NOUS SOMMES DES SERVITEURS INUTILES

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– Luc 17 : 1-10 –

« Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. » – 1 Corinthiens 1 : 31.

Notre leçon d’aujourd’hui se compose de quatre parties, chacune étant apparemment distincte et séparée l’une de l’autre. Même le lien entre ces paroles n’est pas évident. Néanmoins, elles manifestent la sagesse d’en-haut. Nous allons les prendre en compte dans l’ordre qui les caractérise.

« Il est impossible qu’il n’arrive pas des scandales. » (Luc 17 : 1). Le mot scandale signifie plus particulièrement le fait de trébucher, ou plus littéralement, être pris au piège. Les disciples consacrés de Jésus sont appelés des petits, parce qu’ils sont des Nouvelles Créatures qui viennent à peine de s’engager dans ce nouveau chemin de pleine consécration à la volonté de Dieu. Paul les définit comme étant « des enfants en Christ » (1 Corinthiens 3 : 1). Jean écrit : « Petits enfants ». Cette condition infantile, toutefois, ne doit pas durer. Il faut qu’il y ait une croissance en grâce, en connaissance et en amour. Il faut atteindre la force de caractère, afin d’être non seulement sage, fort et d’un caractère difficile à piéger, mais aussi pour être en mesure d’aider les autres qui sont moins développés.

Ainsi, dans l’Église, les plus développés sont appelés anciens – littéralement, des frères anciens. Ceux-là représentent plus spécifiquement le Seigneur parmi les frères ; et de temps en temps, du réconfort céleste, des conseils, des remontrances, etc. peuvent être adressés par les anciens aux plus jeunes. Les dangers d’être pris au piège existent parce que Satan est le prince de cet âge, et parce qu’il a la majorité de l’humanité plus ou moins sous son influence – aveuglée par l’erreur, la superstition, le péché, etc. « Pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence » (2 Corinthiens 4 : 4). Le fait que Jésus ne se référait pas littéralement aux enfants est clair sur la base des paroles : « un de ces petits qui croient en moi » – Matthieu 18 : 6.

Nous ne pouvons pas supposer que Jésus condamnerait injustement ou punirait quiconque pour avoir offensé ses disciples, ses petits par ignorance ou de manière involontaire. Nous devons supposer qu’Il voulait avertir ceux qui essaient délibérément de tromper et de piéger, de décourager ses disciples, ses petits. Nous avons tous entendu parler d’exemples de rumeurs d’intrigues habiles et délibérées à l’encontre des disciples du Seigneur ; qu’elle qu’en soit la mesure ceci manifeste la présence de l’esprit de Satan.

Quelquefois, le véritable peuple de Dieu s’est ainsi trouvé piégé au service de Satan, comme le donnent à entendre les paroles : « Vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez » (Romains 6 : 16). Saul de Tarse a été ainsi piégé et a été au service de l’adversaire pour un temps ; et il explique que Dieu a eu pitié de lui parce qu’il avait agi par ignorance. S’il avait agi en pleine intelligence, nous pouvons supposer que Dieu n’aurait pas eu pitié de lui au point de le sauver à l’aide d’un miracle. Il aurait alors probablement persévéré dans sa mauvaise voie délibérément, et il aurait mieux valu alors pour lui qu’on attachât une meule de moulin à son cou et qu’on le jetât à la mer.

La personne ainsi jetée à la mer ne perdrait que sa vie présente, et non la vie future qu’elle doit obtenir durant le Millénium, après avoir été réveillée du sommeil de la mort. Elle aurait alors une pleine opportunité d’être éclairée par l’obéissance et d’être sauvée du péché et de la mort. Mais ceux qui persécutent en pleine intelligence les disciples de Jésus et cherchent à les écarter de la voie de la justice pervertissent leur propre conscience et se dégradent ainsi eux-mêmes au point qu’il sera plus difficile pour eux d’entrer en accord avec les conditions de la Nouvelle Dispensation, après la tombe. En un mot, quiconque pèche contre la lumière et la connaissance met en danger ses propres opportunités de vie éternelle.

Un esprit de pardon est nécessaire

Les versets 3 et 4 font apparemment partie du même discours enregistré en Matthieu 18 : 15-22. La leçon est adressée aux disciples de Jésus, et non au monde. Cela concerne principalement leurs obligations à l’égard des frères de la maison de la foi, mais cela a secondairement une signification plus large. Quelquefois on peut appliquer cette signification plus large ; mais l’injonction de Matthieu 18, disant que le conseil des frères doit être pris en compte, et que finalement, en cas de nécessité, le problème doit être présenté devant l’Église, nous prouve que cela ne s’applique en réalité à personne d’autre qu’à l’Église.

La leçon ici, c’est la miséricorde – une miséricorde sans limite. Le point fondamental est que tout le monde a besoin de miséricorde, la miséricorde divine, parce que tous sont imparfaits. Et, afin de nous aider à cultiver cette grâce, le Seigneur a fait de telle sorte que ses bénédictions à notre égard, sa faveur, dépendent de notre désir de mettre en pratique cette qualité divine. « Vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants » – Luc 6 : 35.

Il semble étonnant que nos pères ainsi que nous-mêmes avons été trompés par les fausses doctrines que Paul définit comme étant des « doctrines de démons » (1 Timothée 4 : 1). Autrefois, nous pensions que le Père céleste était absolument impitoyable – qu’Il était rempli de haine pour sa créature humaine, parce qu’elle péchait – au lieu de pardonner ses péchés. Nous insistions sur le fait que le salaire ou la punition du péché doit être le tourment, pour l’éternité. Combien nous comprenions peu le véritable caractère du Dieu de toute grâce, le Père des miséricordes !

Certains d’entre nous, peut-être, s’efforçaient de justifier notre erreur en supposant que Dieu Lui-même était bonté, douceur et amour, mais qu’Il avait derrière Lui une loi inexorable exigeant la torture de ses créatures – une loi à laquelle Il ne pouvait échapper, et qui L’obligeait à faire des choses que sa propre Loi condamnait au sein des hommes.

D’autres d’entre nous se sont leurrés d’illusions en pensant que l’humanité entière pouvait profiter, à un moment quelconque entre la naissance et la mort, d’une pleine opportunité de passer du péché à la droiture et de devenir saints. Ce n’est que récemment que les Étudiants de la Bible ont pris conscience de l’absurdité de cet avis. Maintenant, nous nous rendons compte que, depuis quatre mille ans, il n’y avait que la seule petite nation juive qui connaissait Dieu, et qui avait une promesse de vie éternelle, et des instructions concernant le péché et sa punition. Et même les Juifs, à qui la Loi avait été donnée, ont été aveuglés par Satan selon les déclarations de Jésus et des Apôtres. Jésus, en s’adressant à ses Apôtres, a dit : « Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent ! » (Matthieu 13 : 16). La nation juive n’a ni vu ni entendu. La même chose est vraie des neuf dixièmes de la population chrétienne, sans même parler de la population païenne.

Sans le moindre appui des Écritures, mais en contradiction avec elles, beaucoup d’entre nous ont soutenu la terrible théorie disant que tous ceux qui n’entendent pas parler de Christ dans la vie présente, ainsi que tous ceux qui ne deviennent pas de saints disciples en suivant ses traces, seront éternellement torturés entre les mains des démons. Nous voyons maintenant que la Bible enseigne que seule une classe, relativement peu nombreuse, a l’opportunité de marcher sur les traces de Jésus, une classe qui a maintenant des oreilles pour entendre et des yeux pour voir, et qui entre en relation d’alliance avec Dieu par Christ. Pour celle-ci, la vie présente met fin à toute opportunité d’atteindre la vie éternelle (sur terre – NDLR). Pour le reste de l’humanité, Dieu a en vue une vie future par une résurrection et un jugement.

La résurrection n’est pas réservée uniquement à la classe de l’Église – la première ou principale résurrection – mais elle concerne « les justes et les injustes » (Actes 24 : 15). La classe de l’Église atteindra la gloire, l’honneur et l’immortalité. Les injustes sortiront de la tombe pour le jugement, la discipline, la récompense et la punition. C’est dans le but de leur appliquer ces jugements et de leur donner ces opportunités pour obtenir la vie éternelle que le Royaume du Messie sera inauguré. Et c’est pour qu’Il puisse établir des juges convenables pour assister le peuple et pour récompenser et punir avec justice qu’Il appelle maintenant l’Église dans la chair. « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » – 1 Corinthiens 6 : 2.

La puissance de la foi – la puissance de la crédulité

Beaucoup de choses sont considérées comme étant le fruit de la foi alors que ce n’est que de la crédulité. Si quelqu’un nous jurait que la lune est faite de fromage vert, ce n’est que par crédulité que nous pourrions le croire – pas par la foi. Nous devrions nous demander : « Qui est cette personne qui me dit ces choses, et que sait-elle de plus à ce sujet-là que moi ? » La foi selon la Bible est celle qui concerne les choses que Dieu a promises. Nous sommes encouragés à être remplis d’une telle foi en Dieu – en ne doutant de rien – en ne mettant pas en doute le fait qu’Il est capable d’accomplir toutes ses bonnes promesses.

Nos pères avaient trop de confiance dans les hommes. Ce qu’ils pensaient être de la foi n’était rien d’autre que de la crédulité. Ils avalaient les credo des âges des ténèbres ; et plus l’idée en question était absurde, plus il leur semblait avoir de foi. Au contraire, ils auraient dû dire : « Quelle est la preuve ? Où Dieu a-t-Il déclaré de telles choses ? » Ceux qui défendaient les credo criaient avec incrédulité à l’encontre de la foi sobre, en l’accusant d’hérésie, et ils ont souvent fait brûler les vrais fidèles sur les bûchers. La leçon est que nous devrions accepter par la foi uniquement les choses que le Seigneur nous a affirmées dans sa Parole ; et cela signifie que nous devrions être particulièrement attentifs au fait d’avoir la Parole de Dieu pure, en vérifiant consciencieusement qu’il n’y ait pas d’erreur de traduction ou d’interprétation.

Dans notre leçon, les disciples de Jésus étaient de toute évidence impressionnés par la grandeur de ses enseignements, et par les difficultés qui doivent tapisser le chemin de l’accomplissement de toutes les merveilleuses choses écrites dans la Loi et les Prophètes, annoncées par Jésus – concernant son Royaume Messianique, etc. Par conséquent, ils ont demandé au Seigneur d’augmenter leur foi. Jésus a répondu par des paroles qui sont très mal comprises de nos jours. Il a dit : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce sycomore : Déracine-toi, et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait. » (Luc 17 : 6). A deux autres occasions, Jésus a fait des remarques similaires concernant les montagnes, en disant qu’une parole de foi aurait été suffisante pour les déplacer même au beau milieu de la mer.

Que voulait-Il dire ?

De toute évidence, le Maître ne voulait pas encourager les Juifs à essayer de commander aux montagnes de se transporter dans la mer ; mais plutôt, Il voulait qu’ils se rendent compte que s’ils avaient eu une foi convenable en la puissance de Dieu, et que Dieu leur commande de déplacer une montagne au beau milieu de la mer, s’ils donnaient ainsi l’ordre avec foi, alors cette demande serait exaucée. Mais Dieu n’a pas fait une telle demande concernant les montagnes ou les arbres. Il n’y a donc pas de base permettant à la foi d’agir dans de tels cas.

Un frère a eu la bonne réaction. Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il ferait si Dieu lui demandait de sauter à travers un mur de pierre, il a répondu : « Je le ferai ». En un mot, nous devons avoir une confiance absolue dans la Parole de Dieu, et pas seulement pour démontrer que nous avons entendu et compris son message. Ainsi, nous pouvons aller de l’avant avec cette foi qui déplace les montagnes pour accomplir ce qu’Il nous demande. Mais Dieu n’ordonne pas des changements absurdes ou inutiles. Il laisse à l’ingéniosité humaine le soin de déraciner les arbres et de creuser des tunnels au travers des montagnes. Il ne donne jamais de tels ordres. Et si un être humain nous disait une telle chose, nous serions bien crédules de le croire. Dieu n’agit pas ainsi.

Pas à l’avantage de notre Maître

Certains parmi les disciples de Christ, naturellement progressistes, sont quelquefois trop agressifs, auto-suffisants. Le fait de devenir ses disciples ne change pas ces traits de caractère instantanément. Les choses anciennes passent graduellement, et les nouvelles prennent leur place. Cette étude enseigne une leçon dont tous les disciples doivent se souvenir, mais surtout la classe mentionnée ici. Ils doivent se souvenir que l’œuvre de la grâce de Dieu, dont ils sont sujets, représente sa faveur à leur égard ; et que leur obéissance à ses commandements a principalement pour but leur correction et leur développement, ainsi qu’une vie future de bénédictions. Ils devraient se souvenir que même leur service pour le Seigneur est un privilège – que Dieu n’a aucun avantage en conséquence de leur service.

Nous sommes tous des serviteurs inutiles dans le sens que Dieu pourrait très bien faire le travail sans nous. En fait, ce serait même plus facile pour Lui de faire son œuvre sans nous. Il pourrait employer comme messagers, les anges, ou même les différentes providences de la vie. Personne d’entre nous n’est indispensable à son œuvre et à sa gloire. Bien au contraire, l’opportunité d’entrer dans la vigne du Seigneur et d’y travailler est principalement à notre propre avantage. Le service nous apporte certaines joies que nous ne pourrions obtenir autrement. Il nous apporte certaines expériences nécessaires à notre propre développement et à notre qualification en vue des missions plus importantes au-delà du voile.

Comme le déclare l’Apôtre, « C’est par grâce [faveur divine] que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. » Dans une certaine mesure, la foi concerne notre propre développement. Toutefois, l’Apôtre se hâte d’ajouter que la foi ne vient pas de nous-mêmes, mais c’est le don de Dieu. Nous ne pouvons donc même pas nous glorifier de notre foi. Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de notre Seigneur ? La foi élémentaire était basée sur une certaine connaissance que la providence de Dieu nous a apportée, et certains d’entre nous avons peut-être reçu cette connaissance grâce à une lignée familiale favorable.

WT1914 p5445