Il n’est pas étrange que les hommes remettent en question l’enseignement de la Bible concernant la naissance miraculeuse de Jésus. Voltaire, Paine, Ingersoll et d’autres l’ont reniée. Nous ne remettons pas non plus en question le droit du Rév. Dr. Aked et d’autres contemporains d’adopter les mêmes arguments. Nous vivons dans un pays libre. La franchise de nos jours ne conduit personne au bûcher. Nous nous réjouissons de ces libertés.
Mais nous sommes surpris du fait que le Dr. Aked se réclame toujours être un Chrétien et conserve toujours la conduite d’une église chrétienne, tout en reniant le véritable fondement de la religion chrétienne. Notre étonnement grandit encore lorsque nous apprenons qu’après avoir honnêtement reconnu son incrédulité, il a été élu à la tête de la Fédération des Eglises de San Francisco.
Pensez à la signification du vote de plus des trois quarts des membres de cette fédération (78), convenant que Jésus ne serait pas né d’une manière surnaturelle ! Moins d’un quart de ces membres (22) croient en la doctrine fondamentale du Christianisme !
Nous entendons ces hommes éduqués protester et dire : Pasteur Russell, vous devriez réaliser que de nos jours, il y a deux christianismes. Nous appartenons au nouveau, à celui qui est le plus grand, qui a l’appui de tous les collèges. C’est pourquoi, nous sommes bien les premiers à avoir droit au nom de Chrétiens. L’ancien point de vue, que vous soutenez, contient des doctrines de dépravation humaine – d’une punition divine, qui doit être satisfaite par la mort d’un Sauveur parfait, sans péché. Nous, les « modernistes », nous demeurons toujours attachés à Jésus, mais comme à un merveilleux Pédagogue – pas comme à un Rédempteur. Votre ancien point de vue traite d’un péché personnel. Notre point de vue nouveau et plus large traite de péchés nationaux et civiques, de leur remède ainsi que d’une évolution graduelle de la race humaine vers la perfection et la vie éternelle, le plus adapté seul survivant.
Une responsabilité placée sur le ministère
Si le nombre et l’influence étaient les seuls critères par lesquels le Christianisme devait se distinguer, nous pourrions être forcés d’admettre l’argumentation. Mais ce n’est pas le cas. Le Christianisme fut établi par Jésus et ses Apôtres. L’incrédulité d’un petit ou d’un grand nombre ne peut le changer. Si nous parvenons à prouver notre point de vue, nous pourrons espérer que les soixante-dix-huit croyants parmi les chrétiens de ces collèges réaliseront qu’en conservant le nom de Chrétien et en gardant des pasteurs dans les églises chrétiennes, ils naviguent sous de fausses couleurs ; ils devraient soit se démettre, soit pousser leurs congrégations à s’unir à eux sous un nouveau nom, comme par exemple les « humanistes ».
Le simple fait d’approuver certains des enseignements de Jésus, comme la Règle d’Or, tout en rejetant ses autres enseignements, ne donne à personne le droit de porter le nom de Chrétien. Platon, Confucius et d’autres sages annoncèrent certains enseignements que nous approuvons. Pourquoi alors ne pas adopter leurs noms ? Est-ce parce qu’ils sont moins populaires de nos jours ?
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Le Dr. Aked admet que St. Matthieu donne la lignée de Joseph, qui adopta comme nourrisson Jésus, le fils de son épouse, vierge, qui devint enceinte par la vertu de la Puissance divine. Il admet que St. Luc donne la généalogie de Marie, la mère de Jésus. Il admet également que l’Evangile de St. Jean parle de l’existence pré-humaine de Jésus.
Mais le Dr. Aked met au défi quiconque de prouver que Jésus prétendait être né d’une manière surnaturelle. Il déclare audacieusement que St. Pierre ne se réfère jamais à cela. Il exulte en nous indiquant que les Epîtres de St. Paul n’enseignent pas que Jésus était une personne surnaturelle. On pourrait supposer, en lisant les affirmations du Dr. Aked, qu’il croit et approuve pleinement tous les enseignements de Jésus, de Pierre et de Paul et que, s’ils avaient parlé d’une naissance miraculeuse, il y aurait cru sincèrement et aurait plaidé en sa faveur. Voyons nous-mêmes ! Donnons au Dr. Aked et à ses soixante-dix-huit partisans la preuve de leur erreur et acceptons la Bible. « La charité espère tout ! ».
La Bible tient debout ou chute, comme un ensemble. Son Plan de Rédemption, constitué des enseignements de Jésus, des Apôtres et des Prophètes, ne peut être accepté en partie et rejeté en partie. Si Jésus et ses Apôtres avaient enseigné qu’il y avait bien eu une naissance particulière dans un but particulier, et que cela se fût avéré faux, ceux-ci ne seraient alors que de méchants trompeurs. Dans ce cas, on ne devrait plus ni accepter ni faire confiance en la moindre parole sortant de leur bouche. Appeler Jésus le Grand Pédagogue et dire ensuite que la base de son enseignement n’est que fausseté, est inconsistant et impliquerait que l’on se soit lié à la fausseté.
Le témoignage de St. Pierre
L’enseignement de Jésus se faisait avant tout par induction. Il était avec ses disciples depuis probablement deux ans, accomplissait des miracles, avant de leur demander : « Qui dites-vous que je suis ? » Lorsque Pierre déclara : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », Jésus répondit : « Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. » – Matthieu 16 : 15-17.
Pierre ne déclara-t-il pas ainsi sa foi dans le fait que Jésus était le Fils de Dieu – et non le fils de Joseph ? Et Jésus n’approuva-t-Il pas cela en se référant au Père Céleste et non à un père terrestre ?
Que voulait dire Jésus lorsqu’Il déclara : « avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8 : 58) ? Par induction, Il parlait d’une existence pré-humaine ou Il nous trompait ! De la même manière, Il adressa au Père cette prière : « Glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. » (Jean 17 : 5). S’Il n’eut pas d’existence antérieure, mais qu’Il fût né comme les autres, alors ses paroles seraient une tromperie. Est-ce que le Grand Pédagogue était un grand trompeur ?
Jésus parla également à ses disciples de son ascension là où Il était auparavant. S’Il n’eut pas d’existence précédente, s’Il ne naquit pas d’une manière particulière, comment pourrions-nous comprendre ces paroles sinon comme une tromperie ? De la même manière, Jésus parla de Lui-même comme étant « le Pain qui est descendu du Ciel. » – Jean 6 : 62, 32-35, 41.
Certainement, Jésus est né d’une manière miraculeuse, sinon, Il serait le trompeur le plus grand et le plus couronné de succès et, par conséquent, le pire des trompeurs. Que chacun fasse son choix. Il n’y a pas de solution intermédiaire.
Le point de vue de St. Paul à ce sujet
Ayant vu ce qu’ont dit Jésus et Pierre, voyons ce que Paul a à nous dire. Quelle est la force ou la signification de l’affirmation de Paul signalant que Jésus est « le Premier-Né de toute la création » et qu’« en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles… Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui » (Colossiens 1 : 15-17) ? Ces paroles prononcées par l’Apôtre ne sont sûrement pas en accord avec la théorie qui voudrait que Jésus commençât son existence de la même manière que tous les autres hommes, qu’Il fût le fils de Joseph.
Paul écrit également: « Notre Seigneur Jésus-Christ, pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était. » (2 Corinthiens 8 : 9). Il déclare aussi : « Lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes. » – Philippiens 2 : 6, 7.
Quelle est encore la signification de la déclaration de Paul suivant laquelle Jésus était: « saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs » (Hébreux 7 : 26) ? Si Jésus était le fils de Joseph, Il n’était donc pas séparé des pécheurs, mais appartenait à la même souche que tous les autres hommes et aurait également besoin d’un Rédempteur.
L’affirmation de St. Jean
Tous ceux de l’Eglise primitive croyaient en la déclaration de Jésus qu’Il était le Fils de Dieu, que le Père L’avait envoyé dans le monde pour être le Sauveur des hommes. (Jean 3 : 17). En effet, ce trait des enseignements du Maître irritait tout particulièrement les Juifs ; car ils déclaraient qu’en prétendant être le Fils de Dieu, Il se plaçait sur un piédestal d’honneur, de dignité, de gloire en compétition avec l’Eternel. A cela, Jésus répondit : « Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites : Tu blasphèmes ! Et cela parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu. » – Jean 10 : 36.
L’Evangile de Jean fut écrit plus tard que les autres Evangiles ; en conséquence, il n’était pas nécessaire que l’écrivain abordât la naissance miraculeuse de Jésus. Mais il était éminemment convenable qu’au travers de lui, Dieu nous donne un aperçu de la condition pré-humaine du Sauveur. Remarquez bien la particularité des paroles de l’Apôtre : « Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était un dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui… Et le Logos a été fait chair, et Il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » – Jean 1 : 1-14.
La base de la doctrine de la Rançon
Séparée de la doctrine de la naissance de Jésus par une vierge, la théologie de la Bible ne tiendrait pas debout un seul instant. Celle-ci prétend que la sentence divine pour le péché d’Adam fut une sentence de mort. La base de ce jugement divin est qu’aucun pécheur n’est digne de la vie éternelle. Les six mille ans de l’histoire du monde, d’Adam jusqu’à maintenant, démontrent que l’homme est incapable de retrouver la perfection et de résister à la malédiction du péché et à la peine de mort – « Mourrant, tu mourras. » – Genèse 2 : 17.
L’enseignement de la Bible est que Dieu fixa à dessein cette peine de mort, afin de rendre nécessaire la mort de Jésus. Paul déclare la chose suivante : « Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang. » (1 Corinthiens 15 : 21-23). En d’autres termes, si Dieu n’avait pas pourvu à un Rédempteur sans péché, et si ce Rédempteur n’était pas mort pour nos péchés selon les Ecritures, ni ressuscité des morts pour notre justification, alors il n’y aurait pas de vie future pour l’humanité – la mort de l’humanité aurait été semblable à celle des animaux, sans espoir. Il n’y aurait pas de résurrection. La mort serait un sommeil éternel.
Paul met l’accent sur cette pensée, déclarant que s’il n’y avait pas de résurrection des morts, alors toute foi serait vaine, de même que toute espérance et toute prédication (1 Corinthiens 15 : 13, 14). Personne ne remettra en question la déclaration des Ecritures, selon laquelle toute l’humanité a été rendue difforme par l’iniquité et que nos mères nous ont conçus dans le péché. Notre père Adam et notre mère Eve nous léguèrent, à nous leurs enfants, une imperfection d’esprit et de corps ainsi que des tendances pécheresses. D’après les mesures prises par Dieu, Christ remédiera à la transgression du premier Adam et deviendra, finalement, le second Adam, qui accomplira avec succès sa mission : donner la vie éternelle à tous ceux qui exerceront envers Lui une foi obéissante.
La base de la doctrine du Rétablissement
La première offre de vie éternelle par Christ se répand depuis dix-neuf siècles ; mais peu ont une oreille qui entende et un cœur qui comprenne. C’est à ceux-là que parvient l’appel de sortir du monde pour devenir des associés avec Jésus dans la gloire, l’honneur et l’immortalité qu’Il obtint. Il a atteint la position glorieuse qu’Il occupe présentement, « bien au-dessus des anges, des principautés et des pouvoirs », à la droite de la Majesté divine, en récompense de son obéissance à la volonté du Père – obéissance dans le sens qu’Il vint dans le monde, endura fidèlement les épreuves de son ministère terrestre et finalement mourut en sacrifice. Paul écrit au sujet de Celui : « qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu » (Hébreux 12 : 2). L’invitation de cet Age de l’Evangile à tous ceux qui ont une oreille pour entendre est de suivre les traces de Jésus, de devenir des sacrificateurs associés avec Lui et de participer à sa gloire céleste et à son royaume messianique.
Lorsque l’Eglise sera entièrement rassemblée, alors le Royaume messianique sera établi, celui pour lequel nous prions : « Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Durant mille années, Christ et son Eglise glorifiée béniront l’humanité, la relevant à la perfection humaine mentale, morale et physique. Celui qui le voudra, pourra alors parvenir à la vie éternelle prévue pour tous par la mort en sacrifice de Celui qui était « saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs », par la vertu de sa naissance particulière.
WT 1915 p.5767