« Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi de l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. » – Apocalypse 3 : 10.
Nous comprenons que ces paroles, adressées par notre Seigneur « à l’ange de l’église de Philadelphie », ont eu leur accomplissement pendant la période qui s’est terminée vers le début de la moisson de cet âge. Nous ne devons pas penser que les différentes époques, représentées dans les messages destinés aux diverses églises, sont des périodes exactes, comme s’il y avait un instant précis pour leur commencement et un instant précis pour leur clôture. Il nous faut plutôt comprendre que chacune d’elles représente une période générale, et qu’elles chevauchent l’une sur l’autre. Ainsi cette période de fidélité à la Parole de Dieu, à laquelle notre texte fait référence, semble avoir été une période d’une certaine longueur, tout comme celle de Laodicée, dans laquelle nous vivons et qui a couvert un temps considérable, arrivé maintenant presque à son terme, croyons-nous.
Pendant longtemps, la Parole de Dieu fut peu estimée. Le passage d’une faible compréhension à une meilleure compréhension s’opéra graduellement. Les deux Témoins de Dieu, l’Ancien et le Nouveau Testament, longtemps vêtus du sac des langues mortes, sont graduellement montés au ciel, à une place d’honneur et de puissance, comme le présentent symboliquement les Ecritures (Apocalypse 11 : 3-12). Puis vint l’annonce générale que le temps du Second Avènement de Christ était arrivé. Ceci fut parfois appelé le mouvement Wolff et parfois le mouvement Miller ; car l’un était le conducteur dans une partie du monde, et l’autre dans une autre partie. A cette époque, l’Amérique représentait la pensée avancée du monde. Cette proclamation du Royaume de Christ fut un mouvement remarquable auquel, nous le croyons, fait référence notre Seigneur dans la parabole des dix vierges, qui se sont réveillées et ont apprêté leurs lampes. Mais c’était une fausse alerte. L’Epoux ne vint pas.
LA DÉCEPTION DU MOUVEMENT MILLER, UN CRIBLAGE
Cette déception causa un criblage parmi ceux qui se disaient être le peuple de Dieu. Certains s’intéressèrent d’autant plus à la Bible, la considérant comme la Parole de Dieu, et n’en doutèrent aucunement. D’autres, par contre, devinrent hautains et sceptiques, déclarant que la Bible était un vieux livre absurde et que, si quelqu’un prêtait une attention quelconque aux prophéties, il devait être dérangé mentalement, etc. Ces derniers ne se sont donc pas tenus à la Parole de Dieu, mais ont rejeté ses déclarations. Les promesses et les prophéties de la Bible concernant la Seconde Venue du Maître, bien que positives et nombreuses, ont été abandonnées par la plupart des grands enseignants. En conséquence, le peuple ne connaissait que très peu la Bible. Sa foi ne pouvait pas être bien sûr beaucoup plus grande que sa connaissance.
Il en résulte que l’œuvre du Mouvement Miller fut une sorte de séparation, entre ceux qui ont gardé la Parole de Dieu avec patience et ceux qui ont perdu la foi en cette Parole. Cette foi des véritables saints de Dieu, persistante et patiente est, comme nous le pensons, ce à quoi il est fait référence ici [dans notre texte de référence, trad.], où il est question de garder « la parole de ma patience ». C’est pourquoi, l’heure générale de la tentation ne devait pas venir sur eux, mais sur ceux qui sont venus après eux – sur les membres de l’Église de Laodicée. L’Église de Philadelphie, qui a patiemment traversé une épreuve de foi si sévère, ne devait pas être soumise à l’épreuve suivante.
« L’heure de la tentation » est venue sur nous maintenant. Cette heure de la tentation est le temps de la Moisson. À bien des égards, elle a mis à l’épreuve le peuple du Seigneur et démontré ceux qui sont fidèles à la Parole de Dieu et ceux qui ne le sont pas. En conséquence, la majorité des chrétiens déclarés du monde – probablement plus des trois-quarts – ont perdu toute foi en la Bible et sont tombés dans les diverses théories fausses et illusoires de notre jour : Évolution, Haute Critique, Science Chrétienne, Théosophie, Spiritisme, Nouvelle Pensée, etc. Ils ont chuté quant à la foi, la fidélité à la Parole de Dieu. Ils ne sont pas en mesure de tenir debout dans ce « mauvais jour ».
LA CHUTE DE LA FOI, POUR UN TEMPS
Les épreuves de ce « mauvais jour » ne prennent pas fin avec l’Eglise, « avec la Maison de Dieu », bien qu’elles commencent par elle. L’heure de la tentation devait « venir sur le monde entier, pour éprouver ceux qui demeurent sur la terre. » La tentation, l’épreuve est en train de s’étendre au peuple de chaque nation, particulièrement à toutes les parties de la Chrétienté. Dans les sévères expériences par lesquelles beaucoup passent, ceux-ci sont amenés à douter de l’existence même de Dieu. Ils ne peuvent pas concevoir un Dieu qui permettrait des calamités aussi terribles que celles qui sont déjà venues, et qui permettra des calamités plus grandes encore et encore à venir, selon ce que prévoient des personnes réfléchies ! Ne connaissant pas le grand Plan de Dieu, ne voyant pas les résultats glorieux des conditions actuelles, la frange d’or bordant le nuage sombre qui s’abat maintenant sur le monde entier, les gens perdront toute confiance en un Gouvernement Suprême. Dans son ignorance et sa cécité, cette pauvre humanité n’est pas éclairée par la Parole de Dieu ; elle n’a pas connaissance du Royaume qui s’approche, ni de la méthode par laquelle il sera inauguré, ni du but et de l’objet de son inauguration.
Ainsi, la crise actuelle est sûrement un moment de grande épreuve pour le monde entier. Beaucoup, dans ce monde, ont constitué une église nominale ; mais, dans cette période d’épreuve et d’ébranlement, tous les systèmes d’église voleront en éclats. Babylone tombera ; car elle n’est ni capable ni digne de tenir debout dans ce grand Jour d’épreuve. Et grande sera sa chute ! Cela signifiera la destruction générale de la foi pour un peu de temps – la chute de la foi, pensons-nous. Ceci semble être la signification de cette prophétie : « Car l’Eternel se lèvera comme à la montagne de Peratsim, Il s’irritera comme dans la vallée de Gabaon ; pour faire son œuvre, son oeuvre étrange ; pour exécuter son travail, son travail inouï. » (Esaïe 28 : 21). Ceux qui n’ont pas compris, qui n’ont pas prêté attention à la Parole de Dieu, seront complètement déconcertés.
L’ÉGLISE DE PHILADELPHIE EPARGNEE
Quant aux membres de l’Eglise de la période de Philadelphie, et à propos de leur préservation de l’heure de la tentation, nous pensons qu’il est possible que le Seigneur ait voulu dire que quelques membres de l’Eglise de cette époque-là vivraient encore dans la période actuelle, et qu’ils ne seraient pas soumis aux épreuves spéciales de cette heure-ci. Nous pensons, par exemple, à un vieux monsieur, très noble, qui était âgé d’environ quatre-vingt-dix ans à l’époque du fait que nous voulons relater. Il était pasteur d’une église. Il semblait avoir reçu la Vérité Présente avec beaucoup de joie et il en parlait avec beaucoup de zèle. Mais, subissant de l’opposition de toutes parts, à la maison et au sein de l’église à laquelle il était rattaché en tant que ministre, il ne semblait pas pouvoir faire confiance à son jugement mental. Apparemment, il pensait ainsi en lui-même : « J’ai à peu près quatre-vingt-dix ans. Je ne peux pas faire confiance à la fiabilité de mon propre jugement. Même si je sors dans la rue, j’ai besoin que quelqu’un me prenne le bras, ou moi le sien, de peur de heurter quelque chose. Si j’étais sûr que c’est la volonté du Seigneur, je serais disposé à supporter n’importe quelle dose d’opposition. Mais je n’en suis pas sûr. »
Nous avons parfois pensé à ce vieux monsieur comme représentant peut-être une grande classe, et nous nourrissons à son égard une grande sympathie, comprenant qu’il n’ait pas été capable de prendre position et de sortir de Babylone. Le texte que nous considérons a plutôt soulagé notre esprit en ce qui le concerne, et en ce qui concerne d’autres personnes dans des cas semblables. Ceux-ci ont semblé prouver leur loyauté envers la Parole du Seigneur et leur fidélité, dans la mesure de leur capacité de compréhension. Il est probable que ces derniers, entrant dans la période de la Moisson, ne soient pas comptés comme étant du temps de la Moisson. Nous n’en sommes pas certains, bien entendu. Nous savons seulement que le Seigneur a promis à ceux de la période de Philadelphie qu’ils seraient épargnés par les épreuves qui affectent maintenant la phase de l’Eglise, dite de Laodicée, et le monde.
WT 1915 p.5718