Sermon de frère Russell, prononcé le 17 mars 1912 au Tabernacle de Londres.
«Dieu a fait d’un seul sang toutes les races des hommes pour habiter sur toute la face de la terre, ayant déterminé les temps ordonnés et les bornes de leur habitation, pour qu’ils cherchent Dieu, s’ils pourraient en quelque sorte le toucher en tâtonnant et le trouver» «D) — ou L. «Si en quelque sorte ils pourraient le toucher avec la main et le trouver, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun.» — Ou selon St. « Pour voir si elles [les nations] parviendraient à le trouver et à le toucher» — (sous-entendu: elles n’y sont pas parvenues). — Actes 17 : 26, 27.
Ce texte est tiré de l’allocution de l’apôtre St. Paul aux Athéniens, hommes si inclinés à la religion,
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qu’ils avaient élevé une idole à chaque dieu connu; l’une d’elles plus fameuse était spécialement destinée « au Dieu inconnu».
Ces deux versets sont venus plusieurs fois frapper mon esprit pendant mon voyage de ces quatre derniers mois. Je m’étonnais de voir la complète division de l’humanité, par suite de la confusion des langues. Combien de fois m’impressionnait la déclaration de l’apôtre que Dieu avait « déterminé les bornes de leur habitation»
Notre texte explique la chose comme étant un résultat de la volonté de Dieu et nous verrons plus tard, encore mieux que maintenant, qu’il le fit pour le bien de tous, arrêtant ainsi la tendance dégradante du péché.
Toutes les nations d’un seul sang.
Mon contact plus accentué avec l’humanité confirme la déclaration de l’apôtre, que toutes les différentes nations sont sorties d’un seul sang, ont une même parenté originelle. Et en cela les gens de science, ordinairement opposés à l’enseignement biblique, sont d’accord. Il semble étrange, en vérité, que quelques-uns de ces hommes instruits persistent à unir leurs efforts pour s’opposer à la Bible, — cherchant à prouver une évolution humaine en conflit avec la déclaration biblique que Dieu créa l’homme à son image — ressemblance — et que les diversités de dégradation présentes sont toutes des résultats de la chute d’Adam, de la désobéissance qui le priva de la faveur divine et mit sa race sous la sentence de mort.
Quand nous considérons la position inférieure de la femme dans toutes les nations païennes et le manque de développement intellectuel de la mère, son abattement sans aucune espérance et la même tendance qui laisse des traces sur ses descendants, nous ne devons pas nous étonner des nombreux visages tristes que nous rencontrons dans ces pays païens. En vérité, nous sommes étonnés si nous comparons quelques-uns des plus bas types de la chrétienté avec quelques-uns des types dégradés du paganisme, que la différence ne soit pas plus grande. L’explication de ceci se trouve dans le fait, que nous n’avons pas eu le vrai type de christianisme. Notre christianisme a été si mélangé avec la superstition et si imprégné d’erreur, que la chrétienté, prise comme un tout, avec ses quatre cents millions de chrétiens, est une chose hybride, une dénigration du nom de chrétien et des enseignements de Christ.
Rappelons ici l’explication de St. Paul concernant la dégradation des païens comme il la développe dans le premier chapitre de son épître aux Romains. Il nous dit plus distinctement que ne le fait l’Ancien Testament, que l’homme, originellement, connaissait son Créateur et était en communion avec lui, mais que, graduellement, il glissa de cette position dans une dégradation de plus en plus grande au point de vue mental, moral et physique. Lisons les paroles de St. Paul: « Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous; et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles.
C’est pourquoi Dieu les a livrés à l’impureté, selon les convoitises de leurs cœurs, en sorte qu’ils ont eux-mêmes déshonoré leurs propres corps; eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge.
Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, en sorte qu’ils ont une conduite indigne…» —Rom. 1 :21-28.
« Qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant. »
Mais le point spécial du texte des Actes 17, qui me frappa plus particulièrement, est la déclaration de St. Paul, que Dieu avait déterminé et fixé d’avance les temps de ces nations, c. à d., quand elles seraient mises en contact avec la lumière de la vérité divine.
Nous voyons que, par la Providence, la torche de l’Evangile brilla premièrement en Palestine, puis à l’ouest et au nord à travers l’Europe, ensuite encore plus à l’ouest jusqu’en Amérique. En vérité elle a été la torche de la civilisation. Aucune autre puissance dans le monde ne possède la force dynamique du message évangélique. Dans la proportion où il a été reçu dans sa pureté, il brise les liens de l’ignorance et de la superstition, il libère l’homme. Il déclare, comme le fait notre texte, l’unité de la famille humaine, et que tous ses membres par nature sont frères. Il nous dit que Dieu ne fait point acception de personnes et que les mêmes lois du juste et de l’injuste s’appliquent aux rois, princes, évêques et clergé comme aux plus humbles membres de la race et que tous doivent rendre compte au Grand Créateur.
Ce trait du message évangélique a été l’étincelle de toute notre civilisation. Mais hélas, la combinaison de cette civilisation avec l’égoïsme inné au cœur non régénéré produit un type humain qui est dangereux, à cause de sa plus haute intelligence, de son ambition et imagination sans contrainte, combinées avec une nature déchue, formée dans l’iniquité et tendant continuellement vers l’égoïsme. Un homme entièrement conduit par l’égoïsme est dangereux pour ses semblables en proportion de son éducation et de ses connaissances. Il sait mieux que ses voisins païens comment profiter des circonstances et des conditions de la vie, car il est plus élevé qu’eux au point de vue mental.
Les conditions vont changer.
St. Paul déclare dans notre texte que Dieu a prédéterminé « les temps» pendant lesquels il agirait avec les nations en leur apportant l’Evangile. Nous avons déjà considéré l’ordre divin concernant le temps prédéterminé pour l’appel de l’ecclésia, l’Eglise, un « petit troupeau» tiré hors de chaque nation, peuple et langue, pour être les associés du Rédempteur dans le Royaume messianique qui doit bénir Israël et toutes les nations. Nous croyons que cette élection de la classe de l’Eglise est à peu près terminée et que bientôt après le royaume de Dieu, le règne de justice, le jour du jugement du monde commencera.
Cela ne devrait donc pas nous surprendre de voir que de grands changements sont imminents parmi les peuples du monde entier.
231 Septembre 1912
Les bornes des habitations humaines et les barrières des langues s’enlèvent rapidement parce que d’autres temps prédéterminés par arrangement divin sont venus, c’est à dire la période mentionnée dans la prophétie de Daniel comme étant le temps de la fin (Dan. 12 : 1). Et ici nous devons vous rappeler à nouveau que le temps de la fin ne signifie pas la fin des temps. Cela signifie simplement le temps de la fin du présent ordre de choses, afin qu’un nouvel ordre de choses, le Règne messianique, puisse être établi. Il y a vingt-cinq siècles Dieu détermina ce temps, le désigna et nous donna quatre preuves très importantes par lesquelles nous puissions le reconnaître. Examinons-les:
1. Le premier signe du temps de la fin devait être: « Plusieurs courront çà et là» (D.). De quelle merveilleuse manière cette prophétie est accomplie sous nos yeux aujourd’hui! Son accomplissement a été en progression, spécialement depuis cinquante ans. Il n’y a pas encore quatre-vingts ans que la première locomotive a été construite. Les nations, autrefois séparées par diverses langues, se tinrent bien confinées dans les limites de leurs habitations pendant un grand nombre de siècles; maintenant nous voyons l’accomplissement du courir çà et là qui étonne ces différentes nations, dispersées sur la surface de la terre. — Dan. 12: 4.
2. Un autre signe donné par la prophétie, comme marquant le temps de la fin de cet âge, est le suivant: «La connaissance sera augmentée». Cette augmentation générale de l’éducation parmi toutes les classes est un résultat logique du mélange actuel des divers peuples qui reçoivent de l’instruction par comparaison et par concurrence des uns avec les autres. Soudainement et en obéissance au commandement divin, une à une, chaque nation a mis l’instruction à la portée de chacun et, non contente de cela, l’a rendue obligatoire; cet esprit s’étend aussi aux pays de l’Orient.
Le monde entier est en éveil. Les droits personnels ou collectifs sont discutés partout. Les écoles des Indes instruisent chaque année 1 million d’élèves dans la langue anglaise. Les Chinois aussi introduisent des écoles anglaises. Quels seront les résultats? Plus de connaissance? Oui! Piété? Non! Contentement? Non! Le mécontentement, les guerres, les luttes, l’anarchie viennent sur le monde par bonds, comme résultat de la connaissance (éducation) générale, le souffle de la liberté n’étant pas retenu par une révérence pour Dieu, par la connaissance de sa volonté et par un désir de s’y soumettre.
Le Japon, la Chine et les Indes semblent seulement attendre une étincelle qui fera éclater l’incendie (c. à d. l’anarchie).
Influence pernicieuse de la haute critique.
Les conditions en Europe et en Amérique sont les mêmes, car la foi que les masses avaient en Dieu et en la Bible a été rapidement détruite par les théories de la haute critique et de l’évolution, lesquelles sont enseignées par les collèges, les séminaires et les chaires et envahissent non seulement les écoles publiques, mais aussi les écoles du dimanche. Evidemment tout système ou connaissance qui nie Dieu ou s’oppose à lui et à la Bible est une éducation nuisible, dangereuse au dernier degré. Mais précisément, c’est cette éducation, ignorant Dieu, qui a aujourd’hui tellement envahi le monde qu’il lui est impossible de s’en défaire.
3. Le 3ème point devant indiquer le temps de la fin de cet âge est: «Les sages comprendront;» non pas les sages du monde, mais ceux qui sont sages aux yeux de Dieu. C’est de cette manière que les choses arrivent aujourd’hui. Pendant que les grands, les savants et les masses sont rapidement entraînés dans les ténèbres païennes, loin de la Bible, les quelques sanctifiés de Dieu de chaque nation et dénomination comprennent de plus en plus clairement les enseignements des Ecritures et se débarrassent toujours plus des crédo des hommes, lesquels, pendant des siècles, ont servi à aveugler et à faire trébucher. Ils ont servi à faire paraître inconséquent et déraisonnable tant le caractère de Dieu que sa parole et ont séparé les enfants de Dieu en six cents différentes sectes et partis. Ces crédo sont vus maintenant sous leur vrai jour par les saints et sont écartés et rejetés.
4. Comme résultat de l’accomplissement des indications 1 et 2 nous voyons près de nous, se dresser comme un spectre, le 4ème point: «Ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation.» Ce temps de détresse, déjà donné à entendre, apparaît maintenant à l’horizon de chaque nation. C’est la résultante d’une connaissance non sanctifiée. Cela signifierait l’entière ruine (naufrage) de toute notre civilisation, si le royaume du cher fils de Dieu ne s’interposait pas, c’est à dire le royaume que nous avons longtemps attendu et pour lequel nous avons prié: « Ton règne vienne; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.» Notre Seigneur, parlant de ce trouble, déclare: « Si ces jours n’étaient abrégés, nulle chair ne serait sauvée; mais à cause des élus, ces jours seront abrégés » [litt.] « par les élus» et par le royaume qu’ils établiront, ce grand «temps de détresse» sera abrégé; — il ne sera pas permis que la terreur, appréhendée au début, s’accomplisse pleinement.
Je reviens des pays païens complètement convaincu que l’espérance du monde est exactement ce que la parole de Dieu déclare, savoir, le royaume messianique. A moins que ce royaume ne vienne, et ne vienne bientôt, le monde sera dans la plus terrible condition qu’il ait jamais connue. Mais ma confiance dans la parole de Dieu et dans la promesse du Royaume « sous tous les cieux» devient chaque jour plus forte. La Bible, autrefois un livre scellé, autrefois apparemment contradictoire, autrefois supposée être en harmonie avec les crédo et être leur vrai fondement, je la vois maintenant comme le plus merveilleux livre du monde entier. Il fallait seulement que la lumière luise sur ses pages, illuminant au bon moment le peuple de Dieu, pour écarter les ténèbres, afin qu’avec les yeux ouverts nous puissions vraiment chanter: « Les merveilles de la loi [de la parole] de Dieu. » — Ps. 119:18. CL. Doy.)