VOTRE JUSTICE

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« Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière luise.

Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes : Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir; car, en vérité, je vous dis : Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli.

Quiconque donc aura supprimé l’un de ces plus petits commandements et aura enseigné ainsi les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; et quiconque l’aura pratiqué et enseigné, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. » — Mat. 5 : 14-20, Darby. —

Le sermon de notre Seigneur sur la montagne —dont nous avons tiré ce texte comme sujet d’étude — est un discours remarquable par sa simplicité en même temps que par son importance considérable. On n’y trouve, du commencement à la fin, aucune recherche d’ornements littéraires ou oratoires, aucun élan d’imagination en vue de plaire ou de charmer. L’objectif à atteindre était d’instruire et le Seigneur l’a fait dans le langage le plus simple et le plus puissant.

Il est à remarquer, d’autre part, que le Seigneur n’a pas cherché, pour la circonstance, une place publique où Il aurait attiré un plus grand auditoire; au contraire, Il choisit un endroit retiré où Il pût se trouver seulement avec Ses disciples.

Les multitudes s’étaient pressées autour de Lui pour assister à Ses miracles et entendre Ses paroles. Il avait guéri les malades et leur avait enseigné beaucoup de choses: mais ce discours-ci était réservé spécialement pour Ses disciples, pour « la maison de la foi » (Gal. 6: 10) ; et s’il a été fidèlement rapporté ici, c’est pour que ses enseignements puissent s’étendre à la maison de la foi tout entière, jusqu’à la fin de l’Age même. Aussi, en relisant ces paroles de notre Seigneur, pouvons-nous presque nous donner l’illusion d’être assis, nous-mêmes, en compagnie de Pierre, de Jacques et de Jean, et de tant d’autres frères et sœurs de l’Eglise primitive, sur les pentes verdoyantes du flanc de la montagne, écoutant les paroles à mesure qu’elles tombent des lèvres du plus grand prédicateur que le monde ait jamais connu. Et en quittant ces lieux vénérés pour nous en retourner, ne soyons pas des gens qui oublient ce qu’ils ont entendu, mais gardons précieusement les paroles de vie; qu’elles se gravent profondément dans nos cœurs et produisent un fruit abondant pour la vie éternelle.

Cette portion du discours de notre Seigneur indique qu’il existe, à l’égard de la Vérité reçue, une responsabilité dont beaucoup de Chrétiens, nous le craignons, ne se font pas une idée exacte et à laquelle ils ne réfléchissent pas avec un soin suffisant. Remarquez ce langage : « Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière luise (ou éclaire) ». Et rapprochez-le de ce qui est dit ailleurs : « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde… celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 9 : 5; 8: 12). Et maintenant que nous avons trouvé dans Sa Parole Ses instructions et Sa lumière, Il veut nous faire rappeler que, en tant que Ses représentants, nous sommes la lumière du monde et nous devons tenir nos lampes constamment prêtes et allumées (Mat. 25: 7); que notre lumière doit briller, éclairer, afin que ceux qui nous suivent ne marchent pas dans les ténèbres.

Dans les Ecritures comme dans le langage courant, la lumière est un symbole de la Vérité. Aussi, l’expression : « Vous êtes la lumière du monde… Que votre lumière luise » revient-elle à dire :,  « Vous êtes à présent tellement illuminés par la Vérité que vous êtes devenus, vous-mêmes une vivante représentation de la Vérité. » Ainsi, prenez garde de l’obscurcir en aucune manière, mais faites-la briller de plus en plus autour de vous, pour que d’autres puissent en recevoir, comme vous, la bénédiction. Cette Vérité est « la lumière de la vie », (Jean : 8 : 12) ; elle est ce dont le monde a besoin, ce que tous doivent posséder avant de pouvoir atteindre la vie éternelle. L’homme doit d’abord connaître la Vérité, avant que celle-ci puisse l’affranchir, le libérer du joug du péché et de la mort (Jean 8 : 32; Gal. 5 : 1). Il faut qu’il connaisse la Vérité, avant de pouvoir être sanctifié par la Vérité (Jean 17 : 17-19). Aussi est-ce la volonté de Dieu « que tous les hommes viennent à la connaissance (exacte) de la vérité »(1 Tim. 2 : 4). C’est pourquoi, il est du devoir de tout enfant de Dieu de travailler activement à propager la Vérité, en faisant briller sa propre lumière et en tenant sa lampe « préparée» et allumée

Préparée et allumée ! dira une âme inquiète; j’ai souvent chanté avec ferveur ce cantique :

« Nos lampes sont préparées, etc. », mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que nous devons faire bien attention aux « paroles de la vie » (Jean 6 : 68); afin de parvenir à la CONNAIS­SANCE exacte de la Vérité, et que nous devons la surveiller soigneusement et la garder fidèlement pure pour en éliminer toute erreur, aussitôt que nous nous en apercevons, que ce soit une erreur de doctrine ou une erreur dans notre conduite, ou dans notre conversation journalière, afin que la pure lumière de la Vérité divine transparaisse avec éclat dans notre caractère et perde aussi peu que possible de sa clarté.

Il est déplorable que tant d’enfants de Dieu paraissent si indifférents à cette nécessité de tenir leur lampe « préparée », c’est-à-dire en état d’éclairer. Le peu de Vérité qu’ils possèdent est fortement dosé d’erreur; et, au lieu de chercher à éliminer celle-ci, ils la gardent et enseignent un mélange d’erreur et de vérité, de sorte que la lumière dont ils brillent n’est plus de la lumière claire et pure, mais une lumière fumeuse et voilée provenant d’une mèche mal entretenue qui baigne dans une huile impure et mélangée.

Il y en a d’autres qui, tout en possédant un fonds riche de pure Vérité, négligent de faire usage de leur connaissance pour purifier et sanctifier leur caractère, en sorte que la lumière est obscurcie et dénaturée par l’instrument malpropre à travers lequel elle est présentée. Ceux qui gardent le dépôt sacré de la Vérité dans ces conditions en sont véritablement indignes et finissent sûrement par le perdre, car il est écrit : « La lumière (la Vérité) est semée pour les justes» (Ps. 97 : 11) ; et une telle indifférence à l’appel de la vérité est une iniquité.

Au temps de notre Seigneur, il y avait des gens qui faisaient ouvertement profession d’enseigner la Vérité divine et d’en être les représentants. Les scribes et les pharisiens affectaient un zèle ardent pour la Vérité et se considéraient comme de dignes exemples de son pouvoir d’amélioration et de perfectionnement. Ils se proclamaient détenteurs de la lumière et étaient persuadés qu’ils la faisaient briller en leur personne

« O Dieu, disait le pharisien, « je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes… Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède » (Luc. 18 :10-12). Mais le Seigneur dit : « Malheur à vous.., hypocrites.., au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.» (Mat. 23 : 27, 28). Voilà comment ils apparaissaient aux yeux du Seigneur, tandis qu’ils étaient respectés et honorés des hommes qui les tenaient pour des saints et les acceptaient pour guides dans le chemin de la Vérité et de la sainteté. A la loi de Dieu, ils avaient eu la présomption d’ajouter leurs propres traditions vaines et insensées, « annulant » ainsi « le commandement de Dieu » (Mat. 15 : 6) et ils manifestaient un grand zèle à enseigner ces traditions au peuple.

En agissant ainsi, ces docteurs étaient inexcusables. Les livres de la loi de Dieu, comme ils les appelaient, étaient sous leurs yeux, et c’était leur devoir, en même temps que leur privilège, d’être informés avec exactitude de ce qui y était prescrit.

Mais particulièrement après la venue de Christ, dont les enseignements avaient donné tant d’éclat à la Vérité et manifesté l’absurdité de leurs vaines traditions, ils restèrent sans excuse. L’accusation d’hypocrisie que leur lança le Seigneur convenait parfaitement à leur cas puisqu’ils persistèrent délibérément à pratiquer et à enseigner les traditions anciennes et résistèrent à la lumière de la Vérité, dont l’éclat croissant faisait apparaître l’absurdité de ces traditions.

Les scribes et les pharisiens possédaient une grande somme de Vérité; ils avaient la Loi de Dieu tout entière et faisaient profession d’y croire et de l’enseigner. Mais ils l’altéraient et la défiguraient misérablement par leurs traditions et par une mentalité dégradée qu’ils masquaient sous des dehors de blancheur. Aussi leurs efforts qui, à les entendre, tendaient à convertir les hommes à Dieu, avaient-ils pour unique résultat de faire d’autres hypocrites comme eux-mêmes. « Je vous dis, déclarait le Seigneur à Ses disciples, « si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » (Mat. 5 : 20).

Gardons-nous de cette sorte de justice qui, aux yeux des hommes, peut bien paraître pure et digne de louange, mais qui, dans l’appréciation de Dieu, n’est que fausseté et hypocrisie. Dieu, qui lit dans les cœurs, ne tarde pas à discerner les motifs pour lesquels nous recevons ou propageons la Vérité; et bien insensé est l’homme qui tente de tirer profit de ce divin trésor pour les avantages méprisables de cette vie éphémère; qui préfère pratiquer et enseigner l’erreur et voiler la Vérité de Dieu ou y résister; ou qui, après l’avoir autrefois acceptée, en vient à la vendre pour de l’argent, ou pour acquérir influence ou popularité auprès d’humains mortels allant comme lui vers la tombe, ou pour toute autre considération quelconque.

Et pourtant il y en a qui, sans trafiquer de la Vérité avec autant d’hypocrisie, la déprécient dans une certaine mesure; tôt ou tard, ils finiront par la perdre en raison de cette attitude. Si nous laissons les préjugés, ou un sentiment de rivalité personnelle, d’orgueil ou d’esprit querelleur, ou quoi que ce soit nous empêcher de manifester librement et sans artifice, en toute candeur et simplicité, cet esprit débonnaire qui seul convient à ceux qui cherchent la Vérité, nous nous laisserons gagner par cet esprit pharisaïque qui, à son plein épanouissement, devient pure hypocrisie.

Ceux qui évitent cette tendance et qui, en toute douceur et sincérité, acceptent et pratiquent la Vérité telle qu’elle est, et l’enseignent avec zèle, quoi qu’il puisse leur en coûter, ceux-là, dit le Seigneur, seront appelés grands dans le royaume des cieux; et celui qui aura « pratiqué et enseigné » l’erreur si peu que ce soit, quand il aurait pu avoir le privilège de posséder la Vérité dans toute sa clarté, s’il avait été dans les dispositions de cœur voulues pour la recevoir, celui-là « sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux »(Mat. 5 : 19).

Les préjugés et des dispositions anciennes à déformer la Vérité retardent souvent considérablement les progrès de véritables enfants de Dieu sincèrement consacrés. Les efforts qu’ils font, croyant servir Dieu, sont mal orientés, de sorte qu’ils finissent par pratiquer et enseigner le contraire de la Vérité sur des points où la Parole de Dieu est très explicite. Gardons-nous de ce péril et, rejetant avec énergie tout obstacle à notre progrès personnel dans le chemin de la Vérité et à notre utilité dans le service du Maitre, « courons avec patience, avec douceur mais avec diligence, la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus » qui a dit : « Ma grâce te suffit… Ma puissance s’accomplît dans l’infirmité » (Héb. 12 : 1 ; 2 Cor. 12 : 9).

W.T. 3243 — C.T.R. 1903