“Vous dites: Nous avons fait une alliance avec la mort, nous avons fait un pacte avec le sépulcre…. Votre alliance avec la mort sera détruite, votre pacte avec le sépulcre [l’enfer d’autrefois] ne subsistera pas: le fléau qui inonde, quand il passera, vous serez submergés par lui.” — Esaïe 28 :15-18.
L’Eternel, comme s’il faisait une inspection parmi le peuple chrétien de nos jours, demande par le prophète: “A qui enseignera-t-il la connaissance? et à qui fera-t-il comprendre l’enseignement?” La réponse est toute donnée: “A ceux qui sont sevrés du lait, arrachés aux mamelles.” En un mot la difficulté réside dans le fait que beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui ne le sont et ne le furent jamais dans le sens réel du mot, en ce qu’ils ne considèrent pas Jésus comme le Sauveur du monde, par qui seul il y a rémission des péchés, et ne sont pas davantage des disciples consacrés de Jésus, désirant ardemment connaître et faire la volonté du Père. Même parmi le petit nombre de chrétiens selon la foi et la consécration, combien peu ont dépassé le stage du développement enfantin? Paul dit très bien: “Car lorsque vous devriez, vu le temps, être docteurs, vous avez de nouveau besoin qu’on vous enseigne quels sont les éléments du commencement des oracles de Dieu et vous êtes devenus tels que vous avez besoin de lait et non de nourriture solide” (Hébr. 5: 12—14). Et l’Eternel fait entendre par ce verset 9 (d’Esaïe 28) que personne ne doit s’attendre à comprendre son enseignement, la vérité, que ceux qui de bébés en Christ progressent pour devenir des hommes forts en Lui et que la voie à suivre pour atteindre à cet état c’est de se nourrir des vérités de toute la Parole infaillible. Soyons, chers amis, de ceux de la classe qui ne se contentent pas de rester de petits enfants en Christ, mais qui poussent jusqu’à la perfection et à la réalisation des privilèges qui sont nôtres aussi bien pour cette vie que pour celle qui est à venir.
Lait spirituel et nourriture solide
L’Eternel continue à montrer pourquoi la révélation divine a été donnée dans la forme disjointe et interrompue que nous trouvons dans les Ecritures. Il nous dit qu’il eut un double but en procédant ainsi.
Premièrement, c’est pour que son vrai peuple reconnaisse tout particulièrement qu’il faut compter sur Dieu et qu’on s’aguerrit en recherchant avec soin la vérité: “Car c’est précepte sur précepte . . . , règle sur règle . . . , un peu ici, un peu là! . . . par des lèvres bégayantes et par une langue étrangère [à nos habitudes]” plutôt que par de pleines déclarations de notre langue maternelle (v. 10 et 11). Ceci, en effet, aide ceux qui sont dans l’attitude de coeur convenable en ce qu’ils apprennent des leçons qui autrement leur échapperaient; et à la fin l’harmonie des fragments de vérité déposés ça et là dans la Bible depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse ne fait que fortifier et affermir ceux qui arrivent à saisir leur vraie connexion, leur parfait accord et leur beauté. Aux chercheurs de vérité cela a peut être un plus puissant attrait que s’ils trouvaient tout bien arrangé et d’une manière suivie, dans un beau style et par de claires déclarations. C’est ce qu’il a plu de faire à l’Eternel et il le trouve suffisant pour que tous les fatigués puissent s’en délecter et y trouver le repos de leurs âmes. Et nous sommes persuadés que tous ceux du “petit troupeau” y puisent rafraîchissement et réconfort.
Secondement, les choses sont contenues dans la Bible dans cette forme fragmentaire afin que tous ceux qui ne sont pas de véritables Israélites (Jean 1 : 48) soient confus: “afin qu’ils tombent [de la foi] et qu’ils se brisent, qu’ils s’enlacent et se prennent” (v. 13).* La parole de Dieu contient tout un approvisionnement de lait de vérité et de nourriture solide de vérité, fournissant à l’homme de Dieu ce
*) Où nous ne le disons pas spécialement, nous nous servons presque toujours de la version de Lausanne et de celle de Segond.
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qui lui est nécessaire pour être accompli et propre à toute bonne oeuvre. — 2 Tim. 3 : 16—17.
“L’alliance avec la mort.”
Durant les longs siècles du passé les gens prenaient part aux services funéraires en vue surtout d’entendre parler de l’espérance dont le ministre entretenait l’auditoire au sujet des décédés; on était très anxieux de savoir si dans ses derniers moments le mourant avait manifesté des signes de paix avec Dieu. Tout ceci il faut le dire a passablement changé. C’est aujourd’hui l’habitude des ministres de consoler les parents et amis du défunt en leur disant bien que d’une manière indéfinie que leur cher décédé est dans un état plutôt meilleur là-haut, dans la région des esprits. On va même jusqu’à déclarer qu’il est présent et que s’il pouvait parler il dirait: “Ne pleurez pas pour moi, mais pour vous-mêmes, je suis dans un monde meilleur.” Que veux dire ce changement, sinon ce que notre texte explique: on a versé dans un autre extrême. Le rationalisme a fait de grands ravages. La doctrine moyenâgeuse de la prédestination affirmant que l’Eternel avait voué la plus grande partie de l’humanité aux tourments éternels et une infime minorité à la gloire éternelle est considérée maintenant par trop horrible pour être acceptée de tout esprit cultivé ou simplement raisonnable.
Une cause de nombreux suicides.
C’est cet enseignement — que les morts sont bien mieux et plus heureux qu’auparavant voire même beaucoup plus vivants, montrant la mort sous des couleurs enchanteresses, tandis que l’Ecriture sainte la nomme le plus grand ennemi — c’est cette doctrine de la survivance qui est une cause des suicides qui augmentent d’une façon effrayante d’année en année, comme la statistique le démontre. Rien que dans le canton d’Alleghany (en Pensylvanie) on a compté 22 suicides en 19 jours.
On voit qu’une erreur extrême conduit généralement par réaction à une autre non moins regrettable. Aussi les fausses doctrines des tourments éternels ont fait un double mal; celui d’abord de représenter Dieu comme le pire des diables et le plus grand ennemi que l’homme ait eu, puis, ensuite dans le sens inverse, comme le faisant voir très heureux de prendre au ciel et à Lui — preuve en soient les avis mortuaires qui souvent ne mentionnent même pas la mort du décédé, mais “que Dieu a pris à leur affection.. les hommes de toute condition et de toute mentalité possible — des saints, des demi-sauvés, des enfants, des idiots, des êtres dégénérés au moral et au physique, des sauvages, etc.
Avant d’examiner la vérité sur ce sujet, disons tout d’abord que le caractère vicieux attribué à Dieu par nos ancêtres, non seulement fut un blasphème contre le seul vrai Dieu et son caractère réel de justice, de sagesse, de puissance et d’amour, mais causa aussi un grand préjudice à leur mentalité; car il est extrêmement rare que l’esprit de l’homme s’élève au-dessus de la conception qu’il se fait de son dieu. Et parce que nos ancêtres croyaient que Dieu avait préparé un endroit pour torturer et rôtir au feu tous ceux qui ne seraient pas sauvés, ils trouvèrent tout naturel de l’imiter et de commencer les tortures déjà dans la vie présente. En effet ils nous disent qu’ils s’inspiraient de l’exemple divin et qu’ils voulaient ainsi prévenir l’hérésie qui à son tour pourrait être la cause pour d’autres d’aller aux tourments éternels. Comme ce trait du caractère divin n’est plus goûté aujourd’hui, on l’a remplacé par l’idée moderne qui ne nous satisfait pas davantage — l’idée d’un Dieu sans principes, sans justice, sans esprit critique ni même pédagogique, qui n’accorderait pas au développement du caractère de ceux qu’il veut bénir l’attention la plus élémentaire.
La vérité sur la mort et le sépulcre.
Les Ecritures saintes ne représentent nulle part la mort comme une amie, mais comme une ennemie. Ainsi nos premiers parents furent menacés de la mort s’ils désobéissaient; et c’est bien là la sentence qui fut prononcée contre eux quand ils furent chassés du jardin d’Eden. Il n’y est fait aucune allusion d’un purgatoire catholique, d’un enfer protestant ou enfin d’un lieu de tourments éternels après la mort. Au contraire, d’un bout à l’autre les Ecritures déclarent que toute l’humanité s’en va dans la mort, que les morts ne savent rien du tout et qu’il n’y a ni oeuvre, ni pensée, ni connaissance, ni sagesse dans le sépulcre, le shéol, le séjour des morts ou tous, bons et mauvais, s’en vont (Eccl. 9 : 5 et 10). D’accord avec ces déclarations le Nouv. Testament aussi enseigne qu’une rédemption de la mort fut nécessaire; que Christ mourut pour le péché de l’homme afin que les exigences de la justice contre la race coupable fussent satisfaites et qu’ainsi une résurrection des morts fut rendue possible. Les Ecritures ne cessent de nous répéter que la résurrection des morts est l’unique espérance du mortel et que si les morts ne ressuscitent pas, il n’y a plus rien, notre foi, notre espérance, notre enseignement, tout cela est vain. — 1 Cor. 15: 13, 14, 18.
La Parole infaillible nous assure que si Christ n’était pas mort pour l’humanité, s’il n’avait pas donné sa vie comme l’équivalent, la rançon pour la vie du père Adam, l’état de mort de l’homme eût été sans espoir comme celui de la bête. Elle nous affirme que dans la suite la miséricorde de Dieu fut manifestée par l’envoi de son Fils qui mourut lui juste pour les injustes, afin de rétablir notre harmonie avec Dieu et ainsi nous donner droit à la vie éternelle qu’il plaît à Dieu d’accorder à toutes les créatures intelligentes qui lui obéissent. Elle nous dit que le moment de cette résurrection des morts est prédéterminé dans le plan de Dieu; et elle l’appelle le dernier jour, le jour de Christ, le jour millénaire ou le jour de mille ans. La Parole de Dieu nous montre aussi qu’Emmanuel régnera pendant cette époque, que Satan sera lié, que les puissances des ténèbres seront abattues et que le monde universel sera rempli de la lumière de la connaissance, de la vérité et de la bonté de Dieu. Christ et son “petit troupeau” élu nous sont dépeints comme le Soleil de Justice qui doit guérir les misères
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et douleurs humaines et chasser toutes les ténèbres. C’est là la bienheureuse espérance de l’Evangile de Christ. Pas de compromis ici avec la mort et le sépulcre. La mort sera toujours l’ennemie et le sépulcre restera “inflexible”, mais grâce à Dieu, selon la même Parole, nous savons qu’Il a suscité un puissant Libérateur qui peut délivrer tout homme du pouvoir du sépulcre et arracher son âme de la mort. En effet il est dit: “Qu’il faut que Christ règne [dans son Royaume millénaire] jusqu’à ce qu’il ait mis sous ses pieds [subjugués entièrement] tous les ennemis. Le dernier ennemi qui sera détruit c’est la mort.” — Cant. 8:6; Ps. 33:19; 1 Cor. 15:25—27.
Voilà pourquoi, chers amis, lecteurs, notre Evangile [bonne nouvelle] ne ressemble guère à celui qui est communément prêché aujourd’hui. Nous ne pouvons vous dire que les morts sont beaucoup plus en vie après qu’avant leur mort. Il nous faut prêcher le message de la parole de Dieu: nous allons tous dans la mort et cet état malheureux provient du péché originel et de la sentence qui s’ensuivit sur Adam. Nous pouvons vous dire, cependant, que la glorieuse espérance d’une résurrection de tous les morts est basée sur la vérité. Et nous ne cachons pas et ne cessons d’affirmer que les paroles et les actes actuels des hommes influenceront sur la vie future de tous, qu’ils soient maintenant de ceux appelés durant l’âge de l’Evangile, des élus ou de la masse de l’humanité, peu importe, les suites seront bonnes ou funestes. Il n’y a point d’injustice en Dieu. Il ne punira ni trop ni pas assez fort. “Une juste rémunération ou rétribution” (Hébr. 2 : 2), voilà ce à quoi il faut nous attendre, et cela est logique. Dans la proportion du peu ou beaucoup de lumière reçue, peu ou beaucoup sera exigé lors de la résurrection.
Il n’est donc point indifférent de se conduire bien ou mal durant la vie présente; c’est l’avantage de chacun de se rappeler les provisions de Dieu concernant une vie future et de penser que l’emploi des lumières, connaissances, occasions, etc…, dans sa vie actuelle aura vraiment une portée pratique sur son bien-être futur. Personne ne sera rendu parfait et n’atteindra la vie éternelle si, sous les directions du Seigneur, il ne développe l’amour dans son coeur pour être changé par la puissance de la résurrection à l’image de Dieu.
L’apôtre Paul nous renvoie maintes fois au temps de grande détresse qui termine cet âge et introduit la nouvelle ère de paix et de justice du royaume millénaire. D’un bout à l’autre des Ecritures ce temps est spécialement indiqué comme une période de très sévères épreuves et jugements du monde et de l’Eglise, de l’Eglise surtout. Aussi le prophète et le Seigneur de dire: “Qui restera debout?” ”Qui pourra subsister?” — “à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre” (Mal. 3:2; Apoc. 6 : 17; 3 : 10.) Cette époque de détresse le prophète dans notre texte (Es. 28:18) le nomme:
Le fléau qui inonde.
“Ce fléau débordé” fera rage, suivant Esaïe, et causera maintes tribulations à tous ceux qui “ont fait une alliance avec la mort et un pacte avec le séjour des morts”; qui ne croient pas que quand on est mort on l’est réellement jusqu’au matin du réveil et qui partant violentent à la fois leur propre raison et la parole de Dieu. Le fléau continuera à sévir contre de tels, nous déclare le même prophète (v. 17—22) — donnant ”l’épouvante” et causant force pleurs et grincements de dents — ”tous les matins, jour et nuit” et ne leur laissant aucun repos (Apoc. 14 : 11) jusqu’à ce qu’ils apprennent l’enseignement scripturaire, jusqu’à ce qu’ils apprennent et acceptent la vérité, à savoir, que les morts sont morts, que les apparitions spirites sont simplement des tromperies et vilenies d’esprits séducteurs, c. à d. des démons, et que la seule espérance pour les morts de revenir à la vie, de retourner à l’existence, c’est la résurrection acquise par la puissance du Rédempteur.