lui est offerte, devrait considérer cela comme un des plus grands privilèges de cette vie, et se débarrasser joyeusement de chaque entrave et empêchement, afin qu’il puisse complètement prendre plaisir à cette tâche et l’exécuter. Ainsi l’apôtre dit aux anciens d’Ephèse : “ Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’ Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée du Seigneur. ” – Actes 20 : 28, Darby.

On trouve encore de nos jours ces trois classes du troupeau du Seigneur : les jeunes, puis ceux qui sont plus avancés et forts, et enfin les faibles et délicats qui ont besoin d’une assistance spéciale. De cette dernière classe, beaucoup sont aujourd’hui dans Babylone [écrit en 1901, trad.] et ont besoin d’une main secourable que le peuple du Seigneur est capable de leur tendre – ils sont faibles, appauvris par un manque de nourriture, par une famine, non pas de pain ni d’eau, mais de l’écoute des paroles du Seigneur. (Amos 8 : 11). Ils écoutent les théories humaines et la “ tradition des anciens ” depuis longtemps, et sont affaiblis du fait de leurs contradictions ; et ainsi, partout où on les trouve, ils ont faim et soif de vérité, et ont besoin que Pierre et tous les disciples du Seigneur fassent avec leur force ce qu’ils sont capables de faire, pour les délivrer des chaînes de l’erreur et de l’obscurité qui les retiennent – afin de les libérer et de les amener en contact avec la nourriture spirituelle que le Père Céleste fournit maintenant si abondamment.

Au regard des réponses de Pierre, rapides et non hésitantes, concernant son amour, le Seigneur donna une prophétie indiquant que Pierre serait, en vérité, fidèle jusqu’à la fin, et impliquant qu’il serait un martyr crucifié, ses mains étant étendues. La tradition nous dit que Pierre fut fidèle jusqu’à la mort ; et ayant été condamné par Néron à mourir par crucifixion, il le fut la tête en bas comme il l’avait demandé, car il avait déclaré qu’il n’était pas digne d’être crucifié comme son Seigneur.

Les paroles de notre Seigneur “ Suis-moi ” ne font pas simplement référence au fait de Le suivre spirituellement, mais au fait qu’Il marchait le long du rivage, suivi des disciples. Pierre ayant entendu la déclaration prophétique du Seigneur le concernant et voyant Jean tout près, posa une question concernant l’avenir de ce dernier – Que fera-t-il ? Que lui arrivera-t-il ? Sera-t-il fidèle jusqu’à la mort et sera-t-il lui aussi un martyr ? Le refus de notre Seigneur de répondre peut être considéré plutôt comme un reproche à Pierre et comme une leçon pour nous tous. Nous ne devons pas questionner la providence divine mais plutôt nous y soumettre. Cela semble être dans la nature humaine de penser aux compagnons, même quand on subit peine, persécution, etc.… et nombreux sont ceux qui, comme Pierre, se demandent pourquoi ils auraient des épreuves et des difficultés différentes de celles qui viennent sur certains autres membres du Troupeau du Seigneur. La réponse du Maître à Pierre est une réponse à tous ceux-là : “ Que t’importe, toi, suis-moi. ” Chacun de nous devrait apprendre la leçon de confiance en la sagesse du Seigneur dans toutes ses affaires, dans celles qui lui sont déjà clairement indiquées par le Seigneur comme dans celles qui sont encore laissées dans l’ombre. Nous pouvons connaître son amour, sa sagesse, sa puissance et avoir confiance en Lui là-même où nous ne relevons aucune trace de Lui, et être contents quel que soit le sort qui nous attend, sachant que c’est sa main qui nous dirige.

“ Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ”

Ces paroles de notre Seigneur concernant Jean semblent avoir fait naître dans l’esprit des disciples l’idée que Jean ne mourrait pas – que, tandis que les autres mourraient, il resterait en vie jusqu’à la seconde venue de Christ. Mais Jean lui-même nous dit que Jésus n’a rien dit de semblable ; ce fut une simple déduction de la part des disciples. Nous pouvons voir en Jean une figure des membres de l’Eglise vivants à la fin de l’âge de l’Evangile – à la seconde présence du Seigneur. Jean n’est pas vivant, mais la classe qu’il représenta s’est développée et demeure encore et sera alors changée, etc. Donnons gloire à Dieu, nous qui avons le privilège de vivre en ce temps de faveur, de bénédiction et de lumière et cherchons à manifester la disposition affectueuse, l’énergie et le zèle de Jean, car s’il est appelé le disciple de l’amour, nous devons nous souvenir qu’à cause de son zèle impétueux, il fut surnommé avec son frère, Boanerges (Fils du tonnerre). Soyons pleins d’énergie, pleins de ces sacrifices que l’amour fait naître, pour que nous puissions glorifier le Seigneur dans nos corps et dans nos esprits qui Lui appartiennent. Dans ce but il sera bon de nous rappeler les paroles du Seigneur qui s’appliquent à l’ensemble des sept aussi bien qu’à Pierre qui a été leur porte-parole : “ M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ” La même question est posée aujourd’hui à tout le peuple du Seigneur. Il est nécessaire que nous ayons plus ou moins de contact avec le monde, avec les affaires, les devoirs domestiques, la société, etc. et la question est de savoir comment nous allons nous acquitter de nos obligations, les contre-balançant avec nos devoirs envers le Seigneur, comme Nouvelles Créatures, formant sa sacrificature royale. Le Seigneur verra-t-Il que nous aimons les choses terrestres plus que Lui ? S’il en est ainsi, Il déclare que nous ne sommes pas dignes de Lui et qu’Il ne nous reconnaîtra pas comme membres de la classe de son Epouse. Il ne sélectionnera pour ce petit troupeau que ceux qui L’aiment par-dessus tout – plus que les maisons, terres, maris, femmes, enfants et toutes choses terrestres. – Matthieu 10 : 37.

WT 1901 p.2806