L’AMOUR DES FRÈRES, UNE ÉPREUVE DÉCİSİVE

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« Voici, oh ! qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble. » – Psaume 133 : 1.

Le Psaume 133 est évidemment prophétique et semble se référer aux frères dans « l’église, qui est le corps de Christ ». Cette pensée est sous-entendue dans le second verset, qui dit : « C’est comme l’huile précieuse, [répandue] sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descendait sur le bord de ses vêtements » (verset 2), qui est une image du saint Esprit descendant sur le corps de Christ, l’église.

Le Psaume semble être particulièrement applicable à notre époque, bien qu’il ait toujours été agréable de voir des frères demeurer ensemble dans l’unité. En temps de persécution, il y aurait une plus grande unité, parce qu’il y aurait moins de personnes susceptibles de se joindre à l’église : les persécutions extérieures seraient probablement dissuasives pour tous, hormis pour les véritables consacrés. Des persécutions que tous seraient susceptibles de subir, mais seuls ceux qui ont un intérêt commun et une cause commune se tiendraient ensemble.

Mais à mesure que les persécutions cesseraient et que d’autres personnes, moins zélées, entreraient dans l’église, les possibilités de différences sembleraient s’accroître. Bien qu’il y ait aujourd’hui beaucoup d’opposition à l’encontre des enfants de lumière, il y a apparemment peu de persécution. La vérité a attiré un certain nombre de personnes, dont certaines, probablement, ne sont pas comme elles devraient être. En fait, aucune d’entre elles n’est ce qu’elle désire être – une copie du cher Fils de Dieu ; mais toutes devraient s’efforcer d’atteindre la norme.

AUGMENTATİON DES CAUSES DE FRİCTİON

Il peut sembler étrange à première vue qu’il y ait des frictions parmi ces enfants de Dieu privilégiés. On pourrait supposer que leurs cœurs seraient tellement remplis du saint Esprit qu’il n’y aurait pas de place pour les mauvaises herbes de la haine, de l’envie, de la querelle, de la jalousie, et que celles-ci seraient évincées par les fruits de l’Esprit. C’était peut-être la condition qui prévalait au début lorsque nous nous sommes consacrés ; et qu’il n’y avait pas de place pour ces œuvres de la chair. Mais il semble que les causes de friction augmentent plutôt qu’elles ne diminuent. Il convient donc d’être attentif à la source de la difficulté afin d’être ainsi en mesure d’écarter le danger et d’être des artisans de paix parmi les frères. « Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas » (Romains 15 : 1). Il n’y a pas autant de forts que nous aurions pu l’espérer si cette norme était la mesure ; il incombe donc à chacun de nous de devenir fort et d’aider les frères faibles de l’église.

Une chose à considérer est qu’il y a plus de possibilités de frictions entre ceux qui sont des nouvelles créatures engendrées de l’esprit qu’il n’y en a parmi le monde, dans son ensemble ; c’est-à-dire qu’un groupe de personnes dans l’église nominale trouverait plus facile de vivre ensemble dans l’unité et la paix qu’un groupe de personnes plus complètement éclairées, stimulées par la vérité. Cette affirmation peut sembler étrange au premier abord, mais elle devient plus évidente à mesure que nous l’examinons. Dans l’église nominale, la religion est plutôt une question de forme. Pour les Chrétiens nominaux, il est d’usage de s’endimancher et d’assister aux réunions, de s’asseoir tranquillement et de rentrer ensuite chez soi. On prête attention aux choses agréables, comme par exemple le soleil, les fleurs, les chapeaux. Ainsi passe la journée. Mais avec ceux qui sont plus éclairés, il y a une plus grande activité de l’esprit, de la pensée. Nous aussi, nous aimons les fleurs et tout ce que notre Père Céleste nous a donné. Nous en discutons – et il y a beaucoup d’occasions de discussion ; car de même que deux personnes ne se ressemblent pas exactement, de même deux personnes ne pensent pas exactement de la même façon.

Certains membres du peuple du Seigneur se vantent d’avoir leurs pensées personnelles. Mais la voie la plus sage est pour nous celle qui consiste à forger sa foi. Certains sujets sont des questions de déduction et non de connaissance. Nous sommes enseignés par Dieu. Il nous parle de telle ou telle manière dans sa Parole, et si nous acceptons ces déclarations comme venant du Seigneur, nous pouvons le faire sans trop de discussion. Il est agréable, bien sûr, pour nous de philosopher sur les enseignements de la Parole de Dieu ; c’est notre privilège de croire ce que le Seigneur nous a déclaré. Mais quel que soit notre raisonnement, il doit être régulé et en harmonie avec la déclaration divine. Il ne faut pas oublier que lorsque nous raisonnons ainsi, les autres réfléchissent aussi, nous voyons d’où vient la difficulté doctrinale.

Ces différentes questions doctrinales sont tirées des Écritures. Mais dès que nous commençons à raisonner sur les choses qui ne sont pas écrites, il y a danger de conflit. Celui qui se tient le plus étroitement à la Parole de Dieu ne se fera pas seulement du bien, mais pourra aussi éviter les controverses avec d’autres frères et leurs philosophies. Nous présumons que le Seigneur ne serait pas opposé à ce que nous ayons certaines réflexions sur certains points. Nous devons néanmoins nous rappeler que si nous avons une pensée et que nous la présentons aux frères, et qu’elle ne leur semble pas logique, nous ne devons pas la leur imposer, et ils ne doivent pas non plus nous imposer leurs vues. La difficulté semble être qu’il y a une tendance, dans ce genre d’affaires, à défendre chaque pensée jusqu’au bout, à vouloir que tout le monde soit d’accord avec nous, alors que la meilleure manière est plutôt de laisser l’affaire en suspens et de s’en accommoder.

Chaque frère a le droit d’avoir sa propre opinion. Nous n’avons pas le droit de faire de nos propres opinions des critères. Les choses qui sont des critères sont celles qui nous sont données dans les Écritures ; comme, par exemple, c’est un critère pour nous et notre place parmi les frères, de croire que Jésus Christ est l’Oint et le Sauveur du monde, que nous devons être cohéritiers avec Lui et partager son héritage, que nous sommes achetés à prix, que nous devons avoir part avec notre Seigneur aux souffrances du temps présent et aux gloires à venir.

De telles déclarations bibliques claires doivent être le fondement de notre foi, et non n’importe quelles interprétations fantaisistes que d’autres pourraient leur donner. Certains en voient les grandes lignes, d’autres en voient les détails et ne réussissent pas à voir les grandes lignes. Quoique ceux qui possèdent les différentes tournures d’esprit ne doivent être ni blâmés ni loués, ils doivent néanmoins comprendre que nous devons être prêts à souffrir pour la vérité – quant à notre loyauté envers Dieu, les frères et la vérité en général.

LA VÉRİTÉ ATTİRE LES CARACTÈRES FORTS

Nous devons nous rappeler que ces frères qui ont tant de mal à vivre ensemble dans l’unité ont cette difficulté en partie à cause de leur valeur intrinsèque réelle, ou de leur caractère. Il y a des gens dont les caractères sont semblables à du mastic, d’autres chez lesquels on peut faire une empreinte temporaire, comme dans une balle en caoutchouc, d’autres encore sont comme des diamants. Ceux qui ressemblent à des diamants ont atteint une certaine fermeté de texture, une certaine force de caractère. Si nous mettons plusieurs balles de mastic, plusieurs balles de caoutchouc et plusieurs diamants dans une casserole et que nous les secouons bien, les diamants vont rayer tout ce avec quoi ils entrent en contact, parce qu’ils sont très durs. Le Seigneur ne cherche pas ceux de la classe des balles en caoutchouc ni ceux de la classe du mastic. En temps voulu, le Seigneur s’occupera de toutes les classes – les gens qui sont du genre mastic et ceux qui sont du genre balle en caoutchouc. Mais nous savons que la vérité n’attire maintenant que la classe des joyaux, la classe des diamants.

En apprenant qu’il y a un danger de se faire trébucher les uns les autres, de se blesser mutuellement, la connaissance devrait nous donner de la sagesse. Nous devrions apprécier le fait que ces frères ont de vrais caractères, et qu’ils ne sont pas du genre mastic. Même leurs différences montrent du caractère. Nous devrions essayer d’apprécier cela et ainsi nous exercer à ne pas les irriter. Nous devons les conseiller et nous rappeler qu’en tant que nouvelles créatures, ils sont tout aussi désireux que nous de plaire au Seigneur. Nous devons donc faire preuve de patience les uns envers les autres. Il y a un texte dans le Nouveau Testament qui déclare : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères… » (1 Jean 3 : 14). Cela suggère que certains frères seraient difficiles à aimer, et que, si nous n’étions pas passés de la mort à la vie, nous serions incapables de les aimer.

La vérité semble s’enraciner sur les caractères les plus forts plutôt que sur les plus faibles. Les premiers ont dans leur chair plus de fermeté, de cran et de combativité que beaucoup d’autres, qui sont trop accommodants et trop mous pour être acceptés par le Seigneur comme membres du « petit troupeau » des vainqueurs. Nous voyons donc que la qualité même qui nous rend acceptables pour le Seigneur et qui est une des qualifications de la position de vainqueur, est un sérieux désavantage à certains égards, lorsque plusieurs d’entre eux se rassemblent en tant qu’église.

Même un diamant entouré de boue ne couperait rien, n’égratignerait rien ; mais placez une douzaine de diamants ensemble, et plus vous vous débarrasserez de l’élément boue, plus il y aura de risque de grattage, de frottement et de coupe. Il en va de même pour les joyaux du Seigneur : plus ils se rassemblent, plus ils se développent, plus il y aura de possibilités de friction, et plus il sera nécessaire que tous soient profondément imprégnés et recouverts du saint Esprit qui, comme l’huile, est doux et onctueux et tend à empêcher la friction.

WT1912 p4994