(Esaïe 5 : 7-16)
« Malheur à ceux qui de bon matin courent après les boissons enivrantes, et qui bien avant dans la nuit sont échauffés par le vin ! » – v. 11.
La leçon d’aujourd’hui s’applique premièrement à l’Israël naturel aux jours du prophète. Nous souvenant que l’Israël naturel est un type de la Chrétienté, nous trouvons un intérêt dans cette leçon très pertinente pour notre temps. De même que Dieu appelait Israël « sa vigne », ainsi qualifia-t-Il aussi la Chrétienté. « Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé ! De la justice, et voici des cris de détresse ! » Concernant le cri de la nation et sa cause, voyons ce que dit le verset 8 :
« Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace et qu’ils habitent seuls au milieu du pays ! » Ici nous nous apercevons qu’un esprit d’égoïsme prédominait au temps d’Esaïe tout comme aujourd’hui ; de même qu’alors les propriétés s’accumulaient dans les mains de ceux qui avaient le plus de succès, ainsi en est-il aujourd’hui. De même que l’esprit d’accaparement poussait à accumuler de vastes étendues, dédaignant le fait que « la terre fut donnée aux fils des hommes » (Psaume 115 : 16) et non simplement à quelques-uns d’entre eux, de même en est-il aujourd’hui.
Ce n’est que par des lois des plus énergiques, et dans certains cas, par la révolution, que les peuples ont pu maintenir une prise sur une portion considérable de la terre. La Révolution Française brisa les grandes propriétés foncières de l’époque ; des lois spéciales ont ouvert toutes grandes les barrières des régions foncières en Irlande. Aux Etats-Unis, des corporations géantes ont accaparé d’immenses surfaces du pays, dont quelques-unes, saisies illégalement, ont été restituées au peuple pour une répartition plus équitable. De même que dans les jours d’Esaïe, beaucoup de riches semblaient faire fi des droits du peuple et restaient indifférents à leurs besoins, ainsi en est-il aujourd’hui. Cependant nous ne devons pas ignorer qu’il existe de nombreuses âmes, nobles et généreuses parmi les riches, tout comme parmi les pauvres. Ici, nous ne faisons simplement qu’attirer l’attention sur le parallélisme entre les conditions ayant existé en Israël et celles existant en ce monde aujourd’hui.
Puis un temps de détresse
La désapprobation divine de la dureté de cœur humaine, de l’égoïsme et de l’indifférence à l’égard des frères plus déshérités et l’oubli du fait que nous sommes tous enfants d’un seul sang, subordonnés aux lois du même Créateur, attirèrent sur les Israélites les châtiments et les jugements divins. Nous croyons que les Écritures, avec une clarté indiscutable, parlent d’un grand « temps de détresse » qui plane maintenant sur le monde et plus particulièrement sur la Chrétienté, un temps mentionné particulièrement par Saint Jacques, en ces termes : « A vous maintenant riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. » – Jacques 5 : 1.
Cette détresse est citée dans notre étude d’aujourd’hui au verset 9 : « Voici ce que m’a révélé l’Éternel des armées : certainement, ces maisons nombreuses seront dévastées, ces grandes et belles maisons n’auront plus d’habitants. » Si nous apprécions avec justesse ce que les Ecritures prévoient concernant des temps peu éloignés de nous, nous verrons que beaucoup de grands et de riches seront dans une bien triste situation dans leurs maisons de campagne, tout comme le seront certains d’entre les plus pauvres dans les villes congestionnées, car il est déclaré que le temps de détresse les frappera tous. Le prophète poursuit en indiquant que l’insuffisance des récoltes sera une cause de taille dans les troubles. « Oui, dix arpents de vigne ne produiront qu’un bath et un homer de semence ne produira qu’un éphah. » – v. 10.
Le monde n’a jamais été jusqu’ici aussi amplement prémuni pour parer à toutes les particularités des différentes situations. Une situation résultant d’une sécheresse et d’une disette frappant une région du monde peut être adoucie au moyen des surplus provenant d’ailleurs ; néanmoins, nous devons nous rappeler que toute la situation demeure entre les mains divines, et que si un manque d’approvisionnement devait maintenant se produire, cela indiquerait l’intention divine sur ce point, plus qu’à n’importe quel moment dans l’histoire du monde.
Musique, orgie, ivresse
Le texte qui nous est donné pour la leçon d’aujourd’hui vient ensuite dans notre étude. Il s’avère qu’au jour de la prophétie d’Esaïe, beaucoup de riches se complaisaient dans les liqueurs enivrantes, la musique, les orgies, etc., à leur propre détriment, étant ainsi entraînés à négliger leurs responsabilités vis-à-vis de Dieu. Ils disaient : « Suis-je le gardien de mon frère ? », comme Caïn, qui posa cette même question. Grâce aux fortunes qu’ils avaient accumulées, ils avaient plus que ce que pouvait désirer leur cœur, alors que d’autres étaient dans la disette et le besoin. Leur brillant intellect et leur bonne fortune dans la vie leur permettaient de triompher sur la malédiction exprimée en ces mots : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras ton pain jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été pris. » – Genèse 3 : 19.
Or, cette victoire leur accordait du temps pour lequel ils étaient également responsables. Au lieu de se servir de ce temps pour la bénédiction générale de leurs contemporains, et de leur argent pour le relèvement général de l’humanité, ils accumulaient maisons et terres, etc., et buvaient constamment à l’excès pour leur propre malheur. Pouvaient-ils s’étonner que pareille conduite n’aurait pas l’approbation divine ? Pouvaient-ils s’étonner que toutes ces choses les jetteraient dans le malheur ?
Qu’en est-il aujourd’hui ? N’en est-il pas de même ? Nous répondrons, Oui et Non. Pour beaucoup c’est exactement la même chose, mais pour un grand nombre de riches de nos jours, c’est très différent, nous le disons avec plaisir. Nous avons continuellement des preuves qu’il existe de nobles riches tout comme de nobles pauvres. Nous avons constamment des preuves que quelques-uns parmi les riches considèrent leurs possessions comme des biens du Tout-Puissant, dont ils ont la gestion et qu’ils doivent les utiliser à son service et les employer pour le bien de l’humanité, pour son relèvement, son bien-être. Presque chaque dénomination de la Chrétienté peut se glorifier de posséder quelques éléments semblables, mais hélas, ils sont relativement peu nombreux. La majorité des riches, comme celle des pauvres, est égoïste jusqu’à la racine.
C’est dans cette direction que nous devons regarder au sujet du danger que les Ecritures déclarent imminent. Lorsque le riche égoïste et le pauvre égoïste se rencontreront dans un grand conflit, comme le déclarent explicitement les Ecritures, alors le monde verra le temps de détresse prophétisé, « Tel qu’il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent» – un temps de détresse dont Jésus déclare qu’il n’y en aura plus jamais de pareil, car à la suite de cette Grande Détresse, sur les cendres de la civilisation actuelle, Emmanuel, le Messie, le Fils du Très-Haut, établira le Royaume de Dieu, la règle de la justice sous tous les cieux, pour la bénédiction de toutes les familles de la terre, des riches et des pauvres.
L’Opération de la Main de Dieu
Au verset 12 nous voyons Dieu se plaindre des riches qui, par leurs festins, leur musique et leurs accumulations égoïstes de biens, ne prennent pas garde à l’œuvre de l’Eternel, ni ne considèrent le travail de ses mains. En appliquant cela à notre époque, que l’on ne croit pas que nous voulons faire croire que le riche ne contribue pas suffisamment au maintien des diverses dénominations de la Chrétienté.
Notre pensée est que Dieu voudrait que les gens qui prospèrent de notre temps, aient une vue large sur son œuvre, sur l’humanité en général. Il voudrait les voir concentrer leurs énergies mentales et leur force de caractère, non sur leurs accumulations personnelles de biens, mais sur des plans généreux, pour le relèvement et la bénédiction de la race humaine entière. « La terre est à l’Eternel et ce qu’elle renferme. » (1 Corinthiens 10 : 26). « Je l’ai donnée aux enfants des hommes ». Finalement, selon les Ecritures, son intention est que le monde entier participe sur une base d’égalité à tous les avantages terrestres.
Ainsi, le socialisme, selon la Bible, deviendra la condition finale de la terre sous laquelle toute l’humanité recevra une bénédiction. Les socialistes, ignorant cet enseignement de la Parole de Dieu et ses promesses concernant le futur, ou s’ils les connaissent, ils en doutent, se proposent de prendre possession, dans l’intérêt de toute l’humanité, de ces grandes bénédictions qui sont maintenant dans les mains de quelques-uns seulement. Leurs plans nous paraissent dangereux, impraticables. Pour nous, il apparaît, ainsi que l’indiquent les Ecritures, qu’échouant dans leurs desseins bienveillants, les socialistes deviendront d’amers anarchistes et plongeront, eux et le monde entier, dans une détresse inconnue à ce jour.
Or, quelle opportunité glisse présentement hors des doigts de certains de ces super-riches, opportunité de se joindre aux plus nobles et aux meilleurs des socialistes, et de contribuer à conduire les masses du peuple non pas vers l’anarchie, mais loin d’elle en direction des conditions que placent devant nous la Parole de Dieu, et les principes de justice et de droiture, – conditions convenables, conditions idéales !
Parmi les nombreux riches de notre temps se trouvent des multimillionnaires qui pourraient accomplir énormément pour l’humanité, et qui ont vraiment déjà beaucoup fait, ayant la fortune nécessaire ; et ces cœurs, croyons-nous, languissent après l’opportunité de faire le bien ; mais il ne fait aucun doute que l’opportunité passera sans avoir eu de réalisation ; le temps de détresse prédit s’abattra sur la race humaine.
Nous devons admettre, en tout cas, que même si le socialisme s’établissait dans le monde, il ne pourrait être maintenu à un degré quelconque de perfection, si ce n’est par des hommes foncièrement convertis à Dieu – des hommes qui ressentiraient toute leur responsabilité envers Dieu et les hommes. En d’autres termes, ce dont nous avons besoin, c’est de la conversion du monde, non pas de simples génuflexions extérieures, mais d’une harmonie de cœur avec Dieu et avec les principes de sa justice.
Cela s’accomplira-t-il un jour ? Oh oui ! Car la bouche de l’Eternel l’a dit ! Mais cela ne peut pas se produire par nos forces. Nous pouvons favoriser cela, le préconiser et pointer dans sa direction, mais individuellement, ceux qui aiment la justice et ceux qui voient la voie du Seigneur sont si insignifiants qu’ils ne peuvent pas accomplir ce qu’ils voudraient en faveur de leurs prochains. « Attendez-moi donc dit l’Eternel, au jour où je me lèverai pour le butin. Alors, je donnerai au peuple des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel pour le servir d’un commun accord. » – Sophonie 3 : 8, 9.
En son propre temps, à la suite du grand temps de détresse, Dieu humiliera le monde. Entre temps, les saints élus seront glorifiés, et avec le Messie, comme son Epouse, constitueront le Royaume de Dieu promis depuis longtemps pour bénir l’humanité. Alors Satan sera lié et toutes les bonnes influences de justice, de vérité et de connaissance seront libérées pour bénir le monde.
L’Enfer s’est élargi
Le Seigneur nous dit qu’à cause de ces conditions, ceux de son peuple sont en captivité, ne sachant comment s’aider, manquant de connaissance, et leurs hommes honorables sont affamés, faibles, perplexes, ignorant la conduite convenable à adopter ; et la multitude qui se confie en eux est également assoiffée. Il s’agit de la famine citée autre part dans les Ecritures, non pour du pain, ni pour de l’eau, mais pour entendre le message du Seigneur, l’Evangile du Royaume du Messie, ce message-même que tous ont besoin d’entendre.
A cause de ces mêmes conditions, l’enfer s’est élargi et a ouvert sa gueule démesurément ; et leur gloire et leur multitude et leur pompe, et celui qui se réjouit descendront dedans (Esaïe 5 : 13, 14). Non, il ne s’agit pas d’un enfer aux tourments éternels enseignés dans nos différentes confessions, mais de l’enfer de la Bible, la tombe, l’état de mort. Le temps de détresse s’approchant signifiera la perte de nombreuses vies ainsi que le déclare Jésus : « Et si ces jours n’étaient pas abrégés, personne ne serait sauvé. » – Matthieu 24 : 22.
WT 1912 p.5112