MANIÈRE DU RETOUR ET DE L’APPARITION DE NOTRE SEIGNEUR (Chapitre V

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(Chapitre V du Volume Il des Etudes des Ecritures)

PREFACE DE L’AUTEUR

A première édition de ce volume fut publiée en 1889. Dès lors, les éditions se sont succédées rapidement en diverses langues et aujourd’hui plus d’un million et demi d’exemplaires sont entre les mains du public. Ces chiffres peuvent paraître étonnants si nous considérons combien peu de gens, de nos jours, ont foi en la Bible comme étant une révélation divine, et combien peu, parmi ceux qui y croient, peuvent apprécier les prophéties et la chronologie en particulier la chronologie et l’histoire du monde contenues dans la Bible.

L’auteur et les éditeurs ont de grands sujets de se réjouir, à cause des nombreux témoignages qu’ils reçoivent, disant que ce volume a vraiment aidé le peuple de Dieu, partout, dans l’étude de lai Bible, en expliquant le message de la Parole de Dieu sous différents titres et à divers points de vue. Nombreux sont ceux qui nous disent combien ils ont été bénis par l’étude du chapitre sur la manière du retour de Christ, c’est-à-dire par les Preuves scripturales données dans ce chapitre que notre Seigneur ne devait pas revenir sur cette terre comme homme, vu qu’il a complètement accompli sa mission comme être humain lorsque, par la grâce de Dieu, il goûta la mort pour tous les hommes au Calvaire. Les passages qui sont particulièrement présentés à l’attention du lecteur pour prouver que maintenant le Seigneur est glorifié, qu’il est à la droite du Père, et que bientôt Il deviendra le Roi du monde, ont été en aide à beaucoup de lecteurs, comme leurs lettres en témoignent.

Ce volume n’a aucune prétention à l’infaillibilité, ni à une inspiration directe quelconque de Dieu dans l’interprétation de sa Parole. Il prétend au contraire que la révélation divine, c’est la Bible. Le but de son auteur a été de réunir et de comparer les preuves bibliques et de Présenter sa manière de voir concernant leur signification.

Ce volume traitant des sujets à tel point difficiles qu’ils ont été rarement abordés par d’autres, le lecteur ne devra pas trouver étrange si quelques-unes des interprétations présentées ne se sont pas accomplies exactement à la lettre. Mais l’auteur, les éditeurs et les milliers de lecteurs de ce volume n‘ont pas honte des choses qui y sont avancées et continuent à le remettre à tous ceux qui s’intéressent à l’étude de la Bible, comme étant des plus instructifs et des plus utiles pour comprendre la Parole de Dieu.

La chronologie de la Bible, présentée dans ce volume, montre que les six grands jours de mille ans, débutant avec Adam, ont pris fin et que le grand septième jour, les mille ans du règne de Christ, commença en 1873 .Nous voyons que les événements de ces 43 dernières années — qui d’après ce volume seraient le commencement du Millénium corroborent pleinement les prophéties de la Bible. C’est au cours de ces 43 ans que presque tontes les inventions modernes ont été faites. La machine à coudre commença, une des premières, à atteindre sa perfection il y a 43 ans. Dès lors, nous en abondance et à bon marché, toutes sortes de machines et instruments agricoles, d’outils et d’engins perfectionnés, appropriés à toutes les exigences de l’industrie et de la vie domestique, et tout cela grâce aux inventions des hommes. Par ces moyens, les heures de travail ont été diminuées et la sueur du visage qui selon la Bible, est synonyme de malédiction, semble être déjà en partie supprimée.

On peut dire, sous crainte d’erreur, que dans ces 43 ans les richesses du monde se sont accrues un millier de fois. Lorsque nous réfléchissons qu’avant cette période-là il y eut 6ooo ans d’efforts humains, cela semble presque un miracle que le monde ait pu en 43 ans accomplir 1000 fois plus qu’il n’avait pu faire dans les 6000 ans qui ont précédé. Ceci confirme absolument l’assertion du présent volume que nous sommes entrés dans le grand septième jour, et que ce que notre génération expérimente déjà actuellement n’est que le prélude de bénédictions futures bien plus grandes encore, lorsque le soleil de justice se lèvera, portant la sauté dans ses rayons et dispersant toutes les ténèbres, l’ignorance et la superstition qui sont dans le monde.

Ce volume expose ce que son auteur a prêché pendant plus de quarante ans, savoir que, selon la chronologie de la Bible, les temps des gentils devaient se terminer à la fin de 1914. L’expression « temps des gentils » signifie, en termes bibliques, les années ou la période de temps pendant les quelles il fut permis aux nations païennes du monde d’en avoir la domination après que celle-ci eut été enlevée au royaume typique d’Israël selon la chair. Cette période remplit l’intervalle entre l’événement ci -dessus et l’établissement du royaume de Dieu, qui sera remis entre les mains du Messie auquel il appartient » Ezéchiel 21 :32.

Nous ne pouvions naturellement pas savoir en 1889 si la date de 1914 indiquée aussi claire tient dans la Bible comme étant la fin du bail de la puissance des Gentils, ou leur permission de gouverner le monde, voulait dire qu’à ce moment-là ils auraient perdu tout pouvoir ou bien que leur bail étant expiré, leur destitution commencerait. Nous voyons maintenant que c’est la destitution des nations qui était prévue dans le programme de l’Eternel, et promptement, au mois d’Août 1914, les royaumes païens, dont parlent les prophéties, commencèrent la grande lutte actuelle, laquelle, d’après la Bible doit atteindre son point culminant dans le renversement complet de tous les gouvernements humains préparant ainsi la place pour 1e plein établissement du royaume du cher Fils de Dieu.

Il ne nous est pas possible de voir au-delà du voile nous ne pouvons pas connaître le développement des affaires sous la direction de notre glorieux Seigneur et des membres déjà glorifiés de son Eglise. Nous pensons que, d’une façon ou d’une autre, le Seigneur prend maintenant en mains les affaires du monde comme jamais encore il ne l’a fait dans les temps Passés. Ce que nous savons, c’est que le grand temps de trouble qui a commencé correspond exactement à la déclaration divine concernant le temps et les conditions de l’établissement du royaume du Messie. Le Seigneur lui-même nous informe qu’au moment où il assumera le pouvoir et le règne, les nations seront irritées et que la colère divine sera venue. Un peu plus tard, te temps viendra ou les morts seront jugés et où la récompense sera donnée aux serviteurs de Dieu, petits et grands, ce qui finalement aboutira à la destruction des incorrigibles qui sans cela exerceraient une influence corruptrice sur la terre. Apocalypse 21 :8.

Partout dans le monde on savait ce que les Etudiants de la Bible attendaient pour l’année 1914 et lorsqu’une guerre aussi prodigieuse que celle qui sévit actuellement éclata, lorsque la tempête se déchaîna avec une telle furie, produisant pareille destruction, des quantités de personnes se souvinrent de ce qu’ils avaient entendu et lu concernant la fin du temps des gentils. Ils se comptent par milliers aujourd’hui ceux qui reconnaissent pleinement les temps dans lesquels nous vivons et leur influence est vraiment secourable et inspiratrice. Le sentiment que nous sommes dans le jour du Seigneur et que bientôt tous les saints seront rassemblés avec lui par le changement de la résurrection, a un effet stimulant et encourageant sur les Etudiants de la bible. Cette assurance les sépare du monde, de ses craintes et de ses ambitions, et dirige leurs regards vers la couronne de vie que le Seigneur a en réserve pour ceux qui l’aiment par-dessus tout.

L’auteur reconnaît que dans ce livre il émet l’idée que les saints pouvaient s’attendre à être avec le Seigneur dans la gloire à la fin des temps des Gentils. Ce fut la une erreur dans laquelle il était tout naturel de tomber, mais le Seigneur fit concourir cela au bien de son peuple. La pensée que l’Eglise serait rassemblée dans la gloire avant Octobre 1914 eut certainement un effet stimulant et sanctifiant sur des milliers d’enfant de Dieu, qui tous peuvent louer le Seigneur, même pour cette erreur. Beaucoup, en effet, peuvent dire qu’ils remercient Dieu de ce que le point culminant des espérances de l’Eglise n’a pas été atteint au moment ou nous pensions qu’il le serait et que comme peuple de Dieu nous avons ainsi des nouvelles occasions d’avancer dans la sanctification et de participer avec notre Maître à la proclamation de son message au peuple de Dieu

Notre erreur ne portait évidemment pas sur la fin des temps de Gentils, toutefois nous avions tiré une fausse conclusion, non autorisée par la Parole de Dieu. Nous avions vu dans la Bible certains parallèles entre l’âge judaïque et l’âge de l’Evangile. Nous aurions du remarquer que dans les deux cas, ces parallèles sont suivis de la destruction des systèmes nominaux et n’indiquent pas le temps de la glorification de la Nouvelle Création. Cette explication aidera le lecteur dans son étude des «  TEMPS EST PROCHE »

Nous ne doutons nullement que les grandes bénédictions que beaucoup d’entre nous ont reçues dans le passé, continueront à se répandre par ce volume sur des milliers d’autres

Qu’il en soi ainsi, telle est la prière de son auteur !

Brooklin, N. Y., 1er Octobre 1916.

Charles T. RUSSELL

CHAPITRE V

L’harmonie entre la manière dont s’effectuera le second avènement de notre Seigneur et d’autres traits du plan divin. Quand et comment l’Eglise le verra. —Quand et comment la gloire du Seigneur sera révélée de manière à ce que foute chair la voie. Accord parfait entre des déclarations en apparence contradictoires. —Il vient « comme un voleur »; non pas avec des marques extérieures. — Cependant avec un « cri de commandement » à la « voix d’un archange » et « au son de la trompette de Dieu ». — « Il sera révélé au milieu de flammes de feu exerçant la vengeance. » — Et pourtant « il viendra de la même manière» qu’il s’en est ailé. —Preuve de l’importance des temps prophétiques. Harmonie des indices actuels. »

Ce que nous venons de voir au sujet de la clôture rapide «des temps des nations » et l’assurance que la consommation de l’espérance de l’Eglise doit précéder cette clôture ne peut qu’aiguiser l’appétit de ceux qui attendent la consolation d’Israël. Ils auront faim de connaître la moindre information que le Père a pu fournir par les prophètes concernant « la moisson », la fin ou pèriode finale de cet âge — la séparation du froment d’avec l’ivraie parmi les membres vivants de l’Eglise nominale et le moment de la glorification des vainqueurs, pour être avec leur Seigneur et Chef et lui être semblables.

Pour apprécier la nature raisonnable des enseignements prophétiques sur ces sujets profondément intéressants, il est absolument nécessaire que nous ayons une vue claire tant du but de la seconde venue de notre Seigneur que de la manière dont il sera révélé. Nous espérons que tous nos lecteurs ont été convaincus par la lecture du volume I que le but de sa venue est de réconcilier avec Dieu « quiconque veut », lorsqu’il les gouvernera, les enseignera et les disciplinera; ce que l’Ecriture appelle juger et bénir le monde. Considérer la manière de la venue et de l’apparition du Seigneur est, par conséquent, d’une importance capitale avant d’aller plus en avant dans notre étude du temps de la moisson, etc. Il faut que le lecteur ait clairement présent à l’esprit le but du retour du Seigneur pendant qu’il en étudie la manière; et tous les deux, lorsqu’il se met à étudier le temps. Cela est nécessaire pour contrebalancer les vues erronées qui préoccupent déjà de nombreux esprits, vues basées sur de fausses idées du but et de la manière de la venue du Seigneur.

Saisissez et retenez le plus fermement possible le fait déjà démontré que le plan de Dieu, exécuté par Christ, est un tout harmonieux et que l’œuvre du second avènement est unie à l’œuvre du premier comme l’effet à la cause c’est-à-dire que le grand œuvre de rétablissement lors du second avènement suit l’œuvre de la rédemption accomplie au premier avènement, comme une conséquence logique du plan divin. C’est pourquoi le retour du Seigneur est l’aurore de l’espérance pour le monde, le temps de dispensation des faveurs assurées par la rédemption, l’âge de l’Evangile étant simplement une parenthèse durant laquelle l’épou­se de Christ est choisie pour être associée avec son Seigneur dans le grand travail de rétablissement qu’il vient accomplir.

Et comme l’Eglise de Christ, qui s’est développée durant l’âge de l’Evangile, doit être associée à son Seigneur durant le grand œuvre de rétablissement de l’âge millénaire, le premier travail de Christ à son second avènement doit être le rassemblement de l’Eglise élue. C’est à cela que le prophète fait allusion quand il dit (Psaume 50 : 5) «Assemblez-moi mes saints, qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice. » Ce temps de rassemblement ou de moisson se trouve dans la période de superposition des deux âges. Comme nous le démontrerons, c’est une période de quarante ans, qui, à la fois, termine l’âge de l’Evangile et introduit l’âge millénaire (voy. vol. 1, p. 242-244, 260-264 et la carte des âges). Cette période de la moisson n’a pas seulement pour but d’accomplir la séparation du froment d’avec l’ivraie dans l’église nominale, la récolte et la glorification de la classe du froment mais elle doit aussi servir à brûler (détruire) l’ivraie, (comme ivraie ou imitation du froment, non comme individus; le feu de destruction est symbolique aussi bien que 1’ ivraie). En outre, pendant cette période s’accomplit la récolte et la destruction des fruits gâtés de « la vigne de la terre » (ambitions humaines, avidité et égoïsme), lesquels ont crû et mûri pendant des siècles dans les royaumes de ce monde et dans les diverses organisations humaines, civiles et sociales.

Lorsque nous avons traité plus spécialement le but du retour de notre Seigneur, nous avons démontré qu’il viendra en personne; permettez-nous encore de mettre le lecteur studieux en garde contre une confusion de pensées en considérant les deux expressions de notre Seigneur, contradictoires en apparence «Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (ainos, âge)» et «Je vais vous préparer une place… et je reviendrai, et vous prendrai avec moi » (Matthieu 28 : 20 Jean 14 : 2, 3). L’exemple suivant servira à illustrer l’harmonie de ces deux promesses Un homme dit à son ami au moment de se séparer : N’oublie pas que je serai avec toi durant tout ton voyage. Comment ? Ce n’est certainement pas en personne, puisqu’ils prenaient le train pour aller dans des directions opposées à des endroits différents. Son idée était que par l’affection, la pensée et l’intérêt qu’ils avaient l’un pour l’autre, ils ne seraient pas séparés. C’est ainsi, mais dans un sens plus élevé, que le Seigneur a toujours été avec son Eglise; sa divine puissance le mettant à même de la surveiller, d’en diriger et d’en aider chaque membre du premier au dernier. Mais nous ne considérons pas maintenant la présence du Seigneur avec nous dans ce sens figuré, nous considérons la manière dont se fera sa deuxième présence et son apparition en personne «lorsqu’il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui croient ».

Les Ecritures enseignent que Christ revient pour régner; qu’il doit régner jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds, c’est-à-dire tout adversaire, toutes choses qui entraveraient le grand rétablissement qu’il vient accomplir — le dernier ennemi qui doit être détruit étant la mort (1 Corinthiens 15 : 25, 26) — et qu’il régnera mille ans. Nous trouvons par conséquent, comme nous devions nous y attendre, qu’une place beaucoup plus grande a été réservée, dans les prophéties, au second avènement, à ses mille ans de règne glorieux et au renversement du mal qu’aux trente-quatre années de sa première venue en vue de la rédemption. Et comme nous avons trouvé que la prophétie précise les différents points importants de ces trente-quatre ans, de Bethlehem et Nazareth jusqu’au fiel, au vinaigre, au partage des vêtements, à la croix, au tombeau et à la résurrection, de même, nous trouvons qu’elles indiquent également différents points des mille ans de la seconde présence, particulièrement son commencement et sa fin.

La seconde présence de notre Seigneur couvrira une période de temps beaucoup plus longue que la première. La mission de son premier avènement se termina en moins de trente-quatre ans; tandis qu’il lui faudra 1000 ans pour accomplir l’œuvre déterminée de sa seconde présence. On peut d’ailleurs facilement voir que si l’œuvre du premier avènement était tout aussi importante que celle du second — voire même si importante que sans elle l’œuvre du second avènement n’aurait jamais été possible — elle n’était cependant pas si variée que celle de celui-ci, et dès lors exigea moins de description.

En étudiant ce qui a trait au second avènement, nous ne devons pas plus que pour le premier nous attendre à ce que toutes les prophéties désignent un moment de l’arrivée de notre Seigneur plus particulièrement rempli de faits remarquables, et qu’elles attirent l’attention de tous les hommes sur le fait de sa présence. Telle n’est pas la méthode habituelle de Dieu et tel ne fut pas le cas lors du premier avènement. La première venue du Messie ne fut marquée par aucune démonstration soudaine ou étonnante en dehors de l’ordre habituel des choses; mais elle fut manifestée et prouvée par l’accomplissement graduel des prophéties montrant à l’observateur attentif que les événements qui devaient être attendus s’accomplissent on leur temps. Ainsi on sera-t-il à son second avènement. Il est moins important de découvrir le moment précis de son arrivée que de discerner le fait de sa présence lorsqu’il sera de retour, tout comme au premier avènement il fut beaucoup plus important d’être capable de discerner sa présence (et plus vite et mieux), que de connaitre la date exacte de sa naissance. Lorsque l’on considère le second avènement, c’est l’acte de sa venue et le moment de son arrivée qui trop fréquemment préoccupent le plus tandis que c’est une période où le Seigneur sera présent, comme fut le premier avènement, qu’il faudrait constamment avoir devant l’esprit. Le moment précis où cette présence commence perdrait de son importance; son but, par contre, et l’œuvre qui doit s’accomplir durant cette période de sa présence recevrait une plus grande considération.

Il est également nécessaire de bien nous souvenir que notre Seigneur n’est plus un être humain; qu’en tant qu’homme il se donna lui-même en rançon pour l’homme et qu’il ne devint homme que pour ce but (1 Timothée 2: 6; Hébreux 10: 4, 5; 1 Corinthiens 15 : 21, 22). Il est maintenant souverainement élevé à la nature divine. C’est pourquoi Paul dit : « Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus (ainsi, Laus.). Il ressuscita être spirituel, esprit vivifiant (2 Corinthiens 5: 16: 1 Corinthiens 15: 45) et non pas homme, de la terre et terrestre. Il n’est plus en aucun sens ou à aucun degré un être humain: car il ne faut pas oublier ce que nous avons appris (voir vol. I. chap. X), que les différentes natures sont séparées et distinctes. Du moment qu’il n’est plus en aucun sens ou à aucun degré un être humain, nous ne devons pas nous attendre à le voir revenir comme un être humain, semblable à ce qu’il était à son premier avènement. Sa seconde venue se fera d’une manière différente aussi bien que pour un but différent. Remarquons le fait que le changement de notre Seigneur de la nature humaine à la nature divine après sa résurrection, fut un changement encore plus grand que celui qui eut lieu environ trente-quatre ans auparavant, lorsqu’il déposa la gloire de l’être céleste, et « fut fait chair » Nous pourrons alors avec grand profit considérer très minutieusement chacune de ses actions durant les quarante jours qui s’écoulèrent après sa résurrection, avant qu’il ne s’en aille «auprès du Père », parce que durant ces quarante jours il est le Jésus ressuscité qui doit venir de nouveau, et non l’homme Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon pour nous, dans la mort. Celui qui fut mis à mort, être humain dans la chair, fut aussi, dans sa résurrection, rendu vivant, être spirituel. —1 Pierre 3 : 18.

A son second avènement il ne vient pas pour être assujetti aux autorités qui existent, pour payer le tribut à César et pour souffrir l’humiliation, l’injustice et la violence, mais il vient pour régner, pour exercer tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Il ne vient pas dans le corps de son humiliation, un corps humain qu’il prit pour souffrir la mort et qui était inférieur au corps glorieux qu’il avait auparavant (Hébreux 2 : 9); mais il vient dans son glorieux corps spirituel qui est « l’empreinte de la personne du Père» (Hébreux 1 : 3) car, à cause de son obéissance même jusqu’â la mort, il est maintenant souverainement élevé à la ressemblance et à la nature divines, et il a reçu un nom qui est au-dessus de tout nom, — celui du Père excepté (Philippiens 2 : 9: 1 Corinthiens 15 : 27). L’apôtre montre «qu’il n’a pas encore été manifesté» à notre compréhension humaine ce qu’il est maintenant ; nous ne savons par conséquent pas ce que nous serons, quand nous lui serons faits semblables; mais nous (l’Eglise), nous pouvons nous réjouir dans l’assurance d’être un jour avec lui, et semblables à lui, le voyant tel qu’il est (1 Jean 3 : 2), non dans l’humiliation comme il était à sa première venue, lorsqu’il avait déposé sa gloire première, étant devenu pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis.

Dans ce passage les mots « quant à» ou « selon» et «  par » ont été ajoutés par les traducteurs et induisent en erreur. Le texte grec se lit simplement «Mis à mort chair, rendu vivant esprit. » Notre Seigneur mis à mort dans sa chair comme être humain, fut ressuscité de la mort être spirituel. Et puisque l’Eglise doit être changée pour être semblable à Christ, il est évident que le chan­gement qui se produisit dans le Chef est semblable à celui qui est décrit comme étant réservé aux vainqueurs qui seront changés de la nature humaine à la nature divine et seront faits semblables à leur Seigneur, — «participants de la nature divine ». La description suivante du changement des saints est dès lors applicable aussi à leur Seigneur, savoir « Il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire; il est semé en faiblesse, il ressuscite en puissance ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. »

Si nous considérons la sagesse et la prudence des méthodes de notre Seigneur lorsqu’il manifesta Sa présence à ses disciples après comme avant sa résurrection, cela nous aidera à nous souvenir que la même sagesse sera déployée dans ses méthodes de révélation de lui-même à l’Eglise et au monde lors de son second avènement. Ces méthodes ne sont pas nécessairement similaires, mais dans chaque cas elles répondent très bien à son but, qui n’est jamais d’alarmer et d’exciter les hommes, mais de les convaincre par une persuasion calme et raisonnée des grandes vérités qu’il veut leur faire saisir, Le premier avènement de notre Seigneur n’eut pas lieu pour effrayer, exciter ou alarmer personne. Considérez comme il vint tranquillement et sens en imposer ! Il vint si modestement que seuls ceux qui avaient la foi et l’humilité furent capables de reconnaître dans l’enfant d’humble naissance, dans l’homme de douleurs dans l’ami des petits et des pauvres et finalement dans le crucifié, le Messie si longtemps attendu.

Il est vrai que la manifestation de sa présence après sa résurrection a dû, conformément à la nature des choses, avoir été un fait plus stupéfiant, surtout si le fait de la transformation de sa nature est pris en considération, Mais il fallait que le fait de sa résurrection et de son changement de nature soit pleinement démontré, non pas alors à tout le monde, mais à des hommes choisis qui rendraient aux générations futures un témoignage digne de foi des faits qu’ils avaient vus eux-mêmes. Si tout le monde alors avait été informé de ces choses, le témoignage parvenu jusqu’à nos jours serait beaucoup moins digne de confiance ; il serait tellement coloré et déformé par les idées des hommes et mélangé avec leurs traditions, qu’on ne pourrait plus ou presque plus y ajouter foi. Mais Dieu ne confia la vérité qu’à des témoins choisis, fidèles et dignes de foi. Remarquez, en lisant le récit de la résurrection et de la transformation de Christ, comme le but fut parfaitement atteint: et combien la preuve qui leur en fut donnée fut claire, positive et convaincante. Remarquez aussi avec quelles précautions il manifesta et démontra ces grandes vérités à ses disciples, afin de ne pas les alarmer ou trop les exciter. Aussi pouvons-nous être certains que les même sagesse, prudence et habileté seront déployées dans ses méthodes pour faire connaître le fait de sa glorieuse présence à son second avènement. Dans tous les cas, un jugement calme et sain sera vite convaincu que pour le monde en général il faut auparavant une sévère discipline pour lui en faire accepter le témoignage, tandis que ceux dont le cœur est accessible à la vérité en auront l’intelligence plus tôt. Les preuves de sa résurrection et de son changement à la nature spirituelle ne furent pas données à ses disciples toutes à la fois, mais peu à peu, selon qu’ils étaient capables de les supporter, et d’une manière calculée pour leur faire la plus profonde impression.

Durant les trois ans et demi du ministère de notre Seigneur, ses disciples avaient sacrifié amis, réputation, affaires, etc., pour vouer leur temps et leur énergie à faire connaître la présence du Mes­sie et l’établissement de son royaume. Mais ils avaient nécessairement des idées confuses sur la manière et le temps de l’exaltation de leur Maître, ainsi que sur la promesse qu’il leur avait faite de leur exaltation avec lui. — Une pleine connaissance n’était pas non plus nécessaire à ce moment-là, il était tout à fait suffisant qu’ils suivissent fidèlement et pas à pas chaque nouvelle lumière ; c’est pourquoi le Seigneur les enseignait petit à petit, selon qu’ils étaient capables de le comprendre. Lorsque la fin de son ministère fut proche, il leur dit « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité.., il vous an­noncera les choses à venir et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites ». — Jean 16 :12. 13 ; 14 : 26.

Qui peut décrire leur grand désappointement (bien que dans la mesure du possible ils eussent été armés et préparés à cet effet), lorsqu’ils virent tout à coup saisi du milieu d’eux et ignominieusement crucifié comme un malfaiteur celui dont ils attendaient et annonçaient le royaume et la gloire, choses qui leur avaient semblé si près de se réaliser cinq jours seulement avant sa crucifixion (Jean 12 : 1, 12-19). Quoiqu’ils le sussent faussement accusé et injustement crucifié, cela ne changeait rien au fait que leurs espérances nationales, si longtemps caressées, d’un roi juif venant restaurer leur nation en prestige et en influence et réaliser leurs propres espérances, ambitions et rêves, relativement à des charges importantes et à de grands honneurs dans ce royaume, étaient tous soudainement démolis par le cours défavorable qu’avaient pris les affaires, ce qui avait amené la crucifixion de leur roi.

Le Maître savait cependant fort bien combien ils seraient désolés, désemparés et perplexes, car c’est ainsi qu’il fut écrit : « Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées» (Zacharie 13 : 7 Marc 14 : 27). Durant les quarante jours entre sa résurrection et son ascension, son principal souci fut, par conséquent, de les rassembler de nouveau et de rétablir leur foi en lui comme le Messie si longtemps attendu, en leur prouvant la réalité de sa résurrection et en leur révélant que depuis sa résurrection, bien qu’il conservât toujours la même personnalité, il n’était plus un être humain, mais un être spirituel, souverainement élevé, ayant « toute puissance dans le ciel et sur la terre ». —Matthieu 28 :18.

Il leur fit parvenir peu à peu la nouvelle de sa résurrection : premièrement par les femmes (Marie de Magdala, Jeanne, Marie, la mère de Jacques. Salomé, et d’autres avec elles. Marc 16 :1 : Luc 24 :10) qui étaient venues de grand matin au sépulcre pour embaumer son corps avec des aromates et des parfums. Pendant qu’elles se demandaient qui leur roulerait la pierre loin de l’entrée du sépulcre, il se fit un tremblement de terre et lorsqu’elles y arrivèrent, elles virent la pierre déjà roulée et un ange du Seigneur assis dessus qui leur dit: «Pour vous ne craignez pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n’est point ici il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c’est là que vous le verrez.» — Matthieu 28 : 5-7.

Il semble que Marie de Magdala quitta ses compagnes et courut le dire à Pierre et à Jean (Jean 20 : 1, 2), tandis que les autres femmes allaient le raconter au reste des disciples. Après que Marie de Magdala les eût quittées et pendant qu’elles étaient en chemin, Jésus vint au devant d’elles et leur dit (Matthieu 28 : 9,19): « Salut » Elles s’approchèrent pour saisir ses pieds et l’adorèrent. Alors Jésus leur dit : « Ne craignez pas allez dire à mes frères de se rendre en Galilée (leur demeure) c’est là qu’ils me verront.» Avec Crainte et joie, elles coururent le raconter aux autres disciples. Dans le tumulte de leurs sentiments, qui étaient un mélange de surprise, de perplexité, de joie, de crainte et de bouleversement général, elles avaient grand peine à trouver des mots pour raconter leur nouvelle étrange et merveilleuse. Lorsque Marie rencontra Pierre et Jean, elle leur dit tristement : «Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur et nous ne sayons où ils l’ont mis» (Jean 20 : 2). Les autres femmes racontèrent alors comment, au sépulcre, elles avaient eu une vision d’anges, leur annonçant qu’il était vivant (Luc 24 : 22, 23), et comment plus tard elles avaient rencontré le Seigneur sur le chemin. — Matthieu 28 : 8, 10.

La plupart des disciples accueillirent leur histoire simplement comme le produit d’une excitation superstitieuse ; mais Pierre et Jean dirent : Nous voulons aller et voir par nous-mêmes. Marie retourna au sépulcre avec eux. Pierre et Jean virent que le corps n’y était plus et que le suaire était soigneusement plié et mis à part, tandis que la pierre avait été roulée loin de l’entrée. Ils s’en retournèrent consternés, tandis que Marie restait là désolée. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre et elle vit deux anges qui lui dirent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit : « Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis.» Comme elle se retournait, elle vit Jésus debout, mais elle ne le connut pas. Il lui demanda : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : «Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai. » Alors, avec le ton qui lui était si familier et qu’elle reconnut de suite, le Seigneur dit : « Marie ! »

Cela suffit pour fortifier sa foi dans ce que les anges lui avaient dit, savoir qu’il était ressuscité, ce qui jusque là lui avait semblé un songe ou une histoire oiseuse; et dans sa joie elle s’exclama : « Maître ! » Sa première impulsion fut de l’entourer de ses bras et de rester en sa présence. Mais Jésus l’informa doucement qu’elle avait maintenant une mission importante à accomplir : celle d’aller porter incessamment ce témoignage du fait de sa résurrection aux autres disciples qui étaient toujours dans la consternation et l’incertitude, afin de rétablir leur foi. Jésus lui dit : « Ne me touche (grec haptomai, ne m’entoure) pas (ne t’attarde pas maintenant avec d’autres démonstrations de ton affection), car je ne suis pas encore monte vers mon Père (je ne serai plus avec vous que pour un peu de temps). Mais va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père; vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20 : 17). Par les autres femmes aussi il avait envoyé le message qu’il les reverrait en Galilée.

Là-dessus il rejoignit deux des disciples tristes et troublés qui allaient de Jérusalem à Emmaüs, et il s’enquit de la cause de leur tristesse et de leur abattement (Luc 24 : 13-35). L’un d’eux ré­pondit : « Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ? — Quoi ? leur dît-il. — Et ils lui répondirent. Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, et comment les chefs des prêtres et nos magistrats l’ont livré pour le faire condamner à mort et l’ont crucifié. Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées [Ici ils se souvenaient probablement de ce qu’il leur avait dit : Jean 2 : 19, 21, 22]. Il est vrai que quelques femmes d’entre nous nous ont fort étonnés : s’étant rendues de grand matin au sépulcre et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant. Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont point vu.»

Quoi d’étonnant à ce qu’ils fussent tous troublés: et comme tout leur paraissait étrange! Combien les événements des quelques derniers jours avaient été singuliers et saisissants.

Alors, par de pénétrantes paroles, l’étranger leur démontra l’accomplissement des prophéties précisément par les choses qui les avaient tant abattus et que les prophètes avaient enseignées concernant le vrai Messie, lequel, avant de pouvoir gouverner, bénir et élever Israël et le monde tout entier, devait premièrement « avec sa propre vie» le racheter de la malédiction de la mort qui était venue sur tous les hommes par Adam; et qu’après sa résurrection et son élévation à la gloire par Jéhovah, leur Maître devait accomplir tout ce qui avait été prédit par les prophètes concernant sa gloire future, aussi sûrement qu’il avait accompli les prophéties qui prédirent ses souffrances, son humiliation et sa mort. C’était là un étonnant prédicateur et un merveilleux sermon ! Ces paroles suggéraient de nouvelles idées et ouvraient de nouvelles espérances. Comme ils arrivaient au village, ils le contraignirent de demeurer avec eux, parce que le soir approchait et que le jour était sur son déclin. Il entra donc pour rester avec eux. Pendant qu’ils étaient à table, il prît le pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, mais il disparut de devant eux.

Ils ne l’avaient donc pas reconnu jusqu’à ce moment-là, et pourtant ils avaient marché, causé et s’étaient mis à table ensemble. Ce n’est pas à son visage qu’ils le reconnurent, mais par le simple acte de bénir et de rompre le pain selon sa manière habituelle d’autrefois rassurant ainsi leur foi dans ce qu’ils avaient déjà entendu — qu’il était ressuscité et les reverrait.

Alors les deux disciples surpris et remplis de joie se levèrent à l’heure même et retournèrent à Jérusalem, se disant l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures ?» Arrivés à Jérusalem, ils trouvèrent les autres disciples qui se réjouissaient également en disant : « Le Seigneur est réellement ressuscité et il est apparu à Simon». Eux racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu lorsqu’il avait rompu le pain. Probablement qu’ils étaient à peu près tous réunis ce soir-là, oubliant maisons, affaires et toutes les autres choses. — Marie de Magdala, avec des larmes de joie, disait : Je l’ai reconnu au moment où il prononça mon nom; jusque-là je ne pouvais pas croire ce que m’assuraient les anges à propos de sa résurrection: puis les autres femmes racontaient aussi leur merveilleuse expérience du matin et comment elles l’avaient rencontré en chemin. Simon avait, lui aussi, son histoire à raconter: et voici encore deux autres témoins arrivant d’Emmaüs. Quelle journée pleine d’événements. Quoi d’étonnant à ce qu’ils désirent, après cela, se rencontrer le premier jour de chaque semaine, pour s’entretenir de ces choses et rappeler à leur mémoire toutes les circonstances se rapportant à ce prodigieux événement de la résurrection du Seigneur, pour que leur cœur « brûle» toujours a nouveau. Pendant que la petite société excitée et débordante de joie était ainsi assemblée, se racontant les uns aux autres leurs différentes expériences, le Seigneur Jésus lui-même parut soudain au milieu d’eux (Lu 24 : 36-49) et leur dit : « La paix soit avec vous ! » D’où était-il venu ? Toutes les portes de la maison où ils étaient assemblés étaient fermées à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs (Jean 20 : 19, 26), mais il était apparu soudainement, sans que rien n’eût révélé son approche ; ils en furent terrifiés au point qu’ils crurent voir un esprit. Mais il les rassura et leur dit de calmer leurs craintes ; il leur montra ses mains et ses pieds en leur disant : « C’est bien moi: touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’ai ». Et tandis qu’ils ne croyaient pas encore tant leur joie et leur étonnement étaient grands, il leur dît : « Avez-vous ici quelque chose à manger ?» Ils lui présentèrent du poisson rôti, il en prit et en mangea devant eux. Alors il leur ouvrit l’esprit, les yeux de la pensée, et leur expliqua les Ecritures, leur montrant par la loi et les prophètes que ces choses étaient arrivées exactement comme elles avaient été prédites. Mais Thomas était alors absent (Jean 20 : 24) aussi, lorsque les autres disciples lui dirent qu’ils avaient vu le Seigneur, il ne voulut pas croire et dit : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. »

Huit jours s’étaient passés sans aucune manifestation nouvelle ; ils avaient eu le temps de penser calmement et de s’entretenir ensemble des expériences de ce jour merveilleux, lorsque, étant de nouveau assemblés comme auparavant, Jésus se présenta au milieu d’eux absolument comme le premier soir en disant : «La paix soit avec vous (Jean 20 : 26). Cette fois, Thomas était présent, et le Seigneur s’adressant à lui, lui dit : «Avance ici ton doigt, et regarde mes mains: avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois » Il montrait ainsi qu’il savait ce que Thomas avait dit, sans que cela lui eût été raconté; et il donnait cette preuve de sa résurrection à Thomas qui l’avait demandée pour pouvoir croire. Thomas répondit avec joie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Il dut se passer après cela un assez long intervalle avant qu’il y eût une nouvelle manifestation de la présence du Seigneur, et les disciples, qui étaient Galiléens, commencèrent à penser à leur maison et à leur avenir; se souvenant en plus du message que le Seigneur leur avait adressé par les femmes, qu’il irait devant eux en Galilée, ils s’y rendirent. Probablement que le Seigneur les rencontra en chemin, sur une montagne, comme Matthieu le relate. Ils étaient extrêmement troublés ils ne ressentaient plus à son égard la même familiarité qu’ils avaient autrefois; il leur semblait être tellement différent depuis sa crucifixion de ce qu’il était auparavant; il apparaissait et disparaissait en temps et lieux si particuliers et il ne ressemblait plus à « l’homme Christ Jésus ». C’est pour cela que Matthieu dit : « Ils se prosternèrent devant lui, mais quelques-uns eurent des doutes ». Après leur avoir dit quelques paroles, le Seigneur « disparut » de leur présence et les laissa dans l’étonnement, se demandant ce qui allait encore arriver. Durant les premiers temps de leur retour en Galilée, rien d’extraordinaire ne se passa et il n’y eut aucune nouvelle indication de la présence du Seigneur. Sans doute ils s’assemblèrent maintes fois et s’entretinrent de la situation, s’étonnant de ce qu’il ne leur apparut pas plus fréquemment.

Comme ils l’attendaient, les jours et les semaines leur semblaient longs. Ils avaient depuis longtemps laissé de côté les travaux ordinaires de la vie pour suivre le Seigneur de lieu en lieu, recevant ses instructions et prêchant aux autres : «Le royaume des cieux est proche » (Matthieu 10 : 5-7). Ils ne désiraient pas retourner à leurs anciens travaux: cependant, comment devaient-ils procéder avec l’œuvre du Seigneur ? Ils comprenaient assez clairement la situation pour voir qu’ils ne pouvaient prêcher plus longtemps que le royaume était arrivé, parce que tout le peuple savait que leur Maître et Roi avait été crucifié; cependant personne d’autre qu’eux ne connaissait le fait de sa résurrection. Tandis que les onze étaient perplexes et inquiets, attendant quelque chose, sans trop comprendre quoi, Pierre leur dit : Nous ne pouvons pourtant pas rester oisifs; je vais retourner à mon ancien métier de pêcheur; et six des autres dirent : Nous voulons faire de même ; nous allons avec toi (Jean 21 : 3). Il est fort probable que le reste des disciples retournèrent également à leurs anciennes occupations.

Qui pourrait douter que le Seigneur n’assistât souvent, quoique invisible, aux divers entretiens qu’ils eurent ensemble, gouvernant et dirigeant le cours des circonstances, etc.., pour leur plus grand bien. S’ils avaient eu un grand succès à la pêche et s’ils avaient réussi dans leurs affaires, ils auraient bientôt été impropres à un service plus élevé; de même que s’ils n’avaient pas de succès, cela aurait pu paraître vouloir les forcer. Aussi le Seigneur adopta un plan par lequel il leur enseigna une leçon, comme il le fait souvent avec ses disciples, savoir : Qu’il peut diriger le succès ou l’insuccès de leurs efforts dans quelque direction que ce soit, selon son bon plaisir.

L’ancienne raison sociale de pêcheurs réorganisée, ils prirent ensemble leurs bateaux, filets, etc., et sortirent pour faire leur première prise. Mais ils travaillèrent toute la nuit sans prendre de poisson et commencèrent à se sentir découragés. Le matin, un étranger les appelait du rivage pour connaître leur succès. Pauvre succès. Nous n’avons rien pris, répondirent-ils. Essayez encore, dit l’étranger. Lancez maintenant vos filets de l’autre côté du bateau. C’est inutile, notre ami, nous avons essayé des deux côtés toute la nuit, et s’il y avait du poisson d’un côté, il y en aurait de l’autre. Toutefois pour vous le montrer, nous essayerons encore une fois. Ils firent ainsi et obtinrent une immense capture. Que c’est curieux dirent quelques-uns: mais le vif et impressionnable Jean eut tout de suite la juste pensée et dit : Frères, c’est le Seigneur : lui seul pouvait faire cela Ne vous souvenez-vous pas la manière dont il a rassasié les foules, etc. ? Ce ne peut être que le Seigneur qui est sur le rivage, ce n’est qu’un autre moyen choisi par lui pour se manifester à nous. Ne vous rappelez-vous pas qu’il fit juste la même chose lorsqu’il nous appela pour la première fois ? Alors aussi nous avions travaillé toute la nuit sans rien prendre, quand il vint à nous en disant : « Jetez vos filets pour pêcher » (Luc 5 : 4-11). Oui, certainement c’est le Seigneur, bien que depuis sa résurrection nous ne puissions le reconnaître à son apparence, car maintenant il apparaît sous différentes formes. Mais nous le reconnaissons chaque fois par quelque circonstance particulière semblable à celle-ci, qui nous rappelle un incident notoire de notre vie passée avec lui.

Et abordant au rivage, ils y trouvèrent Jésus avec du pain et du poisson ; et ils apprirent la leçon que sous sa direction, ses soins et à son service, ils ne connaîtraient jamais le dénuement (Luc 12 : 29. 30). Ils ne lui demandèrent pas s’il était le Seigneur ; car en cette occasion comme en d’autres, les yeux de leur entendement étant ouverts, ils le reconnurent, non pas à son apparence physique, mais à son miracle. Alors suivirent les enseignements de cette heure délicieuse pendant laquelle il rassura Pierre, lui montrant qu’il était toujours accepté, bien qu’il l’eût renié, lui, le Seigneur, vu sa repentance et ses pleurs. Pierre ressentait maintenant tout à nouveau l’amour de son Maître et le privilège qui lui était maintenu de paître ses brebis et ses agneaux. Il nous semble entendre le Seigneur lui dire : Tu n’as pas besoin de reprendre ton métier de pêcheur. Pierre je t’avais jadis appelé à être pêcheur d’hommes, et comme je sais que ton coeur est toujours loyal et zélé, je renouvelle ta mission de pêcheur d’hommes.

Puis, en mangeant avec eux, « il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez entendue de moi, c’est que si Jean a baptisé d’eau, vous, vous serez baptisés dans l’Esprit saint peu après ces jours-ci » (Actes 1 : 4, 5, Laus). Ainsi, ils vinrent à Jérusalem, comme il leur avait dit, et ce fut là, quarante jours après sa résurrection, qu’il se rencontra et conversa avec eux pour la dernière fois. C’est à ce moment-là qu’ils prirent courage pour lui poser la question au sujet du royaume qu’il leur avait promis, et ils lui dirent « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Cette pensée du royaume prédominait sur toutes les autres dans l’esprit de tout Juif. Le désir d’Israël était d’être la principale nation sous le Messie ; ils ne connaissaient rien des longs « temps des nations » ; ils ne voyaient pas encore que la bénédiction principale avait été enlevée à l’Israël selon la chair (Matthieu 21 : 42 : Romains 11 : 7), et qu’eux-mêmes seraient les membres du nouvel Israël (spirituel) — la sacrificature royale, la nation sainte — par le moyen duquel, comme corps de Christ, les bénédictions parviendraient au monde. Ils ne comprenaient encore rien de ces choses. Comment l’auraient-ils pu. Ils n’avaient pas encore reçu le saint Esprit d’adoption comme fils, mais étaient toujours sous la condamnation : car bien que le sacrifice de la rançon ait été accompli par le Rédempteur, il n’avait pas encore été formellement présenté en notre faveur dans le lieu très-saint, dans le ciel même (Jean 7 : 39). Par conséquent, notre Seigneur n’entreprit aucune explication en réponse à leur question, mais il dit simplement «Ce n’est pas a vous [maintenant] de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité ; mais vous recevrez de la puissance, le saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre. » — Actes 1 : 7, 8.

Le Seigneur marchait avec eux, et lorsqu’ils furent arrivés au mont des Oliviers, il éleva les mains et les bénit ; puis il fut séparé d’eux et élevé en leur présence, et une nuée le déroba à leurs yeux (Luc 24 : 48-52 ; Actes 1 : 6-15). Ils commençaient maintenant à voir un peu plus du plan de Dieu. Le Seigneur, qui était descendu du ciel, était retourné au Père, comme il le leur avait dit avant sa mort. — Il était allé leur préparer une place et il reviendrait pour les prendre avec lui. Il s’en était allé au loin pour recevoir le royaume promis et revenir ensuite (Luc 19 : 12) ; en attendant, ils devaient être ses témoins sur toute la terre afin d’appeler et de préparer un peuple pour le recevoir lorsqu’il viendrait pour être glorifié dans ses saints et pour régner comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ils comprenaient que leur nouvelle mission de proclamer à toute créature un roi venant du ciel, « avec toute puissance dans le ciel et sur la terre », était une œuvre beaucoup plus importante que celle des années précédentes où ils annonçaient « l’homme Christ Jésus » et où ils le suivaient, lui, « le méprisé et le rejeté des hommes. » Leur Seigneur ressuscité était en effet changé, non seulement dans son apparence personnelle, apparaissant une fois dans tel lieu et de telle manière et une autre fois dans un autre lieu et d’une autre manière pour manifester sa « toute-puissance », mais il était aussi changé dans sa condition ou nature. Il ne s’adressait plus aux Juifs et ne se montrait plus lui-même à eux; car depuis sa résurrection per­sonne ne l’avait vu en aucun sens, excepté ses amis et ses disciples. Sa parole : « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus » s’était accomplie à la lettre.

* Cette puissance promise de connaitre et de comprendre les temps et les saisons, comme toutes les choses appartenant à un véritable témoignage, s’applique à l’Eglise entière, du premier au dernier de ses membres; de plus sous la conduite et la puissance du saint Esprit, il est pourvu à une nourriture convenable pour chaque trait du plan de Dieu, afin qu’en tout temps nous puissions être ses témoins, même jusqu’à la fin de cet âge. —Comp. Jean 16: 12, 13.

C’est de cette manière que la foi des apôtres et de la primitive église fut établie sur le fait de la résurrection du Seigneur. Leurs doutes étaient écartés et leurs cœurs réjouis ; ils retournèrent à Jérusalem et persévéraient dans la prière, les supplications et l’étude des Ecritures, attendant l’adoption promise par le Père, le don de la compréhension spirituelle et les dons spéciaux de puissance pour opérer des miracles, ce qui devait les rendre capables de convaincre les vrais Israélites et d’établir l’Eglise de l’évangile au jour de la Pentecôte. — Actes 1 :14 ; 2 :1.

Il est vrai que notre Seigneur à son second avènement ne manifestera pas sa présence de la même manière qu’il l’a fait durant les quarante jours après sa résurrection ; mais nous avons cependant sa promesse que les frères ne seront pas dans les ténèbres (1 Thessaloniciens 5 : 4). Et qui plus est, nous aurons une assistance qu’ils n’ont pas eue et ne pouvaient avoir pendant ces quarante jours, savoir « la puissance d’en haut » pour nous guider dans la compréhension de chaque vérité propre à être comprise, comme aussi, selon sa promesse, pour nous montrer les choses a venir. C’est pourquoi nous aurons, au temps voulu, l’entière compréhension de la manière, du temps et des différentes circonstances qui accompagnent son apparition, choses qui, si nous les attendons et les observons soigneusement, ne seront pas moins convaincantes que ne le furent les preuves de la résurrection de notre Seigneur fournies à la primitive Eglise, quoique de façon toute différente.

Que le Seigneur, à son second avènement, puisse prendre la forme humaine et apparaître ainsi aux hommes, comme il le fit à ses disciples après sa résurrection, cela ne laisse aucun doute non seulement parce qu’il est apparu ainsi sous une forme humaine pendant ces quarante jours, mais aussi parce que des êtres spirituels ont autrefois manifesté leur pouvoir d’apparaître aux hommes en chair et sous des formes variées. Mais une manifestation semblable serait hors d’harmonie avec la teneur du plan de Dieu en général, aussi bien qu’avec les indications scripturales qu’il nous a données concernant la manière dont il doit se manifester, comme nous le verrons. Par contre, le plan du Seigneur est que son royaume spirituel communiquera, réalisera et manifestera sa présence et sa puissance par le moyen d’agents terrestres humains. Tout comme Satan, le prince de ce monde, bien qu’invisible à l’homme, n’exerce pas moins une grande influence dans ce monde, par ceux qui lui sont soumis, qui sont possédés de son esprit et gouvernés par lui, ainsi le nouveau Prince de la paix, le Seigneur, opérera principale­ment en des êtres humains et manifestera sa présence et son pouvoir au moyen d’agents humains, ses sujets, possédés et dirigés par son Esprit.

Voir avec l’œil naturel et entendre avec l’oreille naturelle n’est pas tout ce que la Bible comprend sous ces termes ; il y a une autre façon de voir et d’entendre. « Personne ne vit jamais Dieu » et pourtant tout enfant de Dieu l’a vu, l’a connu et a eu communion avec lui (Jean 1 : 18 ; 5 : 37 ; 14 : 7). Nous entendons Dieu nous appeler à notre « vocation céleste » et nous entendons la voix de notre Berger ; nous regardons constamment à Jésus et voyons le prix, la couronne de vie qui nous est promise ; non par notre vue et par notre entendement naturels, mais par notre intelligence.

Il est beaucoup plus précieux pour nous de voir par les yeux de notre foi notre Sauveur glorifié, comme étant le spirituel et tout-puissant Roi de gloire, notre Rédempteur aussi bien que notre Roi, que de le voir avec les yeux naturels comme le voyaient les disciples avant la Pentecôte.

Il y avait une nécessité pour que le Seigneur – apparût à ses disciples comme il l’a fait après sa résurrection, nécessité qui ne saurait exister à son second avènement sans être au détriment de l’accomplissement de ses desseins. Son but, en apparaissant à ses disciples, après sa résurrection, était de les convaincre que celui qui était mort est maintenant vivant pour toujours, afin qu’eux puissent aller comme témoins proclamer sa résurrection (Luc 24 : 48) et que leur témoignage soit un sûr fondement pour la foi des générations à venir. Puisque nul homme ne peut être agréable à Dieu, ni recevoir l’esprit d’adoption sans la foi en Christ, il était nécessaire non seulement pour les disciples d’alors, mais pour tous depuis ce moment-là, que les preuves de sa résurrection et de son changement fussent telles que l’homme naturel pût les saisir et les apprécier.

Après qu’ils eurent été faits participants de l’Esprit saint et qu’ils purent comprendre les choses spirituelles (voyez 1 Corinthiens 2 : 12-16), ils auraient pu croire les anges au sépulcre par rapport à la résurrection du Seigneur, même s’ils avaient vu le corps de chair de l’homme Christ Jésus demeurant encore dans la tombe mais avant, cela n’était pas possible ; il fallait que le corps fût enlevé pour qu’ils puissent croire à la possibilité de sa résurrection. Après que l’Esprit saint les eut rendus capables de discerner les choses spirituelles, ils auraient pu croire au témoignage des prophètes que Jésus devait mourir, ressusciter d’entre les morts et être souverainement élevé, comme Roi de gloire, sans qu’il eût besoin d’apparaître comme homme et de revêtir diverses formes humaines, afin qu’ils pussent le toucher et le voir monter au ciel. Il fallait tout cela pour les disciples, comme il le faut pour tout homme à l’état naturel. Par la foi nous venons à Dieu par Christ, et recevons la rémission de nos péchés et l’Esprit d’adoption pour comprendre les choses spirituelles.

Même lorsqu’il éloignait d’eux ou de leur foi les obstacles naturels, en prenant une forme humaine, etc., ce n’était pas par une vue naturelle ou parce qu’ils pouvaient le toucher de leurs mains que notre Seigneur persuadait ses disciples et les tendait propres à être des témoins pour d’autres, mais en raisonnant avec eux, en s’appuyant sur les Ecritures : « Il leur ouvrit l’entendement pour qu’ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : C’est ainsi qu’il est écrit et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il se relevât d’entre les morts le troisième jour et qu’on prêchât en son nom la conversion et le pardon des péchés parmi toutes les nations en commençant par Jérusalem.

« Or, vous êtes témoins de ces choses » (Luc 24 :45-48 ; Laus.). Pierre, lui aussi, parle clairement de cela lorsqu’il dit : « Dieu l’a réveillé le troisième jour, et il l’a donné pour être manifesté, NON A TOUT LE PEUPLE, mais aux témoins auparavant désignés par Dieu, à nous qui mangeâmes et bûmes ave lui, après qu’il se fut relevé d’entre les morts; il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui (Jésus le ressuscité) qui a été déterminé par Dieu, juge des vivants et des morts. » Actes 10 : 40-42, Laus.

Pour notre Seigneur, après sa résurrection, ce n’était simplement qu’une question d’utilité sur la manière dans laquelle son apparition accomplirait le mieux son intention de leur faire connaître sa résurrection et son changement de nature. S’il était apparu « dans une flamme de feu », comme l’ange apparut à Moïse dans le buisson ardent (Exode 3 :2), il aurait bien pu converser avec eux ; mais la preuve donnée de cette manière aurait été loin d’être aussi convaincante que la méthode qu’il avait adoptée pour les apôtres et pour le monde en général, pour lequel ils devaient en être les témoins.

S’il était apparu dans la gloire de sa nature spirituelle, comme l’ange le fit pour Daniel (Daniel 10 : 5, 8), cette gloire aurait été telle que les témoins n’auraient pu la supporter. Il est probable qu’ils en auraient été trop épouvantés pour pouvoir recevoir ses instructions. A aucun d’eux, excepté à Paul, le Seigneur ne se révéla de cette manière et Paul fut tellement éprouvé par l’éclat de sa gloire, qu’il fut jeté par terre et aveuglé par cet éclat qui surpassait celui du soleil en plein midi.

Dans l’examen que nous avons fait de la méthode de manifestation adoptée par le Seigneur durant ces quarante jours, nous avons vu qu’il jugea bon de ne se montrer sous une forme visible que très rarement, même aux témoins choisis, et encore dans un espace de temps très court. Si le temps entier pendant lequel ils le virent, avait été rassemblé en un jour au lieu de s’être passé par Intervalles pendant les quarante jours, ses manifestations auraient à peine rempli 12 heures en tout ou 1/80ème de ce temps entier. Cela étant, il est évident qu’il fut présent avec eux, bien qu’invisible, environ les 79/80ème de cette période de quarante jours. Et même lorsqu’il se manifesta, il ne prît jamais (excepté une fois pour Thomas) une forme semblable à celle qu’ils avaient intimement connue pendant 3 ans et qu’ils avaient encore vue peu de jours auparavant. Il n’est pas suggéré une seule fois qu’ils le reconnurent aux traits familiers de son visage, ou qu’il eut une seule fois la même apparence dans ses diverses manifestations.

Marie supposa qu’il était le « jardinier » pour ces deux disciples qui allaient a Emmaüs il fut « un étranger », ainsi que pour les pêcheurs sur la mer de Galilée et pour les onze dans la chambre haute. Chaque fois il fut reconnu à ses actes, ses paroles ou aux intonations familières de Sa voix.

Lorsque Thomas déclara que la seule preuve acceptable pour lui serait de le voir et de le toucher, le Seigneur, bien qu’il ait fait droit à cette demande, le réprouva doucement en disant : « Parce que tu m’as vu, tu as cru : bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20 : 27-29). La preuve la plus forte était celle qui ne s’adressait pas à la vue naturelle ; et ceux qui sont ainsi dans l’attitude de recevoir la vérité par n’importe quels témoignages il plaît à Dieu de la fournir sont plus particulièrement bénis.

Il leur montrait ainsi non seulement qu’il avait désormais le pouvoir d’apparaître de diverses manières et sous diverses formes, mais encore que pas un de ces corps, sous lesquels ils le voyaient, n’était son corps glorieux et spirituel, bien que par ce moyen le fait de sa résurrection et de sa présence leur fût manifesté. Les différentes formes qu’il prît et les longs intervalles de sa présence invisible pendant lesquels il ne se manifestait pas prouvèrent bien le fait que si leur Seigneur et Maître était vivant et n’était pas encore monté vers le Père, il était alors un être spirituel, réellement invisible à toute vue humaine, mais ayant la faculté de manifester Sa présence et son pouvoir sous une variété de formes, selon qu’il lui plaisait. *

* L’événement rapporté par Luc (4 : 30) ne doit pas être regardé comme un cas parallèle à ses apparitions et disparitions après sa résurrection. Ce ne fut pas une disparition dans le sens de devenir invisible au peuple. Il fit seulement un mouvement prompt et adroit, par lequel il évita les intentions meurtrières de ses ennemis. Avant qu’ils eussent eu exécuté leur plan de le mettre à mort, Il se détourna et passa au milieu d’eux, nul homme n’ayant le courage ou le pouvoir de le molester, parce que son heure n’était pas encore venue.

La création du corps et du vêtement avec lequel il leur apparut dans la chambre même où ils étaient assemblés est une preuve indiscutable que Christ n’était plus en aucun sens un être humain, quoi qu’il ait assuré à ses disciples que le corps qu’ils voyaient et que Thomas toucha, était un véritable corps de chair et d’os et non une simple vision ou apparition, *

*Nous ne voulons pas laisser supposer un instant que nous faisons cause commune avec le spiritisme, le swedenborgianisme ou aucun autre isme; nous suivons simplement et logiquement ce que nous connaissons des récits apostoliques. Nous discernons clairement l’extrême différence entre l’enseignement de la Bible et ses contrefaçons promulguées par Satan sous le nom de spiritisme, ce que nous examinerons dans un volume suivant. Qu’il suffise ici de montrer que le spiritisme affecte de mettre en communication les hommes morts avec les hommes vivants, tandis que la Bible condamne cela (Esaïe 8 : 19) et enseigne que de semblables communications, quand elles étaient véritables, n’eurent lieu que par des êtres spirituels, comme les anges ou par notre Seigneur; non pas par notre Seigneur pendant qu’il était l’homme Christ Jésus, ni pendant qu’il était mort, mais seulement après son changement de la résurrection, lorsqu’il fut devenu un « esprit vivifiant. »

Comme être humain, il n’aurait pu venir dans la chambre sans ouvrir la porte ; mais comme être spirituel il le pouvait et cela à l’instant, se créant et prenant le corps de chair et le vêtement ou il fallait pour le but qu’il s’était proposé.

Nous ne pouvons admettre un instant ce qui est suggéré par quelques-uns que notre Seigneur ouvrit la porte sans être vu; par tout ce qui est dit sur ce sujet, il est clair qu’il est venu et qu’il s’est présenté au milieu d’eux pendant que les portes étaient fermées ; — probablement très soigneusement barrées et verrouillées « par la crainte qu’ils avaient des Juifs. » — Jean 20 : 19, 26.

La leçon de son changement de nature fut encore plus accentuée par sa manière de les quitter; « il disparut de devant eux. » Le corps humain de chair et d’os, etc., et le vêtement qui apparaissaient subitement, tandis que les portes étaient fermées, ne sortaient pas par la porte, mais disparaissaient simplement ou se dissolvaient dans les mêmes éléments desquels il les avait créés un moment auparavant. Il disparaissait de leur présence et n’était plus vu par eux lorsque la chair, les os et les vêtements dans lesquels il s’était manifesté avaient été dissous, bien qu’on ne puisse douter qu’il continua à être présent avec eux invisiblement. C’est de cette manière qu’il fut avec eux la plus grande partie du temps pendant ces quarante jours.

En des occasions spéciales, pour des instructions particulières, Dieu accorda un pouvoir semblable à d’autres êtres spirituels, à des anges, les rendant capables d’apparaître comme hommes dans des corps de chair et d’os, de manger et de s’entretenir avec ceux qu’ils instruisaient, de la même manière que le fit notre Seigneur (Genèse 18 ; Juges 6 :11-22 ; 13 : 3-20 et l’explication qui en est donnée dans le Volume 1, pages 213 à 216).

Le pouvoir, manifesté par notre Seigneur et par les anges de créer et de dissoudre les vêtements dans lesquels ils apparaissaient, était tout aussi surhumain que celui de créer et de dissoudre les corps humains qu’ils avaient pris : et ces corps n’étaient pas plus leurs glorieux corps spirituels que les vêtements qu’ils portaient. Nous rappelons que la robe sans couture et les autres vêtements que notre Rédempteur portait avant sa crucifixion avaient été partagés entre les soldats romains, et que le linceul, les bandes et le linge du tombeau avaient été laissés, pliés à part, dans le sépulcre (Jean 19 : 23, 24 ; 20 : 5-7). Il fallait donc que les vêtements avec lesquels il apparut dans les occasions mentionnées plus haut fussent créés spécialement et probablement appropriés à chaque occasion. Par exemple, lorsqu’il apparut à Marie comme un jardinier, il est probable qu’il portait des habits ressemblant à ceux d’un jardinier.

Les différents corps avec lesquels notre Seigneur apparut furent réellement des corps humains et non de simples illusions; il le fit comprendre à ses disciples lorsqu’il mangea avec eux et les invita à le toucher et à voir que son corps était réellement de chair et d’os, en disant Pourquoi êtes-vous troublés ?… Voyez mes mains et mes pieds; touchez-moi et voyez: un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’ai.

Certains chrétiens tirent d’absurdes conclusions de ces paroles de notre Seigneur ayant rapport à la réalité du corps de chair et d’os qu’il avait pris. Ils prennent ce corps pour son corps spirituel, et déclarent qu’un corps spirituel est de chair et d’os, exactement semblable à un corps humain, en exceptant toutefois quelque chose d’indéfinissable qu’ils appellent esprit et qui coulerait à travers les veines à la place du sang. Ils semblent mépriser la déclaration de Jésus qu’un esprit n’a ni chair ni os, et que par conséquent ce corps-là n’était pas un corps spirituel. Oublient-ils jus­qu’aux paroles de Jean : que ce qu’un corps spirituel est n’a pas encore été manifesté, et que nous ne pouvons savoir comment il est avant que nous soyons changés et faits semblables à Jésus et qu’alors nous le verrons, non tel qu’il était, mais tel qu’il est ? (1 Jean 3 : 2). Oublient-ils aussi les paroles catégoriques de l’apôtre Paul, que «la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu »; et son assurance que, par conséquent, tous les héritiers avec Christ doivent également être changés»? — 1 Corinthiens 15 : 50, 51.

Beaucoup de chrétiens croient que le glorieux corps spirituel de notre Seigneur est le même corps qui fut crucifié et déposé dans le sépulcre de Joseph; ils espèrent, lorsqu’ils verront le Seigneur dans la gloire, pouvoir l’identifier, le reconnaître par les cicatrices qui lui furent faites au Calvaire. Ceci est une grande erreur qu’un peu de réflexion seulement suffit à démontrer. Premièrement cela prouverait que son corps ressuscité n’est pas glorieux ou parfait, mais défiguré par des cicatrices. Deuxièmement, cela prouverait que nous savons ce qu’est un corps spirituel, malgré la déclaration con­traire de l’apôtre. Troisièmement, cela prouverait que le prix de notre rédemption fut repris, car Jésus dit : Je donne ma chair pour la vie du monde. Ce fut sa chair, sa vie comme homme, son humanité, qu’il sacrifia pour notre rédemption. Et lorsqu’il fut de nouveau ressuscité à la vie par le pouvoir du Père, ce ne fut pas à une existence humaine, parce qu’il l’avait sacrifiée pour payer notre rançon. Si donc ce prix de la rançon avait été repris, nous serions encore sous la condamnation de la mort et sans espérance.

Nous n’avons pas plus raison de supposer que le corps spirituel de notre Seigneur est depuis sa résurrection un corps humain, que de supposer que son corps spirituel avant sa première venue fut humain ou que d’autres êtres spirituels ont des corps humains; car un esprit n’a ni chair ni os, et l’apôtre Pierre dit que Jésus « a été mis à mort chair, mais rendu vivant esprit. »

Le corps humain de notre Seigneur fut cependant enlevé d’une manière surnaturelle de la tombe parce que, s’il y était resté, il aurait été un obstacle insurmontable à la foi des disciples qui n’étaient pas encore instruits dans les choses spirituelles, car l’Esprit n’était pas encore donné (Jean 7:39). Nous ne savons rien de ce qu’il advint, si ce n’est que son corps ne sentit pas la corruption (Actes 2 : 27, 31). S’il fut dissous en gaz, ou s’il est encore préservé quelque part comme un grand mémorial de l’amour de Dieu, de l’obéissance de Christ et de notre rédemption, personne ne le sait; et d’ailleurs il n’est pas nécessaire de le savoir. Nous avons l’assurance que Dieu cacha miraculeusement le corps de Moïse (Deutéronome 34 : 6; Jude 9); nous savons de plus qu’Il préserva miraculeusement de la corruption comme un mémorial, un vase plein de manne qui fut placé dans l’arche du tabernacle sous le propitiatoire et que cette manne symbolisait la chair de notre Seigneur, le pain du ciel (Exode 16 : 20, 33; Hébreux 9 : 4: Jean 6 : 51-58). Nous ne serions, par conséquent, point du tout surpris si dans le Royaume Dieu montrait au monde le corps de chair crucifié pour tous comme rançon en leur faveur, ce corps dont il ne permit pas la corruption, mais qu’il préserva comme un témoignage éternel de l’amour infini et de l’obéissance parfaite. Il est du moins possible que Jean 19 : 37 et Zacharie 12 : 10 puissent s’ac­complir dans ce sens et que ceux qui criaient : Crucifie-le puissent encore, comme témoins, identifier le corps même percé par la lance et meurtri par les clous et les épines.

Considérer le corps glorieux de notre Seigneur comme un corps de chair n’expliquerait en rien ses apparitions particulières et soudaines durant les quarante jours qui précédèrent son ascension. Comment pouvait-il apparaître et disparaître si subitement ? Comment se fit-il qu’il ne se montra presque jamais durant ces quarante jours ? Et pourquoi ses apparitions étaient-elles chaque fois si différentes qu’il ne fut jamais reconnu comme étant le même qui était apparu précédemment, ou comme celui qui était si bien connu et tant aimé avant sa crucifixion peu de jours seulement auparavant ?

Il ne sert à rien de dire que ses apparitions étaient des miracles, car il faudrait alors en démontrer la nécessité ou l’utilité. Si après sa résurrection, son corps avait été de chair et d’os, le même qui fut crucifié, avec tous ses traits et ses cicatrices, pourquoi aurait-il opéré des miracles qui non seulement n’établissaient pas ce fait, mais enseignaient bien plutôt le contraire, savoir, que lui-même n’était plus un être humain de chair et d’os, mais un être spirituel qui pouvait aller et venir comme le vent, de sorte que personne ne pouvait dire d’où il venait, ni où il allait, et qui, pour les instruire, apparaissait comme homme, dans différents corps de chair et d’os qu’il créait et dissolvait selon l’occasion du moment ?

Avant sa crucifixion, notre Seigneur avait vécu en termes d’intimité avec ses disciples, mais après sa résurrection, bien qu’il ne les aimât pas moins, il se comportait avec eux d’une manière plus réservée. Son but était sans doute de les impressionner plus fortement par la dignité et l’honneur de sa haute exaltation, de leur inspirer la révérence due à sa personne et à son autorité. Bien que, comme homme, Jésus n’ait jamais manqué au maintien de la dignité qui commande le respect, une plus grande réserve était nécessaire et appropriée après son changement à la nature divine. Une telle réserve a toujours été maintenue par Jéhovah vis-à-vis de ses créatures et elle est appropriée vu les circonstances. Cette réserve se remarqua dans toutes les entrevues de notre Seigneur avec ses disciples, après sa résurrection. Celles-ci furent très courtes, ainsi qu’il leur avait dit : Je ne vous parlerai plus guère. — Jean 14 : 30.

Ceux qui croient que notre Père céleste est un esprit et non un homme ne devraient éprouver aucune difficulté à comprendre que notre Seigneur Jésus, qui est maintenant élevé à la nature divine et qui n’est pas seulement la ressemblance morale de Dieu, mais qui est réellement l’empreinte de la personne du Père, n’est plus un homme, mais un être spirituel que nul homme n’a vu ni ne peut voir sans un miracle. Il est aussi impossible pour les hommes de voir la gloire découverte de notre Seigneur qu’il leur serait impossible de contempler Jéhovah. Pensons un moment comment le simple reflet de la gloire spirituelle affectèrent Moïse et Israël au Sinaï (Hébreux 12 : 21; Exode 19; 20 19-21 : 33 20-23 ; 34 29-35). Ce spectacle était si terrible, si accablant et effrayant, que Moïse dit je suis épouvanté et tout tremblant ! De plus, quoique Moïse eût été surnaturellement fortifié pour recevoir et écrire la loi divine (Exode 34 : 28) et pour contempler la gloire du Seigneur, de manière qu’il put rester sans nourriture et boisson quarante jours et quarante nuits, seul avec Dieu, couvert par sa gloire, cependant lorsqu’il désira voir l’Eternel face à face, il lui fut dit : « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33 : 20). Par conséquent, tout ce que Moïse vit était une apparence représentant Dieu; rien de plus n’était possible. Ceci s’accorde également avec les paroles de l’apôtre : Personne n’a jamais vu Dieu il est le Roi immortel, invisible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir, (1 Timothée 6 :15. 16) : mais que les êtres spirituels puissent voir et effectivement voient Dieu, qui est Lui-même un être spirituel, cela est clairement dit dans Matthieu 18 :10.

Si notre Seigneur est toujours l’homme Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon pour tous (1 Timothée 2 : 5, 6), si après avoir subi la mort dans la chair, il est ressuscité de nouveau dans la chair et non pas comme l’apôtre le déclare, un esprit vivifiant, alors au lieu d’être élevé au-dessus des anges et au-dessus de tout nom qui se peut nommer dans les cieux et sur la terre, il est encore un homme. S’il a conservé la forme de serviteur qu’il avait prise afin de pouvoir souffrir la mort pour tous, et s’il est toujours un peu moindre que les anges, il ne peut jamais voir Dieu. Combien une telle manière de voir est déraisonnable lorsque nous l’examinons soigneusement à la lumière du témoignage apostolique. Pensez de même que si la chair de notre Seigneur, qui fut percée par les clous et la lance, blessée par la couronne d’épines et marquée par l’affliction, est son corps spirituel glo­rieux, si les cicatrices et les traits humains défigurés sont des parties intégrantes du Seigneur souverainement élevé, il serait loin d’être beau, lors même que nous aimerions les blessures endurées pour nous. S’il possède un corps ainsi cicatrisé et imparfait, et si nous devons lui être faits semblables, cela n’impliquerait-il pas que les apôtres et les saints qui ont été crucifiés, décapités, lapidés, brûlés, coupés en morceaux et déchirés par les bêtes féroces, ainsi que ceux qui sont morts par accident, porteraient chacun leurs cicatrices et les marques de leurs blessures ? Et avec cette manière de voir y aurait-il un spectacle plus horrible que celui que présenterait le ciel pendant toute l’éternité ? Mais il n’en est pas ainsi, et personne ne pourrait conserver longtemps une manière de voir si déraisonnable et anti biblique. Les êtres spirituels sont des êtres parfaits en tous points: l’apôtre, du reste, rappelle à l’Eglise qui est l’héritière de la gloire et des honneurs spirituels ou célestes, que, quoique semé en faiblesse [avec des marques et blessures, etc.]. il [l’être] ressuscité en puissance ; quoique semé en déshonneur [avec des traits de soucis et d’affliction, etc., il ressuscite en gloire: quoique semé corps naturel [litt. « corps animal »], il ressuscite corps spirituel et que de la même manière que nous avons porté l’image du père terrestre, nous porterons l’image du Seigneur céleste (1 Corinthiens 15 : 42-51). Notre Seigneur Jésus prit et porta aussi pour un moment l’image du terrestre, en notre faveur, afin de pouvoir nous racheter. Mais par sa résurrection il devint le Seigneur céleste (Romains 14 : 8), et nous. si nous sommes fidèles, nous porterons bientôt l’image du Seigneur céleste (des corps spirituels), comme nous portons encore l’image du seigneur terrestre, Adam (des corps humains).

Rappelez-vous le cas de Paul : pour qu’il pût être un des apôtres, il dut être un témoin, il dut voir le Seigneur après sa résurrection. N’ayant pas été un de ceux qui virent les manifestations de sa résurrection et de sa présence pendant les quarante jours, il lui fut donné une vue spéciale et rapide du Seigneur. Mais il ne le vit pas comme le virent les autres, voilé par la chair et sous des vêtements de formes diverses. Le simple regard de la personne glorieuse, découverte de notre Seigneur fit qu’il fut jeté à terre, aveuglé par une gloire dont l’éclat surpassait de beaucoup celui du soleil en plein midi. Pour le guérir de cet aveuglement, ne fût-ce même qu’en partie, il fallait un miracle (Actes 9 :17. 18). Paul ne vit-il pas le Seigneur tel qu’il est — un être spirituel ? Et notre Seigneur n’apparut-il pas durant les quarante jours tel qu’il était, c’est-à-dire tel qu’il avait été précédemment, pour les desseins et les raisons spéciales déjà indiquées ? Il ne peut y avoir là aucun doute. Mais le Seigneur avait un but en apparaissant ainsi à Paul comme il avait son but en apparaissant différemment aux autres. Ce but, Paul le montre en disant : «Après eux tous, il m’est aussi apparu — comme à quelqu’un né avant le propre temps (1 Corinthiens 15 : 8, trad. Iitt.). Comme la résurrection de Jésus fut sa naissance de la mort à la pleine perfection de l’être spirituel (Col. 1 : 13 Romains 8 : 29). Ainsi la résurrection de l’Eglise, le corps de Christ, est indiquée ici et ailleurs comme une naissance. Dans notre naissance comme êtres spirituels, nous verrons le Seigneur tel qu’il est, juste comme Paul l’a vu, mais alors étant nés ou changés en êtres spirituels, nous ne scions pas jetés par terre ni aveuglés par l’éclat de la glorieuse personne de notre Seigneur. Les paroles de Paul veulent dire qu’il l’a vu comme nous le verrons, tel qu’il est; il l’a vu comme tout le corps de Christ doit le voir mais AVANT LE PROPRE TEMPS, avant d’être né de la mort et par conséquent avant d’être capable de le supporter et cependant «comme» chacun de ceux qui seront nés ainsi le verra au propre temps.

Moise, descendant de la montagne pour communiquer au peuple l’alliance de la loi, fut un type du plus grand législateur et médiateur de la Nouvelle Alliance, qui, à son second avènement, viendra pour gouverner et bénir le monde. Moïse, par conséquent, typifiait l’Eglise tout entière de laquelle notre Seigneur est le Chef, La face de Moïse était tellement éclatante que le peuple ne pouvait pas le regarder et qu’il dut à partir de là porter un voile comme un type de la gloire spirituelle de Christ: ce qui illustre le point que nous examinons. Christ a la gloire et la splendeur réelles, il est l’empreinte de la personne du Père, et nous lui serons semblables : personne ne peut contempler cette gloire C’est pourquoi, quelles que puissent être alors les manifestations du grand législateur au monde, quand la gloire du Seigneur sera révélée, la gloire des personnes spirituelles ne pourra être vue. Celles-ci parleront à travers le voile, couvertes. Le voile de Moïse signifie cela et plus encore, — Exode 34 30-33.

Plus nous étudions soigneusement la chose, plus nous reconnaissons la sagesse divine déployée dans la manière dont la résurrection de notre Seigneur fut révélée aux apôtres, pour qu’ils soient entièrement satisfaits et soient en même temps des témoins dignes de confiance, afin que les humbles du monde puissent être à même de recevoir leur témoignage et croire que Dieu a ressuscité notre Seigneur d’entre les morts: qu’ils puissent le reconnaître comme celui qui a été mort, mais qui maintenant est vivant aux siècles des siècles, et qu’en croyant ils puissent venir à Dieu par lui. Et lorsque nous le considérons sous la direction du saint Esprit de vérité, nos idées s’élargissent et nous ne le voyons plus comme l’homme Christ Jésus, mais comme le Seigneur de gloire et de puissance, participant de la nature divine. Et ainsi nous le reconnaissons pour celui dont la venue et le royaume ont été si longtemps l’objet des prières de l’Eglise. Il n y a personne qui, reconnaissant comme il faut sa haute exaltation, puisse l’attendre à sa seconde venue comme l’homme Christ Jésus, avec un corps de chair préparé pour le sacrifice, meurtri et donné dans la mort comme notre rançon. Nous ne devons pas nous attendre non plus à ce qu’à sa seconde venue il apparaisse au monde ou se manifeste lui-même sous des formes variées de chair et d’os, ce qui avait été nécessaire pour les premiers témoins, mais qui ne l’est plus maintenant. Il manifestera sa seconde présence d’une manière bien différente, comme nous le verrons.

D’après ce que nous avons vu concernant des êtres spirituels et leurs manifestations d’autrefois, il est évident que si notre Seigneur devait se manifester à son second avènement, soit en préparant les yeux des hommes pour contempler sa gloire, comme il l’a fait pour Paul et Daniel, soit en prenant un corps humain, ce serait au détriment du plan révélé dans sa Parole. L’effet de son apparition en gloire aux humains, leurs yeux étant miraculeusement traités pour les rendre capables de le voir, serait pour ainsi dire de les paralyser par sa clarté éblouissante; tandis que son apparition comme un homme rabaisserait le standard de sa dignité et donnerait une trop faible idée de la nature et de la forme divines. Comme ni l’une ni l’autre de ces méthodes ne semblent être nécessaires ou à propos maintenant, nous croyons qu’aucune d’elles ne sera adoptée.

Au contraire, nous devrions nous attendre à ce que le Christ soit manifesté en chair à l’humanité de la même manière que Dieu a été manifesté en chair lorsque le Seigneur fut fait chair et habita parmi les hommes. Une nature humaine, parfaite et en harmonie avec Dieu, est une ressemblance de Dieu dans la chair; ainsi, Adam dans sa perfection originelle fut une image de Dieu, et l’homme Christ Jésus le fut également. Aussi Jésus pouvait-il dire à Philippe qui désirait voir le Père Celui qui m’a vu a vu le Père; il a vu l’image de Dieu dans la chair, Dieu manifesté dans ta chair. — 1 Timothée 3 : 16. Laus.

Il en sera de même pour l’humanité en général quand ses membres reviendront peu à peu à l’image de Dieu, perdue depuis si longtemps, ils seront des images et des ressemblances du Père et du Christ. Tout au commencement du Millénium, comme nous l’avons vu, le monde aura devant lui des modèles de l’humanité parfaite (Vol. 1, pages 344 à 352) Abraham, Isaac, Jacob et les saints prophètes déjà jugés et approuvés, seront les « princes » parmi les hommes, les illustrations et les représentants du royaume spirituel et invisible. En ceux-ci, Christ sera manifesté — dans leur chair de la même manière que le Père fut manifesté dans la chair de Christ. Et dans la mesure où chacun le voulant, parviendra à la perfection et se trouvera en parfaite harmonie avec la volonté de Christ, il sera une image de Dieu et de Christ; et dans chacun de ceux-là Christ sera manifesté.

L’homme parfait, entièrement consacré, sera capable de saisir parfaitement le saint Esprit et la Parole de Dieu, parce qu’il sera créé à l’image morale de Dieu; l’Eglise glorifiée le dirigera. De même, il n’y a aucun doute que des visions et des révélations directes, ainsi que des communications générales entre le royaume spirituel et ses représentants terrestres seront beaucoup plus faciles et plus générales que ne le furent jamais auparavant des communications semblables; elles se feront plutôt de la même manière que celles qui eurent lieu en Eden avant que le péché eut amené la condamnation et le retrait de la faveur et de la communion de Dieu.

Au point de vue de la raison et des Ecritures, rien n’exige que notre Seigneur apparaisse à son second avènement dans divers corps de chair et d’os. Une telle manière de faire n’est pas essentielle ; cela est rendu évident par le succès du royaume de Satan qui opère au moyen d’êtres humains, ses agents. Ceux qui participent à l’esprit du mal et de l’erreur représentent très bien le grand prince invisible; c’est de cette manière qu’il est manifesté dans leur chair, bien que lui-même soit un être spirituel, invisible à l’homme.

Christ et son Eglise, [Le Christ]. «Changés» et faits participants de la nature divine, seront des êtres Spirituels aussi vrai que Satan en est un, et seront également invisibles aux hommes. Leurs façons d’opérer seront semblables aux siennes bien que directement opposées quant à leur caractère et à leurs résultats; leurs agents honorés, non liés et asservis par l’ignorance et la faiblesse, comme le sont la plupart des serviteurs de Satan, mais rendus parfaits et véritablement libres, agiront de façon intelligente et harmonieuse, volontairement et par amour leurs nominations seront des récompenses de la justice.

La présence de notre Seigneur sera manifestée au monde par des démonstrations de «puissance et de grande gloire », non, toutefois, simplement pour la vue naturelle, mais pour les yeux de leur intelligence qui seront ouverts pour pouvoir reconnaître les grands changements qu’effectuera le nouveau Gouverneur. Sa présence et sa juste autorité seront reconnues tant par les châtiments que par les bénédictions qui seront déversés sur l’humanité par le moyen de son règne.

On a cru généralement, depuis longtemps, que la détresse et les troubles viennent sur les méchants comme des châtiments pour les mauvaises actions. Cela paraissant être une loi naturelle et logique, le peuple en général l’a accepté pensant qu’il devrait en être ainsi même si cela n’est pas. Cependant les faits de l’expérience s’accordent avec la Bible et montrent que dans le passé ce sont les hommes pieux qui ont le plus souffert les afflictions et les persécutions (2 Timothée 3 :12). Mais dans le Jour de la détresse, la période des quarante années qui introduit le règne du Messie, c’est l’inverse qui commence à se produire. Et comme dans ce jour les puissances du mal doivent être renversées, la justice, établie par un processus graduel, fera promptement un travail de rétribution pour les méchants et de bénédictions pour ceux qui font le bien. «Tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal !… mais gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, dans ce jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres (Romains 2 : 9,10, 6, 5)… Et comme il y a maintenant tant de mal et tant de mauvaises choses, la rétribution sera d’abord très douloureuse produisant un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation. C’est dans la vengeance, la détresse et la colère sur les nations que le Seigneur révèlera au monde le fait du changement de dispensations et de gouvernants. Ainsi, lorsque les jugements de l’Eternel s’exerceront sur la terre, les habitants du monde apprendront la justice (Esaïe 26 : 5-11). Ils apprendront que sous le nouve1 ordre de choses ceux qui feront le bien seront élevés et ceux qui feront le mal réprimés et punis. Pour avoir un clair témoignage prophétique concernant ce royaume, son œuvre en faveur des humbles, des intègres, des pauvres, des nécessiteux et des opprimés, son renversement des monopoles et de tout système d’injustice et d’oppression, aussi bien que son nivellement général des affaires humaines, lisez soigneusement les Psaumes 72 1-19 et 37 : 1-14.

Notre Roi se révélera ainsi graduellement les uns discerneront plus tôt que les autres le nouveau Gouverneur, mais finalement tout oeil le verra [horao — discernera, reconnaîtra] (Apocalypse 1 :7). Mais il vient avec les nuées et tandis que les nuées de la détresse sont épaisses, noires et pesantes, que les montagnes (royaumes de ce monde) tremblent et chancellent, que la terre (la société) est ébranlée, se dissout et se fond, quelques-uns commenceront à reconnaître ce que nous proclamons maintenant comme étant déjà là; savoir, que le grand jour de Jéhovah est venu; que le jour prédit de la détresse et de la colère sur les nations est commencé; que l’Oint de Jéhovah prend à lui son grand pouvoir et commence son œuvre, faisant de la droiture une règle et de la justice un niveau (Esaïe 28 :17). Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait renversé toute autorité et toutes les lois de la terre contraires à celles qui règnent au ciel.

A mesure que la détresse augmentera, les hommes chercheront, mais en vain, une protection dans les «fentes» et les « cavernes », les grands rochers et les forteresses de la société (franc-maçonnerie, Bons Templiers, syndicats, corporations et toutes les sociétés séculières et religieuses) et dans les montagnes (gouvernements) de la terre, en disant « Tombez sur nous* [couvrez-nous, protégez-nous} et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône; et devant la colère de l’Agneau car le grand jour de sa colère est venu. » — Apocalypse 6 : 15-17.

* Le mot grec epi, employé ici, est généralement tra­d par sur, mais il signifie aussi autour et par-dessus, il est souvent rendu ainsi dans nos traductions françaises. La pensée est celle de protection et non de destruction. L’interprétation générale de ce passage, comme s’il enseignait que les hommes méchants auront assez de foi pour prier que des montagnes tombent littéralement sur eux, est absurde. L’accomplissement réel commence déjà : les grands, les riches, ainsi que les pauvres mêmes cherchent un refuge auprès des montagnes, des rochers et des cavernes pour les abriter contre l’orage menaçant de la détresse que tous voient se préparer à fondre sur eux.

L’idolâtrie de l’argent, dans laquelle le monde entier s’est lancé avec folie, et qui aura une place si importante dans la détresse, en causant, non seulement de l’anxiété pour son accumulation, mais aussi pour sa préservation, doit être complètement renversée, comme cela est montré dans Esaïe 2 :8-21 et Ezéchiel 7 :17-19.

Le jour de détresse sera reconnu, et tous cherchèrent à être protégés de sa tempête, mais peu reconnaitront les jugements du Seigneur, alors dans le monde, comme le résultat de sa présence, l’établissement de son autorité et la mise en vigueur de ses lois. A la fin cependant tous devront reconnaître [voir] le Roi de gloire; et alors tous ceux qui aiment la justice seront heureux de lui obéir et de se conformer entièrement à ses justes exigences.

Ce sera un temps de rétribution pour tous ceux qui, par fraude ou par force, souvent au nom de la loi et sous sa sanction, auront injustement accaparé les droits ou la propriété des autres. La rétribution, comme nous l’avons vu, viendra du Seigneur par le soulèvement des masses du peuple. Dans leur détresse, ne se séparant qu’à regret d’un dollar ou d’un arpent de terre, d’un droit ou d’un honneur incontestés qu’ils se sont attribués et dont ils ont longtemps joui, mais voyant la rétribution approcher, plusieurs chercheront la protection des organisations civiles, sociales et religieuses, jadis puissantes, pour favoriser et protéger leurs intérêts, sentant bien qu’ils tomberaient s’ils en étaient réduits à leurs propres forces. Mais celles-ci ne seront pas capables de les délivrer au jour de la colère de l’Eternel. Le conflit et la rétribution qui approchent feront que ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation, et qu’il n’y en aura jamais. Ce sera à cause de lui qu’elles se lamenteront; à cause de ses jugements qui produiront cette grande détresse d’une-façon naturelle, et à cause de l’Eternel qui se lèvera pour ébranler terriblement la terre et détruire ses corruptions (Esaïe 2 : 21). La détresse et les jugements seront si étendus que personne n ‘échappera. A la fin, tous les yeux discerneront le changement et reconnaîtront que l’Eternel règne. La détresse pourrait être atténuée si les hommes pouvaient voir et agir promptement selon les principes d’équité en renonçant aux injustes privilèges du passé et en les abandonnant, quand bien même ils seraient autorisés par la loi; — mais l’égoïsme ne le permettra pas, jusqu’à ce que le temps de détresse ait fait tomber les orgueilleux et les ait brisés, qu’il ait humilié les puissants et élevé les humbles.

La grande masse de l’humanité cependant arrivera à comprendre le véritable état des choses lorsque le grand jour de détresse sera près de finir, lorsque les royaumes des nations seront réduits en poussière et auront complètement disparu, aucun lieu ne se trouvant pour eux, après 1914, comme nous l’avons montré dans le chapitre précédent; et aussi lorsque Babylone la Grande aura été renversée de fond en comble et son influence sur le monde entièrement brisée. ‘Alors l’humanité verra que la grande détresse qu’elle aura traversée était ce que Apocalypse 16 : 14 appelle symboliquement la bataille du grand jour du Dieu tout-puissant; que dans la proportion où les gens ont soutenu l’erreur et le mal, ils ont combattu contre la loi et les forces du nouvel empire et du nouveau gouverneur de la terre; que dans la proportion où leurs langues, leurs plumes, leurs mains, leur influence et leurs moyens ont été employés pour aider le droit et la vérité, dans n’importe quelle affaire, ils ont combattu du côté du Seigneur.

Quelques-uns apprendront la signification de la détresse plus vite que d’autres, parce qu’ils seront plus dociles. Et durant toute la détresse il y aura dans le monde ceux qui témoigneront pour la cause de Dieu en déclarant que la présence du Seigneur et l’établissement de son royaume, qui est en opposition avec les puissances des ténèbres, sont les vraies causes de la détresse, de l’ébranlement et du renversement de la société; ils démontreront que tous ceux qui s’opposent à la vérité et à la justice sont les ennemis du nouveau royaume, et que s’ils ne se rendent pas promptement, ils souffriront bientôt une défaite ignominieuse. Cependant, comme toujours, les masses ne tiendront pas compte de ces sages conseils jusqu’à ce qu’elles soient tout à fait humiliées sous la règle de fer du nouveau royaume, et ce sera seulement à la fin qu’elles réaliseront la folie de leur conduite.

Le véritable instructeur, le porteur de la lumière (Matthieu 5 : 14), la vraie Eglise, le corps de Christ, ne sera pas laissé dans les ténèbres pour reconnaître la présence de son Seigneur par les manifestations de sa colère et de la puissance comme le monde devra l’apprendre. Des dispositions spéciales ont été prises pour qu’il soit éclairé là-dessus. Par la sûre parole prophétique, qui brille comme une lampe dans un lieu obscur (2 Pierre 1: 19), l’Eglise sera clairement et avec précision renseignée sur ce qu’elle a à attendre. Par la parole prophétique, elle sera non seulement gardée du découragement, et mise à même de surmonter les attaques, les pièges et les pierres d’achoppement qui abondent dans le mauvais jour et, par ce fait, de rester debout, approuvée de Dieu, mais elle deviendra le porteur de la lumière et l’instructeur du monde. Elle sera ainsi rendue capable de lui indiquer les causes de la détresse , d’annoncer la présence du nouveau Gouverneur, de faire connaître la politique, le plan et le but de la nouvelle dispensation et d’instruire le monde sur la marche la plus sage qu’il puisse suivre en vue de ces choses. Si même les hommes ne font aucune attention à ces instructions jusqu’à ce que par la détresse ils aient été forcés d’apprendre la leçon de la soumission, cela néanmoins les y aidera grandement. C’est à cette mission des pieds, des derniers membres de l’Eglise, qui déclareront sur les montagnes [royaumes] que le règne de Christ est commencé, qu’Esaïe 52 : 7 fait allusion.

PASSAGES DES ECRITURES APPAREMMENT CONTRADICTOIRES

Il y a certaines déclarations des Ecritures au sujet de la manière dont notre Seigneur reviendra et apparaîtra qui, jusqu’à ce qu’on en ait fait un examen très soigneux, semblent se contredire les unes les autres. Il n’y a pas de doute qu’elles aient servi pendant des siècles le dessein de Dieu de sceller la vérité jusqu’au temps où elle serait pro­pre à être comprise; et même alors, cette vérité doit rester scellée pour tous, excepté pour la classe spéciale de consacrés à laquelle seule elles étaient destinées.

Notre Seigneur dit par exemple : Voici, je viens comme un voleur, et comme il arriva aux jours de Noé, il en sera aussi de même aux jours du Fils de l’homme [aux jours de sa présence] On mangeait, on buvait, on se mariait, on donnait en mariage et ils ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vint. Lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le Royaume de Dieu, il répondit et leur dit Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards [ou Laus. à se faire remarquer et Stapfer : avec des marques extérieures. — Apocalypse 16 15; Luc 17 : 26, 27, 20; Matthieu 24 38, 39].

Ces passages déclarent et illustrent la manière dont le Seigneur viendra. Elles montrent qu’il sera invisiblement présent et fera une œuvre dont le monde sera complètement ignorant, ne s’apercevra pas pour un temps. Son arrivée doit par conséquent se faire d’une façon tranquille, inaperçue et entièrement ignorée du monde, exactement comme le ferait un larron qui vient sans bruits ou sans aucune démonstration qui puisse attirer l’attention. Comme dans les jours de Noé chacun vaquait à ses affaires d’une manière habituelle, sans être en aucune façon déconcerté et sans ajouter la moindre foi à ce que Noé leur disait de la venue d’un déluge, de même, dans la première partie du Jour du Seigneur, le monde n’ayant aucune foi dans l’annonce de sa présence et de la détresse imminente, fait selon ses habitudes ne prêtant aucune attention à ce qui lui est annoncé à ce sujet, jusqu’à ce que dans le grand déluge de la détresse, le vieux monde, le vieil ordre de choses, s’écroule et passe pour préparer la voie au plein établissement du nouvel ordre de choses le Royaume de Dieu sous tous les cieux. « Comme il arriva aux jours de Noé, il en sera aussi de même aux jours [de la présence] du Fils de l’homme ».

D’autre part, il y a des passages bibliques qui, à première vue, semblent être en contradiction directe avec ceux-ci: comme par exemple : Le Seigneur lui-même, avec un cri de rassemblement, avec la voix de l’Archange et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel (Darby) — Le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance sur ceux qui ne connaissent point Dieu et sur ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ — Toutes les tribus de la terre verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Voici, il vient avec les nuées; et tout œil le verra. —1 Thessaloniciens 4 : 16; 2 Thessaloniciens 1 : 7, 8; Matthieu 24 30, Apocalypse 1 7.

Comme chercheurs de la vérité, il ne nous convient pas de dire, par rapport à ces passages, que la plupart d’entre eux semblent appuyer justement les vues qui nous sont chères et d’ignorer les autres. Non, jusqu’à ce que nous ayons une vue claire de la chose dans laquelle chaque déclaration de la Bible trouve sa place raisonnable, nous ne devons pas nous croire certains d’avoir la vérité à ce sujet. Une seule déclaration de Dieu est aussi véritable et constitue un aussi ferme fondement pour la foi qu’une centaine. Il serait plus sage de rechercher une compréhension harmonieuse que d’arriver à une conclusion ou d’adopter une théorie basée sur une interprétation partielle, propre à induire soi-même et d’autres en erreur.

Les chrétiens ne font généralement aucun effort pour harmoniser ces déclarations de l’Ecriture; c’est pourquoi leurs idées sont unilatérales et incorrectes. Le second groupement de ces passages bibliques est tout aussi positif que le premier et semble enseigner tout le contraire d’une venue et d’une présence du Seigneur, calmes, ina­perçues et sans bruit, à la manière d’un voleur. En plus de ces déclarations, nous connaissons deux autres illustrations de la manière dont il doit venir, savoir Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel. Puis : Comme l’éclair sort de l’orient et apparaît jusqu’à l’occident, il en sera aussi de même de la présence du Fils de l’homme (Actes 1 : 11; Matthieu 24 : 27). Pour arriver à une conclusion correcte, il faut aussi donner à ces passages le poids qui leur convient.

En examinant le sujet, il nous faut bien remarquer que tandis que notre Seigneur donnait comme un fait positif que son royaume s’établirait sans apparence extérieure et que sa venue, sa présence, se ferait a la manière d’un voleur, exigeant une surveillance attentive et suivie pour la pressentir et la discerner, tous les textes cités plus haut comme preuves d’une manifestation visible et extérieure, sont écrits dans un langage hautement figuré, excepté celui où il est dit Il viendra de la même manière qu’il s’est en allé. De tels passages symboliques doivent toujours être interprétés en accord avec ceux qui sont plus clairs et plus littéraux, aussitôt que leur caractère symbolique est reconnu. Toutes les fois qu’une interprétation littérale ferait violence à la raison et mettrait le passage en antagonisme direct avec de claires déclarations des Ecritures, un tel passage devrait être considéré comme figuré, et il faudrait chercher à interpréter son symbolisme en harmonie avec ces déclarations claires et littérales, et avec le caractère et le but du plan révélé. Dans le cas qui nous occupe, si nous reconnaissons et interprétons ces passages d’après cette règle, la belle harmonie de tous ceux-ci est manifeste. Examinons-les maintenant et voyons avec quelle perfection ils concordent avec les passages qui ne sont pas symboliques.

(a) Le Seigneur lui-même, avec un cri de rassemblement, avec la voix de l’Archange et avec la trompette de Dieu descendra du ciel (1 Thessalo­niciens 4 : 16). La voix et la trompette mentionnées ici correspondent en tous points avec les mêmes figures employées dans Apocalypse 11 : 15-19. Le septième ange sonna de la trompette, et il y eut de grandes voix dans le ciel qui disaient : Le royaume de ce monde est devenu le royaume de notre Seigneur, et de son Oint et il régnera aux siècles des siècles… Les nations se sont émues de colère; et ta colère est venue, et le temps de juger les vivants et les morts, etc. (Laus.). Les mêmes événements sont relatés dans la prophétie de Daniel : Et en ce temps-là se lèvera [prendra le commandement] Michael [Christ], le grand chef… et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation… Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront. Paul ajoute à sa mention de la voix et de la trompette la déclaration que les morts en Christ ressusciteront premièrement. En 2 Timo­thée 4 :1 il dit encore que Christ jugera les vivants et les morts dans ce temps de son apparition et de son royaume; et le commencement de ce jugement des nations vivantes est partout décrit comme le plus grand temps de détresse que le monde n’ait jamais connu. — Daniel 12 : 1.

Ainsi Paul, Jean et Daniel parlent évidemment du même temps, le temps de l’apparition de notre Seigneur et de l’établissement de son royaume, au milieu d’un grand temps de détresse ainsi que des événements qui le précèdent et l’introduisent. Le même résultat est montré par chaque écrivain comme suivant immédiatement Michaël qui se lève, les voix et la trompette, c’est-à-dire la détresse et la colère sur les nations et la résurrection des morts. Remarquez ensuite la figure employée: «AVEC UN CRI». Le mot grec qui est traduit ici par cri est keleusma et signifie un cri d’encouragement. Un cri implique l’idée d’un message public destiné à être entendu, non par quelques-uns, mais par une grande multitude composée de divers éléments. Il est destiné généralement soit à jeter l’alarme ou la terreur, ou bien il sert à aider et à encourager. Il peut aussi produire l’un de ces effets sur une classe et l’effet contraire sur une autre classe, selon les circonstances et les conditions.

L’aspect des affaires dans le monde pendant les quinze dernières années correspond d’une manière vraiment frappante avec ce symbole, par les explosions de cris d’encouragement qui font appel aux hommes à se réveiller au sentiment de leurs droits et de leurs privilèges comme hommes, à considérer leurs relations mutuelles, les principes sur lesquels elles sont basées et les fins qu’elles doivent accomplir. Quelle est, sur la face de la terre, la nation civilisée qui n’a pas entendu ce cri et qui n’en a pas été influencée? Le monde civilisé, tout entier, a étudié dans ces dernières années l’économie politique, les droits civils et les libertés sociales, comme jamais auparavant dans les annales de l’histoire ; les hommes s’encouragent les uns les autres et sont encouragés comme ils ne l’avaient jamais été à examiner ces sujets à fond jusque dans leur base. Le cri d’encouragement qui a commencé par l’accroissement de connaissances parmi les hommes a déjà enveloppé la terre, et sous son influence les hommes s’unissent entre eux, encouragés et aidés par les hommes d’esprit et de génie en vue de s’efforcer d’obtenir, en luttant, des droits et des libertés réels ou imaginaires. Comme leurs organisations s’accroissent et se multiplient, le cri s’accentue et devient toujours plus grand pour aboutir peu à peu, comme il est prédit, au grand temps de détresse et de tumulte de nations en colère. Ce résultat est décrit d’une manière pittoresque par le prophète : Sur les montagnes [royaumes], le bruit d’une multitude semblable à un grand peuple. Un bruit, un tumulte de royaumes, de nations rassemblées : l’Eternel des armées passe en revue l’armée pour le combat.» — Esaie 13 : 4.

«LA VOIX DE L’ARCHANGE» est un autre symbole remarquable d’une importance analogue. Le nom « archange » signifie principal messager ; et notre Seigneur oint est lui-même le Messager en chef de Jéhovah — le Messager de l’alliance (Malachie 3 : 1). Daniel parle du même personnage, l’appelant * Micaël, dont le nom signifie qui est comme Dieu nom approprié pour celui qui est l’empreinte de la personne du Père et le représentant de son autorité et de sa puissance. La voix de l’Archange représente l’autorité et le commandement de Christ. Ce symbole représente donc Christ qui prend son pouvoir, ou qui commence son règne en publiant ses commandements, ses ordres officiels, annonçant le changement de dispensation par la mise en vigueur des lois de son royaume.

La même pensée est exprimée d’une autre manière par Daniel lorsqu’il dit Dans ce temps- [Littéralement Qui (interrogatif) est comme Dieù ?] là, Micaël, le grand Chef (Prince) se lèvera. —Se lever signifie prendre l’autorité, donner des ordres (voyez « se lèvera » dans Esaïe 2 : 19-21). David, en prophétisant de Christ, donne une autre illustration de ce symbole :Il fait entendre sa voix, la terre se fond d’épouvante (Psaume 46 : 7). La terre, la société se fondra et se désagrégera et le grand temps de détresse arrivera précipitamment sous le changement d’administration qui s’effectuera lorsque le nouveau Roi fera entendre sa voix de commandement. A son commandement, les systèmes d’erreur civils, sociaux et religieux doivent tomber, quelle que soit leur ancienneté et quelque fermement enracinés et fortifiés qu’ils puissent être. L’épée qui sort de sa bouche causera ce ravage : la vérité sur tous les sujets et sous tous les aspects jugera les hommes, et son pouvoir et sa domination renverseront le mal et les erreurs sous leurs milliers de formes.

« LA TROMPETTE DE DIEU ». Beaucoup semblent entretenir sans réfléchir l’idée que cette trompette doit émettre un véritable son dans l’air. Mais nous verrons bien vite que c’est là une attente déraisonnable. Si nous reconnaissons que Paul parle ici de ce que Jean appelle la septième trom­pette, la dernière trompette d’un série de trom­pettes symboliques (Apocalypse 11 :15 ; I Corin­thiens 15 : 52). La preuve qu’il s’agit toujours de la même trompette est établie par le récit des événements en rapport avec chacune d’elles. Saint Paul mentionne la résurrection et l’établissement du Royaume de Dieu comme étant en rapport avec la trompette de Dieu et saint Jean mentionne pour ainsi dire les mêmes événements avec une exactitude plus grande encore. Si nous nous rap­pelons que les événements mentionnés pendant le son des six trompettes précédentes de l’Apocalypse ont trait aux actions des hommes, tandis que la septième se rapporte spécialement à l’oeuvre de l’Eternel et comprend le Jour de l’Eternel, nous conviendrons qu’il est juste d’appeler la septième ou dernière trompette, la trompette de Dieu. Puisque les six trompettes précédentes ont été des symboles et cela est généralement admis par les commentateurs et les chercheurs qui d’une façon ou d’une autre prétendent interpréter l’Apocalypse, ce serait faire violence à la raison et au sens commun que de représenter la septième trompette la dernière de la série, comme donnant un son littéral et distinct dans l’air. Cela ne serait pas non plus en harmonie avec la méthode générale du Seigneur, pas plus qu’avec ces passages de l’Ecri­ture indiquant la manière secrète de sa venue, car jamais aucun larron ne sonne de la trompette pour annoncer son arrivée.

Les sept trompettes de l’Apocalypse sont toutes symboliques et représentent sept grandes périodes de temps et leurs événements. Nous en réservons l’examen pour un volume suivant ; il suffit ici de dire que nous nous trouvons aujourd’hui au milieu même des événements qui marquent le son de la septième trompette. Les grandes voix, l’augmen­tation de la connaissance, l’irritation des nations, etc., sont en rapport avec ces prophéties de temps et les établissent comme un fait. De nombreux événements se passeront encore avant que cette septième ou dernière trompette cesse de sonner, comme par exemple, la récompense des saints et des prophètes, la résurrection de tous les morts, etc. En réalité, elle couvre la période entière du règne millénaire de Christ comme cela est indiqué par les événements qui doivent se passer sous ce règne. — Apocalypse 10 : 7 : 11: 15, 18.

Ainsi nous trouvons que le cri, la voix de l’Archange et la trompette de Dieu sont tous des symboles qui sont maintenant en voie d’accomplis­sement. Notons de même avec soin le fait que chacune des trois prophéties ci-dessus mentionnées (Daniel 12 : 1 ; Apocalypse 11: 15 ; et 1 Thessalo­niciens 4 : 16) déclare qu’au moment où ces évé­nements également mentionnés se passent, le Seigneur est présent. Ils ont été prédits dans le but même d’indiquer la manière dont sa présence invi­sible serait manifestée à ceux qui ont foi dans la parole de la prophétie. Paul dit : Le Seigneur descendra avec [litt. dans ou durant] un cri, une voix, une trompette, etc. ; Jean dît que les royaumes de ce monde deviennent siens durant le temps de ces événements ; Daniel dit En ce temps-là se lèvera (sera présent) Micaël [Christ] le grand chef et il prendra possession de son grand pouvoir. Si donc nous pouvons reconnaître le cri, les voix et le son de la grande trompette, nous devrions les accepter comme des indications, non de ce que le Seigneur viendra bientôt, mais plutôt de ce qu’il est venu, qu’il est présent, et que le travail de la moisson pour rassembler le blé et brûler l’ivraie est déjà en voie d’exécution. Cela, comme nous le verrons plus loin, est abondamment prouvé par les prophéties de temps. Cependant, ce n’est pas par la vue naturelle, mais seulement par les yeux de la foi, par la ferme parole prophétique, que sa présence et son travail peuvent être discernés.

Ici, un autre fait ne doit pas être passé sous silence, savoir, que le cri, la voix de l’Archange et la trompette de Dieu, sont tous, comme nous venons de l’expliquer, des moyens pour l’accomplis­sement de l’oeuvre de la moisson de l’âge de l’Evangile. Si donc nous voyons que non seulement le sens de ces symboles, mais aussi les résultats prédits ont lieu effectivement, nous avons une preuve supplémentaire que nous avons interprété les symboles comme il faut et que nous sommes maintenant dans cette période appelée la moisson, pendant laquelle l’âge de l’Evangile et l’âge du Millénium se superposent — l’un se terminant l’autre commençant. Beaucoup n’auront pas besoin d’être aidés pour constater qu’il se fait maintenant une œuvre épuratoire entre ceux qui sont vraiment consacrés et ceux qui sont simplement chrétiens de nom. Beaucoup peuvent voir le feu symbolique déjà à l’œuvre, peuvent discerner le cri du peuple, le commandement du nouveau Roi Emmanuel et les événements appelés la septième trompette et les nuées de troubles dans lesquelles le Seigneur vient, dans lesquelles et par lesquelles son pouvoir doit être manifesté, soumettant toutes choses à lui-même.

Nous avons (Vol. 1, pages 283 et suiv.) attiré l’attention sur le fait que la reconnaissance de l’oeuvre de la moisson dans son développement effectif est la preuve de la présence du Seigneur, puisqu’il déclarait qu’il serait le Chef moissonneur, le directeur de l’oeuvre, et que ce serait là son premier travail. — « Voici, une nuée blanche et sur la nuée quelqu’un d’assis, semblable au fils d’homme, ayant sur sa tète une couronne d’or et dans sa main une faucille tranchante… Et celui qui était assis sur la nuée jeta sa faucille sur la terre et la terre fut moissonnée.» — «Dans le temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs…» (Apoca­lypse 14 : 14, 16 ; Matthieu 13 30). L’oeuvre de la moisson exigera quarante ans pour son entier accomplissement, et finira avec l’an 1914. Ses différents traits s’accompliront graduellement, mais tous ces jours sont des jours du Fils de l’homme, les jours de la présence et du pouvoir de notre Seigneur qui sera reconnu à la fin par tous, mais d’abord seulement par la classe spécifiée par l’apôtre : Vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres.

«EN FLAMMES DE FEU ». Ce symbole peut être compris de suite, si on se rappelle la signification du mot feu, etc., déjà expliquée (Vol. 1, page 379-380). Nous lisons « Le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance en flammes de feu, exerçant la vengeance sur ceux qui ne connaissent point Dieu, et sur ceux qui n’obéissent point à l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ » (2 Thessaloniciens 1 : 8).

Tel qu’il est ainsi exprimé littéralement, nous comprenons que cela veut dire que dans son jour, l’âge millénaire, la présence de notre Seigneur sera révélée ou manifestée au monde de sa position d’autorité spirituelle (des cieux), par la colère et les châtiments qui viendront alors sur le mal et sur les méchants. Ce sera une colère consumante, comme cela est indiqué par le symbole feu, qui ne laissera ni racines, ni branches aux systèmes du mal, de l’erreur et de l’oppression, ou aux pécheurs volontaires ; et tous les orgueilleux, tous les méchants seront consumés comme du chaume, dans ce jour millénaire. Dès son commencement, dans cette période de moisson, le feu brûlera d’une manière intense, consumant l’orgueil et le mal qui vont toujours en augmentant. Heureux ceux qui pourront renoncer à leur orgueil et au mal pour les laisser détruire, afin de n’être pas détruits eux-­mêmes dans la seconde mort, comme le seront évidemment quelques-uns qui résisteront durant l’âge millénaire. C’est de ce temps-là que nous par­le le prophète « Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume ; le jour qui vient les embrasera, dit l’Eternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau.» — Mala­chie 4 : 1.

Les anges (messagers ou agents) de sa puis­sance sont de différentes sortes. Par ce mot nous pouvons à juste titre comprendre tous les divers agents animés ou inanimés desquels notre Seigneur se servira pour le renversement des systèmes actuels du mal et pour le châtiment des méchants.

Tandis que la colère ou vengeance du Seigneur s’exercera ainsi en flammes de feu, par des troubles consumants, tels qu’on n’en a jamais vu auparavant aussi généraux, d’une si vaste étendue et si destructifs du mal, la justice et les justes commen­ceront à être favorisés. Comme ces choses devien­dront de plus en plus apparentes, les hommes en arriveront à cette conclusion qu’un nouveau pouvoir a pris le gouvernement des affaires humaines, et ainsi, la présence de notre Seigneur comme Roi des rois sera révélée au monde. « (le Seigneur) sera révélé en flammes de feu, exerçant la vengeance [à la fois] sur ceux qui ne connaissent point Dieu [qui ne connaissent pas vraiment Dieu, mais qui néanmoins n’obéissent pas à la lumière de leur conscience, que tous possèdent jusqu’à un certain degré]; et [également sur ceux qui tout en connaissant Dieu] n’obéissent [cependant] point à l’Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ.

Sous les châtiments, la lumière croissante et les occasions favorables du jour millénaire, tous seront amenés à une telle pleine connaissance de la vérité et du chemin de la justice qu’ils seront sans excuse pour leur ignorance ou leur incapacité à obéir à la vérité ; et ceux qui persisteront à demeurer ennemis de Dieu et de la justice, seront punis par une destruction éterneIle [une destruc­tion de laquelle il n’y aura pas de résurrection] de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa puissance.

«EN PUISSANCE ET EN GRANDE GLOIRE».

Cette déclaration veut dire que le monde verra le Fils de l’homme venir, avant que son royaume soit pleinement établi et avant que ses cohéritiers soient tous réunis et élevés avec lui. Et, voyant sa venue, toutes les tribus de la terre se lamenteront, parce qu’elles verront le Fils de l’homme venant avec puissance et grande gloire.

Le monde voit déjà les nuées de trouble s’amonceler et s’obscurcir ; il reconnaît qu’une puissance avec laquelle il ne peut lutter est maintenant à l’œuvre dans les affaires des hommes d’après l’aspect actuel, l’avenir prochain est sombre et de mauvais augure pour tous ceux qui ont suffisamment d’intelligence pour remarquer la tournure que prennent les événements. Les hommes réfléchis observent la persistance avec laquelle les ques­tions du bien et du mal, de la justice et de l’injus­tice s’imposent à leur examen, exigeant l’expres­sion de leurs principes personnels. Beaucoup reconnaissent la gloire et la puissance du nouveau Gouverneur de la terre, mais à cause des nuées et des ténèbres qui l’entourent, ils ne reconnaissent pas le Roi lui-même. Les hommes voient les nuées et, en conséquence, le voient venir dans les nuées avec puissance et grande gloire [la gloire de la puissance et de la justice], mais ils ne le recon­naissent pas lui-même. Les nuées ne disparaîtront pas pour révéler la pleine majesté et la gloire de la présence de Christ avant qu’elles n’aient laissé tomber leur grêle de pierres et leurs charbons de feu (Psaume 18 :12,13), pour abattre l’orgueil des hommes, leur égoïsme et leurs préjugés. Si les hommes voulaient prendre en considération et écouter la voix du Seigneur, lequel dirige maintenant le cours de la justice et les avertit de la rétri­bution imminente, le grand désastre qui est sur le point d’arriver pourrait être écarté, mais « Dieu parle cependant une fois, même deux fois, et l’on n’y prend pas garde !… Alors [par le retentisse­ment du tonnerre du jour de la détresse], il ouvre l’oreille aux hommes et scelle l’instruction qu’il leur donne, afin de détourner l’homme de sa mau­vaise conduite et d’éloigner de lui l’orgueil. » —Job 33 :14-18. D, et Syn.

Voici, il vient avec les nuées et au temps vou­lu tout oeil le verra [discernera], reconnaîtra sa présence, son pouvoir et son autorité: et tous de­vront, volontairement ou non, se soumettre à lui — jusqu’à la clôture du Millénium, ou Satan sera délié pour un peu de temps — jusqu’à ce qu’une pleine expérience ait démontré la bonne ou la mauvaise volonté de chacun et que les désobéis­sants soient détruits dans la seconde mort, appelée l’étang de feu. — Apocalypse 21 : 8.

Nous voyons ainsi que toutes ces explications symboliques sur la manière dont aura lieu la seconde venue de notre Seigneur, s’accordent par­faitement avec les passages précis qui déclarent que sa présence sera tenue secrète pour un temps et connue seulement de ceux qui veillent.

DE LA MEME MANIERE

Quel enseignement retirons-nous maintenant des paroles de l’ange lors du départ de notre Sei­gneur (Actes 1 : 11) : « Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même maniè­re que vous l’avez vu s’en allant au ciel »

Un examen attentif de ce texte démontrera son harmonie avec ce qui précède. Beaucoup semblent penser que ce passage veut dire : Comme vous voyez le Seigneur monter au ciel, ainsi, de la même manière, vous le verrez revenir. Ces personnes devraient le lire et le relire, jusqu’à ce qu’elles aient pu remarquer le fait que ce passage ne veut pas dire que ceux qui l’ont vu s’en aller, le verront revenir, ni que quelqu’un d’autre le verra venir. Ce qu’il veut dire, c’est ceci : que la manière dont se fera son retour sera semblable à la manière dont s’est fait son départ. De quelle manière s’est donc fait son départ ? Eut-il lieu avec de puissantes démonstrations et avec splendeur ? Fut-ce au son de la trompette, avec des voix et un grand cri fendant l’air et la personne du Seigneur brillant d’une gloire et d’un éclat surnaturels ? S’il en avait été ainsi, il nous faudrait attendre son retour de la même manière. Au contraire, son ascension n’eut-elle pas lieu dans le calme et aussi secrètement que possible. Conformément à ses desseins de n’avoir que des témoins pleinement convaincus de ce fait? Nul ne le vit et nul ne connut ce fait que ses fidèles disciples. Sa déclaration (Jean 14 : 19) : Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus, n’a jamais encore été réfutée ; les frères seuls virent ses manifestations après sa résurrection et personne d’autre n’assista à son ascension. De la même manière qu’il les quitta (tranquillement, secrètement, en ce qui concerne le monde, à l’insu de tous excepté de ses disciples) ainsi, de cette manière, il revient. Et comme alors, lorsqu’il les quitta, il éleva ses mains et les bénit, ainsi de même, quand il revient, c’est afin que leur joie soit parfaite, comme il le dit : Je reviendrai et je vous prendrai avec moi » ; je vous reverrai, et nul ne vous ravira votre joie. — Luc 24 50. 51: Jean 14 : 3; 16 : 22.

Il semble aussi que l’ange appuie spécialement sur le fait que la seconde venue sera la venue de ce «même Jésus» — le même qui avait quitté la gloire qu’il avait auprès du Père avant que le monde fût et qui était devenu homme, — qui était devenu pauvre, afin que nous fussions enrichis le même Jésus qui mourut au Calvaire, le même Jésus qui ressuscita esprit vivifiant le troisième jour; le même Jésus qui manifesta son changement pendant quarante jours. — Ce même Jésus qui est maintenant « monté au ciel ». C’est ce même Jésus, qui subit deux changements de natu­re : — d’abord de la nature spirituelle à la nature humaine, puis de la nature humaine à la nature divine. Ces changements de nature n’ont pas dé­truit son individualité. Son identité fut préservée, comme l’ange nous l’assure; ainsi, peu importe que la philosophie de ce fait soit comprise ou non; et si nous-mêmes ne le connaissons plus selon la chair, comme homme, mais plutôt nous souvenons de son élévation. qu’il participe maintenant de la nature divine et spirituelle, nous devrions attendre sa venue comme étant en harmonie avec sa nature changée et son exaltation; nous pou­vons cependant nous rappeler qu’il est toujours le même Jésus aimant, et qu’il n’a pas changé à cet égard. Il est ce même Jésus qui, quoique présent pendant quarante jours après sa résurrection, ne fut vu cependant que par ses disciples seuls et cela dans des espaces de temps très courts, et qui sera aussi invisible au monde, lors de sa seconde présence, qu’il le fut pendant les quarante jours qui précédèrent son ascension. Nous devons nous rappeler également qu’il ne vient pas cette fois pour s’offrir en sacrifice, et que par conséquent, il n’a pas besoin de prendre un corps humain pré­paré pour cela (Hébreux 10 : 5). Tout cela est passé maintenant; il ne meurt plus, mais il vient pour gouverner, bénir et relever la race rachetée.

Notre Seigneur nous fournit une très belle illustration de la manière dont sa présence sera révélée quand il dit : Comme la brillante lumière part de l’orient et éclaire même jusqu’à l’occi­dent, ainsi sera la présense du Fils de l’homme »(Matthieu 24 : 27). La plupart des traducteurs de ce verset se sont trompés en se servant du mot éclair là où il faut entendre la lumière du soleil; cela est évident, car les éclairs ne partent pas de l’orient pour luire jusqu’à l’occident. Ils partent tout aussi fréquemment des autres points cardi­naux, et rarement, sinon jamais ils resplendissent et brillent clairement à travers les cieux. L’illustra­tion donnée par le Seigneur, et la seule qui con­corde avec ses paroles, se rapporte à la clarté du soleil, qui vient invariablement de l’orient et res­plendit jusqu’en occident. Cela démontre que le mot grec astrape employé ici, a été mal traduit dans ce passage, ainsi que dans la traduction des mêmes paroles de Luc (17 . 24). Un autre exem­ple de l’emploi, par notre Seigneur, de ce mot astrape se trouve dans Luc 11 : 36 où il l’applique à la lumière d’une lampe, et il est rendu dans les Bibles françaises par clarté, éclat ou vive lumière. Les idées inexactes sur la manière dont notre Sei­gneur doit revenir et se manifester étaient si for­tement fixées dans l’esprit des traducteurs qu’elles les conduisirent dans cette erreur de traduire astrape par le mot éclair. Ils supposèrent qu’il serait révélé soudainement, semblable à un éclair, et non graduellement, de la même manière que le lever du soleil. Combien est magnifique cette ima­ge du lever du soleil pour illustrer l’aurore gra­duelle de la vérité et des bénédictions dans le jour de sa présence. Le Seigneur associe les vain­queurs avec lui-même dans cette image, disant : Alors les justes resplendiront comme le Soleil dans le Royaume de leur Père; le prophète employant la même figure, dit Le Soleil de la justi­ce se lèvera et la guérison sera dans ses rayons (Matthieu 13 : 43 : Malachie 4 : 2). L’aurore est graduelle, mais finalement la claire, pleine et en­tière lumière bannira pour toujours les ténèbres ou mal, l’ignorance, la superstition et le péché.

La traduction inexacte du mot parousia a servi a voiler un peu plus le sens du passage. L’Emphatic Diaglott (trad. américaine littérale du Nouveau Testament) et la trad. du Prof. Young (Bible an­glaise) rendent ce mot par présence. La version de Rotherham donne arrivée, tandis que dans la version commune on trouve venue. Toutes nos tra­ductions françaises le rendent par avènement, venue ou arrivée; il n’y a que la version de Lau­sanne et la version anglaise révisée qui font re­marquer par des notes marginales que la vraie traduction de ce mot grec parousia est présence (voyez aussi 2 Corinthiens 10 10 et Philippiens 2:12 où ce même mot est exactement traduit dans toutes nos Bibles françaises). Le mot grec parousia signifie partout une présence personnelle de quelqu’un qui est venu, qui est là; mais jamais de quelqu’un qui est en route pour venir, ce qu’on entend généralement sous le mot venue ou avènement. Le passage que nous examinons enseigne par conséquent que, comme la lumière du soleil apparaît graduellement, ainsi la présence du Fils de l’homme sera révélée ou manifestée graduelle­ment.

A cette déclaration notre Seigneur joint des paroles d’avertissement pour nous mettre en garde contre certaines erreurs qui seraient émises con­cernant l’approche de son second avènement dans le but d’égarer son Eglise : Voici, je vous l’ai an­noncé d’avance : Si donc on vous dit Voici, il est dans le désert, n’y allez pas ; voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Car, comme la bril­lante lumière [le soleil] part de l’orient et se montre [graduellement] jusqu’à l’occident, ainsi sera ta présence du Fils de l’homme. Le Seigneur nous met de cette manière en garde contre deux erreurs croissant rapidement de nos jours. L’une, qui consiste à prétendre que notre Seigneur vien­dra en chair, dans le désert ou la solitude de la Palestine a fait que beaucoup sont allés là-bas et y attendent pour voir Jésus dans la chair, avec ses cicatrices, comme lorsqu’il fut crucifié. L’atten­dant tel qu’il était, et non tel qu’il est, ils se trom­pent sérieusement, et la vérité est obscurcie pour eux Comme elle l’était pour les Juifs au premier avènement. Ces attentes conduisent cette classe de croyants à interpréter littéralement la parole du prophète (Zacharie 14 : 4) : Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des Oliviers.) Aveu­glés par ces fausses attentes ils ne voient pas que les « pieds » sont au figuré dans ce passage, aussi bien que dans ceux de Psaume 91: 12: Esaïe 52: 7; Psaume 7 : 6; 110 : 1 ; Ephésiens 6 :15; Deutéro­nome 3~ : 3, et dans, beaucoup d’autres. S’ils avaient su ce qu’il faut attendre, ils sauraient qu’il ne faut pas aller à Jérusalem pour attendre l’homme Christ Jésus, car le Roi souverainement élevé vient comme la lumière du soleil, faisant sentir sa présence et son influence dans le monde entier. C’est pourquoi « n’y allez pas ».

S’ils disent, voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Le spiritisme, toujours habile à tromper par des imitations et toujours prêt à em­ployer des vérités avancées comme une robe de lumière (2 Corinthiens 11 : 13, 14) n’a pas hésité à prétendre que nous sommes dans une période de changement de dispensation, à l’aurore d’un âge glorieux, Entre autres choses, quelques-uns d’entre eux enseignent même que Christ est présent, et nous ne doutons pas qu’avant longtemps ils don­neront des séances dans lesquelles ils prétendront le montrer dans les chambres secrètes. Que l’erreur soit présentée sous cette forme ou sous une autre, rappelons-nous les paroles du Seigneur, répudions toutes les prétentions semblables comme étant fausses, sachant que ce n’est pas ainsi qu’il révèlera sa présence, mais comme la lumière du soleil, émergeant graduellement; « le Soleil de justice se lèvera avec la santé dans ses rayons ».

LA PAROUSIE DE NOTRE SEIGNEUR PENDANT LA MOISSON

La langue grecque est très précise. C’est un fait qui rehausse beaucoup sa valeur, car elle donne une expression exacte de la vérité. Ainsi, par exemple, le mot venir est employé dans nos Bibles pour traduire 32 mots grecs dont chacun a une légère nuance de différence. Exemples (prenons les Bibles Segond et Ostervald) : Ephistemi signifie surprendre, comme dans Luc 21 : 34, et il est traduit par ne vienne sur vous [ vous surprenne] à l’improviste; sunerchomai veut dire : S’assem­bler ou se réunir, comme en 1 Corinthiens Il : 18: proserchomai signifie s’approcher, aller auprès de et est traduit par Approchons-nous donc dans Hébreux 4 :16: heko signifie arriver, ou être venu ou vint, comme si l’action de venir était chose faite, comme dans Jean 2 : 4 : « Mon heure n’est pas encore venue» ; enistemi signifie être présent et est généralement traduit ainsi (Romains 8 : 38; 1 Corinthiens 3 : 22; 7 : 26; Galates 1 : 4: Hé­breux 9 : 9. par exemple), excepté en deux endroits 2 Timothée 3 : 1 et 2 Thessaloniciens 2 : 2) où ce mot grec aurait dû également être traduit par présent ; les traducteurs français l’ont traduit plus ou moins bien : Il y aura des temps fâcheux (Segond, Stapfer et Ostervald) ; Darby et Lausanne traduisent surviendra. Comme si le jour de Christ était proche; les nouvelles traductions di­sent très bien : Comme si le jour du Seigneur était déjà là [présent]. Le mot parousia aussi signifie présence et ne devrait jamais être traduit par venue ou avènement, comme cela a lieu dans nos Bibles ordinaires, où il n’est rendu que deux fois par présence (2 Corinthiens 10 : 10; Philippiens 2 :12). Seules les exégèses bibliques et la version de Lausanne donnent la vraie signification de ce mot.

C’est l’emploi de ces deux derniers mots grecs heko et parousia dans le Nouveau Testament que nous désirons étudier maintenant, particulièrement le dernier, vu qu’une compréhension exacte de sa signification jette de la lumière sur la manière dont se fera le retour de notre Seigneur par les passages dans lesquels on rencontre ce mot, tandis que la traduction commune, mais erronée, obscurcit le point même qu’elle devrait illumi­ner.

La pensée exacte de la signification du mot parousia — non celle d’une venue, comme étant sur le point d’arriver, mais d’une présence après l’arrivée — bien saisie, examinons quelques passages dans lesquels ce mot est employé. Par ceux-ci, nous apprendrons que présence n’implique pas nécessairement une vue, mais qu’il est applicable également à des choses présentes bien qu’invisi­bles. Ainsi des anges, des êtres spirituels, par exemple, peuvent être présents près de nous, quoi­que invisibles, comme notre Seigneur fut présent dans le monde et fut souvent avec ses disciples durant, les quarante jours après sa résurrection,

*Le mot parousia se présente 24 fois dans le Nouveau Testament grec; deux fois seulement il est exactement traduit par présence dans nos traductions ordinaires (2 Corinthiens 10 10 et Philîppiens 2 12). Les autres endroits où il est mal traduit par avènement, venue et arrivée sont les suivants Matthieu 24 3, 27, 37, 39 ; 1Corinthiens 15 23 ; 16 17 ; 2 Corinthiens 7 : 6. 7 ; Philippiens 1 : 26 ; 1 Thessaloniciens 2 : 19 ; 3 :13 ; 4 : 15 ; 5 : 23 ; 2 Thessaloniciens 2 1, 8, 9 ; Jacques 5 7, 8 ; 2 Pierre 1 : 16 ; 3 : 4, 12 ; 1 Jean 2 : 28 , sans être vu du monde ni de ses disciples, excepté dans les occasions très courtes dont nous avons déjà parlé. Ces jours furent les jours de sa parou­sie (présence), aussi bien que l’avaient été les 33 ans et demi précédents.

Dans l’entretien qui précéda la question de Matthieu 24 : 3, notre Seigneur avait prédit la destruction du temple et le rejet d’Israèl selon la chair, jusqu’au jour où ce dernier le reconnaîtrait avec joie comme Messie et dirait : «Bénit soit-il !» Il avait dit à ses disciples qu’il s’en irait, qu’il reviendrait et les prendrait avec lui. Il avait appe­lé leur jour la moisson, ou fin de cet âge, et il leur avait parlé d’une moisson future au temps de sa seconde venue (Matthieu 9 : 37, 38; 13 : 39, 40). Les disciples se souvenant sans doute que peu l’avaient reconnu comme étant le Christ à son pre­mier avènement, désiraient connaître comment il pourrait être sûrement reconnu à son second avè­nement, s’attendant probablement à ce que ce second avènement aurait lieu dans leur jour. C’est pour cela qu’ils lui posèrent cette question : Quel sera le signe [l’indication] de ta parousie [présen­ce] et de la fin de l’âge ?

A cause de leur disposition à mélanger les événements clôturant l’âge, ou la moisson judaï­que, dans laquelle ils étaient déjà, avec la « mois­son » encore future; ou fin de l’âge de l’Evangile, notre Seigneur donna un rapport bien détaillé des événements qui devaient intervenir, indiquant une période considérable entre ces deux époques, mais ne donnant cependant aucune idée claire de sa longueur, parce que lui-même ne la connaissait pas encore alors. — Marc 13 : 32.

La réponse de notre Seigneur dans les versets 1 à 14 comprend l’âge de l’Evangile tout entier; et ses paroles dans les versets 15 à 22 ont une double application concernant littéralement la clô­ture de l’âge Judaïque et au figuré celle de l’âge de l’Evangile, dont l’âge Judaïque était une ombre. Les versets 23 à 26 contiennent des paroles d’aver­tissement au sujet de faux Christs, et au verset 27 il en arrive à leur question concernant sa parousie et déclare [traduit comme il faut] : Comme la lumière brillante [la lumière du soleil] sort à l’orient et brille jusqu’à l’occident, ainsi sera la parousie [la PRESENCE] du Fils de l’homme. La clarté du soleil se montre instantanément, mais sans faire de bruit; et elle est discernée tout d’a­bord par ceux qui sont réveillés les premiers.

Laissant de côté les autres traits particuliers du discours de notre Seigneur, peur les examiner à leur place appropriée, nous considérerons sa secon­de réponse à leur question concernant sa parousie, dans les versets 37 et 39. Il dit : « Tels les jours de Noé. telle la parousie (présence) du Fils de l’homme» (St.). Remarquons que la comparaison n’est pas faite entre la venue de Noé et la venue dc notre Seigneur, ni entre la venue du déluge et la venue de Jésus. Il n’est pas du tout question ici de la venue de Noé, pas plus que de la venue de Jésus; car, comme nous l’avons déjà dit, parousia ne veut pas dire venue, mais présence. Le contras­te est entre le temps de la présence de Noé parmi le peuple avant le déluge et le temps de la pré­sence de Christ dans le monde, à son avènement, avant le feu — avant le trouble extrême (souvent traduit par détresse) du Jour de l’Eternel par lequel cet âge se termine.

Quoique le peuple ait été pervers aux jours de Noe avant le déluge et qu’il le sera au temps de la présence de notre Seigneur avant que le feu ardent de trouble vienne sur lui, ce n’est pas la le point de comparaison ou de ressemblance dont parle notre Seigneur; car la perversité a abondé dans chaque âge. Le point de comparaison est clai­rement établi et peut être vu facilement si nous analysons ce passage : le monde excepté les mem­bres de la famille de Noé, était ignorant de la venue de l’ouragan et incrédule quant au témoi­gnage de Noé et de sa famille, et de ce fait ils ne connurent pas. C’est ici le point de comparaison. Ainsi en sera-t-il de la présence du Fils de l’Hom­me. Ceux-là seuls qui sont de la famille de Dieu y croiront; d’autres ne sauront rien jusqu’à ce que la société, telle qu’elle est organisée actuellement, commence à se fondre sous l’ardente chaleur du temps de détresse imminent. Cela est illustré par ces paroles : Car, comme dans les jours avant le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, [Lue (17 : 28) ajoute : « plantaient et bâtissaient »] jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et ne connurent rien… Ainsi aussi sera la parousie [la présence] du Fils de l’homme. Par conséquent, au temps de la pré­sence du Fils de l’Homme, le monde ira son train habituel, mangeant et buvant, plantant, bâtissant et se mariant. Cela n’est pas mentionné comme étant des péchés, mais c’est pour indiquer leur Ignorance de la présence du Seigneur et de la détresse qui prévaudra dans le monde. C’est donc là la réponse de notre Seigneur à la question de ses disciples Quel sera le signe [l’indication] de ta [parousie] présence et de la fin ou moisson de l’âge ? En substance il dit H n’y aura pas de signe pour la masse du monde, elle ne saura rien de ma présence et des nouveaux changements de dispensation. Un petit nombre seulement le saura et sera enseigné de Dieu (d’une mahière qui n’est pas expliquée ici) avant qu’il y ait aucun signe (indication) qui puisse être discerné par le monde.

Ce que Luc rapporte de ce même discours (Luc 17 : 26-29). quoique n’étant pas exprimé dans les mêmes termes, est en parfait accord avec ceci. Luc ne se sert pas du mot parousia, mais il exprime la même pensée en disant « Comme il en était dans les jours de Noé, il en sera ainsi dans les jours du Fils de l’homme» — dans les jours de sa présence. Non avant, ni après ses jours, mais pendant ses jours, le monde sera en train de manger, de boire, de se marier, d’acheter, de vendre, de planter et de bâtir. Ces passages enseignent donc clairement que notre Seigneur sera présent à la fin de cet âge, en­tièrement inconnu des gens du monde et invisible pour eux.

Bien qu’il ne doive plus y avoir de déluge pour détruire la terre (Genèse 9 : 11), il est écrit que toute la terre sera consumée par le feu de la jalousie de Dieu (Sophonie 3 : 8); non pas la terre physique au sens littéral dans l’un ou l’autre cas, mais dans les deux cas l’ordre de choses existant Dans le premier cas tous les hommes furent en­gloutis, excepté Noé et sa famille; et dans le der­nier, tous, excepté la famille de Dieu, seront con­sumés dans le feu symbolique, dans la grande détresse du Jour de l’Eternel. Les fidèles enfants de Dieu seront jugés dignes d’échapper à toutes ces choses qui viendront sur la terre (Luc 21 : 36); non pas nécessairement parce qu’ils seront enlevés de la terre, mais parce qu’ils auront été faits à l’épreuve du feu, comme dans l’illustration-type des trois Hébreux qui marchèrent au milieu de la fournaise ardente, chauffée sept fois plus que d’habitude, et dont les vêtements mêmes ne sen­tirent pas l’odeur du feu, parce que quelqu’un de semblable au Fils de Dieu était présent avec eux (Daniel 3 :19-25).

Nous considérerons maintenant les passages enseignant qu’il y en aura beaucoup dans l’Eglise qui ignoreront pour un temps la présence de Jésus, la moisson ou fin de cet âge, alors qu’il sera effec­tivement présent et l’oeuvre de la moisson pro­gressante.

Les derniers versets de Matthieu 24, à partir du verset 42 sont très significatifs. Dans le verset 37, notre Seigneur avait montré que le monde ne connaîtrait pas la parousie du Fils de l’homme et maintenant il avertit ceux qui professaient être ses disciples que s’ils ne sont pas sur leur garde, ils seront pareillement dans les ténèbres concer­nant sa parousie. Il dit : Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur vient [erchomai, arrive]. Si des gens attendaient un voleur à un moment déterminé, ils se tiendraient en éveil, de manière à ne pas être surpris. Ainsi, vous devriez être debout et prêts, toujours veillant pour voir la première évidence de ma parousie. En réponse à votre question : Quand est-ce que ces choses arriveront ? je vous dis tout simplement de veiller et d’être prêts, et lorsque j’arriverai, lorsque je serai présent, je communi­querai le fait à tous ceux qui seront veillants et fidèles, et ceux-là seulement auront le droit de le connaître. Tous les autres devront être et seront dans les ténèbres du dehors; ils devront appren­dre avec le monde, et comme lui, en passant par la détresse.

Qui donc [dans le temps de la « moisson » est le serviteur fidèle et prudent que son maître établira*(* Le M. S. du Sinaï rend ce verbe au futur [Voir VoL 4, 2ème éd., p. 227] — voir aussi Diaglott.) sur les domestiques de sa maison pour donner à chacun la nourriture au temps voulu ? Bienheureux est ce serviteur que le maître a Son arrivée [erchomai]* (Ici elthon (voir Diaglott) après son arrivée.) trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous le dis, le maître l’établira sur tous ses biens; tous les immenses trésors de précieuse vérité seront ouverts et accessibles à de tels fidèles serviteurs pour armer et approvisionner toute la famille de la toi.

Mais si le coeur du serviteur n’est pas droit et qu’il dise : Mon maître tarde [n’est pas arrivé], qu’il se mette à battre [s’opposer à, et à contredire] ses compagnons de service [dont les opinions diffèrent de la sienne et par conséquent, disent tout le contraire, c’est-à-dire : Mon maître ne tarde pas, mais il est venu, il est présent], un tel servi­teur peut se mettre à manger et à boire avec les ivrognes [être intoxiqué par l’esprit du monde], mais son Maître surviendra [grec, heko — sera arrivé] en un jour où ce serviteur ne s’y attend pas et à une heure qu’il ignore, et il le retranchera [il lui ôtera le privilège d’être un des serviteurs qui donnent à la maison de la foi la nourriture au temps convenable] et lui donnera le même lot qu’aux hypocrites [bien que n’étant pas un hypo­crite, mais étant un vrai serviteur, il a été infi­dèle et surchargé et il faut qu’il prenne sa part avec les hypocrites dans la perplexité et la détres­se venant sur Babylone]. Là seront les pleurs et les grincements de dents. — Stapfer.

Un examen attentif de ce qui précède ensei­gne clairement qu’à la fin de cet âge il y aura une classe de personnes niant que le Seigneur Soit présent (non pas qu’elles nient qu’il doive venir un jour, mais qu’il est venu) et qui frappent leurs compagnons de service en s’opposant à eux avec intolérance, ce qui est une preuve que ceux-ci en­seignent le contraire, savoir que le Seigneur est venu. Le Seigneur indique clairement quel est le fidèle et vrai serviteur et quel est celui qui est dans l’erreur, Le fidèle, celui qu’il trouve donnant la nourriture à chacun en sa saison, sera élevé et il lui sera donné l’intendance sur le dépôt de la vérité et la capacité accrue pour distribuer la nourriture à la maison de la foi, tandis que le ser­viteur infidèle sera écarté graduellement et res­sentira une sympathie toujours plus grande pour ceux qui professent être croyants ou hypocrites. Remarquons aussi le fait que celui qui n’est pas fidèle est ainsi retranché ou séparé au jour Ou il ne s’y attend pas, dans le temps de la moisson, pendant que son Seigneur est réellement présent, inconnu de lui, recherchant et rassemblant ses joyaux. — Matthieu 13 : 30; Psaume 50 : 5; Mala­chie 3 :17 Matthîeu 24:31. –

Nous spécifions ceci, simplement pour montrer que dans la réponse à la question des disciples, sur les signes et les preuves de sa seconde présence, notre Seigneur enseigna que ni le monde, ni les ser­viteurs infidèles ne s’attendraient à ces choses, au moins pas avant que l’intensité du feu de la détresse ait commencé. Les fidèles, évidemment, ne le verront présent que par les yeux de la foi —par les Ecritures écrites d’avance pour leur instruction, pour être crues en leur temps. Les véri­tés présentes sur chaque sujet sont des portions de ses biens, des trésors nouveaux et anciens que notre Seigneur avait mis en réserve pour nous et qu’il nous donne maintenant généreusement. —Matthieu 24 : 45-47.

Pendant que par les indications prédites, le Seigneur prépara amplement l’Eglise, la rendant capable de reconnaître sa présence lorsque le moment serait venu, bien qu’elle ne pourrait le voir avec les yeux naturels, il nous mit aussi soi­gneusement en garde contre les fraudes qui se présenteraient — fraudes qui apparaîtraient plausibles au point de séduire, s’il était possible, les é1us mêmes. Mais cela n’est pas possible, parce que tous les élus prêtent une grande attention à l’aver­tissement, et, par une étude continue, se familia­risent avec les indications prédites de sa présence et attendent leur accomplissement. Ceux qui sont disposés autrement ne sont pas de la classe des élus: les vainqueurs seuls doivent régner avec le Seigneur. Ces fraudes, comme nous le montrerons dans un des chapitres suivants, existent déjà et en trompent beaucoup. Mais, grâce à Dieu, les élus sont prévenus et prémunis, et ne seront ni trompés ni découragés. Quoique les nuées et les ténèbres l’entourent, ils reconnaissent sa présence et se réjouissent de ce que leur délivrance approche. Si quelqu’un vous dit: Voici, le Christ est ici, ou: il est là [dans quelque lieu particulier] ne le croyez pas. Si donc on vous dit : Voici il est dans le désert, n’y allez pas; voici il est dans les cham­bres secrètes, ne le croyez pas. Car comme la brillante lumière du soleil se lève graduellement sur la terre et la remplît ensuite, ainsi sera sa présence (Matthieu 24 : 23. 26, 27). Cette présence sera ma­nifestée, comme cela est prédit, par l’aurore lumi­neuse de la vérité; vérité qui se développe et se déploie comme nous le voyons maintenant sur tous les sujets d’une manière si rapide et si glorieuse. Encore quelques années et le Soleil de justice, qui porte la santé dans ses rayons, sera pleinement levé pour bénir et relever le monde frappé à mort.

En raison des preuves présentées dans ce cha­pitre, ainsi que dans les précédents et dans ceux qui suivront, nous n’hésitons pas à annoncer la nouvelle si réjouissante que la moisson de l’Age de l’Evangile est commencée et que le Maître est de nouveau présent, comme Chef Moissonneur, non pas dans la chair, comme dans la moisson judaïque, mais en puissance et grande gloire, comme celui qui est « souverainement élevé », le divin Christ, dont le corps glorieux est maintenant «l’emprein­te de la personne du Père », bien que sa glorieuse personne soit par grâce voilée à la vue humaine. Il inaugure son règne de justice, sa faucille de la vérité faisant la séparation ; il rassemble dans l’unité de coeur et d’esprit les prémices mûres d’Israël selon l’esprit et bientôt ce «corps » élu, complet, gouvernera et bénira le monde.

Cette annonce est faîte ici afin qu’au fur et à mesure que nous continuerons, le lecteur puisse se rendre compte clairement de ce que les prophéties de temps indiquent particulièrement, lorsqu’il sera démontré que c’est maintenant le temps chronolo­giquement propre pour la moisson comme pour tous les événements qui en dépendent ; et qu’ils arrivent comme il fut prédit.

Ainsi nous voyons, par toutes les particularités de l’enseignement avec leurs références sur la manière et les circonstances qui entourent l’appa­rition de notre Seigneur, que les prophéties de temps n’ont pas été données pour alarmer le mon­de ni pour satisfaire une vaine curiosité, ni même éveiller une église nominale endormie. Elles fu­rent données afin que ceux qui ne sont pas endormis et qui ne sont pas du monde, mais qui sont éveillés, consacrés et fidèles, des étudiants zélés du plan de leur Père, soient informés de la signi­fication des événements qui se passent et ne soient pas dans les ténèbres sur un sujet et quant aux Evénements qu’on ne peut discerner avec certitude, par aucune autre voie — savoir, ce qui a trait à la moisson, à la présence du grand Moissonneur à l’oeuvre de battage et de criblage du vrai blé, le rassemblement de l’ivraie en gerbes pour la brûler dans le temps de détresse, etc.

MOQUERIES PREDITES

L’apôtre Pierre dépeint comment les servi­teurs infidèles et les hypocrites se moqueront du­rant la présence du Seigneur, comme ils se moquè­rent aux jours de Noé (2 Pierre 3 : 3, 4, 10, 12). Remarquons que l’apôtre écrivit pour l’Eglise, et que les moqueurs dont il parle sont dans l’église nominale et ouvertement intéressés dans l’oeuvre du Seigneur et dans son plan, et que par consé­quent, ils croient qu’il viendra un jour. La moque­rie dépeinte a justement pour sujet ce que nous traitons ici. C’est ce que nous entendons actuelle­ment, et ce que nous entendrons encore de la part de ceux qui font profession d’être des chrétiens, chaque fois que le sujet de la présence du Sei­gneur, de l’oeuvre de la moisson, etc., sera présen­té. Les chrétiens ont généralement, jusqu’à ce qu’ils approfondissent le sujet, des idées de mani­festations, au sens littéral, du feu, des trompettes, des voix, etc., et d’apparitions du Seigneur descen­dant à travers les airs, dans un corps de chair res­plendissant, de sorte que lorsqu’on leur parle de sa présence invisible, ils rejettent promptement la chose comme étant indigne d’être approfondie, sans prendre le temps d’étudier un sujet duquel ils se croient sûrs, occupés qu’ils sont des plans mon­dains et intoxiqués par l’esprit du monde.

C’est de cette classe de soi-disant chrétiens que l’apôtre parle quand il dit : « Dans les der­niers jours [dans les dernières années de l’âge de l’Evangile, pendant la moisson], il viendra des moqueurs avec leurs railleries marchant selon leurs propres convoitises [théories, etc.], et disant: Où est la promesse de sa présence [parousie] ? Car depuis que les péres se sont endormis, tout demeure comme dès le commencement de la création ». Quand on les renvoie aux paroles de notre Seigneur (Matthieu 24 : 37-39; Luc 17 26), que dans ses jours, dans les jours de sa présence, toutes choses continueront à être comme par le passé; que, comme dans les jours de Noé, les hommes mangeront, boiront, se marieront, plante­ront et bâtiront; et que, comme alors, le monde ne connaitra rien de sa présence et ne comprendra pas les signes des prompts et grands changements qui sont à la veille de se réaliser; ils sont par trop occupés pour en considérer soigneusement les témoignages, ils continuent seulement à se moquer.

Hélas dit Pierre, ils oublient le grand chan­gement qui s’est accompli dans les jours de Noé. Il décrit, ensuite, sous le symbole du feu, les flots submergeants de troubles qui doivent sous peu surprendre le monde entier, renverser entièrement tous les gouvernements civils et ecclésiastiques [les cieux] et fondre complètement l’édifice social [la terre], produisant l’anarchie et le chaos social jusqu’à ce que les nouveaux cieux [le gouverne­ment et pouvoir du Royaume de Dieu] soient en­tièrement établis, de même que la nouvelle terre [la société organisée sur de nouvelles et meilleures bases d’amour, d’égalité et de justice]. Puis l’apôtre nous rappelle – (verset 8) que ce jour de la présence du Seigneur, lequel l’Eglise a si longtemps espéré et attendu, est un jour de mille ans le règne millénaire de Christ. Au verset 10, il nous assure que «le jour du Seigneur viendra [grec heko] comme un voleur* (* Les anciens MSS, omettent ici les mots « dans la nuit » de même Darby, Segond, Stapfer et Crampon.) [inaperçu, calmement, il sera présent tandis que quelques-uns se moqueront et battront les compa­gnons de service qui déclarent la vérité].» L’apô­tre, alors, exhorte les saints à se séparer du mon­de, pour qu’ils ne soient pas entraînés par la poli­tique, par l’amour de l’argent, etc., mais qu’ils mettent leurs affections dans des choses plus éle­vées. Il dit : Puis donc que, dans le plan de Dieu, les conditions terrestres présentes ne sont que temporaires et doivent bientôt se dissoudre pour céder la place à un meilleur ordre de choses, quels ne devez-vous pas être en sainte conduite et en piété ? attendant la présence [parousia] du jour de Dieu » — veillant aux témoignages [aux signes] qui prouvent qu’il est venu.

Grâces soient rendues à Dieu, ses moyens pro­videntiels sont si abondants que tous les hommes pieux qui attendent ce jour en auront connaissance avant que le feu du courroux éclate pleinement. Le Seigneur nous assure par l’apôtre Paul que pas un des enfants de la lumière ne sera laissé dans les ténèbres pour que ce jour le surprenne (1 Thessalo­niciens 5 :4). Aussi, bien que nous soyons déjà dans ce jour de la présence du Seigneur et au com­mencement du grand feu de la détresse, nous voyons justement les choses comme elles nous sont montrées en symbole (Apocalypse 7 : 1, 2) la tempête est tenue en échec jusqu’à ce que les fidèles enfants de Dieu soient «scellés au front » c’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils aient reçu une appré­ciation intelligente du temps, de la présence, etc.

Cette intelligence ne servira pas seulement à les réconforter et à les protéger, mais sera aussi une marque, un sceau ou une preuve de leur filiation, comme cela est déjà indiqué par notre Seigneur, lorsqu’il promit que l’Esprit saint ferait connaître aux fidèles les « choses à venir ». — Jean 16 : 13.

Quelques-uns prennent au sens littéral les paroles de Pierre quand il dit « Les cieux passe­ront avec fracas, les éléments embrasés se dissou­dront », ainsi que la description qui est faite en Apocalypse 6 : 14 des mêmes événements par un symbole d’une ressemblance frappante « Le ciel se retira comme un livre qui s’enroule ». Il semble cependant qu’un seul regard en l’air vers les myriades d’étoiles qui brillent à travers un espace de millions de kilomètres, n’ayant rien entre elles qui puisse être roulé ou prendre feu, devrait être un argument assez fort pour les convaincre de suite qu’ils ont eu tort de supposer que ces paroles de Pierre et de l’Apocalypse étaient littérales cela devrait aussi les convaincre que leur attente d’un accomplissement au sens propre de ces paro­les est tout à fait absurde.

Ainsi donc, Dieu a voilé pour le genre humain, sous des figures de trompettes, de voix, de feu, ses instructions (qui ne devaient pas être connues du monde, mais seulement des saints consacrés du petit troupeau) concernant la moisson, la présence du Seigneur, son royaume spirituel, etc. ; il les arrangea toutefois de manière qu’au temps conve­nable elles en disent assez, et clairement, à la classe à laquelle l’instruction était destinée. Ces paroles « C’est à vous qu’il a été donné de con­naître les mystères du Royaume de Dieu; mais pour ceux qui sont dehors, tout se passe en parabole [en figures et discours obscurs]», s’adressent à la même classe de consacrés, lors du premier comme lors du second avènement. Voilà pourquoi ceux-là mêmes qui ont la Bible devant eux, mais qui ne sont pas consacres, ne peuvent réellement Voir et comprendre. — Marc 4 11, 12.

Le monde n’ignore pas les évenements et les circonstances sans précédent des temps actuels, ni l’importance croissante qu’ils prennent chaque année mais n’en voyant pas le grand résultat. Ces choses ne font que remplir leur esprit de sombres présages de maux. Ainsi qu’il est prédit, ils sont dans la terreur en attendant les choses qui vien­nent sur la terre car les puissances des cieux (les puissances qui gouvernent maintenant) sont déjà fortement ébranlées.

ENCHAINEMENT DES PROPHETIES

Dans le chapitre précédent, nous avons pré­senté la preuve claire et convaincante, montrant que les Temps des Nations ou leur bail de domina­tion expireront avec l’année 1914; qu’a ce mo­ment-la, les nations seront toutes renversées (Nous ne sommes pas informés combien de temps exigera, l’exécution de ce renversement, mais nous avons des raisons de croire que cette période sera courte.) et le royaume de Christ pleinement établi. (Nous ren­voyons le lecteur à la Préface de l’Auteur. Trad.) que le Seigneur soit présent, qu’il ait établi son Royaume et qu’il exerce son grand pouvoir afin de briser les nations comme le vase d’un potier cela est clair, car c’est «dans le temps de ces rois ». avant leur renversement, c’est-à-dire avant 1914 — que le Dieu des cieux établira son Royaume LEQUEL doit détruire et consu­mer tous les autres (Daniel 2 : 44). Aussi, en harmonie avec cela, nous voyons tout autour de nous des preuves d’un commencement de ce tra­vail qui frappe, ébranle et renverse les pouvoirs actuels et prépare l’établissement du royaume «qui ne sera jamais détruit », du solide gouverne­ment, qui «subsistera éternellement».

Le chapitre suivant présentera les preuves bibliques que 1874 fut la date exacte du commen­cement des Temps de Rétablissement et, partant, celle du retour de notre Seigneur. Depuis cette date il a réalisé sa promesse envers ceux qui étaient dans la bonne attitude de vigilance, savoir: «Bienheureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée trouvera veillant. Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s’appro­chera pour les servir » (Luc 12 : 37). Oui, c’est bien ainsi il nous a ouvert les Ecritures, nous mon­trant la vérité concernant sa nature actuelle glo­rieuse, l’objet, la manière, le temps de sa venue et le caractère de ses manifestations envers la famille de la foi et le monde. Il a attiré notre attention sur les prophéties qui nous situent d’une manière définie dans le cours des temps, nous faisant con­naître l’ordre de son plan d’opérations pendant ce temps de la moisson. Il nous a montré tout d’abord que c’est une moisson des saints, un temps pour leur arrivée à entière maturité et pour leur sépa­ration d’avec l’ivraie ; et ensuite, que c’est aussi l’époque où le monde récoltera sa moisson de tour­billon comme aussi le temps de vendange des grappes de la vigne de la terre et de foulage de la vendange dans la grande cuve de la colère du Dieu Tout-Puissant. Il nous a montré que ces deux récol­tes (Apocalypse 14 : 1-4, 18-20), se feront dans un espace de quarante ans, se terminant avec l’année 1915.

Le lecteur ainsi informé de ce que nous voulons prouver dans les chapitres qui suivront, ne doit pas cependant s’attendre à nous voir indiquer des passages de l’Ecriture dans lesquels ces ma­tières et ces dates sont clairement écrites. Au con­traire, il doit se souvenir que toutes ces choses ont été cachées par le Seigneur, de telle sorte qu’elles ne pouvaient être comprises ou appréciées avant que le temps convenable fût arrivé, et alors seu­lement par ses enfants fidèles et zélés qui estiment la Vérité comme étant plus précieuse que les perles et qui la recherchent comme l’homme recherche l’argent. De même que pour l’argent, non seule­ment il faut creuser, pour trouver la Vérité, mais il faut de plus qu’on la raffine, qu’on la sépare des scories avant que sa valeur puisse être appréciée. Les choses exposées ici en peu de mots seront prouvées point par point; tandis que beaucoup peuvent préférer accepter un récit sans prendre la peine de le vérifier par les Ecritures, cela ne doit pas être le cas pour le vrai chercheur de Vérité. Il doit autant que possible s’approprier chaque point, chaque argument et chaque preuve en puisant directement ses renseignements dans la Parole de Dieu, en relevant tous les rapports qui existent et en s’assurant ainsi lui-même de la vérité du compte rendu présenté.

S’il est vrai que le Seigneur pourvoit à la nourriture au temps convenable pour ses gens et que les serviteurs l’apportent aux croyants, il n’est pas moins vrai que pour être fortifié par ce moyen. chacun doit manger pour soi-meme.