«MON SEIGNEUR ET MON DIEU»

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Jean 20: 19-31

Texte d’or: « Thomas répondit et lui dit: Mon Seigneur et mon Dieu! » (V. 35).

L’histoire de la résurrection de notre Seigneur ne perd jamais de son intérêt pour le Chrétien. Avec la crucifixion, la Pentecôte, la seconde venue de notre Seigneur et la résurrection de l’Eglise, la résurrection de Jésus est l’un des événements les plus importants enregistrés dans la Parole de Dieu. Tout ce qui aide à la graver dans notre esprit facilite à établir en nous la foi transmise jadis aux saints une fois pour toutes. Nous pouvons vraiment dire que si les Chrétiens en général étudiaient, comprenaient et appréciaient la résurrection de Jésus, ils corrigeraient bon nombre des erreurs de théologie héritées de « l’âge des ténèbres », et ils seraient protégés contre d’autres erreurs doctrinales de notre temps. Que les paroles des Apôtres pénètrent alors profondément dans nos coeurs ! Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et notre prédication est vaine, vous êtes encore dans vos péchés (1 Cor. 15 : 17) et nous, qui avons épousé la cause de Christ, nous sommes le plus misérablement trompés. Quiconque se rend compte de la force des paroles de l’Apôtre et s’en remet à lui comme à un instructeur inspiré, ne croira certainement pas que les morts sont vivants; il croira, comme l’indiquent les Ecritures, qu’ils attendent d’être finalement ramenés à la vie par une résurrection.

Le jour de Sa résurrection, notre Seigneur se manifesta à deux de Ses disciples; ceux-ci marchaient alors dans la campagne et se rendaient au domicile de l’un d’eux à Emmaüs. Un seul est désigné par son nom, Cléopas. Au sujet de l’autre, différentes hypothèses ont été émises, les uns disant que c’était Nathanaèl, les autres que c’était Pierre, mais rien de précis n’est connu sur ce point. Les deux voyageurs causaient tout en marchant, et bien entendu leur sujet de conversation était la grande tragédie qui eut lieu trois jours auparavant, et la déception qu’ils éprouvèrent de voir s’écrouler toutes les espérances qu’ils avaient fondées de participer avec le Messie à Son Royaume. Qu’y avait-il d’étonnant qu’ils fussent tristes! C’est alors que Jésus, prenant une autre forme, les rejoignit et, marchant à leur côté, Il les regarda et leur dit avec compassion: Campagnards, pourquoi êtes-vous si tristes? Avez-vous quelque affliction? Ils Lui répondirent: Etes-vous un étranger dans ces parages, pour ne pas avoir entendu parler de la récente tragédie? Jésus, qui était juste et sincère et avait un noble caractère, a été saisi par nos chefs et livré aux autorités romaines pour être crucifié, parce qu’Il était l’objet de leur jalousie et que Son influence grandissait parmi le peuple. C’est bien triste qu’un tel événement ait eu lieu dans la ville de Jérusalem. D’ailleurs nous et beaucoup d’autres avons été témoins de Ses bonnes œuvres et de Ses enseignements extraordinaires, et nous savons que jamais homme n’a parlé comme cet homme. Qu’y a-t-il d’étonnant, alors, que nous soyons tristes? Quand vous êtes arrivé, nous étions justement en train de discuter sur un nouveau développement de cette affaire; nous venions d’apprendre que la tombe dans laquelle Il fut déposé a été profanée, mais certains de nos amis nous ont déclaré avoir vu dans le tombeau des anges qui leur annoncèrent qu’Il était ressuscité des morts. Ah! Monsieur, nous vivons vraiment dans des temps étranges! Nous ne savons quoi penser de tout cela; nous sommes perplexes!

«Il nous ouvrait les Ecritures»

A la surprise de ces hommes attristés, leur compagnon de voyage se montra très versé dans les Ecritures; Il paraissait sympathique et semblait croire en Jésus et en Sa Messianité ; Il avait une façon si remarquable de présenter les choses, de les leur expliquer, qu’ils ne devaient plus être tristes, mais au contraire joyeux. Les choses mêmes qui jetaient une ombre sur leur vie étaient des traits importants dans l’accomplissement du programme divin et en plein accord avec les enseignements de Jésus et avec les Ecritures. Nous pouvons supposer qu’Il dirigea leurs pensées vers le passé et leur rappela la promesse originelle faite au temps de la première victoire du péché; selon cette promesse la postérité de la femme écraserait la tête du serpent, mais lui, il la blesserait au talon. L’écrasement du mal était ainsi imagé, et le fait que des souffrances attendaient le Messie était aussi impliqué dans cette promesse. Ces souffrances seraient cependant insignifiantes, tandis que la destruction de l’adversaire serait finalement complète.

Nous pouvons aussi supposer qu’Il leur parla d’Abraham, leur expliquant que celui-ci typifiait le Père Céleste, qu’Isaac représentait le Fils, le Messie, et que la consécration à mort d’Isaac, tout comme le recouvrement d’Isaac par Abraham d’une mort figurée, symbolisait le fait que le Messie devait réellement mourir et ressusciter des morts. Ce fait fut montré dans les divers types de la Loi, dans l’Agneau pascal et aussi dans les sacrifices du Jour de Réconciliation. Poursuivant ses explications, Il fit sans doute mention de Joseph. Il leur dit que Joseph était un type du Messie et que son emprisonnement, avant son élévation à la fonction d’associé du Pharaon dans le gouvernement de l’Egypte, typifiait l’emprisonnement du Christ dans la mort, avant Son élévation comme futur Donneur de vie au monde, à la droite du Père dans le Royaume. Il leur rappela sans doute aussi ces paroles du Prophète Esaïe: «Comme l’agneau qu’on mène à la boucherie, comme la brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche » (53 : 7). Nous pouvons songer à beaucoup d’Ecritures qu’Il cita sans doute pour attirer leur attention sur le fait que ce qui était arrivé avait été prédit, pour leur montrer qu’ils avaient un cœur lent à croire tout ce que la Parole de Dieu disait à ce sujet, et pour leur faire remarquer qu’ils avaient cru aux traits du Plan divin se rapportant à la gloire, mais qu’ils avaient omis de donner toute leur valeur à ceux, non moins nécessaires, qui annonçaient 1’ignominie et le sacrifice, et qui étaient même le fondement, la base sur laquelle les bénédictions devaient finalement reposer. Il leur démontra aussi qu’il appartenait au Fils de l’homme de souffrir, qu’il était nécessaire pour Lui de souffrir comme prix de la rédemption d’Adam et de la race humaine, et de ressusciter ensuite d’entre les morts pour être leur Libérateur.

Le récit ne nous décrit pas avec quelle stupéfaction les deux disciples attristés regardaient leur compagnon de route et admiraient son érudition ainsi que sa connaissance des Ecritures, qui étaient de beaucoup plus grandes que les leurs et de beaucoup plus grandes aussi que celles des autres Apôtres! Il n’est pas étonnant que, arrivés à leur domicile, ils l’aient invité à demeurer avec eux! Leur compagnon fit comme s’il voulait aller plus loin, et il aurait sans doute continué son chemin s’ils n’avaient pas insisté pour qu’il restât avec eux; en effet, ils le prièrent instamment de s’arrêter, prétextant que le jour était sur son déclin. Ils lui firent remarquer qu’il ne pourrait plus aller beaucoup plus loin dans les heures qui restaient et qu’ils aimeraient profiter de sa compagnie.

Reconnu dans le rompement du pain.

Aussitôt qu’ils se furent assis devant leur modeste repas du soir, ils invitèrent sans hésiter le surprenant étranger, qui paraissait avoir une si grande compréhension du Plan divin, à demander la bénédiction pour le repas. Pendant qu’il demandait la bénédiction, ils reconnurent le ton familier de sa voix. Ils comprirent alors que personne d’autre que Jésus ne pouvait les avoir enseignés comme ils l’ont été. Au moment où ces pensées leur vinrent à l’esprit, l’étranger disparut. Le Seigneur avait accompli Son dessein; pourquoi devrait-Il rester? Son dessein était triple :Il voulait préparer l’esprit de Ses disciples en leur indiquant les prophéties qui parlaient de Lui, en attirant leur attention sur la nécessité de leur accomplissement et sur l’ordre dans lequel elles devaient se réaliser; deuxièmement, Il voulait leur donner la preuve non seulement de Sa résurrection, mais aussi de Son changement, et leur faire comprendre qu’Il n’était plus l’homme Jésus-Christ, qu’Il était le même Jésus mais dans un état nouveau, comme être spirituel, n’étant plus limité par quoi que ce soit; Il pouvait apparaître et disparaître à Sa convenance, tantôt dans une forme, tantôt dans une autre, selon que l’une ou l’autre convenait le mieux à Ses desseins, tantôt dans une mise, tantôt dans une autre, selon que telle ou telle mise servait le mieux les besoins de l’heure. C’est ainsi qu’à Marie Il apparut comme jardinier, à ces deux disciples comme voyageur, mais ni Marie ni ces derniers ne remarquèrent la moindre trace de clous à Ses pieds où à Ses mains. De plus, quoiqu’ils fussent près de Lui, ils ne reconnurent pas les traits de Son visage ni Ses vêtements; en fait Ses vêtements, nous nous en souvenons, avaient été partagés entre les soldats romains, et ce qu’Il portait devait, par conséquent, avoir été spécialement préparé pour la circonstance, tout comme aux noces de Cana le vin avait été préparé par la puissance divine qui est si incompréhensible pour nous.

«Notre cœur ne brûlait-il pas?»

Quand notre Seigneur disparut, les deux disciples furent entièrement ragaillardis. Nous pouvons nous représenter l’aspect de leur visage, l’ardeur de leurs mouvements et le rayonnement de leurs yeux, lorsqu’ils se disaient l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures?» Oh oui ! La joie avait maintenant remplacé la tristesse en eux. Les explications des prophéties qui avaient fait brûler leur cœur, lorsqu’ils les reçurent, le faisaient brûler encore plus maintenant qu’ils connaissaient Celui qui leur avait parlé, qu’ils Le reconnurent et qu’ils savaient que c’était leur Seigneur crucifié et ressuscité. Ils se hâtèrent de retourner à la ville, distante d’environ onze kilomètres. Ils étaient tellement remplis d’enthousiasme qu’ils sentirent qu’ils ne pourraient être heureux s’ils restaient chez eux en gardant leur précieux message, et s’ils ne le communiquaient pas aux autres braves cœurs qui, ils le savaient, étaient dans la perplexité. Ils avaient le véritable esprit de disciple, le désir d’annoncer la bonne nouvelle de grande joie, quoi que cela leur coutât, à ceux qui avaient des oreilles pour entendre.

Nos expériences ne sont-elles pas semblables aux leurs, bien que des siècles se soient écoulés depuis lors ? Notre condition est vraiment très similaire à la leur à cet égard. Les fausses doctrines des « âges de ténèbres » ont mis dans le coeur de tous les Chrétiens de la tristesse, de l’affliction, de la crainte et de l’anxiété. L’histoire de la résurrection nous est toujours contée, mais elle a été plutôt rendue dépourvue de sens par les diverses fausses doctrines ; d’après l’une de ces doctrines, notre Seigneur était le Père Céleste Lui-même, Il ne mourut pas et ne pouvait mourir, car l’univers aurait été sans maître ; aussi, toujours selon cette doctrine, il n’y a pas de mort réelle, ni de véritable expiation pour le péché, mais plutôt un arrangement plus ou moins trompeur, préparé pour faire croire à une mort sur la croix, et Christ en tant que Père permettait que cet arrangement trompeur fût mis à exécution. C’est ainsi qu’assurément notre Seigneur a été enlevé et nous ne savons pas où Il a été mis (Jean 20 :13) ; ce qui est vrai de nous, est vrai de tous les enfants de Dieu réellement consacrés. Mais maintenant, dans ce temps de la Moisson, le Maître est de nouveau présent avec Son peuple. Nous sommes dans le temps de Sa Parousia, dans le temps de Sa présence, à la fin de l’Age ; ceux qui veillaient et écoutaient ont entendu le frappement prophétique indiquant le temps de Sa présence, et ils ont ouvert leurs cœurs. Nos cœurs brûlent maintenant au-dedans de nous, à mesure que nous comprenons mieux que dans le passé les grands messages de la Parole de Dieu nous parlant de l’amour divin non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour le monde, de la rédemption accomplie par le précieux sang de Christ et du salut qui doit nous être apporté à la révélation de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ dans la gloire du Royaume ; bien plus, ces messages nous annoncent aussi que des bénédictions seront répandues sur toutes les familles de la terre, sur ceux qui seront désireux de les recevoir dans un cœur honnête et bon. Nos cœurs ne brûlent-ils pas au-dedans de nous, à mesure que ces prophéties de jadis s’ouvrent à nous et que leur véritable signification nous est compréhensible ? Ne sommes nous pas comme ces disciples d’Emmaüs poussés à nous lever promptement et à aller chez les frères, partout où ils peuvent être, pour leur annoncer la nouvelle bénie de la présence du Rédempteur, pour les aider à comprendre les richesses de la grâce de Dieu, telles qu’elles sont décrites dans la précieuse Parole divine ? Certainement que tous ceux qui sont animés de tels sentiments possèdent cet esprit missionnaire et sont heureux de faire du bien à tous les hommes, et spécialement à ceux de la maison de la foi. — Gal 6 :10.

« Il souffla sur eux »

Dans l’intervalle, Jésus, l’Etre spirituel, se transporta d’Emmaüs à la chambre haute, où les disciples étaient assemblés et dont les portes étaient fermées par crainte des Juifs et de la persécution. Les disciples craignaient en effet que la persécution qui s’était abattue sur le Seigneur ne s’abattît aussi sur eux. Ils prenaient leur repas du soir quand notre Seigneur, abandonnant le corps et les vêtements dans lesquels Il était apparu aux deux disciples à Emmaüs tout en étant un être spirituel, vint et se tint au milieu d’eux, comme un ange pouvait le faire, au moment où les portes étaient fermées. Jésus se matérialisa, se créa en un instant un corps de chair revêtu d’habits et se tint devant les disciples qui furent terrifiés par cette apparition subite, mais ils se calmèrent presque lorsqu’ils entendirent cette familière salutation : « La paix soit avec vous ». C’était encore le premier jour de la semaine, le jour de Sa résurrection. Nous pouvons être sûrs que les disciples étaient en train de discuter sur le grand et important événement, sur la nouvelle qu’ils avaient indirectement reçue de la résurrection de notre Seigneur. Ils s’efforçaient d’harmoniser les divers récits que leur avaient faits les femmes, se demandant jusqu’à quel point ils avaient été trompés, etc. Mais voici que maintenant ils entendaient les propres paroles du Maître leur disant : « La paix soit avec vous ». Qu’est-ce que cela pouvait signifier ? pensèrent-ils. Cela voulait dire que le récit des femmes se trouvait confirmé, que le Seigneur a bel et bien été vu par elles et que réellement Il n’était plus mort. Alors le Maître leur montra la blessure à Son côté, les trous à Ses mains et à Ses pieds, et leur frayeur changea en joie. Leurs incertitudes ne cessèrent pas toutes, mais ils étaient en train d’apprendre une leçon qui leur montrait que leur Maître était victorieux de la mort. Ils étaient sans doute encore en train de se demander comment le Seigneur a pu leur apparaître, alors que les portes étaient fermées ; il leur fallait un certain temps pour se rendre compte que le Seigneur n’était plus l’homme Christ Jésus, mais le Jésus glorifié, le Jésus spirituel. Ils apprirent une nouvelle leçon sur ce sujet, lorsque quelques instants plus tard Il disparut à leurs yeux ou, comme diraient certains, Il se dématérialisa. Un corps et des vêtements formés de matière n’auraient pu passer à travers des murs ou des portes fermées; un être spirituel, cependant, n’est pas retenu par des portes, des serrures ou des murs. Notre Seigneur, Etre spirituel, avait donc fait usage d’un pouvoir spirituel à ce moment-là, et Il s’était créé en outre le corps dans lequel Il apparut à Ses disciples et qui était encore différent de ceux dans lesquels Il se montra comme jardinier, comme étranger et, à Emmaüs, comme voyageur.

Ici notre Seigneur saisit l’occasion pour donner Ses instructions aux Apôtres, et Il leur dit : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». J’ai accompli l’œuvre que le Père m’avait donné à faire ; je vous confie maintenant une grande œuvre, que vous devrez accomplir en mon nom, précisément comme j’ai travaillé au nom de mon Père. Puis, d’une manière symbolique, comme pour leur inculquer une leçon, Jésus souffla sur eux et Il leur dit : « Recevez le Saint Esprit ». Il fit remarquer ainsi qu’Il mettrait en eux Son Esprit, Sa disposition d’esprit qui les rendrait capables de mettre à exécution Ses instructions, précisément comme Lui-même fut rendu capable de mener à bonne fin Sa consécration, grâce au Saint Esprit qu’Il reçut à Son baptême. Ce qu’Il fit était plutôt un enseignement pantomime. Les disciples devaient rester à Jérusalem, jusqu’à ce qu’ils fussent réellement revêtus de la puissance d’En-haut, et qu’ils fussent revêtus du Saint Esprit. Pourquoi devaient-ils attendre jusqu’à la Pentecôte ? Parce que le Saint Esprit ne pouvait venir que sur ceux qui étaient pleinement réconciliés avec le Père. Or avant qu’ils pussent être acceptables au Père, le grand Rédempteur devait d’abord monter vers les hauteurs et apparaître en la Présence de Dieu en leur faveur et en faveur de toute la maison de la foi, leur appliquer le mérite de Son sacrifice pour que toutes leurs imperfections fussent couvertes et pour que, par Lui, ils pussent être acceptables au Père et recevoir la pleine adoption comme Fils de Dieu par le Saint Esprit.

Péché remis, péchés retenus

S’adressant aux Apôtres, notre Seigneur leur conféra la dignité d’être Ses représentants au sens complet; Il leur dit : « Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Cette dignité, cet honneur, ce privilège ne fut pas accordé à tous les croyants, mais simplement aux Apôtres. Il n’est pas exact que cette autorité ait passé d’eux à d’autres, à un clergé, ni que le pouvoir de pardonner les péchés, comme celui d’établir la responsabilité des péchés commis, en soit venu à résider en ceux que l’on prétend avoir été appelés à succéder aux Apôtres par l’imposition des mains. Les Apôtres n’eurent pas de successeurs ; il y en avait seulement douze, et quand l’un d’eux (Judas) perdit son épiscopat, celui-ci fut donné à un autre, à St. Paul. Ces douze sont dépeints, dans les symboles de l’Apocalypse, comme les douze pierres fondamentales de la nouvelle Jérusalem eux seuls étaient les Apôtres de l’Agneau, spécialement privilégiés comme tels, et spécialement concernés par les paroles citées plus haut.

Il est donc juste que nous prêtions soigneusement attention aux paroles des douze Apôtres comme étant d’inspiration divine dans un sens très spécial, que nous prenions bien note de ce qu’ils nous disent des péchés qui sont effacés par le mérite du sacrifice de Christ et des péchés qui, n’étant pas effaçables, sont des péchés qui conduisent à la mort ou pour lesquels une mesure de coups doit être infligée. Etant donné cela, avec quel soin devrions-nous étudier, non seulement les paroles du Maître Lui-même, mais aussi celles des Apôtres, pour savoir à quelles conditions Dieu est disposé à accepter tous ceux qui viennent à Lui par Christ, et à quelles conditions les péchés peuvent être pardonnés.

Bien qu’il ne soit accordé à personne d’autre qu’aux Apôtres de fixer ainsi les limites au-deçà desquelles les péchés sont pardonnables et au-delà desquelles ils doivent entraîner une punition, il est du ressort de tous ceux que le Seigneur emploie comme Ses porte-parole de faire connaître ces limites aux membres de l’Eglise et d’attirer leur attention sur les enseignements des Apôtres à ce sujet. Ainsi nous avons le privilège aujourd’hui d’expliquer à ceux qui ont des oreilles pour entendre quelles sont les conditions à remplir pour être justifiés par la foi et réconciliés avec le Père, et quelles sont celles qui, une fois remplies, entraîneraient la seconde mort. Nous devons le faire non de notre propre autorité, ni pour notre propre compte, mais au nom du Seigneur et de Ses Apôtres, en citant précisément leurs paroles comme preuves à l’appui.

« Mon Seigneur et mon Dieu »

L’Apôtre Thomas n’était pas avec les autres Apôtres ce dimanche soir où notre Seigneur apparût pour la première fois dans la chambre haute. Pour beaucoup, depuis lors, ce fut probablement une heureuse circonstance que Thomas fût absent, qu’il fût de cette disposition à douter qui le conduisit à reprendre les autres, sous prétexte qu’ils avaient cru en la résurrection du Seigneur en s’appuyant sur une preuve lui paraissant trop légère. Lorsqu’ils lui relatèrent en détail ce qui s’était passé, il déclara : « Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai pas ». Une semaine entière s’écoula, et il n’y eut pas d’autre manifestation de notre Seigneur, pour autant que le récit nous l’apprend, jusqu’au premier jour suivant de la semaine, probablement au soir, au commencement du huitième jour après la résurrection de notre Seigneur. A cette occasion tous les onze Apôtres étaient présents. Les circonstances étaient très similaires à celles de la semaine précédente. Il est possible que durant toute la semaine ils s’attendissent à voir notre Seigneur et qu’ils fussent déçus d’attendre vainement ; lorsqu’ils se retrouvèrent tous ensemble, une semaine plus tard, ils espéraient sans doute que ce serait une occasion favorable pour Lui de se révéler. Par la suite, le premier jour de la semaine fut, pour les disciples du Seigneur, une occasion de tenir des réunions spéciales en souvenir des manifestations du Maître les premier et huitième jours. Ainsi, aussitôt que la Loi juive, qui avait pourvu à un Sabbat le septième jour, fut reconnue comme finissant avec la dispensation juive, l’Eglise de l’Evangile, sous la direction du Saint Esprit et libérée de la Loi, désira néanmoins avoir un jour spécial dans la semaine pour se reposer et se rafraîchir spirituellement ; et le choix se porta d’une manière de plus en plus marquée sur le premier jour. Nous devons rappeler, cependant, qu’il n’est pas stipulé que le premier jour ou un autre jour de la semaine doit être observé comme Sabbat. En tant que Chrétiens, nous sommes heureux de posséder l’esprit de Sabbat, l’esprit de consécration à l’Eternel chaque jour ; nous sommes contents que le premier jour de la semaine soit si généralement observé par la Chrétienté nominale et qu’ainsi ceux qui forment l’Israël spirituel de l’Eternel aient l’occasion la plus favorable de communier avec le Seigneur et les uns avec les autres le jour qui représente si magnifiquement leurs espérances, qui rappelle le jour de la résurrection et qui marqua le commencement de la nouvelle espérance, de la nouvelle joie et d’une nouvelle dispensation sous la Providence divine.

Quand notre Seigneur apparut cette nouvelle fois, Il s’adressa en particulier à Thomas, lui montrant qu’Il avait connaissance de ce que Ses disciples avaient discuté lorsqu’ils ne Le voyaient pas. Employant les mêmes paroles que Thomas, Il lui dit : « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois ! » Le fait que Thomas ne se laissa pas facilement convaincre nous donne à tous d’autant plus de certitude que ces manifestations furent incontestablement authentiques et concluantes pour ces honorables hommes qui en portèrent ensuite le témoignage au prix de leur réputation, de leur influence, de leur vie, bref de leur tout. Le récit ne nous dit pas si Thomas mit ou non son doigt dans la marque des clous et sa main dans le côté de notre Seigneur. Cela n’a pas d’importance, car de toute façon son esprit fut convaincu.

La réponse de Thomas est le Texte d’or de cette étude : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il reconnut que cette manifestation s’était faite indubitablement par la puissance divine ; il vit donc que Celui en présence duquel il se tenait n’était pas seulement Son Seigneur et Maître Jésus, dont il était devenu le disciple, mais aussi son Dieu, un puissant, un Etre supérieur à tous les humains, digne d’être appelé du nom de Dieu, qui signifie « puissant ». Cela ne veut pas dire cependant que, pour Thomas, notre Seigneur Jésus était le Père Céleste. Nous devons rappeler que le mot Dieu s’applique non seulement au Père et au Fils, mais aussi aux saints anges et, en une occasion, à des hommes, aux soixante-dix anciens d’Israël, que Moïse désigna dans le désert.

Néanmoins, nous nous plaisons à rappeler le témoignage de la Parole disant que tous les hommes devraient honorer le Fils, comme ils honorent le Père. Le mot Dieu signifie aussi qu’en ce qui concerne la personnalité deux Etres sont distincts, mais qu’en ce qui concerne les intentions et les desseins ils sont un, comme notre Seigneur l’a déclaré. C’est ainsi que notre Seigneur attesta que tous Ses disciples doivent devenir un, tout comme Lui et le Père sont un — un en dessein, en intention, en volonté, en esprit. C’est ainsi que nous aussi nous reconnaissons le Seigneur Jésus comme notre Dieu, comme un puissant qui est en accord et un avec le Père.

W. T. 4181 — 1908