VOTRE TRAVAIL N’EST PAS VAIN

Listen to this article

1 Corinthiens 15 20, 21, 50-58.

« Mais maintenant Christ est ressuscité des morts et est devenu les prémices de ceux qui dorment ».

En ce temps d’avril, cette leçon sur la résurrection vient à son heure. Parmi toutes les questions bibliques à propos desquelles le chrétien ressent le plus profondément le besoin d’étudier, se trouve celle de la résurrection. Il existe de nombreuses formes de religion dans le monde, mais le christianisme seul enseigne la résurrection des morts. Par christianisme, le vrai, nous entendons l’enseignement provenant de la Bible, car hélas — et c’est avec regret que nous l’écrivons — la chrétienté ne croit pas à la résurrection des morts. Elle a adopté la théorie païenne d’après laquelle les morts ne sont pas morts mais qu’ils vivent, en sorte que, lorsqu’elle parle de résurrection, elle ne parle que de la résurrection des vivants. Elle prétend qu’à la mort quelque chose quitte le corps, bien qu’elle n’en ait nulle preuve, rien qui prenne le départ sinon le souffle et la vitalité. Elle affirme que la mort est un passage, un bien, un avantage, une libération de celui qui meurt en apparence mais qui, en réalité, est plus vivant que jamais. Mais comme on parle de résurrection dans la Bible, les chefs de la chrétienté ne veulent pas avoir l’air de l’ignorer. Dès lors ils avancent que les morts qu’on appelle des « ombres » ou des « esprits » éprouvent des désirs de retrouver leurs corps — ce qui peut durer des siècles sans corps — même s’ils n’ont eu un corps que peu d’années.

Cette envie de disposer d’un corps (ce qu’ils prétendent ne pas être indispensable à l’existence et au bonheur), Dieu se propose d’y pourvoir et bientôt la résurrection des corps aura lieu. Ils attendent un moment solennel et glorieux où les morts réintégreront des corps assez semblables aux corps actuels qu’ils considèrent comme des « prisons ». L’incohérence d’une telle théorie rend assurément malade et il n’est pas surprenant qu’une grande confusion règne dans toute la chrétienté sur ce sujet, lequel, comme nous allons le voir, occupe une place si importante dans les Ecritures.

Ce que les Ecritures enseignent est très positivement le contraire de ce qui précède. Cela paraît obscur en raison même des erreurs doctrinales que le grand Adversaire a répandues. L’une d’elles repose sur une confusion dans les idées à propos de l’âme. Le point de vue de la chrétienté sur ce sujet a été défini par un évêque Méthodiste, en ces termes « Elle est sans intérieur ni extérieur, sans corps, sans forme, sans parties — et vous pourriez en loger un million dans une coquille de noix ». La définition fournie par l’évêque est une excellente définition de ce qu’est rien et l’on pourrait effectivement loger des milliers de millions de riens dans une coque de noix et il y aurait encore de la place.

Dans la Bible, le mot « âme » s’emploie pour désigner un être, une personne. Un être humain, une personne humaine se compose de deux parties un corps et sa vitalité encore appelée esprit de vie ou souffle de vie. Le corps n’est pas intelligent par lui-même pas plus que la vitalité elle-même. Mais quand les deux se trouvent réunis, l’intelligence, la personnalité ou âme commence à se développer. Ainsi en a-t-il été du père Adam. Le Seigneur forma son corps ; mais il n’était pas une âme. Il était tout simplement une matière organisée en bon état et en bonne forme. Ensuite, Dieu « souffla dans ses narines le souffle de vie », la vitalité commune à toutes les créatures vivantes, mais pas une âme. Ce ne fut que lorsque ces deux choses furent réunies, organisme et souffle vital, que l’homme vint à l’existence, un être vivant, qui réfléchit — l’homme devint une âme vivante (Genèse 2 : 7). Il importe de bien remarquer l’idée selon laquelle l’homme n’a pas une âme mais qu’il est une âme, un être.

Tirons une illustration de la nature. L’air que nous respirons est composé d’oxygène et d’azote. Pris isolément ni l’un ni l’autre ne constitue l’atmosphère, notre air. Mais quand les deux se combinent, comme c’est le cas,, dans des proportions chimiques convenables, la résultante est l’atmosphère. Il en est de même dans la question de l’âme et Dieu nous parle à partir de ce point de vue, chacun de nous étant une âme. Il ne s’adresse pas a notre corps, pas plus qu’à notre souffle de vie, mais à nous en tant qu’êtres intelligents ou âmes. Quand il prononça la sentence pour avoir transgressé sa loi, il ne s’adressa pas au corps d’Adam de manière spécifique, mais à l’homme, l’âme, l’être intelligent « Toi ! ». « Le jour où tu en mangeras tu mourras certainement ». « L’âme qui péchera sera celle qui mourra ». — Genèse 2 : 17 ; Ezéchiel 18 20.

Quand on comprend que c’est l’âme qui meurt, on comprend aussi que c’est l’âme qui a besoin d’une résurrection des morts. La mort est la dissociation de l’organisme et du souffle qui l’anime qu’il soit question d’un homme, d’une bête, d’un poisson ou d’un oiseau. Les savants représentent qu’un renouvellement général des tissus organiques, est en progression constante, certains éléments se détruisant tandis que de nouveaux apparaissent, en sorte que, disent-ils, le corps se trouve renouvelé tous les sept ans. Si donc Dieu n’avait prononcé sa sentence que contre le corps d’Adam, il aurait reçu satisfaction dans les sept ans. Or, la sentence de mort ne fut pas prononcée contre le corps d’Adam, mais contre Adam lui-même, l’âme le ego, l’être et donc la dissolution des atomes de son corps ne règle pas le prix de la sentence. Il fallait le sacrifice d’une autre âme pour le racheter. Aussi lisons-nous que notre Seigneur Jésus « livra son âme (être) en offrande pour le péché », qu’il « livra son âme à la mort ». — Es. 53 :10, 12.

L’apôtre Pierre signale que l’âme de notre Seigneur Jésus ne fut pas abandonnée dans la mort— le hadès — et il cite le Prophète David à l’appui de sa déclaration. David déclare en effet : « Tu ne laisseras pas mon âme dans le sheol [en grec hadès, l’état de mort] ». L’apôtre explique que David était un prophète et parlait, non pas de lui-même, mais du Seigneur Jésus dont « l’âme ne devait pas rester dans le hadès » (Actes 2 : 25-32). Ce fait constituait l’argument de l’apôtre Pierre touchant la résurrection de notre Seigneur, savoir que son âme ne fut pas laissée dans le hadès (la condition de mort) mais que Dieu le ressuscita par sa propre puissance. Telle est la bonne idée pour tout ce qui concerne la mort et la résurrection. C’est l’âme qui meurt — l’être est dissous par la mort. Le corps, sujet à corruption, retourne à la poussière. Si ce fut l’âme de notre Seigneur qui mourut et fut ressuscitée, et s’il s’est donné lui-même en rançon (prix correspondant pour l’âme d’Adam et la race qui était dans ses reins au moment de sa transgression) la pensée qui s’impose est que toutes les âmes de la race d’Adam doivent être libérées ‘de la pénalité de la mort, le but de la résurrection étant de rétablir ces âmes appartenant à la race d’Adam, lequel a été sauvé de la destruction par l’âme du Rédempteur.

Reportons-nous maintenant au texte de notre leçon pour constater qu’il s’accorde avec ce que nous venons d’avancer pour être l’enseignement de l’Ecriture. Le verset 20 présente les morts comme endormis et déclare que Christ a été le premier à connaître la résurrection d’entre les morts.

Notons ces deux points

1) Dans quel sens la mort est-elle un sommeil? A cela nous répondons que la mort est vraiment et réellement une extinction de l’âme, mais que Dieu ayant eu en vue notre rédemption dès avant la fondation du monde, a également eu en vue, comme conséquence de cette rédemption et en un temps fixé par lui, notre rappel à l’existence par une résurrection des morts selon qu’il est écrit « Il délivre ta vie du tombeau » (Psaume 103 : 4 ; 34 : 22). C’est dans cet esprit que le Seigneur a parlé de la mort comme d’un sommeil et que ses enfants ont pareillement raison d’utiliser ce terme de « sommeil ». Il est dit d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, des prophètes et des rois bons et mauvais, qu’ils se sont « endormis », « ont été réunis à leurs pères ».

Le Nouveau Testament rapporte les paroles du Seigneur lorsqu’il rappela une jeune fille à la vie : « Elle n’est pas morte mais elle dort ». il en fut de même de Lazare à propos de qui il déclara : « Notre ami Lazare dort ». Comme ses disciples ne comprenaient pas la portée de ses paroles, « Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort ». Le fait brutal est la mort. Mais au travers des intentions et des promesses divines, il est permis de l’appeler d’un mot plus réconfortant, celui de sommeil, qui exprime à la fois notre espoir pour les morts et notre foi en Dieu. Le récit du martyre d’Etienne rapporte « qu’il s’endormit ». Lorsqu’ils écrivent à l’église et s’adressent non seulement aux frères de la maison de la foi, mais encore à tous leurs chers amis déjà morts, les apôtres disent « qu’ils dorment en Jésus » tandis que les autres sont « morts en Christ ». On ne peut dire que des membres du « corps » qu’ils sont en Christ ou qu’ils aient l’espoir d’avoir part avec lui à sa résurrection. (Phil. 3 : 10). Mais c’est « l’homme Christ Jésus qui, par la grâce de Dieu, a goûté la mort pour tous » qui a changé, conformément au plan divin, ce qui aurait été la mort pour tous les hommes en un sommeil d’où chacun sera réveillé à la seconde venue de Christ après qu’il aura établi son royaume. Au sujet de ce réveil et d’où les morts sortiront, il dit : « Tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l’homme et en sortiront ». — Jean 5 : 28.

2) La déclaration suivant laquelle notre Seigneur est, les prémices de ceux qui dorment s’accorde avec le témoignage de la Parole d’après lequel il devait « être le premier à être ressuscité des morts » et à être « le premier-né entre plusieurs frères » (Actes 26 : 23 ; Rom. 8 : 29). En tant que chef de l’Eglise qui est son Corps, notre Seigneur fut ressuscité des morts par la puissance du Père, le troisième jour après son crucifiement mais le Corps, l’Eglise ne sera pleinement ressuscitée qu’au moment où elle sera complète, à la fin de l’âge de l’évangile. Quand elle sera ressuscitée, ce sera au titre de « ses frères », membres de « son corps », participant à « sa résurrection » — sa sorte de résurrection — la principale, la résurrection d’ordre supérieur — non pas une résurrection dans la chair, comme êtres humains, mais comme nous le verrons bientôt à une nature spirituelle, dans un corps spirituel. Notre Seigneur ne fut pas seulement le premier à ressusciter des morts parmi les frères, l’Eglise, mais le premier à ressusciter des morts au sens le plus absolu, personne ne l’ayant été avant lui.

Que résulte-t-il en définitive de la théorie d’après laquelle les morts ne sont pas morts ou encore que leur résurrection sur un plan de vie supérieur s’opère au moment du décès ? Nous répondrons que ces théories n’ont aucune base quelconque dans l’Ecriture. Elles ne sont que les vapeurs éthérées de ceux qui sont allés à l’école de Platon, science faussement ainsi appelée, et qui n’ont pas du moins sur ce sujet été enseignés de Dieu à l’école de Christ. Remarquez ce que dit l’apôtre Paul sur le même sujet. Il ne dît pas que notre Seigneur ressuscita des morts dans l’instant qui suivit le moment où il expira sur la croix. Il déclare au contraire « qu’il ressuscita des morts le troisième jour ». Incidemment aussi, Pierre se réfère au prophète David et, bien que parlant de lui en termes pleins de respect comme prophète de l’Eternel, il affirme que « David n’est point monté au ciel ». — 1 Cor. 15 : 4 ; Actes 2 : 34.

L’apôtre agite cette question de vie et de mort au verset 21. Il déclare que la mort a passé sur tous à cause de la transgression d’un homme et que la résurrection est pour tous, grâce à l’obéissance de l’homme Christ Jésus qui a « livré son âme à la mort » en faveur de notre race. Il n’aurait pu avoir de résurrection sans cette œuvre rédemptrice, la substitution de l’âme de notre Seigneur à l’âme d’Adam. Un homme avait péché et seule la vie d’un homme pouvait éteindre l’action de la sentence. Aussi l’apôtre dit-il que le sang (la mort) de taureaux et de boucs ne pouvait enlever le péché (Héb. 10 : 4) et nous pourrions aller plus loin et dire que la mort d’anges ou d’archanges ne pourrait jamais ôter le péché en raison de cet arrangement divin d’une vie pour une vie, d’un homme pour un homme (Exode 21: 23-5 ; Lev. 24: 12, 17-22 Deut. 19 : 21 ; Matt. 5 : 38). De là la nécessité pour notre Seigneur de quitter la gloire de la condition spirituelle qu’il avait auprès du Père, de s’humilier lui-même et d’accepter une nature d’un échelon inférieur — la nature humaine — afin que, par la grâce de Dieu il puisse goûter la mort pour tous. Il donna son âme, son être, tout ce qu’il possédait, en tant qu’homme Christ Jésus — il ne conserva rien — le prix a été payé complètement et de manière satisfaisante. La preuve de cette satisfaction apportée à Dieu a reçu une double attestation

a) Par le fait qu’Il ressuscita des morts, notre Seigneur Jésus, lui communiquant une nouvelle vie à un nouveau degré d’existence, au-dessus des anges, des principautés et des puissances (Eph. 1 : 20, 21).

b) Par le fait que le Saint Esprit fut répandu à la Pentecôte, après que notre Seigneur se fut présenté dans les sphères célestes et eut offert le mérite de son sacrifice en notre faveur.

Après avoir posé le principe général d’une résurrection et la possibilité de son application à toute l’humanité rachetée par « une rançon pour tous » (1 Tim. 2 : 6), l’apôtre en arrive à discuter en particulier de la première résurrection à laquelle l’Eglise est très intéressée, car il ne s’adressait pas au monde mais aux « sanctifiés en Christ Jésus » (1 Cor. 1 : 2). Ses paroles qu’on peut lire aux versets 42 à 44 expriment aussi clairement qu’il nous est possible de comprendre des choses tellement au-dessus de notre sphère d’existence, les grandeurs et les perfections de ce que nous serons une fois que nous aurons connu ce grand changement de la première résurrection où nous ne serons plus faibles et imparfaits, pénétrés de tendances mortelles dans des corps animés mais incorruptibles, puissants, disposant de corps spirituels. « Nous lui serons faits semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». (1 Jean 3 : 2). Nous ne discuterons pas ici de ces versets puisqu’ils ne font pas partie de notre leçon et que nous en avons traité par ailleurs.

Quand, au verset 50, l’apôtre précise que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, nous ne devons pas nous faire d’illusions comme certains amis, Adventistes y sont enclins lorsqu’ils prétendent que « la chair et le sang » ne peuvent hériter du royaume de Dieu, mais que la chair et les os le peuvent. Quand l’apôtre parle de « la chair et le sang » il veut évidemment dire la nature humaine tout comme lorsque notre Seigneur Jésus a dit à Pierre : « Ce n’est pas la chair et le sang [ce qui vient de l’homme] qui t’ont révélé cela ». Ce que l’apôtre a voulu dire quand on le comprend bien, c’est que la nature humaine ne peut hériter du royaume de Dieu. Et ceci s’accorde avec d’autres déclarations du même apôtre et d’autres apôtres selon lesquelles il faut devenir de « nouvelles créatures en Christ », être faits « participant de la nature divine » pour avoir part avec notre Seigneur dans le royaume qui vient, dans son grand et glorieux œuvre. Ce que dît notre Seigneur à Nicodème corrobore la même idée : « Si un homme ne naît de nouveau [n’est engendré maintenant à une nouvelle nature pour naître ensuite dans la résurrection] il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » et ne peut même pas le voir (Jean 3 : 3). Les êtres terrestres, de nature humaine, de chair et de sang, peuvent voir des êtres terrestres. Mais comme « personne n’a jamais vu Dieu » de même personne ne peut voir le Fils de Dieu glorifié. Pour les mêmes raisons personne ne pourra voir l’Eglise glorifiée avec l’oeil humain, car ses membres auront été échangés en êtres spirituels par la puissance de la résurrection pour être semblables à leur Seigneur « l’expresse image de la personne du Père ». Il faut se rappeler que l’Eglise est absolument séparée et distincte du monde et que ses espérances sont tout à fait différentes de celles du monde à tous égards.

« La corruption ne peut hériter l’incorruption ». Ce mot « incorruption » (aphtharsia) et le même qui est rendu par « immortalité » dans Rom. 2 : 7 et 2 Tim. 1 : 10. Il est traduit incorruption dans les versets 42, 53, 54 de ce chapitre. L’idée est que notre chair est sujette au dépérissement, à la décadence, mais que le nouveau corps que recevront tous ceux qui auront part à la première résurrection, sera incorruptible, ne pourra pas dépérir, ne pourra pas mourir. Cette incorruptibilité ou immortalité à laquelle les fidèles disciples du Seigneur doivent atteindre par la résurrection, doit s’appliquer à tous ceux qui auront part au royaume et ici l’apôtre s’arrête à ce qui pourrait être difficile pour l’esprit de ses lecteurs. Il les imagine posant la question : Qu’adviendra-t-il de ceux qui seront en vie à la seconde venue du Seigneur quand il établira son royaume et réveillera à l’immortalité les frères endormis ? Les vivants passeront-ils dans le royaume avec leurs corps débiles de chair et de sang ?

L’apôtre entreprend d’éclairer ce mystère, mais bien qu’il le fasse avec lucidité, la question n’est pas encore tout à fait claire pour tous les enfants de Dieu. Il se peut que le Seigneur ait voulu plus ou moins la laisser à l’état de « mystère ». Jusqu’à maintenant, jusqu’au temps convenable de l’accomplissement où elle serait comprise. La nette déclaration de l’apôtre est que « nous ne dormirons pas tous » ce qui est mal compris par beaucoup dans le sens de : « Nous ne mourrons pas tous ». Il est très différent de mourir ou de dormir. Nous mourons en un moment, en un instant. C’est tout le temps de l’état d’inconscience qui est appelé sommeil. Ce que l’apôtre veut donc dire, c’est que nous ne connaîtrons pas tous un temps d’inconscience, mais que « tous nous serons changés ». Il sera aussi impossible à la nature humaine chair et sang, de ceux qui seront en vie à la fin de l’âge de l’Evangile, de passer dans le royaume spirituel de Christ alors en cours d’établissement, qu’il l’a été impossible à tous les frères du passé. Mais comment donc seront-ils libérés de leur chair et sang, de leur nature humaine ? A cela nous répondons que la déclaration de l’Ecriture est des plus explicites, savoir que tous ceux qui auront part avec Christ à « sa résurrection » doivent aussi avoir part à « sa mort » ainsi qu’il l’a lui-même exprimé « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ». Il ne suffisait pas que notre Seigneur se consacrât lui-même, ni qu’il sacrifiât une partie de son temps et de son énergie au service de la Vérité — il était nécessaire qu’il allât jusqu’au bout du sacrifice dans la mort réelle. Ainsi doit-il en être de chaque membre de son corps selon qu’il est écrit prophétiquement de l’Eglise « J’ai dit vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut, mais vous mourrez comme des hommes et tomberez comme l’un des princes » — non pas comme le Prince Adam, le condamné, mais comme le Prince Jésus, en sacrifice — remplissant ce qui manque aux afflictions de Christ. — Ps. 82 : 6, 7 ; Col. 1 :24.

Le changement du corruptible à l’incorruptible, du mortel à l’immortel, de la faiblesse à la puissance, de l’ignominie à la gloire, de la nature humaine à la nature divine, dans le cas de ces derniers membres sera si soudain qu’il ne durera pas un temps appréciable que caractérise l’expression « en un clin d’oeil » — l’instant de leur mort sera suivi de l’instant de leur « changement ».

L’idée partagée par certains, d’après laquelle le « changement » de la « résurrection » est intervenu tout au long de l’âge de l’Evangile au moment de la mort pour chaque individu, se trouve très contredite par l’apôtre qui fixe le temps de la première résurrection de l’Eglise, du corps de Christ « lors de la dernière trompette ». Lorsque la septième trompette sonnera, alors « les morts [en Christ », ses membres] ressusciteront incorruptibles et nous [ceux qui seront en vie à ce moment] nous serons changés ; car ce corruptible doit revêtir l’incorruptibilité et ce mortel doit revêtir l’immortalité ». Il n’est pas douteux que les corps actuels seront tout à fait hors propos — impropres, impossibles pour le royaume.

Après que ce changement de l’Eglise aura été opéré — après que cette première [principale] résurrection sera achevée — « Alors s’accomplira la parole qui est écrite « La mort a été engloutie dans la victoire ». Ici encore, ce que l’apôtre dit est généralement mal compris. La plupart pensent qu’il a voulu dire que la victoire sur la mort et le sépulcre est déjà un fait accompli. D’autres moins nombreux plus proches de la vérité, déduisent que la « victoire » sera réelle avec le « changement » de l’Eglise, le corps de Christ dans la première résurrection. Cependant il semble bien que ni l’une ni l’autre de ces conceptions réponde à la portée de l’affirmation de l’apôtre. Au contraire, la première résurrection, le « changement » de l’Eglise, ne sera que le commencement de la grande victoire que Christ doit engager sur la mort et le sépulcre. Ce ne sera que la production des prémices, « les prémices de ses créatures » comme dit l’apôtre (Jacques 1 :18). Telle est la force de l’expression de l’apôtre « il arrivera alors » ce qui revient à dire alors cette prophétie de la victoire sur la mort commencera à s’accomplir. Il faudra tout le Millénium pour réaliser cette victoire sur la mort. Christ et l’Eglise glorifiée seront les vainqueurs ainsi qu’il est écrit « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ; le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort ». C’est en vue de cette victoire sur la mort et le tombeau que le royaume sera établi et il faudra mille ans pour y parvenir. Il est écrit en effet à propos du règne de ceux qui auront part à la première résurrection « Ils vécurent et régnèrent avec Christ pendant mille ans ». — Apoc. 20 : 4.

La première résurrection glorifie la classe du royaume et c’est à partir de là que le royaume sera installé « La montagne [royaume] de la maison de l’Eternel » sera établie sur la terre. Et ceci s’accorde avec la déclaration du prophète que l’apôtre rappelle. « Sur cette montagne [Royaume millénial] l’Eternel donnera à toutes les nations un festin de mets succulents, un festin de vins de choix, de mets pleins de moelle, de vins vieux clarifiés. Sur cette même montagne il déchirera le voile qui enveloppe toutes les nations, la couverture qui s’étend sur tous les peuples. A jamais il anéantira la mort et ainsi le Dieu éternel fera sécher les larmes sur tout visage et disparaître de toute la terre l’opprobre de son peuple. C’est l’Eternel qui a parlé » (Esaïe 2 : 2 ; 25 6-8). Que de beauté et de plénitude de la divine Parole ont été cachées par suite des erreurs accumulées dans les credo de la chrétienté par le grand Adversaire et dans ce but précis.

Jetant un coup d’oeil sur le sommet de la fin du Millénium, l’apôtre a cette exclamation d’une poétique ferveur « O Mort où est ton aiguillon ? O Sépulcre où est ta victoire » (verset 55). Sa pensée est la suivante La Mort a aiguillonné notre race pendant six mille ans, l’aveuglant et l’envoyant à l’ignominie des tombeaux ; mais Dieu, après avoir condamné notre race en justice, a eu compassion, a considéré notre impuissance et a pourvu à un Sauveur et un grand — Jésus le Chef, son Unique Engendré, notre Rédempteur et l’Eglise qui est son corps. Leur règne détruira à la fois et dans le même temps la mort et le tombeau. Leur pouvoir s’étendra sur tous ceux qui se soumettront aux règles du royaume et les affranchira des puissances mauvaises. La mort adamique doit être absolument supprimée et pas une âme de la postérité d’Adam ne doit y être laissée, à l’exception de ceux qui ne voudront pas accepter la grâce de Dieu qui leur sera offerte. Ceux-là ne périront pas en raison de la transgression d’Adam, mais en raison de leur transgression personnelle, non pas au titre de la mort adamique, mais de la mort seconde. — Ezech. 18 : 2-4, 20.

Cette destruction finale et définitive par suite de péché personnel et volontaire est connue dans l’Ecriture sous le nom de Seconde Mort. Celle-là n’est jamais considérée comme une ennemie. Au contraire elle est l’amie de Dieu, sa servante, celle qui « détruirait ceux qui corrompraient la terre ». Elle est l’amie de tous ceux qui aiment la justice et désirent la paix, la joie et le bonheur, en accord avec la volonté divine. Elle n’est même pas l’ennemie de ceux qu’elle supprimera — les méchants — car il vaudra mieux qu’ils soient détruits plutôt qu’ils ne puissent instaurer un autre règne de péché et de mort, opposé aux justes dispositions du Seigneur. C’est la mort adamique que le Seigneur Jésus détruira. Elle est appelée ennemie parce qu’elle s’est attaquée à la postérité d’Adam contrairement à la volonté des humains, parce qu’il s’en trouve des milliers de millions dans son empire qui ne demanderaient pas mieux de redevenir parfaits et justes, mais en sont empêchés par suite des faiblesses et des contraintes imposées à eux dès leur naissance par le grand ennemi. Ce sera le « dernier ennemi » à être détruit, parce que d’autres maux ou ennemis seront subjugués dès le commencement du Millénium. Les hommes obtiendront la victoire sur la mort dans la proportion où ils obéiront à la voix du grand Docteur Sacrificateur et Roi. Ils sortiront graduellement par les processus du rétablissement, petit à petit, petit à petit, hors de la mort, jusqu’à ce que, finalement, à la fin de l’âge millénial, ils seront parvenus à la vie pleine et entière. Quand tout le monde sera ainsi parvenu, les uns (obéissants), libérés de la mort à la vie et les autres (désobéissants) à la seconde mort, suivant le cas — alors l’ennemi, la mort — la mort adamique aura été vaincue et sa suprématie sur tous ceux qui ont aspiré à la justice et à la vie éternelle aura cessé.

« L’Enfer » dans la version révisée.

On remarquera que les traducteurs de la version révisée (il est ici question de la version anglaise), se sont abstenus d’employer le mot « enfer » dans toute la Bible. Ils l’ont remplacé dans l’Ancien Testament par le mot hébreu « sheol » et dans le Nouveau Testament par le mot grec « hades ». De toute évidence, étant donné le sens qui s’est attaché au mot « enfer », ils ne pouvaient pas, en conscience, traduire sheol et hades par ce mot là. Ils ont donc préféré les laisser tels quels, non traduits. Ils n’ont pas voulu traduire ces mots par « tombeau » de peur que le public ne se rende compte qu’on lui a bandé les yeux pendant bien longtemps. Nous préférons de beaucoup ne pas avoir de mauvaises pensées sur les intentions d’hommes de si grande érudition, mais les faits parlent d’eux-mêmes. On trouve un de ces indicatifs au verset 55 où au lieu de traduire « hadès » par « tombeau » comme dans la version première, ou même de le laisser non traduit comme dans la plupart des cas, ils l’ont traduit par « mort ».

Dans quel but cette modification à l’usage général ? On ne peut que supposer que c’etait dans l’intention de maintenir le public dans l’obscurité quant aux vrais sentiments de la Parole de Dieu, s’ils avaient traduit la phrase « O hadès, où est ta victoire » Sans doute aurait-on pensé que le hadès quel qu’il soit (lieu de torture embrasé ou tombeau glacé) aurait finalement cédé devant le triomphe du Seigneur Jésus, lequel commencera sitôt son Eglise « changée » et son royaume établi.

L’apôtre poursuit son argumentation et montre que la victoire ne sera vraiment complète qu’à la fin du Millénium. Il déclare que l’aiguillon de la mort, c’est le péché et que la puissance du péché réside dans la loi. Sous le règne millénial de Christ, les péchés du passé seront pardonnés par suite de la réconciliation accomplie. La loi parfaite de Dieu, assumée par le Médiateur, sera appliquée à la race rachetée dans la proportion où elle l’acceptera — en proportion de la connaissance acquise et de la bonne volonté à obéir. Ainsi, le Médiateur de la Nouvelle Alliance fera sortir vainqueurs tous ceux qui lui obéiront.

La victoire actuelle de l’Eglise

L’apôtre revient ensuite sur ses pas. Du futur avenir où les hommes auront été retirés du péché, de la mort et de l’imperfection, il revient au temps présent où ceci est, par la foi, reconnu accompli pour l’église, le corps de Christ. Il s’écrie « Mais gloire soit rendue à Dieu qui nous donne [maintenant] la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ». Bien que nous ne voyons aucune de ces choses accomplies ; bien que nous ne soyons pas en possession de nos corps spirituels, incorruptibles et doués de puissance ; bien que possédant encore le trésor de la nouvelle pensée dans des vases de terre ; bien que ne voyant rien de l’établissement du royaume — néanmoins Dieu nous donne la victoire par Christ et par la foi, si bien que dès maintenant, nous pouvons « nous réjouir d’une joie ineffable » et pouvons avec confiance regarder vers le futur et vers une participation dans la victoire sur le péché, la mort et le tombeau par celui qui nous a aimés et rachetés. L’idée finale qui se dégage est que, puisque nous voyons ces choses si clairement par l’oeil de la foi, nous devrions être « fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur », nous rendant compte que c’est Dieu qui exécute son grand plan de salut par notre Seigneur Jésus-Christ, portant tous ceux qui cherchent à marcher sur ses traces pour les faire sortir vainqueurs en lui. La mort et la tombe peuvent encore paraître gagner des victoires sur nous. Mais la foi voit les choses d’un autre côté. Elle voit les choses dans l’optique de la victoire réalisée dans l’avenir. Dès maintenant elle exulte et se réjouit du privilège de collaborer avec le Rédempteur. Elle sent que le temps, l’énergie et la vie ainsi dépensés ne le sont « pas en vain », parce que nous espérons, nous attendons avec confiance le glorieux « changement » de la résurrection et l’ineffable privilège d’être unis au Maître dans son royaume et dans son œuvre.

W. T.