UNE EXHORTATION DE L’APÔTRE PAUL

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« Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus…, prêche la parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine… Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais œuvre d’évangéliste, accomplis pleinement ton service. » — (2 Tim. 4 :1-2, 5).

La mission de prêcher la bonne nouvelle est confiée à l’assemblée des oints du Seigneur, au corps de Christ entier ; c’est même dans ce but que nous avons reçu l’onction. Ce qui était vrai pour le Chef, pour la Tète, est également vrai pour tout le Corps : « L’Esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, parce que l’Eternel m’a oint pour porter la bonne nouvelle aux humbles. » (Es. 61 : 1.) (Syn.)

Qu’est-ce que prêcher ?

Mais si, une fois consacrés au Seigneur et oints du Saint Esprit, nous comprenons que nous sommes ainsi appelés par Dieu à prêcher, il est de toute importance que nous examinions avec soin ce que nous devons prêcher, quand, comment, où et à qui nous devons prêcher.

Une grande erreur, et une erreur assez répandue, est celle qui consiste à sortir dans le monde pour prêcher, avant d’avoir été « envoyés. » (Rom. 10 : 15). Ceux-là, bien entendu, ne peuvent pas prêcher et ne prêchent pas la bonne nouvelle. Il y en a qui, s’autorisant de ce que l’apôtre a dit « Convaincs, reprends, exhorte», croient que c’est là le noyau et la substance de la prédication, oubliant qu’il a dit également : « … avec toute longanimité (patience) et doctrine. » Il peut être quelquefois nécessaire de réfuter pour convaincre, et de reprendre, c’est-à-dire de faire des reproches; mais ces reproches ne devraient jamais être faits par fantaisie et sur des suppositions ; ils devraient toujours être appuyés sur « la doctrine » — c’est-à-dire sur un raisonnement solide et scriptural —de sorte qu’ils soient acceptés comme reproches du Seigneur même, administrés par la bouche d’un frère — avec toute la patience d’un frère, et jamais avec hauteur et arrogance, comme si nous n’étions pas nous-mêmes sujets à pareilles défaillances et tentations.

L’exhortation peut être nécessaire, mais ne doit jamais dégénérer en parole de pure flatterie ou câlinerie, sans être appuyée d’un raisonnement ou d’un texte de doctrine. L’exhortation qui n’est pas accompagnée de bonnes raisons ni basée sur la Parole inspirée de Dieu est peu efficace et sans effet durable. C’est la méthode de prêcher la plus répandue de nos jours, mais que n’a jamais adoptée notre Seigneur. Car de Lui il est dit : « Il ne criera pas et il n’élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue. » (Es. 42 : 2). Sa prédication, ainsi que celle de ses disciples, était raisonnable et doctrinale, et elle était faite avec la dignité et la douceur de langage qui convenaient à des ambassadeurs de l’Eternel.

Que faut-il prêcher ?

L’apôtre Paul répond : « Prêchez la Parole », et Esaïe et le Seigneur Jésus l’appellent « la bonne nouvelle » et quelquefois « les bonnes nouvelles. » Avant de commencer à prêcher, il faut donc d’abord connaître la Parole et avoir une idée claire et exacte « des bonnes nouvelles » qu’elle contient. Bien que nous ayons été appelés à prêcher dès le moment que nous avons reçu l’onction, le Seigneur ne nous demande pas de nous engager dans ce service, sans que nous ayons d’abord reçu une instruction suffisante. Le premier devoir, par conséquent, de celui qui veut obéir à l’appel, comme prédicateur, est d’étudier sérieusement, fidèlement, et avec diligence, la Parole de Dieu, afin qu’il soit en état de communiquer la grâce à ceux qui l’entendent » et que sa parole « soit toujours assaisonnée de sel. » (Eph. 4 29 ; Col. 4 6).

Nécessité de la préparation.

On peut être appelé à prêcher quelque temps avant d’être « envoyé » en service actif. Jésus a été « oint pour prêcher» au temps de son baptême ; mais il ne fut « envoyé » qu’après avoir été éprouvé par la tentation dans le désert. Les premiers disciples furent appelés, mais il leur fut dit d’attendre « jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de puissance. » (Luc 24 : 40- 49). Pour des raisons spéciales, à l’origine de la prédication de l’Evangile, cette puissance fut départie à l’Eglise primitive d’une manière soudaine et miraculeuse, à peine l’onction reçue ; mais ce n’a pas été le cas pour ceux qui ont été ajoutés à l’Eglise depuis lors. Maintenant la puissance dans la présentation de la Vérité s’acquiert, par ceux qui sont oints, comme récompense d’une étude diligente de la Parole.

Pour beaucoup, l’étude est rebutante. Ils n’ont pas été habitués à étudier, et ne veulent pas y consacrer le temps et la peine nécessaires. Et pourtant ils veulent obéir à l’appel pour prêcher ainsi ils paraissent en public pour augmenter la confusion générale résultant de prédications inintelligibles, et leur travail ne leur vaut que reproches et honte, pour eux-mêmes et pour la cause de Christ. Il se peut qu’ils prennent ces reproches comme subis pour le nom de Christ, mais ce n’est certes pas pour la gloire de Christ, et leur humiliation provient uniquement de leur imprudence et de ce qu’ils n’ont pas pris garde à cette injonction « Etudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement, — littéralement découpant droit. — la parole de la Vérité. » (2 Tim. 2 : 15. Darby.)

Comment prêcher ?

La vérité exposée avec droiture, et présentée avec impartialité, impose le respect même à ses adversaires. Sa symétrie et sa beauté impressionneront irrésistiblement les esprits. Ce fut le cas pour les prédications de Jésus, quand ceux-là mêmes qui avaient reçu mission de l’arrêter et de le livrer à la mort, s’en revinrent en disant « Jamais homme ne parla comme cet homme. »(Jean 7 : 46).

C’est ainsi encore que Festus dit à Paul « Tu es hors de sens, Paul ton grand savoir te met hors de sens. » —- « Non » dit Paul, avec une courtoise dignité et avec la déférence due aux autorités Constituées. « je ne suis point hors de sens, très excellent Festus, mais je prononce des paroles de vérité et de sens rassis ; car le roi a la connaissance de ces choses, et je parle hardiment devant lui… O roi Agrippa! Crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois. » Et Agrippa dit à Paul « Tu me persuaderas bientôt — litt. un peu — d’être chrétien. » Mais Paul dit « Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez en peu et en beaucoup tels que je suis, hormis ces liens. » Et le verdict de ces incroyants, jugeant le cas de Paul, fut « Cet homme ne fait rien qui soit digne de mort ou de liens. » (Actes 26 : 24-31, Darby.)

L’éloquence de Paul – était l’éloquence de la vérité, le résultat d’une conviction profonde et d’une claire compréhension de la vérité, qui donnaient de 1a force à sa parole et imposaient le respect même aux ennemis de cette vérité. Il étudiait avec diligence et prêchait avec connaissance et conviction ; ses auditeurs ne pouvaient pas dire « Paul, vous ne savez pas de quoi vous parlez » et ne s’en retournaient jamais avec l’impression d’avoir entendu des paroles vides de sens.

Quand Jésus, notre grand modèle et exemple, sortit pour prêcher, pour enseigner, on l’écoutait étonné, et l’on disait – « D’où viennent à celui-ci cette sagesse… ? » (Matth. 13 : 54.) Il en est de même, toutes proportions gardées, de ceux qui suivent ses traces. (Actes 4 13.)

Durée de la préparation.

Un frère ou quelque sœur zélés demanderont « Combien de temps faut-il me Préparer ? Et comment saurai-je que le Seigneur m’envoie ? » A cela nous répliquons Quand le Seigneur vous enverra, vous le saurez sûrement. Vous serez tellement remplis de la connaissance de la vérité, et tellement inspirés par elle que votre bouche parlera de l’abondance de votre cœur. La bonne nouvelle sera trop bonne pour être gardée. Vous n’aurez toute la vérité que Dieu a mis en réserve pour vous que lorsque vous serez envoyé, mais vous en aurez au moins une vue claire, exacte. Quand au temps de préparation qui vous sera nécessaire cela dépendra des circonstances, du temps que vous pourrez consacrer à l’étude, du degré d’effort que vous mettrez à l’entreprendre, de la foi et de la simplicité avec laquelle vous la recevrez, etc. Il y en a qui seront prêts pour un service actif avant d’autres, mais tous ont besoin d’un temps consi­dérable pour une préparation préalable.

Persévérance dans l’étude indispensable.

Même quand nous aurons été admis en service actif, nous devrons nous persuader qu’il nous faut continuer à étudier. Quel est celui d’entre nous qui, ayant mission de prêcher la Parole, la bonne nouvelle; est arrivé à pouvoir dire « Nous avons sondé toute sa profondeur et mesuré toute sa hauteur ». et, par conséquent, nous n’avons plus rien à apprendre ? Il est très bon de posséder un aperçu d’ensemble du plan de Dieu, mais nous devons en avoir les différents traits si clairement gravés dans l’esprit que nous puissions en faire part aux autres : c’est pourquoi il est nécessaire de revoir, de repasser ce qu’on a étudié. –

Quand et où prêcher ?

Quand vous êtes ainsi préparé, et que vous avez été envoyé prêcher, — soyez persuadé que vous n’êtes pas encore « envoyé » si vous n’êtes pas préparé, — l’apôtre Paul vous dit « Insiste en temps et hors de temps. » Veut-il dire par là que nous ne devrions pas faire attention de choisir le moment convenable et approprié ? Non, car ce serait contraire à ce que le Seigneur a enseigné en paroles et en exemple: «Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes. » (Matth. 10 :16.) Cela doit donc signifier que nous ne devons pas avoir égard à nos propres convenances ou inconvénients, mais être toujours prêts à prêcher quand nous trouvons l’occasion propice.

S’imposer sans réflexion dans les plans des autres pour leur enseigner ce que nous estimons d’importance, — mais qu’ils ne considèrent, eux, pas encore comme tel, — c’est aller presque surement au-devant d’un échec et faire naître des pré­ventions qui seront ensuite longues et difficiles à faire surmonter.

«Sois sobre en toutes choses », telle est ensuite la recommandation de l’apôtre Paul : ce qui signifie qu’il faut traiter la Vérité avec la révérence qui lui est due et avec humilité, en nous conduisant nous-mêmes comme exemples de son influence, ne nous laissant jamais égarer par la surexcitation ou par l’amour-propre, endurant avec patience les mauvais traitements que nous devons nous attendre à subir de la part de ceux qui préfèrent les ténèbres à la lumière, quoique, dans le secret de leur esprit, ils ne puissent s’empêcher de reconnaître la lumière que nous apportons.

A qui prêcher ?

En raison de cette préparation indispensable, il faut que personne ne se décourage ou craigne de n’être jamais « envoyé » prêcher. Il se peut que vous ne soyez jamais envoyé parler en public. Dieu nous utilise suivant le talent humain que nous possédons. Paul, Pierre et d’autres pouvaient prêcher publiquement, mais Aquilas et Priscilla (Act. 18 : 2 ; 2 Tim. 4 : 19 et 1 Cor. 16 : 19) incapables de prêcher en public devant un grand auditoire, surent inviter à leur maison un Apollos et lui « expliquer plus exactement la voie de Dieu » (Act. 18 : 26.) Et Apollos, « homme éloquent et puissant dans les Ecritures », quoique déjà « instruit dans la voie du Seigneur. » (Act. 18 : 24, 25) fut, – par leur moyen, préparé d’une façon plus parfaite, et sortit pour prêcher publiquement. Si Aquilas et Priscilla n’avaient pas étudié la vérité, quelle magnifique occasion ils auraient perdue là. Puisse la bénédiction du Seigneur accompagner tous ceux qui annoncent la bonne nouvelle, quelle que soit leur sphère d’action, vaste ou d’apparence étroite, mais n’oublions pas la recommandation si appropriée de 2 Tim. 2 :15 : « Etudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte exposant justement la parole de la vérité. »Et soyez assurés qu’une fois préparés, vous serez sûrement envoyés pour prêcher, ne fût-ce qu’à une personne isolée.

W. T. 646 — C.T.R. 1884