TOUTES CHOSES CONCOURENT AU BIEN DE CEUX QUI AIMENT DIEU

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Genèse 46 28-34; 47 :12, 28-31.

“ Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.‘ — Rom. 8: 28.

Jacob et toute sa famille quittèrent le pays de Ca­naan, le pays de la promesse, la Palestine. Sur l’invita­tion de Pharaon faite par Joseph; ils s’établirent dans le pays de Gosen qui convenait à leurs occupations de pâtres et de bergers. Joseph se rendit à Gosen et y ren­contra son père qu’il n’avait pas vu depuis nombre d’années. Selon la coutume des pays orientaux, ils s’em­brassèrent l’un l’autre et Joseph pleura; ensuite eut lieu la présentation de Jacob et de sa famille à Pharaon. Joseph veillait à ce qu’aucune faute d’étiquette ne fût commise, c’est pourquoi il fit clairement connaître au roi qu’ils étaient des bergers et des pâtres, car les Egyptiens méprisaient ces occupations et pour ce motif s’abstiendraient de frayer avec les Hébreux. Le pays de Gosen devint en quelque sorte une contrée isolée au sein de l’Egypte.

Jacob alors âgé de cent trente ans était déjà faible. Introduit devant Pharaon, il le bénit; nous pouvons sup­poser que c’était dans le sens d’implorer la bénédiction divine sur lui. Ainsi la famille de Jacob, maintenant dési­

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gnée par son nouveau nom, Israël, s’établit solidement dans le pays d’Egypte. Jacob vécut encore dix-sept ans; pendant ce temps Joseph et son peuple, les Israélites, jouissaient de la faveur de Pharaon et des Egyptiens.

Notre étude se rapporte spécialement à la bienveillance de Dieu et à sa puissance de faire concourir toutes les expériences de son peuple à son bien. Ceci nous amène naturellement à nous demander de quelle manière les expériences de la vie de Jacob concoururent à son bien. Les Ecritures disent “j’ai aimé Jacob et j’ai haï [aimé moins] Esaü. L’amour de Dieu aurait dû être manifesté clairement en faisant concourir toutes choses au bien de Jacob et de sa famille. La question se pose : Comment la faveur divine se manifesta-t-elle à l’égard de Jacob et de sa famille? Ce n’est que par les yeux de la foi, gui­dés par les paroles de Jésus que nous pouvons voir comment la bénédiction de Dieu favorisa Israël plus que d’autres peuples. Beaucoup de personnes n’ont pas les yeux de la foi, elles ne peuvent, par suite, voir, appré­cier et comprendre ces choses. La majorité des chrétiens de nom et des Juifs ne voient pas quelle fut la bénédic­tion qui échut à Israël. Ces personnes ont une foi chan­celante et sont prêtes à se laisser entraîner par les doctrines de la critique moderne et de l’évolution, qui leur inspireront une incrédulité totale à l’égard de la Bible et du plan divin qui y est exposé.

Jacob devenu l’héritier de la grande promesse faite à Abraham “toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité”, semble avoir été soumis de suite à des épreuves. Il s’enfuit de chez lui, laissant tout à son frère. Il servit son oncle Laban pendant sept ans, afin d’avoir Rachel pour femme; mais la Providence permit qu’il fût frustré de ce qui lui avait été promis et obligé de servir sept ans de plus pour l’obtenir. A plusieurs reprises, Laban changea le salaire de son neveu afin de l’exploiter le plus possible. De ce fait Jacob entra en contestation avec son oncle, lorsqu’il voulut sauvegarder ses intérêts personnels. Il retourna finalement en Canaan avec le produit de ses nombreuses années de travail, craignant toujours son frère Esaü qu’il se concilia par un riche présent. Ensuite, il perdit sa femme et fut privé de Joseph, son fils bien-aimé, puis vint la famine: peu après il retrouva Joseph et enfin succédèrent les incidents de notre récente étude. Plus tard, cette descente en Egypte semble avoir été une erreur désastreuse, car les Egyptiens asservirent les Israélites; ils furent néanmoins délivrés, mais ce fut pour être durement éprouvés pendant qua­rante ans dans le désert de Paran, avant d’entrer au pays de Canaan.

Quelle fut la bénédiction de Dieu à Israël?

La prise de possession du pays fut une opération gra­duelle. Ils éprouvèrent nombre de difficultés et d’échecs: ils furent réduits en captivité par les Philistins, les Syriens, etc. Plus tard, ils eurent des rois, ensuite éclata une révolte qui amena la division du royaume; des famines, des guerres et des épidémies suivirent, jusqu’au moment où ils furent emmenés captifs à Babylone. Ils partirent en grand nombre et, à leur retour, ils étaient relativement peu nombreux. Ils eurent encore beaucoup d’épreuves, de guerres, etc.

Plus tard, Jésus vint et fut rejeté par tous, sauf par quelques-uns; dès lors la nation fut rejetée par Dieu. “ Voici, votre maison vous est laissée déserte” Ils furent en proie à l’anarchie et à des troubles intérieurs jusqu’au moment de leur mort nationale, du sommeil de leur natio­nalité. Leur nationalité a été abolie pendant plus de dix-huit siècles; d’autre part, en tant qu’individus, ils ont éprouvé de nombreuses persécutions, au sein de beau­coup de nations.

Ce que nous voulons discerner c’est comment les bénédictions de Dieu s’attachèrent néanmoins à toutes les tribulations d’Israël. Nous voulons savoir de quelle manière Dieu favorisa et bénit Israël plus abondamment que les autres nations. Pour le comprendre, nous devons jeter un coup d’œil sur les autres nations et peuples et voir les épreuves auxquelles ils ont été soumis, puis considérer l’avenir.

Où est l’Egypte? Où est actuellement le gouvernement des Pharaons? Où est l’Assyrie? Où sont maintenant ses habitants ? Où sont les Philistins? Où sont toutes les nations qui prospéraient dans les jours d’Israël? Elles n’existent plus; elles ont fusionné avec d’autres peuples ou ont cessé d’exister au cours des temps. Elles ne peu­vent être rétablies aujourd’hui, parce qu’aucun de ces peuples n’existe plus nulle part. Nous ne faisons allusion ici, ni aux nombreuses peuplades des Indes, ni aux grandes masses de Chinois et de Japonais, ni aux tribus sauvages d’Afrique. Toutes ces diverses nations n’ont aucune relation directe avec notre histoire, car elles ne sont pas reliées d’une manière étroite avec les destinées d’Israël selon la chair, ni avec celles d’Israël spirituel.

Le peuple d’Israël existe aujourd’hui, bien que n’ayant pas d’existence en tant que nation. C’est une nation morte ou endormie dans le shéol, attendant son réveil national et sa résurrection. Ce réveil apporte déjà un rayon d’espoir aux “ossements desséchés ” et fait entre­voir un avenir de prospérité et de bénédictions. La pro­vidence divine a maintenu jusqu’à aujourd’hui l’existence du peuple d’Israël. C’est l’espérance des bénédictions futures basée sur la promesse de Dieu à Abraham qui est la force vitale de ce peuple; c’est cette espérance qui, selon la prophétie, rendra bientôt la vie à Israël, le mettra en évidence et l’associera avec le grand royaume messianique qui bénira le monde. Quelqu’un dira peut-être : ne nous parlez pas de bénédictions nationales, car nous devons penser à l’humanité entière en nous plaçant au point de vue de la fraternité universelle. Si Israël a été béni de Dieu comme nation, il en serait résulté des bénédictions individuelles manifestes et non simplement une prolongation de la grâce accordée à ce peuple dans sa vie comme nation.

Nous répondons cela est vrai. Il y a des bénédictions individuelles et nationales se rapportant au passé et à l’avenir. La manière dont Dieu traita Israël dans le passé ne prouve certes pas que toute cette nation est sainte et digne des grands honneurs et des premières places dans l’accomplissement du programme divin Ces dispositions providentielles permirent de choisir dans son sein un peuple spécial doué de caractères distinctifs pareils à celui d Abraham, c’est à dire ayant la foi et l’obéissance. Après Abraham vint Isaac, puis Jacob et enfin le peuple d’Israël duquel sortirent à plusieurs reprises des individus dignes d’être placés auprès de leurs pères Abraham, Isaac et Jacob.

Les nombreuses épreuves endurées par la nation au cours des siècles développèrent de grands caractères, d’une foi ferme et d’un cœur loyal. Outre Abraham, Isaac, Jacob et les prophètes, Paul en énumère quelques autres. Il comprend dans ce nombre tous les “ véritables Israélites ” qui restèrent fidèles à Dieu et souffrirent même des persécutions parce qu’ils aimèrent la justice et parce qu’ils conservèrent les espérances transmises par les pro­messes faites à Abraham. Quelques-uns d’entre eux furent “ lapidés, sciés… eux dont le monde n’était pas digne.

Cette sélection continua jusqu’au temps de Jésus et trouva une glorieuse, mais peu nombreuse compagnie. C’est de telles personnalités que Dieu rechercha et il trouva ceux qu’il cherchait. Il est vrai, qu’ils n’ont pas encore reçu leur récompense et que cette récompense n’est pas céleste, mais terrestre, selon la promesse faite

“Tout le pays que tu vois, je te le donnerai et à ta postérité après toi. ” Tout a concouru au bien de ces fidèles d’Israël, parce qu’ils aimaient Dieu, parce qu’ils furent fidèles à la justice qu’il leur avait enseignée et à la promesse qu’il leur avait faite. Nous croyons que le

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temps est proche où ceux-ci seront les représentants terrestres du Messie qui, gouverneront et béniront l’humanité en son nom. Les prophéties les concernant seront accomplies : au lieu d’être les pères, ils seront les enfants du Messie et recevront de lui la vie éternelle: il les éta­blira princes sur toute la terre, ils seront associés avec le royaume céleste et seront sous sa direction. Nous voyons clairement que les épreuves d’Israël furent diri­gées par la providence divine et concoururent au bien de cette classe spéciale, des véritables Israélites dans les­quels il n’y avait point de fraude et qui aimaient Dieu par-dessus toutes choses. Bientôt ils seront récom­pensés et ils béniront toutes les familles de la terre.

Les expériences d’Israël spirituel

Au premier avènement, quand vint le temps fixé par Dieu pour l’élection d’Israël spirituel, du sein de l’humanité, il accorda cette première faveur aux enfants de Jacob. En ce temps-là tous les véritables Israélites dans lesquels il n’y avait point de fraude eurent le privilège d’accepter les faveurs et les instructions de Jésus. Des instructions et des directions providentielles spéciales permirent à cette classe de fidèles de reconnaître Jésus-Christ comme le Messie; les autres Israélites, par contre, restèrent aveuglés par les préjugés, la superstition et les théories obscures.

Voici encore un autre avantage qui échut à la posté­rité d’Abraham selon la chair : ses descendants eurent les premiers, la possibilité de faire partie d’Israël spiri­tuel, privilège dont ils n’avaient eu aucune connaissance antérieure. Les Juifs n’ont pas encore appris que le Messie qu’ils attendaient était un Messie spirituel et non un Messie terrestre. Ils n’ont pas compris que le Messie n’est pas une seule personnalité, mais qu’il est constitué par plusieurs membres.

Les enfants légitimes d’Abraham furent grandement favorisés, car c’est à eux que furent confiées les pro­phéties de Dieu. La connaissance de ces prophéties et de ces messages leurs permettait plus qu’à toute autre nation, de reconnaître le Messie et de l’accepter comme tel en devenant ses disciples.

Ce que nous venons de dire d’Israël terrestre peut être répété avec plus de force d’Israël spirituel, à savoir, que les privilèges qui leur furent accordés leur causèrent des souffrances et des persécutions spéciales: Jésus fut souf­fleté, toutes les calomnies possibles furent inventées contre lui et, pour couronner le tout, il fut crucifié comme un criminel, parce qu’il avait affirmé être le Fils de Dieu et qu’il ne voulut pas rétracter l’affirmation par laquelle il se présentait comme le futur Roi de gloire.

Les disciples de Jésus firent aussi d’amères expériences pendant des siècles; ils furent souvent torturés, persé­cutés et écorchés vifs; plus tard les persécutions eurent un autre caractère : c’est par toutes sortes de calomnies et médisances supportées pour la cause de Christ qu’ils furent en quelque sorte torturés et écorchés vifs. Les tromperies, les fausses doctrines et la captivité actuelle au sein de la Babylone moderne : voilà quelles ont été les épreuves du peuple de Dieu. La liste n’est pas close, car Paul dit: Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés ( 2 Tim. 3 :13). C’est ainsi qu’aujourd’hui, tous ceux qui appartiennent au Seigneur, ont l’assurance de rencontrer l’opposition de Satan du monde et de leur propre chair, s’ils sont fidèles à leur Maître.

La question se pose : De quelle manière ces choses concourent-elles plus parfaitement à notre bien qu’à celui du monde? Les chrétiens ne meurent-ils pas comme les incrédules, les Juifs, les mahométans et les païens? N’ont-ils pas leur part de maladies, de chagrins et de douleurs, puisqu’ils sont voués à des épreuves qui se termineront par la mort? Personne ne peut contester la véracité de cette assertion! Nous dirons : quel est donc l’avantage de faire partie d’Israël spirituel? Si le monde entier est racheté par le précieux sang de Christ, si chacun doit avoir part aux bénédictions du règne glorieux du Messie pendant mille ans, si, d’autre part, les anciens dignitaires doivent occuper la première place dans le Royaume à venir, quel sera l’avantage, si avantage il y a, pour les Israélites spirituels qui sont restés fidèles, pour ceux qui ont enduré les épreuves comme de bons soldats, qui ont consacré leur vie tout entière au service du Maître, au service des frères, au service de la vérité et au service de Dieu?

Nos avantages sont nombreux

Les avantages de cette classe de personnes sont nombreux, et s’étendent à la vie présente aussi bien qu à la vie future. Au temps présent, le privilège de ceux-ci est de jouir de la paix de Dieu qui surpasse toute compréhension humaine et d’avoir l’assurance, par la foi, que toutes choses concourent à leur bien parce qu’i1s aiment Dieu. C’est leur privilège de savoir que, quels que soient les événements qui puissent surprendre les autres humains dans le monde, rien d’imprévu par contre ne peut leur arriver, car la providence divine prend soin de leurs affaires et de leurs intérêts. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient la paix dans toutes les tourmentes et se réjouissent même dans les tribulations. Leur joie est une joie spirituelle; aucune expérience terrestre ne peut la leur enlever. Ces joies augmentent chaque jour au fur et à mesure qu’ils acquièrent l’expérience chré­tienne et qu’ils croissent en connaissance et en grâce. Ils ont le privilège d’avoir accès au trône de la grâce céleste, d’avoir communion avec le Père céleste et avec le Seigneur Jésus-Christ. Ils peuvent se considérer, selon la déclaration de Pierre, comme des membres du sacer­doce royal, de la nation sainte d’Israël, du peuple choisi de Dieu: ils peuvent se réjouir du privilège d’être les ambassadeurs de Dieu, d’annoncer les bonnes nouvelles aux autres et de proclamer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pier. 2 : 9). Oh! la grandeur des privilèges, des faveurs et des bénédictions accordées à ces israélites spirituels! Combien elles surpassent et compensent les tribulations et les oppositions qu’ils ont à subir.

Les joies de la vie à venir

Au delà de toutes les épreuves de la Vie actuelle sont les richesses futures de la grâce de Dieu que les fidèles d’Israël possèdent et gardent par la puissance de la foi. Comme St-Paul le dit, ils ont ” la promesse de la vie présente et celle qui est à venir ” (1 Tim. 4: 8), et cette vie à venir est une vie si merveilleuse que l’étude de tout ce qui y a rapport est un sujet sans fin. Chaque pas dans la voie de l’obéissance leur procure des droits et des privilèges divins, leur fait franchir de nouvelles étapes dans la connaissance de Dieu et de ses glorieux desseins. Plus le caractère se sanctifie et fait abandon de toute volonté personnelle, plus ses connaissances s’approfondissent, plus ses expériences s’enrichissent, plus ses espérances et son attente acquièrent de prix.

Si l’on nous demande: Quelles sont les expériences des membres de cette classe? Nous répondrons: Ils atten­dent ce que Dieu a promis; maintenant qu’ils sont enfants de Dieu, ils s’attendent à ce que la résurrection des morts, qui leur est promise, les amènera à la perfection spiri­tuelle complète et fera d’eux des fils de Dieu de l’ordre le plus élevé. S’ils sont enfants de Dieu, ils seront ses héritiers, “héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ” leur Seigneur. En outre, ces Israélites spirituels sont héritiers d’un pays de Canaan spirituel, d’un royaume spirituel. Pour entrer dans ce royaume, ils doivent néces­sairement éprouver la puissance d’une résurrection meil­leure que celle des autres humains. Ceci veut dire, nous affirme l’apôtre, qu’ils seront changés en un instant, en un clin d’oeil, à la dernière trompette ”, car ‘ la chair et le

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sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu (1 Cor. 15: 52, 50). N’est-il donc pas vrai, au sens le plus absolu du mot, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, au bien de ceux qu’il a appelés selon ses desseins, non seulement pendant la période juive, mais aussi à ceux qui ont été appelés pendant l’âge de l’évangile et qui ont accepté cet appel