1 Corinthiens 6 : 20
Remarquons que l’apôtre s’adresse, non au monde, mais à l’Eglise quand il dit : « Vous avez été rachetés à un grand prix », le sang précieux de Christ. Les Ecritures nous disent aussi que « Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, goûta la mort pour tous », qu’Il racheta le monde. Nous devons nous rappeler que cette œuvre dure depuis des siècles. Des promesses à cet égard furent faites longtemps avant la venue de Jésus. Jésus a accompli une certaine partie de cette œuvre la plus importante, le don de lui-même, -le don de sa vie- comme prix de rançon pour tous.
Si sa vie a ainsi été donnée comme prix pour les péchés « du monde entier » (1 Jean 2 : 2), le bénéfice de ce sacrifice n’a pas encore été appliqué pour les péchés du monde. Car, le monde ne serait pas plus longtemps sous la condamnation, « des enfants de colère » (Éphésiens 2 : 2), mais il serait de nouveau, en un sens, en communion avec Dieu. Le bénéfice du prix payé au Calvaire par le Rédempteur sera appliqué pour les péchés de toute l’humanité, effectivement après le rassemblement – d’entre le monde, d’entre les nations, d’entre toutes les classes – de l’épouse de Christ, les élus.
A l’appui de ce que nous venons de dire, nous lisons : que notre Seigneur Jésus, après sa résurrection, monta au ciel afin de paraître en la présence de Dieu, pour nous, la maison de la foi, non pour le monde ; de même aucune bénédiction et réconciliation avec Dieu, aucun arrangement de faveur divine et de vie éternelle, ne sont présentés au monde, mais simplement aux croyants, à la maison de la foi. Pour nous qui croyons. Christ est précieux (1 Pierre 2 : 7). « Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste » (1 Jean 2 : 1). Les non-croyants n’ont pas d’avocat devant le Père et par conséquent n’ont pas leurs péchés pardonnes ; la réconciliation n’est pas pour eux, mais ils sont toujours sous la condamnation de la mort. Pour nous, nous avons échappé à la condamnation qui pèse sur le monde.
Ces différents textes s’enchaînent les uns dans les autres et avec les faits. Nous avons la paix, le monde ne l’a pas ; Dieu est notre Père, le monde est sous la condamnation, « enfants de colère » sous la sentence de mort ; ils ne sont pas reconnus par le Créateur au temps présent ; les Ecritures nous montrent que Dieu a de très beaux plans et desseins pour l’humanité en général, lesquels s’accompliront bientôt, durant le règne messianique de Jésus et de l’Eglise, son épouse. Par cette classe, qui est la postérité d’Abraham (Galates 3 : 29), toutes les familles de la terre seront bénies.
LE MONDE N’EST PAS ENCORE RACHETÉ
Serait-il juste de dire que le monde est racheté à un grand prix ? Nous répondons que ce ne serait pas tout à fait juste de le dire, mais nous ne désirons pas nous quereller avec ceux qui ne disent pas la chose exactement de la même façon. Nous pourrions peut-être supposer que ces derniers parlent de choses qui ne sont pas encore accomplies, comme si elles étaient terminées. Dieu nous dit que, au temps marqué, le prix que notre Seigneur paya au Calvaire sera applicable au monde sous les termes de la nouvelle alliance, laquelle il traitera premièrement avec Israël. Nous voyons clairement que le prix de la rançon n’a pas encore été appliqué à aucun des membres de la race d’Adam, excepté à la famille de la foi. Toutes choses appartiennent aux croyants, rien n’appartient au monde, pour le moment.
Le privilège accordé à l’Eglise (par le moyen de notre grand Rédempteur et Avocat) est que, par le mérite de Christ qui lui est imputé, il lui est permis d’avoir une part dans son sacrifice de la nature terrestre et de devenir sa cohéritière, selon les glorieux arrangements de gloire, d’honneur et d’immortalité dans le plan de Dieu.
Quand nous parlons de l’Eglise des premiers-nés, nous devons nous souvenir des premiers-nés typiques qui furent délivrés de la mort à la première Pâque typique. En ce temps-là, les premiers-nés d’Israël furent délivrés ou épargnés, tandis que les autres premiers-nés périrent. Plus tard, ils furent tous échangés pour la tribu de Lévi, qui devint la tribu des premiers-nés. Les membres de cette tribu furent ainsi mis à part pour le service divin du tabernacle et dans la suite, pour celui du temple. Ils ne furent pas tous prêtres, quoique ce fût la tribu des prêtres. Quelques-uns seulement parmi eux étaient choisis pour la sacrificature ; ainsi en est-il de l’Eglise des premiers-nés, ils seront tous des vainqueurs, ils seront tous fidèles à Dieu, mais seulement un petit troupeau sera reconnu tout à fait saint, agréable à Dieu par Christ ; ceux-là seront les prêtres antitypiques : « Vous êtes un sacerdoce royal » (1 Pierre 2 : 9), l’apôtre Jacques dit (1 : 18) : « Nous sommes en quelque sorte les prémices de ses créatures ». Naturellement, notre Seigneur était la tête des prémices de toutes les créatures et la classe de l’Epouse sera aussi une partie de ces prémices ; après eux, il y aura une grande multitude de gens de bien qui passeront par la grande tribulation, « qui auront lavé leurs robes et les auront blanchies dans le sang de l’Agneau » (Apocalypse 7 : 14) et qui atteindront la nature spirituelle ; ceux-ci, aussi seront une partie des prémices – à Dieu – de la nature spirituelle, tous sur le plan spirituel. Après eux, la faveur de Dieu ira à l’humanité en général, les derniers fruits de ses créatures terrestres, une grande multitude rassemblée pendant le Millénium. Tous les méchants, tous ceux qui corrompent la terre seront détruits. Ceux qui atteindront l’entière perfection seront une glorieuse moisson pour Dieu.
St. Paul parle de la résurrection de tous : « Mais chacun en son propre rang » (1 Corinthiens 15 : 23). Les premiers de la nature terrestre qui ressusciteront parfaits seront les pieux de l’Ancien Testament, mais ils ne feront pas partie des prémices des créatures de Dieu, car ils seront, avec le reste de l’humanité, régénérés par le Christ, le donateur de la vie éternelle humaine, assurée au prix de son propre sacrifice ; avec tout le reste de l’humanité. Ces anciens dignitaires seront sous la nouvelle alliance ; ils seront les premiers bénis par son organisation ; mais puisque le divin programme agit avec l’humanité comme avec un tout, le Messie ne délivrera aucune partie des hommes (même ceux qui sont parfaits), jusqu’à la fin des mille ans de son règne de gloire et de rétablissement. Les anciens dignitaires appartiendront aux derniers fruits, à la moisson humaine selon le plan de Dieu concernant notre terre (quoique réveillés parfaits, ils n’auront la vie éternelle garantie qu’à la fin des mille ans).
A la fin des 1000 ans, quand le Messie aura complété l’œuvre de rétablissement chez tous ceux qui seront de bonne volonté, obéissants, et qu’il aura détruit dans la seconde mort tous ceux qui auront refusé de faire des progrès dans la justice, alors le Médiateur n’exercera plus sa fonction entre Dieu et les hommes et laissera le monde exposé à toutes les exigences de la justice divine, selon la lettre et selon l’esprit. Cela ne signifiera pas leur faire tort, parce que, dans la perfection de l’humanité il est possible d’être et de faire tout ce que la justice demande. En ce temps-là, le monde étant parfait, il n’y aura plus besoin de médiation.
Ce sera en ce temps-là, lorsque le Royaume de médiation aura achevé son œuvre et que Jésus aura remis le Royaume au Père (1 Corinthiens 15 : 27), que Satan sera relâché de sa prison pour un peu de temps, afin que tous ceux qui seront sur la surface de la terre soient tentés, éprouvés.
Pendant les mille ans du règne du Messie, ils seront à l’abri de toutes les tentations du dehors et seront aidés ; les imperfections de la chair leur seront pardonnées s’ils font leurs efforts pour atteindre à la perfection charnelle. A la fin de la période de 1000 ans, ayant atteint la perfection de la chair, et ayant passé par les grandes expériences du péché et de la justice, du bien et du mal, il est juste et raisonnable qu’ils soient éprouvés (comme Satan le fut au commencement), éprouvés pour voir si oui ou non les leçons, les bénédictions, les expériences et les occasions les ont déterminés à aimer la justice et haïr sans retour l’iniquité. Ils auront eu les épreuves venues sur eux par la permission du péché, de la tentation, épreuves qu’ils doivent avoir contrebalancées par leur loyauté à Dieu, à la vérité et à la justice ; s’il en est ainsi, ils auront la victoire sur les tentations finales.
Ceux qui, dans leur cœur, aiment toujours le péché seront pris dans les filets et manifestés ; alors les épreuves ou jugements du ciel les détruiront ainsi que Satan ; le monde sera purifié de tous ceux qui aiment le péché ; ceux seuls qui aiment la justice et haïssent l’iniquité jouiront de la terre restaurée.
Dieu connaissant les cœurs pourrait juger tout autrement le monde sans le laisser éprouver par Satan ; mais beaucoup de créatures incapables de lire au fond des cœurs, pourraient s’étonner de ce que la justice divine frappe quelques-uns de leurs compagnons, justes en apparence, elles pourraient être dans la crainte d’être aussi frappées. Le Tout-Puissant a adopté la méthode de laisser cette tentation ouverte et visible en quelque sorte, pour être en témoignage aux anges et aux hommes ; ainsi, il procéda avec Adam dans son épreuve, dans son jugement et dans l’exécution de sa pénalité ; il en sera de même à la fin du règne de médiation de Christ. Ceux qui pécheront volontairement, violant sciemment la nouvelle alliance, mourront comme Adam mourut pour avoir violé l’alliance sous laquelle il avait été placé parfait et saint, avec la promesse de la vie éternelle.
Le fait que cette épreuve de l’humanité se fera à la fin des 1000 ans du règne du Médiateur, quand il aura remis le royaume au Père, ne signifie pas que Jésus glorifié n’aura rien à faire dans la destruction qui sera le partage de Satan, et de ceux qui lui obéissent ; au contraire, comme Jésus fut l’agent de Dieu, son instrument, sa Parole, son interprète, le Logos, dans toute l’œuvre de la création, avant d’avoir entrepris l’œuvre de médiation, lui, si hautement exalté en honneur, le premier après le Père, étant à la droite de sa puissance, il sera sûrement encore le représentant du Père dans ce jugement des pécheurs volontaires qui, avec Satan, seront livrés à la seconde mort.
La question peut surgir dans l’esprit de quelques-uns : qu’est-ce que l’apôtre veut dire dans 1 Corinthiens 15 : 5, 26 : « II faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort ».
L’apôtre parle de ces choses qui sont contre l’humanité ou contraires à elle, des choses qui empêchent les hommes de garder la loi divine et d’être ainsi en pleine harmonie avec leur Créateur ; chacune de ces choses est un ennemi qui doit être détruit et mis de côté ; l’ignorance, la superstition, le vice, la faiblesse humaine, sont des ennemis de la justice et par conséquent, ennemis des intérêts de l’humanité. La mort est un ennemi, parce que c’est la mort régnant en nous qui est la cause de toutes nos difficultés.
Toutes les imperfections morales, physiques et mentales causent la mort ; parce que la mort agit dans l’humanité, les bien intentionnés ne peuvent pas faire les choses qu’ils voudraient faire. L’œuvre du règne du Messie sera d’anéantir, de mettre de côté cette opposition, l’œuvre de la mort dans l’humanité et non seulement cette opposition, mais toutes les choses opposées aux humains ; ils se relèveront petit à petit de leurs faiblesses, ils s’éloigneront de la mort et marcheront vers la perfection. La mort sera alors détruite, la mort adamique qui vint sur tous les hommes par la désobéissance d’un seul homme et qui doit être annulée, anéantie complètement à cause de l’obéissance de Christ jusqu’à la mort.
Cette œuvre d’anéantissement de la mort s’accomplira jusqu’à la fin de ces mille ans du règne du Grand Médiateur ; alors toute l’humanité sera délivrée, non seulement de la tombe, mais aussi de tout degré, de toute ombre de la mort. Le monde entier sera vivant dans le même sens qu’Adam fut vivant avant la chute et que la mort ait passé sur lui, avant qu’il fût atteint par l’aiguillon du péché ; – alors le royaume sera remis au Père.
Ceux qui mourront pendant les mille ans comme des pécheurs volontaires, mourront de la seconde mort. Cette mort n’est pas un ennemi des hommes, c’est la juste sentence rendue par un Dieu juste dans l’intérêt de ses créatures ; ceux qui, volontairement, préfèrent le péché seront détruits d’entre le peuple parce que, par leur influence néfaste, ils corrompraient encore la terre. La seconde mort donc n’est pas comprise parmi les ennemis et n’est pas la mort que Jésus détruira.
Satan n’est pas non plus un des ennemis que Jésus détruira alors. Il fut un ennemi avant que l’homme péchât et sa rébellion n’eut pas pour cause le péché de l’homme. Il fut assujetti à l’autorité divine avant que l’homme fût créé et y sera assujetti après que l’homme aura été racheté et restauré. Ce ne sera pas l’affaire du Médiateur d’agir à son égard, mais à la justice de Dieu de juger quelle est la punition qu’il mérite. Cependant nous savons qu’il est dit, qu’il sera détruit dans la seconde mort, dans la mort de laquelle il n’y aura pas de Rédemption, pas de résurrection, pas d’espoir de se relever. (Apocalypse 20 : 10 ; Ézéchiel 28 : 19).
T.G. 9/1912