SELON L’ORDRE DE MELCHISÉDEC

Listen to this article

« L’Eternel a juré, et il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec. » — Ps 110 : 4, Darby.

Un sacrificateur, au seul sens véritable de ce terme, est un médiateur entre Dieu et des créatures déchues, le but d’une telle médiation étant de ramener et d’établir sur une base légale une concorde rompue.

La fonction du sacrificateur, ou médiateur entre Dieu et l’homme, consiste à ramener à la perfection et, en conséquence, à la concorde avec Dieu, une race d’êtres humains condamnés à mort, ou déjà morts, ou mourants. Aussi le sacrificateur doit-il nécessairement être « puissant » pour être capable de « sauver » (Ps. 89 : 19, Darby). Il faut qu’il ait à la fois le droit et la puissance de faire revenir les morts à la vie, et la capacité d’instruire, de corriger et ainsi de ramener tout sujet bien disposé à l’état de perfection duquel tomba Adam, et la race humaine en lui. Pour obtenir ce droit, il Lui fallut d’abord satisfaire les exigences de la Justice qui requerra l’extinction de la race humaine; et ces exigences ne pouvaient être satisfaites que par un sacrifice correspondant une vie humaine pour une vie humaine. La vie d’Adam, et de tous les êtres humains en lui, ne pouvait être rachetée que par un autre être humain parfait. Et il en fut ainsi : « Puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. » (1 Cor. 15 : 21). Par le sacrifice d’une existence humaine parfaite, est assuré le droit du sacrificateur de rétablir l’homme à la perfection.

Mais en plus du droit, du privilège de ramener l’homme à la perfection, le sacrificateur doit posséder la puissance voulue, et cette puissance présuppose nécessairement son existence éternelle. Il lui faut avoir le pouvoir de créer, puisque ramener à l’existence ce qui était complètement perdu, est créer de nouveau ; c’est même une œuvre plus grande que la première création. Il lui faut aussi posséder une connaissance parfaite, et des exigences de Dieu et des besoins de l’homme, ainsi que la parfaite aptitude de guider une race humaine si pauvre, et de la ramener aux glorieuses hauteurs de la perfection et de l’harmonie et de la communion bénies avec Dieu.

Quelle fonction ! Qui oserait s’arroger un tel titre ? A vrai dire, celui-ci appartient uniquement à l’Oint de Jéhovah. Même Jésus, l’Oint, « ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain sacrificateur », mais Dieu L’a « déclaré souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec »(Héb. 5 : 4, 5, 10). L’Eternel Lui fit l’honneur de L’inviter à cette fonction et de Lui donner tout pouvoir pour l’assumer. En accord avec le Plan divin, non seulement Jésus, l’Oint de Dieu, a été choisi comme principal, ou souverain sacrificateur, mais les membres du « Petit Troupeau », qui Le suivent aujourd’hui dans la voie du sacrifice, sont appelés à cohériter du même honneur. Si nous souffrons avec Lui, nous serons aussi glorifiés avec Lui (Rom. 8 :17). Jésus seul est le grand Souverain Sacrificateur ; mais l’Eglise de l’Evangile, rachetée par Sa mort, associée avec Lui maintenant dans le sacrifice, et devant être associée avec Lui ensuite dans l’exercice de la puissance divine, entre aussi en ligne de compte avec Lui et, avec Lui, elle constituera le grand Prophète, Sacrificateur et Roi promis — la postérité promise — qui affranchira et bénira la création gémissante. —Gén. 22 :18 ; 28 :14 ; Gal. 3 : 29 ; Actes 3 : 20-23 Ps. 110 : 4.

Ces considérations devraient faire comprendre à tous que notre Souverain Sacrificateur est vraiment un Roi investi du pouvoir absolu. Et, jetant nos regards en arrière, sur les types que Dieu nous a fournis, nous y trouvons Melchisédec, cité comme illustration de cette sacrificature par le Psalmiste de même que par l’Apôtre Paul (Ps. 110 : 4 ; Héb. 5 : 5, 10). Ceux-ci montrent que Melchisédec, qui était sacrificateur sur son trône, représentait le Christ en gloire et en puissance, tandis que dans la sacrificature aaronique étaient préfigurés les traits spéciaux du sacrifice rédempteur : sa perfection, sa plénitude, son acceptabilité et aussi la part que l’Eglise a, avec Christ, dans ce sacrifice.

Christ ne fut pas établi sacrificateur de l’ordre aaronique; cette sacrificature était seulement un type, une figure. La sacrificature aaronique tirait son origine de la tribu de Lévi, alors que « notre Seigneur [quant à la chair] est sorti de Juda, tribu dont Moïse n’a rien dit pour ce qui concerne le sacerdoce » (Héb. 7 : 14), et les membres de Son Corps, de l’Eglise, sont choisis principalement d’entre les Gentils. En tant qu’homme, Jésus ne fut pas sacrificateur et, en tant qu’hommes, les saints, membres de la sacrificature royale, ne le sont pas non plus; mais c’est comme « nouvelles créatures » qu’ils tiennent et remplissent leur fonction. C’est comme « Nouvelle Créature », « participant de la nature divine » (à laquelle Il fut engendré au moment de Son baptême), que Jésus fut sacrificateur et, en qualité de sacrificateur, Il offrit sa nature humaine parfaite comme sacrifice agréable à Dieu. Il se consacra, ou s’offrit en sacrifice, en devenant sacrificateur et, pour cette fonction, Il reçut une onction spéciale qui fut nécessaire pour Le rendre à même d’accomplir le sacrifice et d’en affecter les avantages aux hommes. Sa nature humaine, une fois sacrifiée, ne pouvait rien faire de plus ; il lui faut demeurer sacrifice pour toujours ; mais la Nouvelle Créature, complètement développée dans la résurrection, possède tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. — Matth. 28 : 18.

La fonction sacerdotale de la « Nouvelle Créature » ne provient pas de l’ordre aaronique ; il ne peut en être tracé une lignée qui remonterait à une source humaine quelconque. Ce fait est typifié d’une manière frappante dans la sacrificature de Melchisédec, dont la lignée et la mort ne sont pas enregistrées. Melchisédec fut sacrificateur sans avoir hérité cet office de son père ou de sa mère ; il typifiait ainsi la sacrificature de Christ qui ne descendit pas d’une lignée charnelle, comme fit la sacrificature aaronique, qu’Israël croyait être la réelle. La mort de Melchisédec ne fut pas non plus enregistrée, et un successeur ne lui fut pas désigné (Héb. 7 : 3), afin qu’ainsi pût être typifiée la continuité de la sacrificature de Christ. Dans ce type, l’œuvre du sacrifice n’est pas montrée, puisque Melchisédec représente le Christ glorifié et régnant après que l’œuvre du sacrifice a été achevée, et la nature divine entièrement parfaite.

En Héb. 7 : 4-10, il est déclaré que Melchisédec était plus grand qu’Abraham, ce qui montre que le divin Christ sera plus grand et, en conséquence, capable de bénir tous les « amis de Dieu »du plan humain.

« C’est aussi pour cela qu’il [Christ] peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. Il nous convenait, en effet, d’avoir un Souverain Sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux [élevé au-dessus de tout, jusqu’à la nature divine]. » (Héb. 7 : 25-27). Et cette assurance bénie, de l’établissement d’un tel sacrificateur, puissant au point de pouvoir « sauver », nous est confirmée par serment de la part de l’Eternel (Héb. 7 : 21 ; Ps. 110 : 4). Quelle grande consolation peuvent donc avoir ceux qui sont allés à l’Oint de l’Eternel pour trouver refuge auprès de Lui : « L’Eternel a juré, et il ne se repentira point: Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec. » Quel est le croyant, justifié par la foi et s’étant offert en sacrifice vivant, qui ne peut comprendre clairement qu’il est appelé, comme membre du glorieux Corps oint, au cohéritage avec Celui qui en est la Tête, le Chef ? Celui-ci est habilité pour l’accomplissement de Sa tâche, et Il est capable de sauver complètement aussi bien tous ceux qui viennent à Dieu par Lui maintenant, que tous ceux qui L’écouteront et viendront à Dieu par Lui dans le Millénium.

« C’est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, Jésus,… car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement. » — Héb. 3 : 1, 14.

Nous conclurons en conséquence que si la sacrificature aaronique fournit des illustrations typiques des sacrifices et des souffrances de Christ, et des bénédictions qui suivront, elle n’illustre pas complètement le caractère glorieux, éternel et inchangeable de la sacrificature de Christ durant l’Age Millénaire ; et c’est pour cette raison que Melchisédec nous fut présenté comme type, afin de montrer ainsi la glorieuse fonction de Christ, celle de sacrificateur et de roi, de sacrificateur sur son trône. Ici aussi le Corps de Christ n’est plus montré sous l’image de membres séparés, mais comme étant UN, comme étant complet. Dans l’œuvre du sacrifice, nous avons vu le chef, le sacrificateur principal, et les sous-sacrificateurs, sacrifiant plus ou moins séparément, comme cela est montré en Aaron et dans les sous-sacrificateurs mais tous participeront ensemble à la gloire future représentée en Melchisédec seul.

W.T. 3951 – C.T.R. 1907