Certains de nos chers lecteurs ont très louablement organisé leurs affaires, il y a un certain temps de cela, pour employer tout leur temps à l’œuvre de la moisson, sans compter sur la prolongation de cette moisson : sur l’œuvre de glanage, le brûlement de l’ivraie, le battage du blé, etc. De plus, nombreux parmi eux furent ceux qui employèrent, dans cette œuvre de moisson, à peu près tout leur surplus des biens de ce monde, s’efforçant de s’amasser un trésor dans les cieux. Certains de ces chers frères et sœurs sont presque arrivés, voire sont arrivés effectivement aux limites de leurs possibilités, en ce qui concerne les accommodements présents. Comme faire se doit, ils scrutent autour d’eux, pour voir de quelle manière le Seigneur dirige sa providence à leur égard, en rapport avec leur activité future. Vont-ils plonger dans la vie professionnelle si profondément, qu’il ne leur restera que peu de temps pour les choses spirituelles ? Vont-ils commencer à spéculer et, peut-être, à impliquer d’autres dans ce qui, finalement, constituerait une perte ? Ou vont-ils chercher une activité restreinte, qui leur permettrait de subvenir à leurs dépenses, tout en étant en mesure de continuer, d’une certaine façon, l’œuvre de glanage de la moisson ? Nous espérons que cette dernière option sera retenue, parce que nous pensons qu’elle est en accord avec l’Esprit du Seigneur – l’esprit de sobre bon sens. – 2 Timothée 1 : 7.
Rappelons-nous la grande déception des Apôtres, liée à la mort de notre Rédempteur. Jusqu’à la veille de sa crucifixion, ils pensaient que ses remarques concernant sa mort, sa crucifixion, etc., étaient figurées et qu’en réalité, Il était sur le point d’être élevé à la puissance et à une grande gloire. Ce qui se passa, en ce temps-là, a dû être pour eux une épreuve sévère, sous tous ses aspects. La résurrection de notre Seigneur, le troisième jour, raviva leurs espérances, bien que ses apparitions, de manière miraculeuse, indiquassent des changements merveilleux qu’ils ne pouvaient pas comprendre ; mais plus tard, ils apprirent que cela se passait ainsi, car Il n’était plus un homme, mais une Nouvelle Créature parfaite de nature divine.
Puis vint le long intervalle entre ses apparitions ; une fois, durant des semaines, ils ne virent ni n’entendirent rien de Lui. Ce furent des journées d’anxiété et de désappointement ! Leur foi et leur patience faiblissaient. Finalement, complètement découragé, Pierre prit l’initiative d’annoncer sa détermination de laisser de côté toute idée de continuer à prêcher, et de retourner à son emploi de pêcheur. Il dit : « Je vais pêcher. » Rapidement, ses ex-partenaires répondirent : « Nous allons aussi avec toi » (Jean 21 : 3). Voici donc sept disciples principaux, abandonnant le merveilleux travail auquel ils avaient été invités par le Seigneur ; ils agissaient de la sorte dans leur perplexité, mais avec leur cœur toujours aussi loyal.
De manière évidente, c’était là l’occasion que Jésus attendait. Nous ne connaissons aucune autre raison, pour laquelle Il serait resté quarante jours, avant de monter vers le Père. Il permit, aux disciples, de retourner à leur précédente activité professionnelle et de vivre le découragement. La toute première nuit, « ils ne prirent rien. » Pauvres hommes ! Ils devaient penser que tout se dressait contre eux. Toutefois, Jésus veillait sur eux, durant tout ce temps et, volontairement, Il leur permit de traverser cette crise, pour pouvoir leur enseigner une leçon importante, à eux et à nous, au travers d’eux. La leçon était qu’Il était capable de gérer toutes leurs affaires, et qu’ils devaient avoir fermement confiance en Lui, quoi qu’il advienne, aussi longtemps qu’ils seraient loyaux envers Lui et suivraient ses indications.
Découragés quant à leur propre capacité de gérer leur vie professionnelle, le matin, ils étaient préparés à voir Jésus, sur la rive, et à accepter son invitation à manger, avec Lui, du poisson déjà cuit sur le feu ; ils ne savaient pas d’où venaient ce poisson et ce feu. Tout cela avait été fourni de manière miraculeuse, de même que le corps, dans lequel Jésus leur était apparu, et les vêtements qu’Il portait. Jésus ne leur dit que peu de choses, sauf à Pierre : « Pais mes brebis, pais mes agneaux, si tu m’aimes. » Les apôtres apprirent la leçon et retournèrent prêcher l’Évangile, comme principale affaire de leur vie. La bénédiction du Seigneur était avec eux. Il pourvut à leurs besoins, bien que cela se soit passé quelquefois en prison, et quelquefois dans le jeûne et la faim, la nudité et le danger. Il leur donna, de son mieux, ce qu’il leur fallait pour leur développement comme Nouvelles Créatures.
Nous ne souhaitons pas dresser ici un parallèle et suggérer que tous les frères devraient abandonner leurs affaires terrestres, comme le firent les apôtres. Nous ne sommes pas des apôtres. Le furent seulement les douze. Nous ne devons pas nous attendre à avoir un travail aussi important à accomplir, et à ce que les providences du Seigneur s’exercent d’une manière aussi marquée, à notre égard. Toutefois, nous devons nous souvenir de l’affirmation du Maître : « Un seul est votre Maître (Christ), et vous êtes tous frères. » Même si les apôtres étaient des frères plus importants que nous, nous sommes quand même des frères ; un seul est notre Seigneur, notre Tête, et nous avons tous un seul Père. Les promesses divines nous assurent que toutes choses concourent à notre bien, parce que nous aimons Dieu, que nous avons été appelés selon son dessein et cherchons à affermir notre appel et notre élection.
La leçon que nous suggérons est que le Plan Divin n’a pas changé. Il est clair que la moisson n’est pas terminée. Le grand temps de détresse a déjà commencé. Bien qu’il nous soit nécessaire de nous assurer un minimum décent et honnête, aux yeux de tous les hommes, nous ne devons pas oublier que notre travail principal est celui d’ambassadeurs de Dieu, de représentants du Seigneur Jésus-Christ, de proclamateurs de la Bonne Nouvelle de grande joie qui, finalement, sera le lot de tous les peuples. Nous ne devons jamais oublier qu’il nous faut chercher premièrement, principalement, le Royaume de Dieu et la Justice qui s’y rattache et nous est enseignée.
Telle doit être notre activité principale, le but principal de notre vie. Tout le reste doit être secondaire. Nous devons nous attendre à ce que le Seigneur nous donne suffisamment de sagesse et de grâce, si c’est cela que nous recherchons, pour pouvoir Le servir d’une manière qui Lui soit agréable et posséder, également, les choses nécessaires au confort physique, sans devoir abandonner entièrement l’œuvre dont nous parlons. Cela signifierait que nous devrions veiller et prier, en demandant au Seigneur de nous diriger et en attendant, ensuite, pour voir dans quelle direction sa providence semble vouloir nous conduire. Nous devrions veiller aussi contre les ruses de l’Adversaire, qui cherche à nous séduire par les affaires, les plaisirs ou quoi que ce soit d’autre.
Notre conseil est que tous les membres du peuple du Seigneur placent, en premier lieu, le Royaume et ses intérêts, dans leurs paroles, leurs pensées et leurs actions, en consacrant, simplement, le temps absolument nécessaire pour se procurer les choses répondant à notre confort physique, et au confort de ceux qui dépendent de nous. Assurément, en agissant de la sorte, nous suivrons l’exemple du Maître, serons agréables au Père et apporterons notre soutien aux autres. Ainsi, nous serons des exemples pour notre prochain, tout en nous préparant pour le Royaume.
WT1915 p5669