Volume III de ,,L’Aurore du Millenium”. (Chap. Il: – Suite du No. 2 de Février.)

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,,Le roi [Napoléon] fera ce qu’il voudra; il s’élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables [L. étonnantes] contre le dieu des dieux; il prospèrera jusqu’à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s’accomplira (S.).” Napoléon ne fut pas un roi, mais le terme roi, est un terme général pour indiquer un gouverneur puissant. il agit peut-être aussi près ,,selon sa volonté (L)”  qu’aucun homme qui jamais vécut; il fut remarqué par son obstination et sa détermination, avec laquelle il surmonta les plus grosses difficultés. Pour donner la véritable signification du verset ci-dessus, il faut nous rappeler que le mot dieu signifie ,,un puissant”, et qu’il est fréquemment employé dans les Ecritures en parlant de rois et de dominateurs comme dans ce verset: ,,dieu des dieux” (voyez Vol. 11, p. 284-286). Ici le mot ,,dieux” s’adresse aux gouverneurs, rois et princes et le ,,dieu des dieux” ou souverain des souverains s’adresse au pape. La plupart des gens ont reconnu un supérieur religieux quelconque, mais Napoléon n’en a reconnu aucun. Il eut une volonté à lui, un plan à lui, et ce plan était de s’exalter lui-même au-dessus de tout autre gouverneur, il arrangea même le “ dieu des dieux ” [le puissant des puissants -le pape] d’une manière merveilleuse; il ordonna au pape de lui obéir, comme son serviteur, d’une manière qui choquait les superstitions du monde de ce temps-là, aussi bien que la dignité de la hiérarchie papale. Et, comme cela est déclaré, il prospéra jusqu’à ce qu’il eut accompli sa mission de châtier le papisme et de briser son influence sur les esprits du peuple.

Comme preuve de cela, l’histoire anglaise dit: “ Tandis que les princes politiques, qui avaient conclu des traités avec la France y adhérèrent de bonne foi et payèrent les contributions stipulées, le souverain pontife se rendit coupable de la plus imprudente violation de ses engagements. Conseillé seulement par des prêtres qui formaient son entourage, le pape eut recours à ses anciens moyens artificieux et à ses pieuses fraudes; et de grands efforts furent faits pour exciter les esprits du peuple contre la France .

Les prêtres prétendirent que les cieux étaient intervenus et assurèrent positivement que plusieurs miracles s’étaient accomplis dans les différentes églises pour justifier la sainte foi catholique de la suprématie papale, en montrant le déplaisir des cieux au sujet de la conduite de la France. Bonaparte, s’apercevant que tous ses efforts pour la paix seraient vains en présence des méthodes de la cour de Rome, prit immédiatement la décision d’amener Sa Sainteté à la raison¯. ”

“ Il donna ordre au général Victor d’envahir le territoire papal; celui-ci dispersa l’armée du pape – comme la balle est chassée par le vent – et répandit une panique générale dans tous les états ecclésiastiques à Sa Sainteté trouvant que St. Pierre ne lui apportait aucun secours dans cette circonstance        envoya des plénipotentiaires à Bonaparte, le suppliant de faire la paix. Il l’obtint, mais à des conditions suffisamment humiliantes: En plus du trait‚ provisoire, qu’il avait accepté précédemment et enfreint, le pape fut obligé de céder une partie de son territoire et de payer une somme d’argent se montant à 20,000000 de francs pour avoir été trouvé en rupture de bail.¯*) Campagnes de Napoléon – p. 89, 95,96.

Cette deuxième rançon, ajoutée à la première, porte à plus de 50,000,000 de francs la somme que le pape paya à la France en or et en argent, sans compter les autres valeurs telles que des statues, tableaux, etc. Un écrivain catholique romain déclare, que “ l’accomplissement de ces conditions conduisit le pape tout près de la ruine ”. Ce trait‚ fut conclu le 19 février 1797.

On pourrait penser que cet heureux et sommaire renversement du pouvoir papal aurait du suffire pour prouver au monde que ses prétentions au droit divin de gouverner les rois. etc., étaient une simple imposture. Mais si cela ne disait pas assez le coup final fut donné l’année suivante, le 15 février 1798. lorsque le général français Berthier entra à Rome, y organisa une république et,

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cinq jours après, emmena le pape prisonnier en France où il mourut l’année suivante. Depuis ce moment, jusqu’à maintenant, la domination papale sur les royaumes de la terre n’était plus que l’ombre de sa forme première. Depuis lors, la papauté a rarement fait mention de son droit supposé d’installer et de détrôner des rois. En fait, le pape qui succéda en 1800, sous le titre de Pie VII, publia une bulle dans laquelle il déclara que ,,c’est est une doctrine de l’Evangile celle que tous doivent obéir aux autorités qui existent.” Ce qui naturellement le comprenait lui-même.

Verset 37: ,,ll ne fera point attention au dieu [au pape] de ses pères et il ne fera attention ni au désir des femmes, ni à aucun dieu [ou gouverneur]; car il se glorifiera au-dessus de tous. ”

Non seulement Napoléon n’eut aucun respect pour le dieu de ses pères, mais il n’eut égard à aucune des sectes protestantes représentées ici sous le nom de femmes. Comme la véritable Eglise est appelée symboliquement l’Epouse de Christ, et que l’église de Rome par son alliance impie avec les empires terrestres est appelée une prostituée, ainsi les diverses Sectes protestantes sont appelées femmes”.

 De fait, il ne se laissa jamais diriger que par son ambition personnelle.

Verset 38: “ Mais, à sa place [au lieu d’un de ces dieux], il honorera le dieu des forteresses [ou force – la puissance militaire]; il honorera, avec de l’or, avec de l’argent et avec des pierres précieuses et avec des choses désirables, un dieu que n’ont pas connu ses pères.¯

D’autres grands guerriers reconnurent plus ou moins des puissances surnaturelles pour les victoires remportées. Alexandre le Grand visita les temples païens et célébra ainsi ses victoires; les Césars firent de même; et plus tard, sous le papisme, c’était une coutume, pour les deux adversaires dans une guerre, d’en appeler à Dieu, aux saints, à la Vierge et aux papes, pour être bénis et avoir la victoire; et ils prétendaient au moins recevoir la victoire comme un don de Dieu. Mais Napoléon ne fit rien de la sorte: il attribua ses succès à lui-même et à son génie. Il se reposa sur son armée et se concilia dans la bravoure des hommes, dans la promptitude des manœuvres et dans des généraux capables; et c’est à eux qu’il avait recours. La formule de son serment devant le “ (conseil des anciens de France, lorsqu’à son retour d’Egypte, il prit le commandement des armées françaises, montre qu’il n’avait confiance qu’en lui-même et dans ses armées, il ne jura point par Dieu, ni par la Bible, ni par le pape, ni par la France, il dit: “ Je le jure! Je le jure en mon nom et au nom de mes braves camarades!¯ Tout en servant sa propre ambition, il prétendit servir le peuple; et les trésors de Rome et d’autres villes et contrées qu’il dépouilla furent apportés et donnés au peuple français dont lui et ses soldats formaient une partie.

Verset 39: ,.Et il agira ainsi dans les lieux forts des forteresses [litt. Et il fera cela pour affermir son pouvoir], avec ce dieu étranger [nouveau]; et il comblera d’honneurs ceux qui le reconnaîtront, il les fera dominer sur plusieurs, il leur distribuera des terres pour récompense.

Napoléon plaça ses amis et ses fidèles généraux dans des positions de pouvoir parmi toutes les nations de l’Europe qu’il soumit. Ces charges furent ses récompensés, mais à la condition qu’ils lui demeureraient loyaux. Elles étaient des ,,récompenses”, mais le prix de leur loyauté à lui, dont tout dépendait.

L’histoire dit en parlant de cela*): Histoire universelle (angli.) do Wulard, p. 452.

,,Les vues ambitieuses de Napoléon devinrent de plus en plus apparentes. Son frère Louis Bonaparte fut tait roi de la Hollande, qui avait été érigée en royaume l’année précédente. Naples fut donné à Joseph Bonaparte son frère ainé qui fut aussi investi du titre de roi des Deux-Siciles.

Plusieurs provinces furent érigées en duchés ou grands fiefs de l’empire et données aux parents de l’empereur et à ses favoris.

Sa soeur Pauline fut faite princesse de Guastalla; son beau-frère, Murat, grand-duc de Berg et de Clèves; tandis qu’Eugène de Beauharnais, fils de l’impératrice Joséphine par son premier mariage fut nommé vice-roi d’Italie. Quatorze principautés furent fondées au sud et à l’Est de l’Allemagne qui formèrent la confédération du Rhia. Elles furent séparées du reste de l’Allemagne et reconnurent Napoléon comme leur chef avec le titre de protecteur….. La Suisse fut aussi placée sous la domination de la France, Napoléon s’étant déclaré son ,,Médiateur”.”

La politique de Napoléon l’amena aussi à établir différents ordres honorables et honorifiques pour ses officiers et ses soldats, comme, par exemple, la “ légion d’honneur ”, “ l’ordre de la couronne de fer”, etc.. etc.

Ayant ainsi identifié ce caractère (Napoléon) dont les exploits marquent le commencement du ,,temps de la fin”, la prophétie continue à montrer quel est l’événement particulier de ce temps qui marque définitivement la date exacte du ,,temps de la fin”. Elle montre que cet événement est l’invasion de l’Egypte par Napoléon, qui dura un an et près de cinq mois. Il s’embarqua en mai 1798 et revint en France le 9 octobre 1799. Cette campagne est décrite d’une manière saisissante en peu de mots dans les versets 40 à 44.

Verset 40: ,,Puis ,,au temps [marqué] de la fin”, le roi du midi [l’Egypte] se heurtera contre lui, et le roi du nord [l’Angleterre] fondra sur lui comme une tempête avec des chars et des cavaliers [les mamelouks, égyptiens, etc.], et avec beaucoup de navires [les forces anglaises composées d’une flotte sous l’amiral Nelson]. Et il [Napoléon] entrera dans les terres, il inondera et passera outre [victorieusement].”L’histoire nous apprend que ,,l’armée égyptienne, sous la conduite de Mourad-Bey tut repoussée après une bataille des plus décisives; . . . le succès des Français porta la terreur jusque dans les pays lointains de l’Asie et de l’Afrique; et les tribus environnantes se soumirent au conquérant….. Mais le destin lui préparait un terrible revers. Sa flotte, qui comprenait treize vaisseaux de ligne et plusieurs frégates, fut atteinte à Aboukir par l’amiral anglais Nelson qui l’avait longtemps poursuivie et qui l’attaqua dans la soir du 1er août 1798 avec une vigueur et une activité [,,semblable à une tempête”] qui [jusqu’à la bataille de Tsuschimal ne fut jamais dépassée dans les guerres navales.”

Versets 41 – 43: ,.ll entrera au pays de la gloire [de noblesse – L. – la Palestine] et plusieurs succomberont, mais ceux-ci échapperont de sa main (savoir), Edom. Moab et les principaux des enfants d’Ammon [Napoléon se tint sur la côte et n’entra pas dans ces pays, mais

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passa à côté‚]. Il ‚tendra sa main sur les pays et le pays d’Egypte n’échappera point. Il se rendra maître des trésors d’or, d’argent et de toutes les choses pr ”cieuses de l’Egypte; les Libyens et les Ethiopiens suivront ses pas.” (L. O. &’ S.)

Versets 44-45: ,,Et il dressera les tentes de son palais entre les mers, et [sur] la glorieuse et sainte montagne” (S.). Ce qui est dit ici peut s’adresser soit au mont Tabor, soit au mont Sinaï; qui tous les deux peuvent être appelés glorieux et saints. Une des plus importantes batailles ayant eu lieu au Tabor, glorieux et saint à cause de l’endroit où eut lieu la transfiguration de notre Seigneur et que Pierre appelle la ,,sainte montagne”: Napoléon y fit dresser ses tentes. Le Sinaï montagne sainte et glorieuse, comme le lieu où fut ratifiée l’Alliance de la loi entre Dieu et Israëlé fut visité par Napoléon avec le ,,corps scientifique” qui l’accompagnait et sa garde particulière.

,.Mais des nouvelles de l’Orient et de l’Aquilon le troubleront, et il sortira avec une grand fureur pour détruire et exterminer plusieurs [nations]. (O.) Puis il viendra à sa fin et personne qui l’aide.”

Pendant qu’il était en Egypte les nouvelles d’une alliance récente qui s’était formée contre la France atteignirent Napoléon, et il partit aussitôt pour la France. Willard dit en parlant de cela: ,,Les nouvelles de l’Europe le poussèrent à abandonner l’Egypte; et laissant son armée sous les ordres de Kléber, il retourna en France en secret et grande hâte . . . Un revirement de politique ayant eu lieu dans les affaires de la France, une seconde coalition se forma contre elle, composée de l’Angleterre, de la Russie, de Naples, de la Turquie et de l’Autriche.”

Comparez ces déclarations de l’histoire avec celle de la prophétie: ,.Mais des nouvelles dé l’orient et du nord l’effrayeront; et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup [de nations].” La grande fureur de Napoléon et son essai de détruire toutes les nations de l’Europe, comme nations, sont assez connus pour qu’il soit inutile de les répéter ici. Il réussit presque dans ses desseins ambitieux; cependant, peu d’années après, cet homme, le plus notable de son époque, mourut en exilé abandonné de tous, comme le prédit le prophète. De même que le verset 40 déclare que cette invasion de  l’Egypte serait ,,au temps [marqué] de la fin”, ainsi aussi nous trouvons la même déclaration dans les v. 29 et 30 qui  parlent du même événement et que nous avons déjà signalés comme une parenthèse. Il est bon de se rappeler que nous avons trouvé les versets 25 à 28 se rapportant à une précédente invasion de l’Egypte: et qu’il est signifié dans les versets 29 et 30 que la prochaine grande invasion de l’Egypte qui suivrait serait ,,a une époque fixée” (S.), c. à d., ,,au temps de la fin”, comme cela est décrit dans les  versets 40 à 45.

,,Au temps déterminé, il retournera et viendra contre le midi; mais il n’en sera point comme [dans] la première [ou comme dans la dernière [invasion – litt.].” L’invasion de l’Egypte par Napoléon n’eut pas les résultats de celle du temps de Cléopâtre, ou de celle du temps de la célèbre reine Zénobie. Bien que Napoléon ait réussi comme général en Egypte, ses victoires n’en firent point le maitre comme ses prédécesseurs; la raison en est donnée dans le verset suivant, – ,,car des navires de Kittim [,,des Romains” -trad. angl. Douay] viendront contre lui.” Les navires anglais harcelèrent Napoléon et génèrent ses conquêtes. Puisque l’Angleterre aussi bien que la France avaient fait partie de l’ancien empire romain, et puisque la France était en guerre avec le reste de cet empire, essayant de le soumettre, il n’est point inadmissible de parler de navires ,,romains”. ,,Et il [Napoléon] sera découragé et retournera; et sera courroucé contre la sainte alliance et il agira – D. – [ou ,,il s’indignera… et il exécutera (son dessein)”. -A son retour d’Egypte, Napoléon abandonna sa première politique de violente opposition au papisme et signa le concordat avec le pape, par lequel la religion catholique fut rétablie en France. Cet acte fut contre la vérité; mais il crut mieux réussir par cette politique en renversant la république et en s’établissant lui-même au pouvoir comme empereur: Et il ,,exécuta son dessein”. Mais cette politique ne dura pas longtemps après qu’il eut obtenu le pouvoir impérial: il recommença bientôt à agir contre ce système appelé ,,l’homme du péché”,  comme le décrit la prophétie dans les paroles suivantes:,,Il [Napoléon] retournera [changera] et fera attention à[litt. fera des projets contre] ceux qui abandonnent l’alliance sainte (D. & L.) ;” c’est à dire, il commença à faire des projets et à agir contre l’Eglise apostate de Rome. il réussit aussi en cela.

C’est ainsi, que le chap. XI de Daniel retrace succinctement l’histoire du monde par ses personnages les  plus illustres, depuis le royaume de Perse jusqu’au renversement de la domination papale. Bien que la prophétie couvre la longue période de 2400 ans, elle accomplit cependant son dessein, en marquant clairement l’année même de 1799, comme le commencement du ,,temps de la fin”. La limite des 1260 ans du pouvoir du papisme pour opprimer se termina cette année-là, où le ,,temps de la fin” commença. Et ne perdons pas de vue que cette année-là fut aussi la dernière du millénium papalé ou règne d’un millier d’années, qui a commencé‚ comme nous l’avons montré dans le volume précédent avec l’année 800. Mais 1799 commença seulement la période connue comme le ,,temps de la fin” dans les limites duquel tout vestige de ce système doit disparaître.

Remarquons comment dans les quelques paroles des versets 34 et 35 le déclin de la Réformation et sa cause sont décrits. L’amour du monde et l’aisance, le désir d’être au pouvoir et d’avoir de l’influence furent les pièges qui dès l’abord séduisirent l’Eglise et donnèrent naissance au papisme; et ce furent les mêmes désirs et les mêmes efforts qui interrompirent la Réformation. Parmi beaucoup d’autres erreurs papales. Luther et ses compagnons commencèrent par dénoncer hardiment l’union des églises et de l’état. Mais après quelques années de brave résistance à une puissante opposition, la Réformation commença à avoir quelque influence par le nombre; lorsque les rois et les princes commencèrent à flatter les réformateurs et que des voies de promotions sociales et politiques s’ouvrirent devant eux. les maux causés par l’union de l’église et de l’état qu’ils avaient reconnus et combattus dans le papisme furent perdus de vue. Les églises réformées d’Allemagne, de Suisse.

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etc., marchèrent sur les traces même de Rome; elles furent prêtes à s’unir ou à recevoir les faveurs d’un parti politique quelconque, d’un prince, ou d’un gouvernement qui voulait bien d’eux et les reconnaissait. Cela fut la cause de la décadence, et ceux qui avaient été les promoteurs de la réforme devinrent les promoteurs de la tentation. Et ainsi, le mouvement de la réforme, qui avait bien commencé, fut grandement arrêté. Mais tout cela ne pouvait empêcher le plan de Dieu. Par  sa sagesse, il le fit tourner pour le bien. De même que les erreurs du papisme, cela continua à éprouver les vrais saints et à prouver s’ils suivaient réellement les hommes ou Dieu. Cela a servi son dessein tout le temps jusqu’à nos jours, – ,,pour les épurer, les purifier et les blanchir”. Si nous sommes dans le vrai, en plaçant le commencement du temps de la fin en 1799, nous devons nous attendre à voir cesser, depuis ce moment dans une certaine mesure, l’erreur de l’union des églises avec les gouvernements terrestres, encore qu’il a fallu de longues années pour se défaire et sortir de ce piège de Satan. Regardant en arrière, nous trouvons que les faits répondent à cette attente. Depuis 1799 bien des séparations se sont produites entre les empires  et les églises, niais nous n’enregistrons aucune union nouvelle – [Et aujourd’hui le contrecoup de la séparation en France se fait sentir dans les pays voisins]. Cette date marque vraiment une nouvelle réforme sur des bases plus substantielles. L’influence du papisme sur les royaumes de l’Europe avait précédemment été si grande que ses malédictions étaient redoutées par les nations comme une flétrissure et ses bénédictions désirées pour la prospérité‚nationale. Lorsque les protestants se séparèrent du papisme, le monde les envisagea comme étant simplement une corruption moindre substituée au papisme; et leur faveur, leur avis, ou leur sanction furent souvent pareillement recherchés. Mais lorsque Napoléon, ayant mis de côté audacieusement les bénédictions comme les malédictions du papisme, prospéra néanmoins phénoménalement, sa manière de faire, non seulement affaiblit grandement l’influence papale sur les gouvernements civils, mais elle affaiblit aussi l’influence des divers systèmes protestants, en matière civile et politique – cette influence s’étant grandement accrue pendant deux siècles et demi.

 La nouvelle réformation qui date des jours de Napoléon ne fut pas moins complète que celle amenée par Luther et ses collègues, bien qu’elle ne fût pas un mouvement religieux, ni en aucun sens animée par un zèle religieux; pas plus que ceux qui en étaient les promoteurs mme furent conscients du fait qu’ils accomplissaient une oeuvre indiquée pour eux depuis (les siècles dans la prophétie. Napoléon et ceux qui travaillèrent avec lui étaient des hommes impies, poussés uniquement par le désir d’arriver et de rester au pouvoir: mais Dieu, qui leur était inconnu, dirigeait leurs voies et les amenait à exécuter ses propres desseins, qu’ils accomplirent efficacement. Si la réformation que Dieu avait premièrement fait naître dans l’Eglise même avait continué, si les réformateurs et leurs descendants étaient demeurés fidèles à la vérité, ses grands desseins se seraient accomplis par ces instruments honorés. Mais lorsqu’ils cédèrent aux flatteries du monde, Dieu montra qu’il avait d’autres voies et moyens pour accomplir son grand oeuvre.

L’oeuvre de Napoléon et la révolution française brisèrent le charme des superstitions religieuses, humilièrent l’orgueil de ceux qui s’étaient élevés comme chefs religieux, réveillèrent le monde à un sens plus complet du pouvoir et des prérogatives de l’humanité et renversèrent la domination papale que la Réformation religieuse avait déjà précédemment blessée à mort mais que la manière de faire des protestants avait guérie plus tard (Apoc. 13 3). L’ère qui se clôt avec 1799, marquée par la campagne égyptienne de Napoléon, scella et définit les limites de la domination papale sur les nations. Là, le temps fixé (1260 ans de pouvoir) ayant expiré, le jugement prédit contre ce système, commença: ,,en le détruisant et en le faisant périr jusqu’à la fin” (L). -Dan. 7:26.

Cette date marque aussi clairement le début d’une nouvelle ère de la liberté de pensée et la réalisation des droits et privilèges individuels; elle a déjà été distinguée par la marche rapide du progrès vers le plein accomplissement du travail tracé pour le ,,temps de la fin”. Comme simple illustration, nous citons les proportions qu’ont prises les différentes sociétés bibliques,  que Rome appelle ,,les sociétés bibliques pestiférées”,  mais qu’elle ne peut plus empêcher. Et le Livre sacré, qu’elle reléguait autrefois dans des chaînes, qu’elle gardait voilé dans des ‘langues mortes, en en interdisant la lecture à ses sujets trompés, est répandu maintenant par millions parmi tous les peuples et dans toutes les langues. La ,,société biblique britannique et étrangère’ f ut créée en 1803; celle de New-York en 1804; celle de Berlin en 1805; celle de Philadelphie en 1808; et la société biblique Américaine en 1817 [d’autres furent encore fondées depuis, la ,,société biblique de Genève”, par ex.]. Le travail accompli par ces sociétés pendant le l9ème  siècle, est inouï. C’est par millions d’exemplaires que chaque année la Bible est publiée et vendue à bas prix; et des milliers sont donnés gratuitement aux pauvres, il est difficile d’apprécier la grande influence de cette oeuvre. Il n’y a pas de doute que beaucoup de ce travail est perdu, mais le résultat en général est de briser les liens de l’esclavage et de la superstition, politique et ecclésiastique. Son enseignement paisible -que les papes, les prêtres et les laï‹ques, aussi bien que les rois, les généraux et les mendiants, auront tous à rendre compte au même Seigneur, est le plus grand de tous les niveleurs et amis de l’égalité.

Le mouvement religieux de la réformation a sévèrement ébranlé l’influence du papisme, il est vrai, mais les églises réformées ont imité de si près sa politique de s’ingérer par ruse, de s’amalgamer avec les empires terrestres et de prétendre à l’autorité cléricale sur le peuple (c. à d. de faire croire que le ,,clergé” constitue un gouvernement spécial divinement établi dans le  monde), que le premier effet de cette réformation se modifia grandement; et laissa le peuple et les gouvernements civils sous une crainte superstitieuse et dans la subordination à tout ce qui était appelé autorité de l’église. Cette réforme répartit entre plusieurs sectes beaucoup des vénérations malsaines et des superstitions qui étaient premièrement concentrées dans le papisme

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seul. Mais la réforme politique qui s’accomplit pendant le l9me siècle, depuis 1799, le ,,temps de la fin”, bien que totalement différente de la première, n’est pas moins une réformation. La révolution et l’indépendance des ,,colonies américaines” – l’heureux établissement d’une république prospère, d’un gouvernement par le peuple et pour le peuple, sans l’ingérence d’une royauté ou d’une prêtrise intrigante – ont donné une leçon nouvelle aux peuples qui se réveillèrent alors. Assoupis depuis des siècles dans l’ignorance de droits qui leur revenaient de Dieu et dans la croyance que l’église avait été appelé‚e au gouvernement suprême de la terre, et qu’ils étaient obligés d’obéir aux rois et empereurs imposés par l’eglise, les hommes jusqu’alors n’avaient pas recherché combien toutes ces prétentions étaient injustes; – l’église ayant déclaré que les ‘gouverneurs étaient établis de Dieu par son moyen. (Suite et fin au prochain numéro.)

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