OUVRIERS AVEC DIEU

Nous sommes ouvriers avec Dieu.” — 1 Cor. 3: 9.

Une oeuvre de Dieu s’accomplit au cours de l’âge de l’évangile: cette oeuvre a été préparée et est continuée par Dieu dans un but déterminé qui est la sélection de la postérité spirituelle d’Abraham. Le peuple d’Israël, qui est la descendance légitime d’Abraham, reçut le premier la faveur de faire partie de cette postérité. Le choix d’un groupe d’élus au sein d’Israël a déjà été accompli. Cette partie de l’oeuvre étant achevée, Dieu mit de côté la nation juive et poursuivit l’oeuvre de sélection des élus parmi les autres nations pendant dix-huit siècles.

Israël n’a pas obtenu ce qu’il cherchait, par contre la troupe élue a obtenu ce qu’elle désirait: quant au reste de l’humanité il est aveuglé. Cet aveuglement persistera jusqu’au jour où les derniers membres de la classe élue auront été choisis et alors la faveur de Dieu retournera à Israël selon la chair, c’est à dire au peuple juif; ainsi tout Israël sera sauvé selon qu’il est écrit: “Le Libéra­teur viendra de Sion et il détournera les impiétés de Jacob et ce sera mon alliance avec eux lorsque j’ôterai leurs péchés. Ainsi l’élection de la postérité d’Abraham au sein d’Israël a échoué à l’exception d’un petit nombre d’élus; et cependant ils sont toujours aimés à cause de leurs pères.

Le but unique de l’âge de l’évangile a été la sélection de la postérité spirituelle d’Abraham, par laquelle toutes les familles de la terre seront bénies, c’est à dire appartien­dront à la postérité terrestre d’Abraham. La postérité spiri­tuelle doit être complètement élue avant que la promesse — « toutes les familles de la terre seront bénies » —, puisse s’accomplir. « Si vous apparteniez à Christ, vous êtes alors la postérité d’Abraham et les héritiers selon la promesse. »

Il y a eu une oeuvre unique du commencement à la fin; ainsi nous lisons : « Autre est celui qui sème et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé: d’autres ont travaillé et vous êtes entrés dans leur travail » (Jean 4 : 35-38). Soit au commencement soit maintenant, à la fin de l’âge actuel — qui est le temps de la moisson — une seule oeuvre, un seul but ont été poursuivis: la réunion du troupeau des élus.

OEUVRES PHILANTHROPIQUES

Si l’on nous demande pourquoi nous ne participons à aucune oeuvre philanthropique, fondation d’hôpitaux, assistance aux pauvres, visites dans les quartiers misé­rables, etc., nous répondons : Nous y participons. Il y a des agents dans tout le pays qui s’occupent de ces oeu­vres. Dans chaque région il y a des maisons d’assistance publique. Les hôpitaux prennent soin des malades et des aveugles. Les fonds affectés à ces oeuvres sont fournis par l’état; c’est donc l’argent de tous les citoyens qui est employé.

Si quelqu’un contribue à d’autres oeuvres en assistant les pauvres, il en a le privilège et le droit.

Nous croyons que c’est notre devoir à tous de nous occu­per d’oeuvres humanitaires, aussi les lois des Etats-Unis sont-elles humanitaires; l’état de New-York est supérieu­rement organisé sous ce rapport-là; si nous étions dans l’état de Pensylvanie nous pourrions en dire autant et de même dans chacun des états de ce pays qui nous sont connus.

Si nous ne nous occupons pas plus de ces diverses oeuvres philanthropiques, c’est que nous estimons qu’elles sont bien administrées par les autorités supérieures en harmonie avec le gouvernement et la volonté du peuple: tout individu qui pense différemment, exprime une opi­nion qui n’est pas celle de la majorité. Nous nous ral­lions au point de vue de la majorité en ce qui concerne la solution à apporter à ces questions-là. Maintenant pourquoi ne participons-nous pas plus spécialement au travail de relèvement dans les quartiers misérables? Parce que nous comprenons qu’il ne nous appartient pas de le faire. Nous ne pouvons faire mieux dans cette voie que la majorité des citoyens. Nous mêler de ces choses-là, montrerait que nous n’avons aucune confiance dans les lois.

Nous n’avons aucun droit d’empiéter sur le domaine de la loi, par notre activité sur ce terrain-là.

Pourquoi n’organisons-nous pas des réunions de « réveil religieux? » Parce que ceux qui dirigent ces réunions font une chose que les Ecritures ne nous ont jamais enseigné de faire. Rien dans la Bible ne dit que nous devons aller chercher et amener des auditeurs pour leur faire entendre un prédicateur. Laissons à chacun le soin de faire ce que bon lui semble. Si quelqu’un pense différemment et s’il peut faire quelque bien, c’est parfait; par contre s’il fait plus de mal que de bien, il en est aussi responsable. Pour nous, la Bible a tracé la voie que nous devons suivre, et de cela nous sommes respon­sables; or la Bible ne parle pas de réunions de réveil religieux; ceux qui désirent se livrer à ce genre d’occu­pation ont le privilège de pouvoir le faire; nous sommes dans un pays libre; mais nous ne voyons pas que Jésus ait fait rien de semblable. A tous ceux qui pensent autre­ment, nous laissons pleine liberté d’agir selon leur volonté et nous n’y trouvons rien à redire.

Pourquoi nous demande-t-on, ne faites-vous pas de collectes pour les sociétés missionnaires? Nous répon­dons : Vous avez le droit de contribuer à l’entretien de votre société missionnaire; quant à nous, nous n’avons rien de commun avec cette société, elle est à vous. Vous serez responsable auprès du Seigneur pour ce que vous faites, vous avez le droit absolu et même le privilège de faire tout ce que bon vous semblera et nous de même, de ce que nous essayons de faire pour les païens, c’est leur apprendre que Dieu est amour.

Nous essayons de leur apprendre que la théorie des tourments éternels n’est pas la vérité, que la connais­sance réelle des enseignements de la Bible leur montre­rait que Dieu est un Dieu d’amour; alors ils l’aimeraient et cette connaissance leur serait d’un grand réconfort.

Vous avez le droit de créer des fonds missionnaires, nous ne mettrons pas un brin de paille en travers de votre che­min; bientôt vous apprendrez si le Seigneur dira : « C’est bien, » en désignant votre travail ou le nôtre.

Si notre activité n’a rien de commun avec le socia­lisme, c’est que ce dernier est irréalisable. Nous sommes heureux que le socialisme ait fait autant pour le monde. Nous sommes heureux d’avoir réalisé du socialisme dans une certaine mesure, par la centralisation des tramways, des services du gaz, des réseaux d’eau d’alimentation, etc.; car, par exemple, si chaque famille devait produire

94 Décembre 1913

son propre gaz et faire une installation complète pour le filtrage de l’eau, etc.., ce seraient des dépenses considé­rables; si chacun voulait avoir ses propres lignes d’omni­bus, les rues seraient par trop encombrées. Par contre quand le socialisme vient nous dire qu’il est le sauveur du monde, nous contestons formellement cette prétention; nous affirmons au contraire que le socialisme va bientôt plonger le monde dans l’anarchie; non pas que les socialistes le désirent, mais ils manquent de clairvoyance ou de sagesse.

Nous serions volontiers portés à aider au développement de quelques-unes des tendances socialistes; mais nous voyons dans la Bible que Dieu obtiendra les mêmes résultats d’une meilleure manière. Néanmoins la Bible nous déclare qu’une période de grands boulever­sements arrivera avant que les bénédictions soient mani­festées. Premièrement Dieu choisit et réunit un troupeau de saints qu’il soumet à l’épreuve pour que plus tard il puisse leur confier le gouvernement des temps futurs. Ils formeront la théocratie de Dieu.

Nous avons l’entière conviction que la Bible est exacte, qu’elle est la vérité et que rien ne saurait attein­dre le but désiré, sinon l’établissement du royaume de Dieu. Nous sommes ouvriers avec Dieu; il travaille avec nous et nous travaillons avec lui. Quel est le travail? L’oeuvre actuelle de Dieu est le choix des saints et des véritables; il les conduit et les prépare pour le royaume spirituel qui va venir. Nous travaillons donc dans une certaine mesure pour le socialisme; mais nous travaillons d’une manière différente. Les socialistes travaillent selon les lumières qu’ils possèdent et nous selon les nôtres.

QUELQUES CONTRADICTIONS MANIFESTES

Les diverses dénominations religieuses sont composées de chrétiens, de gens désirant le bien, animés de bonnes intentions et possédant quelques convictions bien arrê­tées relativement à Dieu et à sa volonté. Or il n’y a pas deux de ces sectes qui soient d’accord entre elles. Nom­bre de leurs croyances sont absolument contradictoires. Il y a plus de six cents dénominations religieuses diffé­rentes. Il serait absurde, de notre part, de croire comme les baptistes, que tout individu qui n’a pas été complète­ment immergé dans l’eau sera voué aux tourments éternels; nous ne pouvons croire à quelque chose d’aussi puéril. De même nous ne pouvons accepter la doctrine de certains de nos amis presbytériens; ils sont certainement sincères; ils s’en tiennent à la doctrine de Jean Calvin.

Si Jean Calvin avait possédé la vérité, il n’aurait jamais envoyé sur le bûcher son frère chrétien Michel Servet. Ce seul fait nous démontre qu’il n’était pas qua­lifié pour enseigner la théologie quelque grandes que fussent ses facultés intellectuelles et spirituelles. Si nous examinons sa théologie nous y voyons que Dieu aurait arrêté par avance que seule une petite minorité d’humains serait sauvée, non par les bonnes oeuvres accomplies, mais parce que telle serait sa volonté souveraine; Dieu, d’autre part, aurait condamné par avance tous les non-élus aux tourments éternels. Si nous ajoutions foi à cette doctrine, Dieu serait pour nous le démon le plus authen­tique qui eût jamais existé; en effet il aurait créé des millions d’êtres humains sachant qu’il les destinait à des tourments éternels! Ceci serait vraiment la conception la plus diabolique qui ait vu le jour. Nous ne pouvons pas croire à une pareille théorie. Si nous y ajoutions foi, nous ne pourrions pas adorer Dieu.

Les méthodistes avec leur théorie de la grâce libre ne nous offrent pas beaucoup de perspectives. Comment la grâce peut-elle être libre? Il y en a un sur dix mille qui pourrait l’obtenir; nous sommes vraiment navrés pour les méthodistes s’ils estiment que ce point de vue soit rationnel. Nous ne saurions être méthodiste ou presby­térien pour un million de dollars par an. Cependant nous aimons nos amis presbytériens, méthodistes et catholi­ques, mais nous ne pouvons croire à de telles doctrines, nous y trouvons de telles erreurs qu’aucune d’elle n’est en harmonie avec la Bible.

Nous préférons nous appuyer sur Jésus et les apôtres et tous ceux qui sont en parfait accord avec eux; nous préférons nous en tenir à ce que la Bible appelle l’Eglise des premiers-nés et à tous les enseignements de la Bible; si nous nous en tenons à ce point de vue, nous voyons que la Bible nous révèle des choses merveilleuses : Dieu prépare une église qu’il associera avec Jésus dans son Royaume; nous voyons d’autre part que personne ne sera livré au feu éternel; au contraire chacun recevra l’inestimable faveur de pouvoir vivre éternellement.

Les élus sont la postérité spirituelle d’Abraham par laquelle, tous les non-élus seront bénis. Selon la Bible, tous les morts sont endormis, ils ne savent rien. « Leurs fils arrivent aux honneurs et ils ne le savent pas »; car «  il n’y a ni sagesse, ni connaissance, ni pensée dans le sépulcre où tu vas ». Nous voyons que Jésus descendit dans le sépulcre; nous savons qu’il a ainsi payé la rançon destinée à racheter Adam et sa famille; c’est pourquoi tous ceux qui sont dans la tombe entendront la voix du Fils de l’homme et se lèveront.

Nous voyons que pendant les mille ans du royaume messianique, Christ et son Eglise régneront, non pour opprimer le monde mais pour le délivrer, pour briser les liens du péché et de la mort.

Nous voyons que grâce à cette dispensation, tous seront amenés à la connaissance de la Vérité. A la fin de cette période de mille ans Christ aura accompli son oeuvre; tous ceux qui préféreront le péché et l’injustice et qui ne voudront pas s’harmoniser avec Dieu seront détruits; tous ceux qui auront accepté de vivre en harmo­nie avec Dieu, fléchiront les genoux. « Tout genou flé­chira devant lui et toute langue le confessera. »

Telles sont les raisons pour lesquelles nous ne pou­vons pas travailler la main dans la main avec ceux qui partagent d’autres idées et d’autres doctrines. Nous ne pouvons pas collaborer avec des sectes et accepter des croyances qui déshonorent Dieu et sont contraires à sa parole, la Bible.

LA LOI DE LA RÉTRIBUTION

Un grand nombre ne sont pas appelés maintenant; ils le seront dans les temps futurs, mais toute connaissance qu’ils possèdent maintenant leur sera utile. Certains ca­ractères ne peuvent recevoir les dons de Dieu mainte­nant. Les Ecritures nous disent qu’ils ne peuvent com­prendre un Dieu de justice et d’amour; « car aucun des méchants ne comprendra », lisons-nous dans les Ecritures. S’ils pouvaient se rendre compte de ces choses-là, s’ils pouvaient s’en faire une idée exacte, ils verraient que tout péché sera puni dans les âges futurs, proportionnellement au degré de connaissance et de volonté avec lequel il aura été commis; et ils sauraient qu’ils amassent sur leurs têtes des charbons ardents.

Tout homme récoltera ce qu’il a semé telle est la sentence que Dieu a érigée comme loi générale. Chaque parcours de chemin descendu dans la voie du péché devra être remonté en sens inverse. Si chacun savait cela, l’humanité s’en préoccuperait bien davantage. Lors­qu’un homme sait qu’il encourt un juste châtiment il en tient compte bien plus que s’il estime le châtiment injuste. Nous pensons que si chacun comprenait la loi de la rétribution du péché, ce serait le meilleur argument pour convaincre l’humanité de vivre dans la justice. Nous ajouterons à l’adresse des diverses sectes que leur doc­trine des tourments éternels ne leur a permis d’amener qu’un nombre relativement faible d’adeptes jusqu’à la sain­teté de vie de ceux qui suivent fidèlement Jésus et devien­nent des caractères à l’image du Fils bien-aimé de Dieu.