« Un homme à l’esprit double est inconstant dans toutes ses voies » – Jacques 1 : 8.
Après que les Israélites soient entrés en Canaan et aient été pleinement reconnus comme la nation sainte de Dieu, il semblerait que toutes les relations entre Dieu et les Gentils aient été interrompues. Manifestement, avant cela, des hommes ayant foi en Dieu ont été plus ou moins reconnus par Lui – par exemple, Abraham, Job, Melchisédek et Balaam – ce dernier constituant la figure centrale de la leçon de ce jour. Balaam vivait au bord de l’Euphrate, dans le pays qu’Abraham avait quitté lorsqu’il vint en Canaan. Il était connu partout comme quelqu’un dont les messages, soit pour le bien soit pour le mal, étaient sûrs de se réaliser. En d’autres termes, il était considéré comme un oracle.
Lorsque le roi de Moab perçut que les Israélites triomphaient de tous ceux qu’ils combattaient, il eut une grande frayeur, bien qu’ils n’aient pas agressé les Moabites. Il s’entretint avec le chef des Madianites, puis envoya des messages vers l’Euphrate à six cent cinquante kilomètres de là pour que Balaam vienne prononcer une malédiction contre les Israélites. Une importante récompense était offerte.
Le prophète Balaam demanda à l’Éternel s’il devait ou non participer à cette mission. La réponse fut non. Israël était béni de Dieu et non maudit. Balaam fit part de sa décision et les messagers s’en retournèrent. Balak fut encore plus insistant et envoya de nouveaux messagers de rang supérieur, laissant présager de plus grandes récompenses. Balaam connaissait la pensée de l’Eternel à ce sujet, mais il aimait l’argent et espérait avoir une chance d’obtenir d’une manière ou d’une autre une certaine partie du salaire de l’iniquité. En réponse à cette seconde requête, s’il pouvait ou non accompagner les hommes, il obtint la permission de partir.
C’est lors de ce trajet que Balaam fut réprouvé par son ânesse. Un ange du Seigneur se tint sur le chemin, dans un endroit étroit où l’ânesse, voyant l’ange, ne pouvait pas le dépasser. Les yeux de Balaam n’étant pas ouverts, il ne vit pas l’ange. L’ânesse, étant battue, protesta. Même ce miracle ne réfréna pas la soif d’argent de Balaam. Il convoitait la richesse et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’obtenir – renonçant seulement s’il le devait.
Balaam fut reçu avec honneur par Balak, roi de Moab. Il ordonna que des autels soient construits et que des sacrifices soient offerts à Dieu. Il possédait une forme de piété, tout en désirant faire le contraire de la volonté divine, qu’il connaissait déjà. Les sacrifices étant offerts, il commença sa prophétie, que le roi espérait être une malédiction, mais qui fut en fait une bénédiction, ses paroles étant divinement inspirées. Comme l’a écrit Saint Pierre, « c’est poussés par le saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1 : 21). Le roi se plaignit qu’au lieu d’une malédiction ce fut une bénédiction. Balaam fit remarquer qu’il avait dit depuis le début qu’il ne pourrait prononcer autre chose que le message divin.
Le roi déçu, effrayé par Israël, chercha à utiliser la magie noire d’une certaine manière contre eux. Il amena le prophète sur un autre point de vue et l’incita à maudire au moins toute cette grande multitude. Des autels furent encore construits et des sacrifices furent offerts. À nouveau, ce fut une bénédiction au lieu de la malédiction espérée. Désespéré et en colère, le roi insista pour qu’au moins une partie soit maudite, et il conduisit le prophète à un autre endroit, à partir duquel une aile encore plus petite de l’armée d’Israël était visible. Mais là encore, il en résulta des bénédictions, et non des malédictions – pour la troisième fois.
UN HOMME À L’ESPRİT DOUBLE
La double mentalité du prophète Balaam s’est manifestée abondamment dans son comportement, comme nous venons de l’examiner. Il voulait être un prophète de l’Éternel et annoncer sa Parole en son nom, mais il désirait aussi des richesses et l’honneur qui les accompagne. Il voulait ce que la providence divine n’avait pas jugé bon de lui donner. Le bien et le mal – la voie de Dieu et la voie de la richesse – les deux étaient devant lui. Lequel choisirait-il de tout son cœur ? Il n’a choisi ni l’un ni l’autre. Il a essayé d’avoir les deux : être un serviteur et un porte-parole de Dieu, et obtenir les récompenses d’une voie opposée – 2 Pierre 2 : 15, 16.
Hélas, combien nombreux sont ceux qui ont eu l’esprit de Balaam à chaque époque ! Jésus a mis en garde contre cet esprit, en disant : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » (Matthieu 6 : 24). Combien ont trouvé vraies les paroles du Maître ! Combien ont trouvé que le Seigneur rejetterait de ses conseils et de sa communion ceux qui conçoivent l’iniquité dans leur cœur ; et qui, s’ils n’aimaient pas la servir, aimeraient au moins ses récompenses. Souvenons-nous que Dieu regarde ce qui est à l’intérieur, le cœur. Rappelons-nous ce qui a été écrit à propos de Jésus : « Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une l’huile de joie au-dessus de tes compagnons. » – Psaume 45 : 7.
Dans ses relations avec notre Rédempteur, Il a exemplifié les principes de son juste gouvernement. Un homme à l’esprit double est inconstant dans toutes ses voies – il ne plaît pas à Dieu, n’est pas acceptable pour Lui.
LE COEUR AVEC LE TRÉSOR
Le Maître déclare : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6 : 21). Ceux qui placent leur affection principalement sur les choses terrestres peuvent difficilement éviter les pièges qui les accompagnent. La seule voie sûre pour Balaam était d’avoir un cœur loyal à Dieu. Connaissant la pensée de Dieu sur le sujet, il aurait dû s’y complaire, et aurait dû rejeter le plus possible toute sollicitation à regarder dans une direction opposée. Les nobles qui acceptèrent la seconde proposition du Roi Balak auraient dû être bienveillants, mais fermes, et dire que Balaam, le prophète, avait pour loi la volonté divine ; et qu’il ne voudrait nullement considérer quelque chose de contraire à la volonté divine ; que l’argent, la richesse et l’honneur comme une incitation à s’opposer à la volonté divine seraient une insulte. Appliquons chacun cette leçon dans les affaires de la vie. Que Dieu soit en premier dans nos cœurs, ainsi que dans nos paroles et nos actes.
Mais si Balaam, dépassé par la faute, était allé jusqu’à entreprendre le trajet dans l’espoir d’obtenir de quelque manière la néfaste récompense, il aurait dû être sérieusement réveillé par l’incident avec l’ânesse. Même une ânesse savait mieux qu’il ne fallait pas essayer d’aller à l’encontre de la Puissance Supérieure. Il est évident que la capacité de raisonnement et le courage de l’humanité, supérieurs à ceux de l’animal, peuvent être utilisés avec un avantage certain.
Nous voyons que le cœur de Balaam était mauvais. Il n’en continuait pas moins d’être un prophète, mais cessait d’être un saint prophète chaque fois qu’il caressait en pensée les richesses qui le tentaient, le salaire de l’iniquité. Hélas, comme son esprit était avili, corrompu, par l’amour de l’argent ! Bien qu’en apparence, il restait fidèle à Dieu en ce sens qu’il ne voulait pas prononcer de faux message, intérieurement son harmonie avec Dieu avait disparu. L’infection, provenant d’un simple germe de désir d’argent, s’était propagée rapidement jusqu’à engloutir tout ce qu’il y avait de noble et de vrai chez lui. La décomposition ou la dégradation qui avait commencé dans son cœur, telle la pourriture au cœur d’une belle pomme, s’était étendue jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la forme extérieure.
Dans son désir d’obtenir les richesses offertes par Balak, le prétendu homme de Dieu s’était vautré dans la fange du péché. Il dit au roi : La raison pour laquelle je n’ai pas le droit de maudire Israël, c’est qu’ils sont bénis de Dieu ; mais je voudrais ajouter que la bénédiction de l’Eternel est avec eux parce qu’ils sont son peuple consacré, en relation d’alliance avec Lui, s’efforçant d’obéir à sa loi. La seule façon par laquelle tu peux amener une malédiction sur Israël serait de les tenter à désobéir à Dieu.
Conseillé par Balaam, le roi Balak se mit en rapport avec les chefs des Madianites, et les engagea vivement à ce que leurs femmes et leurs filles fassent semblant de tomber amoureuses des Israélites, et les initient aux rites religieux sensuels pratiqués par Madian. Dans la mesure où ils réussiraient à entraîner les Israélites dans le péché et l’idolâtrie, la malédiction de la loi d’Israël tomberait sur Israël. Comme il est triste, et pourtant tellement vrai, que la connaissance est une chose dangereuse pour ceux qui en font un mauvais usage ! Comme il est vrai aujourd’hui que personne ne peut concevoir d’outils sataniques aussi efficaces que ceux qui ont une certaine connaissance de Dieu !
DIEU PERMİT LA LEÇON
Dieu aurait pu empêcher toutes ces machinations malfaisantes, comme Il pourrait empêcher les mauvaises actions et les mauvaises intentions aujourd’hui. Mais Il a permis que les choses suivent leur cours, et qu’une grande leçon soit ainsi enseignée entre-temps, à cette époque aussi bien que maintenant. Le complot fut couronné de succès. Quelques-unes des principales femmes et filles des Madianites attirèrent quelques-uns des principaux hommes d’Israël à commettre l’adultère, au culte des idoles et aux orgies. Aussitôt une plaie se déclara parmi les Israélites, en raison de leur alliance avec Dieu au Sinaï, à Ebal et à Garizim.
L’alliance de Dieu avec Israël stipulait que tant qu’ils seraient loyaux envers Lui et sa loi, leurs ennemis ne pourraient pas l’emporter sur eux. Ils devaient être son peuple. Ils seraient bénis dans tous leurs intérêts temporels. Mais s’ils négligeaient ses lois et s’adonnaient à l’idolâtrie, Il amènerait sur eux divers fléaux. Ceci ne les punirait pas seulement pour leurs mauvaises actions, mais leur servirait aussi de leçon, d’avertissement, pour les empêcher de commettre des excès tels que ceux qui étaient courants chez les païens.
Nous devons nous rappeler que la mort de milliers d’Israélites en de telles occasions fut la pleine pénalité pour leur péché. Ils ne sont pas descendus dans un enfer de tourments éternels, mais se sont simplement endormis, pour attendre le meilleur jour du Messie, le Moïse antitypique, quand ils seront réveillés du sommeil de la mort et seront amenés à la pleine et claire connaissance de ces choses dont ils ne jouissaient alors, tout au plus, que d’une manière typique.
Dieu a non seulement puni les Israélites selon les termes de leur Alliance de la Loi, mais Il a également puni les Madianites et Balaam. Sous la direction divine, Moïse appela un millier d’hommes armés de chacune des tribus. Cette armée effaça complètement les Madianites en tant que nation, y compris Balaam, le prophète, qui, pour obtenir les récompenses de ses conseils néfastes, était évidemment resté pour surveiller le travail de l’iniquité.
Notre Rédempteur glorifié, dans son dernier message à l’église, prédit que certains de ses disciples imiteraient Balaam et, pour un avantage terrestre, mettraient une pierre d’achoppement sur le chemin des frères. La déclaration suggère que la prostitution et le faux culte seraient d’un plan plus élevé que celui sur lequel Israël naturel avait trébuché – un antitype, comme tout ce qui concerne cette dispensation Chrétienne.
LA MERVEİLLEUSE PROPHÉTİE DE BALAAM
Plusieurs passages de la prophétie de Balaam sont très frappants quant à leur accomplissement. Par exemple :
« Car du sommet des rochers je le vois,
et des hauteurs je le contemple.
Voici, c’est un peuple qui habitera seul,
et il ne sera pas compté parmi les nations. »
« Bénis sont ceux qui te bénissent,
et maudits sont ceux qui te maudissent. »
« Je le regarderai, mais pas de près.
Une Étoile surgira de Jacob,
et un Sceptre s’élèvera d’Israël.
Et Celui qui sortira de Jacob dominera »
Assurément, nous voyons l’accomplissement de la déclaration selon laquelle Israël sera séparé de toutes les autres nations. Quelle autre nation de l’époque demeure un peuple à l’identité préservée ?
Combien cela est vrai que ceux qui ont maudit ou blessé Israël se sont attirés des préjudices ! Lorsque nous parcourons tout le champ du monde, nous constatons que chaque nation qui a traité durement Israël a reçu un châtiment sévère ou un fléau. Au contraire, la Grande-Bretagne et les États-Unis, nations qui ont béni le Juif, ont en retour reçu de grandes bénédictions.
Les traits se rapportant au royaume du Messie sont également vrais. Le sceptre est sorti d’Israël. Celui qui devait avoir la domination de la terre est de la postérité de Jacob, selon la chair. En tant qu’Étoile brillante du matin, Il conduit à un glorieux lever de soleil – l’aube du jour Messianique qui va dissiper la nuit sur terre et apporter des bénédictions au lieu de la malédiction.
WT1913 p5322