Pourquoi notre Seigneur fut crucifié?

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Jean 19: 17—42.

“Christ mourut pour nos péchés selon les Ecritures.”

1 Cor. 15:3.

Un des faits les plus remarquables de l’histoire, c’est que les gens les plus intelligents et les plus civilisés reconnaissent en Christ leur chef, prophète, sacrificateur et roi, quoique pourtant il soit connu pour avoir été crucifié comme malfaiteur il y a plus de19 siècles! Ce qui est encore plus remarquable, c’est que les doctrines énoncées en son nom par ses disciples, insistent sur le fait que sa crucifixion faisait partie intégrante du pro­gramme divin: plus que cela, qu’elle était nécessaire: que par le sang de la croix, par la mort de celui qui fut crucifié, propitiation fut faite pour les péchés de l’Eglise et du monde. — «Il est la propitiation pour nos péchés, [les péchés de l’Eglise] et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier» (I Jean 2: 2). En effet, nous voyons que par la Providence la croix de Christ (non le bois dont elle était faite, mais le martyre auquel elle servit et qu’elle représente) est le vrai centre du grand salut que Dieu dans sa pres­cience avait préparé pour notre race avant l’entrée du péché dans le monde. La sentence divine, la mort, demeura sur Adam et sur toute sa postérité. Pas un de ceux qui sont ainsi condamnés ne peut se racheter lui-même, ni racheter son frère avant que les exigences divines ne fussent satisfaites c. à d. pour le Logos l’obli­gation de quitter la condition céleste — afin de devenir un homme, afin de pouvoir racheter l’homme.

La mort de l’homme Jésus-Christ eût été suffisante, sous quelque forme que ce fût pour exécuter la sentence divine; mais Dieu jugea bon d’éprouver notre cher Ré­dempteur en disposant tout de façon que la mort fût une épreuve particulièrement ignominieuse et qu’ainsi la loyauté de Jésus envers le Père fut péremptoirement démontrée aux anges et aux hommes. Il fallut cette mort cruelle de Jésus pour que le Père puisse le récom­penser par la plus haute des exaltations — l’élévation au-dessus des anges, principautés, puissances et de tout ce qui peut se nommer — afin que tous les hommes honorent le Fils comme ils honorent le Père. C’est pour cette raison que les Ecritures parlent de la mort de la croix comme étant la plus ignominieuse: ” Maudit est qui­conque est pendu au bois.»— Gal. 3 : 13.

Notre Seigneur quitta la gloire qu’il avait auprès du Père, se dépouilla lui-même, en prenant la forme de

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serviteur et en devenant semblable aux hommes pour s’humilier jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. “C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté» (Phil. 2 : 7—l0). Eu d’autres termes cette ignominie de la croix, cette terrible épreuve éleva Jésus à la gloire, à l’honneur et à l’immortalité de la nature divine. C’est certainement ce qui a exalté notre cher Rédempteur dans l’opinion de tous ceux qui sont vraiment siens et qui sont guidés par l’esprit et la parole de l’Eternel. Nous nous glorifions dans la foi et l’obéissance du Maître ainsi démontrées au suprême degré. Mais nous savons que les partisans de la haute-critique et de l’évolution ne sympathisent en aucune façon avec ces pensées. Se croyant sages à leurs propres yeux, ils mettent de côté la sagesse qui vient d’eu haut, par laquelle nous sommes instruits que ce n’est que par ce sacrifice de lui-même que notre Rédempteur put présenter au Père le prix de la rançon pour la vie d’Adam et de sa postérité perdue par sa désobéissance; ils veulent ignorer que ce n’est que grâce à cette rançon qu’une résurrection nous est promise et par elle une occasion pour atteindre à la vie éternelle et à l’harmonie avec le divin.

Ils ont condamné le juste.

Notre étude ne s’occupe pas de l’interrogation de notre Seigneur par le souverain sacrificateur et par le sanhédrin, ni de sa présentation au prétoire de Pilate, à celui d’Hérode et de son retour à Pilate, pas plus que des efforts faits par ce gouverneur pour que Jésus fût relâché. Ce ne fut que lorsque Pilate craignit une émeute qu’il consentit, apeuré, à la crucifixion de Jésus et signa son arrêt de mort, tout en se lavant les mains devant le peuple en disant: «Je suis innocent du sang de ce juste.» Ce fut alors que la multitude s’écria: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!» et que Jésus fut emmené pour être crucifié.

Jérusalem a été détruite et rebâtie plusieurs fois de­puis lors; et le niveau de quelques-unes de ses rues est très différent de ce qu’il était alors. Cependant, la Via Dolorosa ou voie douloureuse est toujours indiquée, ainsi qu’une partie de la voûte connue sous le nom de l’arc (le l’Ecce Homo («voici l’homme») la place dit-on où se tenait Pilate lorsque, plaidant pour la mise en liberté du Seigneur, il dit à la foule en furie: Voyez l’homme! – Comme s’il avait voulu dire: Désirez-vous réellement que je fasse crucifier un si admirable sujet de votre race? un si noble exemple d’humanité? Regardez-le! Décidez maintenant à son sujet! . . . Lors de fouilles exécutées récemment pour les fondements d’une maison sur l’endroit que l’on suppose être l’ancienne place du palais de Pilate, l’on trouva à une grande profondeur un morceau assez grand de pavé en mosaïque d’un tra­vail très fin comme aurait pu l’être celui d’un palais, semblant montrer le bien fondé de ces traditions. Cela s’identifie aussi très bien avec ce qui est dit en Jean 19 : 13, qui parle du prétoire comme d’un lieu appelé le «pavé».

Selon la coutume, pour la crucifixion, le coupable de­vait porter sa propre croix jusqu’au lieu du supplice. C’est ainsi qu’il est dit de Jésus qu’il porta la sienne, jusqu’à ce qu’épuisé par la tension nerveuse causée par les 24 heures précédentes passées sans sommeil et probablement sans nourriture et sous l’épuisement causé par la perte de sang provenant à la fois de la scène mystérieuse de Gethsémané et des coups reçus, il s’af­faissa sous le poids de la croix. Si d’un côté nous pen­sons à sa perfection, nous pourrions supposer qu’il aurait dû avoir plus de force; mais d’un autre côté nous devons nous rappeler que l’homme dans sa perfection n’est pas nécessairement un géant et un hercule. Au contraire, ces conditions anormales sont plutôt l’expression, le ré­sultat d’imperfections. Nous pouvons supposer que les meilleures qualités de l’esprit et du corps, qui sont représentées dans le mâle et la femelle, seront combinées dans un spécimen parfait de notre race; et que cette délicatesse, ce raffinement et cette élégance unis à une force modérée doivent se rapprocher de la conception que nous nous faisons de l’être parfait.

Il en est de même pour les fruits et les végétaux. Les plus gros fruits sont généralement les moins déli­cieux; ceux qui sont parfaits ont la bonne couleur de l’espèce, la juste grosseur et le goût le plus fin. Notre race semble avoir perdu la perfection à un tel degré que la majorité est ou trop chétive ou trop grosse.

Pour en revenir à Jésus, nous devons nous rappeler qu’il avait entièrement sacrifié sa vie pendant 3 ans 1/2; et qu’une sorte de vertu, une partie de sa vitalité était sortie de lui pour la guérison de toutes sortes de ma­ladies. Cette perte ne pouvait évidemment que l’affaiblir. Autrement dit, sa mort avait commencé 3 ans 1/2  au­paravant et maintenant sur le chemin du Calvaire, il achevait d’abandonner sa vie, en conformité avec la vo­lonté du Père.

Il y avait sûrement dans le cortège quelques-uns de ses disciples (Jean du moins était de ceux-là). Qu’ils eussent été heureux de porter la croix à sa place! Nous pouvons supposer que c’est par crainte d’être considérés comme s’insurgeant contre les fonctionnaires de la loi qu’ils n’offrirent pas leurs services. Toutefois, dans la circonstance, les soldats trouvèrent sur la route une personne de la contrée, qu’ils contraignirent à porter la croix après Jésus. Cette expression peut aussi bien signifier que Simon marcha derrière lui, en le soulageant d’une partie du fardeau, ou qu’il porta toute la charge, tandis que Jésus marchait devant lui. Quoiqu’il en soit la tâche imposée à Simon fut un précieux privilège. Combien de disciples du Seigneur depuis lors, ont envié cette occasion dont il jouit! La tradition rapporte que Simon devint chrétien, que l’apôtre Jean connut son nom ainsi que le pays d’où il venait. La mention qui est faite du nom de ses fils corrobore fortement cette tradition. — Marc 15 : 21; Rom. 16: 13.

Tout en sympathisant avec notre Seigneur, et en pen­sant à la joie que nous aurions eue à porter sa croix, nous ne devons pas oublier qu’il y a, en rapport avec cela, deux privilèges que Dieu a préparés pour nous. Premièrement il nous dit que si nous le suivons comme ses disciples, nous pouvons avec lui porter la croix dans ce temps présent. — «Quiconque veut être mon disciple qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.» Puis justifiés par la foi, absous de nos péchés, connaissant alors les douceurs de la paix de Dieu, nous sommes in­vités à faire une pleine consécration de nous-mêmes, à prendre notre croix — a crucifier notre propre volonté

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et à faire la volonté du Seigneur Jésus. c. à d. la vo­lonté du Père qui l’a envoyé. Apprécions-nous assez ce privilège pour prendre notre croix journellement? —Portons-nous toujours notre croix? Sommes-nous résolus, par la grâce de Dieu, à la porter jusqu’au bout du voyage. — jusqu’à ce que nous soyons capables de dire comme lui: «Tout est accompli?» — L’oeuvre qui nous avait été donnée à faire, le privilège de rendre témoi­gnage à la Parole de vérité, par la parole et par la con­duite journalière, tout cela doit être accompli.

Nous pouvons aussi porter la croix d’autres membres du corps de Christ, si nous voyons quelques-uns de ceux-là succomber ou prêts à faiblir sous des croix trop lourdes. Pensons alors au Maître. Avons-nous assez désiré d’avoir pu l’aider à porter son fardeau! Ecoutons donc sa voix qui nous dit que ce qui est fait en son nom à l’un de ces plus petits de ses disciples est fait à lui-même. Oh combien ces paroles devraient être en nous productrices de pitié effective pour ceux qui sont surchargés et pour les faibles du petit troupeau du Seigneur! Oh combien cela implique de paroles et d’oeuvres de miséricorde et de bienveillance! Combien d’encouragements et de consolations nous pouvons ainsi apporter à quelques-uns de ceux que le Seigneur recon­naît commue les membres de son corps!

De même qu’un membre de notre corps, aide et sou­lage constamment l’autre, il doit en être ainsi dans le corps de Christ. Tous les membres doivent se soutenir les uns les autres, se fortifier, se consoler, se rafraîchir mutuellement et généralement s’entraider à se préparer pour la glorieuse consommation de nos espérances dans le Royaume à venir.

Un regard sur le Crucifié.

Nous avons de nombreux détails sur la crucifixion. Selon Marc elle eut lieu à la 3ème  heure, à neuf heures du matin: mais seulement à la 6ème heure ou à midi d’après Jean. Cette différence est mise sur le compte du manque d’exactitude des Orientaux: ou bien Marc voulut dire que la sentence fut prononcée à la 3ème  heure, tandis que ce que dit Jean se rapporterait au moment où Jésus fut réellement sur la croix. Rien d’impossible à ce que le lent parcours, l’érection de la croix, la fixa­tion de l’inscription indiquant les charges relevées sur le coupable: «Celui-ci est le roi des Juifs» — puis le temps de clouer Jésus à la croix, tout cela exigea probablement une partie des trois heures, peut-être même les trois heures entières.

Le texte de l’inscription indiquant le crime pour le­quel le coupable était mis à mort, désappointa les prin­cipaux des Juifs, et ils protestèrent, en déniant à Jésus le titre de roi des Juifs. Mais Pilate refusa de changer quoi que ce soit à sa rédaction; nul doute qu’il n’avait spécialement rédigé cet arrêt comme une sorte de répro­bation contre eux, s’apercevant que ce n’était que par envie et malice qu’ils lui avaient livré Jésus pour être crucifié. Il voulait maintenant leur faire honte. La foule pouvait lire cette inscription, parce que selon la coutume elle était écrite en trois langues: en hébreu, le langage du peuple: en latin, la langue du gouverne­ment — et en grec, qui était la langue employée par les personnes instruites de ce temps-là. Ainsi, en dépit de ses ennemis, le crucifié Jésus fut proclamé le Messie. Combien cela est étrange! Un Messie crucifié! Combien les voies et les moyens de Dieu pour accomplir ce qu’il a en vue sont différentes des voies de l’homme! Oui! Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre autant ses voies (les voies de l’Eternel) sont au-dessus de nos voies. Si Jésus n’était pas mort, il ne nous aurait pas rachetés du péché, le plus qu’il aurait pu faire aurait été d’aider l’homme à avoir une vie meilleure et plus raisonnable mais non à atteindre la vie éternelle perdue par Adam et qui ne pouvait être recouvrée que par une rédemp­tion. C’est pourquoi, suivant le plan divin, celui qui s’humilia lui-même pour sauver le monde est maintenant haut exalté par le Père, assis à sa droite, dans la puis­sance et la dignité: et bientôt comme roi d’Israël et roi du monde, il se révélera lui-même pour renverser le mal et rétablir la justice: pour aider le pauvre, le faible et l’ignorant et pour bénir toutes les familles de la terre selon la promesse. — Gen. 12 : 3.

Notre Seigneur fut fait le compagnon de larrons. Les deux qui furent crucifiés avec lui, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, faisaient probablement partie de la bande de Barabas et onpeut croire que le peuple les considérait comme étant plus ou moins des héros. IL ne nous est dit nulle part qu’ils subirent les railleries du peuple. Il doit en être de même aujourd’hui pour les disciples du Seigneur. Nous devons nous rappeler que notre Maître et sa cause sont impopulaires: que les gens influents et instruits de ce monde nous sont op­posés, comme ils étaient opposés au Seigneur et que cela est d’accord avec sa Parole et avec le principe sur lequel le plan divin a été établi; savoir que si nous voulons régner avec lui, nous devons souffrir avec lui. — Les particularités de la crucifixion du Sauveur ne nous sont pas données et nous devons nous en féliciter parce que l’idée qu’on s’en fait est bien assez horrible sans les détails; et le fait que les quatre écrivains rapportent avec le même point de vue la scène du supplice, c. à d., ne donnent aucun des détails de la crucifixion elle-même, s’accorde parfaitement avec la manière dont la Bible traite de tels sujets: manière toute différente de celle employée ordinairement par un journaliste ou un nar­rateur quelconque.

Un écrivain, Mac Laren dit: «Il n’y avait pas de mort plus cruelle que celle de la crucifixion: parce que le patient ne mourrait pas par la perte de son sang et dans un court espace de temps, mais par la lente agonie de blessures ouvertes, par l’ar­rêt de la circulation dans les extrémités, par la tension du système nerveux et l’oppression au coeur et au cer­veau. Pendant 5 heures, Jésus endura cette souffrance de déchirement des nerfs, de soif intense, du corps tor­turé et du cerveau palpitant!»

Les sept paroles de la croix.

Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que, soumis à une si épouvantable torture, le Sauveur ait pu beau­coup parler. Il est donc tout à fait probable que les paroles de notre Seigneur et Sauveur prononcées à ce moment-là furent les seules qu’il prononça. Ces paroles représentent fidèlement quelques-uns des aspects les plus importants du caractère de Jésus et de ses enseignements.

Ce qui est généralement connu comme la première des paroles de la croix est rapportée en Luc 23 : 81.

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Jésus dit: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.» Nous ne doutons pas que le coeur du Seigneur ne fut plein de l’esprit de pardon; mais pour plusieurs raisons nous doutons qu’il ait jamais prononcé ces paroles: (1) Elle ne se trouvent pas dans les manus­crits grecs du Vatican No. 1209 (4ème siècle), d’Alexandrie (5ème siècle) et celui du Sinaï met également en doute ces paroles. (2) Elles ne semblent pas appropriées parce que ceux qui étaient coupables de la mort de Jésus n’étaient pas repentants; or nous savons que les Ecritures indiquent clairement la repentance comme néces­saire au pardon de Dieu. (3) Ceux qui étaient coupables de la mort de notre Seigneur ne croyaient pas en lui et ne se confiaient pas en ses mérites; et les Ecritures enseignent clairement que le pardon doit être précédé de la foi. (4) Nous ne trouvons pas qu’il nous soit dit qu’il y ait eu des coeurs repentants et contrits désireux d’abandonner le péché; or les Ecritures enseignent que personne n’est pardonné avant d’être dans cette attitude de repentance. (b) Jésus n’avait pas encore terminé l’oeuvre de sacrifice et n’était pas encore monté auprès du Père pour présenter son offrande en faveur des croyants. (6) Nous n’avons aucune preuve que le péché ait été pardonné, mais plutôt l’évidence que l’imprécation populaire: «Que son sang soit sur nous et sur nos en­fants» eut un terrible accomplissement peu de temps après par le fer et le feu qui fondirent sur les Juifs, obligés après la destruction de Jérusalem de se disperser. «Aussi la colère est-elle parvenue sur eux au dernier terme.» — 1 Thess. 2:16.

La parole que l’on croit être la seconde parole prononcée sur la croix: «En vérité je te le dis aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis», est apparemment authentique. Ce fut là le message de Jésus au brigand qui confessa son péché et désira la faveur et la clémence du Seigneur lorsqu’il viendrait dans son royaume. Nôtre Seigneur n’a pas encore été mis en possession de son royaume, c’est pourquoi le temps n’est pas encore venu auquel le Seigneur se souvienne de sa promesse. Malgré l’apparent échec de son oeuvre et l’éclipse momentanée de la vie et des espérances de notre Seigneur, il assura le pénitent qu’il était capable de répondre à sa demande et qu’il le ferait. D’après les Ecritures, l’accomplisse­ment de cette requête viendra au second avènement de Jésus lorsqu’il prendra son grand pouvoir et rétablira le paradis sur la terre; le paradis perdu à cause du péché, mais qui fut racheté par le précieux sang. Alors, le brigand repentant sortira: car, les Ecritures nous disent que tous ceux qui sont dans les sépulcres enten­dront la voix du Fils de Dieu et en sortiront; et cet appel sera entendu aussi de l’autre brigand. Tous deux sortiront et se trouveront sous les conditions favorables du Royaume millénaire. Mais nous sommes sûrs que celui qui se repentit aura un grand avantage moral sur l’autre et sûrement une récompense spéciale lui sera octroyée pour avoir donné au Sauveur une parole de réconfort à l’heure sombre de l’abandon et de la mort —«Voilà ton fils.” “Voilà ta mère.»

Marie, la mère de Jésus et Jean son disciple bien-aimé se tenaient évidemment assez prés de la croix, pleurant sans doute et sûrement affligés. Mais notre Seigneur, s’oubliant lui-même et sa propre angoisse, pensait aux autres. De même qu’il avait fait du bien autour de lui pendant sa vie, de même, à l’heure de la mort, il pense au bien-être des autres, et par ces paroles si touchantes il remet sa mère aux soins du disciple qu’il aimait. Quelle merveilleuse leçon, combien elle nous montre la largeur du coeur et la profonde affection du Seigneur et comme elle nous enseigne à ne pas être entièrement absorbés par nos épreuves et nos difficultés, grandes ou petites, mais plutôt à porter les fardeaux des autres! Faisons en sorte que nos sympathies, nos pensées, nos épreuves même contribuent à bénir tous ceux dont à quelque degré nous sommes responsables tant au point de vile temporel que spirituel.

«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! »Telles sont les paroles reconnues comme étant le 4ème message de la croix. Elles nous montrent la profondeur de l’angoisse de Jésus. Sa mort fut le prix de la ré­demption du pécheur; il fut son substitut; afin que Dieu pût être juste et justifiât en même temps tous ceux qui croient en Jésus; et afin aussi de pouvoir leur assurer au temps voulu, une résurrection des morts, et un retour à la faveur du Père et à la vie éternelle — à tout ce qui avait été perdu en Adam.

Pour être notre substitut, Jésus dut en toutes choses souffrir ce que nous étions condamnés à endurer comme pécheurs. Or, cela ne comprenait par seulement la perte de sa vie, mais impliquait aussi l’absence momentanée de toute communion avec le Père. Ce moment de té­nèbres, de séparation devait venir; et nous comprenons très bien qu’il fut la plus sombre de toutes les expé­riences du Seigneur; plus sombre même que Gethsémané qui ne fut qu’un symbole de cette expérience. Combien nous sommes heureux de comprendre la philosophie de la raison pour laquelle notre Seigneur passa par cette expérience! Au fur et à mesure que nous réalisons cela, nos coeurs apprécient de plus en plus les bénédic­tions qui sont nôtres par Christ: le privilège de revenir dans la communion et dans l’amour du Père: de sorte que nous pouvons nous appliquer à nous-mêmes les paroles du Maître: «Le Père lui-même vous aime (Jean 16: 17). Rien d’autre part dans cette parole du Maître mourant qui puisse suggérer l’idée de son manque de sincérité et assurément rien en elle qui puisse confirmer tant soit peu la doctrine de la trinité. Ce cri est en parfaite harmonie avec tout ce que nous connaissons de sa relation avec le Père.

La cinquième parole: «J’ai soif», rappelle forcément plusieurs faits à l’esprit: (1) Exposé comme il l’était à la chaleur du soleil, presque nu, et sous l’excitation ner­veuse de la souffrance, la soif doit avoir été un des principaux éléments de torture du Crucifié. (2) Lorsque nous pensons que Jésus a été l’agent actif de Jéhovah dans le grand oeuvre de la création de toutes choses, y compris l’eau, l’humiliation volontaire du Maître et sa résignation à avoir soif — à mourir en faveur des re­belles du Royaume — est une illustration remarquable de son amour pour l’humanité. Ce cri de souffrance, nous est-il dit, fut jeté lorsqu’il sut que toutes choses étaient terminées et que tout le travail qui lui avait été donné à faire était accompli, Il ne jeta ce cri que lors­que sa propre position n’étant plus en cause; il put être l’accomplissement littéral de la prophétie de Ps.

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69: 22. Notre Seigneur avait refusé le breuvage stupéfiant — il voulait conserver l’esprit clair jusqu’au bout — mais il accepta le rafraîchissement qui lui était donné au moyen d’une éponge portée à ses lèvres au bout d’un roseau. Tout cela doit nous rappeler que Jésus eut faim et soif afin que nous, aussi bien que tous ceux pour lesquels il mourut, puissions avoir l’eau et le pain de la vie, pour pouvoir atteindre à la vie éternelle.

“Tout est accompli.”Cette sixième parole fut une parole de triomphe. Il avait terminé l’oeuvre que le Père lui avait donnée à faire; il avait été fidèle du commencement à la fin, jus­qu’au bout, il s’était sacrifié. Il était certainement heu­reux que sa course terrestre se terminât; heureux parce qu’elle s’achevait dans la victoire et que celle-ci surtout impliquait pour l’avenir, la bénédiction de l’humanité, sa délivrance du pouvoir du péché, de la mort et de l’adversaire. On peut dire que dans ce sens, notre Seigneur commença son oeuvre lorsqu’il quitta la cour céleste et s’abaissa lui-même en prenant la nature hu­maine, laquelle se développa jusqu’à 30 ans, âge auquel il atteignit l’état d’homme fait. Toutefois, au point de vue scripturaire, l’oeuvre qui était alors terminée, était celle du sacrifice qui commença au Jourdain, lors de son baptême, lorsqu’il fit une pleine consécration de lui-même jusqu’à la mort. Peu de temps avant sa crucifixion, il avait dit: «J’ai à être baptisé d’un baptême, et com­bien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli !» (Luc 12 : 50.) Il s’était écoulé 3 ans 1/2  de son bap­tême à sa mort et maintenant le moment final était venu: tout était accompli.

«Père, je remets mon esprit entre tes mains»: telles furent les mots qu’on suppose être les derniers pronon­cés par Jésus, — les paroles «in-extremis» couronnant le dernier acte de son ministère terrestre. N’était-il pas convenable que celui qui avait cherché à faire en toutes choses la volonté du Père, eût la confiance absolue que dans sa mort, son esprit de vie serait sous les soins et à la garde de ce même Père? C’est bien là ce qu’ex­priment ces paroles admirables de foi et de filial abandon:

Et cela doit être vrai pour tous ceux qui sont ses dis­ciples. Ayant abandonné tout notre moi au Seigneur, nous devons nous approprier pleinement ses gracieuses promesses étant sans aucune crainte même à l’heure de la mort. Toutefois, la mort du Seigneur eut une importance beaucoup plus grande que celle d’aucun de nous. Non seulement nous avons par la résurrection de Jésus l’assurance de l’intervention directe de Dieu, mais son retour à la vie est aussi une illustration re­marquable de la puissance divine. C’est le pouvoir que possède celui qui ressuscita Jésus d’entre les morts de nous ramener aussi par Lui à la gloire, à l’honneur et à l’immortalité. Notre Seigneur fut le précurseur; per­sonne avant lui n’avait jamais été ressuscité des morts, soit pour atteindre à la perfection de la vie humaine, ou à celle de la vie céleste.

Jésus a ou le coeur brisé littéralement

St. Luc nous dit que Jésus prononça ces paroles d’une voix forte, ce qui fut un témoignage pour tous ceux qui connaissaient son espérance en Dieu et en une résur­rection. Quelques écrivains modernes considèrent ce cri comme l’expression de quelqu’un mourant à la suite d’une rupture du coeur; et si l’on peut douter que ce fut là la cause immédiate de la mort du Sauveur, on admet généralement que le cas a pu très bien se pro­duire. Nous pouvons attribuer la cause de cet accident «sul generis” aux circonstances ignominieuses qui ont entouré son trépas — la trahison, le reniement, la con­damnation, la flagellation, la crucifixion — et nous ne doutons pas que toutes ces choses n’aient concouru à le déprimer moralement et physiquement. Mais nous cro­yons néanmoins que la principale cause de la rupture de son coeur est due à la douleur mentionnée dans la 4ème parole le retrait de la communion divine, la solitude spirituelle dans laquelle il se trouva pendant sa dernière heure. L’explication technique des raisons qui font sup­poser qu’il mourut à la suite d’une rupture du coeur, est la suivante: —L’eau sanguinolente qui coula du côté de Christ lorsqu’il fut percé par la lame du soldat rend cela évident. Le sang exsudant du coeur dans le péricarpe était séparé en caillots rouges et en une eau séreuse; Jésus mourut littéralement d’une rupture au coeur.» —D’autre part, nous ne sommes pas surpris que, par arrangement divin, la nature ait sympathisé avec notre Seigneur par les ténèbres particulières qui vinrent sur le pays au moment où Jésus était suspendu à la croix. Un ancien manuscrit traitant ce sujet dit: «Beaucoup de personnes circulaient avec des lampes et les ténèbres durèrent jusqu’à ce que Jésus fût descendu de la croix. »Un grand tremblement de terre est aussi mentionné comme ayant eu lieu à ce moment là; et en même temps que ce tremblement de terre, le voile du temple, qui séparait le saint d’avec le très-saint, se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas, symbolisant ainsi, comme le suggère l’apôtre, que l’accès dans le lieu très saint était rendu possible à tous les croyants par les souf­frances et la mort de Christ. D’après Marc (15 : 43) Joseph d’Arimathée s’enhardit et se rendit chez Pilate pour lui demander le corps de Jésus. D’après tout ce qui nous est dit de lui, ce Joseph dut être un noble caractère. Matthieu le cite comme «un homme riche»; Luc comme «un homme bon et juste . . . qui attendait le royaume de Dieu»; Marc, «un conseiller de distinc­tion», c’est à dire un membre du sanhédrin. «Qu’il est difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu», dit Jésus. Cela leur est difficile parce que, proportionnellement, ils ont plus à vaincre que s’ils étaient pauvres. Si ce Joseph d’Arimathée n’avait été riche, il est probable qu’il eut été ouvertement un dis­ciple de Jésus. Nous constatons néanmoins avec plaisir que beaucoup de bien est dit de lui et que son courage et son audace s’accrurent avec l’épreuve au lieu de di­minuer. Ne pouvons-nous pas espérer que plus tard il devint un disciple dans le vrai sens du mot et marcha comme tel?

Geike fait cette remarque à son sujet:

«Ce n’était pas une chose facile que Joseph avait entre­prise: parce que le fait de prendre part à un ensevelissement le souillait pour sept jours et rendait impur tout ce qu’il touchait (Nombres 19 : 11); et cela était d’autant plus grave que pendant cette semaine de pâques il était tenu à l’écart de toutes les saintes ordonnances et de toutes les réjouissances.»

Combien pourtant le sépulcre neuf de Joseph taillé dans le roc fut honoré par l’ensevelissement du Maître!

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Nous voyons aussi avec plaisir que Nicodème, un autre gouverneur juif, riche et influent, s’associa à Joseph pour le transfert du corps. Nous pouvons être assurés que ces hommes reçurent de Dieu des bénédictions spé­ciales, à cause du zèle et du courage qu’ils montrèrent en la circonstance. Nous sommes sûrs de même, que ceux qui sont assez craintifs pour se réserver lorsque les occasions leur sont offertes de servir le Seigneur ont peu de chance d’être approuvés de Lui et par consé­quent de gagner la grande récompense qui est offerte maintenant aux vainqueurs. La leçon que nous pou­vons en tirer, c’est que nous devons être audacieux coûte que coûte; pour le droit, pour la vérité, pour le Seigneur, pour les frères. En effet, plus nous montre­rons de courage et de fidélité lorsque l’occasion et le privilège se présenteront plus notre récompense sera grande et dans la vie présente et dans la vie à venir. Pour la troisième fois durant le cours du ministère de Christ il est fait mention du nom de Nicodème. Il visita le Seigneur de nuit (Jean c. 111). Il s’interposa en faveur de Jésus, lorsqu’on essaya de se saisir de lui (Jean 7 : 44—52). Maintenant, comme l’a suggéré quel­qu’un, «il met à profit une dernière occasion de le ser­vir, avec l’amère consolation d’en avoir négligé l’occasion quand il aurait pu faire plus». C’était un homme riche et il apporta cent livres de myrrhe et d’aloès, qui étaient des aromates antiseptiques, qu’on suppose être employés par les Juifs pour l’ensevelissement des morts. La leçon que nous pouvons en tirer, c’est que nous ne pouvons pas nous contenter de rester neutres, mais devons nous employer activement au service de la vérité.

Nous devons autant que possible être des positifs; et savoir prendre nettement position pour la justice en employant tout notre pouvoir en faveur de la cause du Seigneur et de ses frères; tout en usant de sagesse et de discrétion, nous devons être courageux. Nous devons apporter nos fleurs pendant la vie sur l’autel du devoir et ne pas attendre que la mort soit venue nous empêcher de les manifester aux yeux de tous.

Newman Halle dit:

«Il y a une légende qui dit que Golgotha est le centre même de la surface de la terre, le milieu du globe habitable. Nous ne croyons pas à la légende, mais nous pensons beau­coup de la vérité qu’elle suggère; parce que la croix de Christ est le vrai centre de l’Eglise où se rencontrent tous les croy­ants de toutes tribus et langues. »

Un autre dit:

«Comment, en regardant à la croix, craindrions-nous de laisser notre vie quand de si grandes bénédictions en résultent pour nous? — Négligeons les honneurs, les richesses de ce monde, ses faveurs et ses hautes situations, ayons en vue l’importance de la fin de notre vie et son but. Prenons part aux souffrances de Christ et choisissons de préférence le jeûne aux festins.»

Philippe Brooks écrit:

«Vous avez votre croix, mon ami, il y a des douleurs dans le devoir que vous remplissez. Mais si dans toutes vos peines vous savez que l’amour de Dieu vous devient une vérité toujours plus chère vous pouvez alors triompher dans tous les sacrifices. Votre croix a remporté quelque chose de la gloire et de la beauté de votre Seigneur. Réjouissez-vous et soyez heureux parce que vous êtes crucifié avec Christ.

En clôturant cet article, rappelons-nous les impor­tantes vérités contenues dans notre texte principal:

«Christ mourut pour nos péchés selon les Ecritures.» il ne mourut pas parce que la mort était une chose naturelle; parce qu’il était pécheur comme les autres hommes; ni pour nous montrer comment on meurt, il mourut pour nos péchés, à cause de nos péchés; parce que le châtiment pour nos péchés était la mort et que nous devions être rachetés pour avoir quelque droit à une vie future, à un relèvement quelconque.

Dans la croix de Christ nous nous glorifions,

Quelques furieux que Soient les ravages du temps

Toute me lumière de l’histoire sacrée

Se rassemble autour de la tâte sublime.”