POURQUOI ME PERSÉCUTES-TU ?

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Actes 9 : 1-12, 17-20

« C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. » – 1 Timothée 1 : 15.

La transformation de Saul d’un ennemi de Christ et de son Église en un ami et serviteur zélé est généralement appelée sa conversion. Cependant, à notre avis, le terme « conversion » ne devrait guère convenir dans un tel cas. Saul de Tarse était soit un mauvais homme et un pharisien hypocrite, un amoureux de l’argent, un égoïste comme l’étaient beaucoup, soit un véritable Israélite dont le dessein et le but étaient le service de Dieu et dont les persécutions de l’Église naissante étaient motivées par sa fidélité à Dieu. Nous pensons que cette dernière description est celle qui convient à son cas. Ceci est en harmonie avec son propre témoignage à son sujet : « Je pensais réellement que je faisais le service de Dieu. » Ensuite, Saul ne fut pas seulement un membre de la nation choisie d’Israël, mais un vrai et loyal membre de cette nation, entièrement consacré à Dieu et Le servant au mieux de sa connaissance et en toutes occasions ; il fut simplement aveuglé pendant le temps où il a causé des torts à cause de ses conceptions erronées ; ainsi nous ne pouvons penser plus de son cas comme d’une conversion, que des cas des autres apôtres. Le Seigneur choisit les douze premiers apôtres parce qu’ils étaient de vrais Israélites ; et Il leur donna les instructions dont ils avaient besoin pour Le servir. C’est ce qu’Il fit aussi pour Paul, mais d’une manière plus frappante. Le verbe « convertir » signifie tourner dans la direction opposée. Mais Saul allait déjà dans la bonne direction, c’est-à-dire qu’il était de tout cœur au service de Dieu, même s’il déployait ses efforts pour une chose mauvaise, mais dans la bonne direction. L’Éternel ouvrit simplement les yeux de son entendement et lui montra de la meilleure manière possible comment ses efforts devaient être utilisés. Paul n’avait pas besoin d’être converti, mais simplement qu’on lui montre comment faire pour agir correctement. Il l’a prouvé en mettant par la suite au service de Dieu la même fidélité et la même énergie que celles qu’il avait mal utilisées, par ignorance.

Saul était un de ces Israélites qui vivaient parmi les païens, mais qui allaient occasionnellement à Jérusalem pour certaines fêtes. Il habitait dans la ville de Tarse, une des cités importantes à cette époque-là – considérée comme surpassée en érudition et dans les beaux-arts par les villes d’Alexandrie et d’Athènes seulement. Il n’avait pas seulement les avantages d’une habitation dans pareille cité, mais sa famille comptait parmi celles qui étaient influentes, comme cela est sous-entendu par le fait qu’il n’était pas seulement un citoyen de Tarse, mais aussi de Rome. En plus de l’éducation qu’il y avait eue, il avait reçu des cours spéciaux de théologie, sur la Loi Juive, à Jérusalem sous Gamaliel, l’un des plus grands professeurs de ce temps-là. En conséquence, sa formation précoce avec toutes ces facilités se prêtait pour développer en lui une largeur et un raffinement de pensée que peu de personnes ont égalés ; et ces conditions, associées à son honnêteté et à son zèle pour Dieu, même si elles ne concordaient pas au début avec la connaissance, le préparaient à devenir précisément ce que l’Éternel fit de lui par la suite, à savoir, « un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et devant les fils d’Israël. » – Actes 9 : 15.

(1) Il apparaîtrait que les circonstances en rapport avec la lapidation d’Etienne n’ont fait qu’inciter Paul à déployer la plus grande énergie possible pour étouffer ce qu’il pensait être une doctrine très nuisible – une hérésie. Notre propre expérience confirme la pensée suivant laquelle un adversaire ardent, consciencieux doit être plus respecté qu’un prétendu ami froid, indifférent et nous nous rappelons les paroles du Seigneur : « Puisses-tu être froid ou bouillant. Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » Ayons donc du respect pour tous ceux qui sont ardents et zélés, nous rappelant qu’il y a plus d’espoir qu’ils plaisent à Dieu et soient considérés dignes de recevoir la vérité, qu’il n’y en a pour ceux qui sont tièdes.

(2) La sacrificature judaïque avait reçu et exerçait un pouvoir considérable sous les arrangements du gouvernement romain. Elle en était arrivée à exercer une très grande mesure du pouvoir dont a usé le Pape par la suite, à Rome. Les membres de cette sacrificature avaient le pouvoir d’autoriser des arrestations et des emprisonnements pour les infractions à leurs lois et ordonnances religieuses. Saul, ayant le même respect de la loi et de l’autorité, respect qui a plus tard marqué toute sa manière d’agir et ses enseignements comme Chrétien, ne tenta pas de prendre les affaires dans ses propres mains pour persécuter les Chrétiens, mais il le fit d’une manière reconnue comme légale – par la sanction et l’autorité du plus haut tribunal religieux. Rappelons-nous que presque toutes les persécutions ont été sanctionnées par une loi humaine et soumettons-nous au code divin.

(3-9) Le récit fait ici, de l’ouverture des yeux de la compréhension de Paul, est celui de Luc qui, sans aucun doute, l’a reçu directement de l’apôtre Paul lui-même – avec lequel il a voyagé un certain temps. Deux autres récits sont donnés par l’apôtre Paul lui-même (Actes 22 : 6-11 ; 26 : 12-20). Les trois récits concordent pratiquement et laissent apparaître seulement quelques variantes, auxquelles on pouvait raisonnablement s’attendre, étant donné qu’ils ont été faits dans des conditions différentes. On a cherché à mettre l’accent sur différents points, ou à les élaborer. Si les trois récits avaient été exactement les mêmes, mot pour mot, il y aurait eu une bonne raison de supposer que le texte avait été spécialement arrangé, avec cette harmonie en vue. Ce sont même ces apparentes divergences dans le récit qui, lorsqu’on les voit correctement, sont des preuves additionnelles de la véracité de toutes. Vu la simplicité du récit, nous n’avons besoin de porter notre attention que sur les points qui apparemment sont en désaccord. Tous les trois récits disent que Saul lui-même a entendu la voix, vu la lumière et qu’il tomba par terre. Un des récits ajoute que tous ceux qui étaient avec lui tombèrent aussi par terre. Le récit de notre étude dit que les hommes qui l’accompagnaient « s’arrêtèrent, tout interdits, entendant la voix mais ne voyant personne » (Darby.) Un autre récit dit : « Ils virent bien la lumière mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait. » Ces récits peuvent s’harmoniser ainsi : Saul lui-même était évidemment le centre de cette manifestation – « Une grande lumière resplendit autour de moi ». Sans aucun doute, ses compagnons virent quelque chose de cette lumière d’une certaine façon mais ils n’en virent pas la provenance ; ils ne virent pas le corps glorieux de notre Seigneur Jésus – « ne voyant personne ». Pourtant, Saul a vu le corps glorieux de notre Seigneur Jésus, puisque lui-même l’atteste par la suite ainsi : « Après eux tous, il m’est aussi apparu à moi. » Bien que Saul seul fût tombé sur le sol,  les autres qui se tenaient debout, sans paroles et saisis par la terreur, s’agenouillèrent sûrement avec respect autour de leur chef. Respectant la voix – Saul et tous ceux qui étaient avec lui entendirent un son, « la voix », mais seulement Saul put distinguer les mots qui étaient adressés à lui seul. Nous retrouvons un cas semblable en Jean 12 : 28, 29, où il est indiqué que notre Seigneur Jésus avait entendu une voix venant du ciel et disant : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai de nouveau. » Mais la foule qui l’entourait et avait entendu la voix ne comprit pas ce que celle-ci disait et elle dit : « Il y a eu un coup de tonnerre. » Saul et tous ses compagnons ont, en un sens du terme, entendu le son ou la voix ; mais, en un autre sens du mot, seul Saul entendit la voix. Nous utilisons cette même forme d’expression dans la langue courante de nos jours : si quelqu’un nous parle d’une voix basse et indistincte, nous disons que nous n’avons pas entendu – mais en fait nous voulons dire que, bien que nous ayons entendu la voix, nous ne l’avons pas comprise.

Il est plus facile d’imaginer que de décrire quels furent les sentiments de Saul lorsqu’il entendit de la part du Seigneur de gloire le reproche concernant son zèle mal dirigé. Pourtant, nous ne pouvons qu’admirer la rapidité avec laquelle, sur le champ, il baissa les bras de son opposition et se plaça du côté de Celui dont il avait persécuté la cause auparavant. Nous pouvons l’imaginer priant : « Seigneur, enseigne-moi ! Dans mon aveuglement et mon ignorance, je T’ai combattu, Toi, l’Unique Engendré du Père, le Messie ; alors que je pensais réellement que je faisais le service de Dieu ; ayant commis une telle faute je me sens complètement humilié ; je ne peux plus avoir confiance en ma propre sagesse ni en la sagesse de ceux auxquels je me suis confié jusqu’à présent – les principaux sacrificateurs, les scribes et les pharisiens. A présent, Seigneur, je viens à Toi. Montre-moi comment je puis réparer le grand mal que j’ai commis par ignorance. Montre-le moi, et ce sera avec joie que je suivrai immédiatement tes indications et T’obéirai. »

On peut juger de la profondeur de l’emprise que l’affaire eut sur l’esprit de Saul d’après le fait qu’il ne mangea ni ne but pendant trois jours. Il ne pouvait pas considérer à la légère sa conduite aveugle. La contrition profonde est toujours l’évidence d’une sincère repentance. Sans aucun doute, il médita beaucoup et ayant été bien éduqué dans la loi et les prophètes et familiarisé avec ce qu’il avait appris au sujet du Nazaréen et de ses enseignements, nous pouvons raisonnablement supposer que ces trois jours de cécité et de jeûne furent des journées de prières et de réflexion, au cours desquelles il compara avec diligence le témoignage de la Loi et des prophètes avec ce qu’il savait du Nazaréen et de ses enseignements. Sa vue naturelle avait été détruite, mais sa vision mentale avait été ouverte et à présent il voyait les choses sous un jour nouveau et merveilleux.

(10-17) Dans une précédente étude, le nom Ananias était associé à l’impiété et à la fausseté ; mais ici nous trouvons un autre Ananias, d’un caractère totalement différent – un serviteur fidèle du Seigneur. Son hésitation (versets 13 à 16) ne semble pas avoir été causée par opposition ni par manque de foi, mais plutôt comme une précaution raisonnable. Il avait entendu parler de Saul et peut-être aussi connaissait-il l’armée de Saul et voyait-il en lui un ennemi de la cause de Christ, c’est pourquoi il voulait s’assurer qu’il n’avait pas mal compris le Seigneur. C’est avec beaucoup de bonté que le Seigneur lui expliqua le sujet, comme Il le fait toujours pour ses fidèles, et Ananias exécuta sa mission promptement. Nous avons encore ici une illustration des méthodes divines : Le Seigneur envoya pour transmettre cet important message un homme qui apparemment était un membre très humble de l’Eglise. Il n’envoya pas Pierre, Jean ou Jacques, les apôtres de Jérusalem, avec grandes pompe et parade pour accueillir l’ennemi de la croix, repentant et faire de lui un triomphe public, mais Il utilisa un instrument prêt et disposé, se trouvant dans la région. Ceci devrait être pour nous une leçon indiquant que le Seigneur peut et veut utiliser à son service ceux qui sont humbles et toujours prêts, dans une position d’attente ; ceux qui sont « vidés, afin qu’Il puisse les remplir, alors qu’ils vont de l’avant, dans son service ; ceux qui sont vidés, afin que, débarrassés de toute entrave, sa vie puisse couler au travers d’eux ».

(18-20) Les écailles qui tombèrent des yeux de Saul sembleraient indiquer qu’une certaine partie de l’œil avait été complètement détruite par la grande lumière et on pourrait dire que la guérison s’est faite naturellement par la suppression de la cornée blessée. Bien que nous soyons informés qu’il avait retrouvé la vue, nous n’avons aucune information indiquant que ses yeux étaient redevenus intacts. En effet, il semble très évident, à partir de constatations postérieures, que jusqu’à sa mort, ses yeux ne furent pas guéris et que sa vue ne fut plus jamais normale. On a supposé et nous pensons avec juste raison que la faiblesse constante de ses yeux représentait ce qu’il appelait « une écharde dans la chair ». Bien que sous le pouvoir du Saint Esprit, il lui fût accordé de nombreux dons de l’Esprit, entre autres le don de guérir et bien qu’il utilisât ce don pour guérir beaucoup de personnes (cf. Actes 19 : 11, 12), néanmoins le Seigneur ne l’a pas soulagé de sa propre faiblesse sur ce point. Ceci a dû être la plus grande épreuve ; il semble particulièrement étrange que lui, qui pouvait guérir les autres, ne pouvait pas se guérir lui-même, que lui qui avait la puissance divine pour bénir les autres dans ce sens, ne pouvait pas utiliser cette puissance pour lui-même. La réponse de notre Seigneur à sa demande était : « Ma grâce te suffit, ma force est rendue parfaite dans la faiblesse. » (2 Corinthiens 12 : 9). Le noble apôtre s’exclame : c’est pourquoi avec grande joie, je veux souffrir si, à cette occasion la grâce de Dieu peut être plus grande en ma faveur ; et ensuite il ne demanda plus jamais qu’Il lui retire cette écharde. Plusieurs incidents dans son expérience nous confirment cette conclusion. (1) Bien qu’il fût un homme instruit, c’est rarement qu’il écrivit ses propres lettres ; en ce qui concerne la lettre qu’il a écrite en personne, bien que ce fût une des plus courtes, il fait cette remarque (Galates 6 : 11) « Voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. » Le grec pourrait même faire penser que ces mots sont une excuse pour l’utilisation de très grands caractères d’écriture, ceux qu’une personne mi-aveugle utiliserait. (2) L’apôtre nous est présenté dans son histoire comme le « juif aux yeux chassieux ». (3) Quand il fut présenté devant le tribunal du tribun, il déclara qu’il ne savait pas qu’Ananias était souverain sacrificateur. Tandis que si sa vue avait été bonne, il n’aurait pu que bien le reconnaître en raison de son habillement splendide (Actes 23 : 5). (4) En écrivant aux Galates, il leur dit (4 : 15) que lorsqu’il les rencontra pour la première fois, leur amour et leur sympathie pour lui étaient tels qu’ils se seraient volontairement arraché leurs propres yeux pour les lui donner – une expression qui aurait été privée de sens si sa vue n’avait pas été mauvaise.

Après quelques journées pour reprendre des forces suite à son jeûne et à l’excitation nerveuse due à ce qu’il venait de vivre, journées de communion avec ceux qu’il était venu persécuter et qu’à présent, dans sa condition d’esprit renouvelée, il reconnaissait comme frères bien-aimés, fraternisant avec eux, il se mit immédiatement à proclamer Christ comme Fils de Dieu – publiquement, en mettant à profit les opportunités offertes dans les synagogues juives.

Ceux qui considèrent que les expériences de l’apôtre Paul et la conversion des pécheurs sont comparables se trompent grandement. Une conduite telle que celle que nous avons décrite ne correspond pas à la conduite de pécheurs, qui sont des ennemis de Dieu. Le récit dans l’Evangile, montrant la manière dont l’Apôtre fut éclairé, est le récit d’un caractère des plus nobles, qui commande le respect de chaque assemblée en tout temps. Et c’est pourquoi nous sommes enclins à considérer que l’apôtre Paul est en quelque sorte comme une figure ou une ressemblance ou un type de sa race – les Israélites – et que l’ouverture de leurs yeux est maintenant pour bientôt. Parmi les Juifs, beaucoup semblent être de vrais Israélites, simplement aveuglés comme le prophète et l’apôtre l’ont décrit (Romains 11 : 7-12). Cette nation dont l’aveuglement eut lieu au cours du cinquième jour (de mille ans) et qui est restée aveuglée pendant le sixième jour (de mille ans), doit avoir les yeux ouverts le troisième jour, qui sera le septième jour (de mille ans) – le jour millénaire. Israël a aussi été sans nourriture ou breuvage de nature spirituelle pendant tout ce temps. Il sera également un vase d’élection dans la main du Seigneur, en relation avec les intermédiaires terrestres, en publiant le message qui bénira les païens et toutes les familles de la terre. Nous sommes près du temps de l’ouverture des yeux d’Israël. Quand ce temps sera venu, le Seigneur enverra quelques Ananias, dont le toucher et la bénédiction rendront la vue, par la faveur divine. Le nom Ananias signifie : L’Eternel est plein de grâce.

WT 1897 p.2117