UNE PETITE DISCUSSION EN CHEMIN

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« Rendez ma joie parfaite, ayant un même senti­ment, un même amour, une même âme, une même pensée. Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les au­tres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres in­térêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ. » – Philip­piens 2 : 2-5.

L’EGLISE de Philippes, bien connue, était la pre­mière assemblée établie en Europe. Elle eut un tout petit et très modeste début. Philippes était une des principales villes de Macédoine (Actes 16 : 9-14, 20, 21). En cherchant une occasion de servir le Seigneur en ce lieu, l’Apôtre descendit le jour du Sabbat au bord de la rivière, où quelques femmes venaient habituelle­ment pour prier et il leur parla de la Parole de Dieu. Dr. McLaren, dans son commentaire sur l’humble com­mencement de l’Eglise de Philippes, dit : « Sans tam­bour ni trompette, quelques femmes et quelques voya­geurs fatigués parlaient ensemble sur les bords de la rivière au cours rapide. Avec quel mépris, les notables de Philippes auraient souri, s’il leur avait été dit que l’on se souviendrait du nom de leur ville, principalement du fait de la présence d’un juif insignifiant dans ce groupe et de la lettre qu’il envoya à l’Eglise fondée ce matin-là ! »

Le caractère général de l’Eglise de Philippes est in­diqué dans l’Epître de l’Apôtre Paul qui lui écrit un peu plus tard. Nous ne trouvons rien dans celle-ci qui res­semblerait à une correction ou une réprimande, ce que nous pouvons constater dans la majeure partie des Epîtres écrites par l’Apôtre aux autres Eglises. Sa lettre aux Philippiens est particulièrement belle ; elle exprime beaucoup d’amour et indique un lien très étroit de sympathie entre lui et cette Eglise. À quatre occasions différentes, qui sont mentionnées, cette Eglise témoi­gna envers l’Apôtre Paul sa sympathie, par des gestes pratiques, et lui rendit service au moyen d’une aide fi­nancière ainsi que par des paroles de réconfort et d’encouragement. Deux fois, il reçut d’elle des dons pour subvenir à ses besoins, tandis qu’il était à Thes­salonique. Alors qu’il était à Corinthe, elle a de nou­veau pourvu à ses besoins. Quand il était prisonnier à Rome, cette Eglise affectueuse n’a pas oublié l’Apôtre. C’était son messager, Epaphrodite, qui apporta à l’Apôtre un dernier témoignage de leur amour.

Epaphrodite, on se le rappelle, était le frère qui fut « tout près de la mort », pour la cause de l’Evangile, en raison de son fidèle service d’aide fournie à l’Apôtre, dans l’œuvre effectuée pour le Seigneur, lorsque très peu d’aide lui était apportée de la part des autres. Lors de son rétablissement de sa grave maladie, l’Apôtre Paul envoya par lui à l’Eglise de Philippes cette belle lettre connue de nous tous comme l’Epître aux Philip­piens. Voir Philippiens 2 : 25-28 ; 4 : 14-19 ; 2 Corin­thiens 11 : 9.

LES CONSEILS AFFECTUEUX DE L’APÔTRE.

Les autres Eglises ont peut-être aussi servi l’Apôtre, et nous savons que c’était vrai dans le cas de certains frères et sœurs ayant agi individuellement, parmi les­quels se trouvaient Aquilas et Priscille. Mais, nous n’avons pas trouvé d’écrit mentionnant que d’autres Eglises ont servi l’Apôtre Paul de la même manière que l’Eglise de Philippes. Apparemment, les autres Eglises ont manqué là une grande occasion. Nous pouvons être certains que lorsque l’Apôtre encourageait les Eglises à contribuer à aider les saints pauvres, à Jéru­salem, etc., il n’a fait aucune demande d’aide person­nelle, même s’il a pu avoir de grands besoins, ou même s’il aurait grandement apprécié une manifesta­tion quelconque, fût-elle petite, de leur amour pour lui et pour la cause du Seigneur qu’il servait.

La leçon concernant l’amour et l’humilité, que nous trouvons dans le passage des Ecritures en cours d’examen, ne donne pas à entendre que ces grâces manquaient parmi les Philippiens, mais elle indique que l’Apôtre reconnaissait la grande importance de ces fruits de l’Esprit et le besoin de les cultiver constam­ment, en vue d’une croissance continue à la ressem­blance de Christ. Les paroles d’introduction du chapitre sont une exhortation à l’amour et à l’affection fraternels parmi eux. Il dit, « si donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque union d’esprit, s’il y a quelque compassion [entrailles, d’après le grec, trad.] et quelque miséri­corde… ». Les entrailles étaient autrefois considérées comme étant le siège des émotions tendres, de la pitié, de la compassion de cœur. Il semblerait que l’Apôtre mettait l’Eglise de Philippes à l’essai, qu’il laissait ses membres répondre à la question de savoir si ces grâ­ces appartiennent à tous ceux qui sont de Nouvelles Créatures en Christ – comme s’il leur disait : « Si vous avez trouvé que ces fruits bénis font partie du carac­tère semblable à celui de Christ, alors laissez-les se développer de plus en plus en vous tous. »

Alors, comme s’ils avaient approuvé cette proposi­tion, comme s’ils avaient reconnu qu’il y a réconfort, amour, communion, sympathie, consolation en Christ, les uns envers les autres, il ajoute : Vous pouvez me remplir de joie avec cette disposition d’esprit des uns envers les autres, en vous aimant les uns les autres, en ayant, comme Eglise, un même esprit, ou but, ou volonté, à savoir : la volonté du Seigneur. Quelle ma­gnifique expression sont ces mots ! Sa joie serait com­plète, non pas du fait de savoir ce qu’ils déclaraient, simplement, mais du fait de savoir qu’ils s’aimaient, se consolaient les uns les autres et sympathisaient les uns avec les autres, qu’ils avaient la communion ap­propriée comme membres du corps de Christ. Ces choses le remplissaient de plus de joie que toute autre chose qu’il pourrait apprendre à leur sujet. Et il savait que cet état de choses serait des plus agréables aux yeux de leur Seigneur et Maître. L’Apôtre Jean souli­gne cette même pensée en disant : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? » – 1 Jean 4 : 20.

CONSIDERER CE QUE LES AUTRES ONT.

À cet effet, pour qu’un tel esprit d’unité et de com­munion parfaite soit atteint parmi les disciples à Philip­pes, l’Apôtre recommande instamment à chacun de cultiver la grâce de l’humilité, de veiller en toute chose à ne rien faire « par esprit de parti ou par vaine gloire », à chasser complètement la louange de soi-même et les efforts pour être prééminent, considérés comme les plus grands ennemis de l’Esprit du Sei­gneur et empêchant d’obtenir sa bénédiction. Il insista pour que chacun ait cet esprit d’humilité, capable de reconnaître les qualités et les talents des compagnons, membres du Corps de Christ, et pour qu’il sache ap­précier ces qualités comme, au moins à certains égards, supérieures aux siennes.

L’humilité d’esprit ne signifie pas nécessairement une ignorance des talents ou des grâces que nous pouvons nous-mêmes posséder, mais aussi longtemps que l’Eglise se trouve dans la condition présente im­parfaite, dans la condition du tabernacle, nous ne pour­rons jamais compter trouver chez aucune personne un développement complet de toutes les capacités, de tous les talents, de toutes les grâces de l’Esprit Saint. Aussi, chacun peut, s’il est humble d’esprit, voir chez les autres frères certaines qualités désirables, ou grâ­ces supérieures aux siennes, et il devrait se faire une joie de les reconnaître et d’estimer leurs possesseurs en conséquence.

Si chacun considère simplement ce qu’il possède, son propre intérêt, son bien-être, son confort ou ses propres talents et s’il ignore ou oublie les intérêts et le bien-être ou les talents des autres, cela serait une ma­nifestation d’égoïsme et d’un manque de l’Esprit de Christ, qui est un esprit d’amour, de considération et de générosité. Dans la mesure où nous sommes remplis du Saint Esprit d’amour, nous nous intéresserons au bien-être et au bonheur des autres. C’était l’esprit, la disposition qui était en notre cher Rédempteur quand Il foulait le sol, sur terre, disposition qu’Il manifesta si merveilleusement et nous sommes certains qu’Il n’a pas changé depuis. Et si nous voulons être comme Lui, nous devons développer ces traits de caractère en nous. Si nous devons être finalement de la classe de l’Epouse dans la gloire, nous devons devenir des co­pies « du cher Fils de Dieu ».

L’Apôtre Paul nous présente non seulement le Sei­gneur Jésus comme un grand exemple d’humilité, de reniement de soi et d’amour, de désintéressement de soi dans l’intérêt des autres, mais il nous dévoile éga­lement le résultat, la récompense obtenue par notre Seigneur. Il nous rappelle la haute élévation du Maître par le Père, pour nous encourager aussi et nous faire comprendre que, si nous sommes fidèles en suivant les traces de notre Rédempteur, en sacrifiant les avantages présents, en crucifiant notre être, en tra­vaillant dans la mesure du possible à l’avancement de la cause de Dieu et de sa Vérité, en développant les fruits de l’Esprit Saint, nous pouvons nous attendre également à être glorifiés avec Lui, à participer à son nom, à son trône de gloire et à la grande œuvre qu’Il accomplira au travers de toute l’éternité, comme son corps, son épouse, son cohéritier.

POUR TERMINER, UNE PAROLE D’EXHORTATION

Dans les versets 12 à 17, venant après notre texte, l’Apôtre rend un bel hommage à l’Eglise de Philippes et exprime son grand amour pour elle. Comme il révèle sa confiance en leur fidélité ! Et combien il était heu­reux de sacrifier sa propre vie pour eux (voir commen­taire dans la marge du v. 17 [valable pour la Bible an­glaise du Roi Jacques, trad.]), pour qu’ils parviennent à la plénitude de la ressemblance à Christ ! Il les exhorte affectueusement : « Faites toutes choses sans murmu­res ni hésitations ». En suivant le Maître sur le chemin étroit, nous ne devons pas murmurer en route, criti­quant ses difficultés et son étroitesse, ni ne devons le contester, ni chercher à prendre un autre chemin que celui qui nous est indiqué par la divine providence. Au contraire, nous devons nous rendre compte et croire que le Seigneur sait exactement quelles expériences sont nécessaires à notre développement à l’école de Christ, qu’Il dirige nos expériences pour notre plus grand bien et pour sa gloire, qu’Il n’oublie pas ses promesses faites à ceux qui Lui appartiennent, mais qu’Il fera comme Il a promis, car « toutes choses [qui nous arrivent en conséquence de notre fidélité] concourent à notre bien ». Et même nos maladresses ou nos faux pas, si nous les traitons dans un bon état d’esprit, concourront à notre bien.

Nous sommes heureux de voir cette disposition de confiance et de fidélité parmi un si grand nombre de chers saints du Seigneur. De cette manière, suivant le Maître chèrement aimé, nous « serons des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d’une génération per­verse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde portant la parole de vie ». Ainsi ceux qui sont au-dessus de vous dans le Seigneur, se réjouiront « au jour de Christ [quand notre changement se produira] » de ce que nous n’avons pas couru en vain, ni travaillé en vain. – Philippiens 2 : 15, 16.

WT 1915 p 5810


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