Poussé dans le désert.

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  • Marc 1 : 9-11; Matth. 4 : 1—11 —

« Car, en ce qu’il a souffert lui-même quand il fut tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés ». — Héb. 2 :18 (L.).

Le sujet que nous allons étudier ici est un des plus intéressants. Il nous reporte au temps où Jésus atteignit l’âge de trente ans et conséquem­ment où il lui fut permis de s’offrir sans tache à Dieu, comme offrande pour les péchés du monde. St. Paul applique à Jésus les paroles du prophète: « Voici, je viens pour faire ta volonté» (Héb. 10: 9) comme cela est écrit dans le rouleau du Livre en ce qui me concerne. Je me présente maintenant pour être l’antitype, pour accomplir chaque pro­phétie que la sagesse divine a mentionnée, et l’anti-type de chaque trait de la loi se référant à moi.

Le Rédempteur devint dès ce moment-là l’Agneau pascal antitypique, le taureau antitypique de l’of­frande du jour d’expiation; c’est là qu’il renonça à sa vie, pour faire la volonté du Père, et qu’il mou­rut comme l’homme Jésus, devenant ainsi le taureau antitypique qui fut engendré du Saint-Esprit et fait prêtre antitypique, sacrificateur. Durant les trois ans et demi de son ministère il effectua cette consécration et la consomma au Calvaire, en criant: « Tout est accompli.» — Jean 19 : 30.

Emmené par l’esprit — en tentation.

«Quand Jésus reçut l’onction du St. Esprit à son baptême, il fut engendré à la nature divine et fut ainsi illuminé en son esprit comme cela est repré­senté dans les mots: «Voici les cieux s’ouvrirent à lui» (Matth. 8: 16) [littéralement se déchirèrent en deux]; immédiatement il put lire clairement ce qui le concernait, dans les plans et desseins divins, ce qu’il n’avait pu faire avant sa consécration: il en est ainsi de tous ceux qui suivent ses pas, les choses profondes de Dieu leur sont révélées gra­duellement, au fur et à mesure qu’ils sont capables de les recevoir, mais jamais avant qu’ils aient fait alliance par le sacrifice avec le Seigneur. Pour les disciples comme pour le Seigneur Jésus, les tenta­tions, les épreuves relatives à leur fidélité viennent plus particulièrement après leur consécration. De là l’importance de l’injonction de Jésus: « Lequel de vous . . . . ne s’assied d’abord pour calculer la dépense». — Luc 14:28—33.

A nous, comme au Maître, le Père procure non seulement une plus claire appréciation de nos épreu­ves et de nos responsabilités; mais aussi une per­ception plus claire de la gloire qui suivra pour le fidèle, cependant dans le cas de Jésus, l’ouverture des cieux, l’illumination de son esprit en ce qui regarde le plan divin, fut une chose beaucoup plus merveilleuse, à cause de la perfection de son cer­veau et de son cœur. Instantanément, il fut capable de réaliser la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de son entreprise, ce qui n’est atteint qu’en partie par nous et après bien des années de progrès et d’étude. Tout à la fois, le Maître com­prit l’importance capitale du sacrifice du jour d’ex­piation, de l’Agneau pascal immolé, des prophéties qui parlaient de lui comme étant , « un agneau qu’on mène à la boucherie» (Esaïe 53 : 7) et du type qui le dépeignait comme l’antitype du serpent d’airain, élevé pour la guérison de la race adamique mordue par le péché.

Comme ces pensées commençaient à se presser dans l’esprit du Seigneur il fut tout d’abord poussé par l’esprit (son propre esprit ou ses pensées) à se retirer pour un temps afin d’étudier davantage en­core toute l’importance de la loi et des prophètes et les obligations inhérentes à l’alliance qu’il venait de faire. Pendant quarante jours et quarante nuits son zèle ardent lui fit oublier presque toute autre chose. Vraisemblablement, il ne mangea ni ne dormit jusqu’à ce que les quarante jours fussent accomplis; «finalement il eut faim» (v. 2). C’est alors que l’adversaire s’approcha de lui pour le tenter — juste au moment de sa faiblesse physi­que occasionnée par le jeûne et au moment où son âme était accablée avec la réalisation de l’importance du grand contrat qu’il avait fait et de ce qu’il devait lui en coûter pour en remplir les con­ditions. Ce fut l’épreuve la plus sévère qu’on puisse imaginer. Le Rédempteur devait-il ne pas prouver sa fidélité à Dieu — au divin programme — à son alliance de sacrifice jusqu’à la mort? Ou devait-il éprouver que le Père avait versé une coupe trop amère pour lui, que Dieu avait fait les épreuves de fidélité et d’obéissance trop sévères, que ce n’était pas juste ni aimable de sa part de lui con­céder de s’engager par une telle alliance?

Combien nous sommes heureux de constater que la fidélité triomphe de chaque tentation Avec les anges nous nous écrions: « Digne est l’Agneau qui fut immolé», non seulement dans le sens d’avoir consacré sa volonté, mais aussi dans le sens d’être resté pleinement soumis et sans lâcheté selon la chair, fidèlement, même jusqu’au Calvaire, à la mort de la croix. A lui, soient gloire, honneur, domina­tion et puissance éternellement

« Tenté comme nous en toutes choses». — Héb. 4:15.

Le Sauveur ne fut pas tenté selon les coutumes d’un ivrogne, encore moins par les faiblesses d’un débauché ou d’un libertin, ce ne sont pas ces ten­tations qui viennent sur ceux qui suivent ses traces. Les Ecritures indiquent clairement une différence entre nous et le monde: « vous n’êtes pas du monde, comme je ne suis pas du monde» (Jean 15: 19; 17:16). «Tenté en toutes choses pareillement à nous» (D.), signifie donc certaines tentations ou épreuves permises par Jéhovah; ces tentations ou épreuves qui viennent sur les consacrés sont de même nature que celles qui furent permises envers notre Rédempteur; voilà pourquoi il est important que nous recherchions le caractère de nos épreuves. Dieu ne nous éprouve pas dans le but de voir, si oui ou non, notre chair est parfaite, car il sait bien que parmi les hommes, il n’y a pas un juste, non

235 Septembre 1912

pas même un seul. Les épreuves que le Père per­met pour ceux qu’il reçoit comme ses fils — qui ne voulant plus suivre leur propre voie, ni recher­cher leur gloire, ou leur aise aux dépens de la vérité ou de la méthode divine — sont des épreuves qui ont trait à leur fidélité envers lui, aux principes de la justice et à la vérité de la Parole.

Les trois tentations de Jésus.

Quand le Maître fut affaibli par le jeûne à la fin des quarante jours de l’étude biblique, l’adver­saire apparut, non comme un ennemi et un esprit malin des ténèbres, mais comme un ami, « comme un ange de lumière» (2 Cor,11 : 13—15). Profes­sant de l’intérêt pour le bien être du Sauveur et pour son œuvre, il dit: Mon brave, tu as faim sans nécessité aucune, ne sais-tu pas que la sainte puis­sance qui vint sur toi, il y a quarante jours est plus que suffisante pour tous tes besoins? Ne sais-­tu pas qu’à l’instant tu peux commander que ces pierres deviennent du pain et ainsi ne plus avoir faim? Qu’il te plaise donc de déployer ton pouvoir une fois avant que nous ayons une conversation, car je porte beaucoup d’intérêt à ton œuvre. Je me rappelle très bien du temps où jadis, nous vi­vions en compagnie, avant ma défection.

Jésus répliqua: La puissance que j’ai reçue ne m’a pas été donnée pour l’employer au ministère de mon propre corps, mais je l’ai reçue plutôt parce que j’ai fait une pleine consécration de ma chair jusqu’à la mort; elle ne peut être employée que pour la gloire du Père et non pour ma satisfaction personnelle, quoique apparemment la chose paraisse légitime. D’un autre côté ma vie éternelle ne dé­pend pas du pain, ni du maintien de mon corps physique: mon espérance est en Dieu et en sa pro­messe; d’ailleurs, si je suis fidèle dans l’emploi du saint pouvoir qu’il m’a donné, il me donnera la couronne de vie, — gloire, honneur et immortalité.

N’ayant pas réussi par cette tentation, Satan en essaya une autre. Nous présumons qu’il conduisit Jésus en pensée, au temple de Jérusalem lui disant: Si tu allais sur le pinacle du temple et que tu te jetais on bas, ce serait le meilleur et le plus sûr moyen de prouver au peuple que tu es le Fils de Dieu et de le convaincre de ta mission, d’avoir son adhésion et sa fidélité, d’en faire tes disciples et ainsi, accomplir ta mission. Comme preuve, je te citerai la prophétie qui te montre que c’est l’inten­tion divine en ta faveur: « Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre» (Ps. 91: 12). Mais Jésus déclina aussi cette proposition.

Si Jésus eût été poussé méchamment en bas du pinacle du temple par les mains de la foule avant que son heure soit venue, il est certain que la puis­sance du Père serait intervenu, afin qu’il ne fût pas blessé; mais, de propos délibéré, affronter les lois de la nature et attendre une protection divine des conséquences naturelles de sa propre conduite, c’eût été tenter Dieu, ce que Jésus refusa de faire.

La troisième tentation fut aussi une présentation intellectuelle. Une haute montagne, figurativement, est un grand royaume. Il n’y a aucune montagne de laquelle on puisse voir tous les royaumes du monde, vu que la terre est ronde. Mais Satan ap­pela l’attention de Jésus sur son royaume: Tu sais bien que je suis le prince de ce monde, que je suis le dieu de ce monde et que j’en ai maintenant le gouvernement par l’ignorance et la superstition. J’ai une proposition à te faire: Je te confesse que je suis fatigué du règne du péché et de la mort qui a progressé à cause de ma domination; je vou­drais partager le royaume et ainsi le voir élevé et béni; en un mot, je te propose, qu’ensemble nous nous unissions pour faire sortir l’humanité de sa condition pécheresse et mortelle. Qu’est-ce que tu en dis? Moi, à l’état spirituel, toi, à l’état humain, nous serons tout à fait les maîtres de la situation, car, je te le répète, j’ai le pouvoir dans mes mains et je peux aisément diriger les choses en ta faveur et promptement le monde sera béni. Ainsi, tu at­teindras le glorieux but de ton espérance sans les cruelles épreuves, souffrances, expériences, etc., que tu vas rencontrer en suivant les arrangements di­vins tracés dans les prophéties. Rapidement, je diri­gerai les choses à ton avantage, la victoire couronnera tes efforts dès le moment même de notre entente et unité de vue.

Notre Seigneur fut indigné de ce que l’on pou­vait penser, ne fut-ce qu’un instant, qu’ayant laissé la gloire céleste pour faire la volonté de son Père, il lui était maintenant possible de devenir traître à son alliance, par crainte de la croix, de la honte et de la mort, pour entrer en coopération avec le grand ennemi de la justice — Satan. Il répondit: « Retire-toi, Satan! car il est écrit: tu adoreras le Seigneur, ton Dieu et tu le serviras lui seul.» « je ne veux pas te servir, ni coopérer avec toi en au­cune manière. Sur ce, le diable le laissa».

Aussi loin que nous pouvons voir, Satan ne pensa jamais qu’il valait la peine d’attaquer à nouveau le Sauveur. Alors, selon l’arrangement divin, les anges vinrent au vainqueur affamé et le servirent. le fortifièrent et le ranimèrent.

Les disciples du Seigneur noteront que les épreu­ves par lesquelles l’adversaire les assaille sont les mêmes. (1) Il voudrait devenir leur aide et ami, et, par ce moyen, les amener à violer leur alliance de sacrifice, par des prières pour la guérison phy­sique, bénédictions matérielles qu’ils ont placées en sacrifice. (2) Il voudrait leur suggérer quel­que extravagante et folle manière de capturer le monde à Dieu par quelques grands exploits ou preuves de prière. (3) Il voudrait les compromettre avec le monde et son esprit et sa méthode par la fédération des églises et autrement. Nous avons à résister courageusement à l’adversaire afin qu’il nous laisse en paix, voyant qu’il n’y a aucune es­pérance de nous gagner. «Th. L)