« N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. » – 1 Jean 2 : 15.
Dans la phrase, « N’aimez pas le monde », nous ne devons pas comprendre que le terme « monde » signifie soit la race humaine soit la planète sur laquelle nous vivons. La pensée semble être plus particulièrement l’ordre actuel des choses, car le mot Grec traduit ici par « monde » est « kosmos », qui signifie arrangement. Nous devons apprécier les beautés de la nature. Nous devons aimer la famille humaine, que Dieu aime aussi, mais pas dans le sens où Il aime l’église de Christ. Nous lisons : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » – Jean 3 : 16.
Saint Jean ne peut donc pas être compris comme se référant aux humains, quand il dit : « N’aimez pas le monde ». Nous devrions avoir pour eux une sympathie semblable à celle que le Père Céleste a pour la race déchue. Les Écritures nous informent que l’ordre ou l’arrangement actuel des choses sur la terre n’est absolument pas en harmonie avec la volonté ou le dessein de Dieu ; car le monde est gouverné par l’égoïsme. L’arrangement divin veut que l’amour soit la règle parmi les créatures de Dieu. « Dieu est Amour… Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu ». – 1 Jean 4 : 8, 16.
Le monde fonctionne selon des principes différents de ceux de l’amour. Chacun s’efforce égoïstement d’amasser des trésors pour lui-même, même si entre-temps son voisin se retrouve dans la misère. Beaucoup vivent dans le luxe, tout en se rendant compte que d’autres manquent du nécessaire pour vivre. Beaucoup recherchent le pouvoir pour contrôler les hommes, non pas en pensant à les élever, mais en vue de les employer à des fins et pour des motifs égoïstes. Cet esprit d’égoïsme appartient à l’ordre actuel des choses. Nous le voyons à l’œuvre partout.
L’esprit du monde s’empare de toutes les forces de la nature et cherche à les contrôler, à les adapter à ses propres intérêts égoïstes. Il est vrai que beaucoup de bien a résulté indirectement de cet esprit d’égoïsme. Par exemple, un homme doté d’une grande dose d’esprit de vaine gloire peut, à des fins égoïstes, être profitable aux autres. Un général peut être si fier de son service que, pour s’attirer des louanges, il prenne soin de ses soldats et les fasse bien habiller. Certains de nos grands capitaines d’industrie ont rendu de bons services au monde et, accessoirement, en ont béni beaucoup, tout en réalisant leurs propres desseins.
L’ÉGOÏSME, L’ESPRİT DU MONDE
Si toutes les grandes entreprises du monde s’étaient engagées en vue d’améliorer le sort de l’humanité, leur esprit ne serait pas égoïste. Nous savons, en effet, que beaucoup est fait pour aider ceux qui sont dans le besoin, et que lorsqu’il y a un motif de ce genre, il est souvent mal interprété et mal jugé comme étant égoïste. Mais « le Seigneur regarde le cœur » (1 Samuel 16 : 7). Ceux qui ont un cœur égoïste, des intentions égoïstes, continueront à aimer les choses du monde. Dans la mesure où l’on peut montrer qu’un nouvel ordre de choses se prépare, dans cette même mesure, les esprits égoïstes ne seront pas en sympathie avec le changement de dispensation.
Si un homme dirige une grande entreprise pour le profit de ceux qui auront l’occasion de partager de telles bénédictions, cet homme se réjouira de l’arrivée d’un temps meilleur. Un homme qui se réjouirait vraiment d’un meilleur arrangement des affaires n’aurait pas l’esprit prédominant de l’ordre actuel des choses. Il aurait l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’amour, l’esprit qui dominera le nouvel ordre des choses, qui aura le contrôle pendant les mille ans du règne de Christ.
Beaucoup sont dans une attitude d’esprit qui pense ainsi : « Mon employeur est riche. Chaque fois que j’aurai l’occasion de me servir de son argent, je le ferai et j’en prendrai le plus possible. » De telles personnes aiment l’ordre actuel des choses, qu’elles soient riches ou pauvres. Un grand nombre de pauvres aiment les choses de ce monde et espèrent avoir leur part un jour ou l’autre.
Il y a des gens qui disent : « Oh, je n’aime pas le monde et son esprit égoïste ! Du haut de ma tête jusqu’à la plante de mes pieds, je m’y oppose. Parfois, je dis à mon mari : ʺCe monde est très égoïste, Jeanʺ. Il me répond alors : ʺOui, Marie, il l’est. Partout, les gens recherchent tout ce qui peut les satisfaire ainsi que leurs désirs égoïstes. Mais tout en condamnant l’attitude du monde, vous vous délectez pourtant des bonnes choses de la vie fournies par mon travail – une automobile, une agréable maison, etc.ʺ Et je dois reconnaître qu’il a raison. Je crains de ne pouvoir être heureuse sans elles ». Une telle personne aime certainement les choses du monde, même si elle en fait bon usage.
Il semble que ce soit une accusation grave de dire qu’une personne ayant cette attitude d’esprit aimant le monde et les choses qui lui appartiennent, n’a pas l’amour du Père en elle. Nous ne comprenons pas, cependant, que celle-ci n’a pas d’amour pour le Père ou que le Père n’a pas d’amour pour elle. L’Apôtre semble adresser ce message à l’église. Ceux qui ont été adoptés dans la famille de Dieu doivent continuer à L’aimer, sinon ils ne seront pas comptés comme membres de cette classe.
Quelle est donc la signification de cette expression : « L’amour du Père n’est pas en lui » ? Pour nous, cela signifierait que l’amour du Père n’a pas pris le contrôle total de son cœur, et cela signifierait qu’en fin de compte – à moins de remporter une victoire sur sa disposition égoïste – il ne serait pas accepté comme un fils.
Cet esprit d’égoïsme est partout autour de nous. Chaque enfant de Dieu devrait se garder de celui-ci et de la tendance à participer aux choses de ce monde. Nous devons nous efforcer d’être dans cette condition qui est agréable au Père. Nous devons essayer de nous débarrasser de l’esprit du monde et d’être remplis de l’Esprit du Père. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas apprécier les belles choses, ou ne pas aimer voir les autres chercher à profiter du monde ; mais que nous ne devrions pas nous satisfaire d’aucune de ces choses, en ce qui nous concerne.
DEUX TYPES DE MOTİVATIONS
Quels que soient les talents que nous possédons, nous devrions les utiliser pour le bien de l’humanité, dans toute sorte d’œuvre qui serait à la gloire de Dieu. Même une bonne œuvre pourrait être motivée par l’esprit du monde plutôt que l’Esprit de Dieu ; c’est-à-dire qu’elle pourrait être faite pour ce que nous pourrions obtenir des autres sous forme d’argent, d’honneur ou d’influence ; ou, au contraire, elle pourrait être faite pour le bien que nous désirons faire aux autres.
Le plus élevé de tous les services est le ministère de la Parole de Dieu. Même ce noble service peut être poursuivi pour l’une ou l’autre de ces deux motivations : l’amour du Père ou l’amour de soi. Apparemment, certains s’engagent dans le ministère uniquement pour les pains et les poissons [le gagne-pain – NDLR], pour la position honorable que cela leur donne dans le monde, ou parce qu’ils ne connaissent rien d’autre qui puisse mieux les servir.
Il y a aussi, sans doute, ceux qui sont entrés dans le ministère, non pour des raisons égoïstes, mais parce qu’ils désirent servir Dieu, servir la Vérité, servir son peuple. Le Seigneur seul sait ce qui a poussé quelqu’un à entrer dans le ministère. Mais depuis que nous vivons dans le jour qui éprouve l’œuvre de chacun, Dieu manifeste de quelle sorte est celle-ci, Il montre ce qui motive l’action.
Ceux qui ne servent que selon l’esprit du monde seront chagrinés par tout ce qui est fait pour la vérité ; et dès lors que leurs intérêts terrestres en pâtissent, ils seront en colère. En revanche, ceux qui sont animés du bon esprit se réjouiront de tout ce qui sera salutaire pour l’humanité, de tout ce qui est à la gloire de Dieu, de tout ce qui rendra la Bible plus facile à comprendre.
En fait, nous pouvons supposer que la véritable épreuve, en ce qui concerne l’église, consiste à démontrer si nous aimons le monde – les choses du temps présent – ou si nous aimons Dieu au plus haut point. Avec le temps, il sera même impossible d’harmoniser l’esprit d’amour et l’esprit d’égoïsme. Ceux qui aiment Dieu seront totalement en désaccord avec l’esprit du présent monde mauvais.
« N’aimez pas le monde !
Celui dans le cœur duquel l’amour
De la vanité a trouvé une place, rejette
Le monde éternel d’en haut.
« N’aimez pas le monde !
Aussi beau qu’il paraisse ;
Celui qui aime ce monde vain — l’amour de Dieu
Ne demeure pas en lui. »
WT1912 p5138