Se faire des amis avec le mammon de l’injustice

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« Et moi, je vous dis : faites-vous des amis avec le mammon de l’injustice, afin que, quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels »

(Luc 16 : 9, version anglaise).

Le peuple élu de Dieu était le peuple juif. Sous l’alliance mosaïque, certains membres de cette nation étaient des représentants de Dieu et du peuple d’Israël. Jésus pouvait donc dire à Ses disciples : « Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moise. Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas » (Matth. 23 : 2, 3). Dieu leur avait confié ces responsabilités spéciales ; Il leur avait accordé ces bénédictions, ces privilèges et cette connaissance spéciaux, et le peuple dépendait plus ou moins d’eux ; les scribes et les pharisiens étaient cependant injustes dans leur façon d’agir avec le peuple.

Par Son Fils, l’Eternel fit dire à ces scribes et à ces pharisiens qu’ils devaient être relevés de leurs fonctions de régisseurs. Ils étaient arrivés à comprendre d’une façon générale qu’une nouvelle dispensation ou administration était en train de s’instaurer, c’est-à-dire l’âge de l’Evangile. Jean-Baptiste, le précurseur de Christ, avait aussi proclamé que le Royaume des cieux était proche. Maintenant Jésus donne une parabole qui explique le sens de la ligne de conduite que ces catégories de personnes devaient prendre. Il cite le cas d’un intendant injuste qui fut convoqué par son seigneur pour lui faire rendre les comptes, parce que son intendance était sur le point de se terminer.

Quand il lui fut notifié que son renvoi était proche, l’intendant essaya de se faire des amis avec tous ceux qui devaient de l’argent à son maître. Quelque injuste qu’il eut été avec ces créditeurs auparavant, l’intendant réduisit néanmoins leurs billets, puisqu’il avait le droit de le faire. Dans l’ancien temps, un intendant avait le droit de passer des contrats pour son maître. Ainsi cet intendant diminua le montant de leurs billets et se fit des amis parmi le peuple. Commentant la conduite de cet intendant, notre Seigneur déclara que la manière d’agir de cet intendant avait été très sage, car il s’était ainsi concilié la faveur de ceux qui pourraient l’aider. Bien qu’Il eût loué cette conduite et l’eût considérée comme bonne selon la sagesse de ce monde, notre Seigneur ne fit pas l’éloge de l’injustice de l’intendant, mais de sa sagacité en adoptant une politique qui lui ferait gagner la faveur et l’amitié de ceux qu’il avait injustement traités auparavant.

Appliquées à ce temps-là, les paroles du Maître enseigneraient que les Scribes et les Pharisiens auraient dû chercher à se faire aimer de leurs frères juifs et à s’assurer leur gratitude. S’ils avaient essayé de rendre le peuple heureux et satisfait, ils auraient pu s’en trouver mieux par la suite. Mais ils ne firent pas cela ; et quand le grand temps de détresse vint sur la nation en l’année 70 de notre ère, ces dirigeants religieux furent parmi ceux qui eurent à mener le deuil et à souffrir de la détresse. Ils n’avaient pas été aussi sages que l’intendant injuste.

NOTRE RESPONSABILITE PERSONNELLE COMME INTENDANTS DE DIEU

Notre Seigneur appliqua ensuite la parabole à Ses disciples et leur donna un

1987 – Avril-Mai-Juin – page 16

enseignement. « Et moi je vous dis ». L’application de la parabole faite à Ses disciples est quelque peu différente de celle faite aux scribes et aux Pharisiens. « Je vous dis : faites-vous des amis avec le mammon de l’injustice [avec les richesses injustes] ». En d’autres termes, il est conseillé ici à ceux qui forment le peuple de l’Eternel de faire usage de toutes les richesses injustes qui peuvent être en leur possession en faisant le plus de bien possible, en bénissant et en assistant les autres ; de cette manière ils se feront des amis qui leur seront reconnaissants et qui les apprécieront.

Cela ne veut pas dire que nous devrions accomplir de bonnes actions et faire usage de tous les moyens que le Seigneur nous a donnés dans le but de recevoir des éloges et d’obtenir un avantage matériel pour nous-mêmes, mais plutôt dans le but de rendre un réel service en bénissant les autres dans les limites définies par les Ecritures. C’est ainsi que les enfants de Dieu se rendront réellement méritants et agréables à Dieu. Nous croyons que c’est un bon procédé à suivre maintenant. Le Maître a déclaré que les enfants de ce monde sont généralement plus sages que les enfants de lumière pour reconnaître ce qui est dans leur meilleur intérêt.

LE TEMPS DE DETRESSE REPRESENTE PAR LA REVOLUTION FRANCAISE

Les puissances ecclésiastiques d’aujourd’hui sont ostensiblement assises dans la chaire de Christ. Les masses du peuple ne savent rien de plus que ce que leurs chefs religieux leur disent. Maintenant qu’ils voient la présente dispensation arriver à son terme, ces Docteurs de la Loi devraient chercher à corriger leurs anciennes erreurs quand ils ont à faire avec leurs troupeaux ; ils devraient chercher à réparer toutes leurs fautes passées. Ils ont caché, dans une mesure plus ou moins grande, « la clé de la connaissance » (Luc 11 : 52) ; ils ont, dans une mesure plus ou moins grande, imposé aux gens les superstitions et pris leur argent par des moyens frauduleux. Ils devraient chercher maintenant à rectifier tout cela autant que possible en disant aux gens la vérité. Ils devraient essayer de se garantir contre la violence de leur chute prochaine. S’ils agissaient de la sorte, ils ne tomberaient pas si durement quand le désastre viendra. Mais en agissant de plus en plus dans un sens opposé aux intérêts des gens, ils ne font qu’accroître le danger d’avoir part à la détresse dans un proche avenir, comme les Ecritures l’indiquent.

Nous ne devrions pas être surpris si les prêtres et les ministres religieux avaient à endurer plus d’affliction que les gens dans le grand temps de détresse qui est proche, car ils leur ont bandé les yeux. Les prêtres catholiques souffrirent terriblement pendant la Révolution française qui fut une image, sur une petite échelle, du grand cataclysme qui approche. Nous comprenons qu’il est clairement fait allusion à la Révolution française en Apocalypse 12 : 15, 16. Voyez aussi les Etudes des Ecritures, Vol.3, pages 38 à 44 et pages 52 à 59. Nous croyons que le clergé et les conducteurs de l’église nominale souffriront particulièrement au cours du renversement universel imminent de l’ordre actuel, certains d’entre eux parce qu’ils se sont activement opposés à la Vérité ; certains autres parce que, se posant comme représentants de la Vérité, de la lumière et des libertés des gens, ils n’ont pas réellement défendu la Vérité qu’ils ont reconnue et ils se sont tenus tranquilles à cet égard par politique. Ils n’ont pas conservé les intérêts qu’ils prétendaient servir.

LA PARABOLE APPLIQUEE AUX SAINTS

Les paroles de Jésus, appliquées à nous-mêmes, sembleraient enseigner que, quelle que soit la quantité de mammon de l’injustice, de biens mondains, que nous

possédions, nous devrions, dans la mesure du possible, incliner à être libéraux plutôt que parcimonieux. Selon notre compréhension, le Seigneur nous montre ici que nous, qui sommes Ses disciples et qui possédons plus ou moins de biens, d’opportunités et de l’influence, etc., devrions employer ces talents qu’Il nous a donnés pour faire avancer Sa cause. Et si, en présentant la Vérité, nous sommes en butte à des accusations publiques, nous devrions plutôt ne pas y prêter attention et chercher à être magnanimes dans la mesure où cela est compatible avec notre loyauté envers le Seigneur et avec l’esprit de Sa Parole.

1987 – Avril-Mai-Juin – page 17

Le Maître ajoute : « Afin que, quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent [on vous reçoive – note version Synodale] dans les tabernacles éternels ». Ceux qui pourraient nous recevoir dans des tabernacles éternels ne pourraient être que le Seigneur et Ses anges. Le Seigneur a promis de recevoir tous Ses fidèles. Notre utilisation du mammon injuste, notre sacrifice des intérêts terrestres, peuvent nous apporter, dans certains cas, des bénédictions de la part des hommes, mais ils nous apporteront certainement, en fin de compte, les bénédictions suprêmes de la part du Seigneur, comme cela est promis. Nous viendrons à manquer quand nous aurons atteint la fin de notre marche dans le sacrifice. Tous les membres du peuple de l’Eternel doivent mourir. Leur sacrifice est jusqu’à la mort. S’ils appartiennent à cette catégorie de personnes qui se font des amis avec le mammon de l’injustice ou par son moyen, et s’ils sacrifient ce mammon, les choses terrestres, alors quand ils viendront à manquer, quand ils mourront, quand ils auront achevé leur course, ils seront reçus dans des tabernacles éternels, – dans la place préparée pour la classe des fidèles, des « plus que vainqueurs » dans la « maison qui n’est pas faite de main d’homme et qui est éternelle dans les cieux » (2 Cor. 5 : 1).

Nous ne voudrions pas appliquer nécessairement le mot « ils » à ceux avec lesquels nous nous sommes liés d’amitié. Dieu est notre ami, si toutefois, comme Ses enfants, nous vivons une vie de sacrifice et si nous employons le mammon terrestre, non pas égoïstement, mais pour le service du Seigneur. Alors nos amis, ceux qui nous recevront quand nous viendrons à manquer, seront non pas seulement ou nécessairement ceux qui auront bénéficié de nos sacrifices, mais spécialement ceux qui sont au-delà du voile : le Père, le Seigneur Jésus, les saints glorifiés et tous les saints anges. Quelle perspective bénie !

W.T. 5749 – 1915.