« Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu ». — Col. III, 1-3.
Le fait de la résurrection de notre Seigneur est bien attesté non seulement par le témoignage des apôtres et l’harmonie de leurs récits, mais aussi par les enseignements typiques et prophétiques. La doctrine de la résurrection de Jésus et l’espérance des croyants en un Sauveur ressuscité qui reviendrait du ciel au temps marqué pour leur délivrance devint un fondement de la foi chrétienne ; elle entra dans toute la philosophie du plan de salut. Dans notre texte, par exemple, Paul indique que les vrais disciples de Christ sont considérés comme morts aux buts, aux espérances, aux ambitions terrestres, aux plaisirs coupables, etc. et élevés d’un état de péché à une nouveauté de vie, comme des « créatures nouvelles en Jésus-Christ ». Pour ceux-ci, toutes les vieilles choses sont passées et toutes choses sont faites nouvelles. Chacun de leurs intérêts, de leurs espérances, de leurs buts, sont indissolublement liés à la résurrection de Jésus et à son exaltation au royaume céleste, à la condition spirituelle et leur espérance, leur but, leurs efforts consistent à vivre dans le monde, comme n’étant pas du monde, mais morts à ses intérêts, à ses affaires ; en vivant pour Dieu, pour les intérêts spirituels et les promesses célestes par Jésus-Christ.
Non que les Apôtres enseignassent que cette mort et cette résurrection acceptées par le croyant soient suffisantes. Au contraire, l’enseignement des Apôtres fut que cet état reconnu doit être maintenu jusqu’à ce que soit atteinte la réalité. Par exemple, le disciple de Christ qui fait une entière consécration de sa vie « jusqu’à la mort » se considère comme mort au monde et au péché, comme vivant en Dieu et comme ressuscité des morts, mais il doit conserver cet état jusqu’à ce que la mort réelle termine et complète cet état reconnu; son esprit nouveau dans la vie présente n’est que le précurseur de la résurrection d’entre les morts au second avènement du Seigneur. De là l’exhortation des apôtres conjurant les disciples à « espérer parfaitement dans la grâce qui leur est apportée en la révélation de Jésus-Christ (lors de sa seconde présence) ». — 1 Pierre 1 13.
Le symbole du baptême
Sous l’égide de l’Esprit saint, les Apôtres introduisirent dans l’Eglise une idée nouvelle du baptême, une idée différente de celle qui avait été promulguée parmi les Juifs par Jean-Baptiste et qui signifiait simplement « la purification des souillures du corps » et partant un retour aussi près que possible à une conduite juste, en harmonie avec la loi de Moïse. L’idée nouvelle, différente du baptême introduit après la Pentecôte et applicable spécialement à tous les Gentils qui acceptaient Christ, fut que l’immersion était le symbole de la mort et de l’anéantissement de la volonté humaine en celle de Christ. L’immersion dans l’eau, symbolise la mort — la mort au monde, au péché, à soi-même et à toutes les ambitions terrestres — et sortir de l’eau, dans le même ordre d’idée, signifie le relèvement à marcher en nouveauté de vie, non selon la chair, mais selon l’Esprit ; cherchant les choses qui sont en haut où Christ est assis à la droite de Dieu. Ainsi Paul dit aux Colossiens « Vous avez été ensevelis avec lui (le Christ) dans le baptême dans lequel aussi vous fûtes réveillés avec lui, par le moyen de la foi à l’énergie produite par Dieu qui le réveilla d’entre les morts. Vous qui étiez morts dans vos offenses et dans l’incirconcision de votre chair, il vous a (vivifiés, ressuscités) fait vivre ensemble avec lui, vous ayant fait grâce de toutes vos offenses ». — Col. 2 12-13. (Diaglott).
Puis dans son épître aux Romains (ch. 6 v. 3-5) Paul définit de la même manière la signification du baptême, en expliquant que, par son baptême volontaire, le croyant enseveli avec Christ, dans un certain sens, perd sa propre individualité, meurt à sa nature humaine et devient immergé dans le Christ comme un membre de son corps ; pour vivre dorénavant de tout son cœur et tout à fait au Seigneur.
Changés de gloire en gloire
Quelles que soient les différentes formes employées par l’apôtre pour présenter les espérances de l’Eglise, concernant le changement de la condition de péché et de mort à la condition de sainteté et de vie, la même pensée générale domine toujours, savoir que nous sommes comptés comme morts aux intérêts terrestres, mais devons être par contre de plus en plus vivants pour Dieu et les choses saintes, jusqu’à ce que ce changement — commencé pendant cette vie et maintenu jusqu’à la fin — soit terminée dans la résurrection réelle de l’Eglise (1 Cor. 15 42-44). « Ainsi aussi est la résurrection des morts il est semé corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire.., il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel ». L’apôtre nous dit que ce changement successif est accompli par l’esprit du Seigneur.
Le moment précis de pleine consécration à la mort — le moment du baptême dans la mort de Christ — l’engendrement à une nouveauté de vie, le moment de l’onction, de la communion effective de l’Esprit saint, est celui de la résurrection de la condition précédente de mort dans le péché à la vie nouvelle. Dans la proportion où l’Esprit habite dans le cœur consacré, le changement progresse, le cœur se transforme à l’image de Christ aux dépens du vieil homme par le combat contre la chair. Comme « nouvelle créature »le croyant cesse de marcher selon la volonté de la chair, mais, en la mortifiant, il marche selon l’Esprit. Il suit au mieux l’exemple de Jésus et l’esprit de la Parole, afin d’atteindre la glorieuse perfection à laquelle il a été invité et qui sera accordée au fidèle tôt au matin du Millénium quand il ressuscitera véritablement, corps spirituel.
« Vivants pour Dieu »
Le monde est considéré comme mort à cause du péché et de sa sentence de mort mais les chrétiens sont reconnus comme vivants à Dieu par Jésus-Christ. C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas parce qu’il ne l’a pas connu. — 1 Jean 3 :1.
Le monde, jugeant selon la chair, peut comparer certains incroyants, qui ont hérité proportionnellement peu des mauvais effets de la chute, avec quelques-uns des plus tombés qui ont accepté Christ, et tirer la conclusion que quelques-uns des gens du monde sont supérieurs à ceux qui sont de l’Eglise. Mais le Seigneur n’a pas égard à l’apparence extérieure ; il regarde au cœur — à la volonté, à l’intention. Ceux qui ont tout consacré au Seigneur et qui font de leur mieux en combattant les faiblesses de la chair ont l’approbation divine, tandis que ceux qui n’ont pas fait une consécration semblable au Seigneur et ne sont pas devenus morts au péché n’ont pas l’approbation divine, eussent-ils hérité de corps moins dépravés. Admirons en ceci la grandeur de l’arrangement divin permettant au plus faible et au plus favorisé d’être mis sur un pied d’égalité pour avoir l’un et l’autre l’occasion d’accepter le Royaume. Comme l’explique l’apôtre, où le péché a abondé, la grâce a surabondé. La grâce de Dieu par Jésus est proportionnée aux nécessités de chacun ; et l’acception en Christ est proportionnée à notre sincérité et aux ‘dispositions de notre cœur.
« Vivifiera vos corps mortels »
Comme nous l’avons déjà vu, notre corps mortel doit mourir — en vérité il est compté comme mort au moment de la consécration et doit demeurer ainsi jusqu’à ce qu’il meure réellement. Et il n’y a pas d’espoir de résurrection pour les corps mortels de ceux de l’Eglise. Au contraire, les fidèles disciples du Seigneur ont la promesse d’une « meilleure résurrection » — d’une résurrection avec corps spirituels de beaucoup supérieurs aux corps terrestres. « Il y a un corps animal et un corps spirituel », dit Paul. Nous avons maintenant un corps animal, charnel, compté comme mort, et si nous sommes fidèles en le « mortifiant », nous recevrons un corps glorieux, spirituel, immortel lors du changement à la résurrection, quand à son avènement notre Maître nous dira « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose (fidèle dans l’alliance du sacrifice personnel). Je t’établirai sur beaucoup entre dans la joie de ton maître ». — Matth.25 : 21.
Toutefois l’apôtre nous indique que nous ne devons pas nous contenter de compter notre corps comme mort au péché, et notre cœur et notre esprit vivants à Dieu ; mais il nous dit qu’en proportion de la mesure de l’Esprit reçu, dans cette même proportion il entre dans notre cœur et dans notre vie — le transformant et nous rendant capables non seulement de vouloir, mais de faire le bien. Nous ne cesserons pas seulement de marcher selon la chair pour marcher selon l’Esprit ; mais le nouvel esprit aura un tel pouvoir, une telle influence sur le corps mortel, qu’il sera capable de l’employer de plus en plus au service du Seigneur, au service de la justice. Voici les paroles de l’apôtre, à ce sujet « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». Rom. 8 11.
L’apôtre ne parle pas ici de résurrection proprement dite, qui, 1oin d’être le réveil du corps mortel sera la création du nouveau corps spirituel promis aux fidèles. La pensée de l’apôtre est que notre corps mortel, destiné à la mort, peut être tellement vivifié et rendu énergique par l’Esprit, l’intelligence sanctifié, l’influence sainte du Seigneur en nous que dans la vie présente nous puissions être de plus en plus les serviteurs de Dieu et de le juctice produisant des fruits de justice et de sainteté à la louange de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.
Il est bon d’observer que cette résurrection dont nous venons de parler se borne aux membres de l’Eglise ; nous n’avons rien dit de la résurrection du monde qui appartient à l’âge prochain et est appelé dans les Ecritures la résurrection pour le jugement qui apportera en son temps des occasions merveilleuses peur la famille humaine. Mais présentement, le message spécial du Seigneur s’adresse au petit nombre du « petit troupeau », au « peuple particulier » venu à la connaissance de la vérité et de la grâce divines qui reconnaît la dépravation morale, mentale et physique, fruits du péché et de la mort, et considéré d’autre part la rédemption que Dieu propose par Jésus, accepte joyeusement de partager la vie avec Lui. Ils ont voué toute leur haine au péché et à toute injustice, consacrant volontiers leur vie au service de la vérité et de la justice pour la cause du Seigneur, en opposition à celle de Satan et de la mort.
La résurrection de cette classe ; sa participation aux gloires et aux perfections de l’état céleste, sont commencées dans le temps présent. L’approbation divine exige on effet que non seulement nous prenions de bonnes résolutions, mais que ces résolutions soient éprouvées et mises en évidence par ce que Pierre appelle « la fournaise pour nous éprouver ». Ainsi, l’image de notre Sauveur Jésus, peut être développée en nous par ces épreuves et ces difficultés ; et par l’aide de sa parole et de son esprit, nous pouvons atteindre à son caractère, à sa ressemblance — cette pédagogie paternelle —en nous initiant peu à peu à sa nature, nous aurons aussi part à la gloire et à son règne, qui sera pour le bien de toutes les familles de la terre.
L’incrédulité va croissant
Le monde en général devient de plus on plus athée et panthéiste. Un nombre croissant d’intelligents et d’ignorants se met à douter d’un Créateur personnel et accepte une théorie d’évolution tendant à prouver que la nature est Dieu, qu’elle a amené l’homme et toutes choses par les degrés évolutionnistes, indépendamment de tout Créateur intelligent et individuel. On peut remarquer dans la presse des deux mondes un courant significatif à ce sujet. Une série de questions concernant Dieu, sa personnalité et son impersonnalité fut proposée au Collège de Colombie à New York. La classe se composait de 45 élèves, dont 16 professèrent la foi en un Créateur divin et personnel, les autres se déclarèrent athées. Avec la déclaration scripturaire « L’insensé dit en son cœur il n’y a point de Dieu », comment pouvons-nous penser qu’aujourd’hui on soit plus sage et plus en voie de progrès mental que dans le passé.
Ceux du monde qui personnellement reconnaissent Dieu ont des vues différentes de la situation. Le monde croit au triomphe final de la justice. Il pense qu’il ne sera fait aucune grâce et que tout homme recevra récompense ou châtiment selon sa conduite bonne ou mauvaise. Rejetant la pensée d’une éternité de tortures, il incline plus généralement vers l’idée du purgatoire des catholiques romains. Mais ces mêmes gens ne reconnaissent pas le but divin de la justice, savoir la perfection, ni les enseignements des Ecritures que sans la rédemption par la mort de Jésus, sans sa rançon offerte pour la peine du péché originel du genre humain, il n’y aurait aucune espérance de vie future. Leur raisonnement qui pèche par la base consiste à dire qu’ils seront punis dans l’avenir pour les transgressions commises volontairement et non pour d’autres.
Pourtant cette pensée n’est pas si différente de celle qu’enseignent les Ecritures, savoir, que la rédemption de Jésus constitue la seule expiation devant la justice pour tous les péchés du monde entier commis par ignorance ou par superstition, par des faiblesses ou des tares héréditaires et pour toutes les transgressions volontaires de ceux qui sèment pour la chair, il y aura une moisson de désavantages correspondants lors du glorieux jour du Millénium. Quand le grand œuvre du relèvement se développera et que tous ceux qui le voudront seront débarrassés de l’état de péché et de mort pour monter et s’élever jusqu’à la perfection de la vie terrestre — à la perfection adamique, à l’image et à la ressemblance de Dieu — les désobéissants, ceux qui ne voudront pas faire de progrès, malgré toutes les occasions favorables de ce temps, seront retranchés dans la seconde mort, seront anéantis.
Ceux seuls qui s’offrent volontairement sont actuellement mis à l’épreuve
S’il est vrai que les peuples chrétiens reconnaissent généralement que la grâce de Dieu au temps présent est étendue seulement à ceux des appelés qui y répondent volontairement, la majorité cependant ne semble pas saisir la puissance de cette vérité. Elle entrevoit même très peu de la paix et des bénédictions qui sont le partage de ceux qui acceptent l’Evangile. Les «maux du juste sont en grand nombre » (Ps. 34 : 20) et le monde semble croire que l’Eternel pense moins aux croyants qu’aux incroyants ; moins aux fidèles et consacrés qu’aux inconvertis.
Ceux-là seulement instruits à l’école de Christ et forts de plusieurs enseignements des Ecritures, savent que les épreuves qui sont sur le peuple de Dieu sont des manifestations de la faveur divine, des indications que ceux qui sont éprouvés sont sous l’inspection divine, qu’ils sont châtiés, polis, préparés et rendus convenables à avoir un rôle dans l’accomplissement futur du plan de Dieu, parce qu’ils ont fait leur consécration au Seigneur et qu’ils ont compris la grâce divine et y ont répondu. Ils reconnaissent qu’il leur faut de ces « légères afflictions » et qu’elles leur produiront finalement « au delà de toute mesure un poids éternel de gloire ». — Bien entendu, non en regardant aux choses visibles (temporelles) mais, par la foi, en regardant aux choses invisibles et éternelles, au royaume céleste. — 2 Cor. 4 :17-18.
Pierre dit que c’est à cela que nous sommes appelés (1 P. 2 : 21) ; que c’est là notre vocation céleste — le haut appel — comme « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui ». C’est cet accomplissement des afflictions du Christ, cette participation avec lui dans ses souffrances, en sacrifiant des intérêts terrestres, pour les choses célestes qui distinguent et séparent les vrais croyants des mondains en général quelque bien disposés que puissent être ces derniers.
L’erreur des chrétiens en général a été de supposer que seule cette classe d’appelés sera sauvée, de penser que ceux seulement qui sont maintenant morts avec Christ et ressuscités avec lui, marchant en nouveauté de vie, auront « part ou lot » dans le grand plan divin du salut de l’humanité et que tous les autres seront perdus pour toujours —tourmentés éternellement suivant la grande majorité et anéantis suivant la minorité. Mais le plan divin subsiste glorieux au-delà de toute conception humaine. Les élus de cet âge de l’Evangile sont simplement comptés avec Jésus comme membres du grand Rédempteur, qui pendant le glorieux Règne des mille ans exécutera le plan originel de Dieu — la bénédiction de toutes les familles de la terre, le relèvement d’Adam et de toute sa postérité, de la tombe et de toutes dégradations du péché et de la mort, s’ils le veulent.
Combien glorieux est le plan de Dieu au-delà de toutes nos espérances et de toutes nos craintes et combien glorieux est notre privilège, celui qui nous est accordé à nous qui avons entendu le message de la grâce de Dieu, parlant de paix par Jésus, et qui, après avoir accepté le message de paix, avons reçu l’invitation d’être baptisés en sa mort, pour souffrir avec lui, afin que plus tard nous puissions régner avec lui dans son royaume, en grande gloire et puissance sur le plan spirituel et revêtus de l’immortalité.
Tous ceux de nous qui peuvent voir ce glorieux plan ont une bénédiction et un privilège plus tôt que beaucoup d’autres, qui ne voient pas cela et ne peuvent discerner l’appel céleste pendant l’âge actuel d’avec le salut pour tout le monde, pour tous ceux qui veulent pendant l’âge prochain. Quiconque a en lui cette espérance se purifie, comme lui-même est pur. — 1 Jean 3 3.
T.G. 5/1907